Vu que je passe par là, j'en profite pour vous dire que j'ai été bêta pour les histoires de mon amie Lossifovna qui a une très bonne écriture et dont les récits d'Aurors m'ont fait frissonner ^^ Elles sont assez sombre avec son lot de mafieux où de tueurs en série donc, si vous aimez ce genre là, je ne peux que vous les conseiller ^^
Voilà voilà, je vous laisse à votre lecture maintenant ^^
Chapitre 4
J'ai froid, j'ai faim et j'ai les pieds congelés à force de faire le pied de grue au milieu du hall d'entrée. J'ai beau avoir enfilé une longue robe de coton bleu nuit, cintrée à la taille et doublée de fourrure, je n'arrive pas à me réchauffer.
Quelques élèves passent en courant devant moi pour rejoindre la grande salle et me saluent d'un "Bonjour professeur" qui ne m'arrache pas un seul sourire. Mais qu'est-ce qu'ils font, bon sang ? Ils devraient avoir terminé leur entraînement depuis longtemps !
Finalement, j'aperçois à travers le rideau de pluie sept silhouettes habillées de jaune et de rouge qui courent en direction de l'entrée. J'attends patiemment qu'ils aient passé le seuil de la gigantesque porte et, une fois en vue, je marche d'un pas rapide vers eux. Le capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor m'aperçoit d'ailleurs immédiatement et fait arrêter sa petite troupe à mon niveau.
-Bonjour professeur, me dit-il d'une voix étonnée. Je peux vous aider ?
Je me permets un sourire et lance un regard circulaire aux six autres élèves trempés jusqu'aux os. J'imagine qu'ils ont froid, faim et ne souhaitent qu'une seule chose : courir au plus vite avaler quelque chose de chaud. Mais je m'en fiche, moi aussi j'ai faim, alors chacun ses problèmes.
-Bonjour Monsieur Dubois, j'aimerais en effet m'entretenir avec deux de vos équipiers si vous n'y voyez pas d'inconvénient.
Il fronce les sourcils et se tourne instantanément vers Fred et Georges avec un air courroucé. J'imagine qu'à une semaine du match il doit avoir peur de perdre deux joueurs à cause de leurs pitreries.
- Hey, ce n'est pas nous ! s'exclame immédiatement Georges en nous regardant tour à tour.
-Je confirme ! Quoi que ça puisse être, on y est pour rien, renchérit son frère en croisant les bras sur son torse.
Je m'empêche de lever les yeux au ciel et agite une main apaisante.
- Aucun souci Messieurs, je souhaite juste obtenir cinq minutes de votre temps. Il n'y a aucune sanction à la clef, du moins pas pour le moment.
Je les vois qui ronchonnent vaguement pour la forme et leurs fais signe de me suivre tandis que leurs camarades poursuivent leur chemin.
-Si elle nous fait rater le déjeuner, je ne réponds plus de rien, j'entends l'un d'eux chuchoter à l'oreille de son frère.
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Arrivée devant une salle vide, je leur fais signe d'entrer et referme la porte derrière eux.
-Désolé pour ce contretemps, mais, avec vos entraînements, vous avez un emploi du temps bien rempli et c'est le seul moment que j'ai trouvé.
Je les aurais bien gardés à la fin de mon cours, mais j'ai remarqué qu'ils ont métamorphose juste après. Si je ne veux pas me faire rudoyer par Mc Gonagall parce que je mets ses élèves en retard, je n'ai pas d'autre choix.
Les deux jeunes hommes s'adossent à une table et me regardent avec attention mais aussi avec… Amusement ? Quoi, c'est vraiment un sourire en coin je vois là, les gars ?
-On vous écoute, s'exclame l'un des deux en croisant les bras.
-Avec attention, renchérit l'autre en imitant son frère. Qu'est-ce qu'un noble professeur tel que vous souhaite dire à ses humbles élèves ?
Ça y est, je sens l'ironie poindre dans leur voix. Je ne suis pas sortie, c'est moi qui vous le dis.
-Puisque vous faites partie de mon cours du mardi après-midi, dis-je en me frottant les mains pour les réchauffer. J'imagine que vous avez tout à fait connaissance du type de magie que je pratique.
Ils se jettent un rapide regard en coin et reportent leur attention sur moi.
-Comme je vous l'ai expliqué en début d'année, je suis enseignante mais également chercheuse. En réalité, j'aimerais, hum… vous demander de participer à mes recherches de manière volontaire. Vous n'êtes bien évidemment pas contraint, mais j'aimerais que vous accordiez un peu d'attention à ma proposition avant d'émettre un avis définitif. Seriez-vous d'accord que nous ayons un long entretien à ce sujet ?
C'est bon, c'est dit. Je n'avais aucune autre idée de la façon dont je pouvais formuler ça sans travestir plus la réalité mais, avec un peu de chance, ça passera. Cependant, contre toute attente je les vois sourire de plus belle et l'un d'eux - Fred je suppose - sort des mornilles de sa poche pour les fourrer dans la main de son frère.
-Merci frérot, entends-je dire le second en faisant disparaître l'argent au fond de sa poche.
Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Ils se foutent de ma gueule ?
-Je peux savoir ce que vous avez parié, je m'exclame brusquement d'une voix glaciale qui tranche avec le ton avenant que j'avais deux secondes avant.
Ils se jettent à nouveau un regard complice et celui qui doit être Georges me répond en haussant des épaules.
-Comme ça fait des mois que vous nous avez à l'œil, on se doutait bien que vous aviez quelque chose à nous dire.
-Mais on ne savait juste pas quoi.
-Maintenant le mystère est levé, hein Fred.
-Ouais, d'ailleurs je suis un peu déçu.
-Tu m'étonnes.
Je lève les mains en l'air pour stopper leurs échanges et me reprends rapidement.
-Très bien, on va faire comme si je n'avais rien vu et je vais juste vous demander de répondre à ma question initiale.
Un silence s'éternise pendant lequel ils me jaugent sans rien dire, puis, Georges s'adresse à moi.
-Si je comprends bien, vous êtes venue nous voir pour nous demander de faire les cobayes, professeur ?
Et merde.
-Je ne vois pas les choses ainsi, mais si cela peut aider votre compréhension… Disons que oui, j'ai besoin de deux élèves pour m'aider dans mes exercices pratiques.
Le sourire de Fred s'élargit mais je l'ignore. Je leur mens délibérément en leur affirmant chercher "des élèves", car, si je leur dis qu'ils sont les seuls à des générations à la ronde à pouvoir faire l'affaire, ils se feront un malin plaisir de refuser, juste pour me faire les pieds. Je ne les connais pas depuis assez longtemps, mais je suis sûre que c'est totalement leur style.
-Si vous l'acceptez, je vous propose de vous en parler plus en détail, disons… Dans deux jours, dix-sept heures, dans ma salle de cours ?
J'ai vérifié leur emploi du temps et je sais qu'ils n'ont pas d'entraînement ce jour-là.
Ils hochent tous deux de la tête et acceptent mon rendez-vous avant de filer manger.
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Je passe ces deux jours d'attente dans une fébrilité que je peine à contenir en public. J'ai mis Remus au courant et il m'a simplement dit de me méfier de leur esprit retors. Merci mon ami, mais je crois avoir compris.
Lorsque la cloche de dix-sept heures sonne, je suis adossé à une table et finalement si concentrée sur ma lecture que je ne les entends pas arriver. Ils me rejoignent d'un pas léger et s'assoient de part et d'autre de moi en jetant un œil par-dessus mon épaule.
-Ce sont nos devoirs que je vois là, professeur ? demande Georges à ma gauche, en lorgnant le parchemin noirci d'une écriture brouillonne.
-Le style vous plaît ? continue Fred en faisant une moue amusée. On a été très inspiré sur le sujet, si vous voulez savoir.
Je lève les yeux du texte et pince les lèvres. J'ai conscience que le faible écart d'âge entre eux et moi les laisse penser qu'ils peuvent se permettre ce genre de familiarités, mais j'évite d'exprimer mon agacement. J'accepterai tous les sarcasmes du monde si ça peut me permettre de découvrir en quoi consiste la Forge des Âmes et la raison pour laquelle les individus dotés de pareilles facultés sont si rares. Ce n'est pas moi qui le dis, mais un gros bouquin poussiéreux, c'est donc que ça doit être vrai.
Je m'écarte de la table et me tourne vers eux pour leur montrer les parchemins que je tiens dans la main.
-Vous vous êtes foutu de moi, c'est ça, hein ?
Je secoue la main avec irritation et ils ne prennent même pas la peine de me contredire. Tout ce que j'ai pu lire des devoirs qu'ils m'ont rendu concernant leur ressenti face au flux est un tissu de fadaises.
-"Un rayonnement intérieur sentant bon le bois de santal et délivrant de délicats accords de violon en ré mineur", lis-je d'une des copies en ne cachant pas ma mauvaise humeur. Vous vous moquez de moi ?
Ils se contentent de se jeter un coup d'œil complice sans intervenir de nouveau.
D'un geste vif, je pose leurs parchemins sur une des nombreuses piles d'ouvrages tanguant dangereusement et me force à me calmer. Avec un sourire un peu raide, je leur demande de me suivre et de s'installer avec moi dans le salon.
Une fois que nous sommes assis, je m'adosse au dossier moelleux de mon fauteuil et croise les doigts sur mon ventre.
-Avez-vous déjà entendu parler de la Forge des Âmes, je leur demande alors d'une voix posée. Non ? C'est un mythe. Une légende qui nous vient des pays Nordiques et qui a difficilement traversé les âges jusqu'à notre époque. La preuve, il m'a été très difficile de trouver des informations sur le sujet.
Ils se jettent un coup d'œil perplexe, je vais droit au but.
-La Forge des Âmes est le nom qui a été donné au lien psychique qui liait les sœurs Léandra et Icara, deux sorcières Nordiques du début du premier siècle et à la puissance sans pareil. Dans certains ouvrages, ils parlent même d'une connexion de nature divine entre ces deux individus.
Ça y est, j'ai toute leur attention.
-Rien n'est écrit à ce sujet, mais je pense que ces deux femmes étaient jumelles.
Ces deux gars sont trop intelligents pour ne pas comprendre la portée de ce que je leur raconte, alors je continue.
-Avec le professeur Lupin, nous sommes persuadés que ce lien n'est en fait qu'une manifestation du flux magique inhérent à notre monde. Cependant, nous ignorons tout de la nature de cette connexion car, malgré mes années de recherches en la matière, je n'avais jamais vu une chose pareille.
Je me redresse et attrape une jolie boîte de fer blanc posée sur le buffet avant de proposer un biscuit à la cannelle aux deux frères. Sans se départir de leur air concentré, ils se servent et le grignotent en attendant la suite.
-Dans les quelques écrits que j'ai récupérés, un très long passage nous explique que les conséquences de ce lien ont entraîné une guerre sans précédent à leur époque, et que la destruction de cette Forge des Âmes a été très préjudiciable aux deux femmes.
Je soupire et me masse la tempe droite du bout des doigts avant de reprendre.
-Comme vous devez maintenant vous en douter, lors de votre premier cours j'ai senti une déformation anormale du flux entre vous deux. Je ne me suis évidemment pas permis d'interférer et je vous ai laissé continuer votre petite vie sans vous en informer. La raison est que vous êtes élève de cette école, mineur de surcroît, et qu'il me fallait les autorisations ministérielles nécessaires pour simplement vous en parler. Je les ai obtenues il y a quelques jours et le Directeur a donné son aval pour que je vous fasse cette proposition. Votre père a été mis au courant.
-Notre père ? s'étonne immédiatement Fred.
Sérieux gars ? De tout ce que je te raconte, il n'y a rien d'autre qui t'étonne ?
-Oui, le Département des Mystères l'a prévenu que je risquais de vous demander de participer à mes recherches dans le cadre de ma thèse. Cependant la réponse finale ne dépend que de vous.
Je m'adosse de nouveau à mon dossier et les regarde se tourner l'un vers l'autre avec perplexité. Après quelques secondes où je les vois chuchoter en eux, Fred se tourne à nouveau vers moi et se penche sur ses coudes.
-Et vous dites qu'il y a un lien magique particulier entre Georges et moi, c'est ça ?
Je hoche la tête et ils se penchent à nouveau l'un vers l'autre. J'ai l'impression qu'ils ne sont pas d'accord, mais, au bout d'une minute, ils reviennent finalement vers moi.
-On aimerait y réfléchir, me dit Georges avec un air indéchiffrable. On vous donne notre réponse après le match, ça vous va ?
Oui, je me doutais qu'ils n'allaient pas sauter de joie et vouloir commencer tout de suite. Bon sang, que ça me fatigue. Je suis à "ça" de faire une découverte majeure dans le monde sorcier, et je ne parle même pas de ma carrière, et ils chipotent. Bande de morveux.
Cependant, j'accepte volontiers et leur remets un parchemin sur lequel j'ai compilé, à leur attention, toutes les informations que j'ai pu recueillir à la bibliothèque ainsi que la possibilité de devoir pratiquer à un rituel. Je pense qu'ils ignorent en quoi consiste un anneau de Prison-Monde, mais on ne sait jamais.
J'ai aussi indiqué que, s'ils acceptent, j'aurais besoin de les voir un soir par semaine et pendant une demi-heure minimum, car je suis bien incapable de prévoir comment va se dérouler cette affaire. Je précise bien que je dois travailler avec eux deux impérativement et que je ne saurais me passer de l'un d'entre eux. Ils repartent vers dix-huit heures, après que j'ai répondu aux quelques questions qui leur sont venues à l'esprit.
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Lorsque j'arrive à la table des professeurs pour le repas du soir, Remus à l'œil qui brille et s'enquiert immédiatement du résultat de l'entretien. Derrière lui, je vois le professeur Mc Gonagall qui tend discrètement l'oreille. Me la fais pas à moi, Mc Gonagall, on sait tous que t'es une curieuse.
-Ils me donnent leur réponse après le match de Quidditch.
Mon ami ne cache pas sa mine désappointée et nous passons le reste du repas à peaufiner notre programme d'entraînement. La veille, Dumbledore nous a indiqué que nous commencerons directement après les vacances de Noël et que les plannings avaient déjà été arrangés afin que des créneaux soient libérés pour tous. J'ai conscience que cette masse de travail ne va pas arranger mes recherches, mais j'ai dit oui à Dumbledore pour organiser ces entraînements et je ne suis pas du genre à me débiner. Mais bon, ça m'enquiquine sévère tout de même !
Le match de Quidditch est dans quelques jours et j'ai déjà hâte qu'il soit passé. C'est vrai quoi ! Personnellement, je n'ai jamais été une grande fan de ce sport mais si, en plus, je dois endurer ce temps de chien qui ne cesse d'inonder le pays depuis deux mois, assise sur des gradins inconfortables, j'ai le droit de grincer des dents.
Malgré tous mes efforts, je ne peux m'empêcher de jeter de fréquents coups d'œil à ces deux pitres qui ne cessent de me lancer un sourire goguenard à chaque fois qu'ils me remarquent.
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Une après-midi que je me dirige tranquillement vers la bibliothèque, je tombe par hasard sur eux dans un couloir. En vérité, je serais littéralement tombée si je ne les avais pas évités à la dernière minute.
-On ne court pas dans les couloirs ! je les rabroue tandis qu'ils s'excusent sans cacher leur hilarité.
-Désolé professeur, mais nous sommes pressés, s'esclaffe Georges.
-Bonne journée professeur !
Et ils repartent en tournant à l'angle de la coursive. Même pas une seconde plus tard, je vois débouler Rusard, le concierge, couvert d'une substance luisante et odorante et armé d'un long balai. Il est rouge de colère et marche d'un pas rageur vers moi en hurlant des imprécations sonores. Deux mètres avant de m'atteindre, il perd ses moyens en s'apercevant que je ne suis pas un élève.
-Oh, pardonnez-moi, professeur. C'est que… Je cherche deux ruffians à qui…
-Ah oui, ils sont partis par-là, je lui réponds en désignant la mauvaise direction. Ils courent vite, mais avec un peu de chance vous pourrez les rattraper.
Avec un rapide signe de tête pour me remercier, il file dans le couloir en continuant de beugler. Décidément, même si les Weasley acceptent de participer à mes recherches, s'ils se font finalement coller tous les cinq matins, je ne risque pas de m'en sortir.
Je repars d'un pas souple vers la bibliothèque en compilant mentalement le travail que j'ai à faire, lorsque je tombe à nouveau sur les deux jumeaux qui semblent, cette fois-ci, ravis de me croiser.
J'ouvre de grands yeux ébahis.
Comment peuvent-ils se retrouver devant moi alors que j'occupe le seul couloir qui mène à cette aile ? Je les ai clairement vus partir dans la direction opposée tout à l'heure. Ils savent transplaner ma parole ?
-Merci pour le coup de pouce, s'exclame alors Fred en faisant une révérence obséquieuse.
-Laisse Fred, elle veut nous acheter, lui lance son frère en lui donnant une petite tape sur l'épaule.
Je reprends vite mes esprits et pointe un doigt suspicieux vers eux.
-Comment pouvez-vous vous retrouver ici sans que je ne vous aie vu passer ? je m'agace. Et vous n'avez pas fini de créer des problèmes ? Ne comptez pas sur moi pour sauver vos fesses la prochaine fois.
-Allons, professeur, ce n'était qu'une petite farce de rien du tout, s'exclame joyeusement Fred.
-Du simple mucus de veracrasse, tout ce qu'il y a de plus inoffensif.
-Et puis ce vieux Rusard sent tellement mauvais qu'il n'aura pas de mal à s'habituer à l'odeur.
Je lève les yeux au ciel pour m'empêcher de rire nerveusement. Ces gars-là sont décidément intenables.
-Bon, avez-vous eu un peu de temps pour réfléchir à ce dont nous avons parlé ? je leur demande d'un ton que j'essaye de rendre calme et posé.
-Ne soyez pas si pressé, professeur, me répond Georges en plaquant un sourire narquois sur son visage et en me contournant pour partir dans la direction opposée.
-Après le match de Quidditch, comme convenu, renchérit Fred en le suivant. Et peut-être que si vous arrêtez de nous dévisager toute la journée, on aura un peu plus envie de vous aider !
-Je vous quoi ?!
Mais c'est trop tard, ils ont vite fait de passer l'angle du couloir en me plantant là.
Ces gosses, punaise !
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Le match arrive enfin et, comme prévu, il pleut. Mais pas une de ces petites pluies fines qu'un simple parapluie peut arrêter, non. Plutôt un bon gros déluge glacé accompagné d'un vent cinglant qui se glisse entre les plis de ma cape doublée pour me tremper aux os. Je me suis blottie entre Remus et le professeur Trelawnay qui m'offrent une maigre protection face aux courants d'air ; tandis que plusieurs parapluies nous protègent comme ils peuvent de cette averse qui n'en finit plus.
Il est de notoriété que les gradins réservés aux professeurs sont idéalement placés pour avoir une bonne vue sur l'ensemble du terrain. Mais, sur le moment, j'avoue regretter l'agitation euphorique que j'aperçois sur ceux d'en face. Je garde en effet de merveilleux souvenirs des moments passés à encourager l'équipe de Serdaigle avec mes amis Casper et Jasmine. Oui, j'ai dit que je n'étais pas une grande fan de Quidditch, c'est vrai, mais fêter les victoires, ça, je sais faire !
Je plisse les yeux lorsque j'aperçois les balais s'élever sur un coup de sifflet de Madame Bibine et que la pluie en profite pour redoubler d'intensité. Le match commence enfin et je sens Remus se pencher vers moi.
-Pour quelle équipe es-tu ? me demande-t-il.
-Je te répondrais volontiers que je m'en fiche, mais, si Gryffondor gagne, peut-être que ces deux andouilles seront en de meilleures dispositions, dis-je en faisant un petit signe du menton vers les joueurs rouge et jaune qui évoluent maintenant dans les airs.
-Ne sois donc pas si anxieuse, s'ils refusent, tu trouveras de nouveaux arguments pour les convaincre, je te connais.
-S'ils refusent, je peux surtout faire une croix sur d'éventuelles subventions et sur une quelconque évolution de carrière. Plus particulièrement de celles qui me permettraient de repartir en Europe.
Remus hoche gravement de la tête et reporte son attention sur le match. Il est définitivement impossible de voir qui mène le jeu et, après le temps-mort accordé à Gryffondor, je cesse d'essayer de distinguer les joueurs dans cette purée de pois.
Je fais nonchalamment glisser mon regard le long des gradins pendant plusieurs minutes et je prends plaisir à comparer les banderoles d'encouragement des différentes équipes. Celles des Gryffondor sont vraiment bien réalisées, ils ont dû y passer des jours, à tous les coups.
-Tiens, je m'exclame soudain en me penchant vers mon ami. Je ne savais pas qu'Hagrid avait le droit de venir avec son chien.
-Quoi ?! Remus tourne vers moi un regard étonné et suis mon doigt lorsque je le tends vers les gradins de gauche. Cependant, le temps que je tourne de nouveau la tête, le chien a disparu et je laisse retomber bêtement mon bras. Je m'aperçois alors que mon voisin est devenu tendu et qu'il scrute maintenant la foule avec attention.
-Pourquoi as-tu sorti ta baguette, Remus ? Tu te sens bien ?
Mais, avant que je n'aie le temps de m'inquiéter, nous apercevons une masse sombre et mouvante se déverser silencieusement sur la pelouse du stade. Aussi soudainement que si j'étais tombée au fond d'un lac gelé, un froid intense s'abat sur moi et une terreur glacée me broie les entrailles.
-Des détraqueurs ! s'exclame le professeur Trelawnay en se cramponnant à sa baguette.
Oui, je les vois maintenant, ils sont une centaine et glissent majestueusement en direction des gradins. Un autre mouvement en périphérie de ma vision attire immédiatement mon regard et je crie lorsque je vois un élève faire une longue chute de son balai. À cause de la pluie, personne n'a vu l'incident à temps et je vois son corps s'écraser lourdement sur le sol boueux.
-Que les professeurs protègent les élèves ! hurle Dumbledore à travers la pluie battante.
Il fait un grand mouvement du poignet et disparaît instantanément.
D'un geste brusque, je sors ma baguette à mon tour et suis Remus lorsqu'il emboîte le pas de Rogue qui file le long de la structure de bois. Dans l'impossibilité de transplaner, nous courons aussi vite que possible pour nous diviser et nous positionner devant la masse d'élèves maintenant affolée qui se serrent sur leur banc de bois.
-Reste là ! me crie Rogue en me désignant les élèves de Poufsouffle et en continuant vers les autres maisons, accompagné de Remus.
Sans un mot, je saute sur l'épais garde-corps qui nous sépare du terrain et m'applique un sort d'équilibre. Je lève ensuite ma baguette devant moi et crie avec force.
-Spero Patronum !
Deux patronus en moins de trois mois, décidément, je ne m'y ferais pas. Cependant, cette fois-ci je ne fais pas sortir de panthère de ma baguette, mais modèle une large barrière faite de lumière pure qui vient stopper l'avancée des détraqueurs dans ma direction. Derrière moi, j'entends les élèves hoqueter de surprise lorsque leurs forces leurs reviennent et qu'ils aperçoivent leur professeur, debout sur la rambarde, les cheveux défaits et la cape claquant funestement au vent.
De tous les coins du stade s'élèvent à leurs tours une dizaine de patronus incorporels que nous maintenons serrés afin de forcer les détraqueurs à reculer au milieu de la pelouse. Il faut quelques minutes à Dumbledore pour s'assurer que l'élève tombé est envoyé à l'infirmerie et, d'un grand coup de baguette rageur, il fait déguerpir les envahisseurs en les expédiant violemment vers les abords les plus éloignés du domaine.
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Avec les autres enseignants, nous attendons un peu avant de retirer nos patronus, histoire d'être sûr qu'ils ne reviendront pas. J'abaisse finalement ma baguette en même temps que mes homologues et descends de mon promontoire pour me retrouver devant un chahut sans précédent. Je lève les mains en l'air pour tenter de calmer la centaine d'élèves qui tente de se diriger avec hâte vers les escaliers les plus proches, mais ma voix se perd dans le vent. À un moment, une jeune élève de Poufsouffle s'approche timidement de moi et me remercie avant de suivre ses amies dans les marches.
-Je n'ai fait que mon travail, ma petite, je grommèle. Remercie plutôt le Ministère qui utilise les impôts de tes parents pour financer ces abominations.
Une main amicale vient rapidement me taper dans le dos et me tirer de mes réflexions.
-Viens, ne restons pas là, me glisse Remus. Il faut faire évacuer les élèves en bon ordre avant que l'un d'eux ne se fasse piétiner.
J'acquiesce énergiquement et nous filons brailler nos ordres.
