Disclaimer : l'univers et les personnages de cette histoire appartiennent à Marvel
Note : J'ai publié un petit bout d'histoire qui peut se situer entre les chapitres 4 et 5 de cette fanfiction sur AO3. Le titre est "A travers leurs yeux" et vous pouvez facilement tomber sur mon compte en tapant "Kokoroyume AO3" sur Google.
Je ne voyais pas comment la publier au mieux sur ffnet et le système des "series" est vraiment très pratique sur AO3.
Il n'est toutefois pas indispensable de le lire pour continuer à suivre cette histoire-ci, le pre-slash y est à peine suggéré et ces petits récits pourraient même limite se lire sans lien avec l'histoire principale.
Mais si vous aimez Scott Lang ou Shuri, n'hésitez pas à y faire un tour ;)
Une vision pleine de potentiel
Chapitre 5
Des armes expérimentales du gouvernement. Le nom Power Broker qui refaisait surface. Une certaine mystérieuse comtesse Valentina. Et Walker dans son costume lugubre.
Leur collaboration avec Sharon et la CIA n'avait en rien fait avancer leur mission. La moitié des armes avaient été détruites, l'autre moitié s'était volatilisée. Il se demandait si Walker ne les avait pas volées même si aucun chemin ne menait à lui. Bucky s'était dit qu'il n'était pas si mal après l'aide apportée à New-York mais il songeait à réviser sa copie. Walker avait fait ses pirouettes, récupéré le second convoi d'armes réalisées sur base de plans dont seul le gouvernement américain aurait dû avoir vent et, une heure après, les armes restantes s'étaient envolées.
Il y avait des fuites quelque part. Bucky ne savait pas s'il devait se méfier de Walker et de cette Valentina qu'il avait mentionné, semblant après coup le regretter. Ou d'une agence gouvernementale. Ou bien si Power Broker était devenu si influent qu'il était capable de tous les mener en bateau. Bucky était contrarié.
- Relax, mon gars. Les fusibles de ton cerveau vont finir par sauter si tu continues à ressasser tout ça.
Sam, assis en face de lui, à cette petite table pour deux personnes placée dans un recoin du café plutôt bien fréquenté à cette heure tardive, buvait sa bière comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les quatre bières qu'il avait déjà vidées ne devaient pas être tout à fait étrangères à son air décontracté.
- La mission a été un échec, Sam.
- C'est ce que je me disais il y a deux heures mais j'ai relativisé, dit-il en avalant une nouvelle gorgée de sa boisson.
- Tu veux dire que l'alcool t'a aidé à relativiser, contra-t-il, en posant un regard insistant sur sa bouteille.
- Peut-être, répondit-il avec un sourire en coin.
Ce sourire qu'il aurait bien suivi avec sa langue jusqu'à ce que ses lèvres s'écartent pour lui. Bucky ne pouvait ressentir les effets de l'alcool mais il pouvait tout à fait être troublé par leurs jambes qui restaient pressées l'une contre l'autre dans l'espace étroit et s'accrocher à sa colère pour vaguement se distraire du désir plus palpable qu'il ressentait ce soir.
- Vois les choses comme ça : nous avons détruit la moitié du chargement, nous avons récolté de nouvelles informations et il n'y a pas eu de morts chez les civils juste, ouais, treize blessés graves...
Sam fixa le goulot de sa bouteille avec une grimace.
- Non, tu as raison, on s'est bien planté.
Et l'irritation de Bucky baissa d'un bon cran. Il oubliait parfois que, aussi solide qu'était Sam, il était l'une des représentations les plus positives de ce qu'était un humain et donnait parfois le change non pas juste pour faire bonne figure mais parce que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour que tout le monde avance, pour que Bucky avance.
- Tu devrais peut-être ralentir sur la bière, dit-il doucement, en posant la main sur la sienne.
Le sourire de Sam réapparut, plus amusé, et son air abattu s'effaça.
- Attention, ton futur copain pourrait devenir jaloux à nous voir tout cosy comme ça.
Bucky pressa la main de son ami un instant puis s'écarta.
- Non, ça ne risque pas, répondit-il avec nonchalance, en laissant son regard errer sur les autres occupants du café.
- Pas de progrès de ce côté-là, alors ?
Bucky lui jeta un regard.
- Quoi ? Je peux prendre des nouvelles, non ? Je t'ai laissé tranquille durant, faisons le compte... deux mois ?
Cela lui avait semblé plus long que ça. Ou beaucoup plus court. Mais il n'avait pas tort. Il lui avait laissé du temps. Et Bucky avait bien réalisé que plus le temps passait et plus il devenait tactile et affectueux avec Sam. Il trouvait toujours une excuse pour poser une main sur lui, presser une partie de son corps contre le sien, s'assurer qu'une blessure n'était pas trop grave même lorsqu'il se doutait très bien que ce n'était qu'une égratignure. Son coéquipier se laissait faire, même lorsqu'il protestait pour la forme, mais c'était parce qu'il ne réalisait pas vraiment le confort que Bucky en tirait. Ou à quel point ça pouvait alimenter son imagination. Il était vraiment temps qu'il lui dise. Mais pas ce soir, quand son esprit était embrumé par l'alcool.
- Je vais lui dire. Il n'est pas intéressé mais je ne peux plus vraiment laisser la situation en l'état.
- Comment peux-tu savoir... ? Oh. Il n'est pas gay ?
- Je ne le suis pas non plus, répliqua-t-il avec plus de force qu'il n'avait voulu y mettre.
Face au regard perplexe de Sam, il baissa la tête.
- Je n'ai jamais été intéressé... Il n'y a que lui. Il n'y a vraiment que lui.
Il prit une profonde inspiration puis se leva.
- Je vais te chercher un verre d'eau et commander quelque chose pour moi au passage.
Bucky ne lui laissa pas l'occasion de protester et prit son temps pour se rendre jusqu'au comptoir. Il n'avait pas envie de masquer la vérité par des euphémismes, prétendre que ça n'avait été qu'une passade... ou lui faire une déclaration déguisée.
Mais il n'y avait pas que ça.
La raison plus profonde pour laquelle il était à fleur de peau ce soir était parce que Sam avait été à un cheveu d'y passer. Walker tirait juste deux secondes plus tôt avec sa foutue arme à énergie et la moitié des armes expérimentales explosaient avec Sam sur le toit du chargement. Cette réalisation s'était réellement ancrée en lui bien après le combat et, alors que son coéquipier était en plein débriefing avec Sharon, il avait senti la boule se former dans sa gorge en songeant à tout ce qu'il voulait lui dire et à ce minuscule espoir que peut-être, peut-être...
Et ça l'avait mis en colère. Contre tout. Contre lui-même.
Bucky sentait que s'il ne lui parlait pas de sa propre volonté, tout se déverserait hors de lui un jour, peut-être au pire moment possible, peut-être lorsqu'il serait trop tard. Et il ne pouvait pas laisser cela se produire. Parce que depuis le début, finalement, il avançait dans une seule direction. Il ne parvenait pas à renoncer. Il s'y prenait peut-être maladroitement mais une part de lui continuait à se battre pour se donner une chance. Il n'allait pas le lui dire ce soir. Mais demain. Demain, il serait parfaitement honnête avec lui.
Il revint avec leurs verres. Sam leva les yeux et le dévisagea.
- Je sais que je vais le regretter, que je vais passer pour un idiot prétentieux, et il sera parfaitement légitime que tu me chambres durant des semaines après ça, mais il faut que je pose la question. Cette personne qui te plaît... ce ne serait pas moi, par hasard ?
Bucky déglutit difficilement.
Il acquiesça d'un mouvement sec.
Stupidement, alors qu'il avait eu un temps indéniablement long pour y songer, il se disait qu'il n'était pas prêt, que les circonstances étaient mauvaises, qu'il ne savait pas comment s'expliquer. Mais ça ne l'empêchait pas d'observer très attentivement la réaction de Sam. Sa bouche à moitié ouverte qui se referma dans un claquement. Ses yeux écarquillés qui le dévisagèrent, descendirent jusqu'à ses mains qui tenaient toujours les verres et remontèrent presque aussi vite vers son visage. Sa main qui se serra et se desserra autour de la bouteille de bière à plusieurs reprises.
- Bucky...
- Je vais t'appeler un taxi. Et réserver ta chambre d'hôtel.
Sam fronça les sourcils.
- C'est idiot. Ton appart – Hum. Tu ne veux pas que je reste là ce soir. Mais je te plais alors – Non, ce n'est pas délicat de ma part. Désolé. On fait comme tu veux. Tu ne veux pas en parler ?
Sam était confus, et ça devait être autant dû à l'alcool qu'à la situation.
- On... en discutera demain. Quand tu seras sobre. Tu ne préfères pas l'hôtel ?
Un sourire un peu hésitant apparut sur le visage de son partenaire.
- Ce n'est pas comme si je craignais que tu profites de l'occasion pour me sauter dessus ou quelque chose du genre. Ton appartement me convient tout à fait. Mais, je ne veux pas, ah, m'imposer.
- D'accord.
Bucky ne bougea pas. Dans toutes ses expériences, lorsque vous rentriez chez vous avec la personne à laquelle vous vous étiez déclaré, ce n'était pas pour que vous alliez dormir chacun de votre côté. Mais, bien sûr, avec Sam, même ce qui était familier était différent.
- L'eau ?
Il lui tendit le verre, observa sa pomme d'Adam bouger alors qu'il le vidait.
Bucky se frotta l'arcade sourcilière avec son pouce pour se forcer à détourner son attention et prendre de la contenance. Il se sentait un peu sonné mais aussi nerveux et indécis. Il eut toutefois le réflexe d'attraper le bras de Sam lorsqu'il vacilla après s'être levé. L'homme le fixa et Bucky déglutit à nouveau avant de le relâcher. Il récupéra leurs sacs encore sous la table dans un effort pour se calmer.
- Merci.
Il hocha brièvement la tête et se mit en marche, s'assurant du coin de l'oeil que son ami le suivait bien. Sam se tint à côté de lui, très près, lorsqu'il héla le taxi. Et, alors que Bucky dirigeait son regard droit devant lui, le posant sur l'arrière du crâne du chauffeur, il sentait que son coéquipier le fixait intensément. Il n'imaginait rien, la tension entre eux était à couper au couteau. Mais c'était biaisé par l'alcool qui circulait dans les veines de Sam, il n'avait pas vraiment le contrôle de lui-même et il ne pouvait pas réellement se fier à ses réactions.
Une fois arrivé à son appartement, il ne laissa pas le temps à sa nervosité de prendre le pas, déposa le sac de Sam dans sa chambre et l'invita à utiliser le lit.
- Je prends le canapé.
- Ce n'est pas un geste bizarre de galanterie, n'est-ce pas ? demanda son coéquipier en l'étudiant du regard.
A vrai dire, il ne semblait pas l'avoir quitté des yeux depuis le café. La question le surprit et l'amusa au point qu'il lui donna une petite tape amicale dans le dos.
- Loin de là. Je dors mieux dans le canapé. Evite juste de vomir dans mes draps, ça m'arrangerait bien.
- Peuh, je sais tenir mon alcool, moi. Et pas besoin de sérum pour ça ! insista-t-il alors que Bucky quittait la chambre et refermait la porte derrière lui, un léger sourire aux lèvres.
Il essayait de ne pas penser au lendemain. Il ne parvenait pas vraiment à s'en empêcher. Il était heureux de savoir que Sam s'endormait à seulement quelques mètres de lui. Il ressentait une satisfaction peut-être pas très saine à savoir qu'il était à nouveau dans son lit. Il refusait absolument de laisser toute pensée libidineuse se faire une place dans son esprit à cette heure. Il ne s'était pas encore débarrassé de l'image de l'explosion presque mortelle des heures plus tôt. Il se demandait s'il pouvait interpréter le manque de réticence de Sam envers leur proximité habituelle comme un signe en sa faveur, ou comme une preuve de son indifférence. Il aurait réellement aimé connaître les pensées qui occupaient son esprit depuis qu'il s'était mis à le fixer sans ciller.
Bucky n'était pas certain qu'il réussirait à fermer l'oeil de la nuit.
