DISCLAIMER : Tous les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowling.
Rating : M+
Genre : romance / slash / Yaoi
Hello tout le monde !
Voici l'avant-dernier chapitre de cette histoire.
Bonne lecture !
Chapitre 5
28 février 2009 – Warwick Street, Londres
Cela faisait deux semaines que Harry était parti. Cent fois au moins, Draco avait songé à l'appeler, et cent fois il avait renoncé. De toute façon, c'était mieux comme ça. Il ne pouvait pas y avoir d'histoire entre eux. Harry était trop naïf et trop idéaliste pour le comprendre, c'est pourquoi Draco avait agi à sa place. Il avait tué dans l'œuf une des plus belles choses qui aurait pu lui arriver, uniquement pour protéger Harry, pour le prémunir de la vindicte du monde sorcier.
Et aussi à cause de ce qui était tatoué sur son bras gauche. Draco ne parvenait pas à oublier le dégoût qu'il avait lu dans les yeux de Harry quand celui-ci avait touché sa marque.
Draco soupira en grimpant les marches vers les bureaux de Heaven.
- Salut Drake, dit la réceptionniste avec un grand sourire.
- Salut Tammy. Ça va ?
- Merveilleusement bien !
- Hum, sourit Draco. J'en déduis que ton rencard s'est bien passé ?
- On s'est déjà revu quatre fois ! Et ce soir, il m'emmène à Brighton pour le week-end.
- Veinarde ! Quand il te demandera en mariage, rappelle-toi que c'est moi qui l'ai choisi sur Match® !
Tammy gloussa en rougissant.
- Tu es venu déposer tes notes de frais ? demanda-t-elle en avisant l'enveloppe qu'il tenait à la main.
- Oui. Les voilà.
- Je vais les transmettre à Ian directement. Le connaissant, tu seras remboursé demain. Tu es son chouchou.
Draco leva les yeux au ciel mais ne démentit pas. Ian Parsons, le comptable, avait effectivement un faible pour lui.
- Ah Drake, dit une voix dans son dos. Tu tombes bien, j'allais t'appeler.
- Bonjour Monica. Un problème ?
- Pas du tout. Juste un changement de plans pour ce soir.
- Un changement de plans ?
- Suis-moi, je vais t'expliquer.
Draco suivit Monica dans son bureau. Elle s'installa dans son grand fauteuil en cuir et lui sourit largement.
- Un nouveau client a appelé. Il t'a réservé pour les quinze prochains jours, à partir de ce soir.
- Quoi ?
- Je n'étais pas très emballée mais… vois-tu, il avait des arguments certains, dit-elle en frottant son pouce et son index.
- Mais… qui est-ce ?
- Je te l'ai dit. Un nouveau client. Il a entendu parler de toi et…
- Une minute. Le règlement de la boîte, c'est maximum 48 heures avec un nouveau client. Et là, tu vas me jeter en pâture pour quinze jours chez un type dont je ne sais strictement rien ?
- Drake, calme-toi. Tout ira bien…
- Tu n'en sais foutre rien ! s'emporta Draco.
Monica soupira.
- Drake… depuis le fiasco avec Rufus Colby, ta cote de popularité et ta réputation sont en chute libre. C'est très mauvais pour l'agence. Alors quand un client providentiel te réclame pour quinze jours en doublant ton tarif habituel, je n'ai pas pu refuser, tu comprends ?
- Moi je refuse !
- Tu es mignon quand tu montres les dents, Drake, sourit Monica. Mais tu oublies une chose. Tu n'as pas le choix. C'est indiqué en toutes lettres dans ton contrat. Et si tu ne le respectes pas, tu sais ce qui va arriver. Tu pourras revendre ton splendide appartement à Chelsea et retourner de là d'où tu viens. C'est-à-dire, nulle part.
Draco fixa Monica d'un regard dur. Cette dernière lui tendit une feuille de papier.
-Tous les détails sont indiqués. Une limousine viendra te prendre à 19H30.
Draco lui arracha pratiquement le papier des mains et tourna les talons.
-A dans quinze jours, Drake, chantonna Monica.
Pour seule réponse, Draco claqua la porte du bureau.
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The Claridge, Mayfair, Londres
Aussitôt que la limousine s'arrêta devant le Claridge, un homme en livrée avec un haut-de-forme s'empressa d'ouvrir la portière.
-Soyez le bienvenu au Claridge, Monsieur, dit-il en s'inclinant légèrement tandis que Draco sortait de la voiture.
Il ne répondit pas, se contentant d'un petit sourire froid. Il avait l'habitude de ces marques de déférence qui avaient rythmé toute son enfance et son adolescence, à une époque où sa famille inspirait le respect et la crainte car elle était la plus riche et la plus puissante du monde sorcier anglais.
Le pouvoir des apparences. Ce n'était rien d'autre que cela. Derrière les murs du manoir, derrière les capes, les robes luxueuses et les cannes à pommeaux d'argent, personne ne pouvait deviner que le redoutable Lucius Malefoy s'inclinait plus bas que terre aux pieds d'un sang-mêlé et pissait dans son froc à l'idée de lui déplaire.
C'était la même chose ce soir. Le brave portier ne voyait que la limousine, le smoking haut-de-gamme, les souliers brillants, et l'attitude condescendante. Il ne se doutait nullement qu'il avait devant lui rien d'autre qu'un prostitué.
Draco releva le menton et foula l'épais tapis rouge foncé qui recouvrait les marches de l'hôtel. Il traversa le hall tout en marbre et se dirigea d'un pas assuré vers le restaurant.
- Bonsoir, Monsieur, dit un maître d'hôtel à l'entrée. Avez-vous une réservation ?
- Oui. Au nom de James Evans.
- Parfait, Monsieur. Suivez-moi. Monsieur Evans est déjà là.
Draco consulta discrètement sa montre et esquissa un sourire moqueur. A n'en pas douter, son client était nerveux. Tous les clients nerveux arrivaient en avance.
Le maître d'hôtel guida Draco entre les tables de l'immense salle art déco jusqu'à s'arrêter près d'une table agréablement placée près de la cheminée en marbre. Un homme y était installé, le nez plongé dans le menu.
-Voici, Monsieur, dit le maître d'hôtel.
Draco s'apprêtait à prendre place quand son client daigna abaisser la carte.
-Bonsoir Draco, dit-il simplement.
Draco écarquilla les yeux. A la table, se trouvait nul autre que Harry Potter.
- Un problème, Monsieur ? s'inquiéta le maître d'hôtel voyant que Draco restait figé.
- Aucun, répondit Harry à sa place. N'est-ce pas Draco ?
- Aucun, confirma Draco en s'asseyant finalement.
Le maître d'hôtel déposa une carte recouverte de cuir bleu foncé et estampillée au nom de l'établissement.
- Monsieur prendra-t-il du champagne ? demanda-t-il en s'emparant d'une bouteille posée dans un seau à glace.
- J'ai pris la liberté de commander une bouteille avant que tu n'arrives, intervint Harry. Mais si tu veux autre chose,…
- Non. Du champagne, c'est parfait.
Le maître d'hôtel remplit la flûte de Draco et compléta celle de Harry qui était entamée à moitié.
-Je reviendrai dans quelques minutes prendre vos commandes, Messieurs, dit-il avant de s'éloigner.
Draco reposa brutalement son menu sur la table.
- Qu'est-ce ça veut dire ? demanda-t-il d'un ton froid. Qui est James Evans ?
- James est mon deuxième prénom. Evans, le nom de famille de ma mère.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Ne joue pas au con ! A quoi rime cette mascarade ?
- Ce n'est pas une mascarade. J'ai contacté Monica personnellement et je lui ai fait une offre pour… profiter de ta compagnie durant quinze jours.
- Pourquoi as-tu fait ça ?
- Parce que j'en avais les moyens. Et parce que j'en avais envie.
Draco grogna quelque chose d'incompréhensible.
- A vrai dire, c'est toi qui m'en as donné l'idée, continua Harry d'un ton léger.
- Ah vraiment ?
- Oui. Avant que je ne parte de chez toi, tu as dit « je suis payé pour ne rien leur refuser ». Je me suis dit que si je devenais l'un de tes clients, tu ne pourrais rien me refuser non plus.
- Tout ça parce que j'ai refusé de coucher avec toi ? ricana Draco. Bon sang, tu as de l'argent à perdre ! Tu aurais pu te contenter d'une soirée. Pourquoi quinze jours ?
- J'ai mes raisons.
- Quelles sont-elles ?
- Tu le découvriras bien assez tôt.
Disant cela, Harry leva son verre de champagne en souriant largement.
-A cette charmante soirée, dit-il. Et aux quatorze autres qui suivront.
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Le dîner se déroula dans une ambiance tendue, à tout le moins pour Draco car Harry, lui, semblait parfaitement à l'aise et enjoué. Il discutait, plaisantait, sans se formaliser des réponses monosyllabiques bien souvent apportées par son invité.
Si Draco était peu loquace, c'était aussi parce qu'il réfléchissait. Il aurait pu prétendre se rendre aux toilettes et s'éclipser discrètement, prendre un taxi et rentrer chez lui. Mais son portefeuille se trouvait dans sa valise et la valise était dans la limousine. Il aurait aussi pu jeter un sort de confusion à Potter. Le problème, c'est que sa baguette se trouvait aussi dans cette putain de valise. Fichtre.
- Je sais à quoi tu penses, dit Harry calmement. Tu cherches tous les moyens possibles pour te carapater en douce. Ou bien pour me jeter un sort. Dans tous les cas, ça ne marchera pas.
- Tu m'emmerdes, Potter.
- Toi aussi. C'est ce que nous faisons de mieux depuis qu'on a onze ans.
Pour le coup, Draco ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en coin.
- Alors ? dit-il. Quel est le programme ? Tu as réservé une chambre ? Il paraît que la suite Prince Alexandre est exceptionnelle. J'ai…
- Désolé, non, dit Harry. Je t'emmène chez moi.
- Chez toi ? Au Square Grimmaurd ?
- Précisément.
Draco fit une moue désappointée.
- Quand je passe plus de 48 heures avec un client, il m'emmène en général dans des endroits de villégiature. La mer, la montagne, une capitale européenne… mais pas chez lui.
- Oh mais je compte t'emmener dans différents endroits, répliqua Harry en souriant. Mais pas ce soir.
- Franchement, je ne sais pas à quoi tu joues, Potter.
- Je ne joue pas, Malefoy. Je ne joue pas du tout.
Le ton était tellement sérieux que Draco fronça les sourcils. Il n'eut cependant pas l'occasion de s'appesantir car Harry venait d'appeler le serveur pour régler l'addition.
Quelques minutes plus, ils étaient à bord de la limousine en chemin pour le Square Grimmaurd.
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Square Grimmaurd
-Allons bon ! maugréa Madame Black dans son tableau. En voilà une heure pour rentrer ! Et accompagné en plus !
Harry souffla en levant les yeux au ciel.
- Ma ruse n'a pas fonctionné très longtemps, on dirait, s'enquit Draco.
- Oh si, un bon mois quand même. Malheureusement, elle a fini par comprendre que toi, pas plus que les autres, tu ne pourrais détacher son cadre du mur.
- Hum. J'ai peut-être une idée.
Il s'avança dans le couloir.
-Bonsoir, Tante Walburga.
Madame Black le regarda avec hauteur.
- Ah, te revoilà. Tu t'es enfin décidé à reprendre ce qui t'appartient et à jeter ce malpropre à la rue ?
- Hm, ça se pourrait. La maison a du potentiel pour ce que je voudrais en faire.
- Ce que tu voudrais en faire ? C'est-à-dire ?
- Un bordel. Une maison close, si vous préférez.
- Quoi ? glapit Madame Black.
- Oh, vous ne le saviez pas ? C'est comme ça que je gagne ma vie. Je couche avec des hommes pour de l'argent. Cet endroit ferait un bordel idéal.
- C'est une honte ! Tu jettes l'opprobre sur ta famille ! Par Salazar, tu vas tuer ta pauvre mère ! Je lui avais dit pourtant de ne pas s'accoquiner avec les Malefoy ! Oh ça, je lui ai répété ! Ils sont peut-être riches, ma fille, mais ils ont cette tare… le mal français ! Il suffisait de voir ton arrière-grand-mère Jézabel couver ses fils comme un dragon couve son œuf ! Je lui ai dit qu'elle ferait un meilleur mariage avec la famille Lestrange, mais elle n'a pas écouté ! Et voilà ! Voilà que le sang de notre noble famille a été perverti ! C'est une honte ! Un scandale ! Je…
- Je ne veux pas entendre un mot de plus, dit Draco froidement.
- Oh, parce que tu crois pouvoir me donner des ordres ? ricana Madame Black. Tu crois pouvoir encore me menacer d'ôter mon tableau ?
- Je peux faire mieux que cela.
Draco retira de sa poche un petit canif argenté dont il fit jaillir la lame. Minutieusement, il découpa la toile le long du cadre. Puis il prit un briquet et l'approcha. Aussitôt, le coin de la toile se racornit. Pendant toute l'opération, Madame Black le regarda, choquée, une main posée sur son opulente poitrine.
Draco lui fit un sourire mauvais.
-Le problème des sang-pur, dit-il, c'est que vous pensez que tout se fait et se défait avec la magie. C'est vrai que je ne peux décrocher le cadre du mur en raison du maléfice de glu perpétuelle dont il fait l'objet. Mais rien ne m'empêche de découper la toile avec un couteau moldu, et y mettre le feu avec un briquet moldu. Ce serait le comble, n'est-ce-pas ma Tante ? D'être réduite en poussière par des instruments moldus ?
- Tu n'oserais pas ! Tu… tu…
- Vraiment ?
Lentement, Draco approcha à nouveau la flamme du briquet. Madame Black hurla à faire trembler les murs puis disparut.
- Wahou, dit Harry. Là, je crois que je vais avoir la paix pour un bon moment ! Par contre, je ne sais pas si c'était très prudent de lui parler de ton… métier. Elle va aller colporter ça aux autres tableaux…
- Le seul autre tableau de Walburga Black se trouve dans la galerie des portraits au Manoir. Entre mon arrière-grand-mère Jézabel Malefoy et ma grand-tante Asmodée Malefoy. Elles se détestent. Jamais mes ancêtres Malefoy ne donneront crédit à ce qu'elle raconte.
Harry haussa les épaules.
-Bien. Puisque ce problème est résolu, suis-moi. Je vais te montrer ta chambre.
Draco suivit Harry à l'étage, dans une chambre entièrement décorée de vert.
-C'est l'ancienne chambre de Regulus Black, expliqua Harry. Un serpentard convaincu. Je l'ai entièrement remise en état mais je n'ai pas changé la décoration. Je me suis dit que ça te plairait.
Et de fait, ça plaisait à Draco. Il sourit en voyant la bannière de l'équipe de Quidditch de Serpentard accrochée au mur, à côté d'articles de presse encadrés relatant les exploits de joueurs célèbres et anciens serpentard. Il y avait aussi une photo de classe en noir et blanc où Draco put reconnaître le Professeur Slughorn. Cette chambre n'était pas très différente de sa chambre d'adolescent au Manoir et il se sentit plutôt nostalgique.
Il se ressaisit cependant en se rappelant de la raison pour laquelle il était ici. Avec une nonchalance étudiée, il ôta sa veste de smoking et la jeta sur la banquette en velours au pied du lit. Il défit son nœud papillon et commença à déboutonner sa chemise.
- Alors voilà ton fantasme, Potter, dit-il avec un sourire séducteur. T'envoyer en l'air avec un Serpentard. J'avoue que je m'attendais à tout sauf à ça. Si j'avais su, j'aurais amené mon ancien uniforme d'école… mais peut-être que tu comptes mettre le tien ?
Disant cela, il s'approcha tout près de Harry et entreprit de défaire également son nœud papillon, tout en se penchant pour l'embrasser. Mais Harry se recula et lui attrapa les poignets.
- Non, Draco. Pas comme ça.
- Oh ? Comment alors ? Dis-moi. Tes désirs sont des ordres.
- Je ne compte pas coucher avec toi.
Draco haussa un sourcil.
- Quoi ?
- Je ne coucherai pas avec toi ce soir.
- Quand alors ?
- Seulement quand toi, tu en auras vraiment envie. Et pas parce que je t'aurai payé pour le faire.
Draco se recula brusquement, comme électrocuté.
- Tu te fous de ma gueule ? éructa-t-il.
- Non, justement.
- Mais j'en ai envie !
- C'est faux et tu le sais.
- Ah ouais ? Et ça, c'est quoi ? dit Draco en agrippant la main de Harry et en la plaquant sans ménagement sur son entrejambe.
- Je t'ai vu prendre un comprimé avant qu'on ne quitte le restaurant.
Draco lâcha la main de Harry en jurant.
- Merde, tu ne vas pas me laisser comme ça !
- Tu sauras très bien t'en occuper tout seul.
- Quoi ? C'est tout ce que tu trouves à dire ?
- Du moment que tu poses un sort de silence, tu peux bien faire ce que tu veux.
Sur ces mots, Harry tourna les talons.
-Bonne nuit, Draco.
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Evidemment, Draco ne posa aucun sort de silence. Que du contraire. On aurait dit qu'il avait utilisé un sort d'amplification. Il fallait bien que Harry paye d'une manière ou d'une autre.
Harry maudit Draco sur cinquante générations. Il prit sa baguette pour poser lui-même le sort de silence puis se ravisa. Il ferma les yeux et soupira en le maudissant de plus belle, puis finit par glisser sa main sous l'élastique de son pyjama.
-Bordel, Malefoy, tu m'emmerdes.
Draco n'allait certainement pas lui faciliter la vie.
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1er mars 2009
Draco se réveilla étonnement bien reposé. Il faut dire que la literie était délicieusement confortable. Il s'étira paresseusement en repensant à sa petite performance de le veille. Il ne savait pas ce que Potter en avait pensé mais il était certain de l'avoir empêché de dormir.
Potter ne perdait rien pour attendre, et il n'avait pas fini de payer pour la cuisante humiliation qu'il lui avait faite subir. En y repensant, sa bonne humeur fut refroidie. Si seulement Potter ne l'avait pas vu prendre ce comprimé… Quel idiot il avait été. Il n'avait pas menti quand il lui avait dit qu'il en avait vraiment envie. Mais il avait tout de même préféré prendre un comprimé… au cas où. Depuis l'épisode Rufus Colby et son incapacité à le satisfaire, il angoissait, particulièrement avec les nouveaux clients quand il ne savait pas à l'avance s'il serait actif ou passif. Or, il n'avait aucune idée des préférences de Potter et il était hors de question de ne pas assurer avec lui. Entre eux, tout avait toujours été une compétition. Les cours, le Quidditch, la popularité… Et cette fois, Draco n'allait pas céder de terrain. Il devait être le meilleur.
Il soupira en s'extirpant du lit. Non, Potter ne perdait rien pour attendre. Draco allait lui faire regretter de l'avoir repoussé.
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Harry ne savait pas ce que Draco préférait au petit-déjeuner. Bon sang, ils avaient partagé le même réfectoire pendant six ans, dont une année au cours de laquelle Harry avait observé tous ses faits et gestes, et pourtant, il ne se rappelait pas de ce qu'il mangeait le matin. En désespoir de cause, il prépara de tout : du thé, du café, des pancakes, des œufs, du bacon et des fruits frais.
Il regarda l'horloge. Neuf heures trente. Donc Malefoy était un dormeur. A moins qu'il n'attende d'être servi dans sa chambre ? C'était encore bien son genre. Ou bien il avait fait un malaise. Ou bien il était mort.
Harry se mordit la joue, hésitant à monter. Puis il se décida.
Arrivé sur le palier, face à la porte de la chambre de Draco, il tendit l'oreille. Pas un bruit. Il allait se décider à frapper quand il entendit une porte s'ouvrir plus loin. La salle de bain.
Malefoy en sortit en se séchant la tête avec une serviette.
-Bonjour, Potter.
Harry avait la gorge coincée et il sentit ses joues devenir cramoisies. Draco était nu comme au jour de sa naissance et cela ne semblait pas le gêner le moins du monde.
- Ça va ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
- Je… petit-déjeuner… cuisine… en bas.
Draco le regarda comme s'il était demeuré, ce qui devait manifestement être le cas vu qu'il n'était plus capable de former une phrase complète.
-Ok, dit-il. J'arrive.
Harry hocha la tête et décampa comme s'il avait une meute d'inferi à ses trousses.
De retour dans la cuisine, il prit une grande inspiration. Bon sang, qu'est-ce qu'il lui prenait ? Ce n'était pas le premier homme nu qu'il voyait, même si l'homme en question avec le corps d'un dieu grec.
Non, mais c'est le premier qui est intégralement épilé. In-té-gra-le-ment. Pas un poil. Ni sur le torse, ni sous les aisselles, ni sur les jambes, ni… ailleurs.
-Putain de bordel de merde, jura-t-il en se servant un verre de jus d'orange. C'est quoi ton problème, Potter ?
Le problème était que ça l'intriguait fortement. Etait-ce une obligation dans la… profession de Draco ? Ou bien le souhait d'un client en particulier ? Ou peut-être était-ce un choix personnel ? Harry essaya d'imaginer la sensation que cela procurait. Lui-même était plutôt poilu et sa dernière relation aussi. Certains hommes qu'il avait fréquenté étaient relativement imberbes, un autre s'épilait le torse. Mais l'entrejambe ? C'était assez déroutant et excitant à la fois. Est-ce qu'il aimerait toucher une peau parfaitement lisse à cet endroit-là ?
-Ça suffit ! s'admonesta-t-il en s'asseyant devant son assiette.
Par habitude, il se servit une tranche de pain, une tranche de jambon et un œuf dur qu'il écala rapidement. Quand ce fut fait, il resta à contempler l'œuf nu dans sa main. Délicatement, il passa le doigt sur la surface lisse, ferme mais douce et encore un peu tiède de la cuisson. Ressentirait-il la même chose en touchant…
-Qu'est-ce que tu fais ?
Harry sursauta tellement fort qu'il referma la main sur l'œuf, l'écrabouillant complètement. Malefoy se trouvait dans l'encadrement de la porte, habillé d'un simple jeans et d'un pull à col roulé.
-Bordel, Malefoy ! Tu m'as fait peur ! râla-t-il en se levant pour jeter l'œuf écrasé et se laver les mains.
Malefoy haussa les épaules.
- Tu avais l'air bizarre. Tu étais en train caresser ton œuf comme si c'était…
- Tu dis n'importe quoi. J'étais en train de l'écaler.
- Hm.
- Je ne sais pas ce que tu aimes le matin, alors j'ai préparé un peu de tout.
- C'est parfait, merci.
Draco se servit d'une tranche de pain, de confiture et de café.
- Tu as bien dormi ? demanda Harry en évitant désormais les œufs, pour se contenter de pain et de jambon.
- Merveilleusement bien. Et toi ?
- Très bien.
- Oh. Je craignais de t'avoir réveillé.
- Ah bon ? Non, pas du tout.
Draco fit un sourire en coin, indiquant qu'il n'en croyait pas un mot.
- Alors ? Quel est le programme aujourd'hui ? demanda-t-il en buvant une gorgée de café.
- C'est l'anniversaire de Ron.
Draco faillit s'étouffer avec son café.
- Quoi ? croassa-t-il. On va passer la journée avec… Weasley ?
- Non, rassure-toi. Hermione et lui partent à York pour le weekend. Ils vont juste venir déposer Rose, ma filleule.
- Tu… tu es en train de me dire qu'on va se coltiner un mouflet pendant tout le weekend ?
- Seulement jusque 18 heures. Après, je la ramène chez Madame Weasley.
- Tu sais que tu me payes, Potter. Un bon paquet de fric, en plus.
- Oui, oui. Je sais très bien combien tu me coûtes, ne t'inquiète pas.
- Alors, tu es vraiment certain de vouloir gaspiller ton argent comme ça ?
Harry sourit par-dessus sa tasse.
-Certain, dit-il.
Draco soupira comme un condamné à mort. Cette journée allait être interminable.
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-T'es qui ?
Etre observé par une gamine de cinq ans comme un botruc en dessous d'une loupe était une expérience déplaisante.
Rose Weasley avait hérité de la tignasse broussailleuse de sa mère, en plus roux. Elle avait les yeux bleus comme son père mais sa petite moue de miss-je-sais-tout lui venait définitivement du côté maternel.
Draco avait catégoriquement refusé de voir les amis de Potter, si bien qu'il était resté dans sa chambre durant toute leur visite, qui fut brève heureusement. Il ne pouvait cependant pas y rester toute la journée, et il fut bien obligé de descendre pour le repas de midi.
- T'es qui ? répéta la petite inquisitrice.
- Draco Malefoy, répondit l'intéressé.
- Tu es un ami de mon parrain ?
- Non.
- Tu es son amoureux alors ?
- Non ! s'écria Draco plus vivement qu'il ne l'aurait voulu.
- Rosie, dit Harry en posant un plat de spaghetti à la bolognaise sur la table. Qu'est-ce-que je t'ai dit ?
La petite fille baissa la tête.
- Je ne dois pas questionner les gens sans arrêt.
- Telle mère, telle fille, marmonna Draco.
Réflexion qui lui valut un regard réprobateur de Harry.
- Tu as une drôle de couleur de cheveux, dit-elle encore.
- J'ai les cheveux blonds.
- Ma meilleure amie Lisa, elle a les cheveux blonds et ils ne sont pas comme ça.
- Draco a les cheveux blonds très clairs, expliqua Harry.
- Tu as une drôle de couleur de zieux.
- D'yeux, corrigea Harry.
- Ils sont gris, dit Draco.
- Ça n'existe pas, les yeux gris.
- La preuve que si.
- Mais…
- Ça suffit, Rosie, dit Harry en lui servant des pâtes et les coupant en petits bouts pour qu'elle puisse les manger proprement.
Draco se servit à son tour et commença à enrouler ses spaghettis à l'aide d'une fourchette et d'une cuillère.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Rose.
- Je mange, soupira Draco.
- Pourquoi tu manges comme ça ?
- Parce que c'est comme ça qu'on mange des spaghettis quand on est bien élevé, petite ignorante !
- Draco, elle a cinq ans.
- Parce que tu crois qu'à cinq ans, je ne savais pas me servir de deux couverts pour manger mes pâtes ?
- Je ne pense qu'on servait des spaghettis bolognaise au Manoir, observa Harry tranquillement. Trop moldu au goût de ton père, à mon avis.
Piqué au vif, Draco continua à manger en silence, tandis que Harry discutait avec la petite fille. Il répondait patiemment à ses mille et une questions et il semblait s'intéresser sincèrement à ses aventures palpitantes avec Lisa, Cindy et Mindy – une peste qui n'arrêtait pas de l'embêter, Simon et Michael. Cette gamine semblait incapable de se taire plus de deux minutes.
-Et toi ? dit Rose en s'intéressant de nouveau à Draco. Tu étais à Poudlard avec Papa, Maman et Parrain ?
Qu'avait-il fait à Merlin pour subir une pareille torture ?
- Oui, répondit-il sommairement en espérant la décourager.
- Tu étais ami avec eux ?
- Non.
- Pourquoi ?
Parce que ta mère était une insupportable miss-je-sais-tout, ton père un idiot fini et ton parrain…
- Parce que j'avais des préjugés sur lui, dit Harry à sa place. Et lui sur moi.
Draco le regarda avec étonnement.
- C'est quoi des préjugés ? demanda Rose.
- C'est avoir une opinion sur quelqu'un sans le connaître, juste parce qu'on raconte des choses sur lui… ou parce qu'il n'est pas comme nous.
- Et maintenant ? C'est fini ?
- Disons que j'ai appris à connaître Draco et que je me rends compte que je me suis trompé sur lui.
- Alors tu aurais pu être ami avec lui ?
- Peut-être pas à l'époque, mais maintenant oui. Et c'est ce qui compte.
Disant cela, Harry n'avait pas quitté Draco des yeux. Rose, elle, semblait réfléchir à la question. Heureusement, elle laissa tomber le sujet.
-Parrain dit que tu fais des super gâteaux. Tu me fais un gâteau ? Hein, dis ?
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C'était décidément une situation étrange. Draco avait été payé pour faire beaucoup de choses, mais jamais pour confectionner un gâteau avec deux improbables assistants, qui se tenaient près de la table, tout sourire, revêtus de tabliers liberty.
- Hum… j'ai besoin d'ingrédients, dit Draco. Et d'ustensiles.
- Lesquels ? demanda Harry.
Préférant faire simple, Draco lui dicta sa liste d'ingrédients pour un marbré au chocolat. Harry les sortit au fur et à mesure du frigo et des placards et posa le tout sur la table. Même chose pour les ustensiles. Draco les examina d'un air appréciateur.
- Je ne te savais pas si bien équipé, observa-t-il. Tu cuisines beaucoup ?
- Pas tant que ça. Mais quand je le fais, j'aime bien avoir du bon matériel.
- Bon. Eh bien, allons-y.
Draco laissa Rose peser les différents ingrédients, tâche qu'elle accomplit avec un grand sérieux.
- Et moi ? Je fais quoi ? demanda Harry.
- Tu peux casser les œufs en séparant les jaunes des blancs et ensuite monter les blancs en neige, dit Draco en poussant vers lui le carton d'œufs.
Harry les regarda étrangement comme s'ils lui faisaient peur.
- C'est quoi ton problème avec les œufs, Potter ? demanda Draco en fronçant les sourcils.
- Quoi ? sursauta Harry. Rien ! Absolument rien !
Draco leva les yeux au ciel et poursuivit sa préparation. Il confia à Rose la tâche de tamiser la farine. Tout comme sa mère, la petite fille était très attentive aux directives et plutôt habile, et elle s'exécuta avec un tel soin qu'aucune poussière de farine ne tomba à côté du plat.
En à peine un quart d'heure, la pâte était prête. Draco la versa dans un moule qu'il glissa dans le four.
- C'est cuit dans combien de temps ? demanda Rose.
- 40 minutes, dit Draco.
- C'est long, bouda la petite fille.
- Mais non, dit Harry. Pas si on regarde un film en attendant.
- Oui ! Oui ! s'écria Rose. Je veux voir le Roi Lion !
- Mais tu l'as déjà vu cent fois !
Rose se tourna vers Draco.
- Tu as déjà vu le Roi Lion, Draco ?
- Heu… non. Qu'est-ce-que c'est ? Encore un truc de Gryffondor ?
- Parrain ! Draco n'a pas vu le Roi Lion ! Il doit voir le Roi Lion !
- Sérieusement, Malefoy ? s'étonna Harry. Tu vis à Londres depuis huit ans et tu n'as jamais vu les affiches du Roi Lion dans le métro ?
- Tu imagines vraiment que je prends le métro ?
Harry pouffa en levant les yeux au ciel.
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Draco se retrouva donc assis dans le canapé du salon, Rose accrochée à lui comme un koala.
-Tu vas voir, Draco, dit-elle d'un ton docte. Tu vas adorer !
Ce n'était pas difficile. Quand il avait intégré le monde moldu, Draco avait rapidement découvert la télévision et le cinéma, deux inventions qui l'avaient littéralement subjugué. Il y avait quelque chose de magique là-dedans, particulièrement dans les dessins animés.
Il se laissa donc rapidement emporter par l'histoire de ce lionceau entêté et insouciant, un peu arrogant aussi, qui lui rappelait quelqu'un. Lui.
Rose pleura au moment de la mort de Mufasa, sans doute comme elle avait pleuré toutes les fois précédentes. Harry voulut la consoler mais, contre toute attente, ce fut près de Draco qu'elle chercha du réconfort. Draco ne sut pas trop quoi faire, d'abord parce qu'il n'avait jamais consolé un enfant, et ensuite parce que lui-même était un peu ému par la scène. Mais cela il ne l'admettrait jamais.
Il se composa donc un visage neutre, même si c'était compliqué. L'histoire faisait décidément trop écho à la sienne. Lui aussi avait préféré s'enfuir, plutôt que d'assumer les conséquences de ses actes. Il avait accepté de devenir quelqu'un d'autre, de renier ce qu'il était pour ne plus devoir faire face à ses ennemis.
La sonnerie de la minuterie le sortit de ses réflexions. Rose, qui semblait décidée à ne pas le lâcher d'une semelle, l'accompagna à la cuisine pour le regarder sortir le gâteau du four.
- On peut en manger un morceau ? demanda-t-elle.
- Pas encore. Il est beaucoup trop chaud. Tu risquerais de te brûler l'estomac.
- Mais on peut le refroidir avec la magie !
- Tssss, fit Draco en secouant la tête. Petite impatiente. On va terminer de regarder le film et si le gâteau est encore trop chaud à ce moment-là, on utilisera peut-être la magie.
Cette option parut satisfaire Rose.
Ils regagnèrent le salon où Harry les attendait et reprirent le cours du film. Rose se réinstalla près de Draco, la tête posée contre son bras.
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Finalement, cet après-midi étrange passa beaucoup plus vite que Draco ne se l'était imaginé. A dix-huit heures, Harry annonça à Rose qu'il était l'heure de l'amener chez sa grand-mère.
- J'ai pas envie, dit Rose. Je veux rester avec toi et Draco !
- Je sais, mais ta grand-mère t'attend. Je suis certain qu'elle t'a préparé ta soupe préférée, celle avec des boulettes. Et puis, ta cousine Roxane sera là aussi.
Rose fit une moue boudeuse tout en réfléchissant.
-Bon, d'accord, dit-elle enfin.
Puis, sans crier gare, elle se tourna vers Draco et entoura ses jambes de ses bras.
-Au revoir, Draco ! Merci pour le gâteau ! C'était le meilleur que j'ai jamais mangé ! Meilleur que ceux de mamy Molly !
Draco resta interdit, embarrassé par cette démonstration d'affection inattendue.
-Hum… à ta place, je ne dirais pas ça à ta grand-mère…
Rose s'écarta en rigolant.
- Est-ce que tu vas revenir chez parrain ? demanda-t-elle.
- Je… heu…
- J'espère bien, coupa Harry avec bonne humeur en regardant Draco.
Draco lui rendit un sourire un peu crispé.
-Je… hum… je dois…
Il fit un geste avec le doigt en montrant l'étage.
-Je dois aller… faire quelque chose… dans ma chambre, baragouina-t-il.
Puis reportant son attention sur Rose, il lui ébouriffa maladroitement les cheveux.
-Salut, dit-il platement.
Alors qu'il s'éclipsait du salon, il entendit Rose dire à Harry :
- J'aime bien Draco. Il fait de bons gâteaux.
- Tu aimes tous ceux qui soignent ton estomac, plaisanta Harry. Tu es exactement comme ton père.
- Pourquoi Draco n'est pas ton amoureux ?
- Parce que c'est comme ça.
- Je veux qu'il soit ton amoureux !
- Rosie, qu'est-ce que ta maman t'a dit concernant l'utilisation des mots « je veux » ?
Il y eut un silence et Draco put s'imaginer que la petite fille baissait la tête car elle dit d'un ton penaud :
- On ne dit pas « je veux » mais « j'aimerais bien ».
- Voilà.
- J'aimerais bien que Draco soit ton amoureux.
Nouveau silence. Puis il y eut ces mots, presque murmurés mais que Draco entendit parfaitement bien :
-Moi aussi, Rosie. Moi aussi.
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7 mars 2009 – Godric's Hollow
La semaine avait été étrange pour Draco. Etrange mais finalement très agréable.
Avec Harry, ils avaient fait du shopping, visité des musées et des expositions. Ils s'étaient rendus au théâtre et au cinéma. Ils avaient déjeuné dans une petite trattoria de Covent Garden, flâné dans Borought Market et sur les quais de la Tamise. Ils avaient aussi passé des soirées tranquilles au Square Grimmaurd, regardant la télévision ou disputant une partie d'échecs.
Et chaque soir, chacun regagnait sa chambre, après un bref salut et un « bonne nuit » un peu gêné.
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Draco était dans sa chambre quand il entendit frapper à sa porte.
-Entrez, dit-il.
Il était assis sur son lit, en train de lire un livre.
- Ça te dit qu'on sorte dîner ? demanda Harry.
- Oh, fit Draco avec un sourire en coin. Ce sera quoi ce soir ? Le Ritz ? Le Savoy ? Le Dorchester ?
- Rien de tout ça, répondit Harry. Quelque chose de plus modeste.
- Ok. Comment dois-je m'habiller ?
- En fait… tu es parfait comme ça.
Draco haussa un sourcil, avisant son jeans et son pull.
- On va au Burger King ?
- Mais non, rigola Harry. Allez, viens.
Draco se leva, posa son livre sur la table de chevet et alla prendre une paire de chaussures.
- La chambre de Giovanni, lut Harry en prenant le livre en main. J'adore ce livre.
- Tu l'as lu ? s'étonna Draco.
- Des dizaines de fois !
- Bon sang, moi aussi ! Je ne m'en lasse pas !
- J'en ai trouvé un exemplaire chez Aidan Hirsch, dit Harry. C'est toi qui le lui avais donné ?
- Ouais. Je voulais lui montrer ce qu'était un véritable écrivain.
- Il a aimé ?
- Il a détesté.
- Ça ne m'étonne pas.
Harry remit le livre où il était.
- A l'intérieur, il y avait une photo de toi et Hirsch. Au dos, tu avais écrit quelque chose. « Une journée parfaite ».
- Tu reconnais mon écriture ?
Harry haussa simplement les épaules.
-Vous aviez l'air heureux, dit-il.
Draco termina de lacer ses chaussures. Il se redressa et regarda Harry bien en face.
-Je n'ai pas envie de parler d'Aidan.
Harry hocha la tête.
-On y va ?
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Peckham, Londres
Cette soirée ne pouvait être plus différente de celle de la semaine passée.
Samedi dernier, ils étaient attablés au Claridge, au cœur de Londres, dans une salle luxueuse à l'atmosphère feutrée. Aujourd'hui, ils étaient installés dans un petit restaurant indien de Peckham, un quartier populaire à trois miles au sud de la City. L'ambiance y était bruyante, la décoration chargée et l'air saturé d'odeurs épicées. Pour tout dire, l'endroit laissait Draco un peu circonspect.
- C'est Parvati Patil qui m'a conseillé ce restaurant il y a quelque temps, dit Harry. Il ne paye pas de mine mais je t'assure que c'est le meilleur restaurant indien de tout Londres.
- Parvati Patil… la fille avec qui tu as dansé au Bal de Noël en quatrième année ? Enfin… danser… je me comprends.
- La ferme, Malefoy, bougonna Harry. Ce n'était pas si désastreux que ça.
- Parle pour toi. Je suis étonné qu'elle t'adresse encore la parole vu la façon dont tu l'as traitée ce soir-là.
- Ouais, bon… à ma décharge, c'est avec Cho Chang que je voulais y aller.
- Elle a préféré Cédric Diggory.
- Merci de me le rappeler.
- Hum… le beau Cédric, dit Draco d'un ton rêveur. On peut dire qu'il m'a bien aidé à prendre conscience que je préférais les mecs aux filles…
- C'est une blague ? réagit Harry. Tu avais des vues sur… sur ce bellâtre !
- Disons que j'ai bien aimé fabriquer ces petits badges à son effigie.
Harry allait lui rappeler qu'il y avait son effigie à lui aussi sur les badges quand un serveur s'approcha de leur table pour leur remettre des menus. Draco l'étudia avec un air perplexe.
- Tu n'as jamais mangé indien ? demanda Harry.
- A vrai dire… non.
- Tu aimes ce qui est épicé ou tu préfères quelque chose de plus doux ?
- Je ne sais pas… Plutôt doux, je crois.
- Dans ce cas, je te conseille…
Harry lui fit plusieurs suggestions. Draco finit par choisir un poulet tikka masala tandis que Harry optait pour un agneau vindaloo, beaucoup plus épicé. Contrairement au repas de la veille, ils dînèrent dans la bonne humeur, détendus et souriants.
Quand ils quittèrent le restaurant, ils n'étaient pas ivres, mais certainement un peu pompettes. La bouteille de vin qu'ils avaient bue y était sans doute pour quelque chose, mais certainement pas autant que le Feni, un alcool typiquement indien qu'on leur avait servi en fin de repas. Ils marchèrent un peu, appréciant la fraîcheur du soir après l'atmosphère surchauffée du restaurant. Un moment, Harry frissonna et machinalement, Draco entoura ses épaules de ses bras. Ils continuèrent à marcher ainsi, enlacés, jusqu'à que Draco repère une impasse sombre et déserte.
- Nous pourrions transplaner d'ici ? suggéra-t-il.
- Oui, bonne idée.
Ils s'engagèrent dans la ruelle. Harry prit la main de Draco pour transplaner et leurs regards se croisèrent. Il y eut un moment suspendu où ni l'un ni l'autre ne fit un mouvement. Puis Harry s'approcha plus près. Draco se pencha un peu avant.
Avant de reculer subitement.
-Nous ferions mieux d'y aller, dit-il.
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Square Grimmaurd, Londres
Le retour au Square Grimmaurd se fit dans une gêne assez palpable. Fort heureusement, Madame Black n'avait toujours pas réintégré son tableau si bien qu'ils furent dispensés de ses remarques désobligeantes.
- Je… hum… tu veux pendre la salle de bain ? demanda Harry en arrivant à l'étage.
- Non. J'irai après toi. Prends ton temps.
- Ok. Bonne nuit alors, dit Harry devant la porte de sa chambre.
- Bonne nuit, répondit Draco.
Harry prit une douche et se brossa les dents. Quelques minutes après avoir regagné sa chambre, il entendit le plancher du couloir grincer, puis l'eau couler dans la salle de bain.
Il enfila son pyjama et s'installa dans son lit, le cœur lourd. Il avait passé une merveilleuse soirée. Draco avait été détendu et enjoué. Puis il y avait eu ces quelques mètres, parcourus bras dessus, bras dessous, avant cet instant magique où Harry avait cru que quelque chose était possible. Puis, plus rien.
Il soupira et prit un livre sur sa table de nuit, un nouveau roman policier moldu qui était en tête des ventes dans les librairies. Il essaya de se concentrer mais il se rendit bien vite compte qu'il relisait toujours le même paragraphe. Frustré, il referma le livre d'un coup sec. Peut-être ferait-il mieux de relire quelque chose qu'il connaissait déjà. Ou bien prendre une potion de sommeil sans rêve, histoire de ne pas ressasser sa soirée toute la nuit.
Il allait se décider pour la potion quand des coups furent frappés à sa porte.
-Oui ?
Draco entra dans la chambre et referma la porte doucement. Il était vêtu d'un t-shirt et d'un pantalon de pyjama rayé.
-Quelque chose ne va pas ? demanda Harry.
Draco ne répondit pas. Il s'avança vers le lit et s'assit sur le bord du matelas. Ses yeux brillaient d'une étrange lueur.
-Draco ? Que…
Harry ne put terminer sa phrase car Draco l'embrassait. C'était un baiser urgent et passionné, qui les laissa tous les deux pantelants quand il s'acheva.
- J'en ai envie, murmura Draco, le front posé contre celui de Harry. Comme j'en avais envie le premier soir, et tous les autres soirs que nous avons passé ensemble. En fait… j'en ai envie depuis le jour où tu m'as embrassé dans ta cuisine.
- Mais… alors… pourquoi ? Pourquoi tu m'as repoussé quand nous étions chez toi ?
- A cause de ça.
Il tendit le bras, exhibant la Marque des Ténèbres qui y était tatouée.
- Elle est là, Harry. Elle sera toujours là.
- Je sais.
- Je n'ai pas oublié le dégoût dans ton regard le jour où tu l'as touchée malgré toi.
Harry baissa les yeux sur le tatouage. Délicatement, du bout du doigt, il retraça les contours du crâne puis du serpent. Draco le regardait faire, les yeux écarquillés et le souffle court.
- Ça fait mal ? demanda Harry.
- Non… c'est juste que… la peau est toujours restée très sensible… alors…
- Alors quoi ?
- C'est… plutôt… agréable, en fait…
Harry fit un petit sourire en coin avant de poser sa main sur la Marque et de regarder Draco droit dans les yeux.
- Je suis sincèrement désolé pour l'autre fois, dit-il. C'était une réaction ridicule de ma part. La réalité, c'est que… même si cette marque fait partie de toi, elle ne te définit pas.
- En voilà des paroles sages. Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Harry Potter ?
Harry sourit.
- En fait, ce n'est pas de moi.
- De qui alors ?
- Ron.
- Weasley ? Weasley a dit ça ?
- Oui. Et ça m'a donné à réfléchir.
- Eh bien, ça alors… tu es sûr qu'il va bien ?
- Est-ce que nous devons vraiment parler de mon meilleur ami dans un moment pareil ?
Draco rigola.
- Non, en effet… Je crois que nous avons mieux à faire…
- Tu en as vraiment envie ?
Draco écarta doucement une mèche de cheveux du front de Harry et lui sourit tendrement.
-Tu n'as pas idée à quel point, murmura-t-il en se penchant et en l'embrassant.
De doux, le baiser se fit rapidement intense et passionné. Leurs langues luttaient l'une contre l'autre, puis s'épousaient, et luttaient encore, jusqu'à ce qu'ils soient à bout de souffle et encore plus affamés l'un de l'autre.
Entre deux baisers, Draco enleva son t-shirt. Harry en fit autant. Draco partit sans attendre à l'assaut de ce torse mince et musculeux, aux pectoraux fermes et couverts de fins poils noirs. Il mordilla alternativement les tétons, puis descendit le long du ventre, laissant une trace humide sur son passage. Il s'attarda sur le nombril, lui aussi auréolé d'une toison sombre qui s'étoffait et s'épaississait à mesure qu'elle descendait sur le bas-ventre. D'un geste maîtrisé, il abaissa le boxer, dévoilant un sexe raide, long et épais. Sans perdre de temps, il le prit en bouche et le suça vigoureusement.
Harry émit une longue plainte rauque. Il se doutait que Draco savait y faire, mais être le centre de son attention était encore plus extraordinaire qu'il ne l'avait imaginé. Il essaya de repousser la vague de jalousie qui grandit en lui à l'idée du nombre de fellations que Draco avait pu prodiguer dans sa vie. Tout ce qui comptait, c'était qu'en cet instant précis, c'était son sexe à lui qui se trouvait dans sa bouche. Il cessa cependant d'y réfléchir quand Draco entreprit de masser ses testicules, tout en le prenant encore plus profondément.
-Nom de dieu, Draco, jura-t-il alors qu'il sentait qu'il était en train de perdre pied.
La bouche talentueuse délaissa brusquement son membre pour venir se poser sur ses lèvres et l'embrasser doucement.
-Qu'est-ce que tu veux, Harry ? murmura Draco tout contre sa bouche. Dis-moi ce que tu veux…
Harry prit le visage de Draco entre ses mains et le regarda droit dans les yeux.
-Non, souffla-t-il. Toi dis-moi ce que tu veux.
Draco cilla. Cela faisait bien longtemps que personne ne se préoccupait plus de ses désirs à lui.
-Dis-moi, répéta Harry avec ferveur.
Draco semblait prit de court. Finalement, il dit, d'une voix basse :
-Suce-moi. Lèche-moi.
Harry lui fit un large sourire et le fit basculer sur le dos avant de le débarrasser de son bas de pyjama. Il parsema la peau pâle d'une multitude de baisers avant s'arrêter au pubis. Du bout du doigt, il caressa la peau parfaitement lisse, faisant le tour de la base de la verge, puis descendit sur le scrotum.
- C'est… extraordinaire, murmura-t-il pour lui-même. Cette sensation, cette douceur…
- Tu n'as jamais caressé un entrejambe entièrement épilé ? demanda Draco, un sourire dans la voix.
- Jamais.
- Hum. Tu aimes ?
- Par Merlin, oui, soupira Harry, en embrassant la peau douce et lisse, avant de sucer un testicule et puis l'autre.
Draco se tendit et gémit puissamment. Encouragé, Harry continua sa succion puis glissa la langue sur toute la longueur de son sexe avant de le prendre en bouche.
-Nom de dieu, Harry ! C'est qui le professionnel ici ?
Harry sourit, la bouche pleine de la savoureuse érection de Draco et redoubla la vigueur de sa fellation. Quand il sentit Draco sur le point de s'abandonner, il s'arrêta, provoquant un grognement désapprobateur chez son amant. A la place, il embrassa à l'intérieur des cuisses, les écartant largement pour parvenir enfin à l'endroit qu'il convoitait. Il lécha le petit trou plissé avec bonheur, appréciant l'odeur et le goût, mélange de musc et de savon.
-Bordel, Harry ! gémit Draco de plus belle.
Gêné cependant par sa position inconfortable, Harry fit se retourner Draco sur le ventre et souleva son bassin pour placer son cul à bonne hauteur. Il reprit sa tâche avec d'autant plus d'enthousiasme que cette position lui permettait de mieux satisfaire Draco.
- Oh bordel de merde ! dit Draco en serrant les draps dans ses poings. C'est tellement bon…
- Ravi de l'entendre, souffla Harry tout en remontant le long de sa colonne vertébrale, la parsemant de petits baisers mouillés, tandis qu'il caressait son sexe.
Puis il se pencha à son oreille et murmura :
-Dis-moi ce que tu veux encore.
Le souffle chaud de Harry envoya des frissons dans toute l'épine dorsale de Draco. Il roula sur le dos et regarda Harry.
- Baise-moi.
- Comment ? Dis-moi ta position préférée.
Draco ne dut pas réfléchir longtemps. Il écarta les jambes pour accueillir Harry entre elles. Le missionnaire. Une position ordinaire qu'il refusait pourtant à ses clients car il la trouvait trop vulnérable, trop intime. Mais avec Harry, il transgressait sa propre règle.
-Comme ça, murmura-t-il. Je veux te voir pendant que tu me fais l'amour.
Harry sentit quelque chose d'énorme gonfler dans sa poitrine. Il se souvenait que Draco lui avait dit préférer les positions où il était dos à son amant, pour ne pas devoir les regarder ou les embrasser. Là, il acceptait – il voulait – que Harry le regarde.
Afin de dissimuler son émotion, Harry se pencha pour l'embrasser. Le baiser était lent, langoureux, chargé de tout le désir qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Finalement, au bout d'une longue minute, Harry pénétra Draco. Il bougea lentement, glissant sur son corps moite tout en prenant appui sur les bras, sans jamais le quitter des yeux. Draco noua ses jambes dans le bas de son dos, l'invitant silencieusement à le prendre plus profondément. Harry ne se fit pas prier. Il augmenta la cadence et l'ampleur de ses mouvements. Draco rejeta la tête en arrière en gémissant, tandis qu'il saisissait les fesses de Harry entre ses mains.
Il haletait, sentant l'orgasme se construire lentement mais sûrement en lui. Il ne savait pas ce qui lui faisait le plus de bien. L'énorme queue de Harry qui le labourait de l'intérieur ou bien l'extraordinaire friction de son sexe à lui contre la toison qui couvrait le ventre de son amant. Ou bien était-ce les baisers ? Ces indescriptibles baisers qui rendaient tout, absolument tout, bien meilleur. Il n'eut pas le temps de réfléchir davantage. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites au moment où la jouissance explosait en lui. Vaguement, il eut la sensation de Harry qui se tendait au-dessus de lui, puis il l'entendit jouir bruyamment, avant que son corps ne retombe lourdement sur le sien.
Ils restèrent là, étendus l'un sur l'autre, la peau moite, le souffle court, à attendre que l'orgasme reflue lentement. Harry amorça le premier mouvement en voulant rouler sur le dos, mais Draco le retint contre lui.
-Reste, dit-il tout bas.
Harry sourit en fermant les yeux. Il pouvait rester comme ça une vie entière.
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9 mars 2008
Harry ouvrit péniblement les yeux. Il avait la tête lourde à cause du manque de sommeil et des courbatures dans tout le corps. On aurait dit qu'il avait été piétiné par un hippogriffe. Pourtant, il sourit et tourna la tête. La raison de son état était encore profondément endormie à côté de lui. Draco était couché sur le ventre, les deux bras passés sous l'oreiller. Ses cheveux, d'ordinaire si disciplinés, partaient dans tous les sens et sa joue pressée contre l'oreiller lui faisait une moue adorable. On était loin du playboy tiré à quatre épingles, arrogant et condescendant.
Harry se demanda ce que cela ferait de se réveiller tous les matins à ses côtés et cette idée lui amena une joie indescriptible au cœur. Il soupira. Il était tombé amoureux, cela ne faisait aucun doute. Il ne savait pas si ses sentiments étaient partagés mais il ne voulait pas trop s'attarder sur la question. Après tout, il s'était donné quinze jours pour faire comprendre à Draco qu'un futur était possible entre eux. Bien sûr, il savait que le plus dur restait à faire : le convaincre qu'il pouvait retourner sans risque dans le monde magique, le convaincre d'abandonner son métier d'escort. Mais il était confiant.
-Arrête de sourire comme ça, c'est flippant, maugréa Draco.
Harry rigola et se rapprocha un peu plus de son amant.
- Je souris parce que je suis heureux, glissa-t-il dans un souffle.
- Bordel, tu fais le Poufsouffle de grand matin…
- De grand matin ? Il est pratiquement onze heures, je te signale.
- Tu m'emmerdes, Potter. Tu causes toujours autant le matin ? Allez viens ici !
D'autorité, Draco attira Harry contre lui et entoura ses épaules. Puis, il se réinstalla plus confortablement, manifestement décidé à dormir encore. Harry sourit de plus belle en se calant plus étroitement contre Draco.
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- Pourquoi tu ne veux pas me dire où on va ? demanda Draco.
- Parce que c'est une surprise, répondit Harry.
- Je n'aime pas les surprises.
- Bon sang, ce que tu peux être grincheux…
- Je ne suis pas grincheux, je veux juste savoir où on va.
- Fais-moi confiance, d'accord ? Je suis certain que ça te plaira.
Draco plissa les yeux, peu convaincu. Résigné, il enfila toutefois sa veste et laissa Harry lui prendre la main pour transplaner.
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Stade des Pies de Montrose
Il fallut à Draco à peine quelques secondes après le transplanage pour reconnaître l'endroit. Il était venu ici des dizaines de fois quand il était enfant, puis adolescent, pour assister aux matches de son équipe de Quidditch favorite : les Pies de Montrose.
Aussitôt, il baissa la tête et se colla contre un mur pour ne pas être reconnu.
- Bordel de merde, Potter ! siffla-t-il, en colère. Qu'est-ce qu'on fout ici ?
- On va assister à un match. C'est ton équipe préférée et j'ai pensé que…
- Je refuse de rester une seconde de plus ! Je vais…
- Non ! répondit Harry sèchement en sortant sa baguette.
- Qu'est-ce que tu viens de faire ?
- Je t'ai jeté un sort anti-transplanage.
Draco écarquilla les yeux, outré.
- Et aussi un sort pour ne pas être reconnu, ajouta Harry. Le même que celui que j'ai utilisé au cimetière, lors de l'enterrement d'Aidan Hirsch.
- Tu crois que ça suffit pour justifier ce que tu viens de faire ? dit Draco d'une voix basse et menaçante. Tu sais que je ne veux plus remettre un pied ici et tu as quand même…
- Tu ne risques rien, coupa Harry. Personne ne te reconnaîtra. Je voulais juste que tu profites de quelque chose que tu as toujours aimé plus que tout !
- Je n'en ai plus rien à foutre du Quidditch ! Rien !
- C'est faux.
- Qu'est-ce que tu en sais ?
- Je le sais, c'est tout. Maintenant, arrête de faire ta tête de mule et viens.
- Non.
Harry soupira lourdement.
-Draco. Ne m'oblige à te rappeler que pour encore sept jours, tu ne peux rien me refuser.
Au moment où il prononçait ces mots, Harry sut qu'il avait commis une erreur.
-Bien sûr, répondit Draco avec un sourire faux et froid.
Il se détourna pour se diriger vers les portiques d'entrée.
- Draco, attends ! dit Harry. Je ne voulais pas…
- Me traiter de pute ? Pas de problème. C'est ce que je suis.
- Draco…
- Je t'ai dit qu'il n'y avait aucun problème. Donne-moi mon ticket.
Harry soupira à nouveau et tendit le bout de papier à Draco.
-Merci.
Draco le présenta à l'hôtesse. Celle-ci le fixa avec un drôle d'air mais ne fit aucun commentaire.
Quand ils arrivèrent à leurs place, Draco se dit que Potter ne s'était pas foutu de sa gueule. Les sièges étaient idéalement situés, ni trop haut ni trop bas, de telle sorte qu'ils auraient toujours une excellente vision du jeu.
Draco allait s'installer quand il fut bousculé sans ménagement par un grand type qui allait s'installer quelques mètres plus loin. L'homme ne s'excusa même pas. Draco faillit lui faire une remarque cinglante avant de se rappeler qu'il était soumis à un sort et que l'homme ne l'avait peut-être pas vu.
-Ça marche bien ce sort, dit-il d'un ton qu'il voulait léger. Je suis invisible apparemment.
Harry eut un petit sourire gêné.
-Je vais nous chercher des bièraubeurres, dit-il avant de disparaître Merlin savait où.
Draco tâcha de s'installer confortablement et d'observer les lieux sans trop se faire remarquer. Potter avait raison. Il y avait finalement peu de choses qui lui manquaient de sa vie d'avant mais le Quidditch était l'une d'elles. Combien de dimanche après-midi avait-il passé ici avec son père ou en compagnie de Blaise et Théo ?
Il soupira. Il refusait de l'admettre devant Potter mais, oui, le Quidditch lui avait terriblement manqué.
- Tiens, dit Harry en lui tendant un gobelet.
- Merci.
Il but une gorgée du liquide doux et sucré et ce fut comme s'il avait actionné un Retourneur de Temps. Il ferma les yeux, brusquement assailli par des milliers de souvenirs. De Poudlard. De Pré-au-Lard. Du manoir. Quand il les rouvrit, Harry l'observait.
- Ça va ? demanda-t-il.
- Ouais. Ça va.
Fort heureusement, Harry n'insista pas. A la place, il tendit à Draco un sachet rempli de friandises variées.
-Tu en veux ?
Draco hocha la tête et se servit de Fizwizbiz et de Couinesouris.
Dans le stade, un écran magique s'alluma, reprenant le nom et la composition des équipes. Draco écarquilla les yeux tout en mâchouillant son bonbon.
- Les Pies contre… les Tapesouaffles de Quiberon ? dit-il. Mais ce n'est pas un match de championnat ! C'est… c'est…
- Un match de la Wizzard League, oui, confirma Harry en souriant. C'est le huitième de finale.
- Bon sang, comment es-tu parvenu à obtenir des billets ?
- Il y a encore quelques avantages à s'appeler Harry Potter.
- Sérieusement ? Tu as juste eu à donner ton nom et ils t'ont refilé des places ? Je suis dégouté.
- Olivier Dubois est le gardien des Tapesouaffles. Il me devait un service.
Draco lui jeta un regard torve.
- Tu as couché avec lui ?
- Tu m'emmerdes, Malefoy. Contente-toi de profiter du match.
- Ça, ça veut dire que tu as couché avec lui, se moqua Draco.
Harry soupira en levant les yeux au ciel.
- Juste après l'annonce de son transfert du Club de Flaquemare chez les Tapesouaffles, expliqua-t-il, un fan a menacé et harcelé Olivier. Il était vraiment terrorisé. Je lui ai rendu service en assurant sa protection pendant quelques jours, le temps qu'on attrape ce malade et qu'Olivier déménage à Quiberon.
- Hm, je vois. Une protection très rapprochée, ricana Draco.
Harry ne répondit pas, se contentant de lui envoyer un coup de coude. Draco se mit à ricaner de plus belle.
- Il est bon ? demanda-t-il après un moment.
- Au Quidditch ?
- Au pieu, ducon.
- Carrément !
- Meilleur que moi ?
Ce fut au tour de Harry de se mettre à rire.
- Ce que tu peux être vaniteux !
- Tu ne réponds pas à ma question.
- Non, il n'est pas meilleur que toi. Je n'ai connu personne de meilleur que toi.
Draco eut un petit sourire suffisant. Une voix s'éleva alors magiquement dans le stade, informant les supporters que les équipes allaient entrer sur le terrain. S'en suivit la présentation des joueurs, sous les acclamations du public.
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Le match fut passionnant. Le score resta serré durant toute la partie, oscillant régulièrement en faveur de l'une ou l'autre équipe, jusqu'à ce que Darren Wallace, l'Attrapeur des Pies, se saisisse du Vif d'Or et arrache la victoire pour son équipe. Une incroyable clameur retentit dans tout le stade. A l'image des autres supporters, Draco était debout et applaudissait à tout rompre.
- Tu te rends compte ? cria Harry par-dessus la foule. Cela faisait trente ans que les Pies n'avaient plus participé à une phase finale de la Wizzard League et les voilà en quart !
- C'est incroyable ! La dernière fois que j'ai assisté à un match de la Wizzard League, j'avais neuf ans ! C'était une phase de groupe et les Pies ont été éliminées au premier tour !
Harry souriait largement. Il était satisfait et un peu ému de voir Draco aussi heureux. Son pari avait été risqué, mais cela en avait valu la peine.
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Alors qu'ils traversaient le hall central pour se rendre sur les zones de transplanage, une exclamation retentit.
-Draco ? Nom d'un détraqueur ! Draco, c'est bien toi ?
Harry sentit immédiatement la panique s'insinuer en Draco. Il regardait de tous côtés comme un lapin pris dans les phares d'une voiture. Puis son regard se posa sur la personne qui l'avait interpellé : un grand métis aux yeux bleus qui s'avançait résolument vers lui.
-Espèce de petit con égocentrique ! Huit ans ! Huit ans sans donner aucune nouvelle et là, tu te pointes comme une fleur à un match de Quidditch ?
Draco se tenait immobile, complètement paralysé.
- B… bonjour, Blaise, ânonna-t-il.
- Bonjour Blaise ? répéta le métis. C'est tout ce que tu trouves à dire ? Bordel, tu aurais pu être mort !
- Je… je…
Il n'eut pas l'occasion d'en dire davantage car Blaise le serrait contre lui dans une étreinte digne d'un grizzli.
-Bon sang, ce que je suis content de te voir ! soupira-t-il.
Draco ne savait pas comment réagir. Il tapota maladroitement le dos de Blaise.
-Moi aussi, je suis content de te voir, murmura-t-il.
Blaise s'écarta et le regarda attentivement, un grand sourire aux lèvres.
- Tu as l'air en pleine forme. Le monde moldu te réussit bien, on dirait.
- Je me débrouille.
- Pourquoi tu n'as donné aucune nouvelle ? Tu n'as jamais répondu à mes hiboux, ni à ceux de Théo ou de Pansy.
- Je sais. Je suis désolé. C'était compliqué pour moi. Ça l'est encore.
- Pourquoi nous n'irions pas boire un verre, un de ces jours ? proposa Blaise. Tu me raconterais ce que tu deviens. Je pourrais venir dans le monde moldu, si tu préfères, ajouta-t-il avant que Draco n'émette une objection.
- Pourquoi pas.
Devant la réserve évidente de Draco, Blaise n'insista pas. Il se contenta de lui serrer amicalement l'épaule.
-Je t'enverrai un hibou. On pourra déjà commencer par là.
Draco hocha la tête.
- C'était bien de te revoir, Draco.
- Toi aussi.
Blaise lui fit un signe de la main, ainsi qu'à Harry avant de disparaître dans la foule.
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Square Grimmaurd
-Qu'est-ce que ça veut dire ? attaqua Draco directement, à peine eurent-il transplané au Square Grimmaurd. Comment Blaise a-t-il pu me reconnaître ? Le sort a cessé de fonctionner ? Tu l'as levé sans me le dire ?
Harry soupira. Il n'avait pas l'intention de mentir plus longtemps.
- Il n'y a jamais eu de sort, avoua-t-il.
- Quoi ?
- Il n'y a jamais eu de sort. Tu… tu as toujours été visible aux yeux de tous.
Les yeux de Draco s'obscurcirent dangereusement.
- Tu es en train de me dire que… tu m'as piégé ? énonça-t-il d'une voix trop calme.
- Je voulais te montrer que tu ne risquais plus rien dans le monde sorcier. Que personne ne faisait attention à toi car ils sont passés à autre chose. Les gens ont oublié, Draco !
- Donc, tu as fait tout ça uniquement pour prouver que tu avais raison…
- Tu refusais de me croire ! Tu étais persuadé que les gens continueraient à te persécuter alors que ce n'est pas le cas ! Je n'avais pas le choix !
- Si tu avais le choix ! Celui de respecter ma volonté de ne pas retourner là-bas !
- Draco, je ne voulais pas…
- Laisse tomber. En fait, c'est moi qui n'avais pas le choix. Après tout, je ne suis qu'un prostitué qui ne peut rien te refuser.
- Tu sais très bien que je ne te vois pas comme ça…
- Ah non ? Pourquoi m'as-t-u loué pour quinze jours alors ?
- Arrête de dire ça ! Tu n'es pas une foutue marchandise !
- Bien sûr que je suis une marchandise. Une marchandise de luxe, certes, mais une marchandise quand même. Rien d'autre qu'un cul à baiser. Par toi ou par quiconque allongera suffisamment de fric pour m'avoir.
- Tais-toi ! cria Harry.
La gifle claqua avec force. Draco se massa la joue en soupirant.
-Tu as payé pour m'avoir, Harry. Et rien de ce que tu pourras dire ou faire, ne changera ça.
- J'ai payé pour passer du temps avec toi, murmura Harry. Et parce que je ne pouvais plus supporter de te savoir avec tous ces… autres. Je voulais… je voulais seulement que tu comprennes que tu pouvais avoir une autre vie.
Draco regarda Harry tristement.
- Je vais préparer mes affaires et m'en aller, dit-il. Je dirai à Monica que tu as été contraint de mettre fin au contrat car je ne te convenais pas. Avec un peu de chance, elle te remboursera une partie de ce que tu as payé.
- Non ! Je me fiche bien de l'argent ! C'est toi que je veux !
Mais Draco n'écoutait plus. Il commença à monter l'escalier.
-Draco ! Ne pars pas !
Une marche grinça. Il continua à monter.
-Je t'aime, entendit-il.
Draco s'arrêta. Ses doigts serraient tellement la rampe de l'escalier qu'ils lui faisaient mal. Il sentit les larmes lui monter aux yeux. Sans un mot, sans un regard, il poursuivit son chemin.
A suivre...
