Chapitre 4 :

Le bar était bondé, bruyant, et si on voulait l'avis de Harry, étrangement sujets aux accidents. Un de ses camarades de promo avait accidentellement renversé son verre sur le pull en cachemire bleu foncé –« C'est bleu marine, Potter. » que Draco lui avait offert, le ruinant probablement à jamais. Une bagarre d'ivrogne avait accidentellement éclatée de l'autre coté de la salle mais c'était rapidement terminé lorsque les deux belligérants avaient finalement fondu en larme dans les bras l'un de l'autre –cette scène pleine de morve et de cris déchirants avait été dérangeante pour tout le monde-. Et une femme avait accidentellement trébuché directement sur ses genoux, au cours de la soirée. Deux fois. Il avait eu du mal à la déloger, l'alcool qui trempait son pull n'avait pas gêné la sorcière qui s'était proposée pour l'essorer avec sa bouche…Les femmes pouvaient être effrayantes.

Harry aurait probablement mieux fait de rester chez lui à réviser ses potions ou les runes elfiques –deux matières où il ramait inexorablement- comme un bon petit étudiant sauf qu'il n'avait pas voulu se retrouver tout seul dans l'immense maison des Black ce samedi soir.

Et s'il était tout seul, c'était à cause de Draco. Harry regarda sombrement les bulles de sa seconde bière se frayer un passage jusqu'à la surface. Malfoy avait annulé leur weekend end et c'était pour ça qu'Harry essayait de se convaincre qu'il s'amusait très bien sans lui. Tentatives qui avaient, à mesure que les heures passaient, de plus en plus le goût amer de l'échec.

-Leto ! Leto ! Leto ! Leto !

La clameur de ses voisins de table lui fit lever les yeux de son verre. Tandis qu'on scandait son nom, Ophiuchus avalait cul sec un pichet de bière et Harry devait bien avouer qu'il avait une sacrée descente–même si une partie de sa boisson était en train d'imbiber son chandail de premier de la classe- Au moins Harry n'était plus tout seul à avoir l'air d'avoir pris une douche à base de bière.

Lorsqu'Ophiuchus posa brutalement sa choppe vide sur la table, les applaudissements éclatèrent, le jeune homme brun reçu des claques de félicitations dans le dos qui firent grimacer Harry de sympathie.

-Tavernier ! Un autre ! beugla Leto, le regard un peu flou, un peu injectés de sang mais un sourire ravi aux lèvres

La commande lui valut de nouvelles exclamations enjouées de la part de ses camarades.

Harry était partagé entre l'amusement de voir son ancien élève si sérieux se lâcher autant et l'inquiétude à mesure que les choppes de bière s'amoncelaient devant le jeune homme. Harry se sentait responsable, étant donné qu'il était celui qui avait proposé à Leto de venir avec lui quand deux types l'avait d'abord invité. Il avait espéré que cette soirée aiderait le taciturne ancien serpentard à s'intégrer enfin au reste de la promotion. Sur ce plan là, par ailleurs, la soirée était plutôt un succès.

Toujours ça de pris.

Harry aussi aurait aimé être aussi stupidement joyeux que le reste de sa tablée mais il fallait croire que les effets euphorisants de l'alcool marchaient sur tout le monde ce soir, sauf pour lui.

Youpi, encore une particularité breveté Harry Potter ! Quelle chance il avait !

Enfin, les autres n'avaient pas de petits amis qui préférait s'adonner à de la cueillette nocturne dans la Forêt Interdite plutôt que de les voir. Ça devait aider à positiver.

Bon, il était peut être un peu injuste, la fichue plante que Draco devait trouver ne poussait qu'à l'état sauvage et seulement les soirs de pleine lune et Slughorn en avait besoin pour des potions. Apparemment McGonagall avait demandé à toute son équipe de se porter volontaire pour cette folle soirée « Nature et Découverte de la Flore Nocturne Dans la Forêt la plus Dangereuse d'Ecosse » et Draco avait probablement sauté sur l'occasion pour se faire bien voir. En tous cas le message qu'il lui avait envoyé pour l'informer de sa défection avait été totalement dénué du moindre regret.

Comme quoi pour le blond, deux ou trois semaines sans se voir, c'était du pareil au même. Ça lui en touchait une, sans faire bouger l'autre.

Harry avait l'impression d'être le seul à compter les jours. Le seul à ressentir ce manque qui le rongeait. Et c'était une sensation désagréable. Des soirs comme celui-ci, il était facile de divaguer sur le fait qu'il aurait préféré ne jamais tomber amoureux. Ou si mais pas de lui. De quelqu'un de plus facile à comprendre, quelqu'un qui ne le rendrait pas fou et dont leur passé commun n'était pas à lui tout seul une apologie à la guerre mesquine et insidieuse.

Mais non, jusqu'au bout il serait le Garçon-Qui-Etait-Tombé-Pour-Draco-Enfoiré-Sans-Cœur-Malfoy.

°O°O°O°

Ophiuchus sonna avec insistance à la porte, ce qui étonna Harry qui était censé avoir raccompagné son ancien élève chez lui. On ne sonnait pas quand on rentrait chez soi, on utilisait une clef.

Génial. A coup sûr le gamin lui avait filé une mauvaise adresse, il était tellement bourré que c'était déjà un petit miracle qu'Harry soit parvenu à comprendre le nom de la rue qu'il lui avait baragouiné.

Comme pour confirmer son piètre état Ophiuchus tituba et Harry le rattrapa in extremis avant qu'il ne s'étale sur le seuil de ce qui n'était visiblement pas son appartement.

Le jeune homme était plus lourd que ce qu'il apparaissait mais il fallait dire qu'il ne faisait aucun effort et s'avachissait complétement sur lui.

Harry chercha un nom sur la porte et Ophiuchus en profita pour tendre son bras libre et sonner encore furieusement plusieurs fois avant qu'Harry ne finisse par parvenir à l'arrêter.

-Quècequifout ? grogna Ophiuchus en fixant la porte comme si elle l'avait personnellement offensée.

-Où sommes-nous ? Je croyais que c'était ton adresse ! siffla Harry à voix basse pour éviter de réveiller les voisins.

Ophiuchus tourna vaguement ses yeux injectés de sang vers lui et haussa les épaules puis décida de carrément tambouriner sur la porte. Deux secondes plus tard, celle-ci s'ouvrait à la volée sur un jeune homme roux vêtu d'un large t-shirt noir et d'un bermuda beige, qui ne semblait pas avoir apprécié de se faire sortir du lit et que Harry n'avait plus vu depuis la fin de l'année scolaire.

-Qu'est-ce que c'est que ce…Ophi-Leto ? Professeur Potter ?

-Bonsoir Devnet, sourit Harry essayant d'avoir l'air quelque peu contrit de l'avoir réveillé, ça fait un moment n'est-ce pas ? Désolé de t'importuner de la sorte, ce n'était pas prévu. Et laisse tomber le « professeur », je suis étudiant comme toi à présent.

Sa tirade lui valut un froncement de sourcil.

Bonsoir Devnet» ! ?! Qu'est-ce que vous faites là ? s'exclama hargneusement le grand rouquin. Il est trois heures du matin, bordel !

Sans laisser à Harry le temps de répondre, les yeux de Devnet qui s'étaient posés sur Ophiuchus se plissèrent dangereusement.

-Merde, est ce que tu as bu, Leto ? demanda-t-il avec répugnance.

Ophiuchus entendant son prénom se redressa ce qu'il n'aurait pas dut faire car il tituba de nouveau directement dans les bras d'Harry. En face d'eux, le dernier champion de Poudlard en date serra si fort la tranche de sa porte d'entrée que ses jointures en blanchirent.

-Il a un peu bu en effet, expliqua calmement Harry se demandant ce qu'il y avait exactement entre Leto et O 'Flaherty pour que ce dernier réagisse aussi violement à un simple contact involontaire.

Aux dernières nouvelles ils se détestaient même si Draco prétendait qu'il y avait anguille sous roche. « Je ne voulais pas qu'il transplane dans cet état alors je l'ai ramené...

-Un tel héros comme toujours ! ironisa le grand rouquin un sourire crispé sur ses lèvres.

OK, Malfoy avait encore raison. Harry décida de redresser sagement Leto tout en espérant qu'il tienne debout tout seul. O 'Flaherty était totalement jaloux, et en colère d'avoir été réveillé, Harry n'avait aucune envie que cette nuit ne dégénère encore plus.

-Oui mais apparemment il ne m'a pas donné la bonne adresse, poursuivit-il comme si l'hostilité ouverte de son ancien élève ne l'atteignait pas, si tu la connais je le ramènerais chez lui et tu pourras retourner dormir. A moins bien sûr que vous ne viviez tous les deux ici…je ne savais pas que vous étiez devenus amis.

O 'Flaherty le regarda comme si il venait de lui pousser une seconde tête.

-Je vis ici tout seul ! se récria-t-il avec véhémence, les joues un peu rouges. Ce type habite encore chez ses parents, il squatte juste parfois, comme une sorte de parasite et il ne vit pas avec moi ! Et il n'est pas mon ami !

Il aurait probablement encore eu des choses à dire mais Leto choisit se moment pour se plaquer une main sur la bouche et foncer dans l'appartement.

Devnet s'élança à sa suite en criant son prénom, après quelques secondes à rester sur le pallier, Harry décida d'entrer à son tour.

D'après les bruits peu ragoutants provenant de ce qui devait être la salle de bain du minuscule studio d'O 'Flaherty, l'estomac d'Ophiuchus entamait sa guérilla personnelle.

Il entendit leur voix, celle pâteuse et souffreteuse de son désormais camarade de classe et l'autre plus basse, tendue et inquiète de l'ancien gryffondor.

Finalement ils ressortirent, Leto pâle comme un linge s'appuyait sur l'autre jeune homme en marmonnant des choses sans queue ni tête. O 'Flaherty le fit allonger sur l'unique lit de la pièce puis s'aperçut qu'Harry était là et lui jeta un regard noir.

-Pourquoi l'avez-vous laissé boire autant ? demanda-t-il hargneusement.

-Ophiuchus est majeur et je ne suis pas sa nounou.

-Il est dans un état lamentable…

Harry haussa les épaules, secrètement amusé de voir que les actes et les paroles de Devnet étaient totalement en contradiction quand il s'agissait d'Ophiuchus.

-Il s'en remettra et tu dois bien avoir une ou deux potions pour arranger ça. Tu fais des études de médicomagie non ?

-Ce n'est pas la question ! Il n'aime pas perdre le contrôle !

Harry soupira.

-Il n'a rien fait de mal. J'admets qu'il a trop bu mais je pense qu'il était stressé à l'idée de réussir à s'intégrer au reste du groupe. Il est du genre plutôt renfermé mais je sais que ce soir il s'est amusé. Il aura une sacrée gueule de bois demain et ça lui servira de leçon.

Harry commençait vraiment à trouver cette nuit longue et devoir rendre des comptes à Devnet O 'Flaherty était la dernière chose à laquelle il s'était attendue en allant à cette soirée.

L'attention du rouquin fut attirée par Leto qui baragouina quelque chose toujours allongé sur le lit. Devnet pinça les lèvres et Harry eut presque pitié du fêtard, il allait probablement passer un sale quart d'heure dès qu'il aurait décuvé.

-Est-ce que je peux y aller maintenant ? demanda Harry. Ou je peux toujours le ramener chez lui, si tu veux.

Devnet soupira et secoua la tête avec lassitude.

« -Je suis réveillé maintenant, » grommela-t-il. « Et sa mère va le tuer si elle le voit comme ça…Je m'en occupe, même si ce n'est pas mon ami. Je fais ça parce que…Bordel, je ne sais même pas pourquoi je fais ça ! » soupira-t-il à nouveau. « Enfin merci, je suppose. Pour ne pas l'avoir laissé transplaner ou dormir dans le caniveau…même si ça aurait pu être intéressant. »

Harry eut un sourire amusé. Il pourrait probablement expliquer à Devnet pourquoi il prenait soin d'Ophiuchus mais il n'avait pas envie de passer le reste de la nuit à argumenter avec son ancien élève. Il n'y avait pas plus têtu qu'un écossais.

-De rien. Encore désolé pour le dérangement. Et bonne continuation pour tes études!

O 'Flaherty lui lança un regard blasé qui voulait dire « C'est ça, maintenant dégage. » alors Harry décida qu'il était temps de rentrer chez lui.

°O°O°O°O°

Harry grelottait quand il transplana devant Square Grimmaurd, il entra rapidement, mais l'intérieur de sa maison n'offrait aucune sorte de chaleur car il avait oublié de maintenir les sortilèges de chauffage avant de partir ce matin et toutes les cheminées étaient en berne. Enfin au moins il était à l'abri de la pluie glaciale qui tombait dehors. Si en croyait les vieux sorciers astrologues du dernier étage du ministère, ce début du mois de décembre annonçait un hiver exceptionnellement froid et humide.

Dire que l'année dernière à la même époque un pull léger avait été suffisant pour sortir dans la cour de BeauxBâtons.

Il monta ses escaliers souhaitant déjà s'emmitoufler dans sa couette et dormir au moins dix heures d'affilées. Il songeait même sérieusement à sauter l'étape de la douche. Pas comme si quelqu'un allait se plaindre du mélange d'odeur d'alcool, de tabac froid, et de sueur qu'il dégageait. Enfoiré de Malfoy.

Il ouvrit la porte de sa chambre et tâtonna pour trouver l'interrupteur. Au même moment où la lumière éclaira la pièce un «Bouh » retentit sur sa droite et Harry sursauta et poussa un bref cri qu'il aurait préféré plus viril.

-Putain ! souffla-t-il en mettant une main sur son cœur qui battait à tout rompre alors qu'à côté de lui Malfoy esquissait un sourire moqueur.

-J'ai longuement hésité à te faire cette blague, fit Draco d'une voix traînante tandis que Harry se remettait de ses émotions. J'ai craint qu'avec tes reflexes d'Aurors d'élite en devenir tu ne me jettes un sortilège cuisant mais en fait tu as très bien géré l'effet de surprise Potter…Tout du moins autant qu'une fillette de 8 ans. Félicitations.

-Qu'est-ce que tu fais là ? grogna Harry.

Mais son grognement manquait d'authenticité parce que Malfoy lui avait manqué et il n'avait qu'une envie : le prendre dans ses bras et respirer son odeur à plein poumons.

-Nous avons interrompu les recherches à cause de la pluie, ça sera pour la prochaine pleine lune. J'aimerais dire que je passais par-là, j'ai vu de la lumière donc je suis rentré mais en réalité tout était sombre. Et vide. Moi qui étais persuadé que tu serais en train de réviser comme un brave petit étudiant…

Harry regretta encore plus sa soirée à présent qu'il savait que Draco avait été là mais il était plutôt amusé par la façon dont il l'interrogeait sans en avoir l'air.

-Je suis sorti boire un verre avec les autres braves petits étudiants, expliqua-t-il simplement.

Le blond leva un sourcil sceptique.

-Quand le chat n'est pas là…

Harry esquissa un sourire provocateur mais frissonna, il avait encore un peu froid. Il jeta un bref coup d'œil à la cheminée éteinte se demandant comment Draco avait pu rester ici tout ce temps sans avoir l'air de souffrir du froid. Suivant son regard, le blond fit un vague geste de la main et prononça un sort, la cheminée s'alluma d'un feu verdâtre qui réchauffa immédiatement la pièce.

-Mieux, approuva Harry pour tout remerciement avant de reprendre le fil de leur conversation. Inquiet, Malfoy ?

Une lueur un peu sauvage s'alluma dans les yeux gris et le pouls d'Harry s'accéléra.

-Oh non, assura le blond en s'approchant de lui, tu peux t'amuser tant que tu veux avec tes petits copains. Du moment que ton cul assure le service après.

Le sang d'Harry migra directement dans son bas ventre après ça.

-Mon dieu, tu es tellement romantique ! ironisa-t-il le souffle bien trop court. Je suis à deux doigts de tomber en pâmoison !

Malfoy s'approcha encore, ses lèvres frôlèrent sa mâchoire.

-A d'autres Potter, susurra-t-il d'une voix chaude et lourde, je sais que tu aimes quand je te parle comme ça. Quand j'ai tellement envie de te baiser que j'en deviens vulgaire. Je parie que ta queue est déjà toute dure et humide alors que je ne t'ai même pas touché.

Harry ferma les yeux brièvement. Draco avait raison bien sûr. Harry était déjà excité malgré le froid, la fatigue et la nuit pourrie qu'il avait passé. Il suffisait qu'il apparaisse pour que tout son système s'allume. Il se lécha les lèvres nerveusement mais fut plutôt content de voir les yeux de Malfoy se fixer sur sa bouche.

-Ne te donne pas trop d'importance Malfoy, je suis tout juste en train de m'échauffer, mentit Harry.

Les yeux gris descendirent au niveau de son entrejambe et ses pupilles se dilatèrent les rendant plus sombres et affamées. Harry dut se mordre la joue pour ne pas gémir. Bon sang, il avait envie de sauter sur le blond depuis qu'il était entré dans cette chambre mais il n'aurait laissé tomber ce petit jeu du chat et de la souris pour rien au monde.

-Menteur…, souffla Draco.

-J'ai peut-être une chaussette dans mon pantalon.

Draco eut un sourire en coin et ses mains soulevèrent le bord de son pull et se posèrent à la lisière de son jean. Ses doigts touchaient à peine la peau de son abdomen mais c'était bien assez pour que le ventre de Harry se contracte.

-Je vais devoir vérifier ça alors, chuchota Draco.

-Ouais…bonne idée, haleta presque l'ancien gryffondor.

Son pantalon fut déboutonné avec une lenteur affolante et chaque touche involontaire des doigts de Draco contre son ventre faisait battre son sang plus vite contre ses tempes et sa peau se couvrait de frissons comme si ça pouvait la rapprocher un peu plus des longs doigts habiles.

-Hmm, caleçon blanc ? commenta Malfoy d'une voix chargée de désir et d'amusement. Tsss, tsss, Potter. Un tel mauvais garçon qui découche comme toi pour faire la fête, ne devrait pas porter de blanc. En plus tu as ruiné le pull que je t'ai offert, il est imbibé d'alcool…de l'alcool pas cher en plus je suppose, rajouta-t-il comme si ce dernier fait était particulièrement outrancier.

-Désolé, souffla Harry.

Et il l'était vraiment, il aimait ce pull, pas parce qu'il semblait avoir été créé pour sa silhouette mais parce que Draco l'avait choisi en pensant à lui.

Draco tira l'élastique de son boxer et regarda à l'intérieur, l'érection d'Harry tressauta contre son abdomen, ravie d'être enfin à l'air libre. Harry vit Draco déglutir et cette démonstration inconsciente de perte de contrôle le rendit à moitié fou. Si Malfoy ne le touchait pas très vite, il allait probablement mourir de frustration.

-Intéressant, croassa Draco avant de se racler la gorge les yeux toujours fixés sur son sexe. Pas de chaussette, Potter.

La réponse sarcastique de Harry mourut dans sa gorge lorsque Draco l'entoura de ses doigts, à la place il émit une sorte de couinement et se tordit pour pouvoir s'enfoncer encore plus contre cette main.

-Oui, c'est ça, approuva Malfoy toujours de cette voix basse et vibrante. Baise ma main, Potter. J'aime te voir tout désespéré pour moi, alors qu'on vient à peine de commencer.

-C'est parce que…ça fait longtemps, enfoiré, expliqua Harry entre ses dents.

« Tu m'as manqué ! A chaque fois être éloigné de toi est plus dur ! » Mais ça il le garda pour lui.

C'était déjà assez gênant qu'il perde la maitrise de son corps.

-Enfoiré hein ? releva Draco en arrêtant brusquement de le branler. Tu n'es pas très poli Potter, moi qui ai fait un long voyage sous la pluie pour te voir. Je devrais peut-être de laisser te débrouiller avec ça.

Harry lui renvoya un regard furieux et frustré (ok, surtout frustré) et l'attrapa par le devant de sa robe de sorcier. Les yeux gris s'écarquillèrent sous la surprise.

-Ne t'avise pas de t'arrêter, Draco Malfoy, siffla-t-il. Tu es à moi cette nuit. Tu es à moi, tout court.

Un fin sourire ourla les lèvres du blond et quelque chose qui ressemblait à de la tendresse passa dans son regard.

-Court ? Tu cherches à me vexer ? Car si c'est le cas, je…

Harry l'embrassa presque brutalement, parce que bon sang, ce type parlait trop. La main sur sa queue reprit ses mouvements avec la dextérité d'une longue pratique le faisant grogner contre la bouche de Draco. Le baiser devint plus profond, jusqu'à ce que ses jambes se mettent à trembler. Une boule de plaisir gonfla et grandit dans son ventre, annonçant l'arrivée d'un orgasme foudroyant. Ses hanches se mouvaient toutes seules, ses doigts se crispèrent dans les épaules de Malfoy. Il arrêta de l'embrasser, son front cogna celui du blond. Ils restèrent comme ça front contre front, leurs souffles courts se mélangeant. Il ouvrit les yeux et tomba sur les yeux gris qui le fixaient comme s'ils voulaient avaler son âme.

Mais c'était inutile, son âme lui appartenait déjà.

-Oui, haleta Draco, alors que les yeux de Harry, derrière ses lunettes à présent de travers, se faisaient flous, tu y es presque, n'est-ce pas ?

Harry hoqueta une réponse affirmative, son corps se pressant contre Malfoy, cherchant plus de friction et détestant le fait qu'ils ne soient pas nus l'un contre l'autre.

La voix rauque et tendue de Draco s'éleva de nouveau.

-Après ça, je vais te baiser, contre ce mur, promit-il le regard plus sombre et avide que jamais. Dans la douche ensuite. Et sur le lit, encore et encore. Je vais t'enculer tellement fort que tes copains les Aurors vont se demander pourquoi tu ne marches plus droit. Et je te laisserais me baiser aussi Harry, autant de fois que tu veux…Bon sang, tu peux faire tout ce que tu veux de moi.

Harry jouit si brusquement et violemment que sa vision se voila. Il sentit Draco le serrer fort contre lui pour l'empêcher de tomber.

Il tremblait et Draco tremblait aussi.

Ce ne fut que bien plus tard, après que Draco eut tenu toute ses promesses et soit reparti pour Poudlard, le laissant rassasié, délicieusement fourbu mais désespérément seul qu'il se rappela que le blond avait allumé la cheminée à l'aide d'un sortilège de magie noire, sans utiliser de baguette. Oui, maintenant que sa libido s'était calmée et que son cerveau était de retour, Harry pouvait dire que Draco avait effectué ce sortilège sans baguette avec une facilité déconcertante que seuls les plus puissants sorciers pouvaient maîtriser.

Il n'avait pas vu Malfoy faire de magie noire depuis plusieurs mois et il pensait qu'il essayait de ne plus se reposer sur elle, pour parvenir à refaire de la magie normale. Il avait eu tort. Draco semblait encore plus doué pour l'Art Sombre qu'avant, si c'était possible.

Le feu magique brûlait encore de sa couleur verte inquiétante, réchauffant la pièce d'une manière que maintenant Harry trouvait nauséeuse. Il le fixa longuement en fronçant les sourcils, tandis qu'une boule d'angoisse grandissait dans son estomac.

« Merde, Draco, souffla-t-il dans la chambre vide, qu'est-ce que tu fous ? »

A suivre…