Blabla de l'auteur :

Petit rebondissement dans le quotidien de notre protagoniste. Comment celui-ci va réagir face à cela ? Et bien vous le saurez en lisant... Je ne vais pas vous spoiler, il ne manquerait plus que ça !

Je ne suis pas payé, l'univers HP est celui de J.K. Rowling et (encore une fois) seul Rain m'appartient.

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Acte V : Duo

Malgré sa réticence à mettre un pied hors de la chambre qu'il s'était appropriée, l'équipe le poussa jour après jour à quitter ce cocon devenu rassurant. C'était une étape à franchir dans le processus de soins, et il finit par céder. Il existait - de ce qu'il avait pu observer - une vingtaine de chambres. Il n'y avait pourtant que peu de personnes dans les couloirs où les salles ouvertes. Le fait de croiser majoritairement des gens ayant approximativement son âge le glaça et lui fit l'effet d'une claque. Il était loin d'être le seul à avoir été ravagé par la guerre. Quelques visages lui rappelaient vaguement des personnes croisées à Poudlard, et il fit de son mieux pour ne jamais avoir à leur adresser la parole.

Alors qu'il s'appliquait à cette tâche, il fit la grimace en découvrant dans la cafétéria une personne dos à la porte qui occupait sa table préférée. Bien sûr, elle ne lui appartenait pas mais il trouvait réconfortant d'avoir une routine et des repères stables. Bien, puisqu'il ne pouvait pas rejoindre son coin habituel il se dirigea vers l'angle opposé et posa brutalement sa tasse de thé noir sur la surface plane. Ses mains tremblaient légèrement et il les coinça entre ses genoux pour ne pas laisser voir la trace de son anxiété. La boisson fut rapidement consommée, puis il s'échappa de la pièce sous l'œil observateur des soignants installés dans leur salle de repos.

Le lendemain, la même scène se reproduisit. Attablé, il ne put s'empêcher de fixer la nuque de ce patient d'un regard peu avenant. Il vit le corps étranger se tendre et détourna les yeux vers sa nouvelle table. Ce n'était pas dans sa nature d'être colérique et rancunier, et il réalisa que s'énerver sur quelqu'un potentiellement fragile était loin d'être une idée charitable.

La situation devint acceptable après quelques jours. Bien malgré lui, Rain devint curieux à propos de cette personne dont il n'avait vu que le dos courbé, et perdu dans ses pensées il lui arrivait de contempler longuement la silhouette assise devant la fenêtre. L'objet de ses songeries devait s'être rendu compte de cet intérêt car il déserta sa place et ne revint pas pendant presque une semaine. Rain récupéra alors sa table mais il fut surpris de ne pas en être particulièrement heureux. Observer à la dérobée cette personne silencieuse avait occupé son esprit et son absence le perturba et il en vint à se demander si le patient avait atteint le terme de son hospitalisation.

La réponse à ses questions lui fut offerte sur un plateau lorsqu'une voix grave interrompit le cours de ses pensées. Il leva la tête brusquement pour se trouver face au patient inconnu. Il le reconnut à sa chevelure, mais ce n'était pas le plus frappant. L'homme avait un visage dévasté, comme s'il s'était pris un Bombarda de plein fouet. Son côté droit était déformé, la paupière semblait avoir fondu par-dessus son œil, le nez était tordu et une partie de son cuir chevelu manquait. Lorsque son vis à vis répéta sa demande polie de partager la table, il fut évident que les muscles de sa bouche et sa mâchoire étaient également endommagés. Cela rendait son élocution difficile, mais malgré tout il demeurait compréhensible.

Encore sous le choc de cette vision, Rain ne put que lui indiquer une chaise d'un geste du bras. Il ne savait plus où poser les yeux, essayant de ne pas dévisager celui qui était maintenant assis en face de lui. Mais la chair malmenée se rappelait sans cesse à son esprit. Il réussit tout de même à retenir sa curiosité et ne posa pas la question qui lui brûlait les lèvres. Ce fut l'autre qui prit les devants, murmurant que la guerre avait fait son travail. D'après l'âge présumé de ce patient, Rain comprit qu'il devait avoir été de ceux qui avaient combattu à Poudlard. Un élan de sympathie pour l'homme s'imposa alors en lui, et il hocha la tête en silence pour confirmer qu'il avait entendu et compris.

Chacun consomma sa boisson dans un silence gêné partagé. Rain fut le premier à se lever et adressa un petit signe de tête à celui dont il ne connaissait pas le nom. Ce fut le début d'un accord tacite : la table serait dorénavant partagée. Pour officialiser en quelque sorte la situation, Rain donna son prénom lors de leur pause suivante. Un sourire naquit sur le côté gauche du patient mais il ne partagea pas sa propre identité. Cela fit râler son compagnon de table lorsqu'il retrouva les quatre murs de sa chambre, et sa curiosité n'en fut qu'accrue.

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Blabla final de l'auteur :

Ceci est l'avant dernier acte... Et oui, comme toujours je préfère les formats courts.