Cet OS a été écrit pour la 136e Nuit du FoF autour du thème "œil". Le FoF est un forum ouvert à tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou participer à des jeux. Le lien est dans mes favoris !


Attention pour ceux qui suivent le Fauve des Balkans : ceci est presque un spoiler !


Les plus beaux yeux du monde

Il y avait d'abord eu les yeux de son père, noirs, impitoyables, et son propre regard si semblable au sien. Ensuite étaient venus les yeux en amande, d'une intense couleur émeraude, qui le transperçaient à chaque battement de paupières ; des yeux qui étaient pour lui les plus beaux du monde et pour lesquels il se serait damné corps et âme. Puis les yeux bleus pétillants du vieux professeur, du grand sorcier, et les prunelles écarlates du Seigneur des Ténèbres. Mais toujours les yeux verts le poursuivaient, la nuit, le jour : sa lumière et son tourment. Les yeux de Lily, les plus beaux du monde, la dernière image qu'il voulait emporter de cette vie.

Mais ce n'était pas la fin, et ses yeux s'étaient rouverts sur un autre regard : brun et chaud, bordé de longs cils, moucheté de paillettes d'or. Un regard magnifique, très expressif, l'un des plus étranges et des plus beaux qui soient, il le reconnaissait sans gêne car il appartenait à une elfe de maison. Il y avait aussi ces yeux charbonneux, ensevelis sous le maquillage, parfois bordés de cernes ou de très fines rides au coin externe : tantôt rieurs, tantôt moqueurs, insolents, foudroyants. Et les prunelles bleues de Narcissa Malefoy, impériales et perçantes quel que soit le déguisement sous lequel il se présentait.

Dans sa nouvelle vie, il avait croisé de nouveaux yeux superbes : deux saphirs austères étincelants de la beauté des Vélanes. Combien d'hommes avaient-ils eu la chance de contempler autant de si beaux yeux ? Avec eux, le regard simple et franc de Roman, chaleureux, bienveillant. Puis étaient revenus les yeux charbonneux et leur frange de cils noirs, cette fois aigus, concentrés et d'une résolution sans faille.

Maintenant, accroupi dans l'herbe devant une paire de genoux récemment écorchés, il leva les yeux et croisa à nouveau ce regard. Brillant sous des cheveux en bataille, les pupilles dilatées par l'action ; pas de maquillage, sauf quelques traces au bord des paupières. Ce n'étaient pas les plus beaux yeux du monde ; peut-être même étaient-ils assez banals sans leur parure cosmétique. Mais après les événements de cette nuit, il savait sans le moindre doute qu'il irait plus loin que l'enfer pour ces yeux-là.

Ou n'était-ce qu'un effet de l'adrénaline ?


Ben oui, c'est pas parce qu'on a affaire à un gros râleur qu'il n'est pas sensible à la beauté !