Chapitre 20 : hits plays
Remus regardait Harry qui se trouvait allongé sur un lit de l'infirmerie, alors que le garçon dormait suite aux effets du Doloris. Comment Harry l'avait-il reçu ? Comment était-ce arrivé si rapidement, si soudainement ? Il ferma les yeux. Malgré qu'il soit complètement fou et toute la répugnance qu'il portait à Peter depuis qu'il savait ce qu'il avait fait et causé…
Remus serra les dents et regarda vers le coin le plus éloigné de l'infirmerie où les rideaux étaient tirés et enchantés pour rester fermés, ne permettant à personne de jeter un coup d'œil ou de s'approcher du lit. C'était là que le corps de Peter Pettigrow avait été déposé pour le moment. Le ticket de Sirius pour la liberté.
C'était encore un autre de ses amis d'enfance qui reposait là, mort.
Le cœur de Remus saignait. Il aurait voulu que ce bâtard soit toujours en vie. Pour qu'il vive ce que Sirius avait vécu à sa place, pour qu'il souffre pour ce qu'il avait fait, pour qu'il n'ait pas pris la sortie la plus facile sans expier ses fautes. Remus avala, reposant son regard sur un Harry endormi. Peut-être que si Peter n'était pas mort, il y aurait toujours une chance de le faire se repentir.
Snape l'avait bien fait.
« Remus, j'aurais besoin de vous pour parler à tous les étudiants de cinquième année et plus. »
La voix de Dumbledore arracha Remus de ses sombres pensées et il se tourna vers le directeur.
« Merlin... »
Il l'était vraiment. Dumbledore marchait droit devant, ses yeux fixaient devant lui, ses habituelles robes flottantes remplacées par des plus serrées – pas entièrement des robes de duel mais elles se tenaient près du corps sans pour autant entraver ses mouvements. Dumbledore n'était pas proche de l'aspect que tous pensaient. Etait-ce pareil pour Voldemort ? Remus ne pouvait le dire. Dumbledore sourit.
« Je suis heureux que vous approuviez, Remus. Maintenant, j'ai besoin que vous prépariez le plus d'étudiants possible pour ce qu'il va se passer ce soir. Je n'attends pas d'eux qu'ils se battent. » Expliqua le directeur. « Mais plutôt qu'ils gardent le contrôle, évitent de paniquer autant que possible – et cela ne sera possible que s'ils croient qu'ils ne sont pas sans défense. Juste souviens-toi de notre Harry ici. »
Cela fit se rappeler à Remus de demander pendant que c'était le temps des questions.
« Directeur, que s'est-il passé ? Comment Peter est-il mort ? »
Dumbledore soupira.
« Je pense que lui et Harry partageaient un lien magique, dans lequel Peter était redevable. Dans ces cas, le sorcier redevable ne pouvait infliger de douleur physique ou la mort sur le sorcier avec qui il est lié. Donc lorsque Peter a lancé le Doloris sur Harry, le sort l'a affecté lui. »
« Mais Peter n'a pas convulsé, ni subi la douleur comme Harry. »
« Comme je le disais, cela l'a affecté lui. Mais pas de la même manière. Il a reçu le double de la puissance du sort jeté sur Harry. Malheureusement, le sort était un Doloris… »
Remus acquiesça. Il regarda encore une fois Harry. Dumbledore sourit.
« Harry aurait pu aller à Serpentard avec la brillante idée qu'il a eue. »
« Cela l'a affaibli. »
« Pompom a eu assez d'expérience avec l'histoire médicale de Severus. Il sera en pleine forme dans une heure. »
Remus sortit après cela. Il avait un travail à faire.
Sniffles fit une halte à la Cabane Hurlante. Il courut pendant tout le trajet du passage secret de Poudlard, passé Miss Teigne – il ne pouvait résister à faire peur à ce félin- jusqu'à l'infirmerie.
Harry pencha la tête en entendant les trottinements du chien et sourit reconnaissant Sniffles. Mais le sifflement des robes de l'infirmière et ses exclamations ne laissa encore chance à Harry de dire à Pompom de laisser entrer le chien.
« Sors ! Si j'ai gardé Granger et Weasley dehors, vous le ferez aussi ! Ce n'est pas un endroit pour les chiens et je ne veux pas vous avoir ici. Qui sait où tu as été, tu es crasseux. AAAARRRRGH ! »
Le chien se tenant devant l'infirmière avait soudainement disparu. Le Unspeakable de l'ordre, le fugitif d'Azkaban Sirius Black se tenait à la place du grand chien. Et il lui jetait un regard positivement meurtrier. L'infirmière brandit sa baguette.
« Je vous préviens, m'approchez pas sinon je vous jette un sort. » Dit-elle d'une voix aigüe qui fit rire Harry.
« C'est bon, Madame Pomfresh ! »
L'infirmière ne bougea pourtant pas, ses yeux figés sur l'animagus. Sirius parla d'une voix forte et autoritaire.
« Madame Pomfresh, au nom de l'Ordre du Phénix, je vous assure que je ne suis pas une menace pour Harry et vous demande de me laisser passer. »
Il eut un silence, comme si une communication non verbale était établie. Cela irrita Harry qui ne savait pas ce qui se passait. Mais peu de temps après, Pompom murmura des paroles incompréhensibles et elle se retira, et Sirius fut à ses côtés. Sa main attrapa la sienne et la tint contre sa poitrine. Harry se sentit considérablement mieux en sentant les battements du cœur de Sirius.
« Comment l'as-tu convaincue ? » Demanda-t-il après une étreinte. Sirius sourit au fils de son meilleur ami, son filleul et la plus proche personne après Remus qu'il pouvait considérer comme sa famille.
« Parce que je lui ai montré la marque du Phénix sur le dos de ma main. »
Harry cassa l'étreinte dans sa surprise.
« Tu es dans l'Ordre ? Ils ont une marque ? Comme Snape ? »
« Merci Merlin, non. Premièrement cette chose noire est toujours visible – la marque de l'Ordre doit être activé par magie pour être remarquer. Et, je devrais ajouter, notre marque est bien plus élégante. » Sirius lui fit un clin d'œil, savourant le plaisir de Harry et sa surprise.
« C'est ingénieux ! »
« Ce que tu as fait avec Queudver était ingénieux. Je suis si fier de toi. Tes parents doivent l'être encore plus. » Dit affectueusement Sirius. Le sourire d'Harry disparu.
« J'ai encore tué un autre homme. »
« Peter est mort par sa faute. Tu n'as rien fait pour le blesser, ce bâtard l'a fait lui-même. Et qui d'autre est sur ta liste ? »
Harry avala.
« C… Cédric. »
Sirius soupira et tira Harry pour l'étreindre encore une fois.
« Peter a fait cela aussi. Tout est de sa faute, pas la tienne. Lui en Voldemort. Ne l'oublie jamais. »
Harry se mordit les lèvres. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Cédric comme aux autres moments traumatisants de sa vie. Puis il fronça les sourcils.
« Comment sais-tu toutes ces choses ? »
Sirius mordit sa lèvre, comme il aida Harry à se relever.
« Pour la plupart, Remus me la dit. »
« Et le reste ? »
Sirius eut un sourire affecté, même si Harry ne pouvait le voir. Sa voix, cependant, il l'entendit.
« Harry… Je ne peux parler à propos du reste. »
Harry sembla ennuyer pendant un moment, puis il parut réaliser… Ou au moins il sembla comme s'il l'avait fait ou comme quelqu'un d'abasourdi.
Le hall principal était rempli de 5ème, 6ème et 7ème année, tous montrant leur attention à leur professeur de Défense contre les forces du Mal. La pièce était effrayante, même si quelques Serpentards souriaient.
Draco serra les dents, regardant droit devant lui. Peut-être que c'était une erreur de Dumbledore. Il était déjà averti que son père et le professeur Snape étaient derrière ces masques blancs, et alors, il ne s'inquiétait pas de Voldemort, et il ne voulait pas savoir la cause de la mort des deux hommes.
Bien sûr, il savait que les deux hommes avaient la capacité surnaturelle de toujours s'évader.
Et une fois que les ennuies auraient commencés, où allait se tenir Draco ? Une chose était sûre, avec Dumbledore il ne souffrirait jamais autant qu'aux côtés de Voldemort. Mais devait-il aller contre son père. Devait-il défier l'homme pour lequel il s'était tant battu pour lui plaire ?
Draco n'était pas sûr de pouvoir le faire. Son esprit était dans un tel désordre. Tout était la faute de Voldemort.
Lui, ce sale bâtard à tête de serpent, Draco serait heureux de le défier.
« Tous les élèves en dessous de votre niveau seront accueillis dans un endroit sûr du château, et les professeurs Flitwick et Sinistra se joindront à eux. Vous resterez dans vos dortoirs jusqu'à ce que tout soit prêt, gardez en mémoire tout ce que je vous ai dit et montré. Et souvenez-vous –- la force repose dans le nombre mais aussi dans la foi. Et le directeur et moi-même avons foi en vous. »
« C'est plus que correct. » La voix du directeur traversa la pièce et il apparut avec sa barbe blanche et prit sa place habituelle à la table des professeurs. Sa présence était accompagnée par une autre personne sous une cape et Harry Potter à ses côtés sous la cape d'invisibilité.
Draco grogna de dégoût lorsqu'il réalisa l'aide qu'apporté réellement Harry, et fait plus important il pouvait aussi voir le vrai Sacha. (Le seul Sacha à Poudlard qui était humain était une première année de Pouffsouffle qui connaissait moins le chemin à son dortoir que celui aux serres.)
« J'ai peur que dans quelques minutes, Poudlard soit attaqué. Une source fiable nous a informés que l'attaque ne sera pas portée par seulement des sorciers. Je pense que vous avez le droit de savoir qu'ils sont plus nombreux que nous. Si tout se passe comme nous l'avons planifié, vous ne devriez pas lever le petit doigt, encore moins une baguette. »
Des rires nerveux s'élevèrent dans la pièce. Dumbledore leva les mains.
« Pour cette raison, vous rentrerez tous directement à vos dortoirs après ceci. »
« Et à propos d'Harry ? » Demanda la voix de Ron depuis la table des Gryffondor. Harry sourit à son ami même s'il ne pouvait le voir.
« Mr Potter a déjà commencé cette bataille. » Dit tristement Dumbledore mais sans pessimisme.
« Avant que vous ne partiez, il y a une annonce que je voudrais faire, juste au cas où. » Dit Dumbledore et ses yeux pétillèrent. La salle entière s'est tue et Remus vu le sourire bien trop familier sur les lèvres de la personne encapuchonnée. Il sourit lui aussi. C'était enfin le moment après quinze ans de retard.
« A mes côtés se trouve Sirius Black. »
Les Ooooohs et Aaaaahs des étudiants couvrirent le « Allez Sirius » venant de Ron et les applaudissements d'Hermione. Sirius retira son capuchon et montra son charme espiègle. Maintenant qu'il était sorti d'Azkaban il paraissait moins sauvage et plus dynamique comme il était avant cette nuit fatale d'Halloween.
« Sirius Black est un membre de l'Ordre du Phoenix, comme je le suis. Il est innocent de toutes les charges retenues contre lui – sauf d'avoir traumatisé Miss Teigne, je pense. » Les yeux de Dumbledore pétillaient alors que les premiers rires venaient des Weasley à la table des Gryffondors, ensuite le reste de la table, puis les Serdaigles, les Serpentards et les Pouffsouffles les suivirent.
Sirius sentit un grand sentiment de délivrance alors que Dumbledore racontait exactement ce qu'il s'était passé cette nuit là, et le vrai coupable de cette affaire. Et quand les expressions hostiles ou apeurés se transformèrent en regard admiratif, il cru qu'il allait mourir de bonheur.
Il s'en alla rapidement.
Snape se sentit secrètement triomphant lorsque Queudver ne revint pas avec Harry, bien qu'il soit un animagus rat. Il se frappa mentalement pour ne pas avoir remarqué le traître avant, pour ne pas avoir reconnu avant que Queudver était le plus dégoutant, le plus mou des Maraudeurs, et aussi le seul à les avoir trahis.
Ce qui signifie que Black est innocent.
Ce qui signifie qu'il n'aurait pas le baiser du Détraqueur.
Ce qui signifie qu'il devrait se sentir mal de l'avoir jugé sans savoir.
Maudits Potter et leurs amis.
Sa mine renfrognée était asses pour ne pas attirer l'attention de Voldemort dont l'impatience grandissait et finalement il fut clair que Queudver avait raté sa mission et que Potter ne viendrait pas ici les bras et les jambes attachés. Ce qui était mieux car Snape aurait plus facile à garder sa couverture.
Voldemort se leva.
« Nous n'allons pas attendre plus longtemps. La tâche doit être faite ce soir, Lucius. »
Malfoy senior s'avança avec audace.
« Mon fils n'échouera pas, Mon Lord. » dit-il avec enthousiasme.
« Je l'espère, pour ta famille et toi. » Dit paresseusement Voldemort.
Lucius recula alors qu'il acquiesça et retourna dans les rangs. Voldemort se tourna vers le reste des mangemorts, tous réunis autour de lui dans un large cercle.
« Mes fidèles Mangemorts. Maintenant est venu le temps de la Rédemption. Maintenant est venu le temps de démolir Dumbledore et de regarder le Ministère tomber entre mes mains. Le pouvoir sera rétabli vers les purs et les dignes. Tout est à sa place… pour le commencement. » Dit-il alors que Nagini ramper derrière lui comme l'insigne d'un roi.
Snape serra les dents. Cela signifiait que toutes les créatures que Tom Jedusor avait attirées, créées ou soumises étaient maintenant en train d'entourer Poudlard, comme un orchestre qui attend que le maestro commence à jouer.
Et il avait fini d'accorder ses instruments. La damnation était indéniable.
La nuit d'hiver était immobile et silencieuse. Il n'y avait pas de vent, pas de dramatique tonnerre, il y avait un calme mortel qui ne se déplaçait pas, ça semblait comme emprisonné dans une capsule. La fraîcheur était le seul élément menaçant, comme si la température était plus basse qu'en mi-décembre anticipant la réunion des forces noires autour du fier château dont toutes les tours et fenêtres brillaient. Dans le respect, Poudlard semblait festif et célébrant.
Et effectivement, les premiers invités arrivèrent et les portes s'ouvrirent largement pour accueillir les hommes et les femmes, jeunes ou vieux, qui étaient venus soutenir leur serment envers l'Ordre et le côté du Bien. Ils étaient approximativement cent personnes, remplissant le Hall Principal avec des personnes et les cœurs avec l'espoir comme les élèves sortirent sous leurs yeux forts, déterminés et protecteurs.
Harry entendait tout le monde et personne, se sentant juste pris d'étourdissement avec l'anticipation des événements futurs aussi bien qu'avec le triomphe de la restitution de l'honneur de son parrain, premièrement dans les yeux de ses camarades de classes, maintenant dans les yeux de tous ceux qui combattraient du même côté qu'eux. Il frissonna, se sentant dans le même temps préoccupé et enthousiaste. Sacha siffla vers lui, sa langue touchant sa peau affectueusement.
« Tu es effrayé, Harry ? »
« Un peu. » Répondit-il avec un sourire désabusé.
« Nerveux ? »
« Je dirais. »
« Tu voudrais ne pas être ici ? »
Harry y réfléchit. C'était une question importante – il résuma tout ce dont il s'était si souvent plaint : sa gloire, le poids du monde sur ses épaules, le mépris d'un certain maitre de Potions, parce qu'il était ce qu'il était. Alors est ce qu'il voulait être ici ou pas ?
Mais ensuite il réalisa qu'il n'aurait pas Sirius. Ou Ron et Hermione. Ou Remus. Il ne serait pas un sorcier. Il n'échangerait ça pour rien au monde.
Ensuite il n'aurait pas Sacha… Et à certains égards, il n'aurait pas rencontré Severus Snape – pas comme la personne qu'il est réellement, désagréable mais un allié sur qui on peut compter. C'était sa cécité qui avait déverrouillait cette partie, la rendant visible pour lui.
« Absolument pas Sacha. Je ne voudrais être nulle part ailleurs. » Siffla Harry avec un petit sourire plein d'assurance.
Les arbres de la forêt interdite tremblèrent violement et un nuage noir s'oiseaux volèrent comme les signaux de fumés menaçantes. Comme des apparitions, les Détraqueurs semblèrent soudainement se matérialiser, en rendant l'atmosphère déjà froide glaciale. Ils s'étendirent dans un large demi-cercle et se postèrent comme des gardes.
Alors, le sol trembla comme dix statues imposantes, lourdes, en argile, avançaient, arrachant des arbres de la forêt interdite sur leur chemin.
Draco serra les dents à l'intérieur du château alors que l'heure tourna sur minuit. Il entra dans une pièce remplies d'Aurors, hommes et femmes sûrement très désireux d'enfermer sa famille entière à Azkaban. Il avala, il allait maintenant consciemment aider ces hommes et Harry Potter. Il s'alliait ouvertement avec lui. Il ne se sentait pas bien ce propos.
Mais il se sentirait encore mal avec la Marque des ténèbres.
Il leva sa baguette vers le dôme du Hall Principal et lorsque Dumbledore lui fit signe, au milieu des combattants du Bien, il dit :
« Morsmodre ! »
Chapitre 21
Snape jeta un coup d'œil vers le château qu'il était censé aborder en ennemi – Poudlard, sa maison. Le seul endroit qu'il pouvait appeler comme ça, abritant les seuls gens dont il se souciait assez pour qu'il continue de respirer. Il avait un peu l'air d'être une cellule cancéreuse sur le point d'attaquer le corps qui l'avait hébergée, ce qui n'améliorait pas grandement ses états d'âmes, mais il irait, avec une volonté de fer, jusqu'au bout du plan qu'il avait silencieusement, minutieusement élaboré à l'insu, et de Dumbledore, et de Voldemort. Snape aimait les surprises, en particulier quand il en était l'instigateur, elles étaient en général extrêmement désagréables.
Après tout, c'était lui le plus grand adversaire des Maraudeurs.
Voldemort pointa en direction du château un de ses doigts squelettiques et anormalement blancs à l'intention des Détraqueurs qui s'y dirigèrent. Ainsi les lugubres gardiens d'Azkaban commencèrent à pénétrer les barrières du château et le périmètre qu'elles protégeaient. Ça avait commencé.
« Mon Seigneur, le château est fortement éclairé. » Indiqua un Mangemort avant que Snape ne tente précipitamment de reprendre le contrôle de la situation avant que Voldemort puisse avoir le moindre soupçon.
« Ça doit être Queudver qui a ébruité sa mission. Peut-être devrions-nous reculer, mon Seigneur, si Dumbledore est averti. »
« Je ne fuirai pas comme un faible imbécile ! » siffla Voldemort et, pointant vivement sa baguette magique, il lança un « Sanguiflus ! », déchargeant ainsi toute sa frustration sur le maître des potions qui reçu le sortilège de plein fouet, le sang s'écoulant de ses yeux, son nez et sa bouche. Snape sentit son environnement, devenu soudain anormalement lumineux, tanguer un bon moment avant de pouvoir penser et parler de nouveau. Il effleura tout d'abord avec précaution son visage humide avant d'en éponger la grande quantité de sang avec la manche de sa robe, tout en murmurant des excuses, mais Voldemort s'en inquiéta autant que la poussière sur ses bottes et se tourna vers le reste de ses Mangemorts :
« Quelqu'un d'autre se sssent-il le besoin d'élever une objectttion quant à cette missssion ? » demanda-t-il, avec venin.
Mais personne ne crut bon de répondre. Voldemort inclina la tête vers l'assemblée, ses yeux rougeoyants légèrement dans l'obscurité.
Au même instant, la Marque des Ténèbres s'éleva dans le ciel, projetant son morne et vert éclat sur les murs de château. Snape ressentit le faible tressaillement de l'air alors que les protections de Poudlard s'affaiblissaient de l'intérieur, suffisamment pour être percées par une personne qualifiée. Voldemort se mit immédiatement à murmurer, battant l'air de sa baguette. Un léger gémissement s'éleva soudain dans la nuit alors que les protections tombaient, complètement détruites. Et les Détraqueurs entrèrent dans le château.
Voldemort sourit à la manière d'un serpent avant de se tourner vers Lucius.
« Le jeune Draco a réussi. Tu me l'amèneras la prochaine fois que je t'appellerai. Je le marquerai. » Dit-il alors que Malfoy senior souriait de triomphe pour son seul fils. Voldemort leva sa baguette.
« Mes frères, mes sœurs ! Il est temps de prendre ce qui est légitimement nôtre! N'épargnez rien, ni personne! » Et, fidèles à ses ordres, les Mangemorts se précipitèrent, baguette à la main.
Alors que Snape s'élançait avec la troupe, une pensée s'imposa à lui :
Pourquoi diable n'a-t-il pas encore ordonné aux golems de bouger ?
Les brumes verdâtres de la monstrueuse Marque des Ténèbres, planant maintenant haut dans le dôme enchanté ne s'étaient pas vraiment dissipées de la baguette de Draco quand soudain, tout s'enchaîna très vite : Harry siffla, Dumbledore se mit à aboyer ses ordres aux Aurors, Sirius hurla à Remus de faire le guet et les Détraqueurs déferlèrent en nombre dans la pièce, la refroidissant instantanément et saisissant à l'aveugle toute personne sur qui ils pouvaient mettre leurs mains avides, la plupart avançant déjà à visage découvert.
D'innombrables Patronus jaillirent vers chaque recoin de la pièce. Draco regarda alors Harry saisir sa baguette comme une massue et la brandir devant lui, envoyant un Auror à terre, alors qu'un cerf argenté - le même qui l'avait bousculé il n'y a pas si longtemps au cours d'un match de Quidditch – en émergeait dans un galop effréné en direction des Détraqueurs, projetant tout le monde à genoux et tremblant, dans un rayon d'un mètre.
De ce que l'on pouvait en voir, les Détraqueurs étaient en train de perdre la bataille. Frissonnant brièvement, Draco en était content quoique pas vraiment surpris : au cœur même d'une bataille, les Détraqueurs n'étaient pas les créatures les plus vives ou les plus meurtrières du monde magique.
Le moral des troupes augmentait avec la température alors que de moins en moins de Détraqueurs parvenaient à maintenir leurs positions dans la pièce quand soudain, la voix de Sirius se détacha du vacarme:
« Les Détraqueurs étaient un leurre! »
La première vague du véritable assaut les frappa de plein fouet : pendant que la plupart des Aurors étaient occupés ou à esquiver ou à se battre contre les Détraqueurs, une grande partie des Mangemorts était entrée sans même être remarquée - après tout, on en voit partout, des robes noires. Mais le cri d'alerte de Sirius Black sembla révéler comme par magie qu'à toutes ces robes et capes noires venait s'ajouter un masque blanc, implacable, sans visage.
Cette fois, sorts, sortilèges, et nombre d'autres attaques commencèrent réellement à faire des victimes, Aurors et Mangemorts, qui tombaient, les uns sur les autres, certains morts, d'autres priant pour ne pas l'être. L'Avada Kedavra était ce qu'ils utilisaient le plus, du côté du Seigneur des Ténèbres, alors que les Aurors hurlaient divers sorts de stupéfixion et d'entrave.
Harry se mit à prêter plus attention à l'endroit où il posait ses pieds, entre le plancher qui commençait à devenir glissant et les corps entassés qui rendaient la circulation malaisée. Sasha remonta le long de son bras pour s'enrouler autour de son cou, comme un collier, en gardant ses yeux à découvert, malgré ce que lui sifflait Harry –cela n'était pas vraiment utile : Harry, suivant les conseils de Snape, se fiait plus à son ouïe qu'à que tout autre sens. Le résultat était qu'il se déplaçait trop rapidement pour être une cible potentielle, et qu'il pointait sa baguette bien trop rapidement pour que ses sorts puissent être évités. Ajoutés au fait qu'il y avait plus de 200 personnes dans la pièce, les sorts d'Harry atteignaient toujours une cible. Mais le jeune Gryffondor n'était pas intéressé par le décompte de ses victimes. Il était à la recherche de deux personnes.
Severus Snape, et Tom Jedusor.
«Ron, on ne devrait vraiment pas… »
« Arrête avec ça, Hermione! Si tu n'avais pas envie d'aider Harry, tu ne serais pas là, en train de courir avec moi! » Grogna Ron alors qu'Hermione et lui entraient dans la mêlée. Ils s'immobilisèrent un moment, confrontés à la pure horreur qui leur sautait aux yeux:
Le plancher était couvert de corps étendus, Aurors et Mangemorts, piétinés par des combattants qui tentaient d'esquiver ou d'atteindre leur cible. D'horribles sortilèges mortels pleuvaient, qu'ils soient dans l'implacable finalité de l'Avada Kedavra ou plus…artistiques. Un instant prit de vertige, les deux Gryffondors de 5ème année peinaient à différencier l'ami de l'ennemi.
Mais soudain, Ron aperçut son père puis le sort sur le point de le frapper ; il poussa un cri et, accourant baguette à la main, se mit à hurler au Mangemort toutes les pires injures qui lui venaient à l'esprit. Hermione se précipita à sa suite, écartant d'un léger mouvement de baguette les corps et les combattants du chemin de son ami, pour qu'ils arrivent jusqu'à Arthur Weasley.
« Papa ? » chuchota Ron, en berçant la silhouette amorphe. Arthur ouvrit doucement ses yeux qui s'emplirent vivement de peur.
«... Vous ne devriez pas être ici ...! » réussit-il à haleter.
« Ron, on doit trouver un autre endroit ! Je ne peux pas continuer à dévier autant de charmes! » S'écria Hermione. Ron cligna des yeux, la vision floue, et vit qu'Hermione les avait entourés d'un Bouclier. Il acquiesça d'un signe de tête et se releva, supportant le plus gros du poids son père.
« Je vais le porter dans un endroit sûr, et je reviens. Cherche Harry ! » Cria-t-il en s'éloignant, faisant éclater la bulle protectrice.
Hermione n'avait pas d'autre choix que de se jeter dans la bataille pour lutter aux côtés de son ami aveugle. Elle ne l'avait jamais vu se battre, puisque Harry n'avait jamais accepté qu'elle se joigne à lui pour ses séances de duels clandestines, elle n'avait ainsi aucun moyen de savoir s'il était capable de gérer la situation.
Il est cependant difficile d'obtenir un avis ou de chercher quelqu'un quand on est occupé à protéger sa vie et celle des autres. Elle aurait voulu crier pour l'appeler – elle était sûre qu'il saurait distinguer sa voix au milieu du raffut de la bataille. Harry avait appris à distinguer les sons du bruit, il y a déjà longtemps. Mais elle se retint. S'il était en train de se battre, il n'avait pas besoin de se soucier d'elle, ou Ron.
Elle espérait seulement qu'elle pourrait l'apercevoir, ne serait-ce qu'un instant.
Snape essayait de ne pas trop prendre part à la bataille. Pour que son plan fonctionne, il devait rester conscient et réactif au moins jusqu'à ce que Voldemort appelle ses Golems. Il réussit à rester à l'écart de l'amas grouillant des combattants, déviant les sorts et n'attaquant pas réellement qui que ce soit, se protégeant lui-même pour être en mesure de protéger les autres plus tard. Il savait que cela ne pouvait pas être le plus gros de la bataille.
Il vit Harry se faufiler entre les Mangemorts, lançant sorts sur sorts tout autour de lui, et tous atteignant leur cible, ou tout du moins la frôlant.
Il s'accorda un bref instant pour admirer l'adolescent dont la valeur au combat égalait celle de deux Aurors voyants. J'ai réussi. Qu'importe si j'en suis digne ou non, ce résultat est principalement de mon fait. Il jeta un coup d'œil autour de lui, essayant de repérer Voldemort. Où ce Sang-de-Bourbe était-il allé, cette fois?
Harry ressentit une douleur déchirante provenant de sa cicatrice et il sut. Sasha cracha de peur. Harry sentit sa gorge se serrer mais se reprit rapidement et siffla doucement à son familier:
"Sasha, descends de moi. Fais attention de ne pas te faire écraser."
"Je n'abandonne pas ceux à qui je suis liée.»
"Sasha je n'ai pas le temps de discuter."
"Alors abstiens-toi !" siffla le serpent avec autorité, avant de glisser sous les vêtements d'Harry qui sentit son corps froid glisser vers son bras droit, celui qui tenait sa baguette, et s'y installer, confortablement enroulé autour du gant mordoré. Harry n'eut pas plus de temps pour tenter de discuter avec le serpent corail car c'était quand même Voldemort, et non pas Malfoy, comme il en avait plutôt l'habitude, qu'il s'apprêtait à défier.
Il fut soudain frappé par un Endoloris. Pour la deuxième fois, cette nuit. Son esprit fut brutalement envahi par une douleur de plus en plus cuisante. Il savait qu'il était tombé au sol, tout comme il savait qu'il n'avait pas laissé sa baguette s'échapper dans sa chute, ou que tout le monde regardait à présent ce qui était plus qu'un simple combat. Encore une fois, c'était Harry Potter contre Tom Jedusor, Voldemort. Et pour le moment Harry ressemblait plutôt à un poisson hors de l'eau, luttant pour retrouver sa respiration.
Le sortilège cessa brusquement ce qui était en soit aussi douloureux que d'en être victime.
« CCC'est donc lui ... le garçon aveugle qu'il est ssssi difficccile de trouver …et de tuer ? » Il sourit, ses yeux écarlates se délectant de la vue du garçon qui tremblait de douleur à ses pieds.
« Je. .. n'ai pas peur de me battre contre vous. Ce n'est pas la première fois. » Dit Harry, pas vraiment certain de la raison qui l'avait poussé à répondre. Sa voix, brisée et irrégulière, sonnait étrangement comme les jappements d'un chien. Bien sûr, sa gorge n'avait pas été épargnée, comme le reste de son corps, d'ailleurs.
Voldemort n'appréciait pas les allusions d'Harry à leurs précédentes rencontres. Ça n'avait jamais été un bon sujet de conversation en sa présence, et, en fait, aucune créature vivante n'avait osé essayer – pas même Nagini. Alors hors de question que ce misérable maigrichon fasse exception. Voldemort leva rapidement sa baguette pour attaquer…
…et dut lui-même contrer un sortilège Lepidae parfaitement exécuté. Le gamin était rapide. Bien plus rapide que tous les duellistes qu'il avait défié - et Voldemort en avait défiés (et tués) un certain nombre. Il était contrarié. Potter avait apparemment trouvé un moyen d'orienter efficacement ses sorts- même si c'était apparemment fatiguant et pas franchement superflu. Il avait une fois encore sous-estimé le garçon, sur l'assurance de Snape que le garçon était docile et incompétent en raison de sa cécité. Il s'occuperait de ce sale bâtard graisseux le moment venu.
« Très bien, Harry Potter. Bien plus intéressssant que la dernière fois que nous avons... combattu. Permets- moi de m'occuper nos amis avant que je … ne te consacre toute mon attention. » Dit-il paresseusement en agitant mollement sa baguette, tout marmonnant doucement, alors Harry sauta sur le côté, ce qui donna à Voldemort le temps de lancer d'une voix forte:
"Ameth Fortuna Tuera Molta !"
Le sol fut soudain secoué au rythme d'une marche lourde et pesante avant que le bruit assourdissant de la roche protestant puis cédant sous les coups couvre même les hurlements de terreur. Les golems démolirent une partie du mur dans le hall principal, piétinant et ensevelissant sous leurs pas lourds les malchanceux qui croisaient leur chemin. Immédiatement, les Aurors commencèrent à se déplacer afin de trouver un bon angle pour effacer le A du mot AMETH inscrit sur leur front sans visage.
Les golems approchaient, piétinant les Aurors, sans réellement distinguer les Mangemorts. Draco ne cessa de courir seulement quand il trébucha sur Weasley à demi enterré, tentant désespérément non pas de fuir, mais de pénétrer plus loin encore dans les débris. Draco fut tenté de continuer sa route, mais s'arrêta net. Dans la voix de Ron perçait la même peur sourde qui lui étreignait le coeur.
Sans y penser, Draco agita sa baguette pour écarter les pierres, aidant le rouquin à dégager le corps de son père. Ron, hébété, cligna des yeux et Draco eut un sourire hautain.
« Je ne serai pas là à chaque fois que tu auras besoin de déterrer ton père, Weasel. » Dit-il en reprenant sa route.
Mais il fut soudain frappé par un sort, un sort lancé par son père.
« Traître, garçon stupide ! Aider les amateurs de Moldus pendant l'instant de gloire du Seigneur des Ténèb… »Commença Lucius avant de tomber, stupéfixié. Draco leva les yeux pour voir Ron, qui continuait à le fixer, béat, figé dans la même position, son bras tenant sa baguette tendue de façon fort appropriée pour lancer un bon sortilège de stupéfixion sur le chef de la famille Malfoy.
« Cinglé ! » murmura Ron pour lui-même, les yeux aussi exorbités que leurs homologues gris, toujours sur le coup de la surprise due à l'aide inattendue que chacun avait apportée à l'autre.
Un seul golem était à terre, sans vie. Les autres continuaient de tout ravager, en essayant de tuer et de détruire. Dumbledore ordonna aux Aurors de se tenir à l'écart, d'esquiver plutôt que d'attaquer, voyant que chaque morceau brisé semblait animé d'une vie propre, continuant d'essayer de causer dégâts et dommages de toutes les manières possibles.
Il visa soigneusement le deuxième golem sur le point d'écraser Remus et Hermione, et ayant insufflé un ordre à travers sa baguette, le gela définitivement dans cette position, le mot METH à présent inscrit sur son front. Dumbledore prit une grande inspiration, afin que son contre-sort réussisse et amenuise le contrôle qu'exerçait le sang de Voldemort sur la créature. C'était un subtil mélange de hautes compétences et le pouvoir, mais qui exigeait en retour beaucoup d'énergie et de concentration.
C'est pourquoi il était le seul à pouvoir arrêter les deux golems, à présent inanimés.
Mais ce fut aux dépends de la promptitude de ses réflexes : le sortilège d'Avery frappa le directeur de plein fouet avant que Remus n'ait le temps de faire autre chose que crier.
Voldemort avait engagé le combat avec Harry - avec beaucoup plus de difficultés que d'habitude, ce qui le rendait de plus en plus furieux. Quel que soit le sort qu'il lançait au garçon, Harry avait déjà élevé un bouclier pour le dévier. De plus, il hésitait à utiliser l'Avada Kedavra, de peur que se répètent les événements de l'an dernier. Voldemort n'avait pas l'intention de voir les Potter à nouveau, c'était la raison principale pour laquelle, cette nuit-là, ô combien funeste, il s'était déplacé personnellement pour les exécuter.
Et il ne pouvait se permettre de voir vaciller l'emprise qu'il exerçait sur les golems à travers le lien de sang, simplement parce que ce maudit vieux loufoque de Dumbledore y avait déjà percé une brèche importante.
Ce soir, il devait gagner cette bataille. Et pour le moment, il était sur la bonne voie : Il était au sein même de Poudlard, il y avait plus d'Aurors que de Mangemorts à terre et il était sur le point de tuer Harry Potter.
Si seulement ce maudit morveux pouvait se tenir tranquille comme toute victime qui se respecte. Malheureusement pour lui, Voldemort fut frappé par un ENTO-Impedimenta d'Harry alors qu'il ruminait sombrement tout cela et tomba pendant quelques instants sous l'influence du sortilège...
... Harry réalisa soudainement qu'il avait utilisé l'ENTO pas moins de huit fois de plus qu'il ne l'aurait dû ... et il eut brusquement la sensation de s'être vidé de tout son sang, privé de toute vie.
Voldemort en profiterait certainement pour en finir avec lui dès à présent.
Dumbledore est tombé ! Tu n'es qu'un imbécile ! …
Rogue jeta son masque, et ensorcela tous ceux qui se mettaient en travers de sa route, à présent, il n'y avait plus de retour possible. Il avait pris son temps, et résultat, l'homme qu'il considérait son véritable père était peut-être mort - qui sait avec quel sort il avait été frappé. Il avait vu Potter tomber après avoir admirablement tenu tête à Tom Jedusor. Et tous ces incompétents…
Qu'était-il, par l'enfer, en train d'attendre ? Ça ? Une entrée spectaculaire ou peut-être une invitation royale pour faire ce qu'il avait prévu ? La peur n'était pas une bonne excuse, de même que l'appréhension. Il avait décidé de le protéger, et il était en train de tout gâcher, tout comme il avait toujours gâché ce qui était important pour lui.
Severus ne pouvait pas attendre plus longtemps. Il se plaça près des golems et leur hurla ses ordres de toute la force de ses poumons en agitant sa baguette :
« Sanguis Obeir Ameth! »
Les golems s'étaient immobilisés et semblaient hésiter. Le lien de sang qui était jusqu'à maintenant actif luttait contre un autre, encore inactif, qui tentait à présent de s'imposer. En effet, Snape ne s'était pas contenté d'incorporer le sang de Voldemort dans l'argile, il y avait également ajouté le sien.
La volonté du Seigneur des Ténèbres n'était pas été facile à dompter, et Snape dut presque fermer les yeux dans son effort désespéré pour le contrôle de tous les golems restants. Pendant un certain temps, rien ne se produisit. Mais un léger murmure attira l'attention du Seigneur des Ténèbres. Mais il fut contraint d'esquiver la combinaison de sortilèges qu'Harry lui lançait du sol, d'une main tremblante, alors la lutte pour la domination devint plus aisée, et Rogue en fut le vainqueur. Je l'ai fait.
Une fois de plus, la salle tout entière sembla s'immobiliser, peu de personnes comprenant pourquoi les golems avaient cessé de tout dévaster et encore moins s'étant aperçu de comment et de qui l'a fait. Même Harry s'était arrêté, intrigué par l'étrange silence et la soudaine tranquillité ambiante, de même que Voldemort, son effroyable regard écarlate fixé sur un rival auquel il ne s'attendait pas – peut-être aurait-il dû ?
« Ssssseverus! »
Les yeux de Snape brillaient d'un éclat triomphal alors qu'il crachait au Seigneur Sang-de-Bourbe des Ténèbres :
« Sanguis Obeir Meth! »
Le A sanglant fut alors effacé par magie et les golems commencèrent à se dissoudre lentement, se fondant en masses de plus en plus informes de crasse et d'argile. L'atout majeur de Voldemort pour cette bataille était brusquement retourné à l'état de poussière inutile.
Dumbledore ouvrit faiblement les yeux, plongeant dans ceux d'Hermione et de Remus. Remus sourit pour balayer son anxiété.
« Ça y est, Directeur, les Golems ne sont plus! »
Dumbledore sourit à son tour et agita sa baguette, appelant un vieil ami. L'issue du combat était proche, professeurs et Aurors encore debout le sentaient également.
Voldemort bouillait d'une rage pure face au traître qui l'avait par deux fois dupé et à l'enfant qui était un adversaire coriace même en étant aveugle. Il était battu, et de nouveau en position de faiblesse parce qu'il n'avait pas eu la toute-puissance qu'il se vantait de posséder. Il devait battre en retraite, pour sauvegarder son état actuel et revenir plus tard.
Cependant, il avait le temps de lancer de rapides châtiments. Il gronda en pointant sa baguette en direction de Snape et projeta un éclair bleu qui l'engloutit avant même que quelqu'un puisse réagir. Puis Voldemort disparut. Et tous les Mangemorts qui en étaient encore capables l'imitèrent.
Ils laissaient derrière eux un amoncellement de poussière, d'argile, de ruines, de cadavres et de sang. Le Directeur était blessé. Harry Potter était dans un état critique d'épuisement.
Et Severus Snape était en train de mourir.
À suivre …
Chapitre 22 Jeu de coups
Dumbledore avait entendu Sirius rappeler à l'ordre les autres sorciers, Snape était au plus mal et non, il n'est pas l'un d'entre eux, bande d'imbéciles, n'était-ce pas évident.
« Aidez-moi à me lever. » Demanda-t-il à Remus, et le loup-garou y complut. Le directeur balaya la salle abandonnée, englobant le tout jusqu'à ce que ses yeux se focalisent sur la forme entourée par une sinistre lueur bleue qui se tordait sur le sol.
« Non, Severus... » chuchota Dumbledore et il essaya de se lever, mais se rendit compte qu'il ne pouvait pas.
Une trille forte et mélodieuse se fit entendre au dessus d'eux comme-ci Fumseck avait répondu à la sommation de Dumbledore, il semblait fait de feu. Le phénix chantait d'une manière très spéciale, dans les notes basses, observant de courte pause alors qu'il survolait le champ de bataille –et la Marque du Phénix brilla sur le dos de la main de tous les membres de l'Ordre, jusqu'aux Aurors les plus engagés, comme un feu doré.
Le dessin d'un phénix volant dans un cercle formé par les plumes de sa propre queue apparut sur la main de Dumbledore, faisant rougeoyer son bras tout entier, et puis graduellement tous les membres de l'ordre dans la pièce : Black Sirius, Lupin Remus, Sybil Trelawney, Arabella Figg, Dandylia Sprout, Arthur Weasley, Bill Weasley... et Severus Snape.
Pendant que la marque du Phoenix apparaissait sur la main du maître de potions, la lueur bleuâtre entourant l'homme sembla succomber. Si quiconque pensa que c'était une marque d'amélioration, ils déchantèrent quand il se cambra vers l'arrière, ses yeux largement ouverts, et fut soulevé dans les airs, semblant souffrir le martyre, produisant un bruit horrible, une sorte d'eeeeeek chaque fois qu'il essayait de respirer. La lueur bleue apparut dans ses pupilles comme un faible clignotement de lumière dans le noir de ses iris - elle était mystérieuse et agitée.
Les personnes restantes dans la chambre avaient formées un cercle très large autour de Snape pendant qu'il se convulsait sur le plancher, mais personne ne s'était approché. Ils l'observèrent tous subir la lente torture et combattre contre la malédiction, perdant peu à peu sa force vitale. Aucun ne bougea, et pratiquement aucun bruit ne se faisait entendre mis à part le chant de Fumseck et les eeek que faisait le maître des potions.
Sirius cassa le cercle, se sentant dégoûté. Il n'avait jamais aimé Snape – du moins il ne pouvait pas passer plus de 10 minutes dans la même salle que l'homme en restant civilisé. Mais cela n'était vrai que lorsque Snape allait bien et qu'adolescent il l'ennuyait – pas qu'il ne convulsait sur le plancher sans que personne ne fasse rien.
Il s'était rendu compte il y a bien longtemps qu'il n'en voulait pas vraiment à Snape de tous ses morts. Et était reconnaissant envers James d'avoir contrecarré son plan.
« Qu'est-ce que vous avez à le regarder comme-ça ! » Dit-il, en agitant sa main rougeoyante d'or à tous les Aurors regardant un membre de l'ordre devenu Mangemort. Elle sembla court-circuiter leurs esprits.
À ce moment-là, Remus avait aidé Dumbledore à s'approcher de Sirius.
« Que faisons-nous, Monsieur le directeur ? » Demanda doucement Remus au chef de l'ordre blessé.
Dumbledore ne répondit pas, mais il regarda Fumseck, et le phénix chanta encore plus bas vers Severus.
Tous observèrent les larmes couler, brillantes comme des diamants.
Harry se sentait comme si sa tête avait été remplie de coton. Il détestait cette sensation, parce qu'elle l'empêchait d'entendre se qu'il se passait autour de lui, bien que rien n'arrivait. Il sut que quelqu'un le bousculait, le manipulant, et il sentit des sorts être jeté sur lui, bien qu'il ne comprenait pas ce qu'on lui faisait vraiment. Tout était comme un lointain écho, très lointain. A la fin, le dernier sort qu'il avait lancé à Voldemort l'avait tellement déconcentré qu'il ne savait même pas ce que faisait Snape.
Il sortit de cette léthargie. Fichu charme d'Ento – pratique que ce soit arrivé alors qu'il se battait contre Tom Jedusor. Il l'avait tellement vidé qu'il pouvait à peine se déplacer.
Et où était Snape ? Quand cela s'était produit, tout ce qu'il avait pris c'était une potion et un bon petit somme (et une longue conversation sur la stupidité poussée des Gryffondors, etc. etc. etc.). Pourquoi n'était-il pas là pour le sermonner et l'aider, comme il le faisait habituellement ? Où était Ron ? Il l'avait entendu un peu plus loin, et implicitement Hermione allait bien elle aussi. Que s'était-il passé ? Il avait besoin de sortir de cette prison léthargique.
Le bruit commençait à lentement redevenir normal.
« ... pensez vous qu'il est hors de danger...
... Harry... ? Peux-tu m'entendre ? Harry ? Harry, il y a un jeune homme, qui veut te parler. »
Harry répondit le souffle court.
« Oui… S… irius ? »
Un soupir de soulagement.
« Oui Harry. Mon Dieu, nous avons pensé que nous t'avions perdu. »
Des mains l'aidèrent à se redresser. Harry réalisa qu'il était dans un lit ce qui écartait le grand Hall.
« Qu'est-ce qui est arrivé, Sirius ? Où suis-je ? »
« Tu es à l'infirmerie, Harry. » Répondit la voix calme de Remus. Harry pouvait détecter l'inquiétude parmi le sentiment de soulagement. Avait-il vraiment été près de ne pas revenir ? Il agita sa main. Le gant de tawn était éteint, il put sentir sa cicatrice. Il sentit soudainement Sirius proche de lui. Il ne pouvait pas ne pas avoir vu son bras.
Apparemment il devait avoir eu une réaction, parce que Sirius se précipita pour l'étreindre et le rassurer.
« Ne t'inquiète pas Harry, tout va bien. Vraiment. Nous avons dû te faire une transfusion, et n'arrivions pas trouver une bonne veine sur le bras gauche. Je suis désolé, mais vraiment, ça ne signifie rien. » Sirius parlait rapidement et avec anxiété. Harry déglutit et inclina la tête. Il savait que même si que Sirius avait fait de son mieux pour le réconforter, il avait dû être de mauvaise humeur quand Harry avait été inconscient. Il s'était vite rappelé que l'Animagus n'avait jamais vu son bras sans bandage ou sans gant.
« Je peux le récupérer s'il te plait ? » Demanda-t-il doucement. Sirius lui remit le gant sans dire un mot, et il tira dessus. Le jeune Gryffondor se sentit instantanément mieux.
« Où est Sasha ? »
« Le serpent ? Remus est allé la chercher pour toi. Il sera là d'ici quelques minutes." Lui indiqua Sirius doucement.
Harry inclina la tête. Il y eut une pause. Harry demanda encore.
« Quel jour sommes-nous ? »
« Le 3 décembre. Tu as été inconscient pendant une semaine. »
Une pause encore. Il avala.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? »
« Nous avons donné un coup de pied au cul à celui que tu sais, voilà ce qui s'est passé. » Indiqua Sirius, de la voix espiègle qu'il avait toujours et qui mettait un sourire sur le visage de Harry, peu importe comment il pouvait se sentir. Il sourit.
Remus entra, et Harry entendit le sifflement heureux de Sasha de le voir réveillé et reposé. Son corps reprit sa taille normale. Harry la câlina.
« Comment vas-tu Harry ? » La voix de Remus avait cette tonalité plaisante et calme habituelle. Mais n'y avait-il pas de la fatigue, de la douleur là ?
« Je vais bien, Remus. Je suis en train d'apprendre ce qui s'est produit. Je devine que c'était idiot d'employer l'Ento tant de fois. Mais j'ai voulu être sûr pour Voldemort. »
« C'est compréhensible Harry. Et tu as donné à Snape juste ce qu'il fallait pour obtenir le contrôle des golems. » Dit Remus. « Personne ne pensait que tu fournirais la distraction nécessaire pour le bon moment. » Ajouta le professeur de DADA avec fierté et calme.
Harry sourit presque d'un air affecté, pendant qu'il frottait la tête de Sasha, regardant les événements. Toutes ses prévisions s'étaient réalisées. Chacune d'une manière qu'il n'aurait jamais pu imaginer. L'impasse avait été avec Snape - qui était assez imaginable, mais pas à propos de ce que cela aurait dû être... puis le Péril Amical lui avait servi lors de sa rencontre avec Queudver, qui était définitivement très loin de tout ce qu'Harry aurait pu imaginer.
L'Allié Inattendu n'était pas une personne qui l'aiderait quand il serait dans le besoin. L'Allié Inattendu s'était lui-même, aidant Snape quand cela était nécessaire.
Harry ne pouvait plus remettre la question tant redoutée. Il avait tout autant peur de demander que de savoir.
« Sirius... Où est Snape ? »
Le silence qui suivit la question fut effrayant, plus parce que Harry ne pouvait voir les expressions de l'Animagus et du loup-garou. Il eut peur que Snape soit quelque part où il ne pourrait pas le retrouver.
« Est-il mort ? Sirius ? Remus ? Est-il mort ? Où est-il ? » Demanda Harry urgence et désespoir. Il se rappela les derniers mots qu'il avait dit à Snape avant que le maître des potions ne parte pour la bataille, servir l'Ordre, et avec lui le monde magique.
Vous ne saurez jamais !
Harry ne se pardonnerait jamais. Comment pourrait-il avoir aussi peu d compassion ? Après tout ce que Snape avait fais pour lui, l'incitant à être assez fort pour faire face à Voldemort et pour avoir une chance contre le Seigneur des Ténèbres, comment pouvait-il avoir été si mesquin et vindicatif ?
Il n'entendit presque pas la réponse.
« Harry, ne t'agite pas autant. Tu es encore très faible. Le directeur sera ici bientôt, et il te dira tout. »
Harry couvrit ses mains, car son esprit criait: Il ne peut pas être mort !
Draco se reposait en dehors de Ste Mangouste, une tasse de café à la main. C'était amusant, il avait décidé récemment qu'il aimait mieux le liquide brun foncé que le jus de potiron. Il essayait toujours de comprendre comment il pouvait être là après que tout ait été découvert. Évidemment il ne pourrait pas aller rendre visite à son père à Azkaban, ou il serait rapidement connu qu'il avait finalement choisi son camp.
Draco n'était pas sûr de ce qu'il devrait même dire à sa mère. Bien qu'il sache qu'elle ne portait pas la marque noire, il n'était pas certain qu'elle reste attachée à la famille Malfoy. Puisqu'il était certain que Narcissa Malfoy n'était pas attaché à Lucius, et n'allait ni lui rendre visite ou être désolée pour l'incarcération du Mangemort, cela permettrait à Draco de pouvoir rentrer en toute sécurité chez lui.
Il observa une infirmière sortir de la salle où il se trouvait. Il sourit d'un air affecté. Qui l'aurait pensé, Snape, le plus Serpentard des hommes que Draco connaissait, la définition même du Mangemort, était en fait un espion, mieux encore un espion membre de l'Ordre.
L'homme avait un sacré courage, c'était un fait.
Draco sirota encore son café, quand il vit une figure raide s'approcher avec Sirius Black, récemment amnistié. Il regarda Harry Potter avec dédain, mais au moins il n'avait pas senti les vagues de fureur qu'il avait habituellement éprouvé quand il observait le garçon aveugle évoluer et se déplacer. Il se leva.
« Je vois que tu vas mieux. » Annonça Draco maladroitement. Il se rendait compte combien il était difficile de tenir une conversation au lieu d'avoir une bagarre. Harry inclina la tête.
« Oui. Ron m'a dit au sujet de son père. Merci. »
« Il n'est pas – ton- père, Potter. Tu n'es pas ici pour moi, n'est-ce pas ? » Demanda-t-il sarcastiquement, et Harry remua la tête.
Draco ricana.
« Alors épargnez-moi les plaisanteries. C'est la porte à gauche, juste là. »
Harry hésita pourtant.
« Dis, Malfoy... »
Draco attendit. Harry sembla changer d'avis au sujet de ce qu'il était sur le point de demander au Serpentard, et il se tourna vers Sirius.
« Euh... Je voudrai entrer seul. »
Sirius inclina la tête.
« Je comprends Harry. J'attendrai ici. »
Harry marcha dans la pièce stérile de Sainte Mangouste. Il entendit la respiration peu profonde, s'était le seul bruit dans la chambre. Il trouva une chaise et s'assit. Sasha siffla.
« Je ne suis pas fatigué, Harry. »
« Je sais Sasha. J'ai peur de regarder, c'est tout. » Harry siffla vers le serpent et la caressa.
« Il est maladivement pâle, et très mince, Harry. Il semble endormi. » Dit Sasha et Harry acquiesça.
Le serpent de corail effleura de sa langue les doigts d'Harry dans une caresse habituelle qu'elle offrait au garçon à chaque fois qu'elle sentait sa détresse, et s'en alla tranquillement, sachant qu'Harry établirait un lien avec elle quand il voudrait.
Pendant longtemps, Harry resta assis sur la chaise inconfortable, entendant la respiration douce et peu profonde. Il était reconnaissant de pouvoir entendre cette preuve que l'homme dans le lit devant lui, était vivant. Il soupira et tira la chaise plus près, jusqu'à ce qu'il ait été assez près du chevet.
« Je suis tellement désolé, professeur. » Dit Harry tranquillement, avec plus de sentiment que n'importe quelle excuse qu'il n'avait jamais offert avant à cet homme. Harry déglutit, et comme il l'avait fait par le passé, il tendit sa main jusqu'à ce que le bout de ses doigts ait touché les cheveux graisseux. Harry sourit légèrement. Ses cheveux étaient vraiment si graisseux qu'on aurait pu utiliser cette graisse pour cuire des œufs.
Sa main voyagea vers le haut jusqu'à ce qu'il ait atteint la tempe - sa peau était remarquablement moite et fraîche. Le bout des doigts sentit le front de l'homme, puis continua vers le bas jusqu'au nez crochu-
« Personne… ne peut-il donc… trouver la paix avec vous… Potter ? »
Harry sursauta tellement qu'il faillit presque tomber de la chaise. La voix de Severus Snape était faible, un chuchotement, et était rauque comme si elle venait du plus profond de son corps. Cependant, elle avait une intonation de dédain soyeux qu'Harry n'avait jamais entendu jusqu'à maintenant.
« MERLIN ! Vous êtes censé être dans un coma profond ! » Laissa échapper Harry, un sourire glissant sur son visage.
Snape toussa un peu et soupira. Sa respiration ne s'était pas améliorée – Harry pouvait dire que bien que réveillé, le maître des potions n'allait pas mieux.
« Désolé vous décevoir, Potter. » Chuchota sarcastiquement le sorcier dans les pensées d'Harry. Le Gryffondor sourit.
« Ne le soyez pas. Je ne peux pas vous dire à quel point je suis heureux… que vous ne soyez pas… »
« Mort ? Ne soyez pas si mélodramatique, Potter. » Snape ricana faiblement, tournant sa tête doucement pour regarder le garçon.
Le regard dans le vague d'Harry brillait, dansant avec joie tout en regardant fixement quelque part au-dessus du mur opposé ; bien que le garçon ait l'air pâle et maladif, la couleur ornait ses joues en raison des émotions fortes de bonheur et de soulagement qu'il éprouvait. Snape sourit, certain que cela passerait inaperçu. C'était si bon d'avoir quelqu'un d'autre que Dumbledore pour le regarder avec un tel soulagement de le savoir sain et sauf, vivant. C'était une chose si rare, après tout.
Puis, le garçon releva la tête, et Snape arqua un sourcil. Le maître des potions veilla à ne pas trop bouger - même la plus légère secousse lui causerait un vertige extrême ; un peu plus et il s'évanouissait tout simplement. Voilà pourquoi l'infirmière avait posé un charme pour empêcher la secousse inutile. Il observa Harry pendant que celui-ci remuait, essayant apparemment de dire quelque chose de spécifique.
« Arrêtez ça, Potter. Vous n'êtes évidemment pas… ici par pure bonté d'âme. » Dit Snape noblement, bien qu'il fut lui-même effrayé par ce que pourrait dire le garçon. Après tout, ce fichu Gryffondor avait prouvé à quel point il était capable de pénétrer les protections mentales du Serpentard et de le blesser au plus vite avec quelques mots.
Harry prit une grande inspiration. Il siffla quelque chose à Sasha, puis s'éclaircit la voix et commença.
« La fois passée que… nous… euh… avons parlé, vous m'avez demandé quelque chose. »
Il y eut un instant de silence du côté de Snape. Harry pouvait l'entendre retenir son souffle. Seigneur, ça signifie tellement pour lui, hein ? Harry continua.
« Je… J'ai refusé de vous répondre alors. Je suis désolé. J'aurai du… Je voulais juste... »
« Épargnez-moi les sentimentalités, Potter. » Dit Snape rapidement, tellement qu'il dut tousser et respirer plusieurs fois pour soulager le poids dans sa poitrine. Signes de faiblesse qui firent sentir Snape encore plus vulnérable et délaissée, se retirant alors encore plus derrière le plus d'indifférence qu'il put rassembler. Ce qui n'était pas beaucoup puisqu'il ne parvenait pas à contrôler sa respiration.
Harry déglutit.
« Oui, Professeur. Bon... vous vouliez savoir ce qu'il s'était passé. Voulez-vous toujours que je vous le dise ? »
« Puisque de toutes façons vous êtes venu jusqu'ici pour ça, ne me laissez pas vous en empêcher." ajouta Snape avec juste un peu du sarcasme, mais son cœur avait raté des battements.
Harry prit une plus grande inspiration et commença.
« Quand je vivais avec... avec eux, je devais me lever tôt, vers 5 ou 6 heures le matin, pour préparer leur petit déjeuner. Je devais toujours faire du bacon parce que c'était leur plat favori. » Harry s'arrêta un moment, tordant ses mains. Il était toujours très difficile d'y penser, mais beaucoup moins d'en parler.
« Malheureusement... J'avais eu une vision la nuit précédente, alors je manquais de sommeil. J'ai oublié que j'avais mis le bacon à cuire, et il a brûlé. Oncle Vernon est habituellement le premier à descendre, parce qu'il part tôt pour le travail - et bon il a essayé... de me frapper au visage. Et j'ai essayé de contrer le coup, alors il a saisi mon bras et l'a appuyé contre la plaque chauffante. Et j'ai crié et braillé sur lui. Je pense qu'il avait peur que je lui fasse quelque chose comme ce que j'avais fait à la tante Marge parce qu'il a continué à crier sans me regarder vraiment, et il a pris ma tête et l'a frappé contre tout ce qu'il trouvait. »
Un silence prolongé se fit encore. Harry n'était pas sûr ce qu'il devait faire, bien que la colère, la fureur flottait dans l'air.
« Je ne me rappelle pas d'autre chose après. » Dit-il tranquillement.
Comme Snape ne répondait pas, Harry saisit la poignée de sa canne et finit le récit.
« Ceci... tout a eu lieu vers six heure moins le quart. À moins que vous ayez été là pour moi plus tôt, il n'y a rien que vous n'auriez pu faire pour me sauver de... de tout cela. »
La respiration houleuse était la seule indication que Snape était bien là. Le professeur et l'étudiant restèrent assis un long moment ensemble, sans rien dire, savourant juste la présence de l'autre et cette franchise habituelle installée entre eux. Finalement Snape prit la parole.
« Je… suis désolé, Potter. »
Harry cligna des yeux. Le maître des potions continuait de l'étonner aujourd'hui.
« Monsieur ? »
« Je pense que c'est clair maintenant. Je suis désolé. De vous faire vous souvenir de tout ceci, et de prendre mon temps pour venir pour vous. Je vous assure que, si je l'avais su, j'aurai agi autrement. » Dit Snape. Harry pensa que c'était la tonalité la plus affectueuse que Snape pouvait utiliser. Elle était aimante si on continuait ainsi.
« Vous l'avez compensée énormément, monsieur. Je suis heureux vous soyez toujours mon professeur de potions. » Dit Harry.
Il entendit la porte s'ouvrir, et la voix de Sirius.
« Harry, tu vas bien ? Il est temps d'y aller, mon grand. Tu vas t'épuiser sinon. » La voix de l'Animagus était douce. Lui et Snape avaient échangé un regard, pendant qu'Harry se levait et faisait son chemin vers la porte.
La trêve silencieuse entre eux avait été de nouveau confirmée dans cette brève communication non-verbale entre le professeur et l'Animagus. Harry marcha jusqu'à la porte. Juste avant de partir, il sourit un peu mystérieusement. Je sais que je ne devrais pas, mais je ne peux pas résister.
« Je vous verrai à Poudlard, professeur... et vous savez quoi ? Vous êtes mieux quand vous souriez. »
Snape jura pendant que la porte se fermait doucement, mais il ne put empêcher un petit sourire de s'afficher.
Il avait oublié le satané lien entre ce serpent et Harry qui apparaissait de temps en temps.
Idiot.
Fin du 1er Tome.
