Merci à Gibbs020313 pour sa review.
Je reviens après une longue absence. Cette fic ne sera pas longue, j'espère la finir rapidement mais j'en ai d'autres en cours donc patience.
LA PROMESSE
KATNISS
Tout était rentré dans l'ordre, Peeta m'avait emmenée à l'hôpital et j'avais reçu les soins nécessaires. Mon épaule gauche avait été remise en place et mise en écharpe. Ma cheville était bandée, je devais éviter de marcher quelques jours. Quel enfer !
Mme Foreman était arrivée, nullement inquiète. Elle me toisa de la pire manière et m'ordonna de la suivre. Nous avions déjà perdu assez de temps comme ça, selon elle. Peeta attendait dans le couloir. Il fut soulagé de me voir en meilleure forme et moins paralysée par la peur d'être dans un milieu hospitalier. Il proposa de m'aider à marcher jusqu'à la voiture.
-Elle va se débrouiller seule, décréta l'autre vieille harpie.
Il posa sur moi des yeux contrits et avança plus rapidement pour nous ouvrir les portes nécessaires. Il m'aida tout de même à m'installer dans la voiture, prolongea un instant de trop sa main dans la mienne. Je fis un effort surhumain pour ne pas regarder dans sa direction pendant qu'il conduisait. Je sentais son attention sur moi à travers le rétro. Il régnait un silence de mort jusqu'à ce que Mme Foreman ne me pose la question :
-Que s'est-il passé ? Comment avez-vous fait pour tomber ?
-J'ai trébuché, répondis-je du tac au tac, ignorant Peeta. J'étais ailleurs, je n'ai pas vu la marche.
-Vraiment ? Rétorqua-t-elle suspicieuse.
-Je n'ai pas une très bonne vue, mentis-je pour conforter ce que je venais d'affirmer.
-Je n'ai pas été mise au courant, se contraria-t-elle. C'est fâcheux.
Nous n'avions pas le droit aux lunettes. Si notre vue était vraiment très mauvaise, une chirurgie au laser s'imposait.
-Quand je suis fatiguée c'est plus flagrant mais sinon ça va, la rassurai-je faussement.
-Vous êtes fatiguée ? Seriez-vous enceinte ?
Cette idée ne lui plaisait guère. C'était étrange.
-Je ne sais pas.
-Nous vérifierons en rentrant.
Comment ? Eus-je envie de la questionner mais je pris sur moi de ne rien demander.
Claire nous accueillit avec un sourire minimaliste et me jeta un œil réprobateur. Elle devait estimer que j'avais de la chance, que j'allais me reposer et rien glander alors qu'elle trimait 7 jours sur 7.
Quelle idée débile ! Je lui aurais volontiers donné ma place même si cela voulait dire devenir une boniche temporairement. Peeta m'aida à ôter ma cape et mes ailes qu'il accrocha à la patère dédiée à la servante.
-Accompagnez-la jusqu'à sa chambre, Peeta, ordonna l'épouse, je vous rejoins dans quelques minutes deglenn.
Mon cœur battit plus vite sans en comprendre la raison. Je boitillai à ses côtés, je n'avais pas droit à une béquille. Trop dangereux. Je pris appui sur la rampe et grimpai les marches une à une soutenue par le chauffeur. Sa carrure était athlétique, je percevais sa force de manière subtile ; il fixait le sol, visiblement troublé. Il devrait être plus vigilant, mieux cacher ses émotions. Son bras autour de ma taille c'était rassurant, un contact ferme et doux. Un contraste étonnant. Mon épaule me lancinait, je ralentis la cadence, je le vis jeter un coup d'œil en arrière puis il me souleva dans ses bras et grimpa les dernières marches. Je contemplai son visage anguleux, sa mâchoire contractée, son profil tellement doux. Il ne correspondait pas à mon type d'homme. Il était de taille moyenne, blond, imberbe sans oublier cette gentillesse dérangeante. Je les aimais grand, brun, élancé, pas rasé de près et ténébreux.
Il me posa sur le lit avec délicatesse, comme si je ne pesais rien alors que j'étais bien en chaire. Du moins j'avais cette sensation. Je l'observai sans détour, sans crainte d'être dénoncée. Il dégageait quelque chose qui me faisait relâcher ma garde. Il me sourit, ce sourire qui semblait lui faciliter les choses avec tout le monde. Un sourire qui exprimait la pureté de son âme. Je clignai des yeux, déstabilisée par mes réflexions qui prenait un chemin dangereux et surprenant.
Pureté ?
Un homme pouvait-il être pur ?
-Tu es bien installée ?
J'étais allongée, j'étais moins douloureuse mais j'avais mal cependant. Je lui fis un signe de tête positif.
-Tu as besoin de quelque chose ?
Je fis non de la tête. Il allait s'en aller quand je l'interpellai :
-Comment es-tu devenu chauffeur ?
Il n'exprima aucune surprise et revint vers moi pour me répondre.
-J'étais un Ange à la base.
-Un Ange ?
-Un soldat de Gilead.
Je me rembrunis illico.
-J'ai été enrôlé de force, précisa-t-il rapidement. Je faisais partie de l'élite sportive de notre université, j'étais un des meilleurs et cela nous a porté préjudice. Ils ont menacé de tuer ma famille alors j'y suis allé.
Merde. Je commençais à avoir de la compassion pour lui.
-Ça n'explique pas comment tu es devenu chauffeur pour un des plus prestigieux commandants de Gilead.
Il souleva légèrement son pantalon. Mes yeux devinrent gros comme des soucoupes. Il avait une prothèse à sa jambe gauche.
-Une blessure de guerre en tentant de porter secours à mes camarades qui pour la plupart, comme moi, n'avait pas choisi ce destin.
Il guetta ma réaction, anxieux. Je ne savais qu'en penser.
-J'ai été doté d'une prothèse en titane vraiment intuitive et confortable. En récompense peut-être, je ne sais pas. Et depuis, je bosse ici, ça va faire un an et demi. Mais je ne suis pas diminué, je peux tout faire même s'ils pensaient que non d'où mon affectation ici.
Je le détaillais avec minutie, il m'avait porté sans ciller, je n'avais effectivement rien remarqué. Et cela m'était égal, nous étions tous mutilés d'une certaine manière. Physiquement ou psychologiquement.
-Tu as tué beaucoup de gens ?
Son regard se voila, plongeant dans un profond abime, annihilant tout ce qui le rendait si humain. J'avais la réponse à ma question. Et j'en voulus encore plus à ces enfoirés de fanatiques d'avoir piétiné nos vies, nos convictions, nos libertés, nos espoirs, notre humanité.
Il resta silencieux, détournant le regard.
-Tu crois que je suis un monstre ? Me demanda-t-il subitement.
Je n'eus pas le temps de lui répondre, les pas de Mme Foreman résonnaient dans l'escalier.
-J'y vais, dit-il avec regret.
Il croisa sa patronne dans le couloir menant à ma chambre. Elle y entra et me tendit un test de grossesse. Elle aussi connaissait très bien le marché noir, constatai-je, effarée.
Elle s'assit sur le rebord de la baignoire dans la salle de bain adjacente et patienta un instant.
-Je n'ai pas toute la journée, s'agaça-t-elle.
Elle plaisantait ? A priori, non. Dépitée, rageuse, je fis le deuil de cette position allongée ultra confortable pour boitiller jusqu'à la salle de bain. Elle me regarda faire pipi sans l'ombre d'une gêne. Je lui tendis le test, elle eut un mouvement de recul.
-Patientons, et que Dieu réalise nos prières.
J'avais l'impression que ses prières étaient les mêmes que les siennes en cet instant : que je ne sois pas enceinte et se débarrasser de moi comme je voulais me débarrasser d'elle. Toujours assise sur la cuvette des toilettes, pourquoi pas après tout, puisque l'on était apparemment devenue intime, je surveillais le résultat avec une panique grandissante.
Négatif.
Elle hocha simplement la tête et commença à quitter les lieux d'un pas plus vif qu'en arrivant.
-Reposez-vous, Claire vous apportera vos repas.
-Combien de jours ? Ne pus-je m'empêcher de demander.
-Aussi longtemps qu'il le faudra, quitte à reporter la prochaine cérémonie.
Elle me lança un regard appuyé, me faisant comprendre quelque chose. Si je voulais être tranquille, j'allais devoir rester dans cette chambre un bon moment, même si j'allais mieux. C'était à méditer. Je hochai juste la tête et elle s'en alla pour de bon.
Le lendemain matin, j'étais indisposée.
Les journées étaient rythmées de la même manière : Claire pour le petit-déjeuner, fenêtre, bain, habillage, Claire pour le déjeuner, fenêtre, une tante qui venait vérifier mon état un jour sur deux, Claire pour le diner, fenêtre, sommeil.
Je voyais souvent Peeta, qui me faisait un léger signe de tête en passant dans la cour, en nettoyant la voiture, en s'occupant du jardin, ou de chez lui, par sa fenêtre. Le commandant n'était toujours pas rentré, cela lui laissait du temps libre. Je me demandais comment c'était chez lui. Je me mis à imaginer son intérieur, son quotidien, refoulant les souvenirs de ma sœur pour ne pas sombrer dans une profonde mélancolie.
Le sixième jour, à l'aube, j'entendis quelqu'un frapper. Il était trop tôt pour que ce soit Claire. Je ne bougeai pas d'un millimètre, j'étais trop fatiguée de toute façon. Je dormais très mal. Stressée, j'entendis le visiteur entrer, s'approcher. J'entrouvris les yeux, je reconnus le pantalon noir de Peeta. Il glissa quelque chose sous mon oreiller.
-Ramenez-le moi quand vous aurez terminé, murmura-t-il en repartant.
Il rebroussa chemin subitement, mis un genou à terre, face à moi et m'embrassa le front, à peine un effleurement. Mon cœur se serra. Je redressai vivement mon visage pour croiser son regard. Je ne fus pas déçue, son affection irradiait, me réchauffait sans que je ne puisse rien y faire.
-Je sais que le temps est long mais il faut vous reposer et guérir. Je vous ai ramené de quoi passer le temps.
Il me montra le cadeau caché sous mon oreiller. Un livre ! ébahie, je me redressai d'un coup et le saisis entre mes mains, fébrile.
-« Les oiseaux se cachent pour mourir », sérieusement ? Souris-je pour la première fois depuis des siècle.
-C'était le livre préféré de ma mère, c'est le seul souvenir que j'ai d'elle. Elle l'avait glissé dans mon paquetage avant que je ne parte à la guerre.
Il me contemplait, émerveillé par je ne sais quoi. Moi, j'étais émue par ce cadeau magnifique.
-Je ne peux pas accepter.
Je lui tendis son bien, il repoussa mes mains.
-Non, ça me fait plaisir, vraiment mais faites extrêmement attention.
Oui, je le savais, je ne voulais pas perdre un doigt. Je serrai son trésor contre ma poitrine, reconnaissante.
-Vous n'auriez pas dû prendre autant de risques.
Il se tourna brusquement vers la porte tout comme moi. Quelqu'un venait. Il se rua vers ma penderie et referma derrière lui. Je planquai le livre sous mon oreiller et fis semblant de dormir. Mon cœur battait à tout rompre, nous allions finir sur le mur. Se cacher dans la penderie ne servait à rien. Mme Foreman entra sans cérémonie et me secoua l'épaule.
-J'ai entendu du bruit.
Je fis mine de me réveiller en sursaut. Elle fouilla sous mon lit, la salle de bain, et bien sûr la penderie. Je pensais avoir fait un arrêt cardiaque. En la voyant ressortir toujours en quête du visiteur, je fronçai les sourcils.
-Je sais que j'ai entendu des voix, je ne suis pas folle !
Elle tourna sur elle-même, furieuse, seulement vêtue d'un peignoir du bleu aussi moche que ses habits quotidiens. Elle se planta devant moi, furibonde.
-Nous règlerons ça.
-Bien Mme Foreman.
Elle claqua la porte et quand je fus certaine qu'elle était redescendue, je bondis (de façon relative) hors du lit pour aller dans la penderie. Je vis Peeta sortir d'une trappe dans le mur. Ma bouche resta grande ouverte.
-J'ai construit cette trappe pour la précédente servante, s'expliqua-t-il en chuchotant. Elle subissait des visites nocturnes de la part du commandant.
Quel fils de pute !
-Et elle te l'a dit ?
-A demi-mot, après plusieurs semaines, quand elle a compris qu'elle pouvait me faire confiance. Elle s'est cachée, une fois, deux fois, trois fois. Ensuite, il l'a menacée de l'envoyer aux Colonies, en représailles, prétextant qu'elle ne parvenait pas à tomber enceinte. Sauf que c'est faux. Mme Foreman a provoqué 2 fausses-couches.
Ma main bloqua ma bouche, étouffant un cri horrifié.
-Aucune servante ne portera l'enfant de son époux.
-Pourquoi ?
-Je ne sais pas mais je l'ai entendue le dire à son époux.
Je m'adossai contre un pan de mur de la penderie, toute pâle. Il s'approcha lentement, il était si proche que je détectais la chaleur de son corps. Il s'empara de ma main disponible, la porta vers ses lèvres. Ce contact fut plus prononcé, j'étais démunie par sa proximité et par son désir évident d'embrasser plus que ma main qu'il tentait vainement de camoufler.
-Ne t'inquiète pas, je t'aiderai à fuir comme j'ai aidé Mya à fuir avant qu'elle ne rejoigne les Colonies.
-Comment ? Soufflai-je, retournée par ce qu'il venait de me confier.
-Grâce à Mayday.
-Mayday ?
-Je t'expliquerai en temps voulu.
Il me rendit ma main, la seconde suivante, il était hors de ma chambre.
Mayday ? Une personne ? Une organisation ? La résistance peut-être ? Un fol espoir naquit, quand j'aurai retrouvé ma sœur, nous pourrons quitter cet enfer grâce à Mayday... et grâce à Peeta.
La suite bientôt
