/!\ Disclaimer : La série ne m'appartient pas et j'écris pour le plaisir. Je ne touche évidemment pas d'argent.


Après le départ de Bosco, le silence de l'appartement lui renvoya toutes ses angoisses et Faith dut se précipiter jusqu'aux toilettes pour vomir son maigre repas. Elle resta un moment assise à même le sol de la salle de bain, épuisée et un goût âcre dans la bouche. Elle n'avait même plus la force, ou peut-être simplement le courage, de se lever pour aller se rincer la bouche et se laver les dents.

Et puis, se surprenant elle-même, elle posa une main sur son ventre et se mis à parler à ce bébé bien caché dans son ventre.

« Désolée pour ces présentations un peu ratées, lui dit-elle tendrement. Tout ça n'était pas prévu, tu sais ? Toi… tu n'étais pas prévu. Je ne regrette rien, mais ça ton papa ne le saura probablement jamais. C'est juste trop soudain. »

Faith changea de position et adossa son dos au meuble sous le lavabo, puis ferma les yeux.

« Je ne sais pas du tout ce que je vais faire de toi. De nous. Je ne peux rien te promettre pour l'instant, sinon que je vais prendre soin de toi tout le temps que tu seras là-dedans. Je voudrais pouvoir t'aimer instantanément, mais pour l'instant c'est trop dur. Ça fait trop mal, tu comprends ? »

Elle s'essuya les yeux et laissa échapper un soupir tremblant. Elle allait avoir besoin de courage pour affronter les prochaines semaines, les prochains mois toute seule. Même si, en vérité, ça ne changeait pas tellement de la période où elle était avec Fred. C'était juste plus difficile à accepter, simplement.

Avec un peu de courage Faith se releva, se débarbouilla avec soin, et alla se coucher. Le sommeil tarda à venir, sans surprise, aussi se mit elle à caresser son ventre. Lorsqu'elle était enceinte d'Emily, puis de Charlie quelques années plus tard, elle avait pris l'habitude de ce geste apaisant, tant pour elle que pour le bébé. Elle s'endormit comme ça quelques minutes plus tard, toutes les émotions du jour lui retombant dessus.

Faith se réveilla le lendemain avec une sensation étrange. Elle était barbouillée, se sentait particulièrement lourde et agitée. La nausée la prit par surprise et une fois encore elle dut se précipiter aux toilettes. Il lui fallut un temps pour que monte au cerveau l'information de sa main sur son ventre qui lui renvoyait une sensation à la fois familière et différente.

Lorsqu'elle eut récupéré le contrôle de son estomac, Faith inspira profondément. Voilà le genre de choses qui de ne lui avaient pas manqué et qui lui feraient presque regretter de ne pas être encore dans le déni.

« Salut toi, murmura-t-elle d'une voix tendre en caressant son ventre. Tu dois avoir plus de place là-dedans, maintenant, non ? »

Même si une part d'elle aurait aimé pouvoir voir son ventre grandir en accéléré, juste par curiosité du phénomène, elle était bien contente que ça se soit produit pendant son sommeil. Elle en aurait sans doute été plus perturbée qu'elle ne se l'imaginait et il valait mieux éviter ça. Les prochains mois à venir allaient être assez stressant comme cela.

Faith se força à aller déjeuner, et se prépara une tisane dans un thermos. Pendant ces précédentes grossesses elle ne supportait plus l'odeur ni le goût du café, alors elle préférait d'office éviter de tenter le diable. Après quoi Faith alla se préparer. Plutôt que l'un de ses chemisiers habituels elle enfila une blouse ample blanche, qui ne devrait la trahir qu'un minimum pendant ses heures de travail. Elle devrait juste faire en sorte de ne pas se comporter différent de d'habitude, que ce soit dans ses gestes ou ses attitudes, pour ne pas mettre la puce à l'oreille de ses collègues tout de suite.

Faith passa les portes du commissariat un peu tendue et salua d'un signe de tête et d'un sourire plus crispé que poli les plantons de l'accueil avant de grimper les escaliers en direction de son bureau.

« Mitchell, ça fait plaisir de te revoir ! l'interpella Jelly. Tu vas mieux ?

- Oui, désolée pour hier.

- Pas de soucis.

- Vous installez pas, leur annonça Miller en passant une tête dans le bureau, on a une affaire. »

Il repartit aussi vite qu'il était arrivé et les deux inspecteurs le suivirent dans la salle de réunion pour avoir plus de détails avant de repartir tous les deux pour la scène de crime. Miller avait semble-t-il d'autres chats à fouetter ce matin-là.

La journée s'étira en longueur sous un soleil de plomb et Faith devait s'adapter à sa nouvelle condition : son corps plus lourd, ses fringales plus fréquentes – elle en arriverait presque à manger autant que Jelly lui-même, ce qui n'était pas rien – et la fatigue. Cependant elle était parvenue à se détendre. Les gens finiraient de toute façon par le découvrir un jour où l'autre, alors pourquoi se rajouter une pression supplémentaire dans le but de gagner quelques heures, peut-être quelques jours ?

Leur enquête était un cas classique de règlement de compte et Faith savaient qu'ils l'auraient bouclée d'ici la fin de la semaine. L'inspectrice avait beaucoup appréhender de se rendre sur la scène de crime, redoutant de tomber sur quelque chose de sanglant et qui l'aurait mis dans un état misérable, mais finalement elle avait eu de la chance. Leur victime un peu moins. C'était une exécution pur et simple, effectuée à bout portant. C'était propre. On se serait presque attendu à ce que le responsable laisse une signature sur le corps avec un message.

« Il faut pas trop rêver, avait répliqué Jelly et elle s'était alors rendu compte qu'elle avait pensé à haute voix.

- Que veux-tu ? Je suis une optimiste, avait-elle répondu sur le ton de plaisanterie. »

Jelly avait levé les yeux au ciel avant de se reconcentrer sur sa tâche. Faith s'était ensuite rapprochée de l'équipe scientifique pour obtenir les premières informations qu'ils pouvaient lui transmettre. Ce n'était jamais grand-chose, mais c'était tout de même toujours un début. Ne serait-ce qu'une temporalité sur laquelle se baser.

En début d'après-midi les deux inspecteurs décidèrent de s'arrêter pour déjeuner. Faith ne s'était pas plaint une seule fois mais elle était affamée. Elle se fit une note mentale de prévoir pour le lendemain des barres de céréales dans son sac à main pour pouvoir tenir le rythme. Parce qu'avec la faim, il y avait aussi la fatigue provoquée par une chute de son taux de sucre. Proctor lui avait signalé qu'elle devait faire attention à cela maintenant. Sur le coup Faith avait levé les yeux au ciel, considérant ces conseils comme obsolète puisqu'elle savait déjà comment se passait une grossesse. Et pourtant voilà où elle en était. Heureusement qu'elle s'hydratait régulièrement – bien que sa vessie, elle, apprécie moyennement – car elle aurait probablement déjà fait un malaise à l'heure qu'il est.

Lorsque la serveuse leur apporta leurs plats, le ventre de Faith grogna bruyamment. Elle pourrait dévorer un bœuf. Les deux collègues attaquèrent leur repas en silence, comme si le déjeuner était un moment sacré qu'il ne devait en aucun cas être perturbé. Au bout d'un moment Jelly cessa de manger et observa Faith. Celle-ci fronça les sourcils et reposa son verre d'eau.

« Quoi ?

- C'est prévu pour quand ? fit-il en la désignant du menton.

- Pardon ?

- Le terme, précisa-t-il. C'est pour quand ?

- Pour cet automne, répondit Faith après un moment. Comment… ?

- Faith, je suis peut-être un peu empoté, mais je ne suis pas stupide. Je suis inspecteur, moi aussi, je te rappelle.

- Je sais.

- Ton absence d'hier, ton ventre rond du jour au lendemain…

- C'est… compliqué.

- Rassure-toi, je sais ce que c'est.

- Vraiment ?

- Ma belle-fille Tina, elle aussi a fait un déni de grossesse.

- Tina, c'est celle qui a… ?

- 15 ans, ouais… soupira-t-il. Au moins toi tu as la chance de t'en être rendu compte avant. Je te raconte pas la panique quand on l'a emmené aux urgences parce qu'elle se plaignait d'un mal de ventre et que les médecins nous ont annoncé qu'elle était en train d'accoucher. »

Jelly se passa une main sur le visage alors qu'il se rappelait ce qui pour lui devait être un mauvais souvenir.

« Comment va-t-elle ?

- Bien. Elle a fait adopter l'enfant, mais elle est en contact avec les parents adoptif.

- Et… elle le vit bien ?

- Oui. C'est elle qui en a fait le choix, d'ailleurs. Elle savait que c'était la meilleure chose à faire pour le petit. »

Faith baissa les yeux sur son assiette. Son plat ne lui faisait plus du tout envie, à présent. Elle repoussa son assiette, croisa les bras sur le bord de la table et laissa son regard errer vers l'extérieur.

« Tu envisages de faire pareil ? voulut savoir Jelly.

- Honnêtement je n'en sais rien, lui avoua-t-elle. Je ne sais pas ce que je veux.

- Tu as encore du temps pour te décider. »

Elle regarda son collègue qui haussa une épaule avec un maigre sourire.

« Je suppose, oui.

- Comment tu vas, toi ?

- Mieux qu'hier, déjà.

- J'imagine, ouais. Ça a dû te faire un sacré choc.

- C'est peu de le dire.

- Les boss sont au courant ?

- Pas encore. Si on a du temps j'essaierai d'avoir un entretien avec Swersky.

- Pourquoi Swersky ? C'est à Miller que tu devrais le dire, surtout que tu vas finir par devoir prendre un congé maternité.

- Parce que j'ai confiance en Swersky, répliqua Faith sans hésiter. »

Jelly n'insista pas et la conversation s'arrêta là. Il n'avait pas tort concernant Miller, mais elle se sentait plus à l'aise pour aborder le sujet avec Swersky, qui s'était toujours montré digne de confiance et bienveillant envers elle. Il saurait l'épauler et lui dire ce qui serait le mieux à faire au plan professionnel. Et puis, elle le savait, lui au moins ne la jugerait pas. Elle ne pouvait pas en être aussi certaine à propos du Lieutenant Miller.

Faith attendit que son collègue ait finit de manger puis ils se remirent en route, direction le commissariat pour faire le point avec leur supérieur. Jelly ne lui parla plus de sa condition et elle était persuadée qu'il n'y ferait aucune allusion. Elle n'était pas toujours d'accord avec lui en ce qui concernait le travail, mais il était un bon coéquipier. Rarement porté sur les discussions trop personnelles, même s'il lui arrivait régulièrement de lâcher des anecdotes sur sa vie, il était étonnamment discret comme personne. D'une certaine façon il lui rappelait un peu Sully. Le vieil officier observait tout mais n'intervenait que très rarement sur les sujets personnels. Pourtant elle avait eu l'occasion d'avoir de sérieuses discussions avec lui, notamment quand Bosco était dans le coma et qu'elle était en pleine instance de divorce avec Fred.

Quand Miller les libéra, Faith s'excusa auprès de ses collègues pour passer aux toilettes avant de partir à la recherche de Swersky. Elle le trouva dans le couloir, sortant de son bureau.

« Lieu' ?

- Faith, comment vas-tu ma belle ?

- Est-ce que je peux vous parler une minutes ?

- C'est important ? J'ai la réunion du troisième quart qui va bientôt commencer.

- C'est assez important, oui, mais je peux attendre après le briefing. »

Swersky la dévisagea avec un air soucieux, puis hocha la tête.

« Tu peux aller m'attendre dans mon bureau si tu veux. Sinon, si tu préfères je viendrai te voir.

- Votre bureau, ce sera très bien.

- D'accord. »

Faith le regarda partir et pénétra dans le bureau du lieutenant. Elle referma la porte et souffla longuement lorsque le brouhaha ambiant du commissariat s'atténua. Elle ne s'était pas rendu compte à quel point elle avait mal à la tête. Faith se laissa tomber sur la chaise vide en face du bureau et se massa les tempes.

Quelques minutes plus tard elle aperçut Bosco qui passa en courant dans un sens, puis dans l'autre, comme à son habitude en retard pour le briefing. Il y avait des choses qui ne changeraient jamais. Faith se laissa aller contre le dossier de la chaise et ferma les yeux, réprimant l'envie de se caresser le ventre. Elle ne les rouvrit que quelques minutes plus tard, lorsque Swersky entra dans la pièce et la fit sursauter. Combien de temps s'était écoulé ? Avait-elle dormi ?

« Désolé, je ne voulais pas te faire peur, lui dit-il avec douceur.

- Ce n'est rien, j'étais perdue dans mes pensées, mentit-elle.

- De quoi voulais-tu me parler ?

- J'ai besoin d'un conseil. »

Devant le sérieux de son ancienne subordonnée Swersky se releva et alla fermer les stores de son bureau pour leur garantir un minimum d'intimité. Faith attendit qu'il vienne se rasseoir dans son fauteuil et croise les mains à plat sur son bureau. Puis, presque timidement, elle baissa la tête vers son ventre qu'elle caressa tendrement, le tissu de son vêtement épousant les nouvelles courbes de son corps. Quand elle releva les yeux Swersky la regardait avec surprise.

« Félicitations, lui dit-il avec un début de sourire.

- Merci, se contenta-t-elle de répondre. »

Il n'était pas nécessaire qu'elle lui donne tous les détails s'il ne posait pas de question.

Faith et Swersky discutèrent longuement après cela. Du fait que Faith avait caché sa grossesse pendant tout ce temps mais qu'elle allait devoir l'annoncer à Miller tôt ou tard, et le plus tôt à présent serait évidemment le mieux. Mise en confiance par la bienveillance de son ancien lieutenant elle se laissa aller à quelques confidence, notamment à propos du fait que cette grossesse était bien différente des deux précédentes et que ça l'angoissait un peu. De ce sentiment de faiblesse maintenant qu'elle était toute seule, alors qu'elle s'était toujours considérée comme une personne forte et indépendante. Elle ne regrettait pas Fred, loin de là, mais ne pouvait nier la présence qu'il lui apportait.

« Et le père dans tout ça ? l'interrogea-t-il prudemment.

- Il ne veut rien avoir à faire là-dedans.

- Je vois… »

Ce n'était pas totalement vrai, mais ce n'était pas complètement faux non plus. Bosco ne lui avait pas explicitement dit s'il souhaitait s'impliquer une fois que l'enfant serait né, mais sa réaction donnait à Faith une idée de la réponse. Après la dispute qu'ils avaient eu à ce sujet, ce n'était peut-être plus mal.

« Je compte bien rester à travailler aussi longtemps que possible, fit savoir Faith.

- Ne pousse pas trop tes limites quand même, d'accord ?

- Je serai prudente. »

Swersky la regarda sans parler pendant un moment, comme s'il jaugeait de la crédibilité de sa réponse. Il finit par hocher la tête et soupira en se laissant aller contre le dossier de son fauteuil.

« Est-ce que Bosco est au courant ? lui demanda soudain Swersky.

- Bosco ? Qu-quoi ? Pourquoi ? bafouilla-t-elle soudain paniquée qu'il soit au courant. Qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans, exactement ?

- Tu le connais aussi bien que moi, Faith. Il va être intenable s'il s'inquiète constamment pour toi. »

Faith baissa la tête et la secoua doucement, à la fois soulagée et dépitée. Swersky ne savait donc rien et c'était tant mieux. Cependant la mention de son meilleur ami ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Oui, normalement elle aurait acquiescé aux propos de Swersky. Après tout Bosco avait toujours été ultra-protecteur envers elle. Et si la situation avait été différente il aurait été également très protecteur envers ce bébé qui n'aurait même pas été le sien. Mais dans le cas présent…

« C'est vrai, fit-elle semblant de reconnaître, la gorge nouée.

- Enfin bon… je suis content pour toi, Faith. Mais sois prudente, d'accord ?

- C'est promis. »

Faith se leva, réajusta sa blouse et quitta le bureau de Swersky après lui avoir adressé un dernier sourire reconnaissant. Elle souffla un coup avant de prendre cette fois-ci la direction du bureau de Miller. Une autre discussion l'attendait, et elle ne serait certainement pas aussi plaisante.


Alors ? =)