chapitre d
Severus regardait Harry dormir paisiblement, tout en lui caressant délicatement la joue avec son pouce. Tout en cet instant était imprégné de tendresse, ses doigts sur sa joue, son regard éclairé d'une douce lueur, le léger sourire illuminant son visage. Tout ceci pourrait laisser croire à un tableau idyllique décrivant la romance de deux hommes. Mais ce doux rêve s'écroulait subitement par un seul léger détail : les mains du plus jeune attachées aux barreaux du lit. Et en regardant de plus près, on pouvait apercevoir toute la tristesse qui se mêlait à la tendresse de la scène. Non, plus rien ne laissait supposer que tout allait bien dans le meilleur des mondes.
Voyant Harry s'agiter légèrement dans son sommeil, signe de son prochain réveil, Severus suspendit son geste et se forgea son habituel masque, celui d'un yakuza insensible au moindre sentiment. Le jeune homme ouvrit lentement les yeux, et son regard encore embrumé se posa sur Severus, assis sur le bord du lit en train de le regarder. A moitié réveillé, Harry tenta de se redresser quand il se rendit compte que ses mains étaient attachées. Son regard dériva sur ses poignets, les découvrant liés ensemble aux barreaux du lit. Tout se précipita en une seconde. Il écarquilla les yeux, les souvenirs de la nuit lui revenant violemment en mémoire.
"Ne t'approche de moi, salaud ! »
Severus se renfrogna légèrement devant cette exclamation : alors il n'avait toujours pas compris ? Très bien, il le lui montrerait autant de fois qu'il le faudrait alors. Le yakuza s'approcha lentement de Harry qui tentait vainement de reculer, tirant de toutes ses forces sur les liens enserrant ses poignets. Severus prit violemment son menton entre deux doigts, le forçant à plonger son regard dans le sien. Même si ses yeux n'exprimaient qu'une frayeur intense, le yakuza se délecta de celle-ci : ce n'était pas ce qu'il aurait voulu voir, mais au moins maintenant, Harry commençait à comprendre...
"Jouer dure pour avoir. Tu sais j'ai tout mon temps..."
Et ainsi, il ferait en sorte qu'il comprenne définitivement. Le yakuza s'approcha alors doucement mais dangereusement des lèvres de Harry celui-ci tournant la tête en voyant la distance s'amenuiser entre eux, tout en fermant les yeux. Severus arrêta son avancée, regardant la réaction du jeune homme d'un air contrarié.
Celui-ci, ne voyant rien venir, entrouvrit légèrement les yeux et le yakuza profita de ce moment pour tourner brusquement le visage de Harry et lui voler un baiser. Sa langue s'introduisit sournoisement dans sa bouche pour initier un baiser sans tendresse, d'une violence bien destinée à rappeler à Harry à qui il appartenait. Severus rompit brusquement le baiser, son amant s'effondra alors sur le lit, les yeux toujours écarquillés par la frayeur.
Severus regarda quelques instants Harry reprendre son souffle, une main devant la bouche et la tête baissée, ses yeux semblant s'obstiner à éviter son regard.
"Au bain !"
Le jeune homme sursauta légèrement à l'entente de la voix du yakuza et releva légèrement les yeux, mais n'osa pas bouger ni prononcer le moindre mot.
" Et fissa, s'impatienta la yakuza.
- Où... où sont mes vêtements ? questionna Harry d'une voix tremblante.
- Je les ai brûlé", mentit-il en souriant diaboliquement.
Il se figea à cette réponse, mais se leva tout de même pour se diriger vers la salle de bain, Severus ne le quittant pas des yeux. Une fois entré et alors qu'il s'apprêtait à fermer la porte derrière lui, Harry vit le yakuza se lever du lit, et se diriger lui aussi vers la salle de bain, le tout en tenue d'Adam. Il se crispa, se demandant s'il devait fermer la porte pour ne pas le laisser entrer, au risque de subir les foudres de Severus par la suite, ou bien le laisser recommencer... Ses doigts se mirent subitement à trembler au souvenir de cette nuit, et ses yeux se baissèrent, se teintant d'une lueur triste.
Face à l'immobilité du jeune homme, qui gardait les yeux fixés vers le sol et les doigts crispés sur la porte, Severus continua à avancer et un sourire aux lèvres, il saisit les deux poignets de Harry et le força à reculer jusqu'à la cabine de douche. Une fois à l'intérieur, il fixa son regard dans celui effrayé de son amant, et déclara, d'une voix sensuelle :
«Tu peux chialer autant que tu veux mais il y a une chose tu m'appartiens ma petite femme» Dit le yakuza avec un sourire glacial qui faisait froid au dos.
Nu et seul dans le lit, Harry regardait distraitement par la fenêtre, perdu dans ses pensées. Cela faisait maintenant un mois qu'il n'avait pas quitté l'appartement de Severus , passant la majeure partie de son temps dans cette chambre, et plus précisément dans ce lit. Depuis cette fameuse nuit en fait. Il poussa un long soupir, tout en retenant ses larmes, qui venaient maintenant naturellement dès qu'il commençait à se plonger dans ses pensées. Tous les soirs, dès qu'il rentrait du travail, le yakuza s'évertuait à lui montrer qu'il était sien, entraînant son corps pour qu'il devienne totalement dépendant de ses caresses, et qu'ainsi il ne puisse plus le quitter.
Le jeune homme tapa d'un poing rageur sur son lit : le pire c'était que ce que ce connard lui faisait marchait à la perfection. Tous les soirs, son corps répondait outrageusement à ses caresses, à la plus grande horreur de Harry. Mais même si son corps ne lui obéissait plus, il ne lui donnerait pas son cœur. Ou plus précisément il ne lui donnerait plus. Il sombra un instant dans la tristesse, songeant à ces jours - qui semblaient maintenant si lointains - pendant lesquels il avait pensé que Severus lui comprenait mais il s'était trompé. Mais quel con il avait été ! Il n'avait toujours été qu'un bon partenaire de baise, rien de plus, et il avait toujours été le seul à éprouver des sentiments pour son amant...
Son cœur se serra douloureusement à cette pensée, ses yeux se teintant d'une douleur infinie. Harry resta quelques instants ainsi, puis releva brusquement la tête, poussé par une nouvelle motivation : il devait s'enfuir d'ici. Mais comment échapper à un yakuza qui contrôlait toute la ville dans l'ombre, possédant des hommes dans chaque rue, l'informant de la moindre rumeur ? Oui, Harry se doutait bien que le plus difficile n'était pas de sortir de cet appartement, mais bien de disparaître totalement de la circulation, de telle manière que Severus ne puisse plus retrouver sa trace. Difficile mais pas impossible. Le jeune homme se leva, rassembla ses vêtements, et décida de s'atteler à la mise en œuvre de son plan, le tout après une bonne douche bien chaude.
La soirée commençait tout juste, et déjà Severus était sur le chemin de son appartement. C'était vrai que le yakuza avait pris l'habitude de rentrer plus tôt chez lui, mais il négligeait quelque peu son travail. Il sourit en pensant à ce qui l'attendait chez lui. Ou plutôt à qui l'attendait chez lui. Cela faisait bientôt deux mois depuis cette nuit où Harry avait déclaré vouloir le quitter. Sur le coup, il ne pouvait le nier, il avait perdu son calme, et même sans doute un peu paniqué. Mais ce n'était plus un problème maintenant.
Le jeune homme avait compris son erreur, et cette stupide idée de partir ne lui viendrait même plus à l'esprit dorénavant. Il s'en était assuré.
La limousine s'arrêta devant le hall de son immeuble, et l'un de ses gardes du corps vint lui ouvrir la porte, rapidement rejoint par trois autres venant de descendre de la voiture suivant la limousine. Severus n'accorda aucune attention à ses hommes, marchant d'un pas vif pour rentrer rapidement dans son appartement. Ses hommes agirent donc comme d'habitude, deux se postant à l'entrée de l'immeuble, et deux l'accompagnant pour ensuite se poster devant la porte de son appartement.
