Salut à tous, j'espère que vous allez bien ! Avant de commencer, je voudrais adresser un grand merci à ceux qui reviewent, ça fait vraiment plaisir !

Au programme aujourd'hui, le tout premier OS Johnlock de ce recueil (et certainement pas le dernier comme vous avez pu le constater dans le sommaire) qui est d'ailleurs, si mes souvenirs sont bons, le tout premier que j'ai écrit.

En espérant qu'il vous plaise,

Bonne lecture !


RAR :

Katymyny : Oui, tu as raison, c'est un plaisir un peu coupable... en tout cas, j'espère faire quelque chose qui reste cohérent malgré tout.

Je vais voir vers quoi peuvent m'emmener tes suggestions (je t'avoue que je n'ai vu les films de Guy Ritchie qu'une seule fois (et il y'a un petit moment), il faudrait que je me replonge dedans pour bien retranscrire l'univers), pour HP ou les Irréguliers (je pense que tu parles d'eux), ça pourrait effectivement être intéressant.

Il n'y a pas de quoi, j'estime que lorsqu'un lecteur laisse une review, le remercier et lui répondre est tout à fait normal compte tenu du plaisir que ça fait d'avoir un retour. En te remerciant à mon tour pour ca, j'espère que la suite du recueil te plaira.


TITRE : Illicites attirances

SITUATION : The Signs of Three (SE3EP2)

PAIRING : JohnxMary, Johnlock

RESUME : Un peu éméchés, John et Sherlock se livrent à des confidences. Mais à la veille du mariage du médecin, ces dernières pourraient bien tout chambouler.


«Tu as une réputation internationale, toi ? demanda Sherlock, allongé dans les escaliers du 221B contre John, l'impression que son cerveau s'était subitement changé en mélasse.

- Non, je n'ai pas de réputation internationale, murmura John d'une voix ensommeillée.

Avait-on fait enterrement de vie de garçon plus horrible que cela ? Sherlock l'ignorait, il n'avait de toute manière jamais participé à ce genre de futilités. Mais pour John, il endurerait n'importe quoi. Même être son témoin, parler sentiments devant beaucoup trop de monde et faire comme s'il était heureux de cette place secondaire dans la vie de son meilleur ami.

- Je n'arrive même plus à me souvenir pourquoi… continua-t-il pour donner le change.

Endurer ça, oui, mais laisser John avoir la moindre idée de ce qu'il en était, jamais.

- Quelque chose… avec les crimes…

Il y'eut un bruit vague sur sa droite qui ne le fit même pas réagir.

- Que faites-vous ici ? retentit la voix de Mrs Hudson, bien trop forte au goût du détective

qui avait l'impression que ses sens s'étaient exacerbés tant la lumière artificielle du plafonnier l'éblouissait et que le moindre bruit lui sciait les oreilles. Vous deviez rentrer tard.

· Ah, Hudders ! Quelle heure est-il ?

Sans relever le lapsus du détective – qui ne s'en était même pas rendu compte, essayant de retrouver son chemin dans les couloirs flous de son Palais Mental – elle répondit :

- Vous n'êtes sortis que deux heures.

John et Sherlock se redressèrent d'un même mouvement avant de se diriger, d'un accord tacite, vers l'étage. Sherlock ne se souvenait même plus de comment ils s'étaient retrouvés dans la présente situation, avec un post-it collé sur le front. Il ne connaissait pas le jeu que John lui avait proposé mais au vu du désastre qu'était la soirée, les choses ne pouvaient pas devenir pires.

S'il avait su, il n'aurait jamais accepté.

Mais pour l'heure, il contemplait John, plissant les yeux pour essayer de lire le mot – ou le nom vraisemblablement – qu'il avait écrit et que son ami portait sur son front.

- Est-ce que je suis… un légume ? demanda John.

- Toi ou… la chose ?

Leurs regards se croisèrent une fraction de seconde mais il ne leur en fallut pas plus pour éclater de rire.

- Non, t'es pas un légume.

- Ton tour.

- Je suis humain ?

Sherlock contempla John prendre une gorgée de whisky en songeant vaguement au fin fond de son esprit que ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça. Ils étaient déjà bien assez alcoolisés.

- Parfois.

- Tu peux pas dire «parfois». Ça doit êt…

- Ok. Oui, tu es humain.

- Un homme ?

- Oui.

- Grand ?

- Moins que les gens pensent.

- Intelligent ?

- Je dirais que oui.

- Sympa ?

- Moyen.

- Est-ce que je suis important ?

- Pour certains, oui.

Sherlock se tut un moment, troublé tant par la réponse vaseuse de John, que par son regard, son sourire complètement niais et par son propre cerveau qui n'était décidément pas du tout fonctionnel.

- Qu'est-ce que c'est censé signifier ? quémanda-t-il.

- En ce qui me concerne, tu es la personne la plus importante de mon existence.

Sherlock haussa un sourcil, absolument perdu. Une partie de son esprit était concentrée sur le jeu qui l'intriguait, l'autre était déconcertée par l'étonnante sincérité de John et le regard brûlant qu'il lui adressait. Regard que le détective était incapable d'analyser.

- Tu as dit que j'étais un homme… fit remarquer Sherlock après avoir finalement tiré des conclusions laborieuses.

- Oui.

- Au risque de te décevoir, John, Mary Morstan n'est pas un homme.

John émit un drôle de rire avant de se pencher vers Sherlock qui l'observait, immobile. Le médecin perdit l'équilibre et se rattrapa au genou du détective qui s'incendia à peine la main de son ami posée dessus.

- Je n'ai jamais dit que c'était elle la personne la plus importante de mon existence.

- C'est avec elle que tu te maries, continua Sherlock, de plus en plus confus, tant par la main toujours posée sur son articulation que par les paroles nébuleuses de John.

Il y'eut un instant de silence et le détective crut percevoir un éclat de tristesse dans le regard de son ami. Mais ce fut si bref qu'il en conclut avoir rêvé.

- Tu es complètement bourré, John, décréta-t-il.

C'était la seule explication rationnelle. L'autre n'était tout simplement pas envisageable et il n'avait absolument aucune envie de laisser libre cours à son esprit qui ne manquerait pas de faire les déductions à sa place.

- Tu peux parler, répliqua l'intéressé avec un large sourire. Je tiens mieux l'alcool que toi.

- C'même pas vrai ! protesta Sherlock de sa voix la plus enfantine.

Il ne savait pas vraiment si c'est à ce moment-là que les choses dérapèrent réellement mais il n'en était pas moins que le visage de John s'était sensiblement rapproché de lui. Sherlock retint inconsciemment son souffle, vrilla ses pupilles dans celles de son meilleur ami. La main du médecin s'était resserrée sur son pantalon, le froissant entre ses doigts. Il avait le souffle court mais ne bougeait pas. Son genou irradiait et son bas-ventre aussi alors que son pouls s'accélérait sensiblement. Il refusait à son cerveau de déduire ce qu'il se passait.

Ce dernier court-circuita complètement lorsque John effleura ses lèvres des siennes. Timide. Comme une question. Sherlock était tout autant incapable de réfléchir que de lui apporter une réponse, les rouages de son esprit lui renvoyant des étincelles. Il fit la seule chose censée – qui après réflexion ne l'était pas – qui lui vint à l'esprit et affermit le baiser. John s'appuya un peu plus contre lui, sa main s'enroulant autour des boucles brunes du détective. Sherlock sentit la langue de son meilleur ami donner de légers à-coups contre ses lèvres et il ouvrit la bouche. John profita de la brèche offerte pour l'enrouler autour de celle de Sherlock. Le souffle du détective devint erratique tandis que son cœur loupait un battement.

Et puis la magie fut rompue quand John détacha sa bouche de la sienne pour reprendre son souffle. Et se recula.

- Excuse-moi, murmura-t-il en baissant la tête. Tu as raison, je ne suis pas dans mon état normal.

Et au fond de l'estomac de Sherlock, un bloc de pierre tomba. Il eut l'impression de recevoir une douche froide qui fit subitement disparaître les effets causés par l'alcool et ses entrailles se tordirent. Son cœur lui sembla lourd dans sa poitrine, ses poumons obstrués par un poids immense qui l'empêchait de respirer normalement. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il n'arrivait pas à faire la part des choses, son Palais Mental retourné, mis sens dessus-dessous, par le baiser de John. Il essaya de s'y plonger pour y remettre de l'ordre, peine perdue. Il était bien trop hébété pour en avoir les capacités et surtout l'envie.

- Sherlock ?

La voix de son ami, timide, le tira de ses pensées. Et puis les pouces de John vinrent essuyer quelque chose sur sa joue et le détective comprit qu'il avait pleuré. C'était stupide ! Il n'avait pas pleuré depuis son enfance, depuis Barberousse, depuis ce jour où le chien était mort et qu'il avait décidé de ne plus rien ressentir. Il ne devrait pas pleurer parce que John l'avait embrassé. Parce qu'il avait envie de recommencer. Parce que le simple fait d'y penser faisait battre son cœur un peu plus fort. Mais que lui arrivait-il ?

- Sherlock, parle-moi, demanda John d'une voix excessivement douce tout en cherchant son regard.

Sherlock l'évita. Il ne voulait pas que John voie la souffrance dans ses yeux. Alors le détective se drapa dans sa dignité et fit ce qu'il savait faire le mieux lorsque la situation lui échappait, c'est-à-dire être blessant.

- Tu as raison, c'était complètement stupide. Et irrespectueux de Mary.

Avec force, il repoussa son ex-colocataire qui s'effondra sur le tapis du salon avant de se relever avec célérité. Sherlock se dirigea vers la cuisine. John ne lui en laissa pas le temps et avant que le détective n'ait pu fuir, il l'avait rattrapé par le poignet et le plaquait contre le frigo. Sherlock sentait son cœur tambouriner fort contre sa poitrine.

- Sherlock, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Irene Adler, répondit-il, parce que c'était la seule chose à laquelle il était capable de penser en ce moment.

C'était comme cela qu'il avait compris pour elle. Pour lui.

- Quoi ? fit John sans comprendre.

- La méthode Irene Adler, explicita Sherlock en rendant les armes.

Même si les choses étaient sans lendemain, il se devait d'être honnête avec John. Le médecin l'avait toujours été avec lui. Et il ne voulait plus lui mentir. Il avait la preuve ici, en ce moment-même, de ce que les mensonges détruisaient. Il sentit le poing de John s'enrouler mieux autour de son poignet toujours entravé, son pouce se posant avec délicatesse sur la veine de Sherlock. Et il attendit, tête baissée pour ne pas croiser le regard de John.

- Oh, Sherlock… murmura ce dernier au bout d'exactement une minute et vingt-trois seconde.

- Ça n'a aucune importance, argua le détective d'un ton coupant en essayant de se dégager.

Mais l'ex-militaire avait de la force et ne le laisserait pas s'en tirer en si bons termes.

- Tu te fous de moi, Sherlock ? Ça n'a aucune importance ? Tu en es sûr ?

- Ne t'énerve pas, John !

Et il savait que sa voix s'était brisée. Il ne devait pas craquer, il ne devait surtout pas craquer. Surtout pas devant John.

- Tu es avec Mary ! cracha le détective en arrivant à échapper à la poigne de son ami cette fois-ci.

Son cœur était pétri de jalousie, écrasé par ce sentiment grandissant dans sa poitrine et il ne pouvait rien y faire. Il détestait les problèmes sans solution. Il les haïssait viscéralement. A grands pas, Sherlock se dirigea vers sa chambre, bien décidé à éviter John le temps de reconstruire ses barrières qui le protégeaient du reste du monde, y compris de son ex-colocataire et tant pis pour l'enterrement de vie de garçon de John – déjà raté de toutes façons.

- Sherlock Holmes, tu vas arrêter tes enfantillages et me regarder, immédiatement !

Le détective fut tenté d'ignorer son meilleur ami. Mais il aimait beaucoup trop quand John passait en mode «Capitaine John Watson, cinquième fusiller de Northumberland». Il était incapable de résister. Alors il se retourna. Lentement, à pas mesurés, le temps de reprendre contenance. Lorsqu'il fit face à John, il s'était recomposé un masque de neutralité à des milles de son état d'esprit actuel.

- John ? demanda-t-il du ton le plus froid de sa collection.

Il vit le visage du susnommé se décomposer comme dans un ralenti. Sherlock réservait ce ton à ses ennemis, à Anderson ou aux suspects qu'il interrogeait. Jamais à John. Il ne le regarderait jamais non plus avec cet air d'indifférence. Une chape de plomb alourdit l'estomac du médecin. Il avait tout gâché, en quelques secondes, il avait tout gâché avec Sherlock. N'aurait-il pas pu se contenter de son amitié ? C'était pourtant ce à quoi il s'activait auprès de Mary. Préserver son amitié avec Sherlock en sachant pertinemment qu'il ne pourrait jamais rien espérer de plus. Il se pensait heureux de cette manière à prétendre ne ressentir que de l'amitié à l'égard de l'auto-proclamé sociopathe et à aimer sincèrement sa fiancée – ce qui était le cas, il aimait Mary, mais pas autant qu'il avait aimé et aimait toujours Sherlock – mais manifestement, il s'était trompé. Il avait suffi d'un rien. D'un sourire et il n'avait pu résister. Et à présent, il avait fait voler sa vie et ses plans en éclats. Et il n'arrivait même pas à se sentir coupable. A regretter ce baiser.

John s'approcha doucement de son ex-colocataire. Ce dernier resta planté au beau milieu de l'appartement, le regardant s'approcher sans bouger, sans réagir. John s'arrêta face à lui. Une petite dizaine de centimètres les séparaient. Il leva les yeux, cherchant l'acier du regard du détective. Ce dernier essayait de l'éviter mais John fut plus rapide et dès l'instant où leurs pupilles se rencontrèrent, ils ne purent détourner le regard. Il titilla doucement la main de Sherlock, comme pour lui demander son accord. C'était ridicule. Ils s'étaient déjà tenu la main sans aucun complexe mais jamais ils n'avaient trouvé le geste étrange.

Ce soir-là, c'était différent.

Il sentit l'auriculaire de Sherlock s'enrouler autour du sien ce qui lui donna un peu de courage. Il franchit la distance qui les séparait. Son regard erra vers les lèvres du détective mais il retint l'envie irrépressible de l'embrasser. Il n'en avait pas le droit, pas de cette façon, pas s'en s'expliquer.

- Tu sais, j'étais sincère tout à l'heure. Tu es la personne la plus importante de mon existence.

- Ne dis pas n'importe quoi, John, murmura-t-il d'une voix si basse que le médecin faillit ne rien entendre.

- C'est la vérité.

- Pourtant tu l'as choisie, elle.

- Et tu crois pouvoir me le reprocher ? siffla John en serrant les doigts de son ami dans sa main.

Il n'avait pas voulu être aussi agressif. Mais Sherlock, cet idiot de génie qui n'arrivait pas à comprendre les émotions et les sentiments allait bien entendu lui reprocher d'avoir choisi Mary. Alors que le seul responsable, c'était lui-même. Et brusquement, toute la frustration des années à l'aimer en silence, toute la rage et la peine de l'après-Reichenbach revinrent à lui comme un puissant raz-de-marée.

- Tu l'as choisie, répéta Sherlock, incapable de ressentir le trouble intérieur de John.

- Je l'ai choisie parce que je ne pouvais pas t'avoir, toi, Sherlock ! se récria le médecin. Parce que tu as sauté de ce putain de toit comme le stupide sociopathe que tu es sans une seule seconde penser à ce que tu allais me faire ! Mais comment pourrais-tu savoir ce que tu me ferais ? Tu ne comprends pas des choses aussi futiles que les sentiments et l'amour, tu t'en fiches ! Tu me l'as dit toi-même, tu l'as répété à Irene Adler. Ton brillant cerveau de sociopathe n'a pas envisagé une seule seconde que je me mourrais d'amour pour toi mais que j'acceptais avec joie d'être seulement ton meilleur ami parce que je savais que je ne pourrais pas avoir plus, que d'être ton meilleur ami était déjà une chance en soi ! J'ai choisi Mary parce qu'elle pouvait me donner ce que toi tu ne me donnerais jamais. Le seul responsable de cette situation, c'est toi !

Et durant toute sa tirade, John s'était sensiblement rapproché de Sherlock, sa rage prenant le dessus et ce n'est que lorsqu'il acheva de s'égosiller sur son ex-colocataire qui le contemplait à la manière d'une chouette éblouie par le soleil qu'il se rendit compte de leur proximité physique. Et il rougit brusquement mais ne se recula pas.

- Je… tu… bégaya Sherlock.

Et pour l'une des seules fois de sa vie, John vit l'incertitude dans le regard de son ami. Il y vit un enfant blessé, apeuré. Son instinct reprit le dessus et il réduisit à néant la distance les séparant pour prendre Sherlock dans ses bras. Au début, le détective resta stoïque, complètement perdu entre les vagues de sentiments qui s'échouaient sur son cœur, par les mots de John, par l'étreinte de John. Puis, presque naturellement, presque inconsciemment, il y répondit. Il serra en retour John dans ses bras, son cœur s'affolant dans sa poitrine. Il sentit que John venait nicher son nez dans sa nuque et il frissonna malgré lui. Son corps le trahissait. Il n'arrivait plus à faire la part entre raisonnement et sentiments. John avait tout détruit, emportant sur son passage les certitudes de Sherlock qui avaient volé en éclats, tel un cyclone, il avait tout aspiré. Et cela le terrifiait. Il se mit à trembler compulsivement dans les bras de son ami qui le serra un peu plus fort contre sa poitrine. Ses jambes lâchèrent et Sherlock se laissa tomber au beau milieu de l'appartement. John ne le lâcha pas et le suivit, sa main trouvant toute seule le chemin jusqu'aux cheveux du détective, les caressant avec tendresse. Il ne dit rien. Il n'y avait pas besoin de mots. A son tour, Sherlock plongea son visage dans le cou de John, respirant à plein nez son odeur. Il en avait besoin. John était le seul à pouvoir le calmer, le seul à faire valser ses craintes et ses doutes. C'était toujours John qui s'occupait de la reconstruction dans son Palais Mental.

Au bout d'un long moment, les deux hommes relevèrent la tête et se contemplèrent un long moment. Ils avaient tous deux conscience que Mrs Hudson pouvait débarquer à n'importe quel moment et que la chose pourrait leur causer quelques problèmes, mais ni l'un, ni l'autre n'en avait cure.

- John…

- Sherlock…

Ce fut Sherlock qui initia la chose cette fois-ci. Il approcha son visage de celui de John et posa ses lèvres sur les siennes, maladroit, timide. Comme s'il avait peur que John le repousse. Ce dernier n'hésita pas une seconde lorsqu'il sentit la bouche du détective contre la sienne, et tout en saisissant son visage à deux mains, il embrassa Sherlock passionnément. Leurs souffles se mêlèrent dans l'étreinte, les mains du détective vinrent frictionner la chemise de John, arrachant un grondement guttural à ce dernier.

Cela finit trop tôt au goût du médecin mais ils devaient bien reprendre leurs souffles, devenus erratiques. Il plongea son regard dans celui de Sherlock, ses deux mains toujours sur ses joues.

- Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ? interrogea ce dernier, la voix rauque.

- Tu m'avais bien fait savoir que tu n'étais pas intéressé, tu te souviens ? J'avais beau t'assurer que moi non plus, ce n'était déjà pas le cas à l'époque. Il y'a eu des fois où j'ai… où j'ai voulu te le dire mais ma lâcheté a repris le dessus.

- Tu n'es pas lâche, John.

- Tu trouves que me marier à quelqu'un d'autre parce que je n'ai pas le courage de te dire que je t'aime, ce n'est pas lâche ?

Le détective appuya son front sur celui du médecin, sans rien dire. Que pouvait-il bien répondre à cela ? Ils restèrent un long moment l'un contre l'autre, écoutant seulement le son de leurs coeurs qui cognaient fort dans leurs poitrines.

- Tu niais tout le temps quand les gens nous prenaient pour un couple, reprit Sherlock, quelques instants plus tard.

- Tu ne le faisais jamais.

- Je ne comprenais pas pourquoi ça te dérangeait autant.

- Parce que ça ne serait jamais vrai et que cela me faisait mal. Ça faisait mal de voir que les gens pensaient que nous étions ensemble, comme si ça coulait de source, alors que ça n'avait jamais été le cas.

- Il faut croire que d'autres ont vu ce que nous étions incapables de voir.

John serra sa main. Si seulement…

- John ?

Il releva la tête. Sherlock avait les yeux brillants et tout doucement, le médecin écrasa la larme qui roulait au coin de l'œil. Sherlock frissonna.

- Moi aussi, tu sais.

Alors John fit la seule chose qu'il devait faire dans cette situation-là. Il l'embrassa. Mais ce n'était pas comme les deux autres fois. C'était triste, cela avait un goût salé d'adieu, peut-être à cause des larmes qui s'écrasaient sur leurs joues, c'était désespéré, nécessaire. Le médecin poussa le détective en arrière et celui-ci se retrouva le dos contre le tapis, John au-dessus de lui, leurs bouches pressées dans une étreinte passionnée mais douloureuse. La main du médecin s'infiltra sous la chemise cintrée de son ami tandis que les larmes continuaient de couler. Les boutons cédèrent sous ses caresses, Sherlock commença à respirer avec difficulté. Pourtant, dans un immense effort de volonté, il repoussa doucement John.

- Tu ne peux pas, John. Tu vas te marier et pas avec moi. Tu n'as pas le droit de faire ça à Mary.

- Sherlock…

- Non, John.

Il avait mis toute la force de sa conviction dans sa voix malgré les larmes qui lui brouillaient la vue. Il en avait envie, tout comme John, mais il refusait de faire cela à Mary.

- Elle a été là quand je ne l'étais pas. Je lui dois beaucoup. Sans elle, tu n'en serais pas là. Tu ne peux pas lui faire ça. Et tu l'aimes.

- Pas autant que toi, répondit John, en toute honnêteté.

- Mais tu ne peux pas, martela Sherlock d'un ton suppliant.

Il savait que s'ils allaient plus loin, il ne pourrait plus lui résister. Il céderait au chant des sirènes et ils atteindraient un point de non-retour. Sherlock avait toujours été égoïste et n'en avait jamais ressenti aucune honte, il n'avait jamais vraiment compris la fine frontière qui séparait le bien du mal même s'il avait conscience de son existence. En temps normal, il aurait cédé à John, à ses pulsions, mais là, il en était incapable. Il savait qu'il avait perdu la bataille et l'acceptait, résigné. Alors dans un dernier effort de volonté, Sherlock s'extirpa de l'étreinte qui le retenait prisonnier de John et se recula. Il baissa les yeux.

- Tu… tu ferais mieux de partir, John.

Il n'eut pas besoin de relever la tête pour voir le regard blessé, embué de larmes de son ami pour savoir que les mots atteignaient John tout autant qu'ils lui coûtaient à lui. Pourtant, Sherlock s'entêta.

- C'est peut-être mieux si on ne se voit pas… avant ton mariage.

- Tu t'en occupes autant que nous sinon plus.

Le ton aurait pu paraître neutre à n'importe qui mais Sherlock y lisait toute la douleur que John essayait d'inoculer.

- J'ai reçu une proposition d'enquête dans le Sussex. C'est à peine un cinq, mais tu n'auras qu'à dire à Mary que c'est un neuf. Je serais de retour pour le mariage et je serais ton témoin.

- Sherlock…

- C'est mieux ainsi, John.

- Je sais.

Avant de lui laisser le temps de réagir, John lui vola un tendre baiser. Puis il se releva et disparut derrière la porte. Avant de partir, il murmura :

- Je t'aimerai toujours, Sherlock.»


Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

Petite note de fin de chapitre : le PDV de Sherlock est beaucoup moins naturel que celui de John pour moi (c'est un personnage tellement complexe en même temps), je ne sais pas si le rendu est bon pour vous, je l'espère en tout cas. N'hésitez pas à me le faire savoir et à la semaine prochaine avec du Kidlock qui explore tout en fluff la relation entre Sherlock et Mycroft.