Chapitre 5 : Le deal.
Cela faisait presque cinq mois que Draco n'avait pas fait le Cauchemar mais il le reconnut tout de suite parce qu'il commençait invariablement de la même façon. Et même si pour l'instant il n'y avait rien de véritablement effrayant, inconsciemment son corps réagissait déjà. Sa peau se couvrait d'une fine pellicule de sueur et sa respiration devenait plus rapide, plus courte.
Il avait de nouveau dix-sept ans et se trouvait dans une pièce froide et humide : une représentation onirique à peu près fidèle des cachots du Manoir Malfoy.
Il n'était pas seul bien entendu. Même si dans le Cauchemar il ne voyait pas encore son visage, Draco savait que le Maître se tenait juste derrière lui. Son ombre pesait sur lui comme un poids mort et il était effrayé. Effrayé et nauséeux et sans personne pour l'aider.
Devant lui, dans la pénombre, il y avait un prisonnier enchaîné. Draco ne le voyait pas encore mais il entendait le bruit de la chaîne et ses reniflements.
Il s'humecta nerveusement les lèvres puis sursauta violemment lorsque le Maître posa sur son épaule ses longs doigts pâles.
-Avance, susurra-t-il, et cette voix lui donna envie de hurler.
Il fit deux pas en avant, se demandant qui il allait devoir torturer cette fois-ci. Cette partie-là du Cauchemar n'était jamais prédéfinie.
Souvent le prisonnier venait tout droit du passé et c'était quelqu'un qu'il avait vraiment torturé. Un des Onze. Mais parfois il s'agissait d'un de ses parents. D'autres fois c'étaient d'anciens camarades d'école. Ou Potter.
Draco crispa sa main sur sa baguette. Il espérait que ce ne soit pas Potter parce qu'il venait de se passer quelque chose de surprenant et de bon avec lui - un baiser ? - Quoique ce fut, il ne supporterait de lui faire du mal ce soir. Il fut presque soulagé en voyant qu'il s'agissait de la Fillette Sang Mêlé.
Elle avait un nom bien entendu. Ils en avaient tous et le Maître le leur avait demandé à chaque fois. Cependant Draco les avait tous enfouis, loin, très loin dans son esprit, et même dans le Cauchemar, les noms ne revenaient jamais à la surface.
La gamine n'avait même pas encore l'âge d'aller à Poudlard. Draco lui donnait huit ans à tout casser. Elle portait un ridicule pyjama moldu rose avec sur le devant un étrange chien blanc qui dormait sur un toit rouge. Il y avait inscrit « Stay cool » au-dessus du dessin.
C'était ça le plus effrayant dans le Cauchemar, la retranscription des détails.
Ses deux tresses étaient à moitié défaites. Ses yeux étaient rouges et gonflés d'avoir trop pleuré. Pourtant elle le fixait, comme l'aurait fait une proie traquée et acculée contre un mur par quelque cruel prédateur.
Draco ne savait pas pourquoi le Maître l'avait choisie, elle. Elle paraissait tellement petite et effrayée. Il supposait que c'était pour mieux le briser, lui. Parce qu'à moins de posséder la frénésie meurtrière que partageait une poignée de Mangemorts - comme Fenrir ou sa tante - personne ne pouvait faire du mal à des gosses sans sourciller.
Sans en cauchemarder ensuite des années après ...
-Comment te nommes-tu ? susurra Voldemort dans son dos.
La gamine secoua la tête lentement sans cesser de regarder Draco.
-Je veux ma maman, dit-elle d'une voix chevrotante et ses yeux se noyèrent de larmes.
-Mauvaise réponse. Draco ?
Draco eut de nouveau envie de crier. Cependant ni sa voix, ni sa main ne tremblèrent lorsqu'il lança le premier sortilège.
Il savait que les conséquences du sort étaient encore pires s'il était mal fait.
La fillette hurla et ses bras nus se couvrirent de minces coupures. Draco savait qu'elle en avait sur tout le reste du corps et que bientôt son pyjama serait imbibé de sang.
Parfois dans le Cauchemar, mais c'était rare, il refusait de jeter les sortilèges. Alors c'était lui que le Maître faisait souffrir, jusqu'à qu'il se réveille en hurlant.
Dans la réalité, il ne s'était jamais opposé à Voldemort. Et même s'il savait qu'il serait mort s'il avait, ne serait-ce qu'hésiter trop longtemps, ça ne l'aidait pas à mieux dormir la nuit. La preuve.
La seule fois où il avait véritablement fait montre de courage durant cette effroyable période de sa vie, c'était quand il avait refusé de reconnaître Potter et ses amis.
-Quel est ton nom ? redemanda Voldemort une fois que les cris de la gamine se furent transformés en gémissements pathétiques.
-Fillette Sang Mêlé, répondit la Fillette Sang Mêlé d'une voix entrecoupée de sanglots.
-Parfait ! Recommence Draco ! ordonna le Maître. Montre-nous combien tu es doué en Magie Noire à Fillette Sang Mêlé et à moi-même.
Draco recommença, la gosse hurla et supplia. Et dans son dos Voldemort ne cessait de répéter qu'il était destiné à tenir le Monde dans le creux de sa main. Qu'il était un Sang Pur et qu'il fallait montrer à cette vermine sa vraie place.
-Tu feras de grandes choses, Draco, lui dit-il encore mais Draco voulait juste partir loin de tout ça.
La fillette ne criait plus à présent. Elle était encore vivante, sa respiration sifflante résonnait effroyablement bien dans le cachot. Elle le fixait toujours et Draco détourna les yeux.
Je veux sortir de là.
-Ne l'achève pas, reprit Voldemort. Fenrir les aime encore vivants.
Draco trembla violemment. Il voulut se tourner vers le Maître pour qu'il lui accorde le droit de la tuer. Et alors, comme à chaque fois, il découvrit que ce n'était pas Voldemort qui se trouvait derrière lui, mais que c'était lui-même à quelques détails près. Son double était plus âgé. C'était un adulte qui n'avait plus rien d'un adolescent effrayé. Et il possédait une aura écrasante.
L'Autre-lui le dévisageait avec un rictus cruel.
-Un élève si doué, susurra-t-il de sa voix traînante.
Et cette fois Draco hurla pour de vrai.
L'instant d'après, il se retrouva assis sur son lit, la main droite crispée sur sa poitrine. Il essaya de crier mais rien ne sortit que son souffle haletant.
Il mit plusieurs secondes avant de réaliser où il se trouvait. Il n'était ni au manoir, ni à Durmstrang. Il fixa le feu de la cheminée, s'obligeant à réfléchir posément et à juguler la panique.
BeauxBâtons. Il était à BeauxBâtons. Tout était sous contrôle. Il sortit du lit, les jambes un peu chancelantes, et prit plusieurs grandes inspirations avant de se rendre à la salle d'eau. Il était en nage et avait besoin d'une bonne douche.
Comme toujours il refoula le Cauchemar. Il laissa l'eau couler sur son corps nu en fronçant les sourcils. A présent il lui serait impossible de se rendormir. Il allait devoir racheter des potions de sommeil sans rêves et ce n'était pas donné.
Peut-être que Fouquet, le professeur de Potion de l'Académie, accepterait de lui faire un prix.
Avant, quand il était encore à Poudlard, Draco réussissait à les faire lui-même. Mais il s'agissait d'une potion de niveau quatre, il fallait lancer un sortilège au moment où on ajoutait les feuilles de lotus et il n'arrivait plus à le faire. Parce qu'il ne s'agissait pas d'un foutu sort de Magie Noire.
Tous ses muscles étaient noués et l'impression d'étouffement qu'il ressentait ne semblait pas vouloir partir. Il s'habilla chaudement, enfila ses protections de Quidditch et se retrouva dans le couloir. Il ne connaissait pas de moyen plus efficace pour se vider la tête que de voler.
Il leva les yeux et eut un bref sursaut en se retrouvant face au Patronus de Potter. Le patrouilleur particulier du Sauveur lui était complètement sorti de l'esprit. Le cerf argenté le regardait gravement.
-Non ! Ne le préviens pas ! ordonna Draco.
La dernière chose qu'il voulait était que Potter rapplique mais déjà le Patronus avait disparu.
-Bordel, grogna-t-il.
Il hésita à retourner dans sa chambre mais ça reviendrait à dire qu'il avait peur de se retrouver face à Potter. Il s'appuya donc contre le mur. Le brun ne fut pas bien long. Et il n'était pas difficile de comprendre que son Patronus ne venait pas de le tirer du lit. Draco fut étrangement satisfait à l'idée que Potter ait eu lui aussi du mal à trouver le sommeil. Son regard s'attarda malgré lui sur la bouche du brun. Il se redressa, se sentant tout d'un coup mal à l'aise dans ce couloir.
-Désolé, dit-il un peu trop rapidement, je ne voulais pas te déranger. J'ai oublié que ton Patronus faisait sa ronde.
Le Patronus en question se contentait de le fixer sans ciller. Draco se surprit à regretter le temps où le cerf accomplissait plein de trucs ridicules. Mais soit Potter était parvenu à le maîtriser, soit l'heure n'était plus à l'amusement.
Potter haussa ses épaules parfaites - pourquoi fallait-il qu'il dorme en débardeur ?- et le détailla.
-Tu pars voler ? demanda-t-il.
Draco baissa les yeux sur sa propre tenue.
-Un tel sens de l'observation ! commenta-t-il faussement admiratif. Tu veux venir ?
La proposition était sortie toute seule, peut-être pour atténuer le sarcasme, et Draco la regretta immédiatement. Comme si Potter allait venir se geler dehors à quatre heures du matin alors qu'il pouvait rester au chaud dans son lit ! De toute façon, après ce qui s'était passé tout à l'heure, l'Elu préférerait probablement se faire hara-kiri plutôt que de devoir supporter trop longtemps sa compagnie. Et c'était très bien comme ça. Draco n'avait pas envie de l'avoir sous les yeux non plus.
-Je vais me changer, répondit Potter. J'arrive.
Draco cligna des yeux mais le professeur de Défense Contre les Forces du Mal avait déjà tourné les talons. Peut-être qu'il avait accepté pour pouvoir lui jeter des sorts douloureux en étant certain que personne ne viendrait les déranger ?
Après tout, Potter était dégrisé à présent. Il allait pouvoir faire regretter à Draco d'avoir osé l'embrasser alors qu'il était éméché.
C'était la conclusion logique à laquelle l'ancien Serpentard était parvenu, il ne voyait pas pour quelle autre raison Potter aurait répondu au baiser. Et même s'il n'avait pas vu Potter ingurgiter coup sur coup plusieurs boissons moldues juste avant, le goût alcoolisé de sa bouche aurait été un indice suffisant.
Le blond grinça des dents lorsqu'il se rendit compte qu'il était en train d'attendre que Potter revienne. Ce n'était pas un foutu rencard et l'Elu trouverait bien son chemin tout seul. Il ne manquerait plus qu'il pense que Draco était en train de le harceler. Même si après sa performance de ce soir, c'était probablement déjà le cas.
Agacé, Draco se dirigea seul en direction du terrain de Quidditch. Il leur épargnait ainsi à tous les deux un trajet pénible.
« J'ai cru que mon Monde venait de s'effondrer » avait dit Potter et Draco avait juste voulu qu'il la ferme parce que ces mots-là l'effrayaient.
C'était exactement ce qu'il avait ressenti lorsque, près de neuf ans plus tôt, le demi-géant était sorti de la Forêt Interdite en portant dans ses bras le corps sans vie de Potter.
Il avait entendu MacGonagall crier et lui s'était senti chanceler. Il pensait pourtant marcher droit mais ses muscles l'avaient lâché une brève seconde. Il s'était repris aussitôt, vérifiant frénétiquement que personne ne l'avait vu vaciller mais ils étaient tous trop occupés à geindre parce que Potter était mort.
C'était tellement absurde. Il se souvint qu'il avait voulu ricaner ou se sentir heureux mais rien ne venait. Il avait tenté de sortir de cette apathie généralement attribuée aux grands chocs. Ça avait été peine perdue. La seule sensation qui avait commencé à poindre promettait d'être assez horrible pour le briser, dès qu'il aurait vraiment pris conscience du caractère définitif qu'entraînait la mort de Potter. Et du fait qu'il était incapable de gérer ça.
Et puis Potter avait bondi des bras du demi-géant et le monde de Draco s'était remis en place.
Draco frissonna. Ce n'était pas à cause de ce souvenir mais parce qu'il venait d'arriver dehors. Le vent s'était levé et en pleine nuit, l'hiver se faisait sentir. Même en Provence.
Il se dirigea vers le local où les joueuses de BeauxBâtons entreposaient leurs balais. Malheureusement il n'en avait pas un juste à lui. Tous ses balais ayant été des balais de collection, le ministère s'était hâté de faire main basse dessus.
Comme il l'avait fait avec tout ce qui avait un tant soit peu de valeur au Manoir. Et Lucius appréciait tellement avoir des possessions inestimables que même ses paons albinos étaient bagués à la patte droite d'un anneau en précieux acier de gobelin.
Draco savait que les valeureux bureaucrates, pénétrés de leur mission divine qui était de punir les abjects Mangemorts, s'étaient empressés de faire la peau aux oiseaux pour récupérer les bagues et les faire fondre. Quand il était sorti de chez lui, l'herbe et les fleurs de la cour d'entrée étaient parsemées de sang et de plumes blanches. Il se rappelait avoir été soulagé que sa mère soit partie plus tôt ce jour-là.
Il grogna, la remise à balais était fermée à clef. Il pointa sa baguette sur la porte et murmura un sortilège. L'instant d'après elle volait en éclat tandis que les fondations du local tremblaient. Bien sûr, c'était l'inconvénient d'ouvrir les portes avec de la Magie Noire, le résultat n'était jamais très joli.
Il eut un léger reniflement et attrapa le premier balai à sa portée. Il ne voulait pas s'enfoncer dans la remise, là où la lumière de la lune ne pourrait plus l'éclairer. Pas sûr que le lieu supporte un autre de ses sortilèges.
-Bon sang Malfoy ! siffla Potter dans son dos, le faisant presque sursauter. Tu aurais pu m'attendre et me demander de t'ouvrir la porte !
Draco se retourna. Potter semblait avoir couru - probablement dès qu'il avait ressenti le sortilège - Et comme il l'avait prévu, le brave héros recolla les débris à l'aide d'un sort rapidement lancé. Bien sûr le wonder boy avait, lui, son propre balai.
«-Je savais que tu allais la réparer », répliqua Draco en haussant les épaules. Il détourna les yeux de la silhouette mince et énergique. « Pour toi, n'importe quoi est bon à être sauvé, les portes comme les anciens Mangemorts. »
-La porte se laisse faire, elle, répliqua Potter.
Draco ne put s'empêcher de hausser un sourcil.
-Rassure-moi, on parle toujours du fait d'être sauvé là, demanda-t-il.
Potter sembla comprendre l'allusion parce qu'il en lâcha son balai. Draco le rattrapa au vol et bientôt la main de Potter fut sur la sienne. Son gant dégageait de la magie, sûrement un sortilège contre le froid, mais il était usé et le vent devait tout de même passer au travers. Potter déplaça brusquement sa main, démontrant assez clairement qu'il était dégoûté d'avoir dû le toucher et cela, même si leurs peaux n'étaient pas entrées en contact.
Draco lui envoya un sourire ennuyé et s'éloigna. Au moins il ne pouvait pas accuser Potter de ne pas lui montrer clairement sa répugnance. Mais si le grand et fabuleux Potter ne pouvait pas supporter sa compagnie, pourquoi avait-il accepté de venir voler avec lui ?
La thèse de la vengeance à l'abri de témoins devenait de manière préoccupante de plus en plus crédible.
-Je ne vais pas renvoyer Leto à Poudlard, annonça Potter dans son dos.
Draco se crispa. Ce n'était pas précisément un bon sujet de conversation, sachant que la dernière fois qu'ils avaient parlé du gamin, sa langue avait fini dans la bouche de Potter. Il hocha cependant lentement la tête avant de lui faire face.
Il était soulagé que le brun ait changé d'avis. Le jeune Leto admirait Potter - en cela il n'était pas différent du sorcier moyen -. Et ça l'aurait affecté de se voir rejeté par son professeur comme s'il avait perpétré un génocide alors qu'il avait simplement jeté un mauvais sortilège sous le coup de la colère.
-Ce n'est pas ton petit discours qui m'a convaincu, crut bon de préciser l'ancien Gryffondor.
-Ne t'inquiète pas, répliqua Draco. Je n'étais pas en train de penser que j'avais une quelconque influence sur toi. Ça serait t'accorder bien trop de bons sens.
Potter ne daigna même pas sourciller.
-Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis alors ? reprit Draco.
-O'Flaherty. Je suis allé le voir à l'infirmerie. Il a dit qu'il était autant en cause que Leto au sujet de leur dispute et que ce ne serait pas juste que seul son camarade soit renvoyé à Poudlard. Pour lui, le fait qu'Ophiuchus ait utilisé un sortilège de Magie Noire dans le but de lui nuire ne semble pas avoir beaucoup d'importance.
Potter le fixait d'un regard peu amène, comme si c'était de sa faute si son élève était aussi désinvolte au sujet de sa propre sécurité. Le fait que ce soit un Gryffondor expliquait pourtant déjà tout.
-Tu m'en vois navré, ironisa Draco. Maintenant si tu permets je vais utiliser ce balai français bas de gamme pour m'envoyer en l'air.
Potter émit un son étranglé. Draco venait de décider que mettre Potter mal à l'aise était un bon moyen de lui faire payer le fait d'être un connard excitant totalement hors de portée.
Il enfourcha son balai et ajusta ses lunettes de protection en souriant avant de décoller. Contrairement aux transplanages, voler ne demandait aucune sorte de sortilège, aussi pouvait-il encore le faire.
Le vent glacé fouetta son visage lorsqu'il prit de la vitesse mais c'était exactement ce dont il avait besoin.
Il accéléra encore et se dirigea vers les Bois Noirs. Il se demanda vaguement si Potter suivait ou s'il avait finalement préféré rentrer se mettre au chaud. Il entendit sa cape claquer dans le vent avant de le voir et s'étonna d'être aussi soulagé de le savoir toujours là. Avec lui.
Potter arriva à sa hauteur sans trop de difficulté. Pas étonnant, il possédait la dernière version de l'Eclair de Feu. Et c'était parfait. La vitesse. La nuit. Le froid. Ils slalomaient tous les deux entre les arbres comme un saugrenu couple de volatiles. Mais même avec des lunettes enchantées pour voir la nuit, ce n'était pas si évident que ça. Ou alors Draco commençait à être rouillé.
Une branche fouetta son bras et lacéra son manteau. L'ancien Serpentard s'humecta les lèvres et augmenta sa vitesse, poussant le balai à son maximum. Il s'en fichait s'il tombait. Il se sentait ivre de liberté et rien n'était meilleur que ça.
Peut-être que la présence de Potter à ses côtés y était pour quelque chose mais il refusait d'analyser ça. Le Cauchemar s'éloignait de son esprit et il était presque sûr qu'il parviendrait à faire de la Magie normale si on le lui demandait, là, tout de suite.
Pris d'une inspiration subite, il sortit sa baguette de sa ceinture. Cependant les deux secondes qu'il lui fallut pour décider du sort qu'il allait lancer suffirent à faire retomber la sensation d'invincibilité. Irrité, il se demanda ce qu'il lui avait pris de vouloir lancer un sortilège en plein vol. Il se serait écrasé, bloqué par la panique.
Cette fois un rictus déformait ses lèvres. Il haïssait ce sentiment d'infériorité. Cette impression d'être amputé. Une bouffée de rage l'enveloppa dans une étreinte chaude et rouge. La seconde d'après il était éjecté de son balai. La chute ne fut pas très haute mais ça ne l'empêcha pas d'être douloureuse. Un des coudes de Potter avait percuté son ventre et sa tête avait cogné contre son menton. Mais l'ancien Gryffondor s'était vivement dégagé en roulant sur lui-même.
Draco, allongé sur l'herbe, avait encore le souffle coupé. Il se demandait pourquoi il était celui qui restait constamment sur le carreau. Son dos qui avait ramassé le gros du choc commençait à se réveiller d'une façon qui n'allait pas lui plaire.
-Bordel Malfoy !
Potter était debout au-dessus de lui, sans lunettes. Il le fixait d'un air à la fois furieux et inquiet.
-Tu m'as jeté de mon balai ? réalisa Draco d'un ton légèrement halluciné.
Et d'abord c'était à lui d'être en colère, n'est ce pas ?
-Tu allais rentrer dans un arbre ! Bon sang, regarde dans quel état tu es !
« Je n'allais pas rentrer dans cet arbre, j'allais le cramer et toute la forêt avec ! »
Mais Draco garda sagement ça pour lui. Potter n'avait pas besoin de savoir qu'il avait eu des pulsions de destruction.
-Comment ça, dans quel état je suis ? grogna-t-il à la place en se redressant avec précaution en position assise. Tu es celui qui m'a éjecté de mon balai !
Potter plissa les yeux et se pencha un peu plus sur lui. Draco voulut lui dire de dégager de son espace vital mais à la place il regarda la façon dont le visage du brun avait l'air différent sans ses lunettes.
-T'as ton manteau en lambeaux à cause des branches, lui expliqua Potter. Et ta jambe saignait déjà avant la chute ainsi que ton visage. Tu volais droit devant toi sans plus rien éviter...
Draco détourna les yeux. A présent que Potter le mentionnait, sa jambe droite picotait un peu.
-J'ai dû avoir une sorte d'absence, inventa-t-il. Tu as perdu tes lunettes, Potter.
Il essaya de se relever mais Potter posa une main sur son épaule. Draco ferma brièvement les yeux.
-Je les chercherai plus tard. Il faut d'abord te soigner.
Les doigts de Potter se posèrent sur sa mâchoire. Il approcha son visage du sien et pointa sa baguette quelque part au niveau de sa pommette.
Son souffle s'écrasait sur la peau légèrement moite de Draco. L'ancien Serpentard déglutit et la main qui le touchait trembla légèrement.
-Petit conseil pratique, railla-t-il d'une voix rauque même si c'était probablement le mauvais timing pour taquiner Potter, évite de sauver les gens que tu ne supportes pas de toucher. Ça simplifiera ta vie.
Potter murmura son sort d'un ton sec et Draco sentit la plaie sur sa joue se refermer brusquement. Il grimaça.
-Moi aussi j'ai un conseil, articula Potter. A l'avenir évite de balancer tes putains de phrases à double sens. J'ai passé l'âge de jouer à ce genre de jeu.
Subir des critiques sur son niveau de maturité de la part de quelqu'un comme Potter était presque divertissant.
-Si tu as peur que je t'embrasse à nouveau, tu n'as rien à craindre, lança Draco avec une désinvolture qu'il était loin de ressentir. J'ai un instinct de conservation particulièrement efficace.
Le blond siffla. Potter venait de guérir sa jambe mais encore une fois, il avait utilisé son sortilège de soin comme s'il lançait un Impardonnable.
-Instinct de conservation mon cul, grogna-t-il. Tu étais sur le point de t'écraser contre un arbre. Où as-tu mal encore ?
-J'ai bien envie de répondre « nulle part » pour que cesse cette torture. Mais mon dos a ramassé le gros du choc.
Ses fesses aussi mais il refusait que Potter aille voir là-bas. L'inquiétude dans les yeux verts fut visible même avec l'éclairage pâle de la lune.
-Je vais faire attention. Penche-toi un peu, s'il-te-plaît. Si ça ne te fait pas trop mal.
Et il était celui qui faisait des phrases à double sens ! Draco se mordit la langue pour ne pas rebondir sur cette réplique.
Potter avait sa baguette pointée sur lui en ce moment, alors il valait mieux ne pas le tenter.
-Après, on ira à l'infirmerie, annonça le brun dans son dos. Je veux juste m'assurer que tu peux retourner à l'Académie sans rien aggraver.
Draco hocha la tête et frissonna quand un sortilège de découpe mis son dos à nu. L'instant d'après un sortilège de chaleur l'enveloppa. Les doigts de Potter le frôlèrent et il frissonna encore.
-Désolé, marmonna l'ancien Gryffondor se méprenant sur la cause de sa réaction, je ne voulais pas te faire mal.
Draco garda le silence. Les doigts quittèrent sa peau. Le blond essaya de se convaincre que c'était mieux comme ça.
-Pourquoi as-tu parlé d'instinct de conservation ? fit la voix de Potter derrière lui. Tu as peur que je te frappe si tu m'embrasses ?
Le sort de soin fut lancé doucement cette fois. Draco se détendit légèrement.
-Ça ou autre chose. Tu étais trop ivre pour le faire tout à l'heure, expliqua-t-il. Et j'en ai profité.
-Comment ça j'étais ivre ?
L'ancien Serpentard soupira. La fatigue de cette journée était finalement en train de lui tomber dessus. Il voulait juste en finir avec cette conversation et dormir.
-Potter...Tu as bu au moins trois bouteilles de cet alcool moldu.
-La bière ?
Une des mains de Potter se posa doucement sur sa hanche et un nouveau sortilège de soin voyagea sur sa peau.
-Peu importe le nom ...
Draco constata sans trop de surprise qu'une partie de son corps n'était finalement pas fatiguée. Potter allait le rendre dingue.
-Je n'étais pas ivre, expliqua Potter derrière lui. La bière est une boisson peu alcoolisée. Peut-être que tu le saurais si tu n'avais pas aussi peur de saloper ta bouche de Sang Pur avec une boisson moldue.
La bouche de Draco avait déjà traîné dans des endroits bien plus improbables que sur une boisson moldue. Le blond serait d'ailleurs ravi d'en faire la démonstration à Potter. Mais pour le moment il était trop choqué par les implications des paroles de son ancien ennemi pour seulement y songer.
Il voulut se retourner pour lui faire face mais Potter l'en empêcha. Son souffle était à présent près de son oreille et la main qui avait tenu la baguette se trouvait désormais sur son épaule. La seconde était toujours sur sa hanche, le tenant fermement.
-Oui, grogna Potter contre son oreille comme si Draco venait de poser la question, j'ai répondu au baiser parce que j'en avais envie.
Le sexe de Draco sembla durcir encore plus. Il ferma les yeux, le souffle court.
-Lâche-moi ! siffla-t-il après avoir essayé une nouvelle fois sans succès de se retourner.
Il sut qu'il avait donné la mauvaise instruction lorsque la chaleur des mains de Potter quitta sa peau. Et le Gryffondor était déjà en train de se relever. Draco l'attrapa par la nuque, Potter retomba sur les genoux dans un juron peu élégant.
Sa baguette était posée par terre et elle les éclairait. Draco ne manqua rien du regard amer et blessé qui se posa sur lui avant que le brun ne finisse par détourner les yeux. Potter, ce crétin, devait penser qu'il l'avait rejeté. Comme si quelqu'un pouvait repousser cet homme !
Draco frappa doucement leurs fronts ensemble, caressant la nuque raide. Il décida d'ignorer le fait que l'ancien Gryffondor venait de se crisper encore plus. Il avait des tonnes de questions. Est-ce que Potter était gay ? Est-ce qu'il était sérieux ? Etait-ce normal que Draco se sente comme s'il était suspendu dans le vide ?
-Je vais t'embrasser, dit-il à la place, les yeux fixés dans ceux du brun.
Potter hocha la tête comme si Draco avait demandé la permission. Mais ce n'était pas le cas. Draco n'était pas ce genre d'homme. Draco était un fraudeur.
Leurs lèvres se touchèrent et le blond fut certain que c'était Potter qui avait initié le baiser finalement. En tous cas il ne maîtrisa plus rien. Il s'était cru voleur mais le balafré était un foutu pilleur.
Il avait les lèvres chaudes. La langue brûlante. Il prenait possession de sa bouche avec lenteur comme s'il voulait connaître le goût de Draco dans ses moindres détails. L'ancien Serpentard fut soulagé d'être assis parce que c'était le genre de baiser qui vous donnait envie de vous écraser sur le sol et de soulager dans la minute votre érection lancinante.
Il se demanda si Potter verrait un inconvénient à ce qu'il se masturbe. Il était déjà en train de descendre ses mains entre eux deux quand il se rendit compte qu'il ne savait même pas si Potter était excité par ce baiser. Pour une raison qu'il ignorait il lui fallait absolument s'assurer que l'ancien Gryffondor soit au moins dans le même état que lui. Il le voulait désespéré pour plus, dur comme la pierre, tremblant et perdu.
Le brun sursauta lorsque sa braguette fut défaite mais il ne s'arrêta pas. Au contraire, sa bouche se fit plus vorace et ses mains s'agrippèrent au dos de l'ancien Serpentard.
Draco poussa un soupir de soulagement en sentant le sexe de Potter sous ses doigts parce qu'il était dur et déjà humide. Il s'en fichait à présent de prendre son pied bien que ce ne soit pas dans ses habitudes. Il voulait juste que Potter prenne le sien. Il commença à le caresser, étalant le liquide pré-séminal sur toute la longueur de son pénis,
stupidement fier d'avoir mis Potter dans cet état juste en l'embrassant. Le brun poussa un gémissement contre sa bouche. Draco apprenait avec ses mains ce qu'il ne pouvait pas encore voir
avec ses yeux. Et le poids, la taille, l'épaisseur de ce sexe étaient parfaits contre ses paumes. La peau était douce et il eut un frémissement juste en s'imaginant l'entourer de ses lèvres. Goûter Potter de cette façon devait être comme gagner à la loterie.
Ils ne s'embrassaient plus. Potter avait le front posé sur son épaule et il respirait bruyamment. Draco ferma les yeux, appuyant ses caresses, essayant à l'aveugle de le faire jouir.
Il ouvrit brusquement les paupières lorsque son pantalon fut ouvert. Il voulut dire à Potter qu'il n'était pas obligé de faire ça mais déjà sa main avait plongé dans son caleçon et elle le tenait.
Alors Draco le laissa faire et il se rappela toutes les fois où il s'était branlé en pensant à Potter, en imaginant que c'était ce connard à lunettes qui le touchait.
Combien de millier de fois avait-il voulu ça ? Sauf que là c'était réel et ce n'était pas un de ses amants de passage qui le tenait, c'était Potter. C'était sûrement à cause de ça qu'il avait l'impression que plus rien n'avait d'importance, en dehors du va-et-viens expert de cette main sur sa queue. Et ça allait être aussi pour ça qu'il n'allait pas durer longtemps.
Le sortilège de chaleur ne faisait presque plus effet mais Draco se fichait d'attraper une pneumonie, comme il se fichait de la demi-douzaine de pommes de pin qui semblaient vouloir s'incruster dans la chair déjà malmenée de ses fesses.
Il mordit sa lèvre inférieure en entendant Potter hoqueter et en le sentant éjaculer dans son poing. L'ancien Gryffondor trembla violemment contre lui mais Draco s'en rendit à peine compte parce qu'il jouit à son tour.
Ils étaient encore dans les bras l'un de l'autre, lorsque Potter reprit la parole.
-Il faut t'emmener à l'infirmerie, dit-il tout essoufflé contre son cou.
Draco hocha la tête même si l'infirmerie n'était pas nécessaire. Il leva la main pour caresser les cheveux noirs plus en désordre que jamais mais se ravisa. Il savait d'instinct que ça, il n'en avait pas le droit.
°O°O°O°
-Je vous assure qu'il y avait trois de vos élèves dans le lot, lui disait Fournier.
Draco ouvrit la bouche pour dire que c'était impossible, que ses précieux et dignes étudiants ne s'amusaient pas à courser des nymphes avec des abrutis de Poudlard, des Gryffondors qui plus est, mais une gamine de BeauxBâtons lui coupa l'herbe sous le pied.
«-Madame la Directrice ! s'exclama-t-elle en courant vers eux.
Fournier soupira.
-Cécile, que puis-je encore pour toi ?
L'adolescente prit le temps de rejeter ses longs cheveux blonds en arrière avant de reprendre la parole. Draco se rappela que c'était la Déléguée Principale des septièmes années. L'équivalent d'un Préfet en Chef à Poudlard ou d'un Président des élèves à Durmstrang. Ça expliquait aussi probablement en partie pourquoi elle se donnait tous ces grands airs.
-Il faut ab-so-lu-ment que vous changiez d'avis pour le bal ! S'il-vous-plaît !
La directrice soupira de nouveau et poursuivit sa marche en direction du réfectoire, Draco la suivit ainsi que la déléguée.
-Je vous ai déjà dit que faire venir les élèves de Saint-Hilaire-Cusson-La-Valmitte était hors de question. Il y a déjà bien suffisamment de garçons dans l'Académie et je ne vais pas changer d'avis à quatre jours du bal.
L'établissement au nom improbable était l'école française de sorcellerie pour garçons. D'après ce que Draco en savait, elle était située dans le département de la Loire. Il avait d'ailleurs passé une nuit intéressante avec un ancien de SHCLV peu après la guerre.
-Suffisamment de garçons ? La dénommée Cécile eut l'air outré. Mais ils sont vingt-huit et nous sommes plus de cent cinquante !
-Mademoiselle Martin, il s'agit d'un bal de Noël entre les trois écoles participant au Tournoi. Pas d'une soirée pour jeunes filles célibataires cherchant désespérément un bon parti.
La déléguée rougit et bafouilla. Draco les dépassa pour accéder à la salle à manger des professeurs. Maintenant que la première épreuve était passée, le bal était devenu la principale préoccupation des élèves. Il se souvenait qu'à Poudlard en quatrième année, ça avait aussi été l'effervescence. Mais comme l'avait si habilement souligné la déléguée de BeauxBâtons, ici il y avait une majorité de filles. Le bal devenait donc quasiment une affaire d'état. Draco était content de ne pas se trouver à la place de Fournier. Pour sa part il avait plutôt hâte d'être le lendemain du bal, histoire d'avoir ses dix jours de vacances.
Il s'installa à la grande table. Potter n'était pas encore là. La suite de leur petite escapade de cette nuit avait été pratiquement silencieuse. Ils étaient retournés à l'Académie chacun sur son balai. Potter l'avait ensuite accompagné jusque devant l'infirmerie et il avait demandé à Draco s'il avait besoin de quoi que ce soit. Le blond avait perçu la proposition muette derrière cette question mais il avait trouvé plus prudent de ne pas finir la nuit avec Potter.
Depuis il avait maudit une bonne centaine de fois la partie raisonnable de son cerveau.
-Hey Arry ! Bien dormi ?
Draco leva brusquement la tête. Potter venait d'arriver et comme toujours la majorité des professeurs présents lui envoyaient des bonjours enthousiastes. Mais il fut grandement satisfait quand les yeux verts fouillèrent la salle pour s'arrêter finalement sur lui. Draco hocha poliment la tête pour le saluer. Potter répondit par un sourire narquois avant de s'installer à côté de Merle qui était déjà quasiment en train de lui beurrer ses tartines.
Il se demanda ce qu'il y avait exactement entre eux deux. Potter n'avait jamais nié quand il l'avait accusé d'avoir couché avec Merle pour connaître la première épreuve. Mais après tout, ils étaient tous adultes. La vie sexuelle de Potter ne le regardait pas et d'ailleurs il ne savait toujours pas s'il était vraiment gay. Dans les journaux on ne le voyait qu'avec des femmes. Mais il n'avait rien eu d'un débutant cette nuit. En tous cas sa façon de le toucher n'avait été ni maladroite, ni hésitante.
Mais ce qui taraudait réellement Draco et qui l'avait empêché de suivre Potter dans sa chambre, c'était le fait que le brun pense qu'il avait fait ça dans le but d'obtenir une place à Poudlard. Après tout, le Tournoi commençait mal pour lui, l'ancien Gryffondor pouvait très bien imaginer que Draco l'avait branlé juste pour obtenir quelque chose en retour.
Sauf qu'étant déjà le grand méchant Mage Noir de l'histoire, il n'avait pas spécialement envie de prendre en plus le rôle de la catin de service.
Il ne voulait pas que Potter pense qu'il se servait de lui. Pas à ce niveau.
Il allait falloir qu'il fasse une chose qu'il n'aimait pas du tout. Mettre les cartes sur la table avec le balafré... Ou du moins en dévoiler quelques-unes.
Peut-être que s'il s'y prenait bien, il pourrait obtenir plus qu'une masturbation réciproque dans les bois.
Finalement, il se pourrait qu'il veuille quelque chose de Potter.
°O°O°O°
-Peut-on parler ?
Potter regarda une seconde la main qui enserrait son poignet avant de lever les yeux sur le visage de Draco.
-Nous avons une langue et nous sommes en train de le faire alors je répondrai « oui ».
Ils étaient un peu à l'écart, près de la sortie mais pas totalement dehors. Les autres professeurs préparaient la salle de bal et les élèves paressaient dans les divers clubs et foyers d'étudiants.
-Tu es hilarant Potter.
Il pleuvait et il se demanda si c'était pour ça que Potter et lui se trouvaient presque dehors. Ils semblaient être les deux seuls au château à être attirés par la pluie. Cela faisait deux jours que l'ancien Gryffondor l'évitait et Draco n'avait pas eu l'occasion de se retrouver seul avec lui.
Potter haussa les épaules. L'ancien Mangemort eut envie de l'embrasser. Il se demanda si ça serait comme ça constamment à présent. S'il ne pourrait plus se trouver près de lui sans avoir envie de le toucher.
-Que veux-tu ? demanda Potter, les yeux fixés sur le paysage.
-Je pensais que c'était évident après l'autre nuit, répondit Draco d'une voix traînante.
Potter s'humecta les lèvres mais ne se retourna pas. Pourtant la main de Draco ne l'avait toujours pas lâché.
-Du sexe ? demanda-t-il.
Le blond hocha la tête et se rappela que Potter ne le regardait pas et qu'il allait devoir utiliser des mots.
-Oui.
L'ancien Gryffondor secoua la tête comme pour s'éclaircir les idées et quand il reprit la parole sa voix était un peu cassée.
-Je ne veux pas que tu penses que j'essaie d'échanger ta place à Poudlard contre des faveurs sexuelles...On a déjà un
deal et...
Potter cessa de parler au milieu de sa phrase et cela fit sourire Draco. En fait ils avaient tous les deux craint la même chose. Il devina que c'était pour ça que Potter l'avait évité. Du moins il l'espérait.
-Je ne pensais pas ça. Ça serait juste sexuel Potter. Il n'y a pas vraiment d'occasion de se soulager ici, n'est ce pas ? Nous nous viendrions en aide mutuellement.
Potter ricana et se tourna vers lui. Il avait l'air étrangement satisfait. Les yeux verts parcoururent son corps avec désinvolture, comme s'il évaluait la marchandise.
-Déjà besoin d'aide ? demanda-t-il innocemment, les yeux fixés sur son entrejambe.
L'ancien Serpentard tressaillit comme si Potter venait de le toucher. Il se demanda s'il ne venait pas de passer un pacte avec un démon et si le brun serait aussi insolent une fois qu'il se trouverait entre ses cuisses.
-Professeur Potter, vous êtes là !
Potter n'eut même pas l'air agacé par l'interruption et Draco lâcha son poignet. Merle avançait vers eux d'un pas décidé.
-Professeur Malfoy, le salua-t-il alors qu'ils s'étaient déjà vus le matin.
-Professeur Merle, susurra Draco.
Après tout Potter avait accepté de coucher avec lui, il pouvait bien être cordial avec le professeur de métamorphose.
-Quel temps affreux ! soupira Merle les yeux fixés sur la pluie.
-Je ne trouve pas, répondit Potter. J'aime la pluie.
Draco eut un sourire victorieux, comme si Potter venait en réalité de proclamer qu'il l'aimait lui. Ce qui était ridicule. De toute façon, il se fichait que Potter préfère ce connard de Français.
-Je pourrais vous montrer les jardins d'hiver ce soir, proposa Merle à l'ancien Gryffondor, c'est magnifique la nuit.
-Ma bite aussi est magnifique la nuit, répondit Draco en français, et il était déjà convenu que le professeur Potter vienne la voir.
Merle ouvrit de grands yeux offusqués. Draco vit Potter se tendre. Bon sang, qu'est-ce qu'il lui avait pris de dire ça ?
Heureusement que Potter ne comprenait rien au français ! Et la bonne fortune était définitivement de son côté car la cloche qui annonçait le début du souper se mit à retentir dans toute l'Académie, lui évitant ainsi des explications ennuyeuses.
°O°O°O°
Bien entendu il avait pris son temps pour aller se coucher. Il se demandait si Potter était dans sa chambre. Et s'il y était seul. Il était parti avant lui du salon de la directrice. Merle le suivant de près bien entendu. Fournier avait invité quelques professeurs à boire un dernier verre dans ses appartements. Apparemment l'approche des vacances rendait plus coulants même les directeurs.
Durant toute la soirée Potter était resté assis sur le canapé à côté de lui. Leurs cuisses s'étaient touchées et aucun d'eux ne s'était décalé. Draco avait passé la soirée à se retenir de faire des remarques sarcastiques. Il avait pensé que Potter serait plus malléable plus tard dans la soirée s'il adoucissait son incroyable sens de la repartie. Et ça n'avait pas été évident, Merle était une véritable tentation et s'il avait su qu'il partirait juste derrière Potter, peut-être que Draco aurait été moins complaisant.
Il avait fait un tour avant de revenir, essayant de se calmer et se demandant en même temps pourquoi toute cette histoire l'énervait autant. Il devait juste être fatigué et frustré.
La douce lumière venant du Patronus de Potter lui indiqua qu'il était pratiquement arrivé à destination.
Il s'arrêta brièvement en voyant que Potter était dans le couloir. En train de l'attendre finalement. Parfait. Le professeur était assis contre le mur et le grand cerf argenté semblait essayer de mâcher ses cheveux noirs. Draco fit du bruit en approchant, le Patronus et Potter tournèrent vivement la tête vers lui. Le brun se leva rapidement, ses yeux verts ne quittant pas les siens et Draco comprit que c'était pour ce soir.
-Apparemment le jardin d'hiver ne devait pas être si beau que ça, commenta-t-il de sa voix traînante en avançant encore.
Il était légèrement agacé de voir Potter aussi stoïque alors que lui n'avait qu'une envie, se perdre dans son corps jusqu'à épuisement.
-Il n'y a rien entre Merle et moi. Il croit que je suis hétéro, répondit Potter.
Draco leva un sourcil comme si cela ne l'intéressait pas.
-Je le croyais aussi il y a peu, répondit-il tout de même en s'appuyant sur le mur juste à côté de l'autre homme.
Qu'est-ce que le balafré attendait pour lui proposer de venir dans sa chambre ? Est-ce qu'il pensait réellement que Draco était venu pour parler ?
-Je ne veux pas que ça se sache, reprit Potter en se mettant juste en face de lui.
Il redressa ses lunettes sur son nez, apparemment inconscient du charme qu'il dégageait. Mais Draco, lui, s'en rendait compte. Ça le rendait nerveux d'ailleurs.
-Je sais ça, dit-il. Et je ne dirai rien.
-Tu dois comprendre que je ne couche qu'avec des moldus qui ne savent pas qui je suis. Ou alors avec des sorciers en qui j'ai entièrement confiance. Et tu ne fais partie d'aucune des deux catégories.
Draco ne put s'empêcher de sourire.
-Je sais ça aussi, dit il. Je n'ai pas confiance en toi non plus.
Potter hocha la tête comme si ça allait de soi. Il fit le dernier pas qui les séparait et le blond frissonna quand leurs corps se touchèrent.
-Si tu dévoiles mon secret à la presse, promit Potter à son oreille, je dévoilerai le tien.
Draco attrapa Potter par les cheveux et plongea son regard dans le sien. Il ne savait pas si faire l'objet d'un tel chantage devait le mettre en colère ou s'il devait admettre que Potter plaçait bien ses billes.
-Ça me semble équitable, siffla-t-il.
Il eut droit à un sourire pour toute réponse puis Potter l'embrassa furieusement au milieu du couloir. C'est là que ça se passa. Le Patronus de Potter se mit à briller comme un foutu phare. Et c'était comme si toute la maîtrise dont Potter avait fait preuve n'avait servi à rien. Draco ne put s'empêcher de sourire contre ses lèvres. Potter se détacha de lui et se retourna pour regarder le cerf.
-Comme c'est mignon Potter, railla Draco.
Il était certain que le brun allait virer le Patronus mais il n'en fit rien.
-Au moins moi, je suis capable d'en créer un, répondit-il cruellement. Alors regarde-le briller de tout ton saoul, Malfoy.
De plus, il me semble t'avoir entendu dire que j'avais rendez-vous avec ta bite ce soir.
L'insulte de Draco mourut sur ses lèvres parce que Potter avait compris ce qu'il avait raconté à Merle et parce qu'il venait de se mettre à genoux, déboutonnant son pantalon.
Pour quelqu'un qui ne voulait pas que son homosexualité s'ébruite, sucer un homme en plein milieu d'un couloir n'était pas franchement recommandé. Cependant Draco ne l'arrêta pas. Il n'en était pas capable. Il s'entendit gémir dès que les lèvres l'effleurèrent et porta immédiatement sa main à sa bouche pour étouffer ses bruits.
En face de lui le Patronus n'était pas seulement en train de briller, chaque atome de lumière qui le composait explosait en une multitude d'autres atomes. Il semblait tenir difficilement sur ses pattes, la tête basse. On aurait dit qu'il était en train de mourir.
Sauf que le cerf devait s'imbiber de ses émotions à lui car c'était exactement comme ça que Draco se sentait. Il ferma les yeux, ne supportant plus de voir ni le Patronus, ni l'homme aux cheveux noirs qui était en train de le sucer comme s'il n'avait vécu que pour ce moment. Bordel, n'importe lequel de leurs élèves pouvait décider de pointer le bout de son nez rien que pour voir d'où venait toute cette lumière !
Draco enfouit sa main libre dans les cheveux de Potter pour avoir un appui supplémentaire et pour l'encourager. Ils étaient épais et doux entre ses doigts et il n'avait pas à craindre de les décoiffer. La pression de la bouche de Potter sur son sexe devenait insoutenable à présent. Draco était presque en train de mordre sa pauvre main mais il s'en moquait.
Plus rien n'avait d'importance que Potter et lui. Que la bouche qui s'activait sur son érection.
Il risqua un coup d'oeil en bas. Les yeux verts croisèrent les siens. Et le blond comprit que l'image de Harry Potter, à genoux, la bouche pleine de sa queue enduite de salive et les yeux brillants de convoitise, allait le hanter jusqu'à la fin de sa vie. Il n'eut pas besoin de le prévenir. Potter dut le comprendre à son regard flou et au tressautement incontrôlable de ses hanches car il se recula.
-Ma chambre ? proposa-t-il en le terminant avec sa main alors que Draco s'agrippait à lui comme un noyé.
Il ne fallut que deux coups de poignet à Potter pour le faire jouir. Draco étouffa son cri contre son épaule.
La chambre semblait une idée excellente bien qu'à cet instant il aurait suivi Potter jusqu'en enfer.
Potter reprit ses lèvres dès qu'ils furent entrés. Draco était déjà en train de lui retirer sa chemise, les mains un peu tremblantes de son récent orgasme. Il voulait Potter nu. Il voulait s'enfoncer en lui et lui faire perdre pied. Il fit voyager ses doigts sur le torse ferme et chaud. Les muscles de Potter étaient finement dessinés sous la peau, il était exactement le type d'homme du blond, mais ce n'était pas une surprise. Si l'ancien Serpentard fantasmait sur le Sauveur depuis sa puberté, ce n'était pas pour rien.
-Malfoy...
Ce n'était qu'un soupir mais c'était déjà ça. Draco constata avec plaisir qu'il dépassait Potter de quelques centimètres.
Pas grand-chose, peut être trois ou quatre, mais il était celui qui devait légèrement se pencher pour l'embrasser et c'était une petite victoire.
Sa main se faufila dans le pantalon du brun. Il n'eut pas le souvenir de l'avoir déboutonné alors Potter avait dû le faire pour lui. L'ancien Gryffondor le touchait aussi, la respiration lourde contre sa peau. Peut-être qu'ils n'allaient pas durer longtemps cette fois encore. Draco se sentait déjà durcir à nouveau.
-Est-ce que tu cherches à me tuer ? murmura-t-il, la bouche sur le ventre plat et parfait.
Même sa foutue odeur était parfaite. Draco espérait presque trouver une chose immonde sur Potter. Mais la seule erreur dans cette pièce venait de lui.
-Tu sembles bien trop bavard pour être à l'article de la mort, souffla le brun en posant une main sur sa tête.
Le blond sourit, remisa la marque des Ténèbres loin dans son esprit et descendit plus bas. Potter cessa enfin d'essayer d'être spirituel tandis que Draco posait ses lèvres sur son érection.
Il avait eu tort. L'avoir dans sa bouche, le sentir trembler, l'entendre gémir, ce n'était pas comme gagner à la loterie.
C'était comme devenir l'espace d'un instant le Maître du Monde.
Plus tard, Potter le poussa sur le lit et se mit sur lui. Draco aurait pu lui dire qu'être dessous n'était pas son truc mais il avait peur que le brun le vire de son lit. Il avait essayé quelquefois, plus par curiosité que par réelle envie, mais le résultat n'avait jamais été concluant.
Il fronça les sourcils quand un doigt lubrifié s'enfonça lentement en lui et il embrassa Potter violemment. Il ne voulait pas de délicatesse entre eux. Ils étaient là pour jouir et c'était tout. Mais le brun ne semblait pas perturbé par ça et continuait son exploration lente et experte.
-Prêt ? demanda-t-il d'une voix rauque quelques minutes plus tard.
Draco le dévisagea, tentant de garder la tête froide. Potter avait les cheveux plus ébouriffés que jamais, les lèvres rouges d'avoir été trop utilisées et ses lunettes devaient être quelque part dans la chambre. Ses yeux étaient sombres et attentifs. Pour toute réponse, Draco écarta un peu plus les cuisses. En réalité la préparation de Potter l'avait étrangement allumé. Il se sentait comme s'il manquait quelque chose dans son cul à présent que les doigts du brun étaient partis.
Potter poussa une sorte de soupir tremblant et les yeux toujours dans les siens, il entra en lui. Draco se crispa. Il s'en était douté mais c'était plus gros que ces foutus doigts. L'ancien Gryffondor ne bougea plus et c'était un bon point pour lui. Les muscles de ses bras tendus de part et d'autre de Draco tremblaient.
-Je suppose que tu ne comptes pas te retirer ! siffla Draco entre ses dents après avoir pris une brève inspiration.
-Je vais mourir de frustration si je le fais. » La respiration de Potter était laborieuse et des gouttes de sueur perlaient déjà sur ses tempes. « Et crois-moi, tu ne veux pas t'occuper de mon cadavre.»
Cela amusa Draco qui se détendit légèrement sans même s'en rendre compte. Potter le sentit et en profita pour s'enfoncer complètement.
-Je savais que parler de ma mort te plairait, haleta-t-il avant de lécher son cou.
-Tu me connais si bien ! grogna Draco.
Potter se retira et s'enfonça une nouvelle fois. Les mains de Draco quittèrent le drap avec lequel elles avaient semblé décidées de fusionner et se posèrent sur le brun. C'était mieux. Comme ça si la douleur devenait trop grande, il pourrait toujours tenter de lui arracher la peau avec ses ongles.
Sauf que la douleur devenait beaucoup plus supportable à mesure que Potter allait et venait entre ses reins. Elle était toujours là en sourdine mais ce n'était rien comparé à la sensation d'être rempli. Ça ne lui avait pas fait ça les autres fois et il ne comprenait pas pourquoi son corps s'habituait aussi bien à la présence de l'autre.
Puis Potter changea d'angle et le corps de Draco acheva de le trahir. Il se sentit s'arquer sur le lit. Il s'entendit même gémir d'une voix rauque et cassée qui ne pouvait pas être la sienne. La seconde fois que Potter toucha sa prostate Draco enfonça ses doigts en bas de son dos. La troisième fois, gémissant toujours, il l'entoura de ses jambes, venant à sa rencontre. Et Potter vint plus fort, plus vite, tout comme Draco voulait qu'il le fasse. Après ça, Draco cessa de se rendre compte de ce qui se passait réellement.
A la fin Potter pesait presque de tout son poids sur lui, ses bras ne le soutenant plus vraiment. Ses coups de hanches étaient devenus quasiment désespérés. Son ventre moite frottait déloyalement contre l'érection de Draco, empêchant ce dernier de se masturber et d'accéder enfin à la libération.
-Potter ... s'il-te-plaît ... Potter...
Il ne savait plus ce qu'il disait mais entendre sa voix balbutiante sembla être ce qu'il fallait à l'ancien Gryffondor pour qu'il jouisse. Draco le bouffa des yeux lorsqu'il eut son orgasme. Il voulait graver dans sa mémoire l'expression à la fois éperdue et victorieuse sur le visage de Potter. Le brun était toujours en lui quand il redescendit sur terre. Il embrassa Draco paresseusement et faufila une main entre leurs ventres. Il fit bouger encore ses hanches comme pour faire perdurer son plaisir. Draco trembla. Gronda. Ferma les yeux. Il guida la main de Potter jusqu'à son sexe et ce fut sadernière pensée cohérente.
O°O°O°O°O
-Vous êtes sûre de ce que vous avancez Madame Lefèvre?
La concierge hocha la tête en remerciement au verre d'alcool fort que Draco lui tendait. Autour d'eux la fête battait son plein mais personne ne semblait vraiment faire attention à eux.
-Je les ai vus comme je vous vois, reprit la femme. J'ai failli tomber dans un de leurs pièges mais une statue m'a prévenue.
-Une statue ? fit mine de s'extasier Draco. Elle doit bien vous aimer alors.
La concierge acquiesça vigoureusement.
-C'est la statue du Chevalier du Temple. Je prends soin de lui, je l'astique vigoureusement tous les lundis, dit-elle en levant la tête avec fierté.
Draco fut un instant décontenancé alors que des images ridicules venaient polluer son esprit.
-Je ... vous faites un travail remarquable ici, reprit-il.
-Bien sûr que je le fais.
Elle avala la moitié du verre de Whisky pur feu comme s'il s'agissait d'un lait chaud.
-Il faut prévenir la directrice, reprit-elle en fronçant les sourcils.
-On ne va pas l'embêter pour si peu, sourit Draco.
-Si peu ! Les couloirs sont pratiquement tous minés !
Draco s'obligea à sourire à nouveau.
-Je vais enlever les pièges, lui dit-il même s'il n'avait aucune idée de comment parvenir à un tel exploit sans utiliser la magie normale. « Après tout, si vous êtes persuadée que certains de mes élèves sont dans le coup, il me semble que c'est à moi de réparer. »
-Oui il y en avait au moins deux à vous et deux autres appartenaient à Poudlard.
-Qu'est-ce qui se passe avec Poudlard ?
Potter venait d'arriver, les mains dans les poches et souriant aimablement. Comme une bonne centaine de fois depuis le début du bal, les yeux de Draco glissèrent sur lui avant qu'il ne s'oblige à regarder ailleurs. Potter portait un costume entièrement noir si ce n'étaient les revers de sa veste brodés d'or. La monture de ses lunettes était dorée aussi pour le coup. Le tout donnait un style détonnant, à la fois sombre et festif.
Draco lui expliqua la situation parce que la concierge ne parlait pas anglais.
«-Des élèves à toi sont dans le coup ? » Potter semblait beaucoup amusé par cette partie de l'histoire.
-Apparemment. Tes étudiants les ont probablement mis sous Imperium.
-Ben tiens ! Ceci dit je n'ai pas vu Marley et Mars de la soirée donc je ne suis pas vraiment surpris que quelque chose de ce genre arrive.
Draco haussa un sourcil dédaigneux avant de se tourner vers la concierge.
-Le professeur Potter va m'aider à tout remettre en ordre, dit-il. Il est inutile de déranger la directrice avec tout ça, surtout la veille des vacances. Elle doit déjà superviser le bal.
-Oh, si Harry Potter s'en occupe, alors je ne me fais plus aucun souci, répondit-elle et elle tapota l'épaule de Draco avant de partir.
-Elle a dit que t'étais un pauvre type, expliqua Draco au brun.
Potter ricana.
-Tu aimerais bien, répondit-il.
Draco ne répondit rien, redressant correctement sa cape sur ses épaules.
-Quel est le plan alors ? reprit le brun les yeux fixés sur ses mains.
Draco était étrangement satisfait qu'il s'en remette à lui. Il aurait préféré être seul pour s'occuper de ça mais il avait malheureusement besoin de Potter pour les pièges.
-On quitte le bal pour virer les pièges et attraper les coupables. Enfin si ça ne te dérange pas trop de ne plus danser.
Potter fronça les sourcils.
-Tu es celui qui a dansé, et avec des élèves en plus. Je ne pense pas que Miss Nott avait besoin d'un tel encouragement.
-Oh allons Potter, je n'allais pas lui refuser le plus beau moment de sa vie.
L'air dubitatif qu'eut Potter était plutôt insultant.
Ils se retrouvèrent finalement dans le couloir. A mesure qu'ils marchaient, le bruit de la fête devenait moins assourdissant.
Ils ne savaient même pas vraiment ce qu'ils cherchaient mais quand ils virent une petite Française à l'air furieux, aux cheveux d'un bleu électrique, ils surent qu'ils avaient trouvé quelque chose. Elle parut soulagée de voir des professeurs.
-Je ne sais pas ce qui s'est passé ! dit-elle très vite. Il y a eu un bruit et mes... mes cheveux ...
Elle s'arrêta et foudroya Potter du regard. Ce qui était plutôt inattendu. D'habitude les gamines de BeauxBâtons semblaient vouloir voler son coeur et le présenter à leurs parents le plus rapidement possible.
-J'ai vu un des Anglais ! siffla-t-elle accusatrice. Celui qui a tout le temps l'air d'un imbécile heureux ! Il rigolait !
-Je suis désolé, répondit Potter dans un français pas très assuré. Mais tes cheveux est très beaux... Je aime beaucoup le bleu.
La Française ouvrit la bouche et la referma. La seconde d'après elle rougissait. Draco se demanda si Potter allait devoir lui dire qu'il aimait aussi le rouge.
-Je... je vais retourner au bal, dit-elle sans plus oser le regarder dans les yeux.
Elle partit d'un pas rapide sans demander son reste. Elle n'avait plus du tout l'air furieux, juste incroyablement stupide.
-Quoi ? demanda l'ancien Gryffondor tandis que Draco le toisait.
-Je me demandais juste depuis quand tu étais devenu un expert en manipulation, dit-il sèchement.
Potter ouvrit de grands yeux innocents.
-Mais c'est vrai j'adore le bleu, dit-il.
Puis il lui toucha l'épaule. Draco se tendit.
-Regarde, dit-il en s'approchant de lui. Il y a des traces sur le sol.
Draco hocha la tête, le coeur battant vite. S'il se penchait un peu, il pourrait mettre son nez dans le cou de Potter et le renifler. Ce qui serait ridicule. Cela faisait deux nuits qu'ils couchaient ensemble - enfin plus précisément qu'il laissait
Potter le baiser - et déjà son corps réagissait à cette proximité.
-Je peux très bien regarder sans que tu te colles à moi, annonça-t-il d'un ton impatient.
Potter se recula instantanément. Draco s'approcha de la marque, se demandant pourquoi il était autant sur les nerfs ce soir.
-Ce sont des restes de runes, dit-il en s'accroupissant pour examiner les traces. Il fit rouler la poudre entre ses doigts.
Je crois que tu arriveras facilement à défaire les autres si elles sont de ce niveau.
-Encore faut-il les trouver, répondit Potter dans son dos. Parcourir les couloirs pour désamorcer les runes de ces crétins d'adolescents n'est pas ce que j'avais envisagé pour cette nuit.
Draco se releva. Il savait exactement ce que Potter avait prévu ce soir.
-Ne sois pas aussi catégorique, répondit-il en lui adressant un sourire narquois. Je ne pense pas que ça nous prenne toute la nuit.
Les yeux verts le fixèrent intensément et Draco les affronta sans broncher, bien qu'une agréable chaleur investisse son corps. Finalement Potter se détourna en premier, le regard assombri par le désir et l'air déterminé.
-Allons-y ! dit-il en pointant du menton le bout du couloir.
Les pièges n'étaient pas difficiles à trouver avec un sortilège de localisation. Potter les neutralisait plutôt efficacement - même s'il insultait beaucoup ses étudiants en le faisant -. En même temps, ils étaient tous inoffensifs et Draco supposait qu'avec les dégénérés qu'il avait en guise d'élèves, l'ancien Gryffondor avait l'habitude de faire face à ce genre de débordement.
Sa voix lui faisait courir des frissons dans le dos à chaque fois qu'il désensorcelait une rune et Draco ne pouvait s'empêcher de détailler chacun de ses gestes. Potter n'était plus l'adolescent emporté d'autrefois. Sa façon de faire de la magie était devenue plus soignée, plus précise. Un peu comme s'il avait affûté ses griffes durant toutes ces années.
-Malfoy...
Draco sursauta, se sentant pris en faute. Pas parce qu'il reluquait Potter mais parce qu'il venait de penser qu'il était un sorcier plutôt habile.
-Je ne connais pas ce signe, reprit Potter. Saleté de gosses ! grogna-t-il ensuite entre ses dents.
Draco s'avança. Le tracé que l'ancien Gryffondor montrait luisait légèrement à cause du sortilège de localisation.
-C'est « bondir » en bulgare, expliqua Draco à contrecoeur en reconnaissant le signe.
Ça signifiait qu'au moins un de ses élèves était en effet dans le coup. Potter jeta le contre sort rapidement et la rune disparut complètement.
Cela faisait vingt minutes qu'ils avaient croisé la Française aux cheveux devenus bleus lorsqu'ils perçurent des voix au détour d'un couloir.
Les coupables se tenaient là, près de la salle de duel. Ça acheva de contrarier Draco. Que ses élèves piègent l'école il pouvait le supporter, mais qu'ils se fassent prendre aussi facilement c'était offensant.
Potter fonçait déjà sur eux quand Draco mit son bras devant lui pour l'arrêter. Les gosses étaient cinq, dont trois de Durmstrang. Ils se trouvaient devant une peinture de plain-pied qui représentait Jeanne d'Arc en armure.
Marley se tenait un genou à terre, devant le portrait.
- ... bien sûr vous avez gagné la guerre. Et vous avez volé mon coeur ! disait-il.
Habituellement, la jeune guerrière brune posait sereinement, les deux mains sur le pommeau de son épée. Mais à présent, elle brandissait son arme devant elle et fronçait les sourcils.
-Ton élève est ivre, murmura Draco en mettant dans sa voix une bonne dose de mépris.
Et l'alcool était interdit à l'Académie. Bien entendu, il y avait des fortes chances pour que ses propres élèves soient dans le même état mais il était toujours bon de rabaisser Potter, même indirectement. Le Sauveur eut une moue embarrassée.
-Non, répondit-il finalement en soupirant, je crains que ce ne soit malheureusement son état naturel.
-Je veux vous épouser, poursuivait Marley à l'autre bout du couloir, en faisant apparaître une rose rouge entre ses doigts.
Draco laissa retomber son bras. Le portrait de Jeanne d'Arc agrippa encore plus fermement son épée.
-Je ne comprends pas ! dit-elle en français d'une voix farouche.
Valter Fulson ricana, desserra son noeud de papillon et s'appuya contre le mur en face, comme pour mieux profiter du spectacle.
-Idiot ! Il faut que tu lui parles en français ! siffla Miss Mars en donnant un coup de coude dans les côtes de son camarade Gryffondor
-Peut-être même en vieux français, suggéra Ravn Petrova avec un sourire aimable.
-Il ne te reste qu'une minute trente, Marley, annonça Andrei Louriev, les yeux fixés sur sa montre à gousset hors de prix- décidément tous les moyens lui étaient bons pour l'exhiber .
Bon sang, aucun des trois élèves de Draco n'avaient l'air d'être sous Imperium. Finalement ce fut Valter qui s'aperçut en premier de leur présence. Il se redressa immédiatement.
-On a de la visite, annonça-t-il aux quatre autres avec un fort accent bulgare alors qu'au même moment Marley demandait comment, par Merlin, il était censé connaître le vieux français.
Les petits crétins eurent au moins le bon ton d'être mal à l'aise. Ce fut Marley qui se reprit le plus vite.
-Professeurs, quelle belle soirée n'est-ce pas ? dit-il en les saluant. Et la jeune Française avait raison, il avait vraiment l'air d'un imbécile heureux.
-Monsieur Marley, dit Potter sèchement en avançant vers les adolescents, j'ai passé la dernière demi-heure à défaire des sortilèges tous plus idiots les uns que les autres, alors la soirée n'est pas si belle que ça.
-Mais c'était pour rire, dit Mars en lissant sa belle robe de bal. Une sorte de blague de Noël.
Potter pinça l'arrête de son nez. Derrière les élèves, la Pucelle d'Orléans les observait tous, se tenant toujours prête à se défendre.
-Et pourquoi embêter cette pauvre peinture ?
Bonne question. Draco aussi voulait savoir.
Cette fois ce fut Ravn qui répondit.
-Nous avons parié que Marley n'arriverait pas à la faire rougir, dit-il en faisant un pas en avant comme pour protéger la Gryffondor.
Draco se renfrogna. Il ne lui manquait plus que ça : que son élève se soit amouraché de cette espèce de clown en jupe.
La réaction de Ravn, au contraire, amusa Potter.
-Et Monsieur Marley était en train de perdre, n'est-ce pas ? dit-il d'un ton radouci.
-Et bien, répondit Andrei, il semble que Jeanne ait plutôt envie de le transpercer de part en part.
-Comme toutes les filles qu'il drague, rajouta Valter pince-sans-rire.
Marley fut outré et répondit quelque chose en bulgare - probablement une insulte - Sa prononciation était tellement mauvaise que cela ne ressembla à rien et fit rire les autres.
-Quoi qu'il en soit, intervient Draco de sa voix traînante, vous n'avez rien à faire dans les couloirs. Vous allez sagement retourner au bal et arrêter vos ridicules petites blagues. Et étant donné que vous appréciez tellement la décoration de l'Académie, vous rangerez et nettoierez tous les cinq la salle de bal lorsque la fête sera terminée. Et sans l'aide de la magie. Ensuite seulement vous pourrez aller vous coucher.
Il jeta un bref coup d'oeil à Potter qui inclina légèrement la tête en signe d'accord mais un sourire jouait toujours sur ses lèvres. Est-ce qu'il ne pouvait pas prendre son travail au sérieux plus de deux minutes ?
-Oui professeur, répondit prestement Andrei qui semblait le plus mortifié des cinq.
Mais probablement jouait-il à l'élève obséquieux comme Draco l'avait fait maintes fois à son âge pour obtenir ce qu'il voulait.
-Nos élèves s'entendent bien, dit Potter quand ils furent de nouveau seuls alors qu'ils marchaient en direction de leurs chambres.
Draco renifla.
-Ça leur passera, répondit-il froidement.
L'ancien Gryffondor posa une main sur son épaule.
-On peut savoir pourquoi tu es si désagréable ? demanda-t-il en soupirant. Ce n'est quand même pas parce que tes précieux étudiants s'amusent enfin un peu ?
Draco se dégagea nerveusement. Il avait hâte d'arriver dans la chambre de Potter à présent. Hâte de l'avoir en lui.
Bordel, il ne se reconnaissait plus !
-Je t'emmerde, répondit-il.
Potter sembla perdre patience. Il le poussa contre un mur, ses yeux luisant dangereusement. Draco sentit son sexe réagir positivement à ce changement d'attitude.
-Tu es un tel enfoi...C'est quoi ça ? Guy ?
Potter se libéra et avança. Il avait le nez en l'air. Draco le détesta pour le délaisser aussi facilement.
-Cet abruti de Merle est tombé dans un des pièges on dirait, commenta le blond en regardant aussi au-dessus de lui.
Le professeur de métamorphose était pétrifié et il planait au-dessus d'eux, il ne les voyait pas car son visage était du côté du plafond. Draco avait presque envie de retrouver ses élèves pour les féliciter.
-Ne parle pas de lui comme ça, répliqua Potter. On va vous libérer Guy ! dit-il au français.
-Il ne t'entend pas, grogna Draco et il poussa Potter contre le mur.
-Qu'est ce que tu fous ?
Draco eut un sourire mauvais, une de ses jambes alla se placer entre celles de Potter. Les yeux verts s'écarquillèrent.
Draco commença à bouger doucement.
-Ce n'est pas le moment ! siffla le brun entre ses dents.
Mais il ne se libérait pas et ses yeux étaient posés sur la bouche de Draco.
-Nous nous trouvons sous du Guy, je dois t'embrasser. C'est la tradition.
Mais Potter sembla hermétique à cet excellent jeu de mots.
-Tu déconnes ! N'importe qui peut venir et son sortilège peut se défaire d'un inst...
Draco l'embrassa. Il voulait le faire taire. Non, il voulait le faire gémir. Il soupira de plaisir lorsque les bras de Potter se posèrent sur ses épaules et quand il ouvrit sa bouche pour l'accueillir. Il s'aperçut qu'il avait attendu ce moment toute la journée. Sentir la langue de Potter contre la sienne lui fit accentuer le baiser. L'érection du brun appuyait contre sa jambe et il aimait ça. Savoir que Potter bandait pour lui était comme avaler une potion aphrodisiaque.
Il se recula finalement, le coeur battant à tout rompre et le souffle court. L'intensité de ce qu'il ressentait lui faisait peur.
-Occupe toi de lui ! dit-il en pointant du doigt le professeur de métamorphose qui parvenait à le faire chier, même pétrifié.
Potter redressa ses lunettes dorées sur son nez et hocha la tête.
-Tu viendras dans ma chambre ensuite ? demanda-t-il.
Draco le détesta pour avoir l'air de douter de sa réponse. Il se détesta encore plus parce qu'il ne pouvait pas refuser.
Pas encore du moins. Peut-être qu'avec du recul, avec les vacances ...
Penser aux vacances lui fit serrer les poings. Et il comprit pourquoi il était aussi à fleur de peau ce soir. La perspective
de passer dix jours sans le voir - sans le toucher - le mettait dans cet état lamentable.
-Je t'attendrai, répondit-il simplement et il s'éloigna.
A suivre
