Chapitre 3 : Les Malfoy

Narcissa Malfoy était une femme généreuse, lorsque l'on la connaissait bien. Et bien là connaître, son mari pouvait se vanter que ce fut le cas. Ainsi, lorsqu'après sa troisième fausse couche elle l'avait supplié de devenir famille d'accueil, et ce, malgré la présence de leur fils, il n'avait pas été si surpris.

Narcissa avait ainsi comblé ses carences et pansé ses plaies. Débordante d'amour, aussi bien pour son jeune fils Draco, que pour les enfants qui n'étaient que de passage dans sa maison. Son foyer qu'elle gardait ouvert pour toutes les jeunes âmes en besoin était un endroit où régnait la paix le plus souvent.

Malgré tout, elle ne s'attendait pas à ce que l'on l'appelle ce vendredi 6 juin 1997, alors qu'elle fêtait le dix-septième anniversaire de son fils.

- Allo ? Répondit-elle au combiné de son téléphone portable, en s'éloignant du bruit de la fête qu'elle donnait chez elle.

- Madame Malfoy, je ne vous dérange pas ?

- C'est l'anniversaire de mon fils.

- Vous me voyez désolé de vous déranger mais c'est une affaire une urgente.

- Un enfant à placer ? Écoutez, Connor a quitté notre maison i peine deux semaines, je ne suis pas sûre que nous soyons près. On a plus de temps d'habitude.

La mère de famille resserra l'un de ses bras autour de sa taille en signe de protection à la mention de l'enfant. Connor était un petit garçon de 7 ans adorable qui avait passé deux ans chez eux. Puis il était parti, comme tout les autres. C'était une sensation de perte à laquelle elle avait du mal à s'habituer. Pourtant, cela faisait parti intégrante de sa vie.

- Je sais, mais nous recherchons un profil particulier pour ce garçon.

Narcissa soupira de lassitude en observant les personnes qu'elle aime continuer la fête joyeusement par la fenêtre.

- Dites toujours.

- Voyez vous, nous avions besoin d'une famille suffisamment investit, avec des enfants n'ayant pas trop de besoin et beaucoup de temps à accorder. Vous êtes aussi l'une des seules familles à bénéficier d'une telle sécurité autour de sa maison.

La jeune femme leva un sourcil blond, se détournant de l'image de son fils.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ? Il est dangereux ?

- Non madame Malfoy, rien de tout cela. Il s'agit d'Harry Potter et une horde de paparazzis attend actuellement sous sa fenêtre à l'hôpital.

Elle faillit lâcher son téléphone, sous le choc.

- Harry Potter, vous voulez dire Le Harry Potter ?

- Lui-même. Il a été retrouvé i peine une heure. Comme vous le savez sûrement, il n'a pas de famille en vie et il est encore mineur. Il a l'âge de votre fils Draco, je crois.

Bien sûr qu'elle savait que ce pauvre garçon n'avait pas de famille. Mis à part cette misérable vermine qui pourrissait en prison à l'heure actuelle. Elle avait encore en tête l'image du garçon flou qui avait fait le tour du monde. Elle avait même déposer des fleurs sur sa tombe au cercueil vide. Elle qui avait tant voulu un second enfant ne comprenait toujours pas comment des personnes tels que ces Dursley n'avaient pas su prendre soin du précieux cadeau qu'on leur avait offert : un enfant en bonne santé. Un enfant de leur propre sang qu'ils n'avaient pas hésité à maltraiter avant de le vendre au plus offrant. Bien qu'ils n'aient jamais avoué. La seule image floue qu'ils avaient du garçon et la photo de son placard sous l'escalier ainsi que les témoignages de différents voisins n'avaient fait qu'aller dans ce sens. Et Narcissa croyait à cette version-là.

- Quand est-ce que je dois venir ?

Elle entendit un sourire dans la voix de son interlocuteur lorsqu'il lui répondit.

- Demain, dans l'après-midi. On va devoir faire le point avec Harry mais on veut qu'il vous rencontre le plus vite possible, pour qu'il ait des repères pour son futur.

- Je comprend. Je serais là pour 14 heures pile, sans faute.

- Merci beaucoup Narcissa, vous nous rendez un grand service. A demain, vous souhaiterez un bon anniversaire à Draco de ma part.

- Je n'y manquerais pas. A demain monsieur Fudge.

Raccrochant, la mère de famille resta un moment immobile dans son jardin, contemplant le vide avant de se reprendre. Elle allait accueillir le tristement célèbre Harry Potter dans sa maison. Un Harry Potter bien vivant qui avait été laissé au bon soin de son tortionnaire durant presque dix ans après avoir été arraché à une famille maltraitante. Elle aurait sans aucun doute beaucoup de travail. Mais plus encore, c'était cette affaire qui l'avait confortée dans son choix d'accueillir des enfants en détresse chez elle. Alors qu'elle pleurait sur sa troisième fausse couche d'affilée, elle avait entendu parler d'Harry Potter et de sa situation familiale. C'est à ce moment qu'elle avait ouvert les yeux. Il y avait tellement d'enfants bien vivants et ils avaient besoin d'elle. De personnes comme elle. Harry Potter avait été l'un des piliers de sa reconstruction

Revenant à l'intérieur ou la bonne humeur était de mise, elle se fraya silencieusement un chemin vers son mari.

- C'était Fudge, chuchota-t-elle une fois qu'elle fut près de lui.

- Un problème avec Connor, demanda aussitôt Lucius, la mine soucieuse.

- Non, un nouveau cas.

Cette fois-ci, Lucius se retourna franchement vers sa femme, les sourcils froncés.

- Ça ne fait que deux semaines.

- Je sais.

- Mais tu n'as pas dit non.

- Non.

Son mari soupira. Ils avaient une règle tacite entre eux. Ils avaient droit à un temps de deuil après chaque départ. Ils n'avaient jamais enfreint cette règle. Du moins, jusqu'à aujourd'hui.

- Ils n'avaient personne d'autre ?

- Pas pour lui.

- Pourquoi ?

- Je pense qu'on devrait allumer la télé.

Sans laisser le temps à son mari d'assimiler l'information, elle se dirigea vers la télécommande pour allumer le grand écran qui se trouvait au fond de la pièce, à son opposé. Aussitôt, le visage flou d'Harry Potter apparu dans un coin de l'écran. En son centre, l'image vidéo d'une silhouette immobile sur une civière, totalement recouverte par une couverture.

Sans plus attendre, Lucius baissa le son de la musique, attirant l'attention de tout le monde alors que les mots des journalistes étaient enfin identifiables.

- Nous ne savons pas encore dans quel état le jeune Harry se trouve actuellement. Notre reporter se trouvant devant le centre hospitalier de Londres nous tiendra informés en temps et en heure.

- Pour rappel, le jeune Harry Potter vient d'être retrouvé. Celui qui est déjà appelé le garçon-qui-a-survécu par les médias du monde entier a été retrouvé vivant au domicile de son kidnappeur cet après-midi après le signalement d'une employée de Tom Jedusor, le coupable présumé.

Les journalistes continuèrent de déblatérer un moment, seulement coupés aux oreilles de Narcissa par la voix de Lucius.

- On va… On va accueillir Harry Potter… Chez nous ?

La blonde ne prit pas le temps de se retourner, alors même que son fils l'appelait, ne comprenant pas la situation. Draco se rappelait très bien la disparition d'Harry. Il se rappelait l'élan de paranoïa alors que le petit garçon de son âge avait été enlevé, causant la peur chez les parents de tous les foyers anglais. Draco n'avait plus eu le droit de sortir sans bonne escorte avant un moment. Juste au cas où. Mais il n'y avait pas eu récidive de l'homme décrit par les enfants témoins de la scène à l'époque et il était sûr que le garçon était mort. Il se rappelait avoir été traîné sur sa tombe par sa mère.

Finalement, la mère du jeune homme se retourna vers l'assemblée, se remettant totalement du choc.

- Je dois aller le voir demain.

- Qui ça maman ?

Draco était avec ses amis et la famille proche. Elle avait bien conscience de gâcher la fête mais elle ne pouvait pas faire comme si de rien était.

- Harry Potter. On m'a demandé d'être sa famille d'accueil. J'ai dit oui.

Et ce n'était que maintenant qu'elle avait accepté qu'elle se rendait compte que ce serait loin d'être facile. Elle ne s'était jamais occupée d'un enfant ayant subi autant que le jeune garçon. Elle ne savait même pas ce qu'il avait vraiment vécu d'ailleurs. Et elle allait imposer ça à sa famille.

L'annonce d'une nouvelle de l'hôpital ramena l'attention de tous vers la télévision. Rita Skeeter apparaissait à l'écran, tout sourire au milieu de ces autres vautours de journalistes.

- Merci Katie. Je viens d'avoir des nouvelles sur la condition du jeune Harry Potter. D'après des témoins, il aurait été retrouvé complètement nu, un collier de chien autour du cou. Mes sources m'indiquent qu'après examen, nous pouvons confirmer qu'il a subis des abus sexuels de son tortionnaire présumé, Tom Jedusor. Des traces de sperme pouvant appartenir à celui-ci ont en effet été retrouvées à différents endroits du corps du jeune garçon qui atteindra dix-sept ans d'ici peu. Nous attendons bien entendu toujours son témoignage afin de faire toute la lumière sur cette affaire.

Le sourire de la reporter était toujours aussi lumineux à l'écran tandis que tous été livides dans le salon du manoir Malfoy. Fini la bonne ambiance et l'insouciance.

Les journalistes avaient déjà commencé le portrait de Jedusor lorsque Lucius éteint la télévision.

- Ça suffit pour ce soir. On aura tout le temps d'en apprendre plus sur la situation demain. Draco, est-ce que tu veux finir de déballer tes cadeaux ?

Le susnommé fixa son regard sur son père. Il avait un goût de cendre dans la bouche après les révélations qu'il venait d'entendre. Il aurait peut-être mieux valu pour Harry Potter qu'il soit mort plutôt que de subir… Tout ça. Pendant aussi longtemps. Dix ans, enfin neuf ans, c'était extrêmement long.

- Oui, oui bien sûr.

Mais il n'avait plus trop le goût à la fête et aux cadeaux. C'était bizarre d'apprécier des moments aussi simple et joyeux quand on savait que pendant tout ce temps, un autre garçon du même âge avait subit les pires sévices.

L'ambiance eu du mal à revenir. Et même avec les efforts de chacun, la fête ne fut plus tout à fait pareille après ça.

A quatorze heures pile le lendemain, Narcissa était sur les lieux de l'hôpital où elle dû se frayer un chemin entre les différents journalistes qui semblaient avoir camper sur place. Elle tenait entre ses mains un simple paquet contenant un présent pour Harry. Une façon pour elle de nouer un premier contact positif. Bien sûr, elle n'avait pas eu le temps de vraiment réfléchir ou de trouver quelque chose d'élaborer mais elle espérait que ça ferait plaisir au jeune garçon.

- Ah madame Malfoy, toujours parfaitement à l'heure je vois.

C'était Cornelius Fudge qui venait de s'exclamait, au milieu du hall. Narcissa pressa le pas vers lui, lui envoyant un sourire qu'elle espérait pas trop crispé.

- Bonjour monsieur Fudge.

- Je vous laisse me suivre. Nous allons dans le bureau du docteur Snape. Vous avez souvent travaillé avec lui je crois ?

- Oui, répondit la blonde en emboîtant le pas du travailleur social. C'est un ami.

Ils arrivèrent rapidement dans le bureau du pédopsychiatre qui les attendait en finissant de prendre des notes. Severus Snape était un spécialiste de l'esprit humain. Celui-ci n'avait aucun secret pour lui. Ayant lui-même subit des violences dans l'enfance, il s'était vite passionné pour le psychique et les mécanismes du cerveau, se spécialisant pour ne s'occuper que des enfants ayant un vécu similaire au sien. Il s'aidait en les aidant, en quelque sorte.

Voyant ses collègues arrivés, il se leva pour saluer la nouvelle venue, son ami de longue date, Narcissa Malfoy avec qui il aimait travailler. Leur vision des choses s'accordait très bien lorsqu'il s'agissait des enfants.

- Ca fait longtemps. Comment se portent Lucius et Draco ?

- Bien, merci, répondit son amie avec un léger sourire aux lèvres.

Bien qu'elle essayât de paraître nonchalante, Severus remarqua la légère tension présente dans ses épaules. Il connaissait suffisamment bien Narcissa pour savoir qu'elle nierait jusqu'au bout que quelque chose n'allait pas. Il connaissait aussi le rôle qu'avait eu cette affaire dans le tournant qu'avait pris sa vie.

- Comment va Harry, demanda-t-elle de but en blanc.

Elle ne tournait pas autour du pot. Severus appréciait cela.

- Pas très bien comme tu t'en doute. Il ne parle pas et il refuse qu'on le touche. Il a déjà arraché sa blouse trois fois depuis ce matin. Sans la parole, tu comprendra que mon diagnostique est un peu léger mais je ne perd pas espoir. Il semble qu'il ait bien une voix qui fonctionne, la parole est simplement bloquée, ce qui ne m'étonne pas plus que ça. Tout indique néanmoins qu'il comprend ce que l'on dit, même s'il ne répond pas.

- D'accord, quelque chose qui pourrait m'aider à entrer en contact ?

- Parle lui simplement. Évite de le toucher et tout ira bien. Je suis désolé de ne pas pouvoir en dire plus, je n'ai eu que peu de temps pour…

- - Ça ira, le coupa Narcissa dans un sourire. Je m'en sortirai bien comme ça. Et je suis sure que tu nous aidera beaucoup par la suite.

L'homme en noir hocha la tête, résigné au peu d'information qu'il était en mesure d'apporter à la femme qui en avait le plus besoin.

- J'ai déjà expliqué à Harry que tu viendrais le voir aujourd'hui, indiqua-t-il.

- Merci Severus.

- Tu veux que je t'accompagne ?

- Non, je préfère y aller seule, dit la blonde en se levant du siège qu'elle avait investi. C'est bon pour toi ?

Le docteur hocha la tête, laissant son amie et collègue partir seule vers la chambre qu'il venait de lui indiquer : 304, au fond du couloir.

Elle l'avait à son grand désespoir laissé seul avec Fudge, qu'il exécrait et qui, heureusement, décida de ne pas s'attarder.

Les jambes de Narcissa la menèrent vers la chambre 304 où un policier restait posté devant la porte. Elle le salua et se présenta, puis frappa avant d'entrer sans attendre de réponse. Elle savait qu'elle n'en n'aurait pas.

Elle découvrit le jeune homme seul dans son lit. Harry était assit en tailleur, le regard vers la fenêtre. Sa blouse d'hôpital se trouvait par terre alors qu'il avait semble-t-il préféré résider en tenue d'Adam.

- Bonjour Harry, fit-elle doucement.

A peine un tressaillement d'épaule, le garçon ne s'était même pas retourné.

- Je suis Narcissa, précis a-t-elle en s'approchant doucement. Le docteur Snape a du te parler de moi. C'est chez moi que tu va venir habiter.

Malgré une apparence calme, Harry ne l'était pas du tout. Il avait eu une nuit horrible. En témoignait les cernes qui obscurcissaient ses yeux. On l'avait arraché à son maître pour le plonger en enfer. Dans un endroit plein d'interdits. Mais Harry était obéissant. Toujours. C'est pour cela que son maître l'aimait tellement. Il connaissait les règles sur le bout des doigts.

Interdit de parler à quiconque autre que son Maître.

Interdit de poser les yeux sur une femme, quelque soit la partie du corps.

Interdit de toucher des personnes autres que son Maître.

Posant son regard sur la blouse se trouvant sur le sol, il pensa à la règle qui l'autorisait à porter des vêtements en dehors du manoir. Mais cela le gênait, l'oppressait.

Surtout que rien ici n'était fait pour faciliter son obéissance aux règles comme c'était le cas au manoir. Déjà, il y avait des femmes partout et il ne savait plus où regarder. Aussi, tout le monde voulait lui parler ou le toucher. Ils le touchaient tout le temps ici. Mais ils n'avaient pas le droit ! Il était la propriété du Maître et il n'avait pas donné son accord !

Pire, on lui avait expliqué qu'il irait dans une « famille ». Il savait ce que cela signifiait. On le renvoyait en enfer.

Fermant les yeux de lassitude, il essaya de faire comme s'il n'existait pas. Peut être cela ferait-il partir la femme qui était entré, il l'espérait en tout cas. Il ne partirait avec personne d'autre que son maître.

- Je t'ai apporté quelque chose, fit la voix douce et féminine. Tu me regarde Harry ?

Elle avait posé sa question au bout d'une longue minute. Et le garçon avait simplement secouer la tête de gauche à droite. Bien, il communiquait au moins, c'était un début.

- C'est un cadeau pour toi, tu n'en veux pas ?

Les émeraudes se dévoilèrent à elle à ces mots. Pas de doute, le visage flou qu'elle avait l'habitude de côtoyer ne rendait pas grâce à la véritable beauté de celui qui se trouvait en face d'elle. Cependant, elle ne put admirer longtemps ces beaux yeux, ceux-ci se baissèrent vers le paquet bleu pâle qu'elle tenait entre ses mains.

- Tiens, prend le, dit-elle en lui tendant le paquet.

Le jeune homme prit le paquet, faisant bien attention à ce que leurs doigts ne de touchent pas pendant le procédé.

De toute sa vie, il n'y avait que son maître qui lui avait offert des cadeaux. Et il adorait en recevoir.

Narcissa le regarda déballer son présent avec soin, de ses doigts délicats. Il plia soigneusement le papier cadeaux avant de se concentrer sur le petit cube multicolore qu'on venait de lui offrir. Il n'avait aucune idée de que ça pouvait bien être. Il n'en n'avait jamais vu.

- C'est un rubik-s cube. C'est un jeu de casse-tête. On mélange les couleurs, puis on essaie de ré obtenir des faces identiques. Je n'ai pas eu le temps de trouver mieux. Ça te plaît ?

Le gamin tourna le cube entre ses doigts encore un moment, puis hocha la tête en commençant à le mélanger. Il comprenait vite. Et Narcissa été plutôt satisfaite de leur échange, puisqu'il avait répondu à au moins deux de ses questions.

- Tu sais Harry, ajouta-t-elle après un moment, tu devrais peut-être te couvrir. Ce n'est pas courant de se montrer nu devant une dame à ton âge.

Elle avait tenté après une longue hésitation, tandis que son nouvel enfant d'accueil était encore concentré sur son rubik's cube.

Il s'était arrêté dans son geste, avait regardé la blouse étalée sur le sol, puis s'était finalement levé alors que Narcissa détournait le regard pour ne pas violer son intimité.

La blouse à peine enfilée, il était de nouveau en tailleur, concentré sur son casse tête.

- Tu sais, continue-t-elle sur sa lancée, rassurée par la réaction d'Harry, j'ai un fils de ton âge, Draco. Il est impatient de te rencontrer.

Le jeune ne s'arrêta qu'une seconde presque imperceptible, puis repris son jeu. Narcissa passa ainsi l'après-midi à le regarder jouer tandis qu'elle lui expliquait en monologue le fonctionnement de sa maison et de ses habitants.

- Bon, à demain Harry. Repose-toi bien.

Elle voulu lui embrasser le front mais se retint au dernier moment.

Lorsqu'elle passa devant le bureau de Severus, elle le vit travaillant à son bureau et lui résuma son presqu'échange avec Harry, afin qu'il ait matière à travailler avec le garçon.

Harry de son côté, avait déjà retiré sa blouse à peine sa nouvelle tutrice partie. Ça lui démangeait, le tissu frottait sans arrêt contre la pointe de ses tétons irrités pas la matière trop rêche à chaque mouvement qu'il faisait. Il détestait vraiment les vêtements et il plaignait son maître de devoir en porter au quotidien.

Son maître. Il ne savait pas où il était mais il lui manquait furieusement. L'homme en noir qui s'était présenté comme son psychiatre, le docteur Snape, lui avait expliqué que son maître avait été attrapé lui aussi et qu'il ne lui ferait plus jamais de mal. Mais son maître ne lui avait jamais fait de mal. Il avait envie de hurler, de lui dire que son maître était la meilleure personne au monde et qu'il l'aimait. Mais il n'en n'avait pas le droit et il était grandement frustré.

Il fut encore plus frustré quand, le lendemain matin, il s'était réveillé avec son érection matinale et qu'il n'avait rien pu faire pour la soulager. Cela n'arrivait jamais. Il n'était jamais privé de sexe aussi longtemps, sauf lorsqu'il était puni. Mais il avait été un bon garçon et des larmes de frustrations n'avaient pas pu être retenues tandis qu'il contemplait son excitation qui réclamait une libération bien méritée.

Son psychiatre s'excusa lorsqu'il le vit dans cet état et, détournant les yeux, il prit néanmoins le temps de lui expliquer que c'était une réaction totalement normale de son corps et qu'il ne devait pas en avoir honte. Qu'il avait le droit de se toucher. Que ça n'avait rien de mal. Mais c'était faux, il n'avait pas le droit. Il le savait, il connaissait bien les règles. Et il se mit à haïr le docteur Snape pour avoir essayer de le manipuler. Pour avoir essayé de lui faire oublier les règles. Il savait les personnes extérieurs mal-intentionnées, aussi ne fut il pas étonné par cette tentative malhonnête de le rendre désobéissant. Il décida de redoubler de méfiance. Il ne devait pas se faire empoisonner le cerveau par ces vils manipulateurs.

Il attendit encore dix minutes pour voir si ça finirait par partir tout seul, mais il fut obligé de constater que non. Soupirant, il se rendit dans la toute petite salle de bain attenante ou seul une douche, un lavabo, et des toilettes l'attendaient. Il prit la décision de la douche froide. Moyen assez efficace de faire descendre sa tension, bien que beaucoup moins agréable que ce qu'aurait pu lui proposer le Maître.

Il se souvenait encore de sa toute première érection. Il avait douze ans et il s'était réveillé tout dur contre le maître.

Celui-ci était sur le dos, tenant son petit Harry contre son flanc. Sa tête reposait sur l'épaule puissante de son maître alors qu'une légère friction l'avait électrisé. C'était ce qui l'avait réveillé.

Il s'était alors mis à se frotter contre la cuisse de l'homme en gémissant dans son oreille, le réveillant à son tour.

- Harry ?

D'autres gémissements répondirent à Tom, finissant de le réveiller complètement. Il sentait quelque chose de dur contre sa cuisse et… Oh. Ça y était, son petit Harry devenait un homme.

- M-maitre, je-

La supplique de son protège se perdit dans un gémissement tandis qu'il se frottait plus fort contre lui en haletant.

Dans un sourire, Tom s'écarta, stoppant net tout mouvement de son protégé qui se mit à geindre, essayant de se rapprocher de lui de nouveau.

- Chut Harry, tu es si beau comme ça.

- Maître, je suis prêt. S'il vous plaît.

- Pas maintenant.

Une nouvelle supplique. Harry le regardait de ses beaux yeux vert luisants de désir et de luxure. Ses lèvres pleines et roses

- S'il vous plaît. Vous aviez dit… Vous aviez dit que je pourrais quand… Quand je serais dur. Que ce serait le moment.

- Encore un peu de patience Harry, je te promet que ce sera bientôt.

- Mais…

La fin de cette phrase mourut quelque part dans la gorge d'Harry. Tom venait de lui saisir durement la mâchoire, les yeux froids le foudroyant sur place.

- J'ai dit non. Ce n'est pas assez clair pour toi ? Tu as besoin que je te punisse ou tu vas réussir à arrêter de protester tout seul comme un grand.

Tétanisé, Harry regardait son maître, des larmes dans les yeux. II l'avait déçu. Il l'avait mis en colère. Il avait envie de pleurer.

- Pardon maître, pardon. Je suis désolé, je ne me suis pas rendu compte.

Un peu radouci, Tom consentit à le prendre dans ses bras alors que l'érection de son délicieux soumis avait fanée.

- Je te pardonne Harry, je sais que tu as été dépassé par les sensations. Mais ça ne doit plus se reproduire. Peu importe ce que tu ressens, c'est moi d'abord. Tu le sais ça ?

- Oui Maître, vous d'abord. Votre satisfaction, votre plaisir d'abord.

- C'est bien Harry.

Il avait déposé un baiser sur ses cheveux, avant de le redresser pour lui offrir un baiser sur les lèvres. Harry en était très friand parce que c'était la seule chose qu'il le voyait faire avec d'autres hommes qu'il avait le droit de reproduire.

- C'est juste que vous aviez dit que quand je deviendrai dur moi aussi alors… Alors je serais assez grand.

- Je sais mon amour. Mais tu vas attendre encore un peu. Pour moi, pour nous.

Harry ne comprenait pas pourquoi, il trouvait ça profondément injuste. Mais le maître savait mieux que lui. Il savait tout mieux que lui et il devait l'écouter.

- Je veux que notre première fois soit spéciale, tu comprend ?

- Oui maître, je comprend. Mais est-ce que spécial, c'est bientôt ?

Le maître avait rit, et cela avait réchauffé le cœur d'Harry.

- Ton anniversaire me semble être une occasion assez spéciale. Qu'en pense tu ?

- C'est dans trois mois !

- Voyons Harry, tu n'es plus à ça près. Et ça me laisse le temps de nous organiser quelque chose de bien. Après ça, nous pourrons le faire tous les jours.

- Tous les jours ? C'est vrai ?

Son maître l'avait embrassé pour seule réponse. Harry pouvait sentir que celui-ci était dur contre lui. Mais comme de trop nombreuse fois, il n'aurait pas le droit de s'en occuper.

- Maitre, et si je, et si je suis encore tout dur avant mon anniversaire. Est-ce que… Est-ce que je pourrais…

Harry ne trouvait pas ses mots. Il ne savait pas comment formuler sa phrase sans avoir l'air de désobéir et essayer de passer à l'acte avant son anniversaire.

- Tu voudrais te caresser, c'est ça Harry ?

Le petit brun avait baissé la tête, le rouge aux joues. Il ne savait même pas pourquoi il demandait ça, son maître avait déjà était suffisamment clair.

- Regarde-moi lorsque tu me fais une telle demande !

L'ordre avait claqué sèchement, et Harry avait immédiatement relevé la tête, habitué à obéir à la seconde. Sa lèvre était déjà entrain de se faire méchamment triturer par ses dents tant il était nerveux.

- Chaque fois que tu aura une érection Harry, chaque fois que tu bandera pour moi, je veux que tu vienne me voir.

- Oui maître.

- Tu te caressera pour moi, tu m'offrira ton plaisir. Parce qu'il m'appartient.

- Oui maître, à vous.

- C'est bien.

Un autre baiser enflammé et le maître l'avait envoyé chercher leur petit déjeuner, sûrement déjà disposé sur la table de la salle à manger. Il désirait petit-déjeuner au lit pour fêter la première érection du brun. Tom voulait également en profiter pour soulager sa propre érection qu'il ignorait depuis trop longtemps déjà, pendant le temps où Harry disposerait les différentes assiettes de manière esthétique sur un plateau pour eux. Il savait son soumis soucieux du détail.

Et il allait le rendre fou.

Harry se souvenait que les trois mois qui avait suivis avaient été remplis de rêves mouillés et de parties de masturbations de plus en plus fréquentes. Parfois même, son maître l'accompagnait en sortant sa propre virilité qu'il caressait en regardant son soumis faire de même. Cela rendait Harry fou de désir, mais son maître n'avait jamais cédé avant son treizième anniversaire.

Se rappeler de ça n'avait pas aider le problème matinal du jeune homme qui entrait sous la douche. Il devait faire appel à tout son self-control pour ne pas juste céder à la tentation et se masturber furieusement jusqu'à atteindre l'extase dont il rêvait tellement.

L'eau froide le fit frissonner de longues minutes avant qu'il n'arrive à se calmer. Quand il fut certain que c'était terminé, il tourna le robinet vers l'eau chaude pour une douche normale.

Il se saisit du savon et entreprit un nettoyage méticuleux de son corps dans les moindres recoins. Son maître ne supportait pas la saleté. Il entreprenait le lavage de son fondement lorsqu'il y eut du bruit dans sa chambre. Il reconnut la voix de Narcissa qui l'appelait.

Au moins avait elle le mérite de l'empêcher de faire une bêtise en s'attardant par exemple un peu trop sur un point particulier à l'intérieur de lui.

Il prit tout de même le temps qu'il lui fallait pour être sûr d'être bien propre et éteint l'eau.

Il n'y avait pas qu'une seule voix dans sa chambre, remarqua-t-il en s'essuyant de sa serviette.

Il était sur le point de sortir de la salle de bain quand il se rappela que Narcissa ne désirait pas le voir nu. Elle le préférait habillé. Et si ça dérangeait un peu Harry, il ne voyait pas de raison de refuser cette requête de la femme. Surtout qu'elle avait été gentille avec lui jusque là.

Mais il n'avait pas de vêtements ici. Il eut une pensée pour les beaux vêtements que son maître lui avait acheté et qui étaient restés abandonnés dans la penderie. Harry ne les avaient mis qu'en de très rares occasions. Mais il aurait aimé les avoir en cet instant. Surtout que c'étaient des vêtements choisis par son maître pour lui. C'étaient des cadeaux.

Résigné, il s'entoura de sa serviette et sortit de la salle de bain. Il fit alors face à trois personnes. Il y avait Narcissa et un homme qu'il faillit confondre avec une femme a cause de ses longs cheveux aussi blond que ceux de Narcissa. C'était sa carrure qui l'avait fait douter. Et puis, il y avait un garçon qui devait avoir son âge. Ce devait être Draco, le fils de Narcissa. Elle lui en avait parlé hier. Et ils étaient tous d'une blondeur trop surnaturelle pour qu'ils ne soient pas de la même famille.

- Bonjour Harry, fit-elle, un sourire dans la voix. Je te présente mon mari Lucius.

- Bonjour Harry, réagit une voix grave.

- Et mon fils, Draco.

- Bonjour.

Le Brun n'eut pas de réaction, la tête baissée, sur le pas de la porte, tenant d'une main sa serviette.

- Je t'ai apporté des vêtements pour que tu sois un peu plus confortable, s'exclama soudain sa tutrice en sortant une petite pile de son sac après que le silence se fut éternisé.

Harry les saisit sans rien dire. Puis, toujours sans un mot, il referma la porte de la petite salle d'eau sur lui pour s'habiller. Les vêtements étaient doux et parfaitement repassés. Ils n'avaient rien à voir avec les vêtements que lui offrait le maître mais ils semblaient confortables.

De son côté, Draco ne savait toujours pas quoi pensé de ce qu'il venait de se passer dans cette chambre. Il regarda ses parents qui été restés comme lui, sans mots. Puis, sa mère repris plus joyeusement en tapant dans ses mains.

- J'ai l'impression que ça s'est bien passé. Vous ne trouvez pas ?

Draco regarda son père qui avait la même expression que lui, puis haussa les épaules dans un sourire crispé tandis que Lucius répondait par l'affirmative, offrant une accolade à sa femme.

Harry ne mis pas longtemps à sortir vêtu et mal alaise, il ne cessait de tirer sur son col alors qu'il rejoignait son lit, les ignorants royalement.

- Parfait, c'est ta taille. C'est mieux que les blouses d'hôpital ?

Le garçon aux yeux vert ne lui accorda pas un regard. Il avait la sensation d'étouffer mais ça ne grattait pas. Alors, il acquiesça, rendant la mère de Draco joyeuse.

- Je suis contente alors. On m'a dit que tu n'avais pas encore petit-déjeuné, je me suis dit qu'on pourrait le faire ensemble.

Son ventre gargouilla à la pensée de la nourriture, rendant ses joues écarlates alors qu'il cessait enfin de tirer sur son col.

- Je ne savais pas ce que tu aimais mais j'ai pris un peu de tout. Tu devrais trouver quelque chose qui te plaît.

La mère de famille sortie un sac cabas qu'elle avait posé dans un coin de la petite chambre. De nombreux Tupperware s'y trouvaient, regroupant bacon, œufs durs ou sur le plat, une omelette, des toasts grillé, des haricots, des mignardises et une bouteille de jus d'orange.

- Tu peux te servir comme tu veux, nous prendrons le reste.

Harry fut tenté de la regarder pour lui offrir au moins un sourire de remerciement. Mais il n'en n'avait pas le droit. Alors, sans plus s'attarder, il se saisit de l'omelette seule qu'il commença à manger. C'était bon, pas exactement pareille que celle du chef Slughorn, mais ce n'était pas dérangeant.

Harry espérait néanmoins que ce n'était pas trop calorique, il n'avait pas le droit de dépasser un certain quota par jours. Sauf pendant son anniversaire et celui de son maître. Et s'il savait exactement combien de calories il mangeait avec le chef Slughorn, il n'avait aucune idée de combien il y en avait ici. Il espérait que ce n'était pas cuisiné avec du beurre.

Les Malfoy regardèrent le garçon manger un instant avant de se décider à le rejoindre. L'ambiance était assez étrange mais Harry n'avait pas l'air si perturbé. Il n'avait pas l'air d'avoir été affamé non plus et c'était une bonne nouvelle. Il mangeait proprement et avec une certaine élégance, cela lui donna l'approbation de Lucius pour qui les manières étaient importantes.

A la droite d'Harry, le jeune homme blond se racla la gorge, attirant l'attention de celui-ci qui tourna ses grands yeux verts vers lui.

Draco faillit en oublier ce qu'il voulait dire pour meubler la conversation. Les billes émeraudes étaient telles qu'il n'en n'avait jamais vu. Il avala durement sa salive.

Harry était lui en admiration pour l'ange blond en face de lui. Il posait véritablement son regard sur lui pour la première fois et il le trouvait magnifique. Il était sûr que son maître serait d'accord. Il était totalement le genre d'homme que son maître aimait amener dans leur lit de manière ponctuelle. Peut être pourrait il en parler à son maître lorsqu'il le verrait. Celui-ci serait content qu'il ait pensé à lui faire plaisir en son absence.

- Tu ne porte pas des lunettes normalement ? Demanda finalement le blond.

Harry pinça les lèvres. Il ne portait des lunettes que pour lire, et elles étaient restées chez lui, près de son lit. Il décida finalement de répondre à la question directe du blond en secouant la tête de gauche à droite. Non, il ne devait pas porter ses lunettes actuellement. Il n'en n'avait pas besoin.

- Si tu veux, ajouta Draco, on pourra jouer à ma console tout les deux en rentrant. J'ai eu le dernier Mario à mon anniversaire, hier.

Harry pencha la tête d'intérêt. Il n'avait pas de console de jeux à la maison. Son maître n'avait jamais voulu pour qu'il puisse se concentrer totalement sur lui sans être parasité par de stupides jeux vidéo.

Mais son maître ne serait pas là avant un moment, et il fallait qu'il s'occupe, alors il acquiesça.

Draco sourit, satisfait d'avoir réussi à nouer le contact. Il était aussi très heureux de voir que les prunelles vertes avaient eu du mal à le lâcher du regard.