Le hurlement des sirènes d'ambulances retentissait depuis des heures dans les rues. La jeune femme était terrée dans un coin de la salle à manger, ses genoux contre sa poitrine. Son regard allait de ses mains ensanglantés, tremblantes sous le stress, puis vers le cadavre d'une femme qui avait perdu son humanité, et enfin vers le cadavre d'un homme au crane explosé. Son souffle était rapide, les larmes ne cessaient de couler le long de ses joues. Jamais rien n'aurait pu la préparer à ce qu'il venait de se passer.

C'est au bout de quelques heures que le silence de mort fut rompu. Un homme vêtu d'une veste militaire, une M16 dans le dos, détruit la porte de l'appartement. Il se mit à inspecter les pièces jusqu'à tomber devant les cadavres et la jeune femme recroquevillée. Ne sachant si c'était une infectée ou une survivante, l'homme pointa son arme sur elle.

"T'es une de ces merdes qui se réveille et bute les gens ?" Son visage était grave, ses rides accentuaient ses expressions faciales. C'était un vieil homme barbu, une cigarette à la bouche.

La jeune femme voulu répondre mais aucun son ne sorti. Le traumatisme lui avait causé un mutisme. Elle se contenta alors de lever les bras, signe qu'elle n'était pas un infecté.

L'homme baissa alors son arme et lui tendit la main.

"Hm. Allez viens gamine. On risque pas d'être beaucoup de vivants alors autant se serrer les coudes. Tu sais tenir une arme au moins ?" Elle hocha la tête tout en récupérant avec une certaine réticence le pistolet ensanglanté qui était par terre.

"Moi c'est Bill, et toi gamine ?"

La jeune femme attrapa un post it qui trainait sur un comptoir ainsi qu'un crayon pour y écrire :

" Zoey".


Zoey admirait la vue depuis le haut de l'immeuble sur lequel son groupe s'était arrêté pour se reposer. Tous dormaient sauf elle. Ses pieds se balançaient dans le vide tandis qu'elle regardait les infectés au pied de l'immeuble errer comme des âmes en peine. Elle a essayé de dormir, mais s'est réveillée à cause de terreurs nocturnes. Zoey ne s'attendait pas non plus à dormir longtemps. Depuis que tout a commencé, la nuit la plus longue qu'elle eut était d'environ 5 heures.

"C'est pas encore ton tour de garde tu sais ?" Dit une voix derrière elle qui faillit la surprendre au point de tomber du rebord de l'immeuble.

C'était Bill, le seul réveillé. Elle avait complètement oublié que c'était lui qui montait la garde à cette heure-ci.

"- Ouais je sais. J'ai juste… pas réussi à dormir. Je peux prendre ta place si tu veux, tant que je suis réveillée.

- Non, non, non. C'est mon tour et ensuite c'est celui de Louis. Toi aussi t'as le droit de te reposer. Tiens d'ailleurs prends ça, c'est la barre de céréales de Francis, mais t'en a plus besoin que lui. Cet abruti se tape la moitié de nos rations à lui tout seul".

Zoey se mit à rire doucement en prenant la barre que Bill lui tendait. Le véteran savait pourquoi Zoey ne dormait pas, elle lui en parlait parfois. C'est le seul en qui elle avait confiance au point de confier tous ses secrets. Après tout, il avait été témoin du pire jour de sa vie. Dans ces moments-là, le vieil homme faisait de son mieux pour essayer de la réconforter à sa manière.

Il s'installa alors à côté d'elle, scrutant les infectés avec la lunette de son arme.

"- Dit Bill. Je me suis toujours posée une question. Pourquoi tu m'a récupérée ce jour-là chez moi ? Pourquoi tu m'as pas laissée pourrir avec les cadavres de mes parents ?

- Je t'en pose des questions moi ? dit-il tout en lui donnant une tape à l'arrière de la tête.

- Aie ! Mais c'est vrai ! T'avais aucune raison de le faire !

- Eh bah je l'ai fait. Je t'ai déjà dit pourquoi ce jour-là.

- Hm ?

- Je sais pas combien de gens il reste en vie, alors autant se serrer les coudes. On est une famille, on s'entraide et on sauve le cul de tout le monde."

L'étudiante se mit à rire avec le véteran à sa réponse.


"- Mais Bill j'ai une autre question. C'est juste mes souvenirs ça… Y'a rien de vrai… Et tu es toujours…

- Mort ? Oui."

Zoey se retenu d'éclater en larmes. Tout semblait si réel mais aussi confus. Que de simples bribes du passé entre Bill et elle. C'est à ce moment qu'elle se souvenu de ses derniers instants : la colère qu'elle éprouvait contre Bill, son deuil, la rencontre avec l'autre groupe, la séparation, leur agression puis le bruit une balle et trou noir.

Sans hésitation, Zoey attrapa Bill pour le serrer fort contre elle, fondant en larmes contre sa veste. Son odeur de cigarette si particulière lui piquant le nez.

"- Bill je m'en veux tellement de t'avoir dit toutes ces atrocités. J'étais tellement rongée par la colère ce jour-là… T'avais pas à mourir pour nous, encore moins pour moi…

- Zoey… On est une famille, nous quatre. On se serre les coudes et on sauve le cul de tout le monde. Même quand un des membres doute des autres. Quitte à y laisser sa vie, parce que vous êtes la seule famille que j'ai."

Il resserrait ses bras autour d'elle tout en caressant son dos de haut en bas pour la rassurer.

"- Mais maintenant Zoey tu dois te réveiller pour de vrai. Prends soin d'eux comme j'ai pu prendre soin de vous.

- Mais Bill, jamais je pourrais jamais être à ta hauteur…

- Conneries. T'es celle que j'ai vu abattre toute seule un tank. T'es celle qui s'est relevée malgré la mort de ses parents. Tu es forte Zoey. T'as pas le simple potentiel d'être un leader, tu en es une. Francis t'écoute plus que moi c'est dire. T'es la petite fille que j'ai jamais eu, Zoey, et je t'en remercie."

Son regard bleu translucide, vieilli par l'âge, avait l'air lire en elle. C'est lors d'une dernière embrassade que Zoey sentit comme un électrochoc dans sa poitrine. L'image de Bill face à elle s'estompait et les sons devenaient distordus. Tout juste compréhensibles.

"- Fais…..chose Rochelle !

- JE…..MON MIEUX !

- …..Zoey !"

Il y avait trop de sons, elle se sentait juste flotter dans le vide, suivant aveuglément les voix.

"- Allez chérie… Réveille toi…

- T'es sûre que ce truc marche ?!

- LA FERME NICK

- Zoey je t'en prie reviens…"

Ellis, cette voix, elle, la reconnaissait. Poussée par sa volonté, Zoey accouru jusqu'à une lumière d'où émanait la voix du mécanicien.

Zoey se réveilla en poussant un gémissement, ses poumons se remplissant à nouveau d'air frais. La lumière était aveuglante mais lorsqu'elle pu voir nettement, une tête lui faisait de l'ombre. Un regard d'un bleu transcendant, rempli de larmes et d'inquiétude, la fixait. C'était Ellis. En regardant mieux autour d'elle, Zoey vit Rochelle aussi près d'elle qu'Ellis, tenant deux électrodes dans les mains, poussant un soupir de joie. A ses côtés, Nick. Plus loin, Coach, Louis et Francis qui était en train de pleurer. C'était la première fois qu'elle le voyait comme ça.

Zoey ne savait pas vraiment quoi dire. Elle répondu simplement :

"Hey… J'ai manqué ?"