– Et si on sortait de ce tribunal ?

– Je ne suis pas certain qu'il soit recommandé que je me montre avec toi. Les Fedala m'ont aidé à te sortir de là mais ils n'oublieront pas l'injure pour autant.

– Karim ne te fera rien tant que je suis à tes côtés.

– Est-ce que c'est vraiment ce que tu souhaites ? Tu respectes cet homme et moi, je respecte ça alors ne forçons pas les choses. Laisse-moi quitter le Palais de Justice d'abord.

– D'accord. Si tu préfères.

Il l'embrassa avec toute la tendresse dont il fut capable avant de la laisser, quittant les lieux aussi rapidement que possible. Croiser un Fedala ne serait pas de bonne augure, Xavier le savait très bien.

Quand ce fut au tour d'Elsa de quitter la salle d'audience, elle en scruta les moindres recoins tout en réalisant enfin qu'elle n'y remettrait plus jamais les pieds. Ç'en était terminé pour elle. Elle souhaitait une autre vie, dorénavant. Une vie qu'elle estimait mériter à juste titre.

Du monde se trouvait sur le parvis du Palais de Justice bien qu'un calme troublant y régnait en maître. C'est lorsqu'elle croisa le regard de Xavier au loin qu'Elsa osa esquisser un sourire avant que son regard ne trouve celui de Karim, profondément blessé. Le sourire quitta aussitôt le visage de la brunette qui baissa les yeux avant qu'un cri ne la force à faire autrement.

– Espèce de salope ! Vous avez tué ma femme !

Christophe Rousseau était la source de ces cris, un fusil de chasse en mains. Elsa s'immobilisa, de peur qu'un mouvement brusque n'agite l'homme au point de le faire tirer. Personne n'était en mesure de dire si l'arme était chargée ou non.

– Elle est morte à cause de vous !

– Elsa !

Le coup partit plus vite qu'elle ne le réalisa tandis qu'un homme venait de plaquer Rousseau au sol en essayant de le désarmer. Le premier réflexe d'Elsa fut de se vérifier. Était-elle blessée ? La réponse fut rapide : non. Elle n'avait rien. Pourtant, des gens s'excitèrent tout autour d'elle, laissant présager le pire. C'est quand la brune se retourna qu'elle comprit.

– Non !

Dévalant les quelques marches la séparant du corps allongé par terre, Elsa se mit à genoux tout en retirant sa veste qu'elle mit en boule avant de l'appliquer fortement contre la blessure par balle.

– Est-ce que tu…vas bien ? demanda Xavier, à demi conscient en raison du choc.

– Tais-toi, économises tes forces, je t'en supplie.

– Elsa…

– Chut, les secours vont arriver. Ça va aller, d'accord ? Reste avec moi. Il faut que tu gardes les yeux ouverts.

Elsa se tourna vers les autres personnes en leur hurlant d'appeler les secours, Abdel pourtant déjà au téléphone avec les pompiers de Marseille.

– Est-ce que-

– Arrête de parler, Xavier, je t'en supplie. Concentre-toi sur le son de ma voix, d'accord ? Tu te souviens de ce que tu m'as dit pendant l'incendie ? Je n'ai pas oublié, moi. Il y a des choses qui méritent qu'on se batte pour elles. N'oublie pas ça. Reste avec moi.

Un corps s'approcha d'eux. Karim. Il poussa doucement Elsa sur le côté et prit le relais, faisant pression sur la plaie par balle.

– C'est pas le moment de nous lâcher, Proc' !

La scène était surréaliste. Elsa eut du mal à croire que Karim était bel et bien en train de venir en aide à Xavier. Cela ne tenait pas debout. Ne rêvait-il pas de voir le procureur mort ?