Hey !

Et voilà un nouvel OS pour ce recueil, écrit pendant la Nuit du FoF sur le thème Polytraumatisé. Ça change de ce que j'ai fait avant, mais j'aime bien !

(TW en fin de chapitre !)

Merci à oOoPlumeStilinskioOo, Mijoqui et Almayen pour leurs reviews sous les textes précédents.

Bonne lecture !


Résumé : Ce sont autant de traumatismes qui ont forgé Catra. Qui l'ont brisée.
Rating : T
Genre : Angst.
Univers : Canon Post-S5

Personnages : Catra
Pairing : x


Traumatisme

.

Traumatisme un : la mère. Celle que Catra n'a jamais eue.

Peut mieux faire.

Un masque et pas de visage et pas de félicitations, jamais, juste un mur froid où se cogner encore et encore. Juste une voix qui siffle dans la tête, un espoir fou, des efforts et toujours le sol qu'elle se mange à la réception, et la déception. Et encore elle essaie, et toujours deux yeux qui la dardent, et les mêmes mots.

Tu n'as pas suivi les instructions.

Je-

Sur le terrain, tu aurais mis la vie de tes partenaires en danger.

Jamais assez bien, jamais assez bon, des erreurs encore et encore par-dessus les efforts. Une lame qui s'enfonce et l'amour qu'elle cherche s'évapore. Et l'admiration lui file entre les doigts. Les yeux la décortiquent sans jamais la regarder pour de vrai. Des miettes de cœur au sol, et l'ego qu'elle ramasse comme elle peut, qu'elle nourrit. Maigre. Un ego affamé. Brisé. Un trou noir à remplir.

Traumatisme deux : Adora. La perte.

Le départ et l'abandon, son seul repère éclaté, la solitude profonde, la peur, le lit vide. L'amour sous ses yeux, la bravoure, les récompenses qui lui tombent dans le bec et elle, elle attend dans l'ombre, elle a faim, son ventre grogne mais personne ne voit. Adora parfaite, son pilier, sa main qu'elle serre toujours plus fort, son rire. Adora près d'elle pour l'éternité.

Sa disparition. Adora tout pour elle, même si elle n'était pas tout pour Adora. Adora et les autres, ses nouveaux amis, Adora chez l'ennemi, mieux chez l'ennemi qu'avec elle, Adora qu'elle affronte, qu'elle écrase, qui se relève toujours. Adora loin d'elle, de sa propre volonté. Parce qu'il y a plus important, pour Adora, que Catra. Il y a mieux.

Catra minable, minuscule et seule. Le vide.

La fin des certitudes.

Traumatisme trois : le corps. Les blessures.

Griffe. Tire. Coup. Des bleus. Pour un instant. Un mal temporaire, et puis sous son poil des plaies, du sang, ça sèche. Elle passe à la suite. Un jour elle voit un morceau de peau blanc, une cicatrice. Des rayures sous ses rayures. Des médailles pour toutes celles qu'elle n'a jamais eues. Des récompenses. Et puis un trou dans sa nuque. Une tâche. Pour toujours. Ses doigts passent dessus. Elle tremble.

Un morceau pas d'elle, un autre à l'intérieur. Dans son corps. Son corps plus le sien. Ses blessures plus les siennes, la trace de quelqu'un d'autre sur elle. Pour toujours.

Elle retire sa main. Laisse pousser ses cheveux.

Les bleus partent. Les cicatrices non. Les cicatrices s'accumulent. Comme les souvenirs. Les cicatrices sont son corps. Sont elle. A jamais. Son corps qui change. Marqué. Son corps plus jamais le même. Et elle, plus jamais elle-même.

Traumatisme quatre : le grand maître.

A l'intérieur. Ses secrets, dévoilés. Ses blessures, dévoilées. Son amour, dévoilé. Sa terreur, dévoilée. La façade écrasée. Et elle en miette, les murs brisés et le pauvre chaton au milieu, plus de masque. Seulement la petite tremblante, sortie de force du terrier. Tout son dedans exposé. Sa fragilité, exposée.

Plus jamais seule, parce que pour toujours, quelqu'un dans sa tête. En elle. Quelqu'un d'autre.

Ses pensées tordues et cassées, ses souvenirs déchirés comme une feuille, fouillés, abîmés. Tout le dedans d'elle sortie comme on éventre quelqu'un, on l'a éventrée elle, on a sorti ses boyaux. On a été dans ses secrets. Son corps qui n'obéit plus. Son corps plus son corps, celui d'un autre, son corps désarticulé, brisé, un pantin. Elle, un pantin. Elle, plus rien.

Rien. Le néant.

Elle, une chose. Plus de passé, plus d'avenir, plus d'envie, plus rien. Juste des gestes, des mots qui n'étaient pas les siens, hors de sa bouche.

Elle, déshumanisée.

Traumatisme cinq : la guerre.

Les coups, les cris. Les tirs. L'odeur âcre de la poudre, du bois qui crépite. Pas que du bois. la terre retournée. Les regards brisés.

Les plans. Le jour qui court. L'impatience dans ses jambes, comme un besoin. La bataille qui approche. L'avenir à portée de main. Dans sa paume. Le creu. Une prise.

Les épées, les étincelles. La lumière et les canons, et le feu et la chaleur des champs de bataille sur son pelage, et le regard satisfait d'Hordak. Les victoires comme nourriture précieuse pour son orgueil, la mère à ses pieds, en morceaux. Le pouvoir naissant, grandissant. Enivrant. Elle, si forte, immense.
Dans sa tête des plans, toujours. Des idées qui éclatent. Etudier, deviner, parier, attaquer. Écraser. Recommencer. L'enchaînement incessant. La satisfaction brusque et les profondes déception, encore et encore. Sans pause. Recommencer.

Et puis plus rien. Plus de guerre. La fin. Le pilier s'effondre. Fini. Plus de mur derrière lequel se cacher. Plus de béquille.

Plus de guerre, alors plus qu'elle, nue. Elle, les souvenirs, Adora près d'elle, la mère morte, sa nuque marquée. La culpabilité.

Plus de distraction. Son horrible reflet dans le miroir. Cette fille qu'elle ne reconnaît pas. Qui la regarde. Les yeux fendus.

Elle. Seule.

Si seulement Catra avait su comme la guerre allait lui manquer.


[TW : Guerre, plaie]

Et voilà. Même après la relecture, il me plait toujours. Et lui pour le coup, il a été écrit en moins d'une heure !