• point de vue extérieur •

Trois jours se sont écoulés. Noyé dans son travail, les minutes ont semblé interminables à Hawks. Quelques soient ses occupations, ses pensées ne cessent d'en revenir à Mitsuki. Uniquement à elle. Entre douleur, nostalgie, regret et incompréhension, un cocktail d'émotion l'anime, sans qu'aucune ne prenne le dessus sur les autres. Il ne sait quoi penser de cette situation si complexe.

Car elle est importante. La première qu'il a considérée comme une amie, la première à qu'il a pu accorder sa confiance. Alors qu'un matin, elle déménageait, il n'a eu de cesse de la chercher, en vain. Elle avait disparu ; ses maigres moyens de l'époque ne lui ont pas permis de retrouver sa trace. Pourtant, il a toujours espéré la revoir. Maintenant qu'elle est devant lui, à portée de main, l'hésitation le foudroie.

Elle est devenue son ennemi mais reste une personne si chère à son cœur.

Après, une énième réflexion, le blond s'est décidé à la contacter. Un simple message, lourd de sens.

17:43 Il faut qu'on se voit. Qu'on discute. Tu es dispo ce soir ?

Le stress monte. Chacune minute de suspens en est presque insupportable. La réponse, aussi déplaisante soit-elle, n'arrive que vingt minutes plus tard.

18:02 Non.

18:03 Pas avant deux à trois heures du matin.

Dans la mémoire du blond remonte les brefs souvenirs de leur retrouvaille. Cette complicité avec Dabi. Des pointes de jalousie? Non, impossible.

18:05 Ça me va. Je dois patrouiller de nuit.

Un pieux mensonge en guise de réponse. Mais Hawks a besoin de faire la lumière sur cette histoire, sur son amie disparue et retrouvée en tant qu'ennemi. Sur les dilemmes qui commencent à naître au fond de lui. S'il a toujours été convaincu qu'il devait être un héros, cette charge vaut-elle qu'il sacrifie leur amitié?

• point de vue de Mitsuki •

Affalée dans mon canapé, je jouais tranquillement sur mon téléphone jusqu'à recevoir ce message. Numéro non-enregistré, certes. Je ne mis que peu de temps à comprendre qu'il s'agissait de Hawks. Les questions, le fait qu'il était le seul à le posséder. Ce genre de choses m'ont mis la puce à l'oreille. Mais, disons que je ne suis guère enthousiaste à le rencontrer et donner des heures impossibles était le meilleur moyen de le faire abandonner.

Parce qu'il est clair que je ne fais rien ce soir. Si. Soirée Netflix et KFC. Pas d'alcool, ni l'autre chieur. Juste un repos bien mérité, au vu des futures missions et complications qui m'attendent. Si je suis employée, actuellement, avec les vilains, je leur rends quelques services sous les ordres précis de mon patron, cela ne l'empêche pas de continuer à l'utiliser dans d'autres cas. Me submerger de travail alors que je ne demande rien. Une soirée bénie comme celle-ci, je compte bien en profiter.

Puis en attendant, je relance mon jeu. Mais me voilà bien vite interrompu par sa réponse. Putain.

18:07 Ce n'est même pas sûr que je puisse me libérer.

Je tente de rattraper le coup, pour le faire abandonner. Mon adversaire est plus coriace que ce que j'aurais imaginé.

18:09 Dans tous les cas, je serais là. Ça ne coûte rien de tenter.

Arf. Je commence à me sentir coupable à l'idée de le faire poireauter alors que je ne compte, clairement pas, me pointer.

18:10 On se rejoint à mon appart, je t'envoie l'adresse après.

Merde. La culpabilité naissante me fait prendre une décision débile. Comme d'habitude. Faudrait vraiment que je pense à mesurer le point de mes actes ou que je déménage. Au choix.

D'ailleurs, en parlant de déménager... C'est une solution qui est de plus en plus présente dans mon esprit alors qu'Akio entre chez moi. Avec un double de mes clés dont je n'avais connaissance de l'existence. Je relève un peu la tête, pour l'observer, affalée comme un gros porc sur mon canapé. J'aurais bien voulu être surprise mais ce n'est pas la première fois qu'il me fait le coup.

Derrière lui, je peux apercevoir la fine silhouette d'Hosoka, toujours aussi élégamment vêtue. Plus discrète, plus polie.

— Lève-toi, on bouge.
— Non !
— On a une miss-
— Putain. Je peux pas me reposer tranquillement?
— Non.
— Tâche de bien te vêtir, surenchérit Hosoka. Une robe de soirée sera parfaite.
— Me dis pas qu'on va à un de ces galas?
— Ordre du grand patron. Il a acquis récemment un magnifique bijou, une véritable œuvre d'art et il pense qu'il va être volé ce soir.
— Donc maintenant, on est des putains d'agents de sécurité?
— En gros. Tu sais que ça ne se conteste pas les ordres.

Je file dans ma chambre, suivi du mannequin. Akio attend tranquillement dans le salon.

Mes espoirs ont volé en éclat. A croire que le destin s'amuse à les piétiner en ce moment, refusant mes projets de vie si tranquille. Pourtant, comme l'a dit si bien dit mon cher coéquipier, les ordres ne se discutent pas. Les voix du patron sont impénétrables; Aussi absurdes soient les missions, ce n'est pas à nous d'en juger l'utilité.

— Comment ça se passe dans l'alliance des super-vilains?
— Normal. Je participe, j'obéis. Le patron ne leur a jamais accordé d'intérêt. Pourquoi maintenant?

La seule réponse que j'obtiens est un discret haussement d'épaules. Je finis rapidement de me déshabiller, ensuite. Hosoka scrute ma penderie avant de fièrement me montrer le sac qu'elle tient à la main.

— J'avais espoir mais tu n'as vraiment rien de passable. Heureusement, j'ai tout prévu !

Elle en sort une jolie robe noire. Des escarpins. Elle me coiffe, me maquille peu après. Il faut croire que mes capacités en la matière sont loin d'être à son goût. Mais elle est l'experte dans la mode alors je m'en remets pour une rare occasion, sagement à elle.

Mais un bruit soudain brise cet instant paisible.

— Putain, Akio ! Détruis pas mes affaires.
— T'as qu'à mieux les ranger, se dédouane-t-il de toutes responsabilités avant de les rejoindre. Tu as du talent, Hosoka. Mitsuki passerait presquepour une fille de bonne famille.
— Les vacances que j'avais quand tu étais à l'hôpital.

En réalité, c'était entièrement de ma faute s'il y avait fini. Une rare négligence en mission. Il s'était retrouvé piégé, acculé dans une ruelle sans possibilité de s'en sortir. Et j'étais malheureusement arrivée trop tard. La culpabilité avait fait son œuvre un temps. Le patron m'avait sanctionné, obligé à lui rendre visite chaque jour, à lui rendre le moindre service qu'il me demanderait.

Un véritable enfer. Car nous étions alors de simples collègues. Et encore, ce mot sonne trop amical. Ce, malgré ses tendances intrusives. Nous n'allions pas boire un verre ensemble, pour fêter la fin de nos missions, nous ne parlions pas de vie privée... En réalité, on coopérait même pas. Chacun de son côté était devenu une sorte de devise entre nous, lié à une rivalité, une concurrence malsaine. Afin de prouver qui était le meilleur.

Pour être honnête, avant cet accident, je ressentais que du mépris pour Akio. Maintenant, il s'est mélangé à une pointe d'affection, rendant notre collaboration un peu plus acceptable. Mais nous sommes encore bien loin d'être de parfait coéquipiers. Comme chacun, on progresse à notre rythme, soit très lentement.

Et après avoir constaté les dégâts dans ma cuisine, nous partions joyeusement vers le gala pour y accomplir une mission des plus inutiles.

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Vous pouvez retrouver un court descriptif d'Hosoka et Akio dans l'avant-propos ! Le prochain chapitre sera celui du gala, j'espère qu'il vous plaira. Je vous réserve PLEIN de surprises.