Hermione lâcha un soupir et referma son livre d'un geste brusque. Elle n'arrivait pas à se concentrer et avait relu la même phrase une dizaine de fois. Si seulement elle avait pu stopper le fil de ses pensées et enfin réussir à faire quelque chose de productif comme réfléchir, ou planifier. Mais pas pleurer.
- Granger.
Malefoy était arrivé sans un bruit derrière elle, et Hermione s'immobilisa quelques secondes avant de lever les yeux vers la fenêtre, faisant de son mieux pour l'ignorer.
- Granger, je sais que tu m'écoutes.
Continue de faire semblant que tu ne l'entends pas, pensa-t-elle, continue de faire semblant, et il partira.
- Granger… Hermione, reprit-il lorsqu'il comprit qu'elle ne répondrait pas. Je ne suis pas idiot, alors arrête de faire la sourde oreille. Parce que si tu t'obstines, je continuerai à parler et je te dirai exactement pourquoi tu devrais arrêter de penser que tu es la pire fille que des parents puissent avoir.
Quelque chose se brisa en elle lorsqu'elle entendit la fin de sa phrase, et elle sentit les larmes commencer à couler le long de ses joues. Cependant, elle resta de marbre.
- Tu sais que tu as pris la bonne décision. Bon sang, même moi je le sais !
Ne dis rien, pensa-t-elle une nouvelle fois, il finira bien par se lasser.
- Chaque étape a été vérifiée au moins deux fois, et tes parents sont à présent en route pour l'Australie, extrêmement heureux de la nouvelle vie qu'ils ont prévu d'y commencer. Je suis certain que Pattenrond veillera sur eux, ajouta-t-il après quelques secondes d'hésitation.
- Et si quelque chose leur arrivait malgré tout ?
Elle s'était levée du lit de ses parents et lui faisait maintenant face, les joues mouillées par le torrent de larmes qu'elle ne parvenait plus à arrêter.
- Ne me dis pas que c'était une bonne idée, parce que ce n'était pas le cas. Tout revérifier ne veut pas dire que c'est sans danger pour eux. Ce sont des Moldus, Malefoy, personne n'est certain qu'une modification de leur mémoire sur une longue période ne les affectera pas par la suite. Je sais qu'en théorie, ça ne devrait pas être le cas si nous leur rendons leurs souvenirs dans moins d'un an, mais comment pourrons nous être certains que tout se passera bien ?
Drago ne répondit pas, que pouvait-il dire, vraiment ? Elle avait raison. Ils ne savaient pas avec certitude à quoi ressemblaient les Horcruxes restants, pas plus qu'ils ne savaient où ils pouvaient être. Avec un peu de chance, ce serait en Angleterre, mais comment en être sûrs ? D'après ce que Granger lui avait dit, le Seigneur des Ténèbres s'était caché en Albanie pendant presque une décennie et y avait étudié la Magie Noire avant cela. Ils devraient peut-être chercher pendant des années.
- Je suis désolé, Granger.
- Désolée ? demanda-t-elle, étonnée. Désolé pour quoi ?
Il soupira, et passa la main dans ses cheveux.
- Tu ne devrais pas avoir à subir tout ça. Depuis que tu es entrée dans notre monde, tu as subi tellement d'épreuves inhumaines que je ne sais même pas laquelle est la pire à ce jour. Je sais que tu l'as fait autant pour toi que pour Potter mais, si notre monde n'était pas en guerre, tu n'aurais jamais dû te retrouver face à Lupin en train de se transformer, ou bien tu ne te serais pas sentie obligée d'aller au Ministère l'an dernier. En fait, même ce que moi j'ai vécu est anormal. Personne ne devrait avoir à faire face aux épreuves que nous avons dues traversées, que ce soit à notre âge ou plus tard. J'ai 17 ans, et je me sens complètement perdu. J'ai dû laisser derrière moi tout ce que je possède, et mes parents pensent que je suis mort. Je n'ai personne à qui parler à part toi et, il y a moins de trois semaines, je te considérais comme une ennemie. Je ne sais pas comment je m'en sortirai lorsque tu seras chez les Weasley, et je ne sais pas non plus comment nous accomplirons ce que Dumbledore nous a demandé. Merlin, je ne sais même pas ce qu'il se passera si Potter et Weasley ne veulent pas de moi. Mais, tu sais quoi ? Je m'en fiche. Parce que, pour la première fois depuis deux ans, j'ai repris espoir.
- Pourquoi ? demanda Hermione. Sa voix n'était qu'un murmure, et elle semblait beaucoup plus calme qu'auparavant.
- Parce que, même si Dumbledore est mort, les projets qu'il avait commencés continuent sans lui, et il y a de fortes chances qu'ils s'accomplissent presque d'eux même. Il a méticuleusement planifié ma disparition avec Severus, ce qui me fait dire qu'il savait exactement ce qu'il faisait lorsqu'il a parlé à Potter des Horcruxes. Crois-moi, Granger, le Seigneur des Ténèbres ne fait pas le poids contre nous. Potter va le battre les doigts dans le nez, et nous irons chercher tes parents avant la fin de l'été prochain.
Elle le regarda et, pendant un moment, eut l'impression que ce qu'il disait était possible. La façon dont il avait parlé, si sûr de lui, lui donnait de l'espoir. Cela ne dura pas longtemps, cependant, mais au moins elle avait arrêté de pleurer. Il lui tendit la main, et elle le vit esquisser un petit sourire. Un véritable, sourire, beaucoup plus naturel que ceux auxquels elle était habituée, et elle ne put s'empêcher de penser que cela le rendait bien plus beau.
- Allez viens, lui fit-il, allons commander une pizza et regarder un film. Et si tu ne veux pas rester dans la maison, on retournera dans la tente.
48 heures plus tôt
Drago regardait le ciel, bouche bée. Plusieurs passant s'étaient arrêtées et avaient également levé les yeux, mais aucun ne vit ce qui semblait être aussi impressionnant. Une voix sèche se fit entendre.
- Malefoy, bouges de là. Tu nous fais passer pour des idiots.
Granger l'attrapa par la manche et le força à reprendre sa route, mais il ne put détacher son regard de la vue qui s'étalait devant lui. Dans le ciel, il y avait des monstres géants et en métal, plus gros que tous les dragons qu'il avait pu voir au cours de sa vie. Et ils volaient. Il retirait tout ce qu'il avait pu dire de mauvais sur les Moldus depuis sa plus tendre enfance, ils étaient tous simplement incroyables !
- Est-ce qu'on peut s'approcher pour mieux les voir ? demanda-t-il, désireux de savoir l'effet qu'il ressentirait en se tenant à côté de l'un de ces appareils.
- Nous arrivons à l'aéroport, mais j'ai bien peur qu'on ne puisse pas aller jusqu'à l'entrepôt où ils sont stockés. Mais si tu veux, on pourra aller faire un tour au Royal Air Force Museum, ils exposent des modèles anciens et certains avions sont coupés en deux pour que l'on puisse voir l'intérieur.
Drago prit un air faussement étonné.
- Granger, est-ce que tu es en train de me proposer un rendez-vous romantique ?
Il eut un sourire narquois en la voyant rougir, et elle lui frappa la poitrine.
- Enfin, Granger, rigoles un peu !
- Sérieusement, Malefoy, comment peux-tu penser à une chose pareille en ce moment ? demanda-t-elle d'un air indigné. Personnellement, j'ai d'autres soucis en tête.
- Tu me blesses, Granger, je ne pensais pas un jour rencontrer une fille qui repousserait mes avances.
Granger soupira, mais refusa de rentrer dans son jeu. Aucun d'eux ne parla pendant le reste du trajet, et Drago en profita pour observer l'intérieur de l'aéroport. Le bâtiment était immense, et il était pratiquement certain que Poudlard entier pourrait tenir à l'intérieur. Tout semblait si propre, si brillant, si neuf. Bien sûr, le Manoir était nettoyé quotidiennement mais cela ne suffisait pas à enlever cette impression d'ancienneté dont il avait conscience depuis qu'il avait visité la maison des Grangers. Pour être tout à fait franc, il avait même commencé à explorer les catalogues qu'ils avaient dans leur séjour avec l'espoir que, une fois leur aventure terminée, il pourrait remettre sa chambre au goût du jour. Peut-être faudrait-il éviter le plastique, cependant, le matériau semblait extrêmement fragile. Et tellement bon marché que c'en était presque un sacrilège pour quelqu'un de sa stature.
Mais pour ce faire, Potter et ses alliés devaient d'abord réussir à gagner la guerre, puis Drago devrait réussir à ne pas être emprisonné à Azkaban pour sa participation aux côtés des Mangemorts. Certes, le fait de savoir qu'il pourrait obtenir le soutien de Granger (et, soyons fou, celui de ses amis) était une bonne chose, mais il n'était pas certain que ce soit suffisant. Il n'avait tué personne et était encore mineur lorsque l'incident avec Dumbledore était arrivé, mais il savait pertinemment que les représentants du Magenmagot détestait les Mangemorts (ce que Drago ne pouvait pas leur reprocher), et que la réclusion à perpétuité était souvent leur sentence de prédilection. Granger prononça son nom, et il leva la tête avant de regarder le bureau qu'elle désignait.
- C'est là que nous allons réserver l'avion.
L'hôtesse d'accueil était une femme d'une trentaine d'années, et Drago fut flatté de voir qu'elle le regardait de la tête aux pieds. Il devait l'admettre, le père de Granger était un bel homme, et il était heureux d'avoir pu prendre son apparence et pas celle d'un autre. Cependant, l'hôtesse était un peu trop âgée pour qu'il soit réellement intéressé, et il y avait un moyen rapide de lui faire comprendre cela.
- A ton avis, chérie, première ou seconde classe ? demanda-t-il à Granger, et il fut ravi de voir que cette dernière avait pris un air horrifié en comprenant que c'était à elle qu'il s'adressait.
Leur visite à l'aéroport avait duré plus longtemps que prévu, et Granger lui en voulait. Comme il s'ennuyait, Drago avait décidé de pimenter un peu les choses et avait commencé à poser des questions improbables à la pauvre hôtesse d'accueil afin de voir sa réaction. Granger, réalisant ce qu'il faisait, avait essayé de le stopper mais il avait rapidement passé son bras autour de sa taille et elle s'était tut, perturbée par le contact. Par la suite, et pour le plus grand bonheur de Drago, elle n'avait pas réussi à retrouver sa concentration et avait passé le reste de la négociation à bégayer, le visage rouge de colère. Lorsqu'ils avaient quitté le bâtiment, il l'avait entendu maugréer quelques insultes dans sa direction et avait décidé que, peut-être, son après-midi n'avait pas été perdu.
Puis, ils s'étaient rendus à la banque et avaient demander à rencontrer leur conseiller, un homme d'affaire d'une trentaine d'années au sourire un peu trop forcé qui avait immédiatement déplu à Drago. Le fait que les yeux du banquier se soient arrêtés quelques instants sur le décolleté de Granger n'avait sûrement pas aidé non plus. Par la suite, l'homme avait lancé quelques regards provocateurs en direction de Drago, et ce dernier avait eu beaucoup de mal à l'ignorer. Heureusement pour lui, Granger avait pris les choses en main, et il devait reconnaître qu'elle savait négocier.
- Nous restons en Australie pour une longue période, je veux être certaine que tout sera prêt pour demain.
- Mrs. Wilkins, je vous promets que nous faisons tout notre possible pour accélérer le transfert de votre dossier, mais ce sont malheureusement des choses qui prennent du temps.
Drago entendit Granger pousser un long soupir, et il lança un coup d'œil dans sa direction. Elle paraissait extrêmement fatiguée, et elle semblait de plus en plus désespérée par la situation. Il était grand temps qu'il intervienne.
- Ce que mon épouse veut dire, monsieur, dit Drago en bougeant sa baguette de manière imperceptible en direction de l'homme, c'est que nous avons vraiment besoin que tout soit fait dans les prochaines vingt-quatre heure. Quelqu'un d'aussi haut placé que vous peut sûrement faire quelque chose pour nous aider, n'est-ce pas ?
Le Moldu sembla confus pendant quelques secondes puis, soudainement, un grand sourire apparu sur son visage. Drago ignora l'air outré de Granger et focalisa son attention sur son interlocuteur.
- Bien évidemment, Mr. Wilkins, je ferai de mon mieux pour vous satisfaire. Je vous appellerai demain matin afin de vous confirmer que tout est réglé de notre côté, cela vous convient-il ?
- Certainement, répondit Drago, je vous remercie.
L'homme inclina respectueusement la tête et se leva pour les escorter hors du bâtiment. Granger était furieuse, et ne perdit pas de temps pour le lui faire remarquer.
- Tu n'étais pas obligé d'utiliser un sortilège illégal sur ce pauvre Moldu ! Tu as perdu la tête ou quoi ?
- Relaxe, Granger, ce n'est pas ce que tu crois.
- Vraiment, répliqua-t-elle d'un air peu convaincu. Dans ce cas, qu'as-tu utilisé ?
- Un sortilège de persuasion un peu plus fort que la normale, et un peu de legilimancie. L'esprit d'un Moldu est beaucoup plus influençable que celui d'un sorcier à cause de l'absence de Magie, ce n'était donc pas difficile de lui donner l'envie de nous aider.
- Quand même, fit-elle, toujours un peu tendue, tu aurais pu me laisser continuer à négocier. J'y étais presque.
- Tu parles, tu n'y arrivais pas du tout. Et, en plus, sa tête ne me revenait pas. Les Goblins n'ont rien d'amical, mais au moins on peut leur faire confiance en ce qui concerne la gestion de notre argent.
- C'est un banquier, Malefoy, il essayait de tirer le maximum de profit de notre situation.
Drago resta silencieux un moment, avant de décider qu'il était temps de passer à autre chose.
- Est-ce que tu penses qu'on aura le temps de se faire une petite session en rentrant à la maison ?
- Je n'en suis pas certaine, fit-elle en regardant sa montre. Il nous reste encore pas mal de choses à faire avant demain soir, et je préfèrerai qu'on s'en occupe en priorité. On pourra recommencer à s'entraîner une fois installés dans la tente, je pense.
- D'accord. Dans ce cas, peut-être aller boire quelque chose ? Il y a un salon de thé au coin de la rue, laisse-moi t'offrir quelque chose, ajouta-t-il, heureux de pouvoir enfin dépenser l'argent qu'il avait fait convertir.
Elle n'hésita que quelques secondes.
- Ça marche, fit-elle, je pense qu'une petite pause ne nous fera pas de mal.
24h plus tôt
Malefoy n'avait eu aucun mal à monter la tente et se tenait maintenant à l'intérieur, en train d'essayer d'organiser le stockage des différentes provisions qu'ils avaient amassées au cours de ces dernières semaines. Hermione, elle, relu une dernière fois les indications que donnait son livre et commença à réciter les sorts de protection, s'arrêtant régulièrement de manière à vérifier que tout se passait comme prévu. Après quelques minutes, Malefoy s'approcha d'elle et observa les mouvements qu'elle faisait, répétant parfois certaines incantations à voix basse.
Ils s'étaient mis d'accord sur le fait qu'il serait plus judicieux qu'ils connaissent tous les deux les enchantements, et avaient commencé à s'entraîner ensemble après leurs exercices de combat quotidiens. Hermione avait en effet découvert que Malefoy était bien plus compétent qu'elle en la matière – l'unique avantage de son statut de Mangemort, apparemment – et en seulement trois semaines, elle avait commencé à voir des changements : elle s'essoufflait moins vite, et attaquait plus rapidement. En échange, elle l'avait invité à lui tenir compagnie lorsqu'elle partait se promener à vélo. Il avait accepté de l'accompagner, mais uniquement parce que ça lui permettait de diversifier ses entraînements. Hermione, cependant, soupçonnait que voler lui manquait.
Hermione releva la tête et vit que ses parents s'étaient approchés de la tente. Elle leur fit signe de la main et attendit, mais aucun d'eux ne donna l'impression de l'avoir vue. Elle tenta de leur parler, en vain.
- On dirait bien que c'est bon, fit remarquer Malefoy. On va aussi vérifier qu'ils ne peuvent rien sentir, ajouta-t-il, avait de lancer un spray au poivre au-dessus d'eux. Hermione fit rapidement apparaître une bulle d'air autour de sa tête et observa avec satisfaction leur absence de réaction. Après avoir attendu quelques minutes de plus par précaution, les deux jeunes gens franchirent les barrières qu'elle avait érigées. Ses parents, ne sachant à quoi s'attendre, tressaillirent lorsqu'ils se matérialisèrent devant eux.
- Je ne m'attendais pas à ça, dit son père, c'est assez impressionnant quand on n'a pas l'habitude.
- Je comprends, répondit-elle. Bon, on dirait que tout fonctionne, il faudra simplement qu'on ajoute un Sortilège Repousse-Moldu pour éviter un incident et les préparatifs seront terminés.
Elle avait tenté de parler de manière tout à faire détachée, comme si ce qu'ils étaient en train de faire était normal.
- Je pense qu'il est temps de s'occuper de ma chambre, dit-elle à Malefoy, papa, maman, vous avez terminé vos bagages ?
- Presque, ma chérie, répondit son père, nous voulions voir ce que vous faisiez, ajouta-t-il en lançant un regard suspicieux en direction de Malefoy. Je pense qu'on a assez perdu de temps comme ça, rentrons, fit-il, et tous les quatre partirent en direction de la maison.
Ils se séparèrent au pied de l'escalier, et Malefoy la suivit jusqu'à sa chambre. Lorsqu'elle entra, Hermione eu soudainement un pincement au cœur à l'idée de ce qu'elle était sur le point de faire et s'arrêta, le souffle court. Une main se posa sur son épaule et elle la serra instinctivement, reconnaissante. Après quelques secondes, Malefoy se détacha d'elle et commença à rétrécir ses jouets, avant de les mettre dans la petite boîte qu'elle avait préparée. Ce fut le geste dont elle avait besoin, et sorti sa propre baguette pour l'aider.
Le dîner fut silencieux. Tout le monde était tendu, et Drago se sentait mal à l'aise. Mr. Granger semblait avoir quelque chose contre la cuisse de poulet qui lui avait été servie et la découpait de manière brutale, et Mrs. Granger mâchait mécaniquement ses pommes de terre, les yeux dans le vide. Granger n'avait pas touché à son assiette, et Drago lui-même avait l'impression que son estomac s'était soudainement rempli de plomb. Soudain, un aboiement se fit entendre, et tout le monde sursauta avant d'exploser de rire.
- Mon Dieu, fit Mrs. Granger, je pense que c'est le pire diner de ma vie. J'ai l'impression que quelqu'un vient d'être tué sous nos yeux.
Drago s'étrangla avec l'eau qu'il venait de boire et fut pris d'une quinte de toux. Granger lui tendit un verre d'eau, et Drago fut soulagé de constater qu'aucun des Grangers ne chercha à comprendre l'origine de sa réaction.
- Eh bien, fit Mr. Granger lorsqu'il fut remis, si tout le monde a terminé, je propose que nous passions au salon. Que diriez-vous de regarder un petit film avant... avant d'aller au lit ?
Les mains de Granger se mirent à trembler violemment, et elle dut empoigner le bas de sa jupe pour se calmer. Drago hocha lentement la tête en signe de soutien, et elle esquissa un sourire maladroit en guise de remerciement. Tous deux débarrassèrent la table, et Mr. Granger laissa Drago choisir le film qu'ils allaient regarder.
Trois heures plus tard, Mr. Granger éteignit la télévision et se leva.
- Je crois qu'il va être l'heure d'aller au lit, dit-il d'une voix quelque peu étouffée. Chérie, tu viens ?
Mrs. Granger regarda son mari et hocha la tête brusquement, avant de le suivre. Drago et Granger se regardèrent mais restèrent muet, et attendirent qu'on les appelle.
Le souffle court, Drago suivit la jeune fille mais resta devant la porte de la chambre, lui laissant le temps de faire ses adieux à ses parents. Une trentaine de minutes plus tard, elle réapparut devant lui, les yeux gonflés et encore larmoyants, et lui fit signe d'entrer. Mr. Granger était déjà allongé dans le lit et terminait un flacon emplit d'une potion de sommeil tandis que sa femme était restée debout. S'approchant de Drago, cette dernière le prit longuement dans ses bras et lui fit promettre de prendre soin de sa fille. Il accepta d'un air solennel et elle lui sourit, avant de s'allonger et de boire à son tour sa potion.
Après avoir attendu que les deux adultes soient endormis, Drago et Hermione commencèrent à modifier leurs souvenirs.
Le matin même
De là où elle se trouvait, Hermione pouvait voir sa mère réprimander gentiment son père, et elle se sentit soudainement très seule. Ils l'avaient oubliée. Même Pattenrond ne pouvait plus la rejoindre, maintenant. Il avait essayé la nuit dernière, et elle et Malefoy avaient dû mettre en place de nouvelles protections pour l'empêcher d'entrer. Après plusieurs heures à tourner autour de la tente, Pattenrond avait miaulé de manière déchirante et était rentré dans la maison. Lorsque ses parents montèrent enfin dans le taxi, Hermione n'essaya pas de retenir ses larmes.
