Hello à tous ! Voici la suite, encore une fois pleine de petits rebondissements... et d'alcool xD Les personnages vivent décidément une existence très saine ...


Chapitre 5 : La ligue des relations accablantes

- Appelle le.

- Non.

Livai poussa un profond soupir consterné et vida d'une traite sa bière. Hanji semblait bouder la sienne, chose qui ne lui ressemblait absolument pas. Elle avait la tête rentrée dans ses épaules, et paraissait vouloir se faire oublier plus que tout au monde.

- Hanji, t'as fait de la merde, reprit Livai en claquant ses deux doigts devant elle pour la faire réagir. Moblit c'était le seul type bien de ta vie, alors bordel, assume tes conneries et appelle le !

- De la part du mec sexuellement incompétent qui a trompé sa copine le jour de ses fiançailles c'est moyennement menaçant, rétorqua la jeune femme en buvant finalement.

Livai pinça les lèvres et se retint de ne pas sauter sur la table du bar pour frapper son amie. Il était à bout de nerf. La journée avait été atrocement longue, et compliquée par le détail le plus insignifiant et le plus stupide de tout une vie. Comment une simple tasse pouvait elle développer le pouvoir surnaturel de détruire l'humeur d'une personne réputée intouchable ? Livai avait eu l'impression de trouver son prédateur naturel dans la simple présence de cette pièce de vaisselle. L'envie de la jeter par terre l'avait pris, mais curieusement, il n'y était pas parvenu. Il avait mis cela sur le compte d'un besoin de changer sa vieille tasse. Bien entendu, Hanji n'avait pas cru un seul de ses mots, et elle s'était moquée de lui sur tout le trajet en direction du bar. Livai avait d'ailleurs l'impression qu'il passait de plus en plus de temps en terrasse à consommer de l'alcool. Comme s'il n'avait pas déjà suffisamment de problèmes.

- Je te dis de l'appeler, finit par répéter Livai.

- J'ai une relation différente toutes les semaines, alors comment je suis sensée rappeler Moblit pour qu'il accepte ne serait ce que de prendre un café avec moi après que je lui ai collé un copieux râteau ?demanda Hanji en contemplant son verre vide avec chagrin.

Livai eut pitié d'elle et appela le serveur pour qu'il lui amène une nouvelle bière. Hanji allait finir torchée, et Livai allait devoir une fois de plus la porter jusqu'à son appartement qui s'apparentait plus à un dépotoir, mais aujourd'hui ça ne le dérangeait pas plus que ça.

- T'as flippé, ça arrive à tout le monde, soupira Livai. Tu peux pas laisser tomber ce mec. Même moi je l'aime bien.

- Mouais, marmonna Hanji.

Elle resta un instant prostrée, puis elle releva les yeux vers Livai. Ce dernier sentit une peur bleue lui écraser le coeur. Ces yeux écarquillés derrière les lunettes de son amie ne lui disaient rien qui vaille. Lorsqu'elle arborait cette expression, cela ne pouvait signifier qu'une chose. Elle allait pondre une idée digne des olympiades des plans les plus merdiques de cet univers.

- Parle à Erwin, lâcha-t-elle.

Livai se pinça l'arrête du nez, mais ne dit rien. Il savait parfaitement que ce n'était que le début d'une longue tirade.

- C'est un type super, reprit Hanji comme il l'avait prédit. Je te jure, il est sympa, il est beau, il est grand, il a un poste à responsabilité qu'il gère à merveille. Il est à l'écoute, vraiment. Tu devrais au moins accepter un verre avec lui. Petra est gentille, c'est vrai, mais …

- Je t'arrête tout de suite, la coupa soudainement Livai en levant devant Hanji un doigt menaçant. On ne va pas parler de Petra ce soir. On peut casser du sucre sur tout le monde, sauf sur elle. Parce que c'est la seule véritable victime de cette situation de merde, et que ça me donne la gerbe.

Hanji n'osa pas protester. Elle but une fois de plus l'intégralité de sa bière, et Livai l'imita. Il songea à Petra. Il avait peur de la rendre malheureuse, mais ce soir, une évidence le frappa. Il la rendrait plus malheureuse encore si elle apprenait de la bouche de quelqu'un d'autre des années après leur mariage qu'elle avait été trompée, plutôt que de sa part le plus tôt possible. Le seul ennuie était qu'il ignorait comment s'y prendre.

- T'as parlé avec Erwin ?demanda finalement Livai. Tu m'en as dit beaucoup sur lui.

- C'est classé secret défense, se défendit Hanji.

Livai la fusilla du regard.

- Quoi, tu lui as filé mes mensurations en plus du numéro de ma carte bancaire ?grogna-t-il en tapotant la table de ses doigts.

- Tu m'as jamais donné ton numéro de carte, fit remarquer Hanji.

Livai ricana.

- Pour que tu te payes quinze escorts en une soirée histoire de me ruiner de la manière la plus humiliante possible ?rétorqua-t-il. Non merci.

Ils se turent un instant. Hanji jouait avec son verre, et Livai n'osait plus la regarder en face. Il réalisa qu'ils n'étaient pas amis pour rien. Ils avaient tous les deux un besoin maladif de reconnaissance doublé d'un handicap sentimental de la taille d'un trente cinq tonnes remplis de poissons surgelés.

- Appelle Moblit, craqua Livai.

- Parle à Erwin, répliqua Hanji.

Ils se regardèrent plusieurs minutes dans le blanc des yeux sans rien ajouter de plus. Aucun d'eux ne bougea. Puis Hanji leva violemment la main pour appeler le serveur, ce qui manqua de faire sursauter Livai.

- Je te propose qu'on boive plus que de raison histoire d'oublier ensemble nos situations de merde, dit la jeune femme.

- Ça me va, marmonna Livai d'un air las.

Cette fois ci, peu importait à Livai de finir ivre mort. Il en avait même étrangement besoin. Le visage d'Erwin ne cessait d'apparaître dans chaque coin de son crâne. Il devait oublier. Il avait besoin de ne plus se sentir comme le sale connard adultère qu'il était entrain de devenir ne serait ce que pour une soirée, aussi il commanda l'alcool le plus fort disponible sur la carte, et avala son verre d'une traite lorsqu'il fut sous ses yeux. Hanji éclata de rire, et Livai en commanda un second.

ooo

Livai peina à insérer sa clé dans la serrure de sa porte. Il avait tellement bu qu'il voyait double, aussi rentrer dans son appartement fut une épreuve des plus éprouvantes. Il enleva ses chaussures avec difficulté, et les lança rapidement près du mur. Il releva les yeux, et tomba nez à nez avec Petra, assise sur le lit. Il était pourtant tard, mais la seule pensée de Livai à cet instant fut qu'il sentait l'alcool à plein nez et que ça n'allait pas plaire à sa gentille fiancée. Ce sentiment passa en revanche bien vite lorsqu'il croisa son regard. En effet, Petra pleurait. Des larmes ruisselaient sur son visage, creusant de lourds sillons dans sa couche de fond de teint. Livai fronça les sourcils et marcha jusqu'à elle. Elle avait quelque chose entre les doigts. Elle regarda Livai, et ce dernier se concentra sur ses mains. Le sang de Livai se glaça dans l'intégralité de son corps. Petra tenait un emballage de préservatif.

- Qui, souffla la jeune femme.

Elle n'avait plus la moindre émotion sur le visage. Seuls ses larmes trahissaient sa profonde tristesse. Livai sentit sa gorge se nouer, et il se crut sur le point de vomir.

- Nous n'en utilisons plus, reprit Petra d'une voix tremblante. Alors qui ? Avec qui as tu fait ça ?

- Je …

Petra se leva brutalement. Elle s'approcha de Livai. Ce dernier s'attendit à tout. Une gifle, un hurlement, une crise d'angoisse, des pleurs plus déchirants encore. Mais au lieu de ça, elle se contenta d'un seul geste. Elle porta une main à son annulaire gauche, et tira lentement sur sa bague de fiançailles. Livai se sentit pâlir. Doucement, Petra saisit sa main. Elle lui remit alors la bague ainsi que l'emballage du préservatif.

- Je suis désolée, murmura-t-elle avec chagrin. Je pourrais te gifler, te crier dessus, mais je n'y arrive même pas. Je ne peux pas le faire. Et je ne peux pas te pardonner non plus.

- Petra, tenta Livai, pris au dépourvu. On peut y arriver. On peut faire quelque chose tous les deux.

Petra hocha négativement la tête, et plus de larmes encore coulèrent le long de son visage ravagé par la trahison qu'elle venait de subir.

- Je ne peux pas, répondit-elle entre deux sanglots. Je pourrais te dire que je reste avec toi malgré ça, mais ça ne marcherait pas, pour la simple et bonne raison que je ne pourrais ni oublier ni pardonner. Je ne peux pas faire ça, Livai. Je ne peux pas supporter l'idée qu'il y ait eu une autre femme alors que tu me jurais que j'étais celle qu'il te fallait. Je ne peux pas rester avec quelqu'un comme toi. Finalement, tu es bel et bien une mauvaise personne.

Livai se sentit touché en plein coeur, et c'était une chose presque impossible à accomplir. Il baissa lentement les yeux. Il avait dans les mains l'emballage du préservatif qu'il avait utilisé avec Erwin, et délicatement posée dessus la bague qu'il avait offerte à Petra. Il se souvint de la bijouterie dans laquelle il avait traîné Hanji pour la trouver. Le choix avait été extrêmement difficile, mais il était finalement parvenu à choisir un modèle des plus épurés mais incroyablement fin. Et la bague était à présent là, entre ses mains. Elle n'avait même pas été portée une semaine. Et la seule pensée rationnelle de Livai à cet instant fut qu'il aurait dû garder le tiqué de caisse. Intérieurement, il se traita mille fois d'enfoiré.

- Je veux juste savoir qui était cette femme, dit Petra, sortant Livai de ses pensées.

- Ce n'était pas une femme, avoua Livai avec difficulté.

Le teint de Petra vira au blanc. Elle tourna les talons, et saisit une valise que Livai n'avait jusque là pas remarquée. Elle la tira derrière elle, et s'approcha de la porte. Livai ne chercha même pas à la retenir. Petra inspira profondément avant d'ouvrir la porte. Puis elle abaissa la poignet, et quitta l'appartement pour s'avancer dans le couloir. Livai la regarda longuement. Petra partait. Il était ivre, il avait dans les mains sa trahison entière, et pire encore, il se sentit plus seul que jamais en voyant la jeune femme appeler l'ascenseur. Elle n'allait pas revenir, Livai le savait parfaitement.

Un maux d'estomac le prit violemment. Livai se jeta dans la salle de bain et vomit l'intégralité de l'alcool qu'il avait ingurgité ce soir. Il passa une main dans ses cheveux en sueur, et se laissa tomber sur le tapis des toilettes après avoir tiré la chasse. Il tremblait de toute part. Il avait froid, et pourtant, son appartement était très bien isolé. Lentement, il fouilla dans sa poche, et en tira son téléphone. Il allait composer un numéro, mais il dut s'arrêter pour vomir à nouveau. Lorsqu'il parvint à se relever, il ouvrit le robinet pour se rincer la bouche. Puis il prit le téléphone et appela la seule personne capable de l'aider dans une telle situation.

« Allo ?répondit la voix pâteuse d'Hanji. »

- T'es pas morte ?demanda Livai fébrilement.

« Pas encore, marmonna la jeune femme. Pourquoi ? »

Livai se passa de l'eau froide sur le visage. Il s'enroula dans une couverture.

« T'arrête pas de gerber ?tenta Hanji devant le silence de son ami. Je dois venir te tenir les cheveux ? »

- Petra a trouvé l'emballage de la capote, lâcha Livai sans la moindre délicatesse.

Il entendit Hanji manquer de s'étrangler. Il la devina entrain de vider une bouteille d'eau afin de ne pas assister à l'enterrement de son foie.

- J'ai besoin que tu viennes, soupira Livai.

« Quoi, maintenant ?s'exclama Hanji. »

- Y'a encore des métros, alors ramène toi, je t'en supplie, répondit Livai.

Il entendit Hanji se lever et remuer des choses dans son bordel.

« Si tu me supplies c'est que t'es au bord de la mort, dit-elle. J'ai un mal de crâne pas possible, je vomis mes tripes depuis tout à l'heure, mais j'arrive. On partagera les toilettes en échangeant sur la décadence croissante de nos existences. »

Livai raccrocha le téléphone sans même remercier Hanji. Il releva les yeux du lavabo. Il avait un teint de cadavre. Il n'avait toujours pas lâché l'emballage et la bague. Ce fut étonnamment difficile pour lui de les poser sur le rebord du lavabo pour libérer ses mains et se brosser les dents. C'est avec sa brosse à dent en bouche et la moitié de son dentifrice étalé sur ses joues à cause de sa vision dégradée qu'il réalisa quelque chose qui lui apparut comme très risqué. Il devait se retrouver, comprendre ce qu'il avait fait. Et cela signifiait malheureusement abdiquer et parler à Erwin Smith.