Bonjour tout le monde !

J'espère que vous allez bien en ce week-end un peu é tout d'abord à celles et ceux qui ont lu le dernier chapitre, j'espère qu'il vous a plu :)

N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire, juste pour dire que vous êtes passés, ça fait toujours plaisir !

Là-dessus, on enchaîne avec le 5ème chapitre de notre histoire qui va amorcer un peu de drama (j'adooooore le drama aha).

Il est supra long, j'espère que ça ne vous fera pas fuir mais je ne voyais pas comment le couper autrement.

Bonne lecture et surtout, prenez soin de vous !

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Chapitre V : Fracture

" Rémus, on va avoir besoin de toi ! S'exclama Sirius alors que le loup-garou entrait dans la cuisine pour prendre son petit-déjeuner.

- Est-ce que ça peut attendre une tasse de chocolat chaud ?" Demanda-t-il, surpris de cette agitation matinale. Hermione, déjà présente à table, se retourna pour lui adresser un sourire rayonnant.

" Bien dormi ? Demanda-t-elle, alors qu'elle posait une tasse devant lui. Rémus la remercia d'un hochement de tête et prit place à côté d'elle.

- Terriblement bien. Et vous ?"

Sa question fut ponctuée d'un rire bref de la part de ses deux colocataires qui échangèrent un regard amusé. Les méninges du loup-garou se mirent à tourner à plein régime tandis qu'il essayait d'élucider ce rire de connivence. Ses yeux passèrent tour à tour de Sirius à Hermione tandis qu'une moue horrifiée se dessinait progressivement sur son visage.

"Pitié non…", s'exclama-t-il avec angoisse.

Le rire des deux acolytes redoubla devant la mine stupéfaite de leur ami.

" Oh Lunard, qu'est-ce qui t'inquiète autant ? Lança Sirius dans un grand éclat de rire.

- Vous deux.

- Hermione a gagné si tu veux tout savoir… Aujourd'hui, nous nous attaquons à la magistrale mais néanmoins décrépie maison des Black !", annonça triomphalement l'animagus en désignant les murs de la cuisine.

Rémus sentit la vie revenir progressivement en lui. Il se servit un chocolat chaud bien mérité.

" Atelier peinture alors ? Élucida-t-il en trempant ses lèvres dans la boisson fumante.

- Tout juste ! Confirma Hermione avec enthousiasme. J'ai fouillé les recoins de la maison à la recherche de spatules et j'ai trouvé de quoi faire le nécessaire."

Sirius se retourna alors vers elle.

" Tu veux t'embêter à faire ça à la main ? Pourquoi diable ?!

- Toi, tu n'as jamais enlevé de papier-peint, affirma la jeune femme d'un air éloquent.

- Je réitère la question.

- Notre altesse ne se serait jamais abaissée à salir ses jolies petites mains, répondit Rémus, d'un ton narquois. Sirius se retourna vers lui, outré.

- Comme si la vieille peau m'aurait laissé faire !

- La vieille peau ?

- Walburga Black, répondirent les deux hommes de concert.

- Ma très chère mère… - Grimaça Sirius, d'un air mauvais - Qu'un Basilic l'emporte…

- Je crois que c'est un peu tard pour cela, objecta Lunard.

- Je pourrais la déterrer rien que pour avoir le plaisir de la remettre six pieds sous terre.

- À défaut de passer tes nerfs sur ta… sur elle, il y a des lés entiers de papier-peint qui n'attendent que toi !" Lança Hermione avec bravoure, espérant contourner le sujet de l'ancienne maîtresse des lieux.

Elle connaissait toute l'aversion de Sirius envers sa mère mais elle se sentait toujours mal à l'aise lorsque cette dernière était évoquée. Walburga faisait partie des nombreux fantômes qui hantaient encore Grimmaurd. Il était plus que temps que Sirius reprenne les rênes de sa maison et instaure un nouveau climat. Sirius approuva d'un signe de tête à sa dernière remarque et s'empressa de monter à l'étage, à la recherche d'autres instruments.

Rémus le regarda partir en trombe et se retourna vers Hermione.

" Comment ? Demanda-t-il en articulant chaque syllabe.

- Comment quoi ? Pouffa Hermione en mordant dans un quartier de pomme.

- Comment es-tu parvenue à l'impensable ?

- Tu vas devoir être plus précis Rémus…

- Raisonner Sirius Black."

À ces mots, Hermione éclata de rire devant l'air sidéré de son interlocuteur.

" J'ai évoqué Harry, répondit-elle simplement.

Rémus hocha la tête d'un air entendu.

- Évidemment. Très beau coup, ma chère."

Hermione répondit à son sourire et se leva de table pour débarrasser la cuisine des encombrants. Rémus lui prêta bien vite son assistance et tous deux entassèrent le gros du mobilier dans le couloir.

Les deux sorciers utilisèrent leurs baguettes pour les meubles les plus imposants : ainsi, le buffet et la cuisinière vinrent léviter jusqu'au couloir. La table et les chaises connurent le même sort, libérant ainsi l'espace nécessaire pour que le travail soit accompli. Sirius revint alors, les bras chargés de spatules, colles et sceaux. Tous trois rassemblèrent le matériel dans le coin gauche de la pièce. Puis chacun se munit de son instrument, Sirius suivant scrupuleusement ses deux amis des yeux.

" Nous feriez-vous l'honneur maître Lunard ?" , demanda Hermione avec solennité en lui indiquant d'un coup d'œil le mur face à lui.

Ce dernier esquissa un sourire amusé.

"Mais bien évidemment Miss Granger", répondit-il en levant la spatule.

Il se rapprocha suffisamment du mur pour agripper le haut du papier-peint et tira violemment. Une bonne couche du revêtement racorni fut emportée et atterrit sur le sol où elle reposa, vaincue. À l'aide de la spatule, Lupin vint décoller les derniers morceaux récalcitrants. Puis il se retourna vers son ami de toujours :

" Alors ?

- Maintenant je vois l'intérêt, affirma Sirius avec un regard enflammé.

- Je savais que l'on pourrait faire appel à ton sens aigu de la destruction…"

Tous trois pouffèrent à la suite et se mirent au travail, chacun occupé sur un mur. Sirius eut besoin de s'y reprendre à plusieurs fois mais finit par prendre le coup de main. Et manifestement beaucoup de plaisir aussi. Rémus et Hermione lui jetaient quelques coups d'œil amusés. La jeune femme avançait rapidement sur sa partie, ayant le coup précis et assuré. De longues ramettes de papier-peint tombaient çà et là à ses pieds, recouvrant le sol d'un coton épais et défraichi. Pendant de longues minutes, le silence ne fut troublé que par les bruits du papier-peint que l'on arrachait à pleines mains.

Au bout d'un moment, Sirius s'éclipsa, laissant les deux autres à leur tâche :

" Je dois dire que tu es d'une efficacité redoutable Hermione, lança Lupin qui n'en était qu'à la moitié de son mur, tandis que la gryffondor terminait les coins du sien.

- C'est mon jeune âge qu'il faut remercier, répondit la jeune femme avant d'éclater de rire sous le haussement de sourcils de son ancien professeur.

- Et dire que je comptais sur toi pour appliquer le respect aux ainés…

- Mes parents ont acheté notre maison peu avant mon arrivée à Poudlard. C'est la seule tâche qu'ils ont bien voulue me laisser faire et j'y ai pris un plaisir fou, expliqua-t-elle avec un sourire.

- Tu es pourtant la dernière personne que j'imaginerais arracher des pleines pages, glissa-t-il avec amusement.

- Jamais je ne me permettrais de faire ça à un livre ! S'insurgea-t-elle. Enfin… sauf si une page se révélait être la réponse à une énigme concernant un certain monstre traînant dans des tuyaux et que Poudlard entière était en grand danger", reprit Hermione en y réfléchissant bien.

Alors que Rémus esquissait un sourire de connivence, Sirius revint dans la pièce avec un imposant gramophone et diverses pochettes aux couleurs criardes. Un sourire illuminait tout son visage tandis qu'il posait rapidement l'objet au centre de la cuisine.

" Qu'est-ce que nous a ramené là, Patmol ? Demanda Rémus avec un sourire goguenard.

- En fouillant un peu, j'ai remis la main sur mes vieux vinyles qui datent de nos dernières années à Poudlard ! S'écria-t-il, exalté.

- Oh Merlin… Nous voilà partis… Soupira le loup-garou en secouant désespérément la tête.

- Allez Lunard ! En souvenir du bon vieux temps !

- Il n'y a pas de bons travaux sans un peu de musique…" , encouragea Hermione.

L'animagus lui lança un sourire ravi et tendit deux vinyles dans sa direction.

" Demon's nails ou Dead Flying Hippogriffs ?

- Qu'est-ce que c'est que ces noms ? S'esclaffa Hermione devant l'enthousiasme buté de Sirius.

- Un mélange obscur entre du rock et du punk moldu… Répondit Rémus en roulant des yeux.

- Allons-y pour les ongles de démon, proposa la jeune femme qui secoua la tête, incrédule.

- Choix avisé !" s'exclama Sirius en disposant le vinyle sur la surface lisse du gramophone.

Bientôt, la cuisine fut envahie par une mélodie rythmée et un concert de voix criardes. Hermione éclata de rire tandis que Rémus retournait à contre-cœur à son côté de mur. Sirius semblait avoir gagné un regain d'énergie conséquent puisqu'il s'attela vite à sa partie et redoubla d'efficacité. Hermione devait bien reconnaître qu'une fois la surprise passée, les morceaux étaient envoûtants et énergiques. Son mur fut rapidement dénudé de son manteau terne et elle se tourna alors du côté de Rémus pour l'aider à terminer le sien.

Le travail avançait au rythme de la musique et des quelques éclats de rire de l'assemblée face aux envolées lyriques des chanteurs ou des solos de guitare particulièrement inspirés. L'heure passa et la cuisine fut enfin débarrassée de son papier-peint blafard. Tous trois s'arrêtèrent pour contempler le travail achevé.

" C'est beaucoup mieux, affirma Sirius, les mains sur les hanches.

- Il ne te reste plus qu'à choisir une couleur ou un motif et la magie fera le reste ! Assura Rémus.

- Ah ? Alors on laisse tomber le côté « faites comme les moldus, c'est tellement plus inspirant » ? Lança Sirius, goguenard.

- Soyons honnêtes, c'est particulièrement amusant de déchirer de grandes lames de papier-peint, ça l'est moins de l'installer, expliqua Hermione en hochant la tête.

- Vous êtes impayables…", soupira l'hôte des lieux en direction de ses deux amis.

Tous trois prirent une pause bien méritée au milieu de la cuisine. Rémus servit à ses camarades du thé tandis qu'Hermione passait une assiette de shortbreads. Le trio échangea à tour de rôle sur les couleurs qui conviendraient le mieux à la cuisine. Une fois que toute la panoplie fut évoquée, ils décidèrent de se remettre au travail. Le maître des lieux lança un « Evanesco » et fit disparaître les cadavres chiffonnés de papier peint. Il se décida sur un vert empire et lança un « Viridis Colora ». La cuisine quitta alors son blanc manteau pour revêtir une couleur profonde, qui ferait ressortir le mobilier en bois d'acacia. Satisfait, Sirius abandonna les Dead Flying Hippogriffs pour The Clash, un groupe moldu qu'il affectionnait particulièrement, tandis que Rémus et Hermione faisaient léviter le mobilier de la cuisine qui retrouva bien vite sa place.

Ils convinrent tous ensemble que la prochaine étape serait les murs du hall d'entrée. Le carrousel des meubles reprit de plus belle, le porte-parapluie en jambe de troll ainsi que les tapis et les tentures se rangèrent dans le salon à la file indienne. Sirius s'était débarrassé des têtes des elfes de maison ayant servi les Black et qui ornaient auparavant le couloir. Il connaissait le combat d'Hermione en faveur des droits de ces derniers : s'il n'y était pas positif concernant Kreattur, il n'avait toutefois pas souhaité traumatiser la jeune femme.

Une fois que le couloir fut débarrassé de ses encombrants, le trio se remit une fois de plus à la tâche. Des bruits de lacération régnèrent bientôt dans le hall d'entrée, au rythme du groupe de rock britannique.

" Qu'est-ce que j'adore ce groupe…, lança Sirius en secouant énergiquement la tête au son de London Calling.

- Je les préfère largement aux Ramones, déclara à la suite Hermione.

- Granger ! S'exclama le grand brun en portant une main à son cœur, Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir."

Hermione éclata de rire et continua :

" Il faut avouer qu'ils donnent envie de bouger.

- Qu'est-ce qui nous arrête ?" , défia l'animagus.

Avant même d'écouter la réponse de ses acolytes, il murmura un « amplificatum » et le gramophone envoya une salve plus sonore du vinyle. Rémus sursauta brusquement et se retourna vers ses comparses.

" Douce Morgane, mais cela n'est vraiment pas convenable ! Cessez cette musique démoniaque", S'écria-t-il en prenant une voix chevrotante. Son imitation de Minerva MacGonagall fit rire ses deux amis. Le morceau se conclut sur un accord strident avant d'embrayer sur le fameux Rock the Casbah.

" Oh bon sang, j'adore ce titre…", souffla Hermione en laissant tomber sa spatule.

Sirius éclata de rire, abandonnant à son tour l'outil.

" J'annonce officiellement le temps de la pause !"

Et il se mit à remuer frénétiquement sur le refrain des Clash. Ses deux compagnons éclatèrent de rire mais se prêtèrent très vite au jeu.

Le hall se transforma ainsi en une piste de danse pour les trois amis qui se trémoussaient au rythme des accords. Rémus prit les mains d'Hermione et la fit tournoyer d'un côté puis de l'autre. Celle-ci s'épanchait en éclats de rire à mesure que l'homme accélérait la cadence. Elle se laissait emporter par les tournoiements, son corps n'étant plus qu'une étincelle inarrêtable. Le loup-garou lança ensuite les poings vers le ciel à chaque coup de batterie tandis que Sirius secouait la tête sous les accords de guitare. Hermione tournait sur elle-même, ses mains venant exécuter des rondes autour de son corps. Tous trois claquaient des mains dès que les chœurs marquaient le tempo. La jeune femme roula des hanches, profitant de ce sentiment de liberté ultime, et ses compagnons firent de même. Elle se rapprocha de Rémus et tous deux se donnèrent des coups de hanche de côté, toujours plus forts pour déséquilibrer l'autre.

Hilares, ils invitèrent Sirius à faire de même et tous trois se percutèrent plus ou moins forts. Puis l'animagus prit le bras de son camarade et le duo se mit à tourner sur eux-mêmes. Il quitta Rémus pour attraper le bras d'Hermione qui se laissa entraîner avec plaisir. Tous deux voltigèrent avec assurance tandis que Rémus applaudissait. La ronde reprit, les danseurs s'échangeant à tour de rôle. Sirius reprit la main d'Hermione et la fit tourner de plus belle, avant de la soulever du sol. La belle brune tournoya dans les airs, riant aux éclats. Elle fut surprise par la facilité qu'avait Sirius de la porter à bout de bras et de la faire tourner sans efforts. Ce dernier laissa la ronde endiablée durer quelques instants puis la reposa à terre progressivement.

Hermione, emportée par l'élan, recula de quelques pas et se rattrapa comme elle put au premier objet qu'elle trouva à sa portée. Elle entendit alors un « crac » et le bruit d'un tissu qu'on déchire. Avant même de pouvoir se retourner, elle entendit un cri strident et acéré.

" INTRUS ! IMMOOOOOOOOONDE VERMIIIIIIIIIIIIIINE !"

La jeune femme, sous le choc, bascula contre le mur et tomba au sol. Elle se retourna alors et rencontra une paire d'yeux fous furieux, qui dardaient des éclairs sur elle.

"TRAITRES A VOTRE SANG ! POURISSEZ EN ENFER MAUDITES CRÉATUUUUURES !"

Les visages rieurs des deux hommes se décomposèrent à mesure que les hurlements dominaient le couloir, étouffant tout autre bruit. Face à eux se dressait Walburga qui vociférait comme un être enragé. Ses yeux passèrent de Sirius à Rémus et s'attardèrent enfin sur Hermione. La jeune Gryffondor sentit tout son corps se raidir. Jamais elle n'avait vu quelqu'un la regarder avec autant de haine.

"IMMONDE VERMIIIIINE ! SALE SANG-DE-BOURBE ! DÉSHONNEUR SUR LES BLACK ! POISON ! TU SOUILLES CETTE MAISON ! DISPARAIS SALE SANG-DE-BOURBE ! SANG-DE-BOUUUUUUURBE !"

Hermione était paralysée. Son regard ne pouvait quitter le portrait, ni détourner les yeux de cette haine viscérale de l'ancienne hôtesse de maison. Tout son corps se mit à trembler d'effroi et d'horreur tandis que la voix s'égosillait contre elle.

Les deux hommes semblaient aussi pétrifiés, aucun d'eux n'étant capable de faire le moindre geste. Hermione ferma les yeux, sentant ses dernières défenses s'abaisser. Croyant que le cauchemar ne s'arrêterait jamais, elle replia ses bras contre elle. Mais alors elle entendit une voix s'élever fermement derrière elle :

"Bloclang !"

Les hurlements cessèrent instantanément. Le portrait éructait toujours mais aucun son ne sortait des lèvres craquelées et violacées de Walburga. Hermione se retourna vivement vers Sirius, qui tenait fermement sa baguette pointée vers le portrait.

"Reparo", Prononça-t-il d'une voix catégorique.

Le rideau tombé reprit aussitôt sa place et fit disparaître l'apparition cauchemardesque derrière un épais voile bordeaux. Le silence se fit enfin dans le couloir. Il fallut quelques minutes avant que Rémus ne sorte de son état catatonique et s'agenouille fébrilement devant Hermione.

"Est-ce que tu vas bien ?", demanda-t-il, les yeux angoissés.

Hermione leva la tête vers lui, ébahie. Le choc lui avait fait perdre toute contenance. Elle dodelina la tête, essayant de retrouver ses esprits.

"Qu'est-ce que… Je me suis raccrochée…, murmura-t-elle faiblement.

- C'est fini", affirma Rémus en lui tendant la main.

La jeune femme le regarda pendant quelques secondes, incertaine. Le loup-garou fit un sourire encourageant qui acheva de la convaincre. Elle se laissa faire et se remit debout avec son aide. Sirius n'avait pas bougé, le regard perdu. Sa respiration était saccadée et il semblait déboussolé. Hermione jeta des regards tout autour du hall.

" J'ai dû… Me raccrocher au rideau. Je n'ai pas senti que je l'avais déchiré…, tenta-t-elle.

- Ça n'est rien", lui assura Rémus qui tentait de la réconforter en caressant son épaule.

La belle brune secouait frénétiquement la tête, à la recherche de son sang-froid.

" C'est idiot, je suis tellement maladroite, je n'ai pas regardé où allaient mes pieds…

- Ne t'inquiète pas Hermione, c'est fini. Tu n'entendras plus cette vieille sorcière….

- Je suis désolé", murmura Sirius, sortant enfin de sa torpeur pour la regarder.

Tous deux se contemplèrent longuement, aussi bouleversés l'un que l'autre. Le grand brun n'osait pas faire un pas vers elle. Hermione tremblait toujours, gardant ses mains crispées tout contre son corps.

" Ce n'est rien, je vais bien… Je crois que c'était un peu trop d'émotions…", souffla-t-elle.

L'accolade de Rémus se raffermit sur son épaule.

" On a bien travaillé, il est temps de prendre une vraie pause. Je peux te préparer quelque chose à boire si tu le souhaites", proposa-t-il.

Elle fit signe que oui mais se ravisa.

" Merci mais je pense que je vais un peu m'allonger… Si ça ne vous embête pas, rajouta-elle. Son regard passait de Rémus à Sirius.

- Aucun problème, va te reposer", répondit le premier, confiant.

Sirius voulut lui répondre mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Il la regarda monter les escaliers, impuissant. Ses yeux contemplèrent les épaules voûtées de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champ de vision. Rémus poussa alors un long soupir.

"Bordel…"

L'animagus se contenta de le regarder. Le loup-garou comprit le trouble de son ami d'enfance et mit une main sur son épaule pour le guider vers le salon.

"Hermione ? C'est l'heure du diner."

La jeune femme sursauta en entendant la voix de son ancien professeur à travers la porte de sa chambre. Elle se releva mais ne put se décider à quitter la pièce.

"Je suis désolée, je n'ai pas très faim, répondit-elle en haussant la voix.

- Tu es sûre ? Ça te ferait du bien de manger quelque chose, insista l'homme aux cheveux cendrés.

- Merci Rémus mais j'ai surtout sommeil…

- Comme tu voudras Hermione, n'hésite pas à descendre si tu as besoin de quelque chose…"

Hermione attendit que les pas de Lupin résonnent dans les escaliers avant de se lever et d'allumer la lumière. Elle frissonna et se dirigea vers l'armoire. La jeune femme contempla son reflet dans la glace. Les tremblements reprirent et des larmes pointèrent au coin de ses yeux. Elle ne fit aucun effort pour les ravaler mais les laissa au contraire rouler contre ses joues. Ses lèvres étouffèrent un hoquet de douleur. Elle se retourna vivement, enfila son pyjama et retourna s'allonger dans le lit.

" Elle ne vient pas ?

- Non, elle m'a dit qu'elle n'avait pas faim."

Sirius retourna à son assiette. Sa fourchette se baladait mollement entre les différents morceaux de viande, sans en saisir aucun. Rémus le fit sortir une nouvelle fois de sa torpeur.

"Ne te sens pas coupable."

L'animagus émit un rire désabusé.

"Un peu tard pour ça, l'ami, avoua-t-il d'un ton amer.

- Sirius, tu n'y peux rien, ce n'est que…

- Ma mère", le coupa-t-il.

Le silence se fit autour de la table.

" Merlin… Même morte, elle ne me laissera jamais en paix… Murmura Sirius.

- Patmol, tu n'as rien à voir avec elle. Tu n'as rien en commun avec une telle horreur", reprit son ami. Le voir ainsi abattu lui était douloureux. Le chapitre de la famille des Black comportait un lot de noirceur et de désespoir trop conséquents pour les épaules d'un seul être.

Sirius contempla de nouveau son assiette. Il laissa finalement retomber sa fourchette dans un bruit sourd. Cet épisode lui avait coupé tout appétit. Le grand brun se leva et abandonna son assiette dans un coin de l'évier. Arrivée à hauteur de son camarade, il murmura :

"Personne ne devrait avoir à entendre des abominations pareilles… "

Puis il se dirigea vers le salon. Rémus hocha longuement la tête. Il ne pouvait qu'être d'accord avec son frère de sang. Et il savait que l'épisode Walburga avait ravivé un traumatisme chez Sirius. Il se sentait d'abord responsable des horreurs qui avaient été proférées à l'encontre d'Hermione, bien évidemment, mais ces horreurs lui avaient été adressées à lui, il n'y avait pas si longtemps, lorsqu'il avait eu l'âge d'Hermione… Entendre de nouveau la voix maternelle hurler toute la répulsion qu'elle ressentait envers lui et ses proches avait plongé Sirius dans des souvenirs sombres et accablants. Rémus se leva lui-aussi de table pour accompagner son camarade et remplir le rôle qu'il avait accepté avec ferveur depuis des années maintenant : le soutenir du mieux possible, en véritable ami.

Les deux hommes veillèrent de longues heures dans le salon. Sirius finit par se détendre légèrement et Rémus estima qu'il avait fait de son mieux pour ce soir. D'un commun accord, ils décidèrent d'aller se coucher quelques heures avant l'aube. L'animagus remercia le loup-garou avec une franche accolade et le regarda monter les escaliers. Tandis qu'il le suivait, son regard s'attarda sur le plancher du premier étage. Il constata que le couloir était plongé dans l'obscurité, à l'exception de la chambre d'Hermione. Celle-ci laissait filtrer un mince trait de lumière. Son cœur tambourina alors dans sa poitrine. Doucement, il se rapprocha de la porte et tendit l'oreille. À travers la porte, il se concentra et n'entendit rien au départ. Puis, de faibles sanglots traversèrent le mur qui les séparait tous deux. Le grand brun ferma les yeux, ses épaules s'affaissant sous le chagrin qui le tenaillait. Il s'adossa à la porte, posant ses mains contre celle-ci. Il entendait toujours les pleurs de la jeune femme filtrer à travers le sas. Refermant les poings, il se détacha à regret de l'entrée et prit les escaliers, plus abattu que jamais…