Voici le dernier chapitre de cette histoire.
Alors qu'au tout départ j'étais vraiment dans l'idée de faire du Caskett, les mots ont choisis pour moi de m'emmener plutôt sur la relation Alexis-Kate. Durant la saison 4, on sentait Alexis sur la réserve voir en colère contre Kate et l'épisode 7 qui m'a inspiré cette histoire reflétait bien cet état de fait et surtout donnait une très bonne occasion de faire évoluer la relation des deux femmes.
Bien évidemment, la série n'était pas là pour explorer l'ensemble des relations de tous les personnages, d'où le fait de pouvoir écrire.
Bonne lecture.
Chapitre 5 : Hope (Kate)
Kate émergea doucement de son sommeil. Confuse, elle essaya d'ouvrir un œil et de se redresser de sa position pour le moins inconfortable pour son flanc. Seulement, un poids étranger sur le côté gauche limitait ses mouvements. Il ne lui fallut qu'un instant pour se rendre compte qu'elle ne se trouvait pas dans son propre lit. Kate ouvrit tout à coup les yeux avant que les événements de la veille ne lui reviennent à l'esprit. Elle avait dîné avec les Castle et elle était restée pour un film. Rick l'avait ensuite convaincue de passer la nuit au loft et elle avait fini par céder devant son regard suppliant.
Kate s'était dit qu'être ici l'empêcherait peut-être de faire des cauchemars. Évidemment, ça n'avait rien changé. Chaque fois qu'elle fermait les yeux, tout ce qu'elle voyait c'était l'explosion de la banque. La fatigue avait finalement eu raison d'elle, mais très vite Kate s'était réveillée, le cœur battant à tout rompre, le sang bourdonnant dans ses oreilles. Elle avait tendu l'oreille en priant pour que ni Martha ni Alexis ne se soit réveillé par sa faute. Elle avait ensuite passé plusieurs minutes à essayer de se calmer, utilisant pour cela les techniques de respiration que lui avait conseillés son psy. Seulement même une fois les battements de son cœur revenu à un rythme normal, Kate n'avait pas réussi à se rendormir. Elle n'arrivait tout simplement pas à effacer les images de Rick allongé dans cette banque, mort. En désespoir de cause, elle avait fini par se lever et par traverser l'étage d'un pas fébrile afin de rejoindre la cuisine. Là, Kate s'était préparé un thé et s'était assise au bar de la cuisine, perdue dans ses pensées.
Quand Alexis était venue la rejoindre, Kate avait craint que la colère de l'adolescente ne se réveille. Elle était persuadée que la dernière chose dont avait envie l'adolescente était de la savoir encore au loft. Bien vite, Kate s'était rendu compte que la fille de son partenaire était simplement secouée par les événements. La jeune femme avait hésité un long moment sur la marche à suivre avant de proposer à Alexis de parler de ce qui n'allait pas. Contre toute attente, Alexis ne l'avait pas rejetée. À l'instant où elle avait vu les larmes de l'adolescente, Kate avait réagi à l'instinct, décidant que la peur de se faire rejeter n'était rien comparée à la possibilité de la réconforter.
La conversation qui avait ensuite suivi avait été pour le moins éprouvante, mais un regard envers la forme encore endormie d'Alexis convainquit Kate qu'elle avait eu raison. Il y a quelques semaines encore, il y a fort à parier qu'elle aurait regretté d'en avoir autant dit. Elle serait sûrement partie du loft avant même que quelqu'un ne se réveille. Si elle en parlait à son psy, il lui demanderait ce qui avait été l'élément déclencheur, mais Kate n'était pas certaine de le savoir. Était-ce véritablement sa peur d'avoir cru perdre l'homme qu'elle aimait qui l'avait fait s'ouvrir ? Ou alors son travail avec son psy, pourtant très récent, portait déjà plus ses fruits qu'elle ne l'aurait pensé ?
Kate regarda une nouvelle fois la forme endormie contre elle. Elle rechignait à la déranger, même si son flanc la tiraillait de plus en plus d'être restée dans cette position aussi longuement. Ce n'était pas comme si son kinésithérapeute l'avait prévenue de faire particulièrement attention… De toute façon, il était trop tard. Le mal était fait. Et après tout, quelques minutes de plus ne changeraient plus grand-chose. Sans compter qu'il était évident que leur présence avait déjà été remarquée. Elle ne se souvenait pas les avoir recouvertes d'une couverture et Alexis avait été la première à s'endormir. Celle-ci dormait encore profondément, le visage détendu. Très loin de ce qu'elle avait été au cœur de la nuit. Kate était heureuse d'avoir apparemment fait ce qu'il fallait pour apaiser les peurs de l'adolescente et lui permettre de se reposer. Elle-même avait oublié à quel point il était agréable d'avoir quelqu'un à ses côtés capable de la rassurer. Elle n'arrivait même plus à se souvenir de la dernière fois ou elle avait réussi à dormir plusieurs heures sans interruption.
Quand la tentation d'aller aux toilettes ainsi que de changer de position devient trop forte pour être ignorée plus longtemps, Kate fit son possible pour ne pas réveiller Alexis. Elle se déplaça avec le plus de délicatesse possible. Par chance, la jeune fille avait le sommeil lourd et ne broncha pas alors que Kate la faisait doucement basculer sur le canapé avant de la recouvrir correctement avec la couverture. Après un dernier regard, la jeune femme prit la direction de la salle de bain à l'étage en marchant sans faire de bruit. Ses muscles la tiraillaient et elle essaya de se souvenir si elle avait ses cachets antidouleurs dans son sac. Après avoir fini dans la salle de bain, Kate prit le chemin de la chambre d'ami. Elle farfouilla dans son sac et grimaça en constatant que ses cachets n'étaient pas là. Il faudrait qu'elle fasse avec jusqu'à son retour chez elle. Heureusement qu'elle était en repos. Après seulement un mois de reprise derrière elle, il ne valait mieux pas donner à Gates des raisons de douter de ses capacités.
Kate redescendit les escaliers et tomba nez à nez avec Rick qui était dans la cuisine. Même si elle n'avait pas fait de bruit, il se retourna à son approche et lui sourit chaleureusement. Kate essaya de faire abstraction du flip-flop de son estomac à la vue de son partenaire en pyjama, les cheveux ébouriffés et elle lui sourit en retour.
« Alexis dort encore ? chuchota Kate afin de ne pas déranger l'adolescente si tel était le cas. — Oui. Durant quelques secondes, il continua de la regarder sans rien dire avant de parler une nouvelle fois. — Je ne sais pas ce qui s'est passé cette nuit, mais merci d'avoir été là pour elle.
— Elle avait besoin de parler. Après ce qui s'est passé... elle a été pas mal secouée. Promets-moi de tout faire pour ne pas la rendre orpheline. » Souffla Kate en le fixant intensément.
Son partenaire n'eut pas le loisir de lui répondre. En effet, Alexis choisit ce moment pour émerger. L'adolescente se redressa suffisamment pour que sa tête dépasse du canapé. Le visage encore à moitié endormi, elle sembla chercher quelque chose. En accrochant son regard, il sembla à Kate que les épaules d'Alexis se relâchèrent. De toute évidence, celle-ci avait dû croire que Kate était partie. Kate sourit et Alexis en fit de même. La jeune fille se redressa complétement en grimaçant. Le canapé avait beau être confortable, le fait est que ce n'était pas le meilleur endroit pour passer la nuit. Particulièrement dans la position dans laquelle elles s'étaient endormies.
Une fois debout, Alexis s'approcha d'eux et se retrouva engouffrée entre les bras de son père à l'instant ou elle se trouva suffisamment proche des deux adultes. Afin de leur laisser un semblant d'intimité, Kate fit le tour de l'îlot central afin de s'occuper du petit-déjeuner. De toute évidence, Rick avait prévu de faire des pancakes.
Bien qu'ils n'aient pas eu le temps de discuter, il était évident que Rick aurait du mal à ne pas demander de plus amples détails sur ce qu'il s'était passé cette nuit. Que ce soit auprès d'elle ou d'Alexis, la curiosité finirait par prendre le dessus sur ses réserves.
Kate n'avait jamais été d'un naturel à parler de ses états d'âme. Même Lanie avait dû insister plus d'une fois pour que la jeune femme consente à livrer le fond de sa pensée. Ce n'était en rien un manque de confiance envers Lanie ni envers quiconque d'autre d'ailleurs. C'était la manière dont elle avait toujours été. La mort brutale de sa mère n'avait fait qu'accentuer sa propension à tout garder pour elle. Elle avait toujours été nettement plus douée pour être une oreille attentive que pour parler d'elle-même. Sans compter que les rares fois où elle avait baissé sa garde, ça n'avait pas forcément tourné à son avantage.
Royce par exemple avait été le premier à être présent pour l'épauler quand le poids de la mort de sa mère et l'alcoolisme de son père étaient trop lourds à porter. Elle était tombée amoureuse de lui, aussi cliché que ça puisse paraître. Elle, toute jeune recrue à peine sortie de l'école de police et lui l'officier formateur plus âgé dont elle buvait les paroles. Pendant un temps, elle avait cru que quelque chose serait possible entre eux en dépit de leur différence d'âge et du fait qu'il était son supérieur. Seulement, il avait décidé de partir sans ne plus jamais donner de nouvelles.
Pareil pour Will. Là encore, Kate avait baissé sa garde en se disant que lui plus que quiconque pouvait comprendre sa douleur. Il travaillait au FBI, il était spécialisé dans les affaires d'enlèvements d'enfants. Elle avait vu en lui une oreille attentive. Un homme bon avec lequel il était possible de construire quelque chose. Ils avaient vécu de bons moments durant leurs six mois de relation, mais ce n'était pas assez fort pour accepter de le suivre à Boston. Toute sa vie était à New York. C'était ici qu'elle voulait se faire un nom et plus que tout, c'était ici qu'elle pourrait résoudre le meurtre de sa mère. Will lui avait dit qu'il était temps qu'elle vive sa vie et qu'elle fasse le deuil de sa mère. Cela avait fait réaliser à Kate que même si d'apparence il lui donnait l'impression de la soutenir dans son désir de trouver justice pour sa mère, cela ne restait que des mots.
Avec le recul, Kate se rendait compte que ce qui l'avait attiré chez Will était un peu la même chose que ce qui l'avait attiré chez Royce. Elles les avaient aimés, mais pour de mauvaises raisons. Elles les avaient utilisés comme béquilles émotionnelles à une époque de sa vie ou elle avait du mal à garder la tête hors de l'eau. Dans le cas de Royce, elle venait de perdre sa mère et son père était alcoolique. Dans le cas de Will, elle commençait à se laisser aspirer par son désir de résoudre l'enquête sur le meurtre de sa mère.
Ces deux histoires majeures lui avaient ensuite fait passer l'envie de se confier avec les hommes qu'elle fréquentait. Une des nombreuses raisons qui expliquait pourquoi aucune d'entre elles n'avait duré très longtemps. Josh était l'exception sur la durée, mais pas sur le reste. Malgré neuf mois de relations, Josh n'avait appris que des bribes d'informations. Des informations dont Kate n'avait pas sciemment cherché à lui faire part, mais dont elle n'avait pas eu le choix après l'affaire Raglan. Josh avait commencé à poser de plus en plus de questions et Kate avait lâché un peu de lest. Juste ce qu'il fallait pour que le chirurgien soit satisfait et aussi il fallait le reconnaître pour détourner ses soupçons quant aux sentiments qu'elle éprouvait pour l'écrivain.
Rick... Le seul homme qui n'avait jamais pris un refus de sa part comme une fatalité. Ce qu'il l'avait agacé prodigieusement au début ! Que cela soit en la lisant comme un livre ouvert après seulement quelques heures passées ensemble. Ou même par son attitude. Il fallait reconnaître qu'à leurs débuts, il n'avait pas grand-chose pour lui pour que Kate l'apprécie. Il était égocentrique, sûr de lui et de son charme et il ne prenait absolument rien au sérieux. Loin de l'auteur qui l'avait accompagné depuis la disparition de sa mère à travers ses écrits. Loin de quelqu'un en qui Kate pouvait avoir confiance. Même si elle savait à présent qu'il y avait bien plus derrière cette façade elle avait regretté plus d'une fois de s'être ouverte auprès de lui. Combien de fois ne s'était-elle pas dit qu'elle faisait une énorme erreur et que tôt ou tard sa faiblesse lui coûterait cher. Au fur à mesure des mois qui passaient pourtant ses craintes s'étaient faites plus rares. À présent, Kate avait confiance en Rick de la même manière qu'elle faisait confiance à sa meilleure amie. Elle ne pouvait pourtant pas nier que son habitude à garder ses pensées pour elle était encore très forte. Raison pour laquelle Kate sentait que la discussion sincère qu'elle avait eue avec Alexis durant la nuit marquait une sorte de tournant. Quand la jeune fille lui avait posé ses questions, Kate aurait pu choisir plus soigneusement ses paroles afin de ne rien dévoiler de personnel. Sans que la jeune femme puisse vraiment se l'expliquer, les mots étaient sortis de sa bouche sans filtres. Kate devait reconnaître que cela lui avait fait du bien. Bien sûr, le chemin serait encore long, mais elle se sentait déjà plus légère de savoir que sa relation avec la jeune fille avançait à nouveau dans la bonne direction.
Burke avait peut-être raison finalement. Parler avec lui s'était faire un pas en avant, mais si elle voulait vraiment construire une relation avec Rick il lui faudrait également être plus ouverte avec l'écrivain sur ses émotions. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
En parlant de l'écrivain, celui-ci revient vers elle afin de la remplacer dans la préparation du petit‑déjeuner, mais Kate lui assura qu'elle pouvait très bien continuer. En dépit du fait qu'elle mangeait plus souvent des repas à emporter que des repas maison, Kate savait cuisiner. Et puis cela lui faisait plaisir. Rick lui apportait du café chaque matin et même dans la journée c'était le plus souvent lui qui allait lui remplir sa tasse. Sans compter les pâtisseries qu'il ramenait de temps en temps en semblant systématiquement savoir quand elle en avait besoin. Enfin, lors d'enquêtes prenantes il était celui qui lui rappelait qu'il fallait qu'elle se nourrisse. Alors préparer des pancakes dans sa cuisine n'était rien en comparaison de tout ce qu'il faisait pour elle au quotidien.
« De quoi as-tu peur, Castle ? Qu'Alexis préfère mes pancakes aux tiens ? Ne put s'empêcher de taquiner Kate en retournant d'une main experte celui qu'elle était en train de cuire.
— Ma chère lieutenante je n'ai aucune raison d'avoir peur. Je suis le chef incontesté des pancakes, lui assura Castle en faisant mine de bomber le torse.
— Quand Kate était chez nous il y a deux ans, rappelle-toi qu'elle nous a préparé un petit-déjeuner qui était à tomber.
— Tu marques un point Pumpkin. Mais quand tu goûteras les pancakes de Kate, n'oublie pas que je suis ton père et que tu me briserais le cœur si tu ne choisissais pas les miens.
Kate, qui était occupée à mettre en forme le pancake suivant, releva la tête en tenant la spatule dirigée vers son partenaire. — On ne triche pas, Castle. Interdiction de jouer sur les sentiments de ta fille pour influencer son jugement.
— Moi, tricher ? Jamais. Je rappelais juste à Alexis où étaient ses intérêts.
— Si tu n'avais pas peur qu'elle préfère mes pancakes, tu n'aurais pas besoin de le faire. »
Kate retourna à sa préparation comme si de rien n'était en laissant un Rick sans voix. Elle entendit Alexis rire et dire à son père qu'il s'était fait avoir en beauté avant qu'elle n'entende ledit père s'approcher de la cafetière qui était juste derrière la gazinière. Quelques instants plus tard, une tasse fumante apparut sur sa droite. Kate releva les yeux pour croiser le regard de son partenaire qui une fois n'est pas coutume la regardait avec intensité. Comme la veille elle se laissa distraire durant quelques instants avant de reprendre ses esprits et de le remercier pour le café. Elle prit le breuvage et but une gorgée afin d'avoir une excuse pour détourner les yeux.
Depuis qu'elle savait exactement ce qu'il ressentait il lui devenait de plus en plus difficile de ne pas voir son amour pour elle dans ses yeux. Raison pour laquelle elle était généralement celle qui détournait les yeux la première. Même si à bien y réfléchir il y avait de fortes chances que l'écrivain ne soit pas dupe. Quand bien même elle détournait les yeux, Kate avait l'impression que ses sentiments pour lui étaient tout aussi visibles. Pas étonnant que tout le monde pense qu'ils étaient ou devraient être ensemble. Kate se demandait même dans quelle mesure Gates avait compris qu'il y avait bien plus qu'un simple partenariat entre eux. Ce qui expliquerait en partie sa réticence à voir Castle travailler au poste. On n'autorisait pas deux collègues partageant une relation d'ordre intime à travailler ensemble. Kate pouvait en comprendre la raison. Il n'était déjà pas aisé de garder son sang‑froid quand un collègue se trouvait en danger, mais cela était encore plus dur quand il y avait des sentiments plus profonds en jeu. Rien que la veille Kate avait puisé au plus profond d'elle-même pour rester maîtresse de ses émotions.
Quand les pancakes furent prêts, Rick les distribua sur trois assiettes avant de placer le reste au four pour les garder tièdes dans le cas ou Martha descendrait les rejoindre. Kate fit le tour du comptoir et prit place à la droite de son partenaire. Elle n'avait pas prêté attention au moindre des gestes de l'écrivain, mais il n'était pas resté inactif pendant qu'elle s'occupait de la cuisson. Il avait sorti des fruits, plusieurs sirops ainsi qu'une bombe de crème fouettée. Kate prit le sirop d'érable et s'en versa sur le plat avant d'y ajouter des framboises. Durant plusieurs minutes, seul le bruit des couverts rompit le silence. Chacun d'eux était absorbé dans son plat. Kate ne pouvait nier qu'il était agréable de prendre le temps de manger correctement un petit-déjeuner. La plupart du temps, elle se contentait de prendre un fruit ou une barre de céréale avant de foncer au poste.
Lorsqu'ils eurent tous les trois vidé leurs assiettes, père et fille se tournèrent vers elle dans un même mouvement. Kate ne réussit pas à lire leur regard et durant un court instant elle douta du fait qu'ils aient apprécié. Jusqu'au moment où leurs deux visages se fendirent d'un énorme sourire.
« C'était délicieux Kate. Aussi bon que ceux de papa.
— Ça me peine de l'admettre Kate, mais Alexis a raison. Je savais qu'en dépit de la montagne de plats à emporter que contient ton frigo, tu devrais voir ça Alexis je ne sais pas comment cette femme fait pour rester en forme avec ce qu'elle mange, tu savais très bien cuisiner et tu nous la prouvé une nouvelle fois.
— Hey ! Mes habitudes alimentaires ne sont pas pires que les tiennes. On en parle de ta manie de tremper tes frites dans ton milk-shake ?
— Et encore Kate. Tu n'as pas eu l'infortune de goûter à sa Guimauv'lette.
— Guimauv'lette ? Est-ce que j'ai vraiment envie de savoir à quoi ça correspond ?
— C'est un chef-d'œuvre culinaire fait de guimauve, de chocolat et d'omelette, mais ma fille ne sait pas ce qui est bon, voilà tout. »
Rick fit la moue. Derrière lui, Alexis fit une grimace de dégoût au profit de Kate qui n'arriva pas à garder son calme bien longtemps et se mit à rire, rejointe par la cadette Castle.
Son partenaire regarda tour à tour sa fille puis Kate avant de se le lever de son tabouret de bar et de prendre Alexis par surprise en la soulevant de terre. Loin de la calmer, cela ne fit que renforcer le rire de la jeune fille alors que son partenaire la faisait tourner avant de la reposer par terre et de se mettre à la chatouiller. Kate les observait, totalement sous le charme par la scène qui se jouait devant ses yeux.
Rick finit par relâcher sa fille et par marcher dans sa direction avec un regard qui alerta immédiatement la jeune femme. Les réflexes prenant le dessus, Kate réussit à se lever de sa place et à faire un pas en arrière à la seconde ou son partenaire essaya de l'attraper. D'un regard elle déconseilla Rick de continuer sur sa lancée, mais son partenaire se contenta d'agrandir son sourire avant de poursuivre sa progression vers elle. Bien vite, ils se retrouvèrent à se pourchasser comme deux gamins dans l'espace de vie du loft. Tout en restant attentive à la position de son partenaire, Kate laissa ses yeux dériver sur Alexis qui les regardait sans cacher son amusement. Elles échangèrent un regard qui coûta très cher à Kate. Profitant du fait qu'elle ait baissé la garde, l'écrivain combla l'espace entre eux en trois grandes enjambées. Kate se retrouva soulevée du sol et laissa échapper une exclamation de surprise.
« Je t'ai eu. » Lui souffla Rick.
Un frisson lui parcourut le corps et Kate espéra que son partenaire ne se rendrait pas compte de l'effet qu'il avait présentement sur elle. Profitant de son absence de réaction, Rick se mit à la chatouiller et Kate se retrouva à se tortillonner entre ses bras en riant aux éclats. Elle essaya de lui dire d'arrêter, mais les manœuvres de l'écrivain l'empêchaient d'articuler correctement. Au troisième assaut cependant son partenaire s'arrêta en plein mouvement quand Kate se crispa. Bien que la cicatrice eût plusieurs mois, cette zone restait sensible. La sensibilité qu'elle avait éprouvée au réveil avait pratiquement disparu pendant le repas, mais les mouvements brusques dus aux chatouillements avaient à nouveau réveillé la douleur. D'où sa crispation. Prise dans leur jeu elle en avait complétement oublié la fragilité de ses muscles.
Rick la reposa immédiatement au sol et retira ses mains. Il replaça ensuite son t-shirt tout en s'excusant à plusieurs reprises. Le tout sans oser la regarder dans les yeux. Elle ne s'en était pas rendu compte, mais à force de gesticuler le t-shirt qu'elle portait était remonté et l'une des mains de son partenaire avait atterri au niveau de son flanc, en plein sur la cicatrice chirurgicale. Ce n'était certainement pas ainsi qu'elle avait imaginé sentir ses mains pour la première fois sur l'une de ses cicatrices, mais son partenaire n'avait aucune raison de s'excuser. Il n'avait pas voulu lui faire de mal.
« Inutile de t'excuser.
— Si. Kate, j'ai... je n'ai pas pensé une seule seconde à ta blessure alors que j'aurais dû. Kate fit refluer ses craintes et prit la main de l'écrivain entre les siennes pour lui faire relever les yeux.
— Tu n'as rien fait de mal Rick. Je t'assure. La cicatrice est encore sensible et a tendance à me tirer quand j'applique trop de pression sur le haut de mon corps, mais ce n'est pas ta faute d'accord. C'est moi qui aurais dû y penser. Lui assura Kate.
— J'aurais aussi dû y penser. S'obstina Castle.
— Rick stop. Tu n'as rien fait de mal. Répéta Kate. — Ça va déjà mieux. Inutile de t'en vouloir pour rien. »
Afin de mettre court à la conversation Kate l'entraîna avec elle en tenant toujours sa main pour rejoindre Alexis qui les regardait à présent avec curiosité. Quelques instants plus tard, Martha descendit les escaliers en leur demandant pour quelles raisons ils faisaient autant de raffut.
« Pardon de t'avoir réveillé mère.
— Ce n'est rien Richard. Je suis heureuse de voir autant de bonnes humeurs. »
Le regard de l'actrice s'attarda sur les deux partenaires et Kate se rendit compte qu'elle tenait encore la main de Rick. La jeune femme détourna les yeux du regard inquisiteur de Martha et relâcha la main de son partenaire en ayant l'impression d'avoir été prise sur le fait.
Une heure plus tard, Kate était prête à rentrer chez elle. Elle voyait bien que son partenaire n'avait pas plus envie de la voir rentrer chez elle que la veille au soir. Tout comme elle. Seulement, il aurait été difficile de justifier sa présence plus longtemps. La jeune femme salua chaleureusement Martha en la remerciant encore une fois de son invitation la veille même si celle-ci balaya ses remerciements d'un geste avant de l'embrasser. Alexis prit ensuite sa place.
« J'espère qu'on pourra refaire ça à l'occasion. Lui dit Alexis, un sourire timide aux lèvres.
Prise au dépourvu, Kate mit quelques secondes avant de lui répondre.
— Moi aussi Alexis. »
La jeune femme prit ensuite l'adolescente dans ses bras et murmura un merci au creux de son oreille. Sans le savoir, Alexis lui avait permis de faire tomber quelques pierres supplémentaires de son mur.
Castle l'accompagna jusqu'à la porte et l'aida à mettre son manteau. Il garda ses mains quelques instants sur ses épaules avant de faire retomber ses bras, permettant à Kate de se retourner pour lui faire face. Elle voyait très bien qu'il luttait pour ne rien faire ou dire qui puisse bousculer le statu quo de leur relation. Encore une fois, il faisait preuve d'une patience infinie à son égard. Cela ne fit qu'accentuer un peu plus la culpabilité qu'elle ressentait.
« Merci pour tout Castle. J'ai passé une excellente soirée. Sans compter le petit-déjeuner.
— C'est plutôt moi qui devrais te remercier. Il hésita un très court instant avant de poursuivre — Et Alexis a raison. Ce serait très agréable de le refaire. Sans l'aspect prise d'otage et explosion bien sûr.
— Avec plaisir. » Kate accompagna ses mots en déposant un baiser sur sa joue.
Elle laissa le contact perdurer un peu plus longtemps que nécessaire avant de s'écarter de son partenaire. Ce n'était pas suffisant pour exprimer tout ce qu'il représentait pour elle, mais au vu de la manière dont il la regardait, il était heureux de son initiative. Kate sortit ensuite dans le couloir sans briser le contact visuel en espérant que son partenaire puisse y lire ce qu'elle ne disait pas. « Merci pour ta patience. » « Je veux la même chose que toi. » « Bientôt, je te le promets. »
