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Chapitre 4
Liaison dangereuse
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1er janvier – 12h14
Dabi tapota la veste en cuir de Hawks qu'il avait récupéré un peu plus loin dans le salon, recherchant quelque chose en particulier. Sans difficulté, il récupéra le paquet de cigarettes promis dans l'une des poches et délaissa la veste sur le dossier de la chaise sur laquelle le héros s'étaient assis précédemment pour lui offrir les codes, et vint porter une des clopes à sa bouche.
Son Alter l'illumina et Dabi pris une bouffée de nicotine avant de se retourner, se plantant au milieu du salon, ses yeux s'attardant sur le corps nu de Hawks protégé des yeux du monde par une chaude couverture que le brun avait récupéré dans la chambre voisine avant de la jeter sur lui. Il dormait à présent, joue contre le matelas, léger filet de bave s'échappant de ses lèvres humides. Il avait remarqué qu'il manquait cruellement de sommeil, mais n'aurait pas pensé que quelques secondes après leurs chauds ébats, le héros ait rejoint aussi allégrement les bras de Morphée.
Il resta à détailler ce corps parfait, ce visage reposé, ces ailes élégantes échouées contre son dos. Quand il avait prévu un rendez-vous avec Hawks sur un coup de tête en début de matinée, il n'avait à la base techniquement aucun boulot à lui donner ni même des informations à lui soutirer. C'était à peine l'alcool qui avait parlé, Dabi ayant pratiquement fini de décuver et surtout, tenant très bien à l'alcool.
Mais le mal de crâne qu'il avait eu l'avait empêché de réfléchir aux conséquences dès le SMS envoyé et la sieste qui avait suivi n'avait rien arrangé, l'ayant bercé dans une douce illusion.
Il avait été honnête dans sa réponse, il avait simplement voulu le voir. Les fêtes de fin d'année l'avaient toujours rendues de mauvaise humeur, mais cette année, en plus de cette émotion irritante, Dabi s'était vu se sentir presque… peiné. Son cœur s'était mis à battre dans la direction de l'oiseau. Il s'était mis à ressentir des choses qu'il pensait ne jamais ressentir et l'avait pris au dépourvu. Et pour couronner le tout…
« Putain d'espion, » murmura-t-il pour lui-même, la cigarette entre ses dents se consumant doucement, seule.
Il n'avait pas de certitude. Ou du moins, tout son être en était persuadé mais une parcelle de son cœur aurait aimé avoir tort. Cette petite portion était l'illusion dans laquelle il se réfugiait et qui parfois, le laissait espérer. Pourtant, malgré ses suspicions évidentes et la réalité qui lui hurlait au visage que le héros allait tous les trahir, il avait présenté cet idiot au gang. Tout en gardant un œil sur lui, il l'avait impliqué dans l'histoire.
Comment ça avait commencé déjà ? Dabi n'en avait fichtrement aucune idée. Peut-être lorsque part ennui et pour essayer de découvrir des failles chez le héros, il avait tenté un rapprochement osé. Celui du flirt. Flirt qui avait été finalement répondu par ce même héros. Après cela, tout était parti en couille, comme dirait Toga.
Soudain, la porte de l'appartement se déverrouilla, attirant l'attention vivace de Dabi qui leva aussitôt sa main libre pour libérer des flammes lumineuses autour d'elle. Le battant s'ouvrit dans la seconde sur nul autre que Toga –quand on parlait du loup…- qui écarquilla alors les yeux, tout aussi surprise que lui.
« Qu'est-ce que tu fiches ici ? » largua Dabi sèchement, la flamme mourant dans sa paume.
« Toi, qu'est-ce que tu fiches ici ? T'as toujours ton appart', » s'exclama-t-elle en fronçant les sourcils, pointant Dabi du bout de son index. « Et moi j'ai envie d'une bonne nuit de sommeil ici, loin de Compress et Spinner qui sont ultra relous. »
Elle ferma brusquement la porte derrière elle sans attendre une invitation –après tout, cet appartement était loin d'être un lieu interdit, mais libre d'accès au groupe, la preuve, pratiquement chacun avait une clé- et elle s'arrêta net dans le salon. Dabi retint inconsciemment sa respiration suivant le regard de la lycéenne. Regard pointé vers Hawks assoupi dans le canapé.
« Mais nooooooon ! » s'exclama Toga en pressant deux mains contre sa bouche, dissimulant à peine le sourire maniaque qui s'y était placardé.
« Dégage, Toga, » grogna Dabi entre ses dents, oubliant totalement la cigarette qui s'usait d'elle-même entre ses doigts.
Si Shigaraki apprenait la liaison qu'ils avaient, nul doute qu'il entendrait parler du pays. Il lui dirait que son jugement était troublé par Hawks, qu'aucun des deux n'étaient dignes de confiance à présent. Et il aurait probablement raison. Et voilà que Toga venait de foutre les pieds en plein dans le plat.
« Toi et Hawks… ! » s'enjoua-t-elle en baissant tout de même d'un ton pour ne pas réveiller le bel endormi. « J'aurais pourtant dû m'en douter ! »
Elle se retenait clairement de sautiller sur place, deux mains toujours plaquées contre ses lèvres. Si elle ne faisait pas partie de l'Alliance, il l'aurait déjà incinéré sur place depuis longtemps.
« Comment il est au lit ? » lui fit ensuite Toga après avoir agrippé le bras de son collègue.
« Tu crois sérieusement que je vais avoir ce type de conversation avec toi ? » maugréa Dabi en secouant son bras pour la faire lâcher.
« T'es vraiment pas fun. »
La moue de la lycéenne fut de courte durée puisqu'elle se retourna vers le canapé et d'un pas léger et furtif, alla rejoindre l'oiseau endormi. Dabi la garda à l'œil, sa paume libre se crispant dans l'anticipation. Toga n'était pas une enfant de chœur, il savait de quoi elle était capable. Jusque-là, lorsqu'elle avait croisé Hawks, le héros était éveillé et aussi plutôt méfiant. Là, il était tout simplement vulnérable.
Doucement, elle s'accroupit près du canapé, détaillant le visage endormi de Hawks. Dans un coin de son esprit Dabi fut atterré de voir que malgré tout ce bruit et ce mouvement, Hawks ne s'était pas réveillé. Tu parles d'un héros. L'épuisement devait vraiment être solide.
« Tu me laisses boire son sang ? » reprit Toga en tournant la tête vers Dabi. « Il est endormi, il n'en aura pas besoin. »
« Là n'est pas le problème. »
« On pourrait en avoir besoin ! »
C'était presque trop gentil de sa part de demander la permission. Mais Dabi resta à lui offrir un regard froid, restant sur sa position.
Toga lâcha un soupir agacé, se redressa et épousseta d'une main les plis de sa jupe.
« Protecteur du petit oiseau à ce que je vois, » dit-elle, plaçant ses mains derrière son dos. « Tu vois, même avec une sale tête, tu as su trouver ton prince charmant ! »
« Bon courage pour trouver le tien alors… »
Un grognement et des bruits distinctifs de plumes qui s'agitaient doucement attirèrent l'attention des deux vilains. Hawks ouvrait faiblement les yeux au même moment, et sauta presque du canapé en apercevant la blonde.
« Toga ?! » s'écria-t-il sous le choc, s'agrippant comme il le put à la chaude couverture, dissimulant au maximum son corps nu.
Dabi lança un regard accusateur à l'égard de Toga qui pourtant, ne parut en rien morveuse. Elle sourit malicieusement, tout en saluant le héros d'un geste de la main.
« Si j'avais su que pour te séduire, il aurait fallu que je prenne l'apparence de Dabi, je l'aurais fait depuis loooongtemps, » ricana-t-elle en nichant un coup de coude amical contre les côtes de Dabi.
Le blanc devint la couleur prédominante sur visage de Hawks qui se remettait de sa surprise tandis que Dabi frappa l'arrière du crâne de la plus jeune, afin de lui faire ravaler ses propos.
« Maintenant, tu peux dégager, » siffla Dabi à son adresse.
« J'ai pas d'autre endroit où aller ! » s'exclama la blonde en pressant deux mains contre l'arrière de son crâne, à l'endroit où Dabi avait apposé son coup. « Je vous laisse copuler dans votre coin, t'en fait pas, j'prends la chambre ! »
« De toute façon, il faut que j'y aille ! » s'exclama soudain Hawks en se levant prestement, couverture autour de son corps. « Ça a beau être férié aujourd'hui, j'ai une tonne de paperasse à remplir. »
Dabi aurait juré apercevoir l'apparition subtile et rapide d'une petite grimace de douleur sur le visage du héros lorsqu'il s'était levé. Dabi comprit alors qu'il lui avait laissé un petit souvenir pour la route, niché entre ses reins et ses fesses.
Hawks commença à pêcher ses affaires éparpillées dans tout le salon, tout en maintenant fermement la couverture serrée autour de ses hanches, Dabi le regarda faire d'un air ailleurs tout en écrasant la cigarette dans le verre qui servait de cendrier tandis que Toga commença sans aucune pression à raconter ce qui l'exaspérait chez Compress et Spinner.
Mais Dabi l'écoutait à peine, presque amusé de voir Hawks se plier en quatre pour enfiler son caleçon tout en essayant de se dissimuler des yeux de Toga. En réalité, bien qu'il était le roi en ce qui concernait le déni, Dabi ne put s'empêcher de penser qu'une petite discussion entre lui et Hawks après leurs ébats aurait été une bonne chose. Avant qu'il ne perde son courage.
Cependant, la lycéenne venait de tout gâcher de par son arrivée. Alors que Hawks enfilait sa veste, prêt à partir, Dabi se demanda un instant ce qui pouvait bien se tramer dans sa tête. Regret ? Honte ? Incompréhension ? Dégoût ? Il savait que Hawks prétendait être probablement l'un des leurs, mais cette sorte d'alchimie, de tension, de presque attirance, qui tourbillonnait entre eux, ne pouvait pas être fictif, si ?
Il sentit son estomac se serrer douloureusement à la pensée d'attirance.
« Si tu passes au repaire, » fit Toga à l'adresse de Hawks qui ouvrait la porte de l'appartement. « Dit à Spinner qu'il me tarde de lui arracher la gorge. Avec les dents. »
Hawks lui lança un regard perplexe ce qui fit rire une Toga hilare.
« J'te tiens au jus pour la suite des opérations, » ajouta simplement Dabi après un bref signe de main à son égard.
Les pupilles de Hawks ne s'attardèrent pas longtemps dans les yeux de Dabi, comme fuyant quelque chose. Le héros hocha alors simplement la tête, zippa la fermeture de sa veste en cuir jusqu'au son cou et quitta rapidement la pièce. Toga resta debout près de Dabi après que la porte ait été close derrière lui, tous deux se plongeant dans un long silence.
« Je crois que le poulet et toi avez besoin de parler, » lâcha finalement la lycéenne.
Pour toute réponse, Dabi grogna tout en ouvrant à nouveau le paquet de cigarettes.
O
5 janvier 2021 – 10h02
Cendrier sur pattes [10:02] – Faut qu'on parle.
Hawks resta un instant, assis sur le tabouret de sa cuisine, main droite enserrée autour de son verre de jus d'orange sous une pression si forte qu'il aurait été capable de briser net le contenant. Dans sa main libre se tenait son téléphone portable, ouvert sur la conversation de SMS qu'il avait avec Dabi, et le message qu'il venait de recevoir était le premier signe de vie qui lui adressait le vilain après sa fuite de l'appartement.
Durant cinq jours durant, ça avait été silence radio, et alors que parfois, lui ou Hawks envoyait un SMS rapide, pour chambrer l'autre ou demander des informations random, là, leurs échanges s'étaient arrêtés là. Et Hawks savait très bien pourquoi.
« Raaaah, je savais que j'allais le regretter ! Je le savais ! » s'exclama Hawks en lâchant téléphone et verre pour presser deux mains contre son visage.
Et puis, qu'est-ce que Dabi voulait qu'ils se disent ? Il valait mieux faire comme si rien ne s'était produit, comme si la danse endiablée de leurs lèvres n'avait été que le fruit d'un rêve mouillé au beau milieu de la nuit. Ils devraient même arrêter de se côtoyer un instant et emmètre de sérieuses distances. Ça en valait mieux.
Verrouillant son téléphone, n'ayant pas le temps de répondre, et buvant cul-sec son verre de jus de fruits, Hawks sauta du tabouret pour récupérer sa veste jaune de héros qu'il enfila à la va-vite. Il n'était pas en retard, mais comme toujours, une masse de boulot l'attendait à l'office. Si ça pouvait lui faire un tant soit peu oublier le visage de Dabi qui lui restait fermement gravé en mémoire –surtout celui où ses joues étaient rougies et ses yeux dilatés par leurs ébats-, ça ne pouvait lui faire que du bien.
Au moment où il enfilait son fidèle casque audio sur les oreilles, un bruit curieux attira son attention. Comme si un insecte ou un oiseau grattait la vitre de son salon. Un tournant lentement la tête vers la fenêtre en question, son cœur rata un battement et il lâcha un cri.
Problème numéro 5 le retour ! La fillette qui se faisait appeler Hiromi était à sa fenêtre, tête à l'envers probablement accrochée sur le toit et agitait sa main en guise de bonjour, sourire large sur le visage. Main contre son cœur, Hawks cligna plusieurs fois des yeux histoire de voir qu'il ne rêvait pas, puis s'approcha de la fenêtre qu'il coulissa. Le vent entra dans son appartement, brassant ses cheveux et la fourrure de sa veste.
« Ne te suspends pas comme ça ! » s'exclama-t-il aussitôt, sachant oh combien l'étage était haut. « Tu veux finir le crâne brisé en bas de la rue ? »
L'enfant rit, agita ses ailes et vint s'asseoir sur la rambarde du balcon à distance sécurisée afin que Hawks ne puisse pas l'intercepter.
« Bonjour, Monsieur Hawks ! »
« Comment sais-tu où je vis ? » fut la question totalement déboussolée du héros.
Elle secoua les jambes d'avant en arrière, et Hawks vit qu'elle portait les mêmes vêtements que cinq jours plus tôt, sauf que cette fois-ci, son épais manteau était noué autour de sa taille, laissant ses petites ailes à l'air libre. Pour toute réponse, l'enfant plaça un index contre ses lèvres, indiquant que la réponse révélait du secret.
Hawks ne fut pas long à comprendre qu'elle l'avait surement suivi. Dans les airs en plus, c'était pratique. Ce qui était inquiétant, c'était qu'il ne l'avait pas remarqué. Cette fillette avait vraiment les traits d'un oiseau de proie ou du moins, elle avait de réelles compétences aériennes. Qu'est-ce que la Commission ne ferait pas pour mettre son doigt dessus et l'enrôler une fois qu'elle serait en âge.
« Dis-moi que tu es retournée chez tes parents, » maugréa Hawks en plissant les yeux à son encontre. « Que ça ne fait pas cinq jours que tu vagabondes comme ça. »
« Ne vous en faites surtout pas, Monsieur Hawks. Ce n'est pas de moi dont il faut s'inquiéter. »
Et cette réponse eut le don de triturer encore plus les méninges du héros, loin d'être convaincu.
« Et je suis désolée pour vos yeux, la dernière fois, » reprit-elle en joignant les mains dans la supplication. « Il était impératif que vous ne m'attrapiez pas ! »
« Qu'est-ce que tu faisais avec une arme comme ça sur toi ? Est-ce que quelqu'un cherche à te faire du mal ? »
Elle secoua vivement la tête de gauche à droite de façon négative, et Hawks sentit son cœur s'emballer à la vision de l'enfant qui gigotait beaucoup trop près du bord. Elle semblait certes maîtresse de ses ailes, mais un accident était si vite arrivé.
« Monsieur Hawks, puis-je vous demander une faveur ? » demanda-t-elle ensuite.
L'esprit barbouillé de tout un tas de questions concernant l'enfant, Hawks hocha la tête. Décidemment, cette gamine était étrange. Avait-elle-même des parents ? Cette histoire de parents adoptifs était-elle réelle ? Et sa sœur ?
« Est-ce qu'on peut voler un peu ensemble ? »
À cette question, les yeux de Hawks s'arrondirent. Bon sang… Il avait une petite idée sur la question. Surement cherchait-elle un substitut pour son réel père. Et à cette pensée, son cœur se serra dans la pitié. L'enfant attendait une réponse, ses grands yeux brillants d'espoir. Ses cheveux roux ondulaient doucement au gré du vent. Ses petites mains liées dans une silencieuse supplication.
Hawks était faible pour Dabi. Il l'était aussi pour cette fillette.
« Très bien. Mais pas très longtemps, » capitula Hawks après un petit soupir. « Y'en a qui ont du travail. »
« Génial ! »
L'enfant se jeta presque sur lui, battant des ailes allégrement et enserra l'une de ses mains gantées autour des siennes, si petites. Puis, sans lui lâcher la main, elle le guida hors de son appartement, Hawks se laissa faire, sachant qu'à cet étage, il pouvait laisser la fenêtre ouverte, aucun voleur n'aurait idée de grimper si haut.
Une fois tous les deux dans les airs, ailes rouges sang battant en parfaite symbiose, elle lui lâcha la main et la joie qui émanait de son visage était si forte que Hawks se demanda même si elle ne retenait pas des larmes. Hawks lui sourit doucement, sentant se cœur se serrer lui aussi. C'était si étrange. Si nouveau. Il se sentait si proche de cette gosse. Si proche de ce qu'elle pouvait ressentir.
« Je te suis. Où souhaites-tu aller ? » lui demanda Hawks, appréciant la brise fraiche du vent d'hiver sur son visage, bien emmitouflé dans son costume de héros.
« Allons vers la mer ! »
Elle lui fit signe de main de la suivre et Hawks obéit, volant alors à sa hauteur. Cela faisait si longtemps que Hawks n'avait pas profité d'une petite balade aérienne comme celle-ci. Lorsqu'il prenait les airs, c'était pour se rendre à tel ou tel point, pour épier quelqu'un ou pour délivrer une attaque. Rares étaient les fois désormais où il volait tout simplement pour lui. Et ça faisait du bien.
La mer était étincelante, éclairée par le soleil qui rejoignait doucement le zénith. Aucun nuage ne zébrait le ciel en ce mois de janvier, et la mer paraissait être une étendue limpide et infinie. Filant toujours dans le vent, Hawks baissa d'altitude, retira un gant et plongea le bout de ses doigts dans l'eau glacée de la mer. Un frisson parcourut son échine et il y laissa son épiderme apprécier la fraicheur de l'eau tout en continuant son vol, ailes majestueuses frappant le vent.
La rouquine observa le mouvement et choisit de faire de même, resserra le nœud de son manteau autour de ses hanches et tendit une main vers l'eau. Hawks remarqua son imitation et le sourire béat qui vint marquer le visage de l'enfant. Son cœur se serra de satisfaction à cette vision.
Ils passèrent quelques minutes au-dessus de la mer, testant la vitesse que leur procréait leurs ailes –Hawks ne la lâchant évidemment pas des yeux-. Ils survolèrent le port et regagnèrent plus lentement la ville, passant au-dessus d'immenses parcs verts, et de hauts immeubles.
Soudain, le téléphone portable de Hawks se mit à sonner dans la poche avant de son pantalon, et il se stoppa, planant au-dessus d'un quartier aux maisons toutes similaires et récupéra le portable.
« Hey, juste deux secondes ! » dit-elle assez fort pour se faire entendre par l'enfant un peu plus loin.
Sans faire d'histoire, la fillette s'arrêta elle aussi, hocha la tête, et entreprit quelques figures dans les airs, agiles et précises. Hawks porta le téléphone à son oreille et décrocha.
« Oui ? »
« J't'ai vu voler avec une gamine dans les airs. Qu'est-ce que tu fiches exactement ? »
La voix de Dabi fit tressaillir tout son corps et ses ailes claquèrent vivement dans le vent sous la surprise. Il n'avait pas vérifié qui pouvait bien l'appeler, car en général, c'est toujours soit la Commission, son bureau ou bien son amie Rumi. Jamais ça n'avait été Dabi.
« Da-… Dabi ?! Je croyais que tu refusais d'appeler, par crainte que je ne trace un de tes appels ! »
« Tu réponds pas à mes messages. »
Hawks prit quelques secondes pour placer le téléphone devant ses yeux et voir qu'en effet, derrière l'écran verrouillé étaient notifiés plusieurs SMS provenant de Cendrier sur pattes et de Rumi. Merde.
« Tu as toujours répondu à mes messages, » l'accusa alors Dabi quand Hawks reporta son téléphone près de l'oreille.
« Tu t'es inquiété pour moi ? Mignon, » lâcha Hawks.
Phrase qu'il regretta à la seconde où il la cracha. Ce n'était vraiment pas le moment de blaguer ou pire, flirter comme ça. Pas après les quatre nuits où il se torturait l'esprit à trouver une échappatoire qui se concluait toujours par la même chose : éviter Dabi comme la peste et se concentrer au maximum sur Shigaraki.
« Au lieu de jouer avec ta gamine, ramène tes fesses on a du taff, » reprit la voix de Dabi qui sembla ignorer ses propos.
« J'ai une montagne de dossiers à-… »
« Soit au repaire à midi. »
Et la ligne lui fut aussitôt coupée au nez, Dabi ayant raccroché. Retenant un lever d'yeux au ciel, Hawks soupira de frustration extrême. Il vérifia l'heure de son téléphone.
« Dans vingt minutes ? Mais quel abus, » grommela Hawks entre ses dents.
La bonne nouvelle était que finalement, aller au repaire promettait un avancement. Quand il était là-bas, il pouvait avoir un œil sur tous les membres, récolter un maximum d'informations et surtout, interroger plus en profondeur les motivations de leur boss. Les rares interactions qu'il avait eues avec lui ne lui avait pas apporté grand-chose, mais c'était toujours un petit pas de plus dans cette affaire qui n'en voyait pas le bout.
Rangeant le téléphone, il battit des ailes pour rejoindre l'enfant qui était restée sage dans son coin.
« Désolé, mais il va falloir qu'on se quitte, le travail reprends. »
L'enfant ne parut pas déçue, et hocha vivement la tête. Un enfant aussi facile à supporter que ça était vraiment une bénédiction. Il aurait bien aimé pouvoir féliciter les parents qui avaient élevé cette petite. Puis, la rouquine prit la main de Hawks qui à nouveau, se laissa faire, et le guida jusqu'au parc en contrebas, là où ils y atterrirent tous les deux. Les arbres étaient épais tout autour d'eux, les protégeant du monde extérieur.
« J'ai une question, Monsieur Hawks. Avant que l'on ne se quitte. »
« Eh bien je t'en prie. Tu sais où j'habite, tu sais que j'adore le poulet. Je n'aurais bientôt plus rien à te cacher. Et appelle-moi Hawks, s'il te plaît. »
Regardant à gauche et à droite, comme cherchant ses mots, elle tripota un instant ses doigts pour ensuite poser la question qui lui brûlait les lèvres.
« Est-ce que vous avez une petite amie ? »
Aïe. Il ne s'attendait pas à cette question. Mais après tout c'était logique. C'était une fillette qui devait apprécier lire et voir des films traitant d'amourette et de princes charmants. C'était nouveau pour elle. Hawks s'accroupit alors à sa hauteur, déposant deux mains contre ses frêles épaules.
« Écoute, Himori… Humiro ? »
« Appelez-moi Light. »
« Li-… Light ? OK, si tu veux. »
Il prit une plus grande inspiration, espérant ne pas voir ses yeux brillant d'énergie se teindre d'une vague de déception et de tristesse.
« Light, petite, écoute. Je suis vraiment trop vieux pour toi. Franchement, je suis tout à fait honoré du fait que tu me portes dans ton cœur, mais entre nous… Ça ne peut pas fonctionner. »
« Non ! Non pas dans ce sens ! » s'exclama soudain l'enfant –Light ?- en tirant la langue d'un air dégouté.
Quoi ? Hawks haussa un sourcil, tête sur le côté. D'accord, alors elle restait probablement convaincue de l'utiliser en tant que substitut de père.
« Oh. Tu-… C'était juste par curiosité ? » lui demanda Hawks en lâchant ses épaules, mais restant à sa hauteur.
Elle hocha la tête vivement, décidément dans l'attente d'une réponse. Et malgré lui, Hawks se mit à réfléchir. Il n'avait certainement pas de petite amie actuellement, ni même de petit copain. Néanmoins, le visage de Dabi lui était revenu à l'esprit, et si Light ne se tenait pas face à lui, il se serait surement arraché les cheveux de frustration.
« Eh bien… Techniquement non, » fut la réponse vague de Hawks qui se gratta nerveusement le crâne.
« Non ? »
Hawks se réveilla soudain. Pourquoi raconter ce genre d'histoire à cette petite fille. Un « non » franc pouvait faire l'affaire. Lui et Dabi ? Ensembles ? Et puis quoi encore ? Les sentiments impliqués aussi réciproques soient-ils si Dabi était vraiment intéressé, n'allait pas l'amener plus loin. Stop. Mais avant qu'il ne puisse répondre par ce « non » ferme, Light reprit la parole.
« C'était votre amoureuse au téléphone ? »
Malgré le discernement et sagesse que semblait divulguer l'enfant, il lui restait une incroyable candeur. Et à l'instant actuel, Hawks ne savait pas s'il avait envie de rire ou de pleurer. Quelle ironie du sort, vraiment.
Il nota aussi dans un coin de son esprit que la rouquine avait surement une ouï aussi développée que lui, et qu'elle avait pu entendre ce qu'il disait au téléphone un peu avant.
« Votre copine, c'est cette Dabi. »
Hawks s'étrangla presque avec sa salive et éclata alors de rire. C'était trop pour lui. Il avait hâte de raconter ça à Dabi si… Non. Il n'irait pas lui raconter ça, bon sang ! Il s'était juré de l'éviter le plus possible.
L'enfant quant à elle, rougit d'embarras, ce qui calma aussitôt Hawks. Il tapota alors énergiquement les petites épaules de la fillette en lui souriant gentiment.
« Je ne me moque pas, pardon, pardon, » lui fit-il. « C'est juste que… Ce fameux Dabi, c'est un garçon. »
« C'est donc votre amoureux ? »
Il aimait voir quand les gosses d'aujourd'hui étaient si ouverts d'esprit, cela montrait l'évolution de la société en bien, mais ses propos le prirent un peu au dépourvu. En plus de ça, lier amoureux et Dabi dans la même phrase était semblable à un trou noir chaotique qui vint charcuter son esprit. Ses joues et le bout de ses oreilles s'empourprèrent malgré toutes les bonnes paroles qu'il pouvait se répéter intérieurement.
« Euh. Non, c'est-… »
« Vous pouvez me le dire. Je ne le dirais à personne ! » s'exclama la fillette en attrapant avec vigueur les poignets de Hawks pour les serrer dans un certain réconfort qu'elle tenta de lui apporter. « Et vous inquiétez pas, vous n'avez pas à cacher ce que vous aimez ! Vous savez mon père adoptif est marié avec un autre garçon. »
Oh. Intéressant. Pas la sexualité des deux parents non, mais ce genre de couple ne courrait pas encore beaucoup les rues en ce moment. Restant éberlué par la sagesse d'esprit de cette petite, Hawks finit donc pas noter les informations qu'il venait de récolter concernant les parents.
« Écoute-moi Light, » fit Hawks après un raclement de gorge. « Il est très important que tu oublies ce nom que tu viens d'entendre au téléphone. Je compte vraiment sur toi. Il faut que je puisse te faire confiance. »
Après tout, si par pur hasard elle réutilisait le prénom de Dabi ou racontait ce qu'elle avait fait avec Hawks la journée, les rumeurs pouvaient très vite se répandre. Dabi était un nom qui révulsait et effrayait. C'était d'ailleurs même étrange que l'enfant n'ait pas fait le rapprochement avec le super-vilain. Surement que ses parents avaient choisi de l'élever loin des infos' les plus sombres.
« D'accord, Hawks, » acquiesça-t-elle en mimant une fermeture qui liait ses lèvres.
Ce geste était semblable à ce que Hawks aurait pu faire, et ceci le fit rire doucement. Il se redressa alors, voyant que le temps tournait.
« Et il n'y a pas de fille que vous aimez ? » insista-t-elle.
Étrange, cette petite fixation. Mais il se décida à lui répondre honnêtement, mains sur les hanches.
« Non, pas de jeune fille en vue actuellement. Maintenant, il est temps de rentrer. Et toi, tu vas illico retrouver tes parents. »
« Oui, oui ! » s'exclama-t-elle en tournant les talons, petit geste de la main en guide de au revoir, pour ensuite, courir à toute vitesse jusqu'aux arbres.
La maligne, elle restait méfiante quant aux agissements de Hawks qui souhaitait vraiment retrouver sa famille. Hawks la laissa partir, mais porta deux mains autour de sa bouche afin de faire porter sa voix :
« Et remets ton manteau tu vas attraper froid comme ça ! »
Hawks petit papa poule héhé.
Petite clarification au cas où : les parents adoptifs que mentionne parfois la petite rouquine, ce ne sont évidemment pas Hawks et Dabi. Je tenais juste à le préciser :)
