A/N : Merci à LaFanYaoiste-2meCompte et Ancolympe pour vos retours :)

Bonne lecture, j'espère que ce nouveau chapitre vous plaira à tous et toutes !


Harry ne pouvait pas dormir. La douleur dans son bras était atténuée par les potions qu'il avait prises, mais juste assez pour être supportable. Sans compter que la sensation des os qui se reformaient progressivement à l'intérieur de son corps était des plus dérangeantes. Avec un soupir résigné, il resta allongé sur le dos. Le matelas était moins moelleux que celui de son lit au dortoir de Griffondor, mais cent fois plus confortable que celui qu'il avait chez les Dursley.

La lumière de la lune passait à travers les fins rideaux des fenêtres de l'infirmerie, illuminant l'intérieur de la pièce. Harry contempla quelques instant la question de la fameuse noirceur de la nuit. Lorsque l'environnement de base était blanc, ou lorsque le ciel était suffisamment dégagé pour permettre à la lune de briller, il avait toujours l'impression que le monde était composé de nuances de bleu plutôt que d'un noir d'encre uni.

D'une certaine manière, le monde blanc de l'infirmerie était désormais comme plongé sous l'eau. L'idée fit flotter un sourire sur le visage du jeune sorcier, et il se mit à contempler le plafond en laissant son esprit vagabonder.

Sang... Besoin de sang...

Harry sentit son visage perdre son habituel teint hâlé en une seconde. Il n'avait entendu cette voix qu'une seule fois et plusieurs semaines auparavant, mais il la reconnut immédiatement. Comme dans le couloir, elle sortait de nulle part tout en résonnant autour de lui et il fut incapable de définir son origine.

Tuer... Je veux tuer...

Un hoquet de stupeur lui échappa. La créature semblait moins affaiblie que la fois précédente, mais une colère indiscutable transparaissait dans sa voix. Harry n'avait aucun doute que cette fois, la menace de mort serait mise à exécution.

Du sang... Je sens l'odeur du sang...

La voix s'estompa progressivement, et Harry dut se faire violence pour ne pas se lever immédiatement et la suivre hors de l'infirmerie. Ses instincts lui hurlaient que le danger était réel et que quelqu'un allait être blessé sous peu – ou pire – s'il n'intervenait pas.

Alors qu'il tendait son bras valide pour envoyer valser les draps et suivre la voix, une frêle silhouette apparut sur son lit en le faisant sursauter.

- Monsieur Harry Potter !

Harry reconnut immédiatement la créature aux grandes oreilles vêtue d'une taie d'oreiller sale, et dont les énormes yeux brillaient d'un mélange d'admiration et d'inquiétude.

- Dobby !? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Le ton du sorcier véhiculait suffisamment de reproches pour que son agacement soit parfaitement clair. Il n'avait pas oublié la façon dont l'elfe de maison avait volé les lettres de ses amis et fait tomber le gâteau sur les invités des Dursley, au prétexte de l'aider. S'il avait eu la moindre idée de la punition qu'Harry avait reçue après avoir été accusé à sa place, peut-être aurait-il revu sa définition d'aide.

- Dobby est venu prévenir Monsieur Harry Potter ! Monsieur Harry Potter n'aurait pas dû retourner à Poudlard cette année ! Monsieur Harry Potter aurait dû rentrer chez lui après avoir raté le train !

- Comment est-ce que tu... attends, fit Harry en comprenant soudainement. C'est toi qui a fermé la barrière !

- En effet, Monsieur.

L'elfe avait l'air affligé d'avoir commis un tel acte, tout en n'éprouvant pas le moindre remord.

- On a failli être renvoyés à cause de toi, Dobby, tu te rends compte ?

- Dobby est vraiment désolé, Monsieur Harry Potter. Mais des choses horribles vont bientôt se produire à Poudlard, et Dobby veut que Monsieur Harry Potter soit sain et sauf ! Dobby pensait que son Cognard suffirait à..

- Ton Cognard !? explosa Harry sans se soucier du bruit. C'est toi qui a essayé de me tuer avec cette chose ?

- Pas de vous tuer, Monsieur, pas de vous tuer... Dobby ne ferait jamais ça, jamais ! fit-il avec un air horrifié. Dobby voulait juste que Monsieur Harry Potter soit effrayé et rentre chez lui en sécurité. Dobby regrette beaucoup d'avoir blessé Monsieur Harry Potter. En pénitence, Dobby a dû se repasser les mains.

Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'Harry remarqua les bandages mal appliqués sur les mains de la frêle créature. Le jeune sorcier se força à inspirer et expirer un grand coup avant de parler. L'idée que quelqu'un s'inflige volontairement de telles punitions à cause de lui le rendait presque aussi malade que s'il les avait infligées lui-même.

- Dobby, c'est à Poudlard que je suis chez moi, pas chez les Dursley. C'est ici que je suis le plus en sécurité, pas là-bas !

- Plus maintenant, Monsieur Harry Potter, plus maintenant ! Monsieur Harry Potter doit vite repartir avant que les choses terribles commencent, maintenant que l'histoire est sur le point de se répéter !

Harry se figea immédiatement.

- Se répéter ? Tu veux dire que c'est déjà arrivé dans le passé ?

Dobby plaqua immédiatement ses mains sur sa bouche, horrifié d'avoir laissé passer l'information, et attrapa l'élément le plus proche de lui pour se frapper la tête.

- Dobby ne devait rien dire ! Méchant Dobby, méchant, méchant Dobby !

- Dobby, arrête ça tout de suite ! gronda Harry. Et dis-moi immédiatement tout ce que tu sais !

- Dobby est désolé, Monsieur Harry Potter, mais Dobby ne peut rien dire...

Avec un dernier regard désolé, l'elfe claqua des doigts et disparut dans un souffle, ne laissant aucune trace de lui. Harry poussa un soupir exaspéré et retomba dans son lit, en passant mécaniquement une main sur son visage puis dans ses cheveux. Le jeune sorcier avait à la fois un début de piste et une bonne dizaine de nouvelles questions.

Se rappelant la voix qu'il avait entendue avant l'apparition de Dobby, il allait de nouveau repousser les draps pour se lever, mais se figea à mi-mouvement en entendant du bruit approcher. La lumière vacillante de plusieurs baguettes apparut à l'entrée de l'infirmerie, annonçant l'arrivée imminente de plusieurs personnes.

Harry prit sa décision en un clin d'oeil et laissa les draps où ils étaient, avant de s'installer dans une position naturelle et de faire semblant de dormir. Il laissa cependant ses yeux légèrement entrouverts. Si on lui posait la question, il pourrait toujours répondre avoir été réveillé par le bruit.

Parmi les murmures étouffés, il reconnut les voix de McGonagall et de Pomfrey. Les deux étaient en robe de chambre et semblaient excessivement inquiètes.

- Par Merlin, Minerva, que s'est-il passé ?

À travers ses paupières entrouvertes, Harry vit un corps figé être disposé sur un lit selon les indications de l'infirmière.

- Je n'en ai aucune idée, Poppy, souffla la directrice. Un des préfets l'a retrouvé pendant sa ronde.

Dumbledore entra à cet instant, et malgré l'urgence de la situation, Harry remarqua que le directeur avait définitivement un sens des couleurs des plus douteux. Le vieil homme portait une robe de chambre rouge avec des rayures violettes absolument hideuse.

- Mais qu'est-ce que Crivey pouvait bien faire hors de son lit à une heure pareille avec son appareil photo ? s'étonna Pomfrey.

Harry sentit son estomac se retourner pour la seconde fois de la soirée. Colin lui avait fait part deux jours plus tôt de son souhait de photographier les fantômes de Poudlard, et avait sans doute décidé d'ignorer le couvre-feu pour augmenter ses chances de prendre une photo au clair de lune.

S'il avait seulement pensé à le dissuader de son idée, ou s'il avait pris le temps de parler avec lui pour savoir ce qu'il avait en tête, s'il avait... La culpabilité et le remord venaient de revenir en force dans son esprit et il se força à rester calme. La voix de Pomfrey contenait de la surprise, mais restait posée, donc Colin était vivant. Il s'accrocha à cette pensée et se focalisa sur la discussion.

- Je l'ignore, soupira McGonagall. Je demanderai aux autres Griffondors demain matin, mais ce n'est pas le plus urgent. Poppy, je crois... je crois bien qu'il a été pétrifié.

- Ce serait une autre victime ? pâlit l'infirmière.

Les deux femmes se tournèrent vers Dumbledore, qui s'était approché du lit.

- Je crains fort que vous ayez raison toutes les deux. Mais examinons son appareil, peut-être est-il parvenu à prendre une photo de son agresseur.

Avec empressement, McGonagall ouvrit le cache pour en sortir la pellicule, mais celle-ci partit en fumée dès que le clic signala l'ouverture. Les trois adultes restèrent muets devant le petit volute. Lorsque la directrice de Griffondor parvint à s'exprimer, ce fut d'une voix blanche dénuée de son assurance habituelle. Harry était estomaqué d'entendre la sévère enseignante aussi ouvertement bouleversée.

- Albus... est-ce que... est-ce que ça signifie...

La professeure de Métamorphose fut incapable d'achever sa phrase, mais le directeur avait néanmoins compris la question et répondit d'une voix si posée qu'elle semblait exempte de toute émotion.

- J'en ai bien peur, Minerva. Ce que nous craignions s'est produit. La Chambre des Secrets a bel et bien été ouverte de nouveau.

Dans son lit, Harry écarquilla les yeux pendant une seconde avant de se forcer à les refermer et à rester immobile. Il fallait absolument qu'il parle à Ron et Hermione, et le plus vite possible.

-o-oOo-o-

Le lendemain matin, dès qu'Harry eut le feu vert de Pomfrey, il sortit de l'infirmerie et fonça rejoindre ses meilleurs amis pour les informer de la conversation qu'il avait entendue, et du retour de la fameuse voix.

Le Golden Trio s'était installé dans une salle de classe inoccupée pour discuter. La pluie qui s'était mise à tomber les avait rapidement dissuadés d'utiliser le parc. Hermione et Ron avaient tous deux pâli lorsqu'Harry arriva à la fin de son récit, mais la jeune sorcière releva aussitôt le point principal.

- De nouveau ? Mais ça voudrait dire... qu'elle a déjà été ouverte dans le passé ?

- Oui, et Dumbledore et McGonagall le savent.

- Mais s'ils savaient pour la Chambre, pourquoi ils n'ont rien fait ? s'agaça Ron. Pourquoi ils n'ont pas prévenu les élèves ?

Harry passa une main dans ses cheveux en signe d'agacement. Il avait les mêmes questions, et aucune réponse. Hermione passa quelques instants à réfléchir, et proposa une idée d'une voix hésitante.

- Ils ont sans doute pensé que c'était une mauvaise blague. Après tout, si elle a déjà été ouverte, peut-être qu'un parent en a parlé à un élève...

- Mais ça laisse beaucoup trop de monde suspect, soupira Harry. Après tout, on ne sait même pas quand elle a été ouverte exactement !

- Merlin, Harry, il faut qu'on fasse quelque chose quand même ! gronda Ron. On peut pas laisser les élèves se faire attaquer les uns après les autres !

Hermione pinça les lèvres.

- Harry, tu as bien dit que McGonagall était à l'infirmerie et semblait savoir de quoi il s'agissait ?

Le brun hocha la tête, sans trop comprendre où sa meilleure amie voulait en venir.

- Alors je propose que demain matin, pendant le cours de Métamorphose, je lui pose directement la question. Avec un peu de chance, elle acceptera de répondre.

À défaut d'une meilleure idée, les trois amis décidèrent qu'il s'agissait effectivement de la meilleure option et retournèrent à la salle commune, où Hermione les força à faire leurs devoirs pour au moins la moitié de la semaine à venir avant de s'estimer satisfaite.

-o-oOo-o-

Le lundi matin, le cours de Métamorphose passa dans un silence relatif et une atmosphère tendue. McGonagall était préoccupée, et même si son cours était aussi clair et organisé qu'à l'accoutumée, tous les Griffondors étaient capables de dire que leur directrice de maison était inquiète.

- Aujourd'hui, nous allons légèrement augmenter la difficulté et transformer des animaux en verres à pied.

Quelques regards surpris apparurent ici et là dans la salle, et tous les élèves tournèrent leur attention sur le superbe toucan qui restait sagement sur le bureau du professeur.

- Vous faites trois mouvements nets de haut en bas avec votre baguette et vous prononcez les mots "ferra verto". Observez bien la façon dont je m'y prends. Un, deux, trois, Ferra Verto !

Sous les yeux impressionnés des élèves, le toucan se transforma en quelques secondes pour devenir un magnifique verre à vin haut d'une trentaine de centimètres, délicatement ouvragé avec des gravures d'oiseaux sur toute sa surface sans pour autant perdre la moindre transparence.

- À vous maintenant, fit-elle. Monsieur Weasley, veuillez commencer.

À côté de Harry, Ron prit un air paniqué. Il n'avait toujours pas eu l'occasion de changer de baguette, ou même de la réparer convenablement. Devant lui, Croûtard semblait au moins aussi effrayé à la perspective de servir de cobaye. Bravement, le rouquin dirigea tout de même sa baguette vers le rat et s'efforça de refaire les même mouvement que McGonagall.

- Un, deux, trois, Ferra Verto !

Croûtard couina, puis changea très lentement de forme pour prendre les vagues contours d'une coupe avec un pied. Ce faisant, il conserva cependant sa fourrure et sa queue, et de façon étrange, parvenait toujours à émettre des petits couinements apeurés. Ron observa quelques instants le pathétique résultat et sentit le rouge lui monter aux joues en entendant les rires de la classe.

- Il faut remplacer cette baguette, monsieur Weasley, déclara simplement McGonagall.

Voyant que l'atmosphère s'était légèrement détendue, Hermione prit son courage à deux mains et leva l'une d'entre elles.

- Oui, miss Granger ?

- Professeur, est-ce que vous pourriez nous parler... de la Chambre des Secrets ?

Toute trace de sérénité disparut du visage de l'enseignante, et le silence se fit immédiatement dans la classe. Croisant le regard curieux et inquiet de ses élèves, McGonagall inspira discrètement.

- Très bien. Si vous insistez... j'imagine qu'après ce qui s'est passé, vous avez le droit d'être au courant.

Elle se mit à marcher dans la salle de classe, lentement, et commença son récit.

- Comme vous le savez, Poudlard a été fondée il y a plus de mille ans par quatre des plus grands sorciers et sorcières de leur époque. Godric Griffondor, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle, et Salazar Serpentard. Tant qu'il ne s'agissait que de bâtir l'école et d'établir les principales matières enseignées, tous quatre travaillèrent en parfaite harmonie.

Pas un bruit ne perturba le discours de la professeure, tous les élèves suspendus à ses mots. La plupart se doutaient déjà qu'un problème allait arriver très bientôt dans la suite de son histoire.

- Cependant, lorsqu'il fut question de savoir qui serait admis dans cette école, une dissension eut lieu et l'un des fondateurs refusa catégoriquement de s'aligner avec les trois autres.

- Devine lequel, chuchota Ron à l'attention de Harry.

- Salazar Serpentard souhaitait que la sélection à l'entrée soit plus stricte, poursuivit McGonagall, afin que l'art de la magie ne soit enseigné qu'aux "vrais" sorciers et sorcières, autrement dit aux Sang-purs.

- Il voulait empêcher les enfants de moldus d'apprendre la magie ? lança quelqu'un.

Harry remarqua qu'Hermione se tendit légèrement. Bien qu'elle ne s'en plaigne jamais et soit en apparence fière de la double culture qu'elle véhiculait, le brun savait que ce statut particulier pesait sur les épaules de sa meilleure amie.

- Selon lui, ces enfants n'étaient pas dignes d'apprendre la magie, confirma la professeure. Lorsqu'il comprit qu'il ne pourrait convaincre les autres, il disparut. Maintenant, selon la légende...

McGonagall hésita imperceptiblement, puis continua.

- On raconte qu'avant de partir, Salazar Serpentard aurait construit une salle secrète dans le château, qui demeurerait scellée jusqu'à ce que son authentique héritier arrive à l'école et achève le projet de son ancêtre.

Plusieurs exclamations retentirent dans la salle, tous les élèves comprenant rapidement le sous-entendu de la directrice de maison. Toutes celles et ceux qui avaient un statut de Né-moldu ou de Sang-mêlé perdirent inconsciemment quelques couleurs.

- Apparemment, seul le véritable héritier de Salazar Serpentard pourrait ouvrir le passage menant à cette chambre, et libérer la chose horrible qui s'y cache, acheva-t-elle. L'école a été fouillée de très nombreuses fois, vous vous en doutez, mais en vain. Personne n'a jamais pu trouver l'entrée de cette chambre, et elle tomba dans l'oubli, jusqu'à ce que...

Elle s'interrompit brusquement.

- Jusqu'à ce que quelqu'un l'ouvre sans révéler sa position, n'est-ce pas, professeure ? compléta Harry.

Sans répondre verbalement, McGonagall fit un bref hochement de tête. Hermione, pâle comme un linge, posa une dernière question d'une voix blanche.

- Professeur, selon la légende... qu'est-ce qu'il y a dans la Chambre des Secrets ?

- Personne ne le sait, répondit-elle sincèrement, mais les rumeurs racontent qu'il s'agirait d'une arme que seul l'héritier légitime de Serpentard serait capable de contrôler. La légende prétend qu'il s'agit... d'un monstre.

Le silence régna pendant presque une demi-minute dans la salle de classe, personne n'osant prononcer le moindre mot, tous les élèves à la fois fascinés et horrifiés par ce qu'ils venaient d'entendre.

McGonagall n'avait pas le moindre doute que l'histoire qu'elle venait de raconter aurait fait le tour de l'école avant le déjeuner. Elle soupira brièvement, mais ne regretta pas sa décision. Quelqu'un l'aurait découvert tôt ou tard, et en agissant préventivement, elle s'assurait d'avoir un certain contrôle sur ce qui se dirait dans les couloirs.

Harry resta silencieux jusqu'au repas. Même le cours de Lockhart ne le sortit pas de ses pensées, malgré les multiples efforts du professeur pour attirer son attention. Ron voulut le secouer à une ou deux reprises, notamment lorsque Malfoy fit une remarque sur les capacités intellectuelles du Griffondor, mais Hermione ordonna assez froidement au roux de laisser son meilleur ami tranquille et d'ignorer les provocations du Serpentard.

Pous être plus précis, Harry n'entendait même pas les remarques de son rival, ce qui agaçait prodigieusement ce dernier. Recevoir un regard noir ou une réplique cinglante de la part du Griffondor, Draco en avait l'habitude et savait qu'il s'agissait de leur manière de communiquer. Mais être complètement ignoré était un nouveau traitement qu'il n'appréciait pas du tout. Un Malfoy n'était PAS ignoré. Un Malfoy était envié, admiré, jalousé, éventuellement détesté dans le cas de Potter puisque ce dernier ne faisait rien comme tout le monde, mais certainement pas ignoré.

Il essaya de provoquer une réaction chez son rival en multipliant les remarques, regards hautains et autres moyens de provocation habituels, mais le brun resta complètement sourd à tout ce qu'il pouvait faire ou dire. Le seul résultat fut d'énerver Weasley, ce qui ne présentait absolument aucun intérêt aux yeux du blond. Même si ça semblait amuser grandement le reste des Serpentards, Zabini et Nott en tête de file.

Environ quinze minutes avant la fin de la classe, Draco était arrivé à la conclusion que quelque chose d'important s'était produit au cours précédent. Granger semblait préoccupée aussi, et avait été particulièrement sèche les quelques fois où elle avait rappelé Weasley à l'ordre. Qu'à cela ne tienne. Draco allait trouver ce qui perturbait son rival, régler le problème – ou demander à son père de le régler pour lui – et tout rentrerait dans l'ordre.

C'est en arrivant au déjeuner qu'il entendit parler de la rumeur concernant la Chambre des Secrets et le récit de McGonagall. La professeure de Métamorphose était peut-être la seule Griffondor pour qui les élèves de Serpentard éprouvaient un semblant de respect. Si elle était à l'origine de l'histoire qui circulait, c'est que celle-ci était probablement fiable.

Pour plus de sécurité, le Serpentard résolut tout de même d'écrire à ses parents le soir même pour en apprendre plus sur cette fameuse légende. Sa décision prise, il retourna à son assiette avec un air satisfait avant de jeter un regard de l'autre côté de la salle, vers la table des Griffondors. À sa grande surprise, il croisa le regard de Potter et lui envoya son fameux rictus moqueur et supérieur.

Le brun fronça les sourcils, visiblement agacé, puis son visage s'éclaira d'un coup et il tourna la tête pour répondre à Granger. Étonné par ce brusque changement d'attitude, mais content que son rival semble enfin sorti de son état quasi-catatonique, Draco se concentra sur la tâche consistant à décrocher Pansy Parkinson de son bras. L'exercice s'annonçait ardu.

-o-oOo-o-

Le même après-midi, après qu'ils eurent fini les cours, le Golden Trio se retrouva à nouveau dans une salle inoccupée quelque part au quatrième étage. Le récit de McGonagall leur avait donné de quoi réfléchir, et Harry tenait à ce qu'ils partagent leurs conclusions.

- Si la Chambre des Secrets a été ouverte et renferme un monstre, commença Harry, ça explique la voix.

- Mais pourquoi tu es le seul à l'entendre si c'est un monstre ? Et comment il se déplace sans que personne réussisse à le voir ?

Harry retint un soupir exaspéré. Ron avait beaucoup de qualités et était un incroyable stratège aux échecs et au Quidditch, mais il semblait incapable d'appliquer cette capacité de réflexion à un autre domaine.

- Je n'en sais rien, répondit le brun avec franchise.

- Au moins, commença Hermione en sortant de ses pensées, on en sait un peu plus sur qui peut être derrière l'ouverture de la chambre. Même si retrouver la trace d'un descendant de Salazar Serpentard doit être pratiquement impossible sans des registres familiaux très précis, soupira-t-elle.

- Réfléchissons, déclara Ron, on doit trouver quelqu'un qui est à Serpentard et qui déteste les Né-moldus...

Le manque de subtilité était si évident qu'Harry et Hermione échangèrent un regard entendu avant que la sorcière réplique.

- Si tu fais allusion à Malfoy, je pense qu-

- Exactement ! coupa Ron. Enfin tu l'as entendu ce soir-là Hermione ! Il a dit que Poudlard n'allait plus accepter n'importe qui ! Autant te menacer directement ! Harry, tu es d'accord avec moi ?

Le brun retint une légère grimace et s'obligea à examiner la possibilité sérieusement, ne serait-ce que dans l'intérêt de leur enquête.

- Malfoy est arrogant, hautain, et globalement il se comporte comme si le monde était à sa botte, commença-t-il.

- C'est ça ! Regarde sa famille, ça fait des générations qu'ils passent tous par Serpentard ! Lucius a dû ouvrir la Chambre quand il était à l'école et il aura dit à Draco comment faire !

Le roux semblait persuadé de sa théorie, mais Harry voyait au moins un argument contraire majeur. Et à voir la tête d'Hermione, celle-ci était arrivé à la même conclusion.

- Ron, reprit le brun, réfléchis deux minutes. Est-ce que tu vois vraiment quelqu'un d'aussi arrogant et hautain que Malfoy cacher qu'il est le descendant du fondateur de sa maison ?

Son ami sembla se dégonfler d'un coup, alors qu'Hermione approuvait silencieusement le raisonnement. Malfoy en héritier de Salazar Serpentard... quelque chose clochait dans l'idée, et elle rejoignait Harry sur son analyse.

- Après, même si Malfoy n'est pas l'héritier, ça n'empêche pas qu'il en sache peut-être plus sur lui ou sur la Chambre, admit-elle tout haut. Après tout, il est d'une famille de Sang-purs qui est traditionnellement dans cette maison. Il n'est pas impossible qu'il ait accès à plus d'informations grâce à son père.

Elle avait prononcé la dernière phrase d'un air entendu, comme si elle avait déjà une idée derrière la tête.

- Qu'est-ce que tu suggères, 'Mione ?

- Interroger Malfoy, répondit-elle simplement.

- Oh, ça devrait bien se passer, tiens, ironisa Harry. "Bonjour Draco, je sais qu'on se déteste depuis que j'ai refusé ton amitié, mais est-ce que tu pourrais ravaler ta fierté et me dire qui est l'héritier de Serpentard s'il te plait ? Ah et tant que j'y pense, les couleurs de ta maison mettent vraiment tes yeux en valeur !"

Ron, qui avait commencé à rigoler devant le ton que Harry avait pris, fit une tête bizarre et grimaça carrément à la fin.

- Mec, ne fais plus jamais de compliments à Malfoy, même pour rire. C'est trop bizarre.

Harry passa une main dans ses cheveux avec un sourire en guise d'excuse, pendant qu'Hermione se contentait de pouffer.

- La scène serait vraiment très drôle et je paierais cher pour voir la tête de Malfoy si tu lui sortais ça, mais je pensais à quelque chose de plus... discret.

Deux paires d'yeux interrogèrent la jeune surdouée du regard, et elle déclara qu'elle avait entendu parler d'une potion qui permettait de prendre l'apparence de quelqu'un d'autre.

Bientôt, les trois amis se retrouvèrent à parler à voix basse dans la partie consacrée aux potions de la bibliothèque, et Hermione tournait rapidement les pages jaunies d'un épais volume.

- Voilà, j'ai trouvé ! s'exclama-t-elle en chuchotant. La potion Polynectar permet pendant au moins une heure de prendre l'apparence de n'importe qui dont on possède un échantillon comme du sang ou des cheveux.

- Parfait, déclara Harry sur le même ton. On a notre plan d'action alors.

- Ce n'est pas aussi simple, poursuivit Hermione en lisant le reste des instructions. Je n'ai jamais vu une potion aussi compliquée.

- Il faut combien de temps pour la faire ?

La sorcière releva la tête, un air résigné sur la figure.

- Un mois.

- Un mois !? fit Ron. Mais Hermione, si Malfoy est l'héritier de Serpentard, il peut pétrifier ou tuer la moitié des enfants de moldus de l'école en un mois !

Ni Harry ni Hermione ne relevèrent le fait que leur ami semblait toujours buté concernant la double identité de Malfoy. À la place, Harry soupira et prit l'organisation en main.

- Bon, on n'a pas vraiment d'autre option alors voilà ce qu'on va faire. Hermione, tu trouves un endroit où on pourra la préparer sans se faire prendre.

La sorcière aux cheveux bouclés acquiesça, son cerveau commençant immédiatement à dresser une liste des endroits possibles.

- Ron, toi et moi on va se répartir la liste des ingrédients. On doit pouvoir trouver ce qu'il nous faut en cours de Potions, mais on les prendra au fur et à mesure des besoins pour que Rogue ne se doute de rien.

Le roux hocha la tête. La mission ne lui plaisait pas, mais ce n'était pas comme si Rogue pouvait le détester davantage s'il se faisait prendre en train de voler un ingrédient.

- D'ici le prochain cours avec lui, il faut qu'on sache ce qu'on doit avoir réuni pour commencer la préparation et avoir un lieu où la brasser à l'abri des regards. Une fois que ce sera commencé, on décidera de quelles apparences on emprunte et comment entrer chez les Serpentards sans se faire prendre, et sans croiser nos doubles.

Les trois échangèrent un regard entendu, et copièrent recette et ingrédients rapidement avant de sortir de la bibliothèque en saluant poliment madame Pince. Celle-ci sourit à Hermione, hocha imperceptiblement la tête en direction de Harry, et fronça les sourcils en voyant passer Ron.

La bibliothécaire avait tendance à se méfier des élèves qui apparaissaient soudainement dans son domaine alors qu'ils n'y mettaient jamais les pieds le reste de l'année – du moins en dehors des périodes d'examens. Ronald Weasley entrait définitivement dans cette catégorie.

-o-oOo-o-

Le vendredi après-midi suivant, juste après le déjeuner, les trois Griffondors s'éclipsèrent discrètement et se dirigèrent vers un endroit qui surprit les deux garçons.

- Heu... 'Mione... tu veux vraiment qu'on prépare la potion ici ? Dans les toilettes des filles ? demanda Ron en ayant l'air atrocement gêné.

- Ce sont les toilettes du deuxième étage, répondit Hermione comme si ça expliquait tout.

Devant les deux têtes ahuries qui lui firent face, elle sourit et développa sa réponse.

- Personne ne vient jamais ici.

- Pourquoi ?

- Mimi Geignarde.

- Mimi Geignarde ? répéta Ron. Qui est Mimi Geignarde ?

Juste derrière lui, un fantôme de jeune fille à couettes et lunettes traversa soudain la porte d'une cabine en sanglotant, avant de se mettre en colère.

- JE suis Mimi Geignarde ! Mais évidemment que tu ne sais pas qui je suis, qui aurait envie de parler de la malheureuse Mimi qui broie toujours du noir...

Sentant venir une crise de larmes fantômatique ou une bruyante échappée dramatique, Harry intervint en espérant calmer la situation.

- On est désolés Mimi, on ne voulait pas te vexer. Je suis Harry, ravi de faire ta connaissance.

Le fantôme de la jeune fille s'immobilisa immédiatement et sa bouche s'arrondit en un "o" muet, puis un grand sourire plein d'espoir éclaira son visage.

- Enchantée Harry, moi c'est Myrtille, mais tout le monde m'appelle Mimi.

- J'espère que ça ne te dérange pas Myrtille, mais on aurait besoin d'un endroit discret pour préparer une potion, et...

- Et vous avez pensé à mes toilettes ?

- Hermione y a pensé, et je dois dire que j'approuve son choix, elles ont l'air parfaites pour ce qu'on a à faire. Mais encore une fois, on ne voudrait pas te déranger.

Bouche bée, Hermione et Ron étaient en train d'observer l'échange. Mimi Geignarde était un peu plus grise au niveau des joues, ce qui devait correspondre à un rougissement, et elle semblait flattée. Harry avait quant à lui un charmant sourire installé sur le visage. Le fantôme gloussa avant de répondre.

- Oh, ça ne me dérange pas du tout ! Pour une fois que quelqu'un est gentil avec moi, ce sera un plaisir de t'aider si tu promets de venir me voir de temps en temps.

- La potion qu'on a en tête prend un mois à brasser, donc on risque d'être là assez souvent pendant les prochaines semaines.

- Alors c'est entendu ! se réjouit-elle. Je vous laisse utiliser mes toilettes, et je ferai même en sorte de protéger votre potion des imbéciles qui viennent m'embêter si tu promets de revenir me voir quand vous aurez fini.

- Il y a des gens qui t'embêtent ? intervint Ron.

Mimi jeta un oeil au rouquin, mais se retourna presque immédiatement vers Harry, qui semblait curieux également. Avec un petit reniflement triste, elle daigna expliquer.

- Oui, les gens m'embêtent tout le temps. Il n'y a même pas une heure, alors que j'étais tranquille dans mon coin à penser à la Mort, quelqu'un m'a lancé un livre sur la tête, expliqua-t-elle en désignant un lavabo.

- Mais... si on te lance un livre, ça ne te fait pas mal... ça te traverse, c'est tout, s'étonna Ron.

Il n'eut pas le temps de voir la grimace préventive d'Hermione, et se retrouva d'un coup face-à-face avec une Mimi Geignarde furieuse.

- Mais oui ! Jetons tous des livres à Mimi de toute façon elle ne sent rien ! Dix points si le livre lui traverse le ventre ! Cinquante points s'il lui traverse la tête !

En même temps qu'elle hurlait, son poing fantômatique passa à travers du ventre et de la tête de Ron, qui sembla plus que perturbé par l'expérience et un peu effrayé par le changement brusque d'attitude. Le fantôme de la jeune fille fondit d'un coup en larmes et elle cacha sa tête dans ses mains.

- Je n'arrive pas à croire que tous les garçons à part Harry soient aussi insensibles !

Et dans un ultime et bruyant sanglot, elle vola jusque dans la cabine d'où elle était sortie et plongea tête la première dans la cuvette pour disparaître dans les canalisations. Ébahis par la scène qui venait de se dérouler, Ron et Harry se tournèrent vers Hermione.

- Elle est... légèrement susceptible, résuma la sorcière.

- Je vois ça, fit le brun.

- D'ailleurs c'était quoi ce numéro que tu nous as sorti Harry ?

Le garçon à la cicatrice regarda ses deux amis d'un air étonné, mais ils semblaient pour une fois être d'accord. Haussant les épaules, Harry répondit vaguement.

- Ça s'appelle être poli, fit-il simplement. Tu devrais essayer de temps en temps Ron, ajouta-t-il avec un clin d'oeil. Ça donne d'assez bons résultats.

Ron se mit aussitôt à protester, mais le ton amusé qu'Harry avait employé avait suffit pour éviter que le roux le prenne réellement mal. Hermione semblait dubitative, mais secoua la tête et sortit le petit chaudron qu'elle avait dissimulé dans son sac avec le matériel dont ils avaient besoin. Harry et Ron sortirent les premiers ingrédients et les trois se mirent au travail, avec une application qui aurait probablement surpris leur professeur de Potions s'il les avait vus.

Trois heures plus tard, ils avaient achevé la première phase et soufflaient un bon coup. Hermione vérifia une dernière fois que la potion avait les bonnes caractéristiques décrites par le livre, et dissimula le tout dans une des cabines les plus éloignées de l'entrée. Pendant ce temps, Ron et Harry nettoyèrent le matériel utilisé et le sol, afin de s'assurer que personne ne remarque quoi que ce soit.

En s'approchant des lavabos, Harry remarqua un journal à la couverture de cuir noir au sol. Il semblait trempé, mais pas endommagé outre mesure et il le ramassa avant de le ranger dans sa besace. Sentant le regard curieux de ses amis, il haussa les épaules.

- Je vais le faire sécher. Si quelqu'un l'a lancé ici pour s'en débarrasser, c'était peut-être aux dépens de son propriétaire originel. Autant essayer de le lui rendre.

Un sourire compréhensif étira le visage d'Hermione, et Ron hocha la tête, peu convaincu mais décidé à laisser son meilleur ami faire sa bonne action du jour si ça lui faisait plaisir.


Commentaire de la bêta : C'est le début des ennuis... Et des modifications ! Je ne peux qu'approuver ;) Les petites réflexions des personnages font tout le sel de cette réécriture vous ne pensez pas ? A la prochaine !