O..5..O
Harry chantonnait pratiquement pendant son premier cours qui était rempli d'élèves de troisième année cette fois-ci, un mélange de Serdaigles et de Poufsouffles. Les étudiants en bleu réussirent rapidement le sortilège du Croche-pied et les Poufsouffles essayaient vraiment de toute leur force. La persévérance était un trait de caractère connu chez les Poufsouffles et à la fin de la leçon même ceux en difficulté se souvinrent des mouvements de baguette et envoyèrent joyeusement leur voisin embrasser le sol rembourré.
Malfoy observait de sa place au-dessus de l'étagère, silencieux, puisqu'il semblait avoir un âge limite pour harceler Harry selon son étrange éthique. Nick-quasi-sans-tête passa sa tête à travers la porte une fois, mais Harry lui fit un geste de réassurance.
Harry nota les élèves en se basant sur les remarques qu'il avait écrites pendant le cours. Malfoy brisa le silence et jacassa sur ses vêtements de peu de goût et sur son inhabilité à nouer une cravate. Harry réussit à l'ignorer jusqu'au point où Malfoy commença à inventer des histoires, comme parier sur le fait qu'Harry n'avait seulement quatre paires de chaussettes semblables et en bon état, et que le reste était dépareillé ou plein de trous.
Harry mordit l'intérieur de sa joue pour s'empêcher de commenter. A la vérité, il avait six paires de chaussettes parfaitement décentes et seulement deux paires dépareillées, pour lesquelles il était certain que les chaussettes correspondantes existaient quelque part enfouies dans sa valise, et une seule paire avec des trous (celles-là étaient ses favorites).
Cependant il ne fit aucune mention de tout ça à Malfoy puisqu'apparemment son silence ennuyait plus le fantôme que l'argumentation qu'aurait pu faire Harry.
Après son premier cours Harry avait du temps libre, alors il s'en alla regarder Madame Bibine essayer d'apprendre un groupe de première année à voler. Harry regardait depuis l'ombre d'une galerie ouverte pour ne pas rendre les enfants nerveux. Malfoy plana près de lui et ricana quand un garçon s'assit sur son balais et qu'il fut immédiatement balancé à l'envers. Sa tête pendillait à quelques centimètres de la pelouse.
Harry secoua sa tête. « On dirait que nous étions juste là-bas à avoir notre première leçon. »
« Pendant laquelle tu te prouvas être le 'plus jeune attrapeur du siècle'. » La voix de Malfoy était perçante et moqueuse.
« Et tu te prouvas être un parfait con en volant le Rapeltout de Neville. »
« Tu devrais me remercier. Si je ne l'avais pas fait, ils n'auraient jamais découvert tes incroyables talents. »
« Merci Malfoy pour être un crétin et pour m'avoir permis de jouer au Quidditch dès ma première année. » La voix de Harry suintait l'insincérité.
Malfoy ne sembla pas le notifier. « De rien. »
Harry roula des yeux. « Oh regarde ! Elle est plutôt bonne ! »
Malfoy fit un bruit d'approbation. « Poufsouffle. Je présume que certains d'entre eux sont bons à quelque chose. »
« L'équipe de Poufsouffle a remporté la Coupe des Maisons l'année dernière, donc quelques-uns d'entre eux sont très bons à quelque chose. » rigola Harry.
« La chance ne compte pas », rétorqua Malfoy.
Harry grinça presque des dents pour ne pas répliquer, il n'était pas d'humeur à se disputer avec le crétin.
« Je vais à la bibliothèque. »
La journée était trop belle pour rester à l'intérieur et faire des recherches, mais le plus tôt il serait débarrassé de Malfoy, le mieux ce serait.
Tandis que les élèves de sixième et septième années entraient dans la classe d'Harry, Malfoy n'eut pas la chance de les surexciter. Derrière les derniers élèves traînaient Nick-quasi-sans-tête et un autre fantôme qu'Harry reconnut vaguement. Nick salua Harry de la main, qui lui rendit son geste gaiement.
A leur vue, Malfoy s'évanouit par le mur du fond de la salle de classe et ne revint pas. Une confiance en soi retrouvée, Harry se lança dans le cours.
Cette nuit-là, ce fut avec un sentiment d'accomplissement qu'Harry mit son pyjama et monta dans son lit. Malfoy n'était pas dans sa chambre, en fait Harry ne l'avait pas vu depuis l'incident du cours. Il se demanda vaguement où le fantôme Serpentard était parti. Il lui semblait presque étrange d'être seul dans la pièce.
Haussant des épaules, il éteignit les lumières et s'attendit à une seconde nuit de repos.
Une poigne d'un froid glacial sur sa cheville le réveilla en sursaut et il poussa un cri. Harry tâtonna pour trouver sa baguette, prêt à frapper d'abord et à poser des questions ensuite. La pièce était sombre et Harry entendit un rire familier.
« Bon dieu, Potter, tu cries comme une fille. »
Harry retomba contre ses oreillers.
« Malfoy, putain de bâtard. M'as-tu touché ? »
« Eh bien, tu continuais de dormir. Je t'ai gentiment réveillé pour ta leçon qui sera plus intense que d'habitude car tu m'as déserté la nuit dernière pour partir en douce pour… pour n'importe où tu es parti en douce. »
« Je ne suis pas parti en douce, » claqua la voix d'Harry. « Je suis parti par la cheminée comme une personne normale et je suis revenu de la même manière. Peux-tu foutre le camp s'il te plaît et me laisser dormir ? »
Malfoy fit un son désapprobateur de la bouche. « Ne sois pas effrayé, Potter. As-tu invité Nick-quasi-sans-tête et les autres dans ta classe ? Était-ce pour te protéger de moi ? »
« Je pensais que Nick voulait observer. De plus, il n'y avait aucune raison de nous quitter. Je pensais que tu apprécierais de montrer aux autres fantômes quel perturbateur tu peux être. »
Même dans la nuit, Harry pouvait sentir le regard malveillant de Malfoy. Il sentit quelque chose aussi froid que de la glace l'effleurer. Il couina et ramena ses jambes vers lui alors que Malfoy s'assit – plana ? – au-dessus du lit. Avant de pouvoir demander à Malfoy ce qu'il faisait, le crétin dit :
« Maintenant, je crois que nous étions toujours au basilic. »
Il se lança dans son usuelle description des ingrédients et de leurs utilités.
Harry grogna et essaya de l'oublier, ce qui était encore plus difficile cette fois-ci puisque Malfoy le touchait de ses doigts au toucher de glace à chaque fois qu'il était sur le point de s'endormir.
Demain, pensa Harry. Demain je trouverai les livres qui me diront comment me débarrasser de lui.
Ça ne se passa pas comme prévu. La bibliothèque avait très peu des livres qu'Hermione avait recommandés et ceux disponibles concernaient surtout les bibliographies de célèbres fantômes sorciers. La plupart des fantômes semblaient aimer parler, comme Sir Nicolas et Malfoy, et les livres étaient remplis de pages et de pages de digressions, rigoureusement annotées par des intellectuels qui semblaient n'avoir rien de mieux à faire.
« Que recherches-tu de toute façon ? » s'enquit Malfoy. Il planait près de lui et prétendait être assis sur la table près du coude d'Harry.
« Je cherche un moyen pour me débarrasser de toi, évidement. »
Malfoy ricana. « Bonne chance avec ça. »
Harry referma le livre d'un coup sec et ouvrit un autre.
« Tu penses vraiment qu'il y a un sort pour me faire… quoi ? Disparaître ? Pourquoi ne pas juste utiliser le Patronus à nouveau ? Heureusement, ce n'est que temporaire. Franchement je suis surpris que tu ne l'aies pas fait. »
Harry lui envoya un regard noir, mais ne prit pas la peine de lui dire qu'il avait promis à Minerva de ne plus jeter ce sort, malgré la tentation.
« Je ne veux pas forcément te détruire, bien que ça me soit passé par la tête plus d'une fois. Je veux juste que tu me laisses seul. »
« Le Patronus ne m'avait pas détruit, ça m'a juste rendu incroyablement en colère et encore plus déterminé à te hanter jusqu'à la fin de tes jours. »
« Merci, mais je ne sais pas quel effet aura une succession de séparation de tes molécules, donc je vais juste continuer à essayer de trouver un moyen qui t'enverra dans l'au-delà. »
Harry agita une main et elle passa à travers la manche de Malfoy, lui laissant les doigts glacés.
« M'envoyer dans l'au-delà ? » La voix de Malfoy retentit avec effroi.
« Oui. Tu sais que les fantômes restent liés à ce monde parce qu'ils refusent de 'se rendre dans la lumière' ou autre. »
« Oh. Ça. »
« Oui. Donc, euh… pourquoi restes-tu ? »
« Parce que je voulais te hanter, Potter. Pour quelle autre raison ? »
La réponse était flippante et un mensonge éhonté.
« Il est intéressant que les fantômes puissent mentir. »
« Pourquoi est-ce une surprise ? Je suis toujours moi, même si je suis... »
« Mort », finit Harry.
Il savait que c'était bas. Malfoy détestait tout ce qui lui rappelait son état de mort, mais Harry ne se sentait pas d'humeur charitable après une autre nuit sans sommeil.
Malfoy quitta la table et flotta vers la Section Interdite avec son habituelle démarche.
« Peut-être que tu cherches à la mauvaise place, Potter. »
Harry soupira et se demanda s'il devait l'ignorer, mais la curiosité le gagna et il se leva pour suivre le fantôme. Un très petit étui en verre poussiéreux soutenait quatre volumes à l'apparence ancienne. Seulement un avait un titre visible. Nekros Compello.
« De la Nécromancie ? » éclata Harry.
« Pourquoi ne pas juste poser une annonce dans le Prophète ? » demanda sèchement Malfoy.
Harry regarda aux alentours, mais il n'y avait pas beaucoup d'élèves dans la bibliothèque à cet instant et la plupart était loin du sombre coin où Malfoy et lui se trouvaient.
« Pourquoi voudrais-je ça ? La nécromancie n'est-il pas simplement pour la réalisation d'Inferius ? »
« Pas toute la nécromancie est pour réveiller les morts, idiot. La plupart se relève car les gens essaient de communiquer avec leurs proches qui sont morts. Tu sais, les veuves qui essaient de contacter leurs pauvres maris pour trouver où le bâtard a caché les Gallions qu'elle lui savait posséder. Ce genre de chose. »
Harry regarda les livres en se souvenant soudainement de son besoin désespéré de communiquer avec Sirius après l'accident du voile dans le Département des Mystères. Et même s'il avait parlé avec ses parents dans la forêt quand il s'est rendu à sa propre mort aux mains de Voldemort, cela n'a jamais été assez. Pouvoir réellement communiquer avec ceux qui sont passés dans l'au-delà… La tentation était énorme.
Mais Harry émit un son de dérision. « Si l'une de ses choses fonctionnait, ne penses-tu pas que les gens l'auraient su ? »
« C'est vraiment de la magie Noire, Potter. Tu sais comment le Ministère et ceux qui sont du côté de toutes les choses bonnes et droites aiment supprimer le savoir. »
Harry lui lança un regard insistant.
« Et avec raison ! Regarde ce que Tom Riddle était capable de trouver par lui-même. Assez pour se rendre presque inarrêtable. Si ce genre de connaissances était disponible à la lecture, nous pourrions avoir un nouveau Seigneur des Ténèbres qui apparaîtrait tous les mois. »
« Eh bien, alors tu ne serais pas ici à être hanté, tu serais dehors à détruire le mal. Je suis surpris que tu ne le sois pas. Qu'est-ce qui t'amène ici de toute façon ? Le Département des Aurors n'était pas un assez grand défi ? »
Harry ne prit pas la peine de répondre, surtout parce que Malfoy avait exactement raison. L'entraînement des Aurors consistait à lancer de sorts à répétition qu'il connaissait déjà, en des centaines de lectures à propos des lois et des procédures sorcières, de plus de dissertations à écrire qu'il n'avait subi à Poudlard, et en très peu d'application des connaissances. Et dans ce mélange, s'y ajoutait le comportement étrange de tout le monde autour de lui – soit ils le traitaient comme une incroyable célébrité, soit ils le raillaient pour ne pas agir tel un être humain. En bref, il semblait qu'il ne pouvait plaire à personne.
Harry jeta un Alohomora sur l'étui, mais il ne fit que briller d'une faible lumière verte et resta fermer.
« Apparemment ils ne veulent aucun élève avec des capes d'invisibilité mettre leurs mains sur ces derniers », affirma Malfoy.
« Oui, probablement sans utilité de toute manière. »
Harry fronça des sourcils, il se demandait quel besoin avait-il de ses livres à propos de la communication avec les morts. Il communiquait déjà avec les morts… c'était l'inverse qu'il cherchait.
« Drôle, n'est-ce pas ? » dit Malfoy. « Les inferi sont des corps sans leurs âmes et les fantômes sont des âmes sans corps. Ou quelque chose d'autre. »
Harry regarda vivement Malfoy, surpris par sa perspicacité. Parfois Harry était stupéfait par l'intelligence de Malfoy. Non pas qu'il pensait que le Serpentard était stupide, jamais, mais généralement sa personnalité désagréable recouvrait toute appréciation de sa sagesse.
« Dommage qu'on ne peut pas te transférer dans un corps mort alors, hein ? » blagua Harry.
« Pourquoi voudrais-je animer un corps pourrissant ? »
« Car alors ton extériorité ressemblerait à ton intériorité. »
Malfoy poussa une main à l'intérieur du visage d'Harry par un côté. La sensation glaciale était particulièrement déplaisante contre les narines d'Harry et il sentit un besoin croissant d'éternuer.
« Arrête ça ! » cria Harry. Il se recula et secoua ses mains vers l'irritant fantôme.
C'était une erreur puisqu'il ne parvenait qu'à refroidir ses mains aussi. Il éternua trois fois de suite et foudroya Malfoy du regard avant de faire apparaître un mouchoir.
« Tu es un tel connard », grommela-t-il et il se moucha.
Malfoy croisa seulement ses bras et eût l'air suffisant.
Un fantôme se matérialisa soudainement du sol. Celui-ci ressemblait à un autre enfant. Ses robes étaient longues et couvertes de dentelles et son cou était tordu à un angle étrange. Harry se souvint vaguement avoir entendu des rumeurs à propos d'un élève dépressif qui s'était pendu dans les jours précédents la prise de fonction directoriale de Dumbledore. Sa vision poussa Harry à regarder Malfoy d'un œil neuf. Comment était-ce possible qu'il n'y avait pas de blessures visibles sur le corps de Malfoy ? Comment était-il mort ? L'Avada Kedavra ?
« Ta mère arrive, Draco », annonça le garçon. « Je pensais que tu devrais le savoir. »
« Merci, Cyril », répondit Malfoy.
L'autre fantôme s'évanouit par le sol et Harry cligna des yeux.
« Ta mère ? »
« Elle me rend visite parfois », fit Malfoy d'une voix plate. « A plus tard, Potter. »
Avec ça, Malfoy se retourna et se dirigea vers la porte. Harry le suivit et le regarda jusqu'au moment où Malfoy atteignit le portail et passa à travers comme une fine volute de fumée. Il s'arrêta seulement un instant. Harry savait qu'il rêvait pouvoir ouvrir la porte plutôt que passer à travers et il soupira en pensant qu'il valait mieux se rendre vers n'importe quel mystère que renfermait la mort plutôt que de rester piégé dans une telle existence ingrate.
Note 1 : Avez-vous des hypothèses sur la manière dont est mort Draco ?
Note 2 : Après avoir reçu une certaine review anonyme (bien sûr), je préfère vous signaler que je ne suis ni bilingue, ni n'ai fait des études en anglais, sinon je serais en train de faire "fortune" en traduisant des œuvres contemporaines. ;)
Je traduis la fanfiction de Cheryl Dyson pour le challenge et pour le plaisir que cela procure. Il est donc normal que vous trouviez des erreurs de traduction (bien que je fasse tout mon possible pour les éliminer). Envoyez le message avec votre compte pour que je puisse vous remercier de m'avoir signalé les fameuses erreurs. Que l'on conserve ici les mêmes règles de courtoisie qui existent dans le monde réel. :)
