Chapitre 5: Des choses se trament.
Une semaine plus tard, Hyoga et Shun avaient ramenés leur sœur dans la villa où ils logeaient. Grâce aux frères Achilléos, ils avaient engagé une jeune femme pour s'occuper de leur benjamine quand ils étaient absents. Celle-ci se prénommait Stéfie et viendrait s'occuper de trois soirs par semaine vers dix sept heures trente. Elle devait aider l'adolescente à prendre sa douche, refaire les pansements et lui donner des médicaments.
Il était encore tôt mais Hyoga était déjà debout et tenait sa sœur dans ses bras. Il la déposa doucement sur le canapé.
Hyoga: Sûre de toi, tu ne veux pas retourner au lit?
Cécile: Non, Hyoga, je n'ai vraiment pas de sommeil, et honnêtement, j'en ai un peu marre de rester enfermée dans ma chambre.
Hyoga: Tu dois encore… Elle lui posa un doigt sur la bouche et rétorqua gentiment.
Cécile: Me reposer, oui, je sais, ce que je peux faire aussi en lisant tranquillement au salon. Je te promets, je ne sortirais pas sans votre feu vert et j'irai me coucher avant midi, maintenant, je veux juste lire un peu, au calme, tout en profitant de ta présence.
Hyoga: Ok! Tu lis quoi?
Cécile: Légendes du monde, passionnée. Dit-elle en acceptant de courir ses doigts sur les pages. Le livre semblait vide pour un voyant mais Hyoga distinguait sans peine les points formant des lettres et des phrases en braille. Il savait que sa sœur lisait désormais parfaitement cette langue et son cœur se serra en se rappelant comment et pourquoi elle avait appris. Il se frotta légèrement la tempe, comme toujours quand il s'inquiétait pour la plus jeune. Le léger bruit fit tourner la tête de sa sœur vers lui et elle dit gentiment.
Cécile: Arrêtes de t'inquiéter, ça ne me perturbe même plus de ne rien y voir, je sais que c'est temporaire, et contrairement à Ikki, je suis certain qu'on va trouver un moyen et même si ce n'est pas nous, sur nous trouveras.
Hyoga: Petite sorcière! Glissa-t-il en lui entourant les épaules de son bras. Elle rit doucement à cette appellation.
Hyoga: Merci, petite sœur, de garder autant de foi en nous et en nos compagnons.
Cécile: En l'occurrence, je pensais à Hélios et à mon père. Et puis, nous sommes les chevaliers de l'Espoir, alors nous ne devons jamais le perdre, non?
Il rigola gentiment, cette phrase que Seiya avait dite en entrant dans l'Hadès était devenu leur mantra pour se réconforter dans les situations les plus inconfortables ou dangereuses.
Hyoga: Hé, c'est moi le grand-frère qui rassure ma petite sœur!
Cécile: Ben quoi, ça veut dire que j'ai pas le droit?
Hyoga: Autant que tu veux, ma puce. Autant que tu veux. Fit-il en lui ébouriffant tendrement les cheveux. Chacun a réitéré une conférence. Pourtant le Cygne n'oubliait pas que l'orichalque implanté dans le corps de sa sœur allait lentement mais sûrement ronger la jeune fille et que dans six mois au mieux, elle ne serait plus qu'une ombre et finirait par succomber. Sa seule chance était de revenir au Sanctuaire avant la fin de ce délai et d'être soumis au pouvoir guérisseur lié de Mû, Shion et Shun pour évacuer tout le métal qui la rongeait. Le pouvoir d'Andromède seul n'était pas assez puissant pour endiguer les dégâts causés par le métal et la jeune fille encore beaucoup trop affaiblie pour supporter de longues séances de guérison, le pouvoir de Shun ne permettant pas d'absorber la faiblesse de la personne qu ' il soignait. La dépense d'énergie était beaucoup trop importante pour qu'ils puissent envisager ce moyen.
Le soir, l'infirmière, une femme d'une quarantaine d'années, de forte carrure, se présente à la porte à dix sept heures trente précise et fut conduite par Shiryu auprès de la jeune fille. Celle-ci lisait un livre en braille, assise dans un fauteuil roulant, près de son lit.
Shiryu: Voilà, je vous laisse.
Infirmière: Merci! Bonjour, jeune fille, je suis Stéfie Sebas et je vais m'occuper de vous à partir de ce soir, trois soirs par semaine. Je vous doucherais, referais les pansements et vous administrerais les médicaments nécessaires.
Cécile: Bonjour, madame. Je m'appelle Cécile. Répondit doucement la jeune infirme.
Stéfie: Bien, je vais regarder vos pansements. Ne bougez pas, je vais vous allonger.
Cécile: Ne vous embêtez pas, d'ici, je peux me transférer seule et même pour la douche, si vous voulez bien régler la température de l'eau, je peux me débrouiller.
Une gifle retentissante sanctionna cette réponse. L'infirmière venait d'asséner une vigoureuse claque à l'adolescente.
Stéfie: Petite sotte! C'est mon travail et tu ne te rends même pas compte que tu t'exposer à un réel danger pour ménager ta pudeur et ta fierté. Que ce soit bien clair, tes frères agissent comme ils le souhaitent mais avec moi, tu ne feras aucun effort inutile ou soulageant ta fierté. J'attends que les soirs où je m'occupe de toi, tu sois allongée dans ton lit, prête à dix sept heures trente pile et que tu m'obéisse en tous points. J'ai été assez claire?
Cécile: Limpide! Fit-elle d'une voix devenue plus dure. La guerrière qu'elle était n'appréciait que moyennement l'attitude de la femme mais elle serra les poings et ne dit rien, parfaitement consciente que cela ne servait à rien et que la soignante ne faisait que son travail. Elle se laissa manipuler sans rien dire, s'évadant par la pensée. Laissant juste assez de conscience pour écouter les ordres qu'on lui donnait. Ce fut une douleur croissante qui la ramena à la réalité. Stéfie la maintenait fermement assise dans la douche.
Cécile: Excusez-moi, mais là vous me faites mal aux bras. Ma peau est encore très fragile.
Stéfie: Oui, je vois, je ne sens pas toujours ma force, tu aurais pu me prévenir plutôt.
Cécile: Ce n'était pas vraiment douloureux avant. Expliqua-t-elle calmement.
Peu après, l'infirmière la ramena dans sa chambre. Ce que ne voyait pas la jeune aveugle, c'est le fait qu'elle prenait diverses notes tout en examinant soigneusement l'adolescente.
Stéfie: Il faut un cahier pour noter toutes les transmissions.
Cécile: Shun a du le prévoir, il m'a dit qu'il posait un cahier vert sur mon bureau. A droite de la lampe et à côté de la mappemonde.
Stéfie chercha un instant sur le bureau et trouva le cahier en question. Elle nota quelques commentaires puis retourna auprès de la jeune fille.
Stéfie: Effectivement, je l'ai trouvé.
Une demi heure plus tard, elle partait. Shiryu vint trouver sa sœur, allongée dans son lit.
Shiryu: Je l'ai entendu gueuler comme un goret au début, vous avez trouvé un terrain d'entente?
Cécile: On peut dire ça, c'est rien, grand-frère, ne t'en fait pas, elle est rude et sévère mais ne cherches qu'à m'aider, à sa façon. C'est juste que la méthode de Shun et de Hyoga me convient mieux. Finit-elle dans un sourire.
Shiryu: Promis?
Cécile: Shiryu! Dis moi plutôt, j'ai trouvé cinq légendes où on évoque des voyages spatiaux-temporels, tu voudrais bien me trouver des récits plus détaillés?
Shiryu: Bien sûr, ça?
Elle lui indiqua les cinq légendes dont elle parlait. Il étudia avec elle les récits, et promis de lui trouver des versions plus détaillées.
Quelques jours calmes passèrent. Ce matin là, la jeune fille lisait tranquillement, assise dans le canapé, elle entendit Shun et Hyoga parler à Seiya.
Shun: Tu as bien compris, Seiya, tu es personnellement responsable de la moindre égratignure.
Hyoga: Et tu peux nous croire, tu ne t'en relèvera pas de sitôt.
Elle intervint doucement mais fermement.
Cécile: Ca suffit Hyoga! Arrêtez ça! Seiya est aussi capable de s'occuper de moi que vous. Il ne me cassera pas et ne me fera jamais le moindre mal.
Shun vint la rejoindre et la prit dans ses bras avec douceur.
Shun: Et nous, petite sœur, on préfère l'accabler de précautions, plutôt qu'avoir à te ramasser en miettes.
Cécile: Arrêtez avec ça, je ne suis pas aussi fragile. Je sais très bien que si dans six mois nous ne sommes pas revenus chez nous, je serai morte. Maintenant, Seiya a au moins le mérite de ne pas me rabaisser à ma condition d'infirme aveugle et me rappeler que je vais bientôt périr toutes les dix minutes et m'aide à rester ce que je suis. Il me permet aussi de redevenir une adolescente de quinze ans, de rire, d'espérer. Je vous aime tous comme vous êtes et je refuse que vous vous battiez à cause de moi.
Andromède et le Cygne baissèrent la tête devant les protestations de leur sœur. A trop vouloir la protéger à tout prix, ils avaient omis de penser à sa nature de guerrière et avaient fait l'erreur de traiter en petite chose fragile, sachant qu'elle détestait ça par dessus tout. Même s'ils ne lui avaient pas dissimulé qu'elle avait de l'orichalque dans le corps, ils étaient estomaqués de savoir qu'elle était arrivée toute seule à la conclusion.
Shun: Mais comment ?
Cécile: J'ai déjà eu de l'orichalque dans le corps, j'en connais les effets et les ressentis, après il ne me restait qu'à assembler les pièces du puzzle.
Hyoga: Pardonnes nous, petite sœur, à trop vouloir te protéger, on a perdu de vue ton mental. Tu nous en veux pas trop? Demanda-t-il doucement en lui caressant tendrement la joue.
Cécile: Tu sais pertinemment que j'en suis incapable, mais ralentissez un peu sur les ménages-toi et n'accablez pas Seiya, il ne me fera jamais volontairement du mal et vous en êtes parfaitement conscients.
Hyoga: Oui, mais on connaît aussi sa capacité à inventer des bêtises plus grosses que lui. Puisque tu es plus raisonnable que lui sur ce point, c'est à toi que je vais le dire. On te laisse aller te promener dehors mais pas plus de deux heures par jour et pas d'extravagances.
Seiya: Promis, on fera attention. Bon, maintenant, je peux aller bosser?
Shun: File!
Pégase ne se le fit pas répéter, il prit son casque et partit rapidement. Il était coursier à vélo et travaillait de huit heures à quatorze heures, quatre jours par semaine.
L'après midi, il emmène sa sœur faire une longue ballade. Cherchant à la dérider, il eut soudain une idée. Non loin de chez eux, il y avait une rue en pente et une falaise donnant sur la mer.
Seiya: Ma puce, que dirais-tu si demain je t'emmenais respirer les embruns?
Cécile: Ça sera avec plaisir, Seiya, merci.
Seiya: Mais de rien, petite sœur, une glace en attendant?
Cécile: Oui, je veux bien, une petite boule vanille pour moi, s'il te plaît?
Seiya: A vos ordres. Rigola-t-il avant d'aller acheter deux glaces au marchand situé un peu plus loin.
A la clinique. Shun consultait un dossier quand on l'envoya chercher un médecin. Après quelques recherches, il ouvrit la porte d'une salle de consultation vide et vit le médecin en question, le pantalon sur les chevilles et une infirmière couchée sur la table et qui désirait profiter de toutes les attentions de son supérieur. Andromède referma précipitamment la porte. Les deux amants, surpris par le bruit de la porte se redressèrent un peu. Ne voyant rien et la porte toujours fermée, l'infirmière mit ses bras autour du cou de son partenaire et lui dédia un long baiser.
Infirmière: Ne t'inquiètes pas, les plus gênés s'en vont, on ne fait rien de mal.
Médecin: Je travaille dans cinq minutes.
Inf: Hé bien, il te reste cinq minutes pour finir ce que tu as commencé dans ce cas. Répliqua-t-elle avec un sourire charmeur et un baiser langoureux. Il eut un petit rire et reprit son va et vient pendant qu'elle gémissait de plaisir. Pressé par le temps, il la pilonnait sauvagement et cela ne la dérangeait absolument pas. Elle adorait quand son amant se laissait aller à la sauvagerie et à la brutalité. Au moment où il jouit, il la mordit dans le cou.
Méd: Tu es à moi, rien qu'à moi!
Elle rigola et l'embrassa tendrement.
Inf: Pour toujours, allez va travailler maintenant. Si tu es bien sage, je te distrairais à la pause de ce soir. Ajouta-t-elle en lui caressant le ventre du bout des doigts avant de se rhabiller rapidement et de sortir. Il se rajusta plus lentement et rejoignit son poste à son tour.
Quinze soirs plus tard, dans une petite maison à la périphérie de Los Angeles. Quatre personnes étaient réunis autour d'une table. Deux femmes et deux hommes étaient attablés devant un verre de vin. Celui qui était présider les lieux se tourna vers l'une des femmes.
Chef: Alors, Stéfie, tu as trouvé une nouvelle proie?
Stéfie: Oui, la jeune fille dont je m'occupe actuellement, elle sera parfaite. Il ne reste plus qu'à faire les prélèvements habituels.
L'autre femme intervint.
Femme: Méfiez-vous, ses frères sont très protecteurs.
Stéfie: Allons, Maria, tu as déjà renoncé à goûter à leurs charmes et à en faire tes pantins?
Maria: Ils peuvent être terrifiants! Je ne sais pas pourquoi mais je ne les sens pas du tout.
Le dernier homme se tourna vers elle, le regard embarrassé. Cette fois, il ne soutiendrais pas inconditionnellement sa jumelle.
Mario: Je suis désolée, Maria, mais elle vaut bien qu'on prenne le risque, notre demandeur à été bien précis et puis ce n'est qu'une infirme, quelle résistance peut elle opposer? Quand à ses frères, je ne penses pas qu'il sera bien dur de les maintenir à l'écart. Ils ne peuvent pas être avec elle vingt quatre heures sur vingt quatre et il sera facile de trouver une excuse. J'aurais une demande, Ludwig!
Celui qui avait ouvert la réunion se tourna vers lui.
Ludwig: Je t'écoute!
Mario: Je la veux, une fois!
Ludwig: On verra, suivant comment on procède, je ne te promets rien Mario, mais je n'exclue pas que ça arrive. Avant de s'emballer, que Stéfie fasse les prélèvements comme prévu et on verra en fonction des résultats. Quand pourras tu les faire, Stéfie?
Stéfie: Dans deux jours, les résultats?
Maria: Avec Chris, deux jours plus tard.
Ludwig: Parfait, on se trouve donc dans cinq jours à la même heure et on décide de la suite. Bonne soirée à tous. Finit-il en levant son verre et en le vidant d'un trait avant de partir rapidement de la maison. Les trois autres l'imitèrent avec un temps de retard.
Deux jours, plus tard, dix sept heures trente piles, Stéfie sonna chez les jeunes chevaliers. Seiya lui ouvrit et la salua rapidement avant de se diriger vers la cuisine. Elle rejoignit la jeune fille dans sa chambre et la trouva sur son fauteuil, les joues rougies par l'excitation et entrain d'essayer de régler son corset.
Stéfie: Bonjour, jeune fille, alors on a fait la fête?
Cécile: Bonjour, il est déjà dix sept heures trente? Désolée mais Seiya m'a emmenée faire une très longue ballade et je n'ai pas vu le temps passer.
Stéfie: Ça ira, pour cette fois! Et que fais-tu avec ton corset?
Cécile: J'ai mal au dos, j'essayais de le desserrer un peu.
Stéfie: Je vois! Allez viens là, je vais t'arranger tout ça! En disant cela elle souleva sans peine l'adolescente et l'allongea sur le lit, à plat dos. La plus jeune ne put retenir un gémissement de douleur.
Stéfie: Ah oui, quand même, ce n'est pas la petite douleur visiblement.
Cécile: Le kiné a été très exigeant ce matin et la route était cahoteuse.
Stéfie: Et tu es excitée comme une puce. L'agitation ne te vaut rien, tu sais?
Cécile: Pour deux heures, j'ai oublié que je n'étais pas une ado comme les autres et qu'une épée de Damoclès était suspendue au dessus de ma tête, est-ce vraiment un mal?
Stéfie: Je conçois que cela est très dur pour toi, mais tu connais les risques. Pour ce soir, je vais te donner un médicament qui va t'aider à te reposer et va te soulager. Je te préviens, tu seras un peu embrumée.
Cécile: D'accord! Dit doucement l'adolescente.
Cinq minutes plus tard, elle était totalement abrutie sous l'effet du médicament. Elle ne sentit rien de tout ce que faisait Stéfie. Celle-ci commença par lui faire une prise de sang et le fit par l'artère fémorale pour ne pas qu'on s'en rende compte immédiatement puis fit divers prélèvements. Une heure plus tard, elle sortit et dit à Seiya.
Stéfie: J'ai fini pour aujourd'hui. Je ne penses pas qu'elle aura faim, je lui ai donné un médicament contre la douleur mais elle est un peu sonnée avec.
Seiya: Entendu, merci, bonne soirée. Il la raccompagna à la porte puis alla s'asseoir dans le canapé pour finir sa partie de jeu vidéo.
Une heure plus tard, Shiryu et Ikki rentrèrent d'une chasse de deux jours. Ils rejoignirent Seiya.
Seiya: Hé, salut, alors, cette chasse? Demanda-t-il sans détourner les yeux de sa partie.
Ikki: Distrayant, comment va notre petite sœur, aujourd'hui?
Seiya: Bien, je l'ai emmenée se promener sur la falaise tout à l'heure et elle a adorée. Juste, elle souffre, mais l'infirmière lui a donné un médicament pour la soulager. Elle a juste dit que du coup Céc 'n'aurait pas faim.
Shiryu: Ça va pas plaire aux toubibs, ça! Fit-il avant de se diriger vers la cuisine en demandant.
Shiryu: Y'a quoi au menu?
Seiya: Euh, des hamburgers?
Shiryu: Je vois, je m'en occupe.
Il s'agita autour du plan de travail et un quart d'heure plus tard, un fumet appétissant s'élevait au dessus d'une casserole. Après divers réglages, il alla toquer à la porte de la chambre de sa jeune sœur. N'obtenant aucune réponse, il entra sur la pointe des pieds. Elle était étendue sur le dos et était aux trois quarts endormie. Il lui caressa doucement le front, elle entrouvrit les yeux.
Shiryu: Bonjour, ma grande, je t'ai préparé ton repas préféré. Tu veux venir manger?
Elle fit non de la tête et referma les yeux, trop embrumée pour pouvoir parler.
Shiryu: D'accord, je te laisse dormir, je t'en mets de côté.
Il embrassa chastement les cheveux fins puis sortit de la chambre. Il retrouva ses frères dans le canapé.
Ikki: Alors?
Shiryu: Elle est totalement sonnée. Mieux vaut la laisser dormir, je pense. A quelle heure reviennent Shun et Hyoga?
Seiya: Hyoga ne devrait plus tarder, Shun finit à vingt deux heures. Tu veux jouer? Demanda-t-il en lui tendant une manette.
Shiryu: Non, merci! Répondit-il en souriant.
Comme l'avait dit Pégase, le chevalier du Cygne revint peu après. Mis au courant de ce qui était passé, il alla au chevet de sa sœur et s'assit près d'elle. Il l'examina sans bruit et murmura pour lui même.
Hyoga: Tu n'es pas sonnée, tu planes totalement. Il se leva et alla consulter le cahier où Stéfie, Shun et lui notaient les soins qu'ils effectuaient. Il fronça les sourcils et sortit brièvement pour revenir au chevet de sa sœur. Rapidement, il lui fit une prise de sang puis lui injecta un produit. Ensuite, il la couvrit tendrement et lui embrassa chastement le front avant de sortir pour rejoindre ses frères. Il leur confirma que la jeune fille ne mangerait pas avec eux. Il attendit que Shun rentre et mange pour lui parler en tête à tête.
Hyoga: Je vais avoir besoin que tu fasses un prélèvement urinaire à Céc 'demain matin. Désolé de te demander ça, mais je suis un peu inquiet. Stéfie note qu'elle lui a administré 5 cc de Fantanyl et elle était complètement stone, plus une heure plus tard. Ça me semble bizarre vu sa tolérance aux calmants.
Shun: Pas de problème, je comprends tout à fait, je m'en charge. Tu commences à quelle heure?
Hyoga: Six heures.
Shun: Va te reposer, je m'occupe de Céc '?
Hyoga: Tu vas être tranquille, je lui ai donné un sédatif pour qu'elle évacue le calmant.
Shun: Compris, bonne nuit.
Hyoga: Merci, Shun, bonne nuit.
Le lendemain matin, Shun entra sur la pointe des pieds dans la chambre de l'adolescente, peu désireux de la réveiller. Même s'il était presque silencieux, elle tourna sa tête vers lui.
Shun: Désolé ma puce, je ne voulais pas te réveiller.
Cécile: Rassures-toi, Shun, je l'étais. Bonjour, grand-frère.
Shun: Bonjour ma puce.
Il s'approcha et s'assit sur le lit près d'elle. Il posa sur la table de chevet une poche et un long tube.
Shun: Comment tu te sens ce matin?
Cécile: Bien, grâce au médicament de Stéfie, j'ai dormi comme un loir, mais au début, il m'a bien sonnée. J'ai même cru voir maman, pour te dire.
Shun: Tu n'étais pas sonnée, tu planais et copieusement selon Hyoga, je pense que c'est lui que tu as pris pour maman. Ce qui n'est pas vraiment normal au vu de ta tolérance aux calmants. Hyo 't'a fait une prise de sang puis t'a donné un sédatif pour que tu éliminines. Par contre, pour vraiment comprendre, il va falloir te faire un prélèvement urinaire, tu comprends? Demanda-t-il gentiment, ne voulant pas la brusquer ou lui imposer la choose de force.
Cécile: Je comprends tout à fait, j'ai du vous faire peur. Mais c'est non!
Shun: Céc '!
Cécile: Laisses moi finir. D'abord, je veux mon bisou et mon câlin du matin. Finit-elle avec un sourire malicieux.
Il rit à son tour et acquiesça.
Shun: Mille excuses, demoiselle! Effectivement, cette bonne nuit de sommeil t'a fait beaucoup de bien, on dirait. Alors, un gros bisou et un câlin, c'est dans mes cordes.
Il lui embrassa fraternellement la joue et l'attira dans ses bras pour une douce et chaste étreinte.
Shun: C'est mieux?
Cécile: Parfait, là je parle avec mon grand-frère et pas avec un toubib quelconque.
Shun: Je vois! Je vais aller vite, ne t'inquiètes pas.
Doucement, il retira la couette légère qui couvrait sa sœur. Celle-ci eut un frisson et protesta gentiment.
Cécile: Pas toute la couette, s'il te plaît?
Shun: Excusez-moi. C'est mieux là? Demanda-t-il en lui recouvrant le haut du corps et en dégageant les jambes et les reins.
Cécile: Oui, merci.
C'est alors qu'il vit un gros hématome sur la cuisse droite de sa sœur. Il demanda tout en continuant sa tâche.
Shun: Tu t'es cognée la cuisse hier?
Cécile: Je sais pas, comment veux tu que je m'en rende compte. Mais je sais que la sangle de mon fauteuil s'est coincée entre ma jambe et le bord.
Shun: C'est peut-être ça, ne t'en fais pas. Je me posait juste la question. Dit-il, désireux de ne pas l'inquiéter davantage.
Cécile: Shun, parles moi, expliques moi, s'il te plaît? Tu sais bien que je stresse quand tu ne dis rien. Fit-elle après une dizaine de minutes de silence. Le jeune homme qui prenait des affaires dans un placard se rassit près d'elle.
Shun: Excuses-moi, je te choisissais des vêtements. Maintenant, il n'y a qu'à attendre. Alors, chemisier bleu ou tee-shirt vert? Ikki ou moi, tu as une préférence? Dit-il en riant en faisant référence à leurs couleurs de tee-shirts favoris.
Cécile: Père! Je ne veux pas et je ne peux pas choisir entre vous.
Shun: Petite sœur, je blague là!
Cécile: Ben moi aussi! J'en sais rien, le chemisier, j'ai pas de rendez-vous aujourd'hui, je vais pas me déshabiller et me rhabiller quinze fois dans la journée.
Shun: Ok, mademoiselle. Alors, je regarde juste où c'en est… Parfait. Je t'habille dans une minute.
Cécile: Shun, vous croyez vraiment que Stéfie me ferait du mal volontairement?
Shun: Non, ma puce, pourquoi?
Cécile: Vous êtes si suspicieux envers elle. Je vous promets, à part la toute première fois, elle n'a jamais levé la main sur moi. C'est juste que des fois, elle ne sent pas vraiment sa force et l'orichalque m'a déjà bien affaiblie. Et puis, comme j'apprécie moins sa façon d'agir, je laisse mon esprit vagabonder et des fois je pars un peu loin.
Shun: Je te crois, rassures toi, c'est juste qu'on est un peu inquiets pour notre petite sœur préférée.
Tout en lui parlant, il finissait les soins et l'habillait doucement. Une fois qu'il eut fini, il l'assit avec précautions dans son fauteuil roulant.
Shun: Voilà, et ce soir, c'est Hyoga qui s'occupe de toi, ça te va?
Cécile: Oui, tu crois qu'il voudra bien me laver les cheveux?
Shun: Oui, bien sûr, ma puce.
Cécile: C'est au démêlage qu'il râle le plus en général.
Shun: T'en fais pas, on va faire une ballade?
Elle acquiesça avec plaisir. Sa journée fut très calme, entourée de ses frères, elle se sentait moins diminuée et inutile. Le lendemain soir alors que Stéfie s'occupait d'elle, elle demanda soudain.
Cécile: Qu'est ce qui vous tracasse?
Stéfie: Moi, qu'est ce qui te fait dire ça?
Cécile: Mon ouïe! Je suis aveugle, mon point de référence c'est les voix, les gestes, et même si vous semblez être comme d'habitude, je vous sens tendue, et inquiète, je peux vous aider? Je sais au moins écouter.
Stéfie: Merci, petite! C'est pas grand-chose, j'ai l'anniversaire d'un ami très cher demain, et je ne trouve rien qui m'enchante à lui offrir et je n'ai pas le temps d'aller faire les magasins.
Cécile: Un ami très cher et spécial, n'est ce pas?
Stéfie: Oui, répond-elle touchée par la douceur et la sympathie de l'adolescente. Celle-ci eut un petit sourire gentil et dit doucement.
Cécile: Alors, je crois que je peux vous aider. Dans le premier tiroir de ma table de chevet gauche.
Intriguée, l'infirmière ouvrit le tiroir et découvrit des morceaux de bois et de quartz rose taillés avec soin, façonnés pour certaines choses.
Stéfie: Waouh, c'est toi qui fait ça?
Cécile: Oui, mes frères ramassent le bois et le quartz et moi je le façonne pour en faire des pendentifs.
Stéfie: Ils sont magnifiques, vraiment. Tu as des doigts de fée.
Cécile: Je fais ça depuis que j'ai 6 ans, ça aide et je vois avec mes doigts, pas besoin de m'arrêter quand il n'y a plus de lumière. J'ai fait un cœur en quartz l'autre jour, ça pourrait convenir?
Stéfie: Mais tu l'as sûrement fait pour quelqu'un et je ne voudrais pas t'en priver.
La plus jeune eut un doux sourire et rétorqua gentiment.
Cécile: Vous en avez plus besoin que moi et je peux en refaire, j'ai tout mon temps. Collier ou bracelet?
Stéfie: Bracelet plutôt, si c'est possible.
Cécile: Tout à fait. Donnez moi trois courtes lanières de cuir, dans le deuxième tiroir.
Subjuguée, l'infirmière obéit. Elle sortit trois fines lanières de cuir et les remit avec le petit cœur à la jeune infirme.
Cécile: Merci. Elle se mit à tresser un bracelet fin et fit passer l'une des lanières dans un petit trou du quartz taillé avec soin. En quelques minutes, elle avait obtenu un fin bracelet de cuir tressé avec le cœur en pendentif. Elle le tendit à la femme, muette d'admiration devant le savoir-faire et la dextérité de sa patiente.
Stéfie: Merci beaucoup, petite, vraiment.
Cécile: Ce n'est pas grand-chose. Je vous assure.
Stéfie: Pour moi, ça compte.
Elle repartit un peu plus tard, touchée par la douceur et la bonté de l'adolescente. Le lendemain soir, à la réunion avec ses complices, elle entendit.
Ludwig: Les prélèvements sont parfaits, elle est totalement compatible. On prélèvera tout, foie, poumons, cœur, reins.
Stéfie: Mais, elle va en mourir!
Ludwig: C'est une infirme, elle ne manquera à personne et pas bien longtemps à ses frères qui seront enfin soulagé de ce fardeau.
Stéfie: Je ne suis pas d'accord! Je refuse de participer à un meurtre!
Ludwig: Très bien, tu as fait ta part, je ne te retiens pas!
Elle sortit rapidement de la maison et se rendit à l'anniversaire de son ami, le cœur lourd. Elle avait accepté ce travail mais ne comptait pas participer à un assassinat. Elle se promit de prévenir la jeune fille et ses frères dès le lendemain.
Dans la petite maison, les trois complices restant se regardèrent.
Ludwig: Elle n'est plus fiable, je m'en occupe dès demain.
Maria: Dommage, elle était utile!
Ludwig: J'ai quelques remplaçantes en rayon.
Mario: Et pour ma demande?
Ludwig: On verra suivant ce qu'on peut faire.
Maria: Dans une semaine, elle a un rendez-vous le matin chez le professeur et l'après midi chez le kiné, on pourrait en profiter. Je peux m'arranger pour mettre ses frères sur le planning de façon à ce qu'ils soient occupés et comme ça, il suffira que Tony et Olliver conduisent le véhicule là bas.
Ludwig: Excellente idée, je planifie tout ça et je vous tiens au courant.
