Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien.
J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas écrit sur mes deux chouchous *_*
Cet OS est sponsorisé par les nuits du Fof, sur le thème Naïf.
Bonne lecture ! (et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez)
Black flies fly away
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Regulus n'avait pas toujours été l'héritier des Black. Il n'avait pas toujours été le Mangemort, le Serpentard hautain, l'enfant parfait, le petit qui devait rattraper toutes les erreurs de son aîné.
Il avait d'abord été un garçon calme et réservé, avec de grands yeux gris se posant avec intérêt et douceur sur tout ce qui l'entourait.
Il avait surtout été un petit enfant, timide, respectueux, craintif, spectateur des luttes entre ses parents et son frère. Il n'avait jamais eu l'âme rebelle, il se contentait d'accepter le cadre froid qu'Orion et Walburga imposaient, même s'il ne le comprenait pas.
Alors il regardait et il espérait.
Il était persuadé que ces affrontements ne dureraient pas, qu'un jour ils seraient une famille unie, joyeuse, forte.
Parce qu'il était ainsi, parce qu'il avait une belle âme naïve d'enfant. Parce qu'il aimait ses parents, parce qu'il aimait son frère de tout son cœur et que rien que cela devrait suffire à les réunir.
Alors quand Sirius refusait de faire ses devoirs et que sa mère le disputait, il ne disait rien. Sa mère grondait Sirius parce qu'il avait eu tort, parce que les devoirs c'étaient important et un jour son frère le comprendrait. Alors quand son père passait tout un repas à sermonner son frère, à lui expliquer comment bien se tenir, à rester droit, à respecter l'honneur des Black, Regulus s'appliquait à mettre en pratique les conseils tout en souriant à son frère pour le soutenir. Parce que si son père s'énervait c'était parce qu'il était fier et si Sirius mâchait la bouche ouverte en regardant ses parents dans les yeux, c'était juste parce qu'il lui fallait du temps pour comprendre l'importance de la société et des apparences.
Alors même quand ses parents le frappaient, même quand il l'entendait pleurer et hurler, enfermé dans un placard, même quand son cœur saignait, même quand il aurait voulu porter un peu de sa souffrance, il continuait toujours à espérer.
Parfois il surprenait une main que Walburga passait sans s'en rendre dans les cheveux de son fils, il entendait un compliment de son père, il aidait Sirius à faire un dessin de leur famille et il se disait qu'un jour les disputes cesseraient. Et même s'ils continuaient à se crier dessus et à se faire souffrir, ils étaient une famille, peut-être que les autres familles marchaient ainsi aussi. Après tout, Bellatrix et Andromeda se disputaient tout le temps, son oncle Cygnus se plaignait souvent de ses filles. Peut-être que c'était ça une famille, des cris, des pleurs, des coups, des menaces, des vases cassés et de l'amour caché qui coulait parmi tout ça. Parce que son frère et ses parents s'aimaient non ?
Quand en plein été, leur mère leur donnait leurs balais, qu'ils s'envolaient et qu'ils frôlaient les arbres et qu'ils riaient aux larmes, quand ils passaient des heures à chercher des fées dans les buissons, quand ils avaient droit à un goûter de chocolat chaud et de crêpes, il n'inventait pas le bonheur qui l'enivrait. Quand Sirius le rejoignait dans sa chambre et qu'ils passaient des heures à se raconter des histoires, il ne rêvait pas la complicité qui brillait dans leurs yeux.
Alors il était peut-être naïf, mais il croyait de toutes ses forces que le soleil brillerait sur la famille Black.
Quand Sirius avait reçu sa lettre de Poudlard, Regulus avait eu un pincement au cœur, parce que cette lettre signait la fin d'une époque, une séparation. Une séparation pour un an, une seule petite année. Ils le savaient, ils se retrouveraient tous les deux au château l'année d'après.
C'était peut-être un mal pour un bien. Sirius était trop à l'étroit dans cette maison, il cherchait constamment plus de liberté, testait toutes les limites. En s'en allant cette école à l'autre bout du pays, peut-être trouverait-il l'espace qui lui manquait. Peut-être se libérerait-il de la frustration qu'il accumulait envers ses parents, peut-être que c'était enfin l'occasion qu'il attendait depuis si longtemps pour qu'enfin les tensions s'apaisent. Pour que son frère trouve sa place, s'épanouisse, que ses parents découvrent la perle qu'il avait mise au monde. Qu'ils s'acceptent.
Il était peut-être trop naïf… mais il y avait cru.
Quand il avait vu la lettre de son frère roulée en boule et rageusement jetée au feu, quand il avait entendu les cris de ses parents, quand il avait saisi les mots honte terrible et Gryffondor, il avait retenu ses larmes et ignoré la douleur dans sa poitrine.
Tout n'était pas perdu non ? Ce n'était qu'une maison, qu'un mot, ça ne pouvait pas influencer tout un destin, non ?
Il avait ignoré les lettres qui ne parlaient plus que de James, Remus et Peter, il avait fermé les yeux sur les plaintes de sa mère qui recevait régulièrement des nouvelles des bêtises de son fils.
A Noël, il avait fait comme s'il n'avait pas remarqué la mine fermée de son frère en revenant, comme s'il n'avait pas entendu le sermon que ses parents lui avaient passé, comme s'il n'avait pas vu les bleus. Il avait juste profité de la présence de son frère, des sourires que Sirius lui offrait à lui seul, et de la chaleur qu'ils ressentaient ensemble comme si plusieurs mois ne s'étaient pas écoulés.
Alors peut-être que les temps étaient durs, peut-être qu'il était difficile en ce moment de croire toujours à son vieux rêve. Mais rien n'était perdu.
Il espérait encore.
Il y avait cru encore pendant toute l'année, pendant l'été, malgré tout. Malgré les nouveaux cris, les larmes, les punitions, les provocations, l'ignorance, les regards de travers, les deux semaines que Sirius avait passé chez les Potter, malgré la distance qui semblait chaque jour un peu plus grande, une part de lui se disait toujours que rien n'était rien impossible. Dans leur famille les choses mettaient peut-être un peu de temps à se mettre en place.
Il ne savait pas vraiment quand il avait cessé d'y croire. Même pas quand en arrivant sur le quai, Sirius l'avait laissé rapidement pour retrouver ses amis, ni même quand le Choixpeau l'avait envoyé à Serpentard et qu'il avait croisé le regard triste et déchiré de son frère. Ce n'était pas une maison qui les séparerait, ils l'avaient évoqué tous les deux, Sirius savait que Regulus irait sûrement à Serpentard. Ils restaient frères malgré là.
C'était peut-être juste en l'observant qu'il avait compris.
Parce qu'il le regardait souvent de loin et en le voyant avec ces trois amis, souriant, riant, épanoui, fier, c'était là qu'il avait su. Parce que ce bonheur qu'il contemplait sur le visage de son frère, il ne l'avait jamais vu.
Alors oui, il était d'un naturel naïf mais il y avait des vérités qu'il ne pouvait nier. Sirius ne trouverait jamais sa place dans la famille Black.
Autant le laisser s'éloigner.
