Voici un nouveau chapitre !
Bonne lecture.
Pour répondre à Lilyo, la musique vient de Hunger Games : Révolte Partie 1
La maison qu'ils avaient de base était dans une banlieue calme sans problème, où les maisons étaient les mêmes que les autres, sans aucune distinction autre que le parterre de fleurs devant la bâtisse. Dans le leur poussait joyeusement des mauvaises herbes pour le moment. Elle était sur deux étages, l'un comportant la cuisine, la salle à manger, le salon et la salle de bain, l'autre, les deux chambres ainsi que le dressing immense qui semblait bien vide depuis le départ de leur mère, se fit comme réflexion le père. Cela avait beau faire seize ans qu'elle était partie, il avait encore du mal à s'en remettre. Il avait gardé les meubles ainsi ils purent s'installer assez rapidement. En deux jours, c'était bouclé. Vêtements, livres, ustensiles en tout genres, tout avait trouvé sa place. Il avait l'impression d'être retourné dans le passé. Il se revoyait jouer avec ses filles dans le salon, essayer de faire un gâteau dans la cuisine, qui s'était transformé en une bataille de farine ou encore d'aller réconforter les jumelles la nuit, dans leur berceau respectif. La maison pleine de vie était maintenant vide de toute joie. Elle semblait sombre et silencieuse. Horriblement silencieuse... Là où la maison était lumineuse dans ses souvenirs, il avait l'impression qu'elle était enrobée de ténèbres.
Sa fille avait commencé des cours par correspondance, après qu'elle ait insisté longuement, n'ayant aucune envie de se reconfronter aux conditions du kidnapping. Il avait aussi beaucoup trop peur pour la laisser repartir dans un lycée. Il avait déjà du mal à la laisser sortir de la maison seule, alors pour aller tous les jours dans un établissement quel qu'il soit, c'était juste impensable... Pourtant, il savait qu'elle sortait. La nuit, principalement. Parfois, elle restait simplement sur le toit, pour fumer, mais d'autres fois, elle partait loin de la maison, se fondant dans les ombres, sans qu'il ne puisse arriver à la suivre. Oui, parce qu'il avait tenté. Il l'avait perdue seulement trois rues plus loin. Elle avait disparu dans le noir. Abattu, il rentra et attendit que sa fille rentre.
Ce qu'il ne savait pas, c'était que ses antidouleurs ne fonctionnaient plus. Même l'alcool conjugué à la drogue ne parvenait plus à étouffer cette douleur. Elle en devenait folle. C'était fou comment en si peu de temps quelqu'un pouvait perdre l'envie de s'en sortir... Une seule chose marchait. La Death Dreaming, une nouvelle drogue underground qui portait bien son nom. Beaucoup ne se réveillaient jamais de leur rêves, malheureusement... Un vrai fléau parmi les jeunes, d'ailleurs. C'était par les médias qu'elle en avait entendu parler, puis ensuite par son dealer. Elle l'avait testée.
Bientôt deux mois après, elle ne pouvait plus s'en passer. C'était mal, elle le savait, mais cela faisait tant de bien... En voyant les trois tubes que lui présentait le dealer, elle serra les dents. Ce n'était pas suffisant. Elle allait devoir encore sortir prochainement... Elle en était déjà dépendante et elle le savait pertinemment.
- Seulement trois, pour cent-vingt ? T'es gonflé, Soshi... Y'a deux semaines, tu m'en as filé cinq fois plus...
- Les temps sont durs. C'est soit ça, soit tu dégages.
Rageusement, elle les attrapa, avant de partir avec. Cela devenait de plus en plus cher... Sans doute, des héros qui faisait en sorte de couper les robinets... Bordel, jamais là où il fallait, ceux-là. Elle rentra donc, déçue et honteuse, comme à chaque fois. Bordel, si son père l'apprenait... Il ne s'en remettrait jamais et elle serait incapable de le regarder dans les yeux... Ce serait comme voir son miroir... Elle se rappelait encore de la dernière fois où elle avait croisé son reflet. Elle avait détruit son image d'un coup de poing, par sursaut. Avant même de comprendre, elle avait éclaté ce miroir dans sa chambre, avant de se mettre à pleurer.
Aller bien ? Laissez-la rire... La dépression ? La haine ? La peur ? La culpabilité ? Peut-être un peu de tout ça et d'encore autre chose... Elle savait qu'elle chutait de plus en plus, mais elle ne voulait pas en parler. Elle voulait protéger son père d'elle-même. Son sommeil elle le gagnait après avoir fait en sorte que ses douleurs soient moindres. Elle ne la supportait plus. Cela empirait depuis quelque temps...
- Vivre ou mourir... Se demanda-t-elle, en faisant tourner le tube en ses doigts, presque émerveillée, par sa facilité à détruire les gens.
Le tube avait la forme d'une rose ouverte, dans la fleur de l'âge. Quelle douce ironie... La rose rouge ainsi semblait si inoffensive Ne dit-on pas de se méfier de ses épines pourtant ? Elle se mit à rire comme une possédée, ses épaules se secouant sans bruit en repassant par l'ouverture de la fenêtre. Même les épines n'empêchaient jamais de revenir pour la sentir, la toucher, la cueillir, tant elle était belle... La douleur physique et mentale qu'elle ressentait était pire, oui... Tout simplement à cause de la drogue dure qu'elle s'infligeait. Etouffer le mal par le mal... Rien de plus inutile...
- Suis-je bête...
Elle s'assit sur le rebord de la fenêtre, les larmes lui montant aux yeux. Elle attrapa l'un des tubes avant de glisser la poudre crépitante rougeâtre sous sa langue.
- Pourquoi tu ne reviens pas finir le travail, bordel...? Qu'est-ce que tu attends ? Que je te supplie à genoux de m'achever ? Attends encore quelques semaines, et je finirais par craquer, si c'est ça que tu veux...
Elle se sentit partir dans un rêve, lorsqu'un objet dans la pièce attira son attention. Elle se leva en chancelant, déjà bien sous l'influence de la Death. Elle traversa la pièce, avant de le reconnaitre. Son admission à Yueï lui avait été annoncé par ça... Un sourire sans joie lui déforma le visage tandis qu'elle contemplait la lettre. D'un tour de poignet, la lettre n'existait plus. Il n'en restait plus rien du tout.
- Tout ça parce que je suis trop lâche pour le faire moi-même, Eijiro Hamaki... Au fond, tu avais peut-être raison...
Elle se laissa partir ensuite, s'effondrant en arrière sur son lit double, les bras en croix de chaque côté d'elle. Enfin, elle ne ressentait plus rien. Tout s'effaçait comme les volutes d'une clope dans la nuit... Elle était vraiment une cause perdue, destinée à mourir seule... Terminé, les jolis rêves bleus et violets... Ne restait plus que le noir de ses pensées... Le néant.
Son père, caché dans l'obscurité du couloir, entendit sa dernière phrase. Son cœur se brisa en milliers de morceaux. Il dut s'appuyer contre le mur, une main couvrant les sanglots que lui lacéraient le corps.
- Oh, ma fille chérie... Je suis désolé de n'avoir rien vu... Comment pourrais-je faire pour réparer cette erreur...?
