Chapitre 4 : dernière épreuve : force

— Charlie-boy ! Dans mes bras !

Charlie avait à peine relâché le portoloin international que son frère aîné l'enlaçait avec force au point de le soulever du sol.

Bill Weasley était de loin le plus beau de sa fratrie, il le savait. Il était grand, musclé, un visage bien dessiné et des yeux d'un bleu perçant. Sans compter qu'il avait du style (en tout cas, c'est ce que tout le monde disait, Charlie les croyait sur parole puisqu'il n'y connaissait bien). Même les cicatrices infligées par le loup-garou Greyback n'avaient pas réussi à le rendre moins attractif.

Enfants, ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau malgré leurs deux ans d'écart. Ils avaient le même visage, les mêmes yeux et le même caractère… Ce caractère qui avait drastiquement changé à leur entrée à Poudlard.

Bill avait adoré découvrir le monde en dehors de sa famille. Il parlait facilement aux autres, se débrouillait bien à l'école, s'était fait un tas d'amis en un rien de temps et s'était épanoui. Charlie, lui, avait fait tout l'inverse. Submergé par toutes ses nouvelles personnes inconnues, il s'était renfermé sur lui-même. Il n'avait fait aucun effort pour avoir plus que la moyenne et n'adressait la parole à personne tant qu'il n'y était pas strictement obligé.

Les choses avaient changé en troisième année. En découvrant, tout d'abord, les soins aux créatures magiques qui l'avaient poussé pour la première fois à s'investir en cours. Puis il avait intégré l'équipe de Quidditch où il avait finalement accepté de se socialiser un minimum.

C'était dans ce cadre qu'il avait rencontré Olivier Dubois : trois ans plus jeune, grand front, regard décidé, avec une telle obsession pour le Quidditch que Charlie lui avait laissé le poste de capitaine avec plaisir après son départ.

— Alors, petit frère, que viens-tu faire dans ma douce colline aux coquillages ? Tu n'as pas été très explicite dans ta lettre.

— Je suis là pour régler un code rouge.

Bill le dévisagea.

— Un code rouge ? Tu veux dire, le code rouge comme celui que j'avais inventé à Poudlard ?

Charlie acquiesça en silence. Bill se passa une main dans ses longs cheveux roux, l'observant avec un froncement de sourcil analytique.

— Et que signifie exactement, « régler » ? Comptes-tu nous présenter ta fiancée ou quoi ?

— Nous ne sommes pas encore fiancés, je veux justement savoir si je vais accepter ses avances. Et comme je ne connaissais personne d'autre que toi qui puisse faire l'arbitre…

— L'arbitre de quoi ?

Bill se frappa le front avant que Charlie n'ait pu répondre.

— Oh, ne me dit pas que tu lui fais passer un test ou quelque chose comme ça.

— Si, c'est exactement ça.

Bill secoua la tête avec désespoir.

— Charlie ! Tu vas la faire fuir avant que tu n'aies le temps de perdre ta virginité, si tu fais ça !

Mais qu'est-ce que sa virginité avait à voir là-dedans ?

— Ça voudra dire qu'il n'était pas à la hauteur, c'est tout. Tu es d'accord pour arbitrer alors ?

— Il ? Tu as bien dit « il » ?

Charlie acquiesça calmement. Visiblement, le genre de son prétendant perturbait Bill davantage que Ron. L'aîné n'insista toutefois pas plus, malgré son air pincé, et donna son accord dans un grognement.

— Mais il faudra vraiment qu'on discute de ta façon d'interagir avec les gens, après ça !

Charlie haussa les épaules. Si ça pouvait lui faire plaisir…

— Bon, maintenant que c'est réglé, dis-moi tout : nom, prénom, âge, taille, statut de sang, métier et tout ce que tu connais sur lui !

— Olivier Dubois, 22 ou 23 ans, haut comme ça, sorcier, joueur de Quidditch, meilleur ami de Percy, obstiné, capable de retirer un traceur sur un dragon adulte et de survivre aux expériences de George.

Il chercha d'autres informations à fournir à son frère, mais rien ne lui venait à l'esprit. Ah si : leur premier match de Quidditch !

— Et il a le crâne plus solide qu'un cognard.

Bill soupira profondément, l'air désespéré. Visiblement, ce dernier point n'était pas un renseignement pertinent.

Leur conversation fut interrompue par l'arrivée du portoloin d'Olivier qui posa gracieusement les pieds sur la plage. Il maîtrisait donc à la perfection les transports magiques. C'était un bon point pour lui.

Le joueur de Quidditch regarda autour de lui quelques instants avant de pivoter vers eux. Il avança aussitôt dans leur direction et tendit la main vers Bill en se présentant.

Mais l'aîné de la fratrie Weasley le toisait sans aucune sympathie, le nez retroussé. Sa grimace rendait ses cicatrices presque menaçantes.

Avec hésitation, Olivier baissa sa main et jeta un coup d'œil vers Charlie. Bill ramena cependant rapidement son attention vers lui en faisant un pas en avant, dominant Olivier de toute sa taille et de sa carrure qui n'avait rien à envier au gardien.

— Alors comme ça, tu veux fricoter avec mon petit frère ?

— Heu, je… Oui ?

— Quelles sont tes intentions exactes envers lui ?

Olivier déglutit nerveusement. Charlie se demanda s'il avait été aussi hésitant face au dragon. Probablement pas, où il ne s'en serait pas sorti sans dommage.

— J'aimerais entamer une relation sérieuse avec lui.

— Sérieuse comment ?

Olivier se retenait visiblement de faire un pas en arrière pour échapper à l'aura oppressante du briseur de sort.

— Durable. Stable. Heureuse. Je lui ai même offert un petit dragon.

Bill lui jeta un regard surpris et Charlie hocha la tête. Son dragonneau était adorable, il faisait déjà un mètre de long et commençait à cracher des flammes. Charlie avait aménagé toute une partie de sa maison pour le garder en sécurité ainsi que son lieu d'habitation pendant qu'il était ici ou au travail.

— Hm. Très bien.

L'aîné fit un pas en arrière, libérant ainsi Olivier de sa menace. Il croisa cependant les bras sur son torse pour montrer que cela ne suffisait tout de même pas à le convaincre à 100 %.

— Heu, du coup, Charlie, je vais finalement devoir affronter ton frère en duel ? demanda Olivier avec hésitation.

— Toujours pas, répondit Charlie. C'est contre moi que tu vas te battre aujourd'hui. Allez, viens sur la plage. On a de la chance, en plus, il fait chaud en France.

Suivant les indications de Charlie, Bill traça un grand cercle dans le sable dans lequel les deux autres se positionnèrent.

Charlie retira son t-shirt, dévoilant sa poitrine robuste à la brise méditerranéenne, ainsi que ses chaussures pour être pieds nus. Après un instant d'hésitation, Olivier en fit de même, déposant ses effets en dehors de la zone d'affrontement.

Le dragonnier en profita pour observer avec attention celui qui lui faisait face. Olivier avait un visage droit et sérieux. Ses épaules étaient plutôt imposantes et musclées, tandis que son torse prouvait les nombreuses heures d'entraînement qu'il s'infligeait tous les jours. Le pantalon de Quidditch était taille haute et remontait jusqu'à son nombril. Il moulait parfaitement ses hanches et ses cuisses, habituées à garder et à diriger son balai avec adresse. Ses pieds, enfin, étaient longs et larges, lui offrant une grande stabilité au sol.

S'il n'avait pas vraiment de critères de beauté, Charlie devait avouer que le physique d'Olivier était plaisant. On aurait dit un guerrier sorti d'un autre temps. D'ailleurs, il s'était effectivement battu pendant la guerre, Charlie s'en souvenait.

La puissance qu'il dégageait ferait sans doute de lui un bon compagnon.

Avoir cette pensée ne l'empêcha pas de se mettre en position, jambes fléchies et bras devant lui. Olivier en fit de même. Il ne comptait pas le ménager.

— Voici les règles, annonça Bill qui se tenait à l'extérieur du cercle. Pas de coups de pied ni de poings. Vous pouvez vous attraper par où vous voulez, sauf les cheveux ou les parties intimes. Votre objectif est de pousser votre adversaire du cercle. Vous êtes prêts ? Alors, allez-y !

Charlie eut à peine le temps de voir Olivier bander les muscles avant qu'il ne soit sur lui. Il plaqua son épaule gauche contre les clavicules du dragonnier, les deux mains serrant les biceps. Il poussa de tout son poids, le forçant à reculer. Il dut planter plus fermement ses pieds dans le sable pour s'empêcher de faire un pas en arrière.

Dans un grognement sourd, il repoussa l'assaut de presque deux pas avant de sentir brusquement son équilibre faillir. Le monde tourna autour de lui puis son dos heurta violemment le sol, lui coupant le souffle.

Olivier le surplombait, son torse se soulevant plus vite que la normale. Ses yeux déterminés étaient plongés dans les siens.

S'il se dégagea rapidement pour lui permettre de se relever, il ne lui demanda pas s'il allait bien ou s'il s'était fait mal. Il reconnaissait la puissance de Charlie, ce qui le fit sourire. Le dragonnier se mit debout à son tour et ils se firent face de nouveau, bras en avant.

Plusieurs assauts se succédèrent. Ils reculaient, avançaient, puis ils inversaient les rôles. À plusieurs reprises, l'un ou l'autre se retrouva le nez dans le sable, mais ils se relevaient bien vite. Ils étaient désormais recouverts de sueur. En plus des efforts physiques, la météo du sud de la France n'avait rien à envier à la Roumanie. Leurs halètements s'amplifiaient de minute en minute, mais ils ne comptaient pas abandonner pour autant.

Et Charlie adorait ça.

Quel plaisir de sentir le corps solide se cogner contre le sien, la poigne ferme le pousser ou le tirer, le souffle court laisser une trace brûlante sur sa peau. Quel délice de voir la lueur décidée qui brillait dans les iris bruns et d'entendre ses grognements sous l'effort. Même l'odeur de sa sueur était agréable.

Charlie aurait pu continuer des heures et des heures sans jamais se lâcher quand il fut une nouvelle fois projeté en arrière.

Il se réceptionna et s'apprêtait à se relever pour repartir aussitôt quand Bill cria « Stop ! ».

Son coude était hors du cercle.

L'instant s'éternisa alors que Charlie restait à fixer la trace laissée dans le sable par son bras. Le bruit des vagues fut la seule chose qui troublait le silence des lieux pendant de longues secondes, puis quelqu'un marcha vers lui.

Il se tourna pour voir Olivier tomber à genoux devant lui. Il semblait épuisé, pourtant, il rayonnait.

— Avec ça, on peut dire que j'ai rempli cette épreuve, pas vrai ?

Il hocha la tête sans un mot et Olivier ferma les yeux en poussant un profond soupire. Il souriait, et c'était un sourire bien agréable à contempler.

— Tu peux me donner la prochaine tâche à accomplir ! Je suis prêt, et je peux continuer ça toute la vie !

Jamais il ne se démontait, jamais il n'abandonnait. Olivier Dubois était décidément un sacré énergumène. Un énergumène qui avait tout pour lui plaire.

Alors Charlie tendit le bras, agrippa la nuque d'Olivier et le tira vers lui pour l'embrasser.

C'était rude, maladroit et délicieux à la fois. Le goût de sel sur ses lèvres le charma encore plus que leur précédent affrontement.

Un coin de sa conscience capta un « félicitation » prononcé par son frère avant que des pas s'éloignant lui indiquent qu'ils étaient seuls désormais. Charlie fit basculer Olivier sur le dos et monta sur lui, le sourire aux lèvres.

Il avait trouvé un bon compagnon, sa mère serait fière de lui.

— C'est d'accord, affirma-t-il en l'embrassant de nouveau. Nous pouvons nous accoupler à présent.

Olivier se dégagea de sous lui plus vite qu'il ne le croyait possible.

Toute son assurance avait disparu pour laisser place à la panique. À moins qu'il ne soit… offusqué ?

— Quoi ? Là comme ça ?

Charlie cligna des yeux, surpris. Effectivement, Olivier était bien scandalisé. Mais par quoi ?

— Je pensais plutôt rentrer chez l'un d'entre nous d'abord, répondit le dragonnier en s'asseyant. Le sable ne me semble pas une…

Olivier le coupa, reprenant un peu de sérieux pour déclarer sur un ton d'évidence :

— Il faut au moins trois rendez-vous avant de coucher ensemble, Charlie !

Il plissa le nez. Ah, encore un protocole humain complètement adhérent… Enfin, qu'à cela ne tienne, se décida-t-il en se levant.

— Très bien. Tu as subi mes trois épreuves, je subirais les tiennes. Tu choisis l'heure et l'endroit ?

Olivier sourit de nouveau et se rapprocha. Il lui prit la main et embrassa la mâchoire de Charlie. Ce dernier frissonna, appréciant le contact des doigts épais et chauds se glissant entre les siens. Il risquait de très vite prendre goût à ce genre de gestes…

— Ça marche, je t'enverrai un hibou.

Charlie passa sa main libre dans le dos de son nouveau compagnon et le plaqua plus fort contre lui.

— J'en suis impatient.

FIN


Et c'était le dernier chapitre de cette mini-fic^^

Alors, ça vous a plu ? :) De mon côté, je me suis beaucoup amusée sur cette histoire sans prise de tête et sur ce couple improbable !

N'oubliez pas de me laisser un petit mot avant de partir, vous serez choux ! D'ailleurs, je remercie ici Carlita pour sa review anonyme ainsi que tous ceux qui ont eu la gentillesse de m'en laisser au cours de la publication, même si je leur ai déjà répondu en MP. Ça me touche énormément de lire vos réactions, mais genre vraiment. Merci 3

Yume u_u