Les yeux de la brune s'ouvrent doucement et elle se redresse légèrement en remarquant que tout le monde dort encore. Les trois jours d'intégration sont finis et les élèves vont désormais pouvoir choisir entre dormir à l'académie ou rentrer chez eux chaque soir. Lilith cependant ne se pose pas la question. Elle y dormira toute l'année. Elle ne l'a pas choisi, tout comme sa venue ici. Elle commence à préparer ses habits pour la journée lorsque Zelda se réveille et gémit.

Lilith : Bonjour, une merveilleuses journée s'annonce, n'est-ce pas ?

Lilith le dit avec un grand sourire moqueur sur les lèvres. Zelda lui lance un regard noir et se lève doucement le temps de s'habituer à son désagréable tournis et sa forte nausée.

Zelda part se préparer puis commence à faire sa valise, maintenant que les jours d'intégrations sont passés elle sait qu'elle veut rentrer chez elle et dormir dans son lit sans avoir à supporter les bruit incessants des 3 filles du dortoir ou les remarques agaçantes de Lilith.

Malgré sa mauvaise humeur et sa gueule de bois elle a tout de même pris le soin de mettre un col montant pour que personne ne voit la marque dans son cou et aussi pris le temps de se maquiller pour cacher son affreuse mine.

Lilith : Tu rentres chez toi ?

Zelda : Oui.

Lilith : Tu oses me laisser seule avec les 3 pestes ?

Zelda tourne la tête vers Lilith avec un regard ennuyé. Cette sorcière peut parfois être si dramatique... Zelda l'est aussi mais évidemment elle ne l'avouera jamais.

Zelda : Il faut croire que oui.

Puis elle continue de faire sa valise. Lilith est assise sur son lit et regarde en direction de Mavis. Elle ne fait pas sa valise. Lilith aurait préféré voir Mavis faire sa valise plutôt que Zelda.

Zelda ferme sa valise puis la pose par terre. La cloche sonne et tout le monde commence à se diriger en cours. Lilith suit Zelda jusqu'à ce qu'elle voit la porte principale de l'académie. Elle s'arrête et la regarde avant de regarder autour d'elle comme si elle ne voulait pas être vue alors qu'en vrai elle se fiche pas mal d'être vue en train de sécher les cours. Elle se faufile dehors et s'allume une cigarette en remarquant le ciel partiellement dégagé et les oiseaux en migration volant en forme de V.

Elle marche dans la forêt, et décide d'aller un peu plus loin que les jours précédents. Elle arrive face à un ruisseau analyse le temps de quelques secondes toutes les options s'offrant avant de finalement retirer ses chaussures et lentement s'enfoncer dans l'eau froide. L'eau s'arrête à mis chemin de ses mollets et elle continue sa traversée, mettant de l'eau froide sur ses collants noirs, son manteau noir, et sa robe bleue foncée. Une fois de l'autre côté, elle remet ses chaussures ignorants l'humidité de ses pieds, puis continu de marcher sans se soucier de l'académie. Elle ne voulait pas venir ici de toute façon, donc pourquoi s'en soucier ?

Lilith arrive face à une route et soupire. Elle ne devrait pas trop s'éloigner pour aujourd'hui et devrait plutôt continuer d'explorer cette partie de la forêt qu'elle vient de découvrir. Elle ira plus loin la prochaine fois. Elle fait demi-tour et s'amuse à lancer quelques sorts sur les plantes qu'elle croise les faisant changer de couleur, grossir ou rétrécir. Elle s'arrête et voit une clairière parsemée de rayon de Soleil, se frayant un chemin à travers les branches d'arbres presque complètement dépourvue de feuille à l'approche de l'hiver. Elle avance doucement et remarque un petit court d'eau. Le chant des oiseaux et le bruit de l'eau sont tout ce que peut entendre Lilith. Elle s'avance vers la souche d'un arbre et s'y assoit doucement. C'est calme et reposant, et Lilith adore ça. Elle aime le chaos, mais la tranquillité n'en est parfois pas moins agréable. Elle regarde le petit ruisseau et est comme hypnotisée en observant l'eau contourner une pierre en s'adaptant parfaitement à sa forme rugueuse.

La journée passe lentement. Et tandis que Zelda commence à partir de l'académie elle sent une force sur son bras l'entraîner dans un couloirs. Elle se retourne, prête à lancer un sort ou à se défendre d'une quelconque façon, mais se trouve face à son frère.

Zelda : Qu'est-ce que tu fais ? Lâche mon bras Edward, je rentre à la maison

Edward : Pas tant que tu ne m'auras pas expliqué ce qui s'est passé hier soir

Zelda regarde autour d'eux, il n'y a personne. Elle soupire et réfléchit un instant à une excuse pour partir d'ici, mais elle se retrouve complètement dépourvue. Cette gueule de bois lui a retiré toute son imagination, et puis elle n'a jamais été une très bonne menteuse de toutes façons.

Zelda : Je ne vois pas de quoi tu parles.

Zelda tente alors de faire croire à son frère qu'elle ne se souvient de rien, ce qui aurait pu finalement marcher vu l'état dans lequel elle était, mais Edward n'est pas dupe.

Edward : Arrête ton charme, qu'est-ce que tu as bu hier ? C'est Faustus qui t'en a donné ? Et qu'est-ce que vous êtes allés faire dans la forêt à cette heure là, c'est dangereux !

Zelda : Rien de tout ça ne te regarde, tu ne peux pas m'empêcher de faire ma vie et encore moins la contrôler.

Edward : Vous l'avez fait c'est ça ? Pourquoi tu portes un col roulé ?

Edward écarte le col de Zelda pour exposer son cou mais elle le repousse violemment avant de soupirer en roulant des yeux.

Zelda : Ce ne sont pas tes affaires Edward !

Edward baisse d'un ton et s'approche dangereusement de Zelda. Ce ne sont peut-être que des murmures mais ils n'en sont pas moins menaçant que des mots dits à voix haute.

Edward : Tu l'as vraiment fait avec Faustus ?! Faustus ! Pourquoi lui ?! Tu lui as donné ta virginité, Zelda, il ne la méritait pas !

Zelda regarde Edward, surprise. Comment ose t-il parler d'une chose si intime avec elle ? Zelda tente de canaliser sa colère mais son frère peut parfois être très agaçant. C'est ce qui explique d'ailleurs leur fréquentes chamailleries.

Zelda : Qui a dit que je lui ai donné ma virginité ? Qui a dit que j'étais encore vierge ?

Edward : Donc vous l'avez fait !

Il pointe Zelda du doigt qui, par réflexe, croise ses bras sur sa poitrine. Peut-être que cela lui permet de se sentir protégée, ou de montrer à son frère son agacement grandissant. Ou peut-être les deux.

Edward : D'accord, partons du principe que tu n'étais plus vierge. C'était avec qui ? Parce-que ce ne sont clairement pas tes petits doigts qui t'ont fait perdre ta virginité. Je sais ce que tu fais le soir, seule dans ta chambre, Zelda

Les yeux de la rousse s'écarquillent tandis que ses joues prennent une couleur rose. Est-ce que son frère l'espionne ? Comment peut-il savoir une chose aussi privée ? Une forte envie de le gifler la prend mais elle ne préfère pas attirer l'attention des autres sorciers qui, heureusement, semblent jusqu'à présent les ignorer. Mais au lieu de ça elle se fait une note mentale pour couvrir ses miroirs et lancer un sort sur sa chambre en rentrant. Cette discussion prend un tournant très gênant et trop privé pour avoir lieu dans les couloirs de l'académie.

Zelda : Est-ce que tu es en train de me dire que tu m'as espionné dans ma chambre ?! Tu es répugnant Edward ! J'arrive même pas à croire que cette discussion soit réelle, et puis de toutes façons je ne vois pas en quoi ça te dérange que ce soit Faustus ? Vous êtes amis, non ?

Edward : Justement, je ne veux pas que mes amis fassent ce genre de chose avec toi, tu restes ma petite sœur.

Zelda : Et c'est dommage pour toi parce que nous sommes des sorciers, je suis baptisée, et je n'ai pas besoin que tu me protèges si c'est ce que tu pensais. Peut-être que tu vas devoir commencer à t'habituer au fait que j'ai maintenant accès au plaisir charnel... Donc maintenant laisse moi vivre ma vie comme je te laisse vivre la tienne !

Zelda commence à repartir en passant une de ses mèches rousse derrière son oreille mais elle se sent de nouveau emportée et soupire en regardant de nouveau Edward avec ennui et agacement.

Edward : Toi et Faustus ça ne doit pas aller plus loin. C'est pour toi que je le dis, pas pour moi.

Zelda : Je déciderais de si ça doit, ou non, aller plus loin. Pas toi

Edward : Très bien, mais ne viens pas pleurer dans mes bras quand tu te rendras compte que Faustus n'était pas bien pour toi, je t'aurais prévenu !

Edward part énervé, comme Zelda qui rentre alors chez elle.

Edward préfère rester à l'académie tout comme son père afin de toujours pouvoir intervenir en cas de besoin.

Zelda se retrouve donc seule avec sa mère et sa sœur, comme avant son baptême obscur.

Ellen : Alors Zelda, comment étaient ces trois premiers jours

Zelda : Biens

Ellen : C'est tout ?

Zelda repense à Lilith qui n'a fait que de l'embêter, puis le bal, et Faustus. Sans parler d'Edward qui ne fait que de lui poser des barrières. Disons que ça aurait pu être sûrement mieux.

Zelda : Eh bien il y a eu des hauts et des bas si je peux dire...

Ellen fronce les sourcils.

Sa mère est la plus douce et aimante des sorcières qu'elle connaisse, Hilda prend d'ailleurs le même chemin, en plus agaçantes évidemment. Mais son père est plus traditionaliste, plus strict, et il ne montre presque jamais ses émotions. Zelda ressemble plus à son père qu'à sa mère, c'est indéniable. Et Edward... Eh bien Edward est l'équilibre parfait, il est aimant et protecteur, comme sa mère, mais aime le pouvoir et être obéi, comme son père. Ce n'est donc une surprise pour personne de savoir qu'Hilda est bien souvent dominée par son frère et sa sœur. Ils profitent de sa gentillesse et de sa sensibilité. Peut-être trop ?

Ellen : Comment ça des hauts et des bas ?

Zelda : Ce n'est rien, juste une fille de mon dortoir qui n'arrête pas d'essayer d'attirer mon attention. Et pour ça elle me colle et ne fait que de me parler pour ensuite être froide avec moi. Elle est... bizarre...

Ellen sait que sa fille lui cache quelque chose mais ne dit rien. Elles finissent le dîner en silence puis Zelda monte dans sa chambre. Elle défait sa valise lorsque sa porte s'ouvre doucement.

Ellen : Toc toc toc... ? Je peux entrer ?

Zelda sourit légèrement à l'attitude presque timide de sa mère. Son père serait sûrement entré sans même frapper...

Zelda : Tu peux entrer, maman

Ellen sourit et rentre avant de fermer la porte derrière elle. Elle s'approche du lit de Zelda. Et la regarde un instant. Ellen possède une très grande empathie et peut donc facilement ressentir les émotions des autres avec quelques efforts.

Ellen : Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ?

Zelda : Non, pourquoi ?

Ellen : Parce que j'ai senti que quelque chose te tracassait à table, et ce n'est clairement pas cette fille dans ton dortoir

Zelda regarde sa mère dans les yeux. Zelda possède les yeux de sa mère. Un vert émeraude profond et hypnotisant. Elle sort de ses pensées et sourit rapidement.

Zelda : Ce n'est rien de grave

Ellen : Vraiment ?

Zelda : Oui... C'est seulement Edward et ses caprices, enfin tu vois ce que je veux dire...

Ellen lève un sourcil, elle sait que ses deux enfants aînés ont une relation fusionnelle mais cela n'empêche pas les disputes d'éclater ici et là pour parfois tout et n'importe quoi.

Ellen : A propos de quoi ?

Zelda : Une broutille, rien de plus

Zelda soupire légèrement tandis que sa mère continue de la fixer. Zelda sait que sa mère a le pouvoir d'empathie, c'est sûrement à cause de cela qu'elle n'a jamais été douée pour mentir, car elle ne peut jamais mentir. Sa mère connaîtra toujours la vérité d'une façon ou d'une autre. D'ailleurs, plus le temps passe et plus Zelda se rend compte qu'Hilda développe aussi cet agaçant pouvoir.

Ellen : Eh bien tu m'en parleras plus tard si tu veux

Zelda : Oui

Ellen commence à se diriger vers la porte tandis que Zelda repense à la soirée du bal avec Faustus...

Zelda : Maman, attends

Ellen s'arrête et se retourne vers Zelda.

La rousse sait qu'elle peut parler de tout avec sa mère, contrairement à son père. Elle a toujours été plus ouverte d'esprit et à l'écoute. Son regard bienveillant est d'ailleurs sans nul doute la chose qui rassure le plus Zelda.

Ellen : Oui ?

Zelda : Hum... Je... Je peux te demander quelque chose... d'embarrassant ?

Ellen fronce légèrement les sourcils et s'approche de Zelda. Elle ne voit pas souvent sa fille aussi gênée. Zelda est plutôt du genre à cacher ses sentiments et demander de l'aide que lorsqu'elle n'en a plus le choix.

Ellen : Oui bien sûr

Zelda : Il se peut que la nuit dernière... J'ai... Eh bien que j'ai eu mes premiers rapports avec un garçon

Le regard d'Ellen s'adoucit un peu et elle hoche la tête en écoutant attentivement sa fille. Zelda est une jeune sorcière magnifique et séduisante, elle savait que ce ne serait qu'une question de jours après son baptême pour que Zelda ne soit plus vierge.

Zelda : Et je t'en supplie ne me fais pas de leçon de morale mais on a oublié de se protéger et je-

Ellen : Viens

Ellen prend Zelda par la main sans que la rousse ne comprenne et l'entraîne avec elle jusqu'à la cuisine. Zelda regarde sa mère silencieusement et observe les ingrédients qu'elle sort les uns après les autres avant de les mélanger dans une casserole à feu doux. Après quelques minutes Ellen revient avec une jarre remplie d'une potion à la couleur violette que Zelda prend.

Zelda : Est-ce que tu m'en veux ?

Ellen : Pourquoi je t'en voudrais ?

Zelda : Eh bien d'avoir perdu ma virginité... et sans protection

Ellen sourit tendrement à sa fille, bien que Zelda soit sûrement la sorcière la plus intelligente qu'elle connaisse, elle peut parfois manquer de jugeote.

Ellen : Non, honnêtement je m'attendais à avoir cette discussion avec toi à ton retour. Toutes les sorcières rentrant à l'académie pour l'intégration vierges n'en sortent que rarement encore vierges. Alors, avec qui c'était ?

Ellen affiche un sourire enfantin

Zelda : ...Faustus...

Ellen réfléchit quelques secondes tandis que Zelda continue de regarder avec dégoût la potion qu'elle tient dans ses mains.

Ellen : Blackwood ? Faustus Blackwood ? L'ami d'Edward ? Le fils du grand prêtre de l'église des ombres ?

Zelda : ...Oui

Ellen : …Est-ce à cause de ça qu'Edward et toi vous êtes disputés ?

Zelda acquiesce silencieusement en repensant à leur dispute un peu pus tôt à l'académie. Elle n'arrive toujours pas à croire qu'Edward lui fait une aussi grosse crise. Elle n'a pas tué quelqu'un ou commis une chose grave. Elle a juste passé du bon temps avec un sorcier qu'elle trouve attirant et qui la trouve attirant. Elle n'y peut rien si c'est un ami de son frère.

Zelda : Il m'a dit que Faustus ne serait pas bon pour moi

Ellen : Peut-être qu'Edward à ses raisons de penser comme ça, de vouloir te protéger de lui...

Zelda : Je suis sûre qu'il est juste jaloux de me voir me rapprocher de Faustus, juste parce que c'est un de ses amis...

Ellen : Laisse lui du temps pour s'y habituer...

L'adolescente hoche la tête et commence à boire la potion avant de grimacer. C'est horriblement amer. Pourquoi chaque jour elle doit boire un liquide écœurant ? Si ça continue ainsi, dans une semaine elle n'aura plus d'estomac.

Zelda : Argh...

Zelda tire la langue sentant le goût de la potion devenir encore plus fort. Ellen sourit et croise les bras sur sa poitrine en observant le visage de sa fille. Des images de Zelda essayant pour la première fois le citron lui revienne en mémoire et son cœur se réchauffe. La rousse a toujours été difficile sur la nourriture depuis son plus jeune âge.

Ellen : Sorcière imprudente, potion décapante

Zelda : Je n'oublierai plus jamais, je ne veux vraiment pas avoir à boire de nouveau cette... chose...

Ellen : Eh bien c'est le but, j'espère ne plus avoir à la préparer non plus

Zelda finit la jarre puis retourne dans sa chambre. Elle s'allonge sur son lit avec soulagement et regarde un instant le plafond. Seulement quelques jours se sont écoulés depuis son baptême obscur et tant de chose se sont passés... Est-ce ça la vraie vie ? Devoir supporter un frère omniprésent dans sa vie privée, supporter une sorcière agaçante, bien que parfois, Zelda doit l'avouer, elle est assez drôle à voir, et tout ça en allant en classe tous les jours pour avoir les meilleures notes et le titre de meilleure élève ? Bon d'accord, le titre de meilleure élève n'existe pas. Mais s'il existait Zelda se battrait dur comme fer pour l'avoir. Cela rendrait son père si fier d'elle... Enfin ce n'est pas le cas et Zelda devrait rester dans la réalité. Elle ne peut pas se permettre de s'imaginer des scénarios alors que sa valise est encore ouverte à côté d'elle et que ses vêtements ne sont pas finis d'être rangés. Elle soupire et se redresse en se marmonnant qu'elle ne doit pas oublier de protéger ses miroirs des yeux pervers de son frère. Voilà encore quelque chose qui continue, même après plusieurs heures, de faire rougir ses joues et de monter la colère en elle.

Zelda : Dégoûtant...