Il ne s'étonna pas de voir Daenerys, quelques heures plus tard, assise sur une des chaises dans sa chambre. Le loup venait tout juste de quitter ses obligations auprès de la reine du Nord, c'est-à-dire l'aider avec les soldats valides tandis qu'elle faisait le tour de ceux qui ne l'étaient plus. Ils faisaient les choses en duo, ce que Ser Davos et Lord Royce appréciaient car cela montrait visiblement leur futur règne au peuple.

Peuple qui ne savait pas encore que la reine épouserai le faux roi. Peuple qui ne savait pas qu'un dragon volait dangereusement autour de la tour dans laquelle les loups étaient maître. Peuple qui ne voulait que vivre paisiblement.

Les yeux violets étaient figés sur lui. Comme si ce regard pouvait le couper en deux si elle en avait envie. Comme si ce regard pouvait le glacer. Ils n'étaient pas de ce bleu si particulier que la famille Tully possédait pour cela.

« Tu m'as trompé. » Ce fût la première chose qu'elle déclara. Et il ne pouvait la contredire. « Tu m'as manipulée au moment même où tu es arrivé sur mes terres. »

Que pouvait-il dire ? Elle avait bien compris la situation après tout. Ses mots n'avaient été que vides promesses à l'instant même où il avait touché le sol de Dragonstone. Ce sable si humide qui lui avait donné l'impression de marcher dans une neige qui n'en était pas une. Sa place était, est et serait, toujours dans la neige et le froid du Nord. Non auprès d'une reine du sud.

« Tout n'était que mensonge et manipulation. » elle s'était levée, s'approchant de lui, le visage tordu dans une grimace étrange qu'il ne pouvait nommer. Il aimerait pouvoir dire que cela était de la douleur mais cela en était bien trop éloigné. De la haine et de la rage sûrement. Cette sensation de trahison et cette envie de vengeance.

Son visage était si proche qu'il pouvait presque sentir son souffle contre sa peau. Mais ce dragon-là ne crachait pas de feu, n'avait pas de griffes ou d'ailes. Il était innocent et terriblement faible par sa folie des grandeur. Par sa folie tyrannique. Le loup n'avait pas peur d'une bestiole qui ne pouvait se défendre seule.

« J'ai fais ce que je devais faire pour le Nord. » répondit-il sans baisser les yeux face au regard noir de la paire améthyste. « Je le referai si je le devais. »

« Ça a dû être drôle hein ? Vous avez dû bien rire de moi avec Sansa n'est-ce pas ? » il n'aimait pas comme elle prononçait le nom de sa cousine avec autant de véhémence, il n'avait jamais aimé cela. Maintenant il pouvait le dire.

« Elle n'est pas comme ça. Elle ne s'est jamais moquée de tes sentiments. » Cela ne voulait pas dire qu'elle ne s'était pas moquée de la façon dont la reine blanche ne connaissait rien au pays sur lequel elle voulait tant régner. Qu'elle ne s'était pas moquée de sa naïveté face à un monde et des personnes inconnues. Qu'elle ne s'était pas moquée de l'air enfantin qu'elle avait toujours quelques fois, quand le monstre tyrannique n'était pas présent.

Elle ne répondit que par un son dédaigneux, lâchant son regard une seconde avant de replonger dedans. Ce fût plus doux, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Il ne le fit que quand elle s'approcha de lui pour l'embrasser.

« Ça aussi, c'était qu'un mensonge … » murmura-t-elle en le regardant férocement. Il ne pouvait plus jouer cette comédie. Il savait qu'il devrait, au moins jusqu'à la révélation de son sang, de son rang, de son véritable nom. Il devrait. Mais il ne pouvait plus.

« Je suis désolé Dany. »

C'était peut-être la seule vérité dans tout cela. Il était vraiment désolé d'avoir eu à l'utiliser. Il avait vu une faille dans le noir désir de ces pupilles violettes et il s'y était engouffré sans répit. Il avait forcé un cœur meurtri à se renflammer. Pour rien. Pour du vide. Pour un cœur déjà pris ailleurs. Dans les mains froides et glacées de la reine du Nord, pourtant si chaude quand elles étaient sur sa peau à lui.

« Tu seras mien. » La voix était sans appel, ferme. Avec un grain d'il ne savait quoi qui ne lui plaisait pas. Il ne pouvait répondre qu'il était déjà prit, fiancé à la louve rousse, alors il ne fit que froncer les sourcils.

« Tu seras mien. » reprit-elle en s'éloignant vers la porte. Elle lui sourit en l'ouvrant « Tu seras mien ou le Nord sera sous les cendres. »
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L'araignée et le petit lion venaient de s'asseoir à son bureau. L'un était, comme à son accoutumé, calme face à la situation qui était la sienne. L'autre semblait bien nerveux, quand bien même il essayait de paraître tout aussi calme que son camarade. Mais la louve voyait à travers le masque.

« Sa Majesté est d'accord pour parler d'alliance avec la régente du Nord. » Elle savait que les mots étaient choisi pour lui faire mal. Le dragon ne voulait reconnaître le loup comme son égal. Mais elle n'en avait cure. Si la reine blanche ne voulait la reconnaître, elle ferai de même.

« Que propose-t-elle donc ? »

Elle n'avait pas besoin de cette alliance, les deux hommes face à elle le savait. Elle pouvait vaincre les soldats du dragon avec ses propres troupes. Elle pouvait vaincre Drogon avec les pouvoirs de Bran, qu'importe que ceux-ci ne lui permettent plus de voir l'avenir ou le passé car il était toujours un puissant vervoyant. Elle avait plus de terres, plus de richesses et plus d'hommes.

Elle avait tout une région de leur monde sous sa couronne. La reine de feu n'avait qu'une île, un peuple meurtri qui ne connaissait pas l'hiver et un dragon qui pouvait devenir inoffensif.

« Nous livrerons une guerre commune contre Cersei Lannister. » commença le lion avec un ton peu confiant.

Elle n'avait pas besoin d'une guerre contre la reine de King's Landing. Elles savaient toutes deux que la louve vaincrait. Alors la lionne tournait en cage, avec ses régions de leur monde dont aucunes d'elles n'avaient cure.

« Pourquoi me lancerai-je dans une guerre contre votre sœur ? » demanda-t-elle et cela sembla prendre de court Tyrion. « Le Nord n'est pas indépendant sur le papier, certes, mais nous savons tous que cela fait des années que nous le sommes tout de même. Il me semble plus judicieux de convenir à un accord avec les Sept Couronnes plutôt que de partir en guerre. »

« Reine Sansa » reprit Varys « Vous savez bien que la reine Cersei ne l'accordera jamais.» Oh si, pensa-t-elle, elle le ferai, ne serait-ce que pour une personne. « Qu'importe l'accord que vous lui proposerez, elle ne voudra pas céder le Nord. »

« Daenerys l'accepterai-t-elle ? » questionna-t-elle alors, coupant visiblement l'argumentaire du politicien. Elle vit la moue de ce dernier, ce visage presque penaud ou embarrassé.

« Elle l'accepte. » relança Tyrion « À condition d'épouser votre frère, Jon Snow. »

Elle n'était pas surprise. Le loup blanc avait prévenu sa meute de cet état de fait. Elle n'était pas surprise. Mais elle voulait rire. Elle voulait tant rire. Elle ne le pouvait pas encore.

« C'est judicieux. » C'était une réponse simple. Une réponse qui pouvait être de l'approbation, mais ils savaient tous trois que les mots n'étaient que cela. « J'insiste pour que nous parlions de cette alliance une prochaine fois, face à face, avec chacun de nos conseillers. Si cela plaît à Daenerys Targaryen. »

« Nous reviendrons vers vous dans les jours à venir. »
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Il fallut presque une semaine depuis la fameuse réunion des révélations pour que les deux reines se retrouvent de nouveau face à face dans cette pièce. Le loup blanc était cette fois assit à la droite de sa compagne avec les deux chevaliers de sa garde et les chefs sauvageons. À la gauche de la rousse se trouvaient Arya, leur frère Bran, Lord Royce ainsi que Sam.

En miroir, le dragon était entouré de Missandei, du second des Immaculés et des chefs des dothrakis à sa droite. Et à sa gauche se trouvaient Varys et Tyrion.

Cette formation ne montrait, une fois encore, que les liens entre la reine de feu et le pays qu'elle voulait gouverner n'étaient que trop pauvre. Trop peu. Trop faible. Qu'importe que l'araignée tisse sa toile et emprisonne quelques personnes dans ses filets, comme les Greyjoy qui se battaient entre eux pour leurs îles, cela n'était pas assez contre le Val, le Nord et le soutien du Conflans.

Les Tully étaient d'honneur, surtout envers leur famille après tout.

Les négociations durèrent un long moment. Entre le soutien inattendu des deux familles vassales de Dragonstone, les Celtigar et les Velaryon, ceux qu'ils apportaient et les discussions de la future guerre contre Cersei, Jon n'en pouvait plus.

Il ne manquait plus que l'indépendance du Nord à traiter. Et le mariage que le dragon voulait pour cela.

« Concernant le Nord » lança sa cousine avec les mains sur son bas-ventre, totalement dans une position décontractée quand bien même la conversation en était tout le contraire. « En devenant la Reine des Sept Couronnes avec notre aide, nous voulons l'indépendance. Vous aurez donc six couronnes sous votre joug. Nous parlerons d'accords commerciaux entre nos deux royaumes à ce moment-là j'imagine. »

« Je veux une garantie sur le fait que vous n'attaquiez pas mes terres à la minute où Cersei tombera ou dans les années qui suivront. » déclara Daenerys, ses mains également sur son ventre mais dans une position bien plus droite et stricte, à l'image qu'elle voulait donner au peuple. « Je demande des fiançailles entre votre frère et moi-même. Il deviendra Prince Consort à mes côtés. »

La louve lui lança un regard, lui demandant une permission silencieuse et il ne put qu'acquiescer. Il fallait que la comédie cesse. Il ne pouvait plus supporter les regards de la blanche. Il ne pouvait pas supporter les menaces sur son peuple. Il ne pouvait pas supporter les menaces sur sa meute, sa compagne. Il voulait être en sécurité. Il voulait être chez lui.

« À ce propos » Il vu le moment où elle hésita, parce qu'elle savait qu'il avait plus de droit que sa tante sur le trône. Il était l'héritier légitime. Daenerys le voudrait peut-être mort pour cela. « Vous devriez savoir qu'il n'est pas mon demi-frère mais mon cousin. »

L'assemblée, la partie qui n'était pas au courant du moins, les regardèrent avec étonnement. Les yeux bleus revinrent sur lui une seconde mais c'était déjà trop tard, le sort était lancé.

« Jon est le fils de ma tante, Lyanna Stark » il vit le moment où la bouche de Tyrion s'ouvrit, comprenant presque immédiatement ce que cela voulait dire. « et de Rhaegar Targaryen. »

« Ils étaient également mariés. » annonça Bran de but en blanc, d'une voix monotone, bien que chacun des loups connaissaient la jubilation qu'il pouvait y avoir derrière.

« Pardon ? » Le petit lion sauta sur ses pieds à cette annonce, ces annonces. Ses yeux se tournèrent vers son frère, cherchant sûrement un soutien mais il ne reçu qu'un acquiescement. Après tout, Jaime était déjà au courant. Il était au courant depuis le moment où il avait mis genou à terre devant la reine de glace.

Sansa ne fit qu'un geste de main vers Sam qui s'empressa de sortir le document du livre qu'il avait sur les genoux. L'araignée avait déjà pu voir cela, durant une réunion secrète que la louve et lui avaient eu, quelques nuits plus tôt. Elle n'avait pas confiance en cet homme, mais elle avait confiance en son jugement et en sa dévotion pour le peuple.

Il regarda le document, mimant la surprise avec talent aux côtés d'un Lannister et d'un dragon abasourdi.

« Cela signifie … » le lion sous le joug du dragon laissa sa phrase en suspend.

« Que je suis plus légitime que Daenerys, oui. » fit-il en la regardant dans les yeux. Les iris violettes étaient noirs. Noirs de haine et d'envie morbide. Elle était furieuse, car encore une fois elle était contre un mur face à une information qu'on lui avait caché. Précisément dans la même position qu'une semaine avant.

« Jon est un Stark. » fit néanmoins la reine du Nord, faisant un silence dans l'assemblée. « Il ne prétend pas au trône et ne prétends pas au nom Targaryen. Personne hors d'ici ne connaît cette légitimité. Ou alors ils sont morts avec leurs secrets. »

« Avoir pour mari quelqu'un portant le nom du Nord aidera grandement à votre début de pouvoir ma reine. » déclara Tyrion, rapidement « Cela fait vingt ans que Jon est vu comme le bâtard du Gouverneur du Nord, une vérité comme celle-ci, sans preuve, ne pourra s'ébruiter très longtemps. »

« Cela va de soi. » reprit sa cousine avec un visage neutre. Pourtant, lui pouvait voir la jubilation dans les yeux glacials, dans le coin des lèvres légèrement relevés. Dans le mouvement léger de ses doigts fins et froids quand ils touchaient sa peau chaude. « Malheureusement, cette requête ne peut être autorisée pour les mêmes raisons. »

Il regarda les visages surpris, du moins pour la délégation adverse. Il pouvait voir le moment où les yeux violets comprirent qu'il y avait encore une information qui n'allait pas lui plaire. Une information qui finirait délibérément par faire hurler le dragon de rage.

« Je ne vois pas le problème. » lança la reine de feu. « Les Targaryen se sont toujours mariés dans la famille et le fait que Jon soit mon neveu ne change rien à cela. Surtout si le peuple ne l'apprend jamais. »

« En effet. Mais cela fait également de lui, autre chose que mon demi-frère, mon cousin. » Il vit le moment où les yeux du petit lion s'ouvrirent de compréhension. La danse avait scellé leur engagement l'un envers l'autre auprès des seigneurs du Nord. Auprès de quiconque connaissant la valeur de cette chanson. « Ce qui fait que Jon est déjà en procédure de fiançailles. »

Le loup blanc regarda intensément le visage de la reine blanche. Elle resta interdite quelques secondes. Seulement avant de prendre une expression de haine pure qu'elle dirigea autant vers lui que vers sa fiancée. Il n'était pas étonné. Comment aurait-il pu l'être ? Il aurait espéré qu'elle ne comprenne pas, ou qu'elle comprenne en étant la femme ''mère'' que certains de ses hommes continuaient à l'appeler.

Mais il n'y avait plus rien de cette partie de la personnalité du dragon aujourd'hui. Elle n'était que Feu et Sang.

La jeune fille de Naath et le petit lion essayèrent de retenir le dragon mais ce dernier quitta la salle d'un mouvement violant et un claquement de porte contre les murs de pierres.

À ses côtés, Sansa se mangeait les lèvres pour ne pas montrer son sourire.
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Il n'y avait rien qui pouvait gâcher son humeur aujourd'hui. La rage sur le visage blanc avait été bien plus belle qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Elle avait eu envie de rire. Comment cette autre reine n'avait pas pu le voir avant ? Comment n'avait elle pas pu deviner ? À partir du moment où la louve rousse avait annoncé le vrai lien de parenté entre elle et Jon, le dragon aurait dû tilter.

Son ancien mari également. À vrai dire, elle était plus déçue par celui-ci qu'autre chose. Et extrêmement amusée par les réactions houleuses de la créature mythique.

Elle savait qu'elle venait de se jeter dans la gueule d'un monstre destructeur. Oh elle le savait. Mais elle était aussi un monstre maintenant. Et elle avait bien plus de force que celui face à elle.

Maintenant, la louve rousse devait planifier minutieusement la suite. Bien sûr, la guerre contre Cersei serait inévitable, même si elle préférerai passer par des compromis, rien n'était sûr sur le fait que la reine lionne accepte. Même avec son amant de frère sous la main, ce n'était pas certain. Un petit poids dans la balance rien de plus.

Il fallait juste qu'elle sache si cette guerre, elle allait devoir la faire avec la reine venant d'un autre continent ou sans.

Et selon si oui ou non c'était le cas, son plan changeait drastiquement.

Pour le moment, le dragon crachait du feu dans sa tour, alors que la louve hurlait sa victoire.

« Vous êtes sûre que cela est sans risque ? » lui demanda Varys alors qu'elle faisait ses comptes, dans son bureau. Le conseil s'était rapidement terminé après la sortie dramatique de Daenerys, avec sa fidèle amie à sa suite. Chacun était reparti à ses affaires. Et celles de l'araignée était le peuple, encore et toujours.

« Vous pensez sincèrement qu'elle essayerai de m'attaquer sous mon toit, sous le nez de mes hommes et du peuple qu'elle veut tant gouverner ? » questionna-t-elle à son tour, sa plume grattant le papier sous ses doigts.

Le chauve ne répondit pas. Ce n'était pas prudent de mettre un monstre légendaire dans une colère noire. Elle le savait. Mais le monstre n'avait rien à se mettre sous la dent. Oh il aurait pu essayer mais les fourches des paysans et les épées des chevaliers peuvent très bien briser des écailles si la haine était là.

Et tuer une Reine bien aimée de son peuple et de ses seigneurs était définitivement un bon levier pour réveiller cette haine.

« Cela serait une très mauvaise idée. » continua le loup blessé « Je pense que Daenerys peut très bien le savoir malgré sa rage actuelle. Et cela ne l'aidera en aucun cas à battre Cersei si elle essaye de mettre le Nord à feu et à sang. »

Bran n'avait pas tord. Ils le savaient tout les trois. Mettre le Nord aux abois n'était qu'un contre temps contre le vrai ennemi de la reine blanche. Et elle n'avait maintenant plus véritablement assez de ressource pour se battre contre quiconque. Encore moins maintenant que la lionne possédait la Garde dorée sous ses griffes.

Elle poussa un léger soupir, relisant son message une dernière fois avant de le sceller. Ils allaient bien voir comment cette reine du Sud allait jouer ses pions.