Bonjour à toutes et tous !

Je suis sincèrement navrée pour cette attente mais je me suis retrouvée à cours de temps ces dernières semaines, sans oublier le syndrome de la page blanche et de la crainte qui me prend à chaque fois que je veux écrire de ne pas réussir à faire quelque chose d'aussi bien que je le voudrais. Mais j'ai terminé ce chapitre il y a quelques jours maintenant et j'ai bien entamé le suivant ; pour autant, je pense réduire la cadence car s'imposer un délai trop court n'est pas franchement pour moi, ça a plutôt tendance à m'effrayer et ça m'empêche d'écrire parce que je me mets la pression. Rude.
Ajoutez à cela les nombreux projets dans lesquels je suis et vous comprendrez pourquoi je me répands littéralement en excuse ici hahaha !

Enfin, bref. Je vais juste essayer de faire mon maximum pour vous livrer une histoire qui me tient à cœur et que je veux réellement réussir, quand bien même elle reste somme toute basique ; elle me procure beaucoup de joie lorsque je l'écris.

Comme toujours, je m'excuse aussi pour les possibles fautes, répétitions etc ; je suis seule relectrice et je ne vois malheureusement pas tout. Je vous souhaite une bonne lecture !


Les mains posées sur la rambarde du balcon qui offrait une vue sublime sur les jardins de Fondcombe, Elrond l'attendait. Ses yeux d'acier semblaient fixer un point précis et ses traits étaient détendus. Une sorte d'aura vénérable se dégageait de lui et Elendë cessa presque de respirer lorsqu'il se tourna légèrement vers elle, un sourire déformant le coin de ses lèvres.

- « Enfin nous nous rencontrons, Luminlad » salua Elrond en posant une main sur son cœur en signe de respect.

- « Seigneur Elrond, c'est un honneur » répondit-elle en l'imitant.

- « Tout l'honneur est pour moi. Je peux enfin mettre un visage ainsi qu'un nom sur cette Ombre… Et je dois avouer que la surprise est de taille. »

Les mots d'Elrond la flattèrent grandement et elle sentit son visage rosir sous le coup de l'émotion. Quand bien même Glorfindel lui avait fait part de son étonnement face à elle, les entendre de la part du seigneur elfe leur faisait prendre une toute autre dimension.

- « Mais je dois avouer que je m'attendais à vous voir arriver d'une façon plus singulière. »

- « Je voulais vous montrer que je n'étais pas une menace. Que vous pouviez avoir confiance en moi. »

- « Si je n'avais pas déjà confiance en vous, je ne vous aurais pas invité à me rejoindre ici » lui confia-t-il. « Cela étant, j'apprécie votre prévoyance. Cela rassurera grandement mon peuple, j'en suis convaincu. Le fait de vous avoir vu en compagnie de Glorfindel va également aider à ce que vous ne soyez plus vu comme un potentiel danger. »

La jeune femme baissa les yeux, honteuse.

- « Veuillez m'excuser pour les troubles dont je suis la cause. Je ne pensais pas à mal. »

- « Nul besoin de me présenter des excuses. Mais, à l'avenir, évitez de voler les biens des habitants de Fondcombe, voulez-vous ? »

- « Bien sûr » murmura-t-elle, désormais rouge comme une pivoine. « Enfin… Je ne volais pas, j'empruntais » rectifia-t-elle tout de même.

Derrière elle, Glorfindel retint un petit rire et Elrond semblait tout aussi amusé par sa réaction, ce qui accentua son sentiment de gêne.

- « Cela reste un acte que j'aimerais que vous ne fassiez plus. Cela concerne également les cuisines » ajouta-t-il en haussant un sourcil.

- « Évidemment » répondit Elendë, le visage des deux hobbits qu'elle avait aiguillé en direction de ces dernières dans son esprit.

- « Bien. »

Il n'avait cessé de l'observer, ne la quittant pas du regard un seul instant et lui donnant la sensation d'être sondée.

- « Allons marcher, voulez-vous ? »

- « Vous ne me posez pas de questions ? » demanda Elendë, surprise.

- « Avez-vous les réponses ? » rétorqua Elrond.

Elle ouvrit la bouche avant de la refermer aussitôt, ne sachant quoi répondre. Face à son silence, Elrond sourit et s'avança jusque la porte en l'invitant d'un signe de tête à le suivre. Du coin de l'œil, elle vit Glorfindel lui adresser un petit sourire et finit par rejoindre le seigneur elfique qui l'attendait dans le couloir où elle avait croisé les deux hobbits affamés quelques instants auparavant.

- « Je ne comprends pas » avoua-t-elle.

- « Pour être sincère avec vous, Luminlad, moi non plus » lui confia l'elfe. « La raison de votre présence dans ma vallée est un mystère et j'espérais que vous m'apportiez les éléments nécessaires pour le résoudre, mais ce n'est pas le cas. »

- « Mes pas m'ont simplement mené ici. »

- « Ce n'est pas un hasard si votre instinct vous a guidé jusqu'à Fondcombe. Il est impossible de trouver cette cité sans en connaître le chemin. »

- « Que voulez-vous dire par là ? Insinuez-vous qu'on m'a envoyé ? » l'interrogea Elendë.

- « Je n'en suis pas sûr, mais c'est une hypothèse » déclara-t-il.

À cette parole, Elendë fronça les sourcils.

- « Je suis venue de mon propre chef » affirma-t-elle. « Personne ne m'a dicté quelle conduite je devais adopter ni même où aller. »

- « En êtes-vous sûre ? »

- « Je… Oui ! »

Sa voix avait trembloté alors qu'elle hésitait, perplexe. En l'entendant, Elrond tourna légèrement la tête vers elle en lui adressant un regard curieux. Aussitôt, elle porta son attention ailleurs et se mit à observer les couloirs qu'ils traversaient en essayant d'afficher un air aussi détendu que possible. Mais il était difficile de mentir aux elfes et encore plus face au seigneur d'Imladris.

- « Ce n'est qu'une possibilité, évidemment » poursuivit ce dernier. « Quand bien même, cela me serait parfaitement inutile d'essayer de tirer les choses au clair, car je n'ai pas ces capacités. Mais vous le sentez, n'est-ce pas ? »

Elle se perdit un court instant dans ses pensées en songeant à la manière dont elle était arrivée jusqu'ici, plusieurs semaines auparavant. Lorsque Fondcombe s'était dessinée sous ses yeux, Elendë avait attendu quelques jours avant de se faufiler pour la première fois dans les galeries de la ville elfique, poussée par sa curiosité quant à ce monde qui lui était si inconnu. Fondcombe était pratiquement tout ce qu'elle connaissait et elle était restée, tel un oiseau qui construit son nid près d'un lieu sûr.

- « Tout ce que je sais, c'est que je me suis réveillée il y a de cela des lunes » finit-elle par répondre. « Pourquoi et comment suis-je arrivée jusqu'ici sont des questions auxquelles je ne peux donner suite, car je n'ai fait qu'avancer dans l'espoir de trouver une terre sûre où je puisse m'établir. Ici… J'y ai vu l'opportunité d'en apprendre plus. Je ne peux vous aider davantage, seigneur Elrond et vous m'en voyez désolée. »

- « Ne le soyez pas. Nous trouverons les réponses, j'en suis convaincu. »

À l'instar de Glorfindel, il découlait de sa voix une douceur qui sonnait telle une mélodie à ses oreilles et Elendë acquiesça, sentant la boule dans son estomac disparaître alors qu'ils continuaient d'avancer côte à côte. La sensation d'évoluer en plein jour à travers ces dédales qu'elle avait de nombreuses fois parcouru à la hâte dès la nuit tombée était quelque chose d'aussi étrange qu'agréable.

- « Puis-je vous demander quelque chose ? » s'enquit-elle.

- « Naturellement. »

- « Que signifie ''Luminlad'' ? »

Au fond, elle espérait qu'Elrond lui réponde, contrairement à Glorfindel qui avait gardé le secret pour lui. Du coin de l'oeil, elle le vit sourire.

- « Il vous définit » répondit-il simplement.

- « Cela ne répond pas vraiment à ma question » se renfrogna la jeune femme.

- « Votre curiosité vous apportera la lumière sur votre questionnement » lui confia Elrond. « Vous qui semblez déjà bien connaître la bibliothèque, je n'ai aucun doute sur votre capacité à trouver son sens. »

Elendë ne répondit pas de suite, partagée entre l'agacement et la surprise.

- « Voulez-vous dire que vous m'autorisez à venir à nouveau ? »

- « Pas exactement. Pour être sincère, j'aimerais que vous restiez ici, à Fondcombe. »

Elle se stoppa, prise de court par sa réponse. Voilà quelque chose qu'elle n'avait pas vu venir elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre lorsqu'elle s'était décidée à accepter la requête du seigneur elfique, mais la direction que prenait cette rencontre lui était des plus étonnantes. Pour autant, elle se sentait tiraillée. La demande était attrayante, certes. Seulement, quel en était le but ? Son désir de la voir s'établir dans sa cité n'était pas innocent et encore moins sans arrière-pensée.

- « Vous vous questionnez sur votre passée, sur la raison de votre présence en ces terres » continua Elrond en la fixant de ses yeux gris. « Je n'ai peut-être pas les réponses, mais je connais quelqu'un qui pourrait vous aider, en Lórien. »

- « Puis-je y réfléchir ? »

- « Bien sûr. La décision vous revient. »

Il lui était étrange de se dire qu'elle venait d'être invitée à rester dans cette cité qui la fascinait tant depuis son arrivée dans la vallée. De nombreuses fois, Elendë s'était surprise à imaginer ce que pourrait être sa vie si elle avait la chance de pouvoir y vivre, ne serait-ce qu'un instant. Et voilà qu'aujourd'hui, l'opportunité se présentait à elle d'une bien étrange façon. À nouveau, elle s'égara dans sa contemplation des jardins dans lesquels ils venaient tout juste d'entrer, fascinée par la lumière qui s'y déversait.

- « Hîr nîn ! Nous avons un problème ! » (*mon seigneur)

La voix lui semblait étrangement familière et lorsqu'elle tourna la tête vers son origine, elle reconnut l'un des deux elfes qui gardaient les portes à son arrivée. Ses traits durs étaient figés en une expression de colère et il n'eut pas l'air de la remarquer, à son plus grand plaisir. Elrond haussa un sourcil en le voyant arriver, visiblement étonné de sa venue.

- « Que se passe-t-il, Pelendul ? »

- « Deux Hobbits se sont introduits dans les cuisines, hîr nîn » lui annonça le garde. « Ils étaient en train de dévaliser nos réserves lorsque j'ai été alerté par le bruit. »

À l'entente de ces mots, Elendë sentit ses lèvres s'étirer en un sourire et dût se retenir de toutes ses forces pour ne pas exploser devant les deux elfes. Ainsi donc, Merry et Pippin étaient arrivés à destination… Elrond soupira tandis que la jeune femme se mordait l'intérieur de la joue, l'image des deux semis-hommes mettant les cuisines sans dessus-dessous en tête.

- « Pourquoi ai-je l'impression que vous êtes mêlée à cette histoire… » murmura-t-il à son intention.

- « Mes excuses, seigneur Elrond. Mais sachez que je leur ai indiqué la direction avant de vous rencontrer » précisa-t-elle.

Il leva les yeux au ciel mais n'ajouta rien de plus et, ne pouvant plus tenir, elle finit par laisser son amusement déformer les coins de sa bouche. Au loin, le chant d'un oiseau se fit entendre et elle aurait pu jurer qu'il riait lui aussi.

oOoOoOo

Lorsque les Hobbits virent le seigneur elfique arriver accompagné de la jeune femme, ils se lancèrent un regard en coin surpris avant de reporter leur attention sur cette dernière qui n'avait pas réussit à se défaire de son sourire. Elrond, lui, semblait impassible.

- « Avez-vous la moindre idée de ce que signifient les mots ''il vous est interdit de pénétrer les cuisines'', jeunes hobbits ? » demanda Elrond en haussant un sourcil.

Le plus petit, Pippin, fût le premier à ne plus fixer Elendë. En entendant l'elfe, il tourna la tête vers lui et prit un air suffisant.

- « Vous avez mentionné les cuisines certes, mais pas les réserves » précisa-t-il en croisant les bras sur son torse.

- « Tais-toi, Pip' » marmonna l'autre en lui enfonçant son coude dans les côtes. « Tu ne fais qu'empirer notre cas ! »

- « Je pensais pourtant avoir été clair » continua Elrond. « Mais j'ai comme l'impression que nous ne nous sommes pas compris. »

Merry n'avait pas détourné son attention d'elle et elle put voir dans ses yeux bleus briller une flamme de curiosité.

- « Cette fois-ci passe, mais soyez assuré que la prochaine sera passible d'une sanction » les avertit le seigneur elfique, un sourcil en l'air.

- « Merci, Seigneur Elrond » répondit Merry en se penchant en avant en signe de respect. « Votre bonté est sans égale, nous saurons l'apprécier et nous vous promettons de ne pas recommencer. »

- « Votre pardon nous est précieux » renchérit l'autre. « Nous étions simplement à la recherche de mets pour Frodon. »

L'évocation du semi-homme qu'elle avait vu aux portes de la mort quelques jours auparavant lui rappela son regard fantomatique et son teint blafard. Un frisson lui parcourut l'échine tandis qu'elle essayait de se défaire de cette vision effrayante.

- « De la viande, plus précisément » ajouta-t-il. « Le pauvre a bien besoin de ça pour se remettre de sa blessure. »

- « Pour la énième fois, vous ne trouverez aucune viande ici jeunes hobbits » soupira Elrond d'un air las. « Et cela n'excuse pas votre action. Pour ce qui est de Frodon, je vais envoyer quelqu'un s'occuper de lui. En ce qui vous concerne, tâchez de ne pas commettre d'autres… Délits. »

- « Bien sûr, seigneur Elrond » acquiesça Merry en hochant vigoureusement la tête. « Nous ne voulions pas vous offenser. »

- « Quant à vous » enchaîna l'elfe en se tournant vers la jeune femme qui n'avait pas parlé, « le temps est votre, mais il est limité. Ne tardez pas trop à me donner votre réponse. »

Elle acquiesça simplement en réponse. Sans ajouter le moindre mot de plus, il tourna les talons et disparut, la laissant seule en compagnie des deux hobbits qui semblaient tout aussi dépourvus qu'elle. Elendë inspira profondément en observant tout autour d'elle avant de jeter un coup d'œil vers les semis-hommes, un rictus au coin des lèvres.

- « Je vous avais prévenu » leur dit-elle simplement.

- « Vous auriez pu mentir » répliqua Merry en plissant les paupières.

- « Mais je ne l'ai pas fait. »

- « Nous devions nous en assurer tout de même ! »

- « Et vous vous êtes fait avoir, comme je vous l'avais dit. »

Merry ouvrit la bouche et la referma aussitôt, comme s'il s'apprêtait à la contredire. Il semblait vexé par ses propos tandis que son ami, lui, l'observait toujours d'un air curieux. Ce dernier finit par avancer d'un pas vers elle et tendit la main devant lui en lui adressant un large sourire.

- « Je m'appelle Pippin ! Et vous ? »

- « Pippin ! » siffla l'autre hobbit, les yeux écarquillés.

Elendë ne réagit pas immédiatement, prise de court par l'action du semi-homme. Elle n'avait encore jamais vu cela se faire en Fondcombe, seul endroit qu'elle avait toujours connu et se demanda un instant ce que cela pouvait bien signifier. Peut-être était-ce là un signe de salut ? Sans vraiment avoir de réponse, elle se contenta de poser sa main sur son cœur et se pencha en avant.

- « Enchanté, Pippin. Je suis Elendë » se présenta-t-elle.

Le principal intéressé haussa un sourcil en la voyant faire avant de ranger sa main. Elle en déduit aussitôt que son interrogation n'était plus et qu'elle avait vu juste.

- « Quelle est la raison de votre présence ici, dame Elendë ? » questionna le hobbit sans accorder d'importance à son homologue qui n'avait pas l'air ravi de le voir sympathiser avec elle.

- « Le seigneur Elrond m'a convié » répondit-elle simplement. « Et vous ? »

- « Ne lui réponds pas, Pip' » intervint Merry en se rapprochant, l'air suspicieux.

- « Allons, Merry, si le seigneur Elrond l'a invité, c'est que nous pouvons lui faire confiance » rétorqua-t-il sans se laisser impressionner.

Ce duo l'intriguait autant qu'il l'amusait. Il émanait des deux hobbits une joie qu'elle n'avait encore jamais vu ailleurs. Là où Merry avait l'air d'être une force tranquille, plus terre-à-terre, Pippin était un être candide et avenant, quelque chose qu'elle apprécia compte tenu de sa situation.

- « Nous accompagnons deux amis pour une mission… Mais je ne peux pas vous en dire plus » lui dit ce dernier d'une manière très solennelle. « Nous allions les rejoindre, voulez-vous nous accompagner ? »

Elle réfléchit un court instant. Avait-elle le droit ? Après tout, le seigneur d'Imladris ne lui avait rien interdit, à l'exception de voler quoi que ce soit. De plus, son désir était visiblement de la voir rester en Fondcombe. Mais désirait-elle rencontrer Frodon ? Quand bien même la jeune femme l'avait déjà vu, elle se demandait quelle vision il avait encore d'elle, perchée en haut de sa branche et son état altérant sans aucun doute sa perception des choses.

- « Si l'un de vos amis est souffrant, je ne suis pas sûre que ma présence soit une bonne chose » finit-elle par répondre.

- « Allons ! Nous autres, hobbits, nous adorons la compagnie ! Venez, je suis sûr que cela lui fera du bien de rencontrer d'autres personnes » insista Pippin.

- « Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne... »

Mais il n'attendit pas la fin de sa phrase et attrapa l'une de ses mains de la sienne, plus petite et chaude. Sous la surprise, Elendë ne sut comment réagir à l'exception de l'orc qui lui avait presque agrippé la jambe et des deux elfes qui l'avaient emmenés jusqu'aux sous-sols, elle n'avait jamais eu le moindre contact avec qui que ce soit. Le geste était doux et elle ne ressentit aucune gêne en le sentant l'agripper ainsi.

- « Suivez-nous ! »

Il la tira un peu vers lui et elle se laissa emporter sans vraiment savoir quoi faire, l'esprit embrouillé. Derrière elle, Merry se mit à les suivre, visiblement un peu plus en retrait, mais sans pour autant tenter de retenir son ami qui avait l'air fou de joie à l'idée de lui présenter Frodon. L'excitation du semi-homme était contagieuse et elle oublia un instant tout ce qui l'entourait. Pour autant, elle ressentait toujours une pointe d'anxiété à l'idée de voir celui qui l'avait poussé à se dévoiler un court instant, suffisamment pour être vu par le rôdeur nommé Aragorn.

- « Doucement » l'intima-t-elle alors qu'elle s'était presque mise à courir pour suivre la cadence de Pippin.

- « Nous ne sommes pas loin, dame Elendë ! »

Rien ne semblait capable d'entamer sa bonne humeur et elle réprima ses craintes alors qu'une porte se dessinait devant eux et que le hobbit s'était mit à marcher plus lentement, l'air ravi. Il toqua trois fois à la porte avant de l'entrouvrir et d'y passer sa petite tête, tenant toujours la main de la jeune femme fermement dans la sienne.

- « Frodon, tu as bonne mine ! »

- « Pippin, ne parle pas si fort » répondit une voix de l'autre côté du battant en bois. « Je suis sûr qu'on peut t'entendre jusqu'à l'autre bout de la vallée, à hurler ainsi. »

- « Ne sois pas si rabat-joie ! Nous n'avons pas trouvé de viande, mais nous avons rencontré quelqu'un Frodon, je te présente Elendë ! »

Tout en parlant, il écarta la porte et l'attira en avant, la forçant à faire un pas pour se rapprocher. Lorsque son regard croisa celui de Frodon, elle se figea. Durant quelques secondes, ils se jaugèrent silencieusement, chacun étant en pleine réflexion quant à la façon d'agir face à l'autre.

- « Vous » murmura le semi-homme qui lui faisait face.

- « Moi » dit-elle en réponse, l'anxiété formant une boule dans sa gorge.

Frodon serra un peu plus le livre qu'il tenait entre ses mains, un air étrange peint sur ses traits.

- « Vous vous connaissez ? » pépia Pippin, surpris.

Elle voulut répondre, mais il lui coupa l'herbe sous le pied.

- « C'est l'Ombre dont Gandalf m'a parlé » lui révéla-t-il. « Je ne pensais pas… Qu'elle serait humaine. »

- « Tu vois, je t'avais prévenu, il ne faut pas lui faire confiance » marmonna Merry en se rapprochant, les sourcils froncés. « Une personne qui rôde et qui vole ! Ah ! »

- « Allons, maître hobbit » soupira Elendë, légèrement agacée par les insinuations de Merry. « Pensez-vous réellement que si mes intentions étaient mauvaises, je vous aurais indiqué le chemin des cuisines ? »

Il bomba son torse en lui adressant un regard noir qui ne lui fit aucun effet. Elle avait beau ne pas être très grande, le hobbit ne lui arrivait pas plus haut que la poitrine et sa tentative d'intimidation échoua de ce fait.

- « Peut-être vouliez-vous qu'on se fasse attraper ! »

- « Arrête ça, Merry » rétorqua Frodon. « Elle ne nous veut aucun mal. »

Du coin de l'œil, elle le vit ranger précipitamment son ouvrage sous son oreiller avant de se tourner complètement vers le trio qui se tenait encore près de la porte. Les paroles de Frodon semblèrent fonctionner sur lui car il se détendit un peu à leur entente.

- « On est jamais trop prudent » grommela tout de même le hobbit en croisant les bras sur son torse.

- « Et vous n'avez pas tort » répondit-elle en lui adressant un regard. « Encore plus en ces temps troublés, mais je puis vous assurer que je ne suis pas là pour vous causer des ennuis. Je vous avais dit que ce n'était pas une très bonne idée » ajouta Elendë à l'intention de Pippin. « Excusez-moi du dérangement, jeune Frodon. Je vais partir. Reposez-vous bien. »

En parlant, elle fit un pas en arrière et posa une main sur son cœur tout en se penchant en signe de respect, mais elle s'immobilisa lorsqu'elle réalisa que Frodon s'était avancé et lui tendait une main avenante, ses prunelles d'un bleu pur rivées dans les siennes. La même attraction qu'elle avait ressentit cette nuit-là s'exerça et elle constata avec joie que la mort n'habitait plus ses yeux.

- « Restez, je vous prie » insista le semi-homme. « Vous ne me dérangez pas et j'adorerais faire votre connaissance, Luminlad. »

Ainsi donc, il connaissait son sobriquet. Elle sentit un petit sourire se nicher au coin de ses lèvres et ne put s'empêcher de s'avancer vers lui avant d'attraper cette main et la serrer doucement.

- « Enchanté de vous rencontrer en de bonnes conditions Frodon, je suis Elendë. »


J'espère que ce chapitre (qui aura été long à venir, j'en suis encore désolée) plus riche en dialogue vous aura plu. Comme toujours, n'hésitez pas à me faire des retours, positifs comme négatifs tant qu'ils sont constructifs, c'est toujours la bienvenue !

Je vous souhaite un bon week-end et vous donne rendez-vous d'ici deux semaine environ, portez-vous bien, faites attention à vous et à très vite !