Hellooooo !

Ça y est, avec ce chapitre on dépasse officiellement la moitié de l'histoire ! Bordel, ça passe trop vite ! Merci Musing-and-Music, Sow'Mama, L'atelier des chats, Hachiko-Tan, LénaFMA et Luciole pour vos si touchant commentaires comme toujours *émoji qui sourit de toutes ses dents". Comme j'ai posté le précédent chapitre avec un jour d'avance, j'en fais de même avec celui-ci pour garder le même nombre de jour d'écart que prévu initialement entre les deux chapitres. J'espère que ça vous fait plaisir hihi. En plus, il s'agit du chapitre le plus long de l'histoire après l'épilogue (qui sera le plus long).

Ici, je me suis inspirée des chapitres dix-sept, dix-neuf et vingt et un du roman de Colleen Hoover.

Bonne lecture.

Sei.


Ugly Love

Chapitre 5 : ... On finit par se brûler !

- Riza ?

La jeune femme sursauta à l'entente de son prénom. Elle venait de terminer son cours sur la science des automails en médecine. Il était dix-neuf heures et elle avait passé une journée exténuante en enchaînant ce cours après une journée à l'hôpital. On était vendredi soir.

- Jean ? S'exclama-t-elle en se tournant vers son frère, surprise de le trouver là.

Et il n'était pas seul. Son équipe au complet était là. Même le Colonel Mustang. Riza essaya de ne pas croiser son regard. Ça lui faisait bizarre d'avoir son « plan cul » et son frère côte à côte….

Depuis qu'ils avaient couché ensemble pour la première fois, il y avait une deuxième fois… Puis une troisième… Riza n'avait pas le compte exact en tête… Tout ce qu'elle savait, c'était qu'ils avaient toujours fait en sorte d'être discret et qu'elle avait essayé de ne jamais tomber sur Roy en présence de son frère… C'était donc la première fois qu'elle le croisait en compagnie de Jean et c'était très étrange pour elle.

- Tu m'avais dit ce matin que tu terminais les cours à cette heure-là et nous sommes venus te demander si tu voulais te joindre à nous pour dîner !?

Pour dîner ? Riza regarda son frère incrédule, jusqu'à présent, il avait toujours fait en sorte de l'éloigner de son travail. Pourquoi tout à coup faisait-il tout l'inverse !? Qu'est-ce qui avait changé ? Devait-elle poser la question à son frère !? Non… Ce serait déplacé de faire ça devant ses collègues !

Devait-elle accepter !? Le problème, c'était, comment refuser alors qu'ils étaient tous les cinq là devant elle !? Ce serait mal poli non ? Et puis, pourquoi devrait-elle refuser !? Elle ne sortait jamais, sauf pour coucher avec le supérieur de son frère… Et puis, peut-être était-ce l'occasion d'apprendre à connaître Fuery, Breda et Falman ? Ça changerait de ces fois où elle les avait croisés à manger de la pizza et à boire des bières en jouant aux cartes dans l'appartement de son frère.

- Volontiers ! Finit-elle donc par dire en les suivant.

Elle ne put s'empêcher d'observer l'étrange groupe qu'ils formaient tous ensemble. Ils portaient encore tous leur tenue militaire et elle, sa tenue d'hôpital. Elle se sentait dépareiller à leur côté. Autant leur uniforme leur donner un côté viril et un charme que chacun portait à son propre avantage, autant sa tenue d'infirmière était large et pas du tout valorisante… Avec les cernes qu'elle avait sous les yeux dû à la fatigue et son teint pâle, elle ressemblait à un zombie.

- Je meurs de faim ! S'exclama le rouquin en soupirant.

- Quand est-ce que tu n'as pas faim ! Se moqua Jean en riant alors qu'il allumait une cigarette.

Riza avait essayé plusieurs fois de le faire arrêter de fumer, en vain. Il prétextait que ça lui donnait un charme que les femmes adoraient. Il n'avait pas tort… Ça avait un côté sexy, mais ça s'arrêtait là. Peut-être qu'il y avait des femmes qui aimaient ça, mais elle, elle ne se voyait pas entamer une relation avec un fumeur… Elle avait déjà eu beaucoup de mal à retirer l'odeur de cigarette de l'appartement, obligeant son frère à fumer sur le balcon.

- On fête quelque chose ? Ne peut-elle s'empêcher de suggérer, ne sachant pas quoi dire.

Après tout, ce n'est pas parce que c'était la première fois que Jean lui proposait de les accompagner, que c'était la première fois qu'ils sortaient dîner ensemble !

- Pas que je sache, répondit le plus jeune de l'équipe en haussant les épaules.

- On fête le fait qu'Havoc ait invité sa petite sœur à dîner avec nous alors que jusqu'à présent il avait toujours prétexté qu'elle avait beaucoup de travail ? Tenta de se moquer Breda en renvoyant l'ascenseur pour sa remarque sur son appétit.

Riza observa son frère se gratter la tête un brin gêné. Apparemment, Breda avait touché une corde sensible. À présent, elle ressentait le besoin de savoir pourquoi il faisait ça et surtout, pourquoi à présent, il ne le faisait plus !

- C'est vrai ça ! Notifia Falman. Pourquoi avoir changé d'avis tout à coup ?

Tout le monde observa Jean avec le même regard curieux. Ils voulaient tous savoir pourquoi le blond de l'équipe avait changé d'avis sur le sujet. Ce n'est qu'une fois qu'ils furent tous installé à table qu'il se décida enfin à s'expliquer. Riza était assise à une extrémité de la table à côté de son frère et en face de son « plan cul ».

- Et bien, je n'ai jamais trop voulu que ma sœur nous accompagne car je ne voulais pas qu'elle attire trop l'attention du colonel !

À l'entente de son grade, ce dernier qui jusque-là regardait distraitement Riza, porta son attention sur le fumeur.

- Pardon ?

Mais Jean poursuivit comme s'il n'avait pas entendu.

- Mais maintenant que je sais qu'il a quelqu'un dans sa vie, je sais que ma sœur n'a plus rien à craindre ! Termina-t-il avec un sourire.

Riza leva un sourcil intrigué. Comment son frère savait-il que son supérieur avait quelqu'un dans sa vie !? Qu'est-ce que Roy lui avait dit !? Bon, d'après ce qu'elle venait d'entendre, il n'était pas au courant de l'identité de la fille en question. Mais du coup, elle comprenait mieux ! S'il ne la laissait jamais venir avec eux, c'est parce qu'il avait redouté que Roy ne s'intéresse à elle… Comment réagirait-il s'il apprenait ce qu'ils avaient fait ensemble ?

- Je n'ai pas de copine ! Vociféra Roy en essayant de défendre sa cause.

Riza essaya de garder une expression neutre à cette intervention de l'alchimiste. Certes, il avait raison, il n'avait pas de copine, mais l'entendre ainsi de sa bouche, bizarrement, c'était dur à entendre, mais surtout à encaisser. Pourtant, n'était-ce pas elle qui avait dit « ne rien espérer » !? Alors pourquoi pensait-elle tout l'inverse à cet instant !? Pourquoi repensait-elle à tout ce qu'ils avaient fait ensemble !?

- Copine, coup d'un soir, plan cul… Appelez ça comme vous voulez, mais vous ne pouvez pas dire qu'il n'y a personne dans votre vie ! Rétorqua Jean avec un regard qui voulait dire « ne me prenez pas pour un imbécile ».

Mais Roy ne se laissa pas atteindre pour autant.

- Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il y a quelqu'un dans ma vie !? Renchérit-il avec un regard blasé, limite indifférent.

- Votre expression au bureau ! Celle qui dit « je me suis envoyé en l'air hier soir/ce week-end ! ».

Roy resta sans voix. Apparemment Jean venait de lui clouer le bec. Riza n'avait aucune idée de la tête que tirait Roy les lendemains des soirs où ils couchaient ensemble. C'était simple, elle ne le voyait jamais le lendemain ! La seule fois où ça s'était produit, c'était le lendemain de leur première fois ensemble et il y avait eu comme une gêne de les voir ensemble...

- C'est vrai que maintenant que tu le dis, y'a des jours où il a un sourire niais sur le visage qui ne le quitte jamais ! Ajouta Breda après un instant de silence.

Riza jeta un coup d'œil à toute la tablé et nota qu'ils semblaient tous réfléchir à la question avant d'approuver d'un signe de tête à cette confirmation de la part du rouquin.

- Ah vous voyez ! Notifia Jean avec un sourire victorieux à son supérieur.

- Et du coup, parce que soi-disant j'ai quelqu'un dans ma vie, ta sœur peut nous accompagner !? Rétorqua Roy.

Riza ne savait pas trop s'il semblait vexé de la situation ou s'il faisait semblant de jouer un rôle pour ne pas griller leur secret.

- Tu ne t'es pas dit que l'un des autres pourrait s'intéresser à elle ?

- Oh arrêtez ! Pouffa Jean. Comme si je devais craindre quelque chose ! Je vous connais tous ! Falman et Riza passeraient leur temps à parler de sciences et médecines, ma sœur n'est pas compatible avec Breda, ils ne s'entendraient pas dans un cadre privé, trop de divergence de caractère, et Fuery est trop timide ! Riza aurait plutôt tendance à le materner… Par contre vous, vous êtes un homme à femme et ma sœur est une femme !

- Je ne sais pas si je dois me sentir complimentée ou insultée d'être une femme… Souffla Riza dans un demi sourire ce qui fit légèrement rougir son frère.

- Je pense surtout que votre frère y voit son avantage dans cette histoire ! Rétorqua Breda avec moquerie.

Son avantage dans cette histoire !? Riza ne comprenait pas ou voulait en venir le collègue de son frère.

- Carrément, avec un Colonel casé, peut-être qu'il arrivera enfin à se trouver une nana ! S'exclama Falman en répondant ainsi à l'interrogation de la blonde.

Maintenant qu'elle s'en souvenait, elle avait déjà entendu des remarques sur le fait que le Colonel chipait toujours les filles sur lesquelles son frère avait un coup de cœur… Il était logique qu'en prétendant que son supérieur soit casé, il pense avoir le champ lire.

- Hé ho ! Je n'ai pas forcément envie de parler de ça devant ma sœur ! S'horrifia Jean en lançant des œillades en direction de sa petite sœur.

Riza leva un sourcil surpris avant d'éclater de rire.

- Pffff, comme si j'allais en être choquée ! S'écria-t-elle en balayant sa main devant son visage avec une expression faussement surprise. Tu pars souvent en déplacement sur East City les week-end… Ne me fait pas croire que ton supérieur ne peut pas caser tes déplacements professionnels en pleine semaine !

- Des déplacements le week-end pour le travail... !? Répéta Roy avec surprise devant Riza.

Riza savait qu'à cet instant précis, il jouait la comédie.

Jean regarda sa sœur encore plus horrifié tandis que Roy semblait totalement amusé de la situation. Son frère ne savait pas qu'elle fréquentait Roy durant son absence dans ces cas-là et qu'elle lui avait déjà faite cette remarque. Et quand ce dernier avait éclaté de rire en disant qu'il n'y été pour rien et que son frère lui avait menti. Il n'avait pas fallu longtemps pour qu'ils comprennent tous les deux ce qu'il allait faire là-bas.

- La dernière fois c'était vraiment pour le boulot… Marmonna-t-il dans son bouc avec une légère coloration sur ses joues.

Tout le monde se mit à rire autour de la table. Apparemment, il venait de se faire pincer en beauté et devait remettre en question le fait qu'il avait accepté trop vite le fait d'inviter sa sœur à dîner avec ses collègues quand ils ne sortaient pas la même version en fonction de la personne.

- Elle doit avoir une sacrée paire de nichon en tout cas pour te donner aussi souvent envie d'aller là-bas ! Ricana le Colonel pour enfoncer le clou.

- Je ne veux pas les détails ! Merci ! Scanda Riza horrifiée par l'image qui venait de s'installer dans son esprit entre son frère et une fille à la poitrine généreuse.

Un nouveau fou rire éclata autour de la table.

- Tu devrais faire attention, ta sœur pourrait profiter de tes séjours dans l'Est pour inviter des mecs dans ton appart ! Pouffa Breda avec humour.

Un peu trop d'humour peut-être...

- Quoi !? S'écria Jean. Riza !?

Il lui lança un regard sévère. Vraiment trop sévère pour un gars qui partait des week-end pour s'envoyer en l'air alors qu'il faisait croire à sa sœur que c'était pour le boulot… Il avait beau être son frère, Riza n'appréciait pas trop le regard d'avertissement qu'il lui lançait. Du coup, au lieu de rougir, elle décida d'entrer dans son jeu, avec un petit ton de mesquinerie dans la voix.

- Ne t'inquiète pas, en général, je vais chez lui, répondit-elle en supplantant sa remarque avec un clin d'œil.

Le visage de son frère se décomposa, et le reste de la table hésita à rire. Ils n'étaient pas certains de savoir si la jeune femme était sérieuse, ou si elle plaisantait.

Riza quant à elle, se contenta de prendre le menu pour parcourir la liste des plats que proposait le restaurant. Après tout, elle avait dit cela pour rire, mais c'était vrai. Jusqu'à présent, elle n'avait couché avec le Colonel que dans son appartement à lui.

- Riza… Commença Jean avant de se faire couper la parole.

- Je n'ai pas vraiment envie d'avoir cette conversation avec toi en beau milieu d'un restaurant et encore moins en présence de tes collègues ! Souffla Riza en gardant le nez dans sa carte.

Ainsi, elle coupa court à cette conversation déplacée et les autres membres de l'unité du Colonel Mustang en profitèrent pour changer de sujet et parlèrent travail.

oOo

L'expérience du diner avec les collègues de son frère se déroula plutôt bien. Le Colonel Mustang décida d'inviter tout le monde, du coup la bande de joyeux lurons sortit du restaurant le sourire aux lèvres.

- Que fait-on !? Demanda gaîment Falman, insufflant l'idée qu'il était trop tôt pour rentrer chez soi.

- J'ai envie d'une bonne bière ! Renchérit Breda en tapotant sa bedaine.

- Je ne sais pas trop… Marmonna Jean en lançant des œillades à sa sœur.

- Tu ne sais pas trop si tu veux y aller, ou tu ne sais pas trop si tu veux que MOI j'y aille !? Demanda Riza en croisant ses bras devant sa poitrine le regard sévère.

Jean déglutit avec difficulté. Son côté grand-frère poule était parfois étouffant. Mais il n'eut pas le temps de renchérir que déjà Riza reprit la parole.

- De toute façon, je ne peux pas me permettre d'aller me beurrer avec mon frère et ses collègues ! Nargua-t-elle en soupirant. Demain je travaille et je ne veux pas arriver à l'hôpital avec la gueule de bois !

- Tu ne bois même pas… Se crut bon de devoir préciser Jean.

- Bah raison plus ! S'exclama Riza en le fusillant du regard. Regarder mon frère se beurrer avec ses collègues est encore moins passionnant !

Autour d'eux, personne n'osait rien dire. Riza finit par soupirer en disant qu'elle les laissait à leur occupation et qu'elle rentrait. Elle remercia une nouvelle fois le Colonel Mustang pour le fait qu'il avait payé la part de tout le monde et commença à s'éloigner.

- J'essayerais de ne pas faire trop de bruit en rentrant ! Cria-t-il à son attention.

Riza pouffa n'y croyant pas trop.

- Tout le monde est partant !? Entendit-elle derrière elle.

- Désolé, ce sera sans moi !

Riza se figea un instant quand elle entendit la voix du Colonel parvenir à ses oreilles.

- Pourquoi !? S'exclamèrent les quatre autres.

Oui, pourquoi ? Riza aussi aimerait le savoir ! Au détour de la rue, elle se cacha pour observer leur conversation. Elle ne voulait pas que son frère où l'un de ses collègues la surprennent en train de les espionner.

- Puisque vous êtes tous au courant que j'ai une vie sexuelle, j'ai bien l'intention de passer ma soirée à en profiter plutôt que de picoler avec vous ! S'exclama-t-il en haussant les épaules.

- Merci de nous rappeler à quel point notre vie est déprimante !

Mais Riza n'entendit pas la fin de la conversation, en riant, elle se remit en route. Elle ne voulait pas que le Colonel sache qu'elle l'avait entendu. Rien qu'à l'idée de savoir comment la soirée allait se terminer suffisait à lui donner chaud.

En quelques minutes, Roy l'avait rattrapé et marchait à ses côtés.

- Vous n'êtes pas au bar !? Demanda-t-elle innocemment, feignant l'ignorance.

Cette remarque fit sourire l'alchimiste et Riza se demanda s'il ne l'aurait pas aperçu… En tout cas, il ne fit aucune remarque à ce sujet.

- Non, j'ai réalisé l'opportunité qui s'offrait à moi avec mon premier lieutenant qui finit sa soirée dans un bar, sourit-il simplement en continuant à marcher à ses côtés.

- L'opportunité qui s'offrait à vous ?

Riza retint un rire. Apparemment, le Colonel connaissait son frère aussi bien qu'elle. Il tenait bien l'alcool, ce n'était pas le problème, mais ils savaient tous les deux que lorsque Jean sortait il ne rentrait pas avant une heure très avancée de la nuit. Entre autres, ils avaient un long moment devant eux avant le retour du fumeur à l'appartement.

Le cœur léger, Riza profita donc de cette promenade tranquille auprès de l'alchimiste. Les rues étaient calmes et ils ne croisèrent personne. Heureusement. Car un militaire et une infirmière… Ils devaient faire drôle d'allure !

- On dirait qu'il pleut non ?

Riza sursauta, elle s'était perdue dans ses pensées. Elle regarda Roy puis le ciel et sentit quelque chose de froid et mouiller couler sur sa joue. En effet, il commençait à pleuvoir.

Les gouttes se multiplièrent jusqu'à créer une violente averse. Le temps que les deux adultes arrivent devant leur immeuble, ils étaient trempés.

- Et bien, vous voilà dans un sale état ! Marmonna Gustave en les regardant arriver.

Il ne fit aucune remarque sur le fait qu'ils arrivèrent en même temps et Riza s'en sentit soulagée. Pourtant, elle était persuadée que le vieil homme lui en ferait la remarque quand ils se retrouveraient que tous les deux.

Ils marmonnèrent un bonsoir commun avant d'entrer dans l'ascenseur. Riza était exténuée et frigorifiée.

- Il y a bien longtemps que je n'avais plus été autant mouillée.

Un sourire espiègle apparu sur les lèvres de l'alchimiste et Riza se sentit rougir du double sens de sa phrase. Ou alors faisait-il référence à la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvé tous les deux trempés dans ce même ascenseur ?

- Viens ici, murmura Roy.

Et Riza ne se fit pas prier. Elle se blottit dans les bras de l'alchimiste et l'embrassa. Très vite le baiser se fit enflammer et intense… Riza crut qu'ils n'atteindraient jamais la chambre de Roy et qu'il lui ferait l'amour sur le palier. Le pire, c'était que cela ne l'aurait même pas dérangé !

C'était la première fois que le désir était aussi rapide et charnel. Peut-être parce qu'ils avaient toutes les deux une sonnette d'alarme qui disait « Jean peut rentrer d'un instant à l'autre ». D'habitude, ils la jouaient plus finement… Ils ne se voyaient que les soirs où Jean était de garde pour la nuit au QG, ou alors quand il partait dans l'Est.

Mais ce soir, l'adrénaline les boosta. Avoir Jean dans l'équation rendait les choses encore plus palpitantes. Ils finirent sous la douche leur premier round, mais sous l'eau ruisselante, le désir les reprit aussi vite. Riza aurait pensé qu'un alchimiste de flamme n'aimerait pas l'eau, ou du moins, qu'il s'y sentirait faible. Mais ce n'était pas du tout cela. C'est comme s'il avait travaillé cette faiblesse pour en faire une force. Elle ne jouissait jamais aussi fort que lorsqu'ils étaient sous la douche.

Elle ne put s'empêcher de se sentir vulnérable lorsqu'après cette seconde étreinte, Roy l'observa sans un mot tandis qu'elle se rhabillait. Il s'était allongé dans son lit, sur le dos, les mains derrière la tête, complètement nu et encore réveillé par le plaisir qu'ils venaient d'avoir. Sa peau ruisselait de gouttelette d'eau ainsi que ses cheveux. Il brillait de mille éclat et Riza devait résister à l'envie de se déshabiller et de lui monter dessus pour le chevaucher.

Un simple regard de Roy suffit à la faire flancher. Son regard disait « viens ». Alors, elle l'écouta et s'avança vers lui en laissant retomber sa blouse d'infirmière sur le sol.

oOo

- Ton soutien-gorge est toujours sur le palier, tu devrais le récupérer avant que ton frère ne tombe dessus ! Nargua-t-il sans pour autant bouger d'un pouce après ce troisième et torride round que lui avait offert la blonde.

C'était comme si l'idée que son frère tombe sur ce sous-vêtement ne lui posait aucun problème… Après tout, en était-ce réellement un ?

- Il pensera simplement que c'est celui de ta conquête ! Répondit Riza en haussant les épaules.

Et ce serait certainement vrai. Riza n'était pas du genre à exposer sa lingerie aux yeux de son frère, par pudeur. Donc, il y avait très peu de risque pour qu'il identifie la propriétaire du soutien-gorge s'il venait à la découvrir. Par contre, se serait plus gênant si son frère venait à rentrer avant elle alors qu'elle devrait être au lit depuis plusieurs heures à présent ! Ils avaient un peu trop savouré cette soirée...

Une fois toutes ses affaires en main, Riza se pencha vers l'alchimiste pour lui dire au revoir. Ce dernier en profita pour la ramener contre lui et l'embrasser avec ferveur.

- Je peux te poser une question ?

Riza haussa un sourcil. Il était rare que Roy veuille discuter après l'amour. En général, elle rentrait chez elle et ça s'arrêtait là. Que devait-elle faire !?

Curieuse de savoir ce qu'il avait à dire, elle acquiesça finalement d'un signe de tête.

- Pourquoi tu ne me regardes jamais quand on fait l'amour ?

Riza resta sans voix. Elle ne s'attendait pas du tout à cela de sa part… Elle s'était attendue à ce qu'il lui pose une question bateau sur son job ou la vie avec son frère, mais pas à discuter de leurs ébats sexuels… Devait-elle répondre !? Après tout, ils ne sortaient pas ensemble ! Elle n'avait aucun compte à lui rendre. Cela ne faisait pas partie de leur arrangement de se regarder en faisant l'amour !

- Pourquoi ? Demanda-t-elle simplement. Ça te pose un problème !?

- Pas vraiment, mais j'aimerais bien savoir à quoi tu penses quand on couche ensemble… Si tu imagines quelqu'un d'autre à ma place… Je dois dire que cette idée me déplaît…

Riza se mordit la lèvre inférieure. Si elle ne le regardait pas, c'était pour ne pas s'attacher à lui. Elle savait que si elle le regardait, elle tomberait amoureuse de lui… Et ça, elle n'en avait pas le droit. Bien qu'une petite voix au fond d'elle lui criait que c'était déjà trop tard, elle refusait de l'entendre et s'évertuait à se dire que cet arrangement lui convenait comme il était.

Par contre, elle n'aurait jamais pensé qu'aux yeux de Roy, si elle faisait ça, c'était parce qu'elle ne pensait pas à lui… Comment lui faire comprendre que c'était totalement l'inverse !? Dire ça, se serait avouer ses sentiments et n'avait-elle pas elle-même fait comprendre qu'ils ne devaient rien espérer de tout cela !?

- Je ne pense à personne d'autre ! Répondit-elle simplement.

- Tant mieux, ajouta-t-il avec un sourire ravi. Bonne nuit Riza.

oOo

Ce jeudi-là, Riza n'était pas de garde de nuit à l'hôpital. C'était prévu d'avance parce que le lendemain, elle avait de nouveau examen. Mais, elle avait dû oublier d'en informer son frère, car lorsqu'elle rentra. Tous ses collègues étaient présents à l'appartement. Tous ? Non, le Colonel Mustang n'était pas là.

Ils la regardèrent surpris, ne s'attendant pas à la voir arriver. Ils savaient désormais qu'ils venaient ici les soirs où elle était de garde.

- Désolée, j'ai oublié de te prévenir… Bredouilla Riza gênée. J'ai examen demain !

Les gars grimacèrent, apparemment, l'idée d'annuler leur soirée ne leur plaisait guère. Riza s'en voulait. Après tout, c'était l'appartement de son frère ! Cela faisait des mois qu'elle monopolisait son espace alors qu'elle était censée prendre son propre appartement le plus rapidement possible.

Elle s'était vite laissée bercer par l'idée d'être voisine avec Roy et de manger la cuisine de Jean.

- Je vais aller dans ma chambre pour réviser ! Ne vous en faites pas ! S'exclama-t-elle en se dirigeant vers celle-ci.

Sur le seuil de sa porte, Jean la rattrapa.

- Attends, on peut trouver une solution ! Tu peux aller étudier chez le Colonel comme la dernière fois !?

Riza le dévisagea s'attendant à une blague, mais non, il était sérieux !

- Ton supérieur n'est pas là, comment veux-tu que j'aille étudier chez lui !?

- J'ai le double de ses clés !

C'était vrai, elle l'avait oublié, mais le premier jour de son arrivée, il avait dormi ici car il ne retrouvait plus ses clés et il avait pu rentrer chez lui grâce au double que Jean possédait. Mais était-ce une raison suffisante pour s'introduire chez lui sans qu'il le sache !? Même en ignorant le fait qu'elle couchait parfois avec lui, ça restait assez étrange !

- La première fois c'était assez gênant d'entrer dans l'appartement de ton supérieur… Pourquoi devrais-je recommencer !? Je vais encore avoir d'étrange image en tête.

En disant cela, Riza pensait surtout qu'elle n'arrivait jamais à se concentrer car elle repenserait à leurs propres ébats dans les différents endroits de l'appartement.

- Ça ne te perturbe pourtant pas de réviser sur le canapé du salon… Ricana Jean avec désinvolture.

- Oh mon Dieu… S'exclama-t-elle horrifiée. Maintenant j'ai des images dans la tête qui ne me quitteront plus jamais ! Je crois que je vais déménager ce sera plus simple !

- En attendant, tu peux toujours déménager chez le Colonel pour les deux prochaines heures et demain on reparlera de ton déménagement définitif, répondit Jean avec humour.

Riza lui lança un regard noir.

- Et s'il rentre et me découvre chez lui !?

Bien qu'elle se doutait qu'au fond de lui cette idée pourrait lui plaire. Jean n'était pas censé être au courant de leur arrangement...

- Ça m'étonnerait, il a dit qu'il avait rendez-vous avec cette fille qu'il fréquente et qu'il ne viendrait pas à son appart' avec elle parce qu'il ne veut pas qu'on tombe sur elle.

Et là, Riza tomba de haut… Comment ça ce soir il passait la soirée avec la fille qu'il fréquentait !? C'était quoi ce bordel !? Y avait-il vraiment une fille dans cette histoire !? Une fille qui n'était pas elle !?

- Et oui, maintenant que ce n'est plus un secret, il ne vient plus aussi souvent qu'avant à nos soirées cartes du jeudi soir !

Quoi, parce qu'en plus ce n'est pas la première fois qu'il fait ça !? Riza se sentit vaciller...

- Ça va Riza, tu es…

Mais Riza n'entendit pas la suite de la remarque de son frère et sombra dans l'inconscient.

Quand elle reprit ses esprits, son frère et ses collègues étaient penchés sur elle.

- Riza ! Tu m'as fait une de ses peurs ! S'exclama Jean en la prenant dans ses bras.

- Que s'est-il passé !? Bredouilla la blonde en reprenant ses esprits.

- Falman dit que tu as fait un malaise et Breda dit que tu dois être en hypoglycémie. Tes journées à l'hôpital sont éprouvantes ! Manges-tu correctement ?

La phrase de son frère était beaucoup trop longue pour qu'elle puisse assimiler tout ce qu'il venait de dire. La seule chose qu'elle comprenait, c'était qu'il s'inquiétait pour elle et sa santé. Il avait mis son malaise sur le compte d'un coup de fatigue parce qu'elle travaillait trop. Tant mieux. Elle ne voulait pas lui dire que c'était ses paroles qui l'avaient anéanti.

Bordel ! Le colonel Mustang s'était foutu de sa gueule ! Elle n'arrivait pas à y croire… Il lui était impossible de comprendre ce qu'il se disait autour d'elle. Son sang battait à ses oreilles et elle n'arrivait pas à se retirer l'image de l'alchimiste dans les bras d'une autre femme de son cerveau.

Tout ce qu'elle parvint à comprendre, c'était que la soirée carte tombait à l'eau. Elle entendit les mecs quitter l'appartement et Jean s'installa auprès d'elle dans son lit. C'était quelque chose qu'ils n'avaient pas fait depuis des années, un câlin… Alors, quand il l'a pris dans ses bras, Riza n'a pas pu retenir les larmes qui lui montèrent aux yeux.

Jean la consola du mieux qu'il le pouvait et Riza garda le silence. Que pouvait-elle dire !? Que son supérieur la trompait !? Jean ne devait en aucun cas être mis au courant de l'arrangement qu'il y avait entre elle et le Colonel… ce n'était qu'un arrangement ! Donc en soit, il ne la trompait pas vraiment… Il n'y avait aucune règle qui stipulait qu'ils n'avaient pas le droit d'aller voir ailleurs. Pourquoi ne l'avait-elle pas stipulé dans les règles ? Pourquoi !? Parce que pour elle ça avait semblé si évident !

- Je suis désolé, je ne m'étais pas rendue compte que ton travail te dépasser autant ! Je ne suis pas beaucoup présent et lorsque je pourrais passer du temps avec toi, je fuis Central pour rejoindre Becca à East City…

À cette confidence de son frère, les larmes de Riza redoublèrent. Son frère s'inquiétait pour elle et se sentait mal parce qu'il avait l'impression de ne pas faire attention à elle. Elle se sentait tout à coup minable de son comportement. Il s'inquiétait pour son surmenage à elle alors qu'elle était dans cet état à cause d'un mec et de pas n'importe quel mec, son propre supérieur. Elle était tellement chamboulée qu'elle ne pensa même pas à poser des questions sur cette fameuse Becca de East-City. Elle se contenta simplement de rester là, dans ses bras en se faisant la promesse qu'elle n'adresserait plus jamais la parole à l'alchimiste de flamme qui servait de supérieur à son frère. Dire qu'il avait eu le culot de lui dire qu'il n'appréciait pas l'idée qu'elle puisse pensait à quelqu'un d'autre quand ils faisaient l'amour ensemble alors que lui, il allait carrément voire ailleurs !

oOo

Plusieurs jours sont passé depuis cette soirée où Riza avait appris que Roy voyait une autre femme. Plusieurs semaines même. Entre temps, elle n'avait pas revu l'alchimiste, mais quand on était voisin avec lui. On devait bien se douter qu'on finirait par tomber sur lui un jour ou l'autre…

Jean n'était pas retourné à East City voire Rebecca depuis cette soirée-là. Quand il avait ses week-ends, il les passait avec elle. Riza l'en remercia. Ça lui donnait une opportunité supplémentaire pour ne pas tomber sur l'alchimiste.

Mais ce soir, il partait dans l'Est pour le boulot… Et Riza en était à se demander si ce n'était pas intentionnelle de la part du colonel… Après tout, cela faisait près d'un mois qu'elle ne l'avait pas croisé.

Elle eut confirmation de ce détail du soir même lorsqu'elle découvrit un mot sur sa porte d'entrée. « 20h chez moi ? R.M. » rien de plus… Riza arracha le papier avec rage et s'enferma dans l'appartement de son frère. Il était hors de question qu'elle aille chez lui.

Et elle s'y tint. Elle ne se rendit pas chez lui et personne ne vint frapper à sa porte. Peut-être le Colonel pensait-il qu'elle était de garde !? En tout cas, elle ne s'en plaignit point. Jusqu'au lendemain… Lorsqu'elle revint de sa journée de travail, elle ne s'attendait certainement pas à le retrouver assis devant sa porte en train de l'attendre.

- Monsieur Mustang ! La salua-t-elle de la même manière qu'elle le faisait quand son frère était présent.

Roy jeta un sourcil intrigué vers elle, ne comprenant pas pourquoi elle était sur la défensive. Il savait qu'elle ne le tutoyait que lorsqu'ils couchaient ensemble, mais lorsqu'ils n'étaient que tous les deux, elle ne l'appelait jamais Monsieur Mustang…

Après tout, il ne savait pas qu'elle savait. Il devait simplement se demander pourquoi elle le fuyait. Pourtant, pour un alchimiste de feu il devrait savoir que lorsqu'on joue avec le feu on prend le risque de se brûler non ?

- Riza !? Bredouilla-t-il incertain en se levant.

Il essaya de l'embrasser sur la joue, mais Riza recula d'un pas. Accentuant le froncement de sourcil de l'alchimiste.

- Il y a un problème ? Demanda-t-il doucement.

- Si vous me laissez rentrer chez moi, il n'y en aura aucun ! Rétorqua Riza en croisant les bras sur sa poitrine, attendant que l'alchimiste libère l'accès à la porte.

Intrigué, Roy fronça les sourcils, l'examinant des pieds à la tête. Il semblait un peu décontenancé et Riza devait avouer que ça la faisait craquer de le voir aussi perdu, mais c'était hors de question qu'elle se laisse attendrir. Elle n'avait qu'à repenser à cette autre femme existante dans sa vie pour ne pas flancher.

- Et notre arrangement !?

Riza tressauta, alors comme ça, la seule chose qui l'intéressait, c'était leur petite magouille dans le dos de son frère !? Décidément, elle était vraiment tombée de haut ! Elle savait que c'était convenu comme ça à la base, mais au fond d'elle, il y avait toujours eu un petit plus et elle avait pensé que c'était la même chose pour Roy… Qu'ils avaient convenu de cet arrangement parce que leur vie professionnelle était trop compliquée pour s'engager dans une vie personnelle et que du coup, ça leur évitait de s'ajouter une charge mentale supplémentaire. Mais apparemment, elle était la seule à penser cela. Une nouvelle fois, elle avait été bien naïve.

- Il n'y a plus d'arrangement entre nous ! Grogna-t-elle simplement.

Stupéfait, Roy se figea. Il venait de s'écarter pour s'approcher de la jeune femme et ainsi libérer l'accès à la porte. Riza en profita pour l'ouvrir et rentrer chez elle, mais avant qu'elle ne puisse claquer la porte au nez de l'alchimiste, ce dernier sembla retrouver ses esprits et rentra dans l'appartement de son subordonné, refermant la porte derrière lui.

- Comment ça il n'y a plus d'arrangement entre nous !? Fulmina-t-il avant même que Riza ne puisse répliquer sur sa présence dans le salon de son frère.

Il avait un regard furieux de celui qui avait l'impression de s'être fait berner.

- Oh, ne me regardez pas comme ça ! Pesta Riza tout à coup folle de rage. Il y avait bien un jour ou ça arriverait et que tout s'arrêterait !

Après tout, c'était le cas non ? Ce genre d'arrangement n'était jamais éternelle. Soit il finissait bien, soit mal. Ici en l'occurrence, il n'y avait pas besoin de préciser dans quelle situation ils se trouvaient.

- Tu as rencontré quelqu'un !? Demanda Roy en prenant Riza au dépourvu.

- Non ! Répondit Riza sans réfléchir, ne comprenant même pas pourquoi il lui posait cette question.

- Alors pourquoi ! Nous n'avons jamais enfreint ta règle à ce que je sache !

Apparemment il ne semblait pas vouloir croire qu'elle puisse avoir eu vent de sa double aventure… Il préférait rejeter la faute sur elle. Énervée, elle serra les poings de rage.

- Parce que c'est vous qui avez rencontré quelqu'un ! Répliqua-t-elle ne pouvant plus garder ça pour elle.

- Moi !? S'étrangla-t-il.

Un silence s'installa dans le séjour. Roy semblait essayer de comprendre ce qu'il se passait dans la tête de Riza tandis que cette dernière serrait de plus en plus fort ses poings, énervée par le comportement du militaire.

- Je pensais que tu avais compris que c'était toi la fille en question au restaurant l'autre fois ! Reprit ensuite Roy en fronçant les sourcils.

- Moi !?

Ce fut au tour de Riza de s'étrangler en prononçant ce mot. Apparemment, il pensait qu'elle faisait une crise par rapport à cette histoire aux restaurants avec ses subordonnés… La prenait-il vraiment pour une imbécile !?

- Le mois dernier, je suis arrivée par surprise à une soirée carte à l'appartement ! Poursuivit-elle en essayant de garder son calme. Vous n'étiez pas là ! Jean m'a dit que vous étiez avec la fille que vous aviez rencontrée ! Si c'était moi cette fille… Alors pourquoi n'étais-je pas avec vous comme le pensait mon frère et ses collègues !?

En face d'elle, Roy fronça les sourcils, comme s'il essayait de réfléchir au jour en question. Il resta inexpressif un instant avant de blêmir, comme pris en faute. Sa réaction creva le cœur de Riza. Ainsi, c'était vrai ! Il y avait vraiment une autre femme.

- Riz… Commença-t-il avant de se faire taire.

- Stop ! Hurla-t-elle. Allez-vous-en !

Sa voix était dénuée d'expression. Elle ne regardait même pas le militaire dans les yeux. Retenant le flot de larmes qui menaçait de franchir la frontière de ses yeux, comme cette nuit où Jean avait dû dormir avec elle pour la consoler.

- Ce n'est pas ce que tu crois ! Insista Roy, sans bouger d'un pouce.

- Ce n'est pas ce que je crois ! S'emporta Riza en reprenant les mots de l'alchimiste. Vous allez voir ailleurs ! Cracha-t-elle avec hargne.

Ses yeux lui piquaient. Elle ne savait pas vraiment l'allure qu'elle devait avoir devant le militaire. Sûrement le comportement d'une fille désespérée...

- On ne sort pas ensemble ! Notifia Roy sans démentir son propos, achevant de détruire le cœur de la jeune femme.

Riza ouvrit et referma la bouche plusieurs fois. Elle ferma les yeux et poussa une grande inspiration avant de les rouvrir et de s'adresser au supérieur de son frère.

- Peut-être, mais par principe vous n'auriez pas dû aller voir ailleurs ! Finit-elle par dire.

Pour se donner de l'assurance, elle retrouva la même posture que dans le couloir. Les bras croisés devant sa poitrine. Face à elle, Roy la regardait toujours avec surprise.

- Dans ce cas-là, il fallait le stipuler dans les règles ! Pourquoi ne l'as-tu pas fait !?

Riza tressauta une nouvelle fois. Bordel, mais oui pourquoi ne l'avait-elle pas fait !? Pourquoi ?

- Peut-être parce que dans mon esprit il ne me serait jamais venu à l'idée de faire une chose pareille ! Répliqua-t-elle plus pour elle-même que pour l'alchimiste qui lui faisait face.

Elle fulminait. Elle ne comprenait même pas pourquoi elle se mettait dans cet état. Parce qu'elle pensait que le Colonel était digne de confiance !? Parce qu'elle pensait que parce qu'elle n'irait pas voire ailleurs, lui en ferait de même !? Mais pourtant, elle savait à qui elle avait à faire. Il était Roy Mustang, le coureur de ses dames !

- Ma parole, tu es jalouse !? S'exclama Roy après un temps.

- Non ! S'emporta Riza un peu trop rapidement à son goût.

- C'était un peu trop direct pour être sincère !

Oui, il avait raison. Totalement raison. Avait-elle réellement le comportement d'une femme jalouse !? Bon Dieu oui… Elle avait l'impression d'être revenue six ans en arrière quand elle avait découvert l'infidélité de John… Bon Dieu, ça faisait tout aussi mal… Mais pourquoi !? Roy n'était même pas son petit ami, alors pourquoi ressentait-elle cela ?

- Être jalouse va à l'encontre de ta règle Riza ! Ne rien espérer !

La blonde garda le silence, elle était incapable de prononcer le moindre mot de toute façon. Elle avait la gorge tellement nouée. Bordel, pourquoi avait-elle instauré cette stupide règle ? Pourquoi !? Pour justement ne pas laisser ses sentiments la submerger, parce qu'elle ne voulait plus jamais connaître la sensation que sa rupture avec John avait causée en elle. Elle s'était trahie toute seule...

- Peut-être que pour ne rien espérer, j'ai ce besoin de voir ailleurs ! Spécula Roy en poursuivit, comme s'il restait insensible au comportement de Riza face à lui.

Riza essaya de ne pas fondre en larmes. C'était dur. Elle avait envie que le militaire s'en aille. Elle ne voulait plus jamais le revoir. Ce n'était qu'une question de semaine avant qu'elle ne s'en aille. Elle en avait parlé avec son frère ce mois-ci. Elle avait largement eu le temps d'économiser pour prendre son indépendance et rendre sa liberté à son frère. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à toutes les conversations qu'elle avait eu avec l'alchimiste et qui les avait conduits à cet arrangement.

- Je pensais que vous ne vouliez pas de relation sérieuse !

Elle ne savait pas trop pourquoi elle disait cela. Ça lui était revenue… Elle avait juste besoin de dire quelque chose et c'était la seule chose qu'elle avait trouvé à dire. Elle était vraiment pitoyable...

- Ne pas avoir une relation sérieuse ne veut pas dire que je m'interdis d'avoir des relations ! Renchérit Roy comme pour lui prouver qu'effectivement elle était pitoyable.

Pourtant, elle ne comprenait toujours pas. Quand ils avaient décidé de cet arrangement, il lui avait confié qu'il n'avait pas fréquenté de femmes depuis bien trop longtemps… Était-ce simplement un subterfuge pour l'attendrir un peu plus !? Il fallait qu'elle sache ! Il fallait qu'elle sache jusqu'à quel point il s'était moqué d'elle. À quel point elle s'était fourvoyée.

- Vous disiez que vous n'en aviez pas eu depuis plus d'un an ! Vous mentiez ?

- Je n'ai pas menti ! Je vois ces femmes dans un but strictement professionnel ! Riza, je ne couche avec personne d'autre !

- Je ne vous crois pas ! Hurla-t-elle carrément.

Comment pouvait-il rester aussi calme alors qu'elle savait qu'il y avait une autre femme, qu'il n'avait même pas nié. Comment pouvait-il dire qu'il n'avait couché avec personne d'autre depuis qu'ils avaient mis en place cet arrangement ?

- D'accord, tu sais quoi !? Il me semble que je n'ai aucun compte à te rendre sur moi que ce soit professionnellement ou personnellement parlant ! Tout comme tu n'as aucun compte à me rendre ! On ne sort pas ensemble. On a mis au point cet arrangement pour soulager nos consciences quand ça devient trop épuisant ! C'est d'ailleurs pour cela que tu as voulu instaurer des règles ! Tiens, en parlant de règles. Tu voulais savoir ce que serais ma règle dans notre arrangement !? Et bien la voilà ! Avoir confiance en l'autre ! Je pensais que c'était quelque chose de tellement évident que cela allait de soi, mais apparemment, pas pour toi ! Si tu ne me crois pas quand je te dis que je n'ai pas couché avec une autre fille, alors on arrête tout !

Tout le long de la tirade de l'alchimiste, Riza retint son souffle. Elle avait l'impression d'avoir reçu un coup de couteau en plein cœur. Elle se sentait tellement stupide. Bordel, elle venait de réaliser qu'elle tenait beaucoup trop à lui. Beaucoup trop qu'elle ne pouvait se le permettre. Elle s'était promise qu'après John, elle ne tomberait plus jamais amoureuse.

Et voilà qu'elle était tombée amoureuse de lui… Pourquoi était-elle intéressée que par les garçons qui lui briserait le cœur !? Pourquoi ne pouvait-elle pas tomber amoureuse de garçons plus simple !? Comme le petit Fuery ? Un garçon timide, qui ne penserait jamais un jour la tromper avec une autre femme.

- Je m'en contre fiche de votre règle ! L'arrangement est déjà caduc ! Hoqueta-t-elle soudainement. Sortez de chez moi !

Tout à coup, elle avait besoin d'espace, mais surtout de solitude. Elle ne supportait plus la présence de l'alchimiste qui lui faisait face.

- Tu arrêtes tout ! S'exclama Roy avec incrédulité.

- Oui, je pensais que vous aviez un minimum de respect pour moi ! Je ne supporte pas l'idée que vous puissiez voir une autre femme un soir et le soir d'après venir me voir !

- Je ne suis pas John ! Clama Roy avec colère. Ce n'est pas parce que ton ex à fais le con que tous les mecs sont des connards !

Riza frémit à l'évocation de son ex. Comment Roy était-il au courant de ce que John lui avait fait !? Évidemment, Jean avait dû lui raconter toute l'histoire le même soir où il avait appris qu'elle n'avait eu aucun mec depuis six ans…

- Mais vous refusez d'avoir une relation sérieuse ! Persista-t-elle, essayant de l'induire en erreur.

- Oui, et je ne te l'ai jamais caché ! Rétorqua-t-il en croisant les bras sur son torse.

- Pourquoi !?

Riza savait qu'elle allait trop loin avec sa question, mais elle ne put s'empêcher de la poser. Ça faisait très longtemps qu'elle se demandait pourquoi un homme tel que lui refusait de se poser. Elle savait son frère volage, mais il rêvait de mariage et d'enfant. Le Colonel ne semblait pas du tout avoir ce genre de projet pour l'avenir. Pourquoi !? Y avait-il un rapport avec Maes et Gracia !? Elle n'oubliait pas les prénoms qu'il avait sorti ce jour où elle l'avait trouvé complètement saoul sur le pas de la porte de l'appartement de son frère.

- Je n'ai aucun compte à rendre à ce sujet !

- Dites plutôt que vous n'avez pas les couilles !

Roy lui lança un regard noir avant de répliquer.

- J'ai fait des choses par le passé que je ne me pardonne pas !

Riza fronça les sourcils. Quel genre de chose avait-il fait !? Elle voulait en demander plus, mais Roy la pris de court.

- Et puis d'abord, aux dernières nouvelles toi non plus tu ne voulais pas de relation sérieuse.

- Je sais, marmonna-t-elle coupable.

Elle était bien gentille de lui faire la morale quand elle n'était pas mieux… Mais bon, elle n'avait que vingt-six ans et lui trente. Elle avait encore un peu de marge pour décider à savoir ce qu'elle voulait faire de sa vie.

- Tu étais d'accord pour cet arrangement ! Tu as imposé ta règle ! Ne viens pas dire que je suis le seul fautif !

Sur ces derniers mots, Roy se retourna et s'avança vers la porte.

- Où allez-vous !? S'exclama Riza, surprise de le voir enfin en mouvement.

- Tu l'as dit toi-même, cet arrangement est caduc ! Bonne soirée Mademoiselle Hawkeye !

Et sans un mot de plus, il quitta l'appartement, laissant une Riza avec le cœur brisé s'effondrer sur le canapé de son frère pour y pleurer toutes les larmes de son corps.

To be continued...