Chapitre 5

Je relevai la tête d'un coup. C'était quoi, c'est voix là?

Valence me déposa rapidement par terre et s'approcha de la console de Brad où elle activa le module de communications.

«Allo ? Ici le Romano Fafard, qui êtes-vous?» demanda-t-elle d'un ton faussement assuré.

Il y eu un grincement de statique, mais aucune réponse.

«Allo?» Répéta Valence, mais la seule réponse fut encore de la statique.

«Ici le Romano Fafard» répéta-t-elle plus fort «m'entendez-vous?»

Soudain le bruit de l'alarme retentit et on entendit «Alerte bleue jeans avec des pattes d'éléphant.»

Quelqu'un tentait forcer le système de sécurité du téléfax! Je courus jusqu'au téléfax pour actionner le mécanisme de verrouillage manuel, mais il était bien trop haut!

«Alerte bleue jeans avec des pattes d'éléphant.»

Et soudain une forme humanoïde roula sur le téléfax. Trop tard!

Un grand être de couleur vert nauséeux se redressa et empoigna Valence dans un mouvement brusque et lui tordis les bras derrière le dos. Je sautai sur lui d'un bond mais il me donna un coup de pied qui m'envoya valser parmi les débris du vaisseau qui jonchaient le sol après l'impact des météorites.

«Tasse-toi de là, toi!» me hurla la créature furieuse. Sa voix semblait modulée par un traducteur universel.

Lorsque je relevai la tête, il agrippait toujours Valence, qui se tordait et se tortillait pour se déprendre.

«Qu'est-ce que vous me voulez?!» lui cracha-t-elle, mais sa voix semblait vacillante. Peut-être sa blessure à la tête, résonnais-je, ou bien la peur.

Je ne supportais pas que l'on puisse être brutal avec une femme, surtout si c'était Valence ou Pétrolia. Je me remis sur quatre pattes et je fonçai sur l'intrus à nouveau, mais celui-ci posa la pointe de son fusil sous la gorge de la psychologue.

Je freinai mes élans, mais je le regardais d'un regard menaçant. Si le regard pouvait tuer, l'intrus serait déjà mort.

J'entendis un grondement et je m'aperçus que c'était moi qui grognait.

Eh bien tant qu'à être un chien... je montrai aussi les dents pour montrer mon mépris.

«La bibitte, joue pas avec moi!» me grinça la créature extra-terrestre, puis il retourna son attention vers Valence.

«Qu'est-ce que vous faîtes ici, Terriens?»

Valence tremblait. Je n'aurais su dire si c'était de peur ou de rage, mais elle ne broncha pas.

La créature activa le téléfax à côté de lui et deux autres créatures apparurent à bord. Je grondai de plus belle.

La porte de la salle de commandement s'ouvrit soudainement et le reste de l'équipage se précipita, fusils paralysants en main.

Le Capitaine était en tête, suivi de Bob, Serge et Pétrolia. Brad se cachait en arrière de cette dernière, gémissant de frayeur.

«Mais qu'est-ce que...?» s'exclama le Capitaine.

Les trois créatures se retournèrent en un seul mouvement et un sifflement bestial se fit entendre.

«Ne bougez pas, sinon...» Fit la première créature qui renfonça la pointe du fusil un peu plus dans la chair de la psychologue pour peser ses mots.

«Espèce de...!» S'enragea le Capitaine en s'avançant pour protéger sa bien-aimée, mais Serge lui barra le chemin avec un bras.

«Capitaine non... on ne sait pas de quoi ils sont capables.»

Le Capitaine hocha la tête mais son regard ne quitta pas celui de l'extra-terrestre qui tenait Valence en otage.

«Qu'est-ce que vous voulez?» gronda-t-il, autoritaire.

«Vous avez violé notre territoire sans permission. Nous ne voulons pas de Terriens ici, nous savons très bien que vous n'êtes que les déchets de l'univers.»

Peu insulté de ce discours, l'ayant déjà entendu à maintes reprises, le Capitaine sembla prendre son air de négociateur.

«Laissez partir votre otage, et je vous promet qu'on va déguerpir de votre territoire. Vous avez ma parole.»

Les trois créatures sifflèrent de mécontentement.

«Une promesse de Terrien, ça ne vaut rien!»

Derrière Pétrolia, une petite voix se fit entendre.

«Gardez la fille, mais laissez-nous partir, pitié!»

«Brad taisez-vous!» Murmura impatiemment la technicienne.

«Laissez tomber vos armes» grinça encore la créature qui tenait toujours Valence en otage « et il ne lui sera pas fait de mal.»

Mécontent, mais sachant qu'il n'avait pas le choix, le Capitaine déposa son fusil par terre et fit signe aux autres de faire de même.

Gardant les mains en l'air, il me fit signe de la tête de ne rien tenter. Bien que je ne voulais pas qu'il arrive quoi que ce soit à Valence, l'envie de mordre un mollet ou deux ne me lâcha pas.

Je cessai de gronder, mais je restai sur mes gardes.

Le leader des créatures fit un signe de la tête et les deux autres guidèrent les membre de l'équipage hors de la salle de commandement.

«Enfermez-les» ordonna-t-il.

Le Capitaine sortit en dernier et me lança un regard que je sus tout de suite interpréter. Il me confiait une mission : Veiller sur Valence et si possible, tenter de les sortir de ce pétrin!

Difficile mission pour un petit pitou!

Je le vis ensuite accorder un dernier regard à Valence avant de sortir, tête basse.

La créature me regarda un instant puis détourna le regard vers le fauteuil du Capitaine. Il y guida brusquement la psychologue et l'attacha solidement avec de la corde qu'il avait sortie de son uniforme. Valence me lança un regard inquiet, mais ne prononça pas un mot.

Quand il eut fini, il se dirigea vers le poste de Bob et inspecta les instruments. Après quelques minutes, il ajusta le cap et je vaisseau vrombi, changeant légèrement de trajectoire.

Je l'observai silencieux.

Si je voulais veiller sur Valence, je ne devais pas donner une raison à l'extra-terrestre de me considérer comme une menace. Cela le forcerait à me rendre hors d'état de leur nuire, ou pire, à m'éliminer!

Les deux autres revinrent très vite et firent un genre de salut brusque.

«Nous les avons enfermé dans une pièce.» rapporta l'un d'eux «C'est une pièce sans issus qu'ils appèlent le chalet de Brad.»

«Bien.» Fit le leader, qui s'approcha de la psychologue d'un pas lent.

«Dès qu'on en aura fini avec eux,» reprit-il «Nous pourrons retourner sur Wisniewski*.»

L'un des deux subordonnés s'approcha de moi.

«Et qu'est-ce qu'on fait de lui, lieutenant?»

Le leader ne me regarda même pas.

«Ce n'est qu'un des chiens de Rintintinos, dès qu'on repassera par là, on le laissera sur sa planète.»

Je sentis mes pattes devenir molles. Je ne voulais pas être abandonné sur une planète avec six milliard de chiens! Et qu'allaient-ils faire du reste de l'équipage? Il fallait absolument que je trouve le moyen de nous sortir de là!

*Merci à Mel pour la suggestion!