Traduction : Takkaori, Tressym383
Relecture : Zodiaaque
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Résumé : Aizawa invite un intervenant et la journée de Bakugo va de mal en pis.
Lève-toi
Il devait faire ses exercices, déjeuner et réviser l'anglais avant le début des cours.
J'en ai pas envie
Il devait se bouger le cul sur le devoir d'Aizawa et arrêter d'être un putain de poids mort.
Debout
C'était juste tellement dur de s'y intéresser.
Bouge-toi, putain
Il y avait bien une qualité dont sa mère avait toujours été fière : il s'investissait à fond dans ce qu'il faisait. Il avait toujours procédé ainsi pour atteindre le sommet.
Avait-ce toujours été aussi épuisant ?
Il se souvenait se réveiller tout excité de tester de nouvelles façons d'exploser des objets.
Sors de ton lit, espèce de merde inutile
D'habitude, la peur d'être à la traîne le motivait. Après ce qu'il s'était passé avec le vilain boueux, il s'était réveillé en panique pendant des semaines. L'anxiété avait diminué avec le temps, mais les entraînements du matin étaient devenus une routine depuis.
Tu veux encore te faire kidnapper ?
Il se tira hors du lit, trouvant finalement la -peur- colère nécessaire pour se lancer dans une nouvelle journée.
Putain de demoiselle en détresse
Il allait devenir le meilleur de tous pour que personne ne puisse le mettre à terre.
Pathétique
Il leur montrerait, il n'avait pas besoin d'être sympas s'il pouvait gagner.
Mais tu ne fais que perdre
Que ce bâtard en jean aille se faire voir, il serait un héros à sa manière.
Plus jamais
Il allait prendre son épuisement profond comme un défi.
Plus que quelques pas pour aller au placard, même toi tu peux faire ça
Une étrange sensation de dissociation envahit son esprit.
Concentre-toi, crétin. Attacher ses chaussures, c'est pas sorcier
Son attention se focalisa sur les mouvements qu'il devait faire ensuite, peu importe lesquels ça pouvait être.
Ouvre la putain de porte. Il y a personne derrière, espèce de chiffe molle
Tant qu'il ne pensait pas à la suite, il pouvait se forcer à passer à l'étape suivante. Mais… Où est-ce qu'il allait, déjà ?
Pourquoi tu mets un putain de jogging ?
C'est vrai, le footing matinal. Il mit son corps sur mode automatique et fit de son mieux pour ignorer à quel point il se sentait misérable. Ça aidait de considérer son épuisement et le mal de tête qui l'accompagnaient comme de simples observations. Comme des faits plutôt que des ressentis, comme s'ils étaient subis par quelqu'un d'autre. Ils n'allaient pas le décourager. Ils n'étaient rien.
Il finit par retourner au dortoir et se préparer pour les cours. Il ne se souvenait pas vraiment s'être lavé, mais ses cheveux étaient humides alors il avait dû le faire. La porte de la salle de classe apparut avant même qu'il ne réalise à quel point il n'était pas prêt à affronter cette journée.
C'est trop tard maintenant, gros débile
"Baku-bro !" l'accueillit Kirishima. "T'as trop dormi ou quoi ? Je suis jamais arrivé en cours avant toi."
"Peut-être que je voulais juste retarder le moment où je verrais vos putains d'expressions navrées." il grogna.
"Oh putain, est-ce que Bakugo est le dernier arrivé ?" taquina Kaminari.
"Vous pourrez tourmenter Bakugo pendant votre temps libre." Aizawa émergea de sa cachette sous son bureau. "Maintenant, j'ai besoin que vous agissiez comme si vous étiez tous des amis aimants et solidaires."
"C'est un défi de taille, monsieur." continua à taquiner Kaminari.
"Ce n'est que pour une journée, vous en êtes capables." répliqua Aizawa avec un regard las, avant de soupirer. "Puisque ce n'est pas non plus mon point fort, on a fait venir un intervenant."
Aizawa fit signe de venir à une jeune femme toute habillée de vêtements de motards noirs, à l'exception des fines bandes arc-en-ciel le long des coutures de sa veste.
"La classe, voici Six." Il fit un geste paresseux dans sa direction. "Six, voici la classe."
"Hello." elle les salua. "Comme vous pouvez le voir, votre professeur n'est pas très enthousiaste par cette activité. Mais en raison de l'exposition médiatique inhabituelle que votre classe a reçue, il a convenu que cette intervention serait une bonne idée.
Aizawa grommela quelque chose d'inintelligible.
"Laisser toutes ces actualités et attentions médiatiques comme une expérience non-abordée en classe crée un environnement propice au harcèlement et à des problèmes d'estime de soi." Elle regarda avec sérieux plusieurs élèves dans les yeux. "On ne peut pas rendre le monde extérieur plus agréable... Tout ce qu'on peut faire, c'est vous aider à apprendre à y faire face. Ça convient à tout le monde ?"
Quelques hochements de tête semblèrent suffisants pour la satisfaire.
"Pour une introduction plus approfondie à mon sujet : mon nom de héros est Shade Six et mon alter me permet de ressentir et matérialiser des pensées et des émotions sous la forme de lumière." elle se présenta par-dessus le léger murmure des élèves curieux. "La plupart du temps, ça ressemble à une aura. Je peux amplifier ou supprimer ces matérialisations, mais j'ai peu de contrôle sur leur apparence. Des questions ?"
La main de Deku se leva sans plus attendre.
"Oui, Midoriya ?"
"Combien de personnes à la fois pouvez-vous affecter ? Et quelle est votre portée maximale ?"
"Il n'y a pas de mesure fixe, la projection s'affaiblit à mesure que la personne s'éloigne de moi." elle expliqua. "J'entrerai un peu plus dans les détails plus tard."
Deku parut satisfait.
"Même si l'intensité de la lumière est affectée par la distance entre l'individu et moi, celle-ci peut être vue par les autres à n'importe quelle distance. Les effets psychiques, par contre, n'atteignent que ceux qui se trouvent à environ trois à cinq mètres, selon la force de l'émotion." Elle distingua quelques visages confus et simplifia. "En gros, vous pourrez tous voir la projection, mais seuls les membres de votre groupe et quelques personnes au premier rang sauront avec certitude ce qu'elle signifie."
"Bref, concernant ce qu'implique réellement l'activité d'aujourd'hui." elle continua d'un ton enjoué pour adoucir le coup. "Nous allons chercher vos noms sur internet."
Les chuchotements allèrent de l'excitation à l'inconfort. Le chahut de la pièce emporta le peu d'équilibre qu'il y avait dans l'esprit de Bakugo.
C'est mort, putain
"On va vous mettre par groupe." elle poursuivit. "En commençant par Iida, Ochako, Ojirou et Kaminari. Si on prend le temps qui me semble être nécessaire, on ne pourra faire passer qu'un élève par jour. Est-ce que l'un de vous quatre aimerait se porter volontaire pour être mon tout premier modèle ? "
Après un moment sans preneurs, Iida leva la main.
"En tant que délégué de classe, il est de mon devoir de faire face aux situations difficiles."
"Très responsable." Six lui sourit chaleureusement. "Assieds-toi là le temps que j'installe le nécessaire."
"Entendu." répondit Iida avec son habituelle formalité excessive.
"On va rechercher vos noms sur HeroScape." Elle connecta son ordinateur portable à l'écran projeté au-devant de la salle de classe. "Pour la plupart, vous êtes probablement déjà conscients de ce que seront les résultats vous concernant. Le but n'est pas de s'attarder sur ce que la communauté pense de vous, mais d'y faire face dans un cadre contrôlé."
Iida hocha la tête avec raideur, et alors que Six s'approchait pour brancher son ordinateur portable, un champ lumineux jaune-vert apparut autour de lui. Il semblait vibrer sous forme de petites vagues que Bakugo remarqua comme étant parfaitement synchronisées avec le genou d'Iida qui rebondissait subtilement. Plus perturbant encore, il pouvait sentir ces petites vagues d'anticipation anxieuse mélangées à quelque chose d'autre qu'il n'arrivait pas vraiment à nommer. De la fierté, mais aussi de la peur ? Il avait déjà assez de mal à distinguer ses propres émotions.
"Je peux concentrer mon alter sur la projection des émotions d'une personne, mais ces projections ne parcourent qu'une courte distance à leur pleine puissance." elle les informa. "Les trois autres membres de vos groupes sont là pour vivre l'expérience avec vous. J'attends de vous que vous vous souteniez mutuellement. Gardez en tête que vous serez tous à la place d'Iida à un moment donné."
J'aurais dû m'asseoir à l'arrière
"Tu peux demander à arrêter à tout moment." elle avertit le concerné de manière rassurante, se rendant pendant ce temps sur la page d'accueil du plus populaire des médias en ligne spécialisés sur les héros. Elle tapa « Iida Tenya » dans la barre de recherche et Bakugo sentit une légère secousse inconfortable alors qu'un bleu-vert plus sombre et étouffé se mettait à scintiller dans le bourdonnement couleur citron.
Tous les articles de la première page comportaient une photo d'Ingenium. Six cliqua sur le premier et lut le titre à haute voix.
"Ingenium prend sa retraite après une blessure dévastatrice."
Iida Tenya n'y était mentionné que comme « le frère cadet du héros, fréquentant actuellement UA ».
L'article suivant vint d'une liste de « héros émergents à suivre cette saison » qui ne mentionnait encore une fois Iida Tenya que comme le frère cadet d'Iida Tensei. Six le laissa prendre les rênes pour chercher ce qui l'intéressait parmi les articles similaires. Le bourdonnement vert-néon s'estompa pour devenir un bleu-violet palpitant lentement. Alors que l'aura lumineuse exprimait l'anxiété d'Iida d'une manière qui ressemblait à un flot de grésillements radiophoniques, son impact donnait plutôt l'impression d'être sous une couverture trop épaisse par temps chaud.
"La plupart de ces articles ont l'air de tourner autour de l'héritage de ta famille, en particulier sur la blessure de ton frère et la retraite qui a suivi." elle constata. "C'est difficile de devoir porter ça sur ta future carrière."
Une image s'imposa soudainement dans l'esprit de Bakugo.
Des tubes et des machines s'emmêlant autour d'une silhouette fantomatique, le tout dans un bleu et blanc caractéristiques des hôpitaux.
Du chagrin. Bakugo réussit finalement à nommer l'émotion qui émanait d'Iida. Un sentiment de perte qu'il n'avait pas éprouvé depuis la disparition de Tsubasa. C'était cependant différent, d'une certaine façon. Il y avait moins de peur et de confusion, mais plus de culpabilité, de regret et de sens des responsabilités.
"Je suppose..." Iida fredonna dans sa réflexion. "Je suppose que je suis perturbé."
Un jet de sang et le visage bandé de Stain lui vinrent à l'esprit alors que l'aura d'Iida prenait une teinte rouge au sentiment de colère que le souvenir apporta avec lui. Le sentiment fut cependant rapidement submergée par la terreur d'avoir mis en danger ses amis.
"Comment ça ?" elle l'encouragea.
"J'ai l'impression que... Si je n'arrive pas à faire honneur aux capacités de mon frère, ce serait comme le laisser tomber." Iida soupira, un sentiment particulièrement sévère l'envahissant. "Cependant, si je le surpasse d'une manière ou d'une autre, il sera comme... remplacé. J'ai l'impression que je ne suis pas digne de lui succéder et je crains que les gens le pensent aussi, ou oublient tout ce qu'il a pu sacrifier."
"Tu es dans une position compliquée." elle admit doucement. "Tu subis une attention toute particulière, et des attentes élevées sont placées sur ta carrière avant même qu'elle ne commence."
Il y eut un flash de quelque chose de plus chaleureux, avant que ça ne soit plongé dans un vert léthargique et maladif.
"Je crains m'être trop attaché aux règles." Iida poursuivit. "Et désormais, j'ai du mal à prendre de bonnes décisions alors que je n'ai pas de réponses claires."
"C'est une introspection très mature." remarqua Six d'un ton encourageant. "Penses-tu que c'est quelque chose dont tu pourrais parler avec ton frère ?"
"Je ne voudrais pas l'accabler avec plus d'inquiétudes qu'il ne doit déjà gérer."
"Peut-être qu'être davantage impliqué dans ta carrière en tant que conseiller l'aiderait à s'adapter à son nouveau rôle hors du terrain."
"Je... n'avais jamais vu les choses de cette manière." réfléchit Iida à haute voix. L'épais nuage vert s'éclaircit en un bleu légèrement ondulant que Bakugo interpréta comme de l'espoir.
"Ça peut ne pas fonctionner. Je suis douée d'empathie, pas de don de médium." elle précisa. "Mais je pense que ça vaut le coup d'essayer."
"Merci, Madame." Lorsqu'il le faisait assis, son habituelle courbette de remerciement donnait l'impression qu'il se pliait en deux.
"Est-ce que parmi vous trois, quelqu'un aimerait dire quelque chose à Iida ?" elle demanda aux trois autres élèves au premier rang. Iida fit face à son groupe, se tenant au garde-à-vous comme s'il attendait la décision du jury à l'émission Le Japon a un Incroyable Talent.
Après un moment de silence incertain, Ochako se jeta à son cou. Il recula d'un pas avant de rendre l'étreinte.
"J'avais aucune idée que tu te sentais comme ça !" elle pleurnicha dans sa chemise. "Je suis tellement désolée."
"Je vais bien, Uraraka, vraiment." Il la rassura, troublé, alors que son aura se teintait d'un fuchsia éclatant. "Je le promets."
Bakugo grogna intérieurement. C'était le pire projet dont il avait jamais entendu parler.
"Oui, Todoroki."
Tous les yeux se tournèrent vers Double-face.
"Est-ce une activité obligatoire ?"
On dirait que je suis pas le seul à préférer me jeter d'un pont.
"Oui." Six confirma le pire. "Aussi inconfortable que ça puisse être, c'est quelque chose que vous allez devoir être capable de gérer durant votre carrière. Votre seule alternative est de planifier une session après les cours avec juste Aizawa et moi, mais votre note sera réduite de vingt pourcents."
Todoroki accepta la réponse avec un hochement de tête silencieux, mais la tension qu'il dégageait laissait comprendre qu'il consentait à l'accord des vingt pourcents. Est-ce que les gens se poseraient des questions si il faisait de même ?
Il se foutait de la gueule de qui, bien sûr qu'ils le feraient, putain. Tout le monde savait pourquoi Todoroki ne voulait pas faire ça. Personne n'allait le pousser à parler des problèmes qu'il avait avec son paternel. Mais si lui se dégonflait, ça signifierait admettre à quel point tout l'incident de Kamino l'avait affecté. Et ça voudrait dire que les gens allaient jouer aux fouille-merdes. Mais s'il perdait ses moyens en plein cours, ça serait encore pire.
Que ce projet de merde aille ce faire foutre
Il se fit mal au crâne à essayer de mettre au point une stratégie efficace pour semer ses camarades de merde avant le prochain cours qu'il allait devoir endurer. C'était le cours de physique, Dieu merci. Queue d'cheval le battait en Anglais, Quatre-yeux occupait la première place en Histoire et Double-face régnait en maître sur les mathématiques. Ça l'emmerdait de se battre pour la seconde place dans la moitié de ses cours, mais en physique au moins, il était invaincu. Il avait aussi géré la chimie le semestre précédent, devançant les autres grâce à toutes les recherches qu'il avait fait pour mieux gérer son alter. Cementos afficha les résultats du derniers test au tableau et…
Des étincelles brûlèrent son bureau lorsque son stylo explosa dans sa main. Il sentit à peine les éclats acérés s'incruster dans sa paume, envahi par un sentiment d'incrédulité, de peur et de rage.
Cinquième.
Il était le putain de cinquième
Derrière les trois habitués des premières places. Derrière la quatrième place, occupée par ce putain de Deku.
Il devait se casser de là, que les conséquences aillent au diable. Il laissa son sac, son téléphone, tout. Il s'en foutait.
Il sortit en trombe du bâtiment scolaire et se dirigea vers les terrains d'entraînement. Il avait besoin d'exploser des putains de trucs, tout de suite.
À la seconde où il posa le pied sur le terrain, il se déchaîna. Faisant exploser des voitures et des bâtiments jusqu'à ce que ses bras lui fassent mal.
Ça ne suffit pas.
Il prit une profonde inspiration, un moment pour s'ajuster et il dirigea son prochain tir sur un immeuble. Il allait couper la chose en deux, comme un laser de nitroglycérine. C'était dangereux, stupide et ses avant-bras brûlaient sous l'effort. Il réussit néanmoins à retirer un étage entier au milieu de l'immeuble et tout ce qui se trouvait au-dessus s'écroula. La satisfaction fut cependant de courte durée. Il perdait le contrôle sur sa vie et il avait beau faire tous les efforts imaginables, rien ne pourrait ramener les choses comme elle l'étaient avant. Il s'effondra et hurla.
"Oh, c'est juste le fou-furieux de la seconde A." dit une voix au loin.
"Punaise, je pensais que quelqu'un mourrait." ajouta une autre.
Ce sera le cas si vous dégagez pas
"Mais on dirait que tout va bien, retournons en classe."
Choix intelligent
Il se laissa tomber sur le dos, la poitrine se soulevant au rythme de ses respirations. Il avait détruit tout ce qui était assez haut pour fournir de l'ombre, alors il ne lui restait plus que le dos de sa main brûlée pour protéger ses yeux du soleil de midi.
Trop couvert de poussières et de saletés pour retourner en classe, hein ?
Des regards curieux le suivirent jusqu'aux dortoirs, où il s'isola pour le reste de la journée.
NAO : Habituellement je n'utilise pas d'OCs dans mes fanfictions, mais je voulais pimenter les chose avec un alter d'empathie, donc voilà où nous en sommes.
