Hey !

(Pour les personnes qui tomberaient ici depuis le résumé de la nuit du FOF, ce texte est un chapitre difficilement compréhensible sans avoir lu le reste de l'histoire)

Et voilà un nouveau chapitre, écrit à l'occasion des Nuits du FoF sur le thème Attention. Ça bouge tout doucement, mais ça bouge. J'ai une idée claire qui se forme pour la suite, je vais mettre le scenar au propre histoire de pas dire trop de bêtises !

Merci à Flo pour sa review sous le chapitre précédent ! (Pour Naruto, c'est bien un vampire ! Mais comme dit dans les chapitres précédents, ses capacités sont entravés)

Bonne lecture !


Les vérités tordues

.

On a pas idée de vivre dans un pays où le soleil couvre la terre plus d'une moitié de journée. Et journée, ce simple mot. De voir qu'il surgit naturellement dans son flot de pensées, Sasuke se dit qu'il a passé bien trop de temps loin de chez lui. Journée, jour. Tous ces mots qu'il apprenait pendant la classe. Des termes étrangers, qui ont maladroitement roulé sur sa langue,qu'il connaît maintenant par cœur. Qu'il utilise spontanément.

Sa langue claque.

Il s'avance. Maintenant que la nuit est tombée, le temple des Hyuga l'attend. L'oiseau message qu'il a envoyé il y a des heures de ça aura prévenu Hiashi de son arrivée. Alors il s'arrête là, ses deux pieds logés dans l'herbe noire des heures sombres. La lourde porte qui lui fait face protège les secrets qu'il vient gratter, à l'instar des murs ternir qui enveloppent la bâtisse. Un grand gardien silencieux avale l'endroit.

Il ne lui faut pas attendre longtemps pour qu'un homme vienne. Grand, l'homme. Âgé. Son corps recouvert par un tissu pesant, la robe que les membres du clan portent en toute circonstance. Sasuke reconnaît le stricte traditionalisme qui fait leur réputation. La tenue beige indique le rang bas de celui qui, sans lever les yeux, lui adresse la parole.

– Sir Uchiwa.

Sir. Un mot qui ne le désigne en rien. Sasuke n'appartient pas aux castes de ce pays, il ne s'inscrit pas dans les cases bien définies qui maintiennent leurs rangs. Mais quitte à être invité dans la demeure des Hyuga, il préfère s'y présenter en presque égale d'Hiashi, et non en simple roturier.

– Bonsoir.

Quelques mots. L'homme lui fait traverser la cour du temps. Il passe devant l'autel sacrificiel, celui-là même qui aurait tiré une grimace à Naruto s'il l'avait suivi. Mais il ne l'a pas suivi, et ça vaut mieux pour lui. Il règne ici comme une pesante noirceur.

Sasuke sent que quelque chose ne va pas.

Ou bien ses suspicions lui font de mauvaises idées.

Dans le doute, il reste sur ses gardes, son entière attention portée sur les détails du monde qui l'entoure.

Il ne se relâche pas, même une fois enfermé dans la même pièce que le patriarche du clan. Au contraire.

– Je m'attendais à te revoir plus tôt, Sasuke.

Personne. Pas un bruit. La solitude les tient loin des oreilles qui habitent ces murs.

Un genoux à terre, le jeune homme garde le visage baissé. Il sait qu'ici, on observe pas le visage des puissants sans y être invité.

Même s'il se sait plus puissant, bien plus puissant que cet homme abattu par l'âge qui n'a pour seule défense que deux bras solides et une pratique assidue des arts martiaux traditionnels.

– La traque prend du temps.

– Tu as retrouvé le vampire qui s'en est pris à Hinata ?

– Ça se pourrait.

C'est peu de le dire, mais il doit en dire peu s'il veut tirer sans le briser le fil de vérité qui dépasse de la pelote.

– Qu'est-ce que tu entends par là ?

– Je pense savoir où il se trouve.

– Alors qu'attends-tu pour t'y rendre ?

C'est pour ça que je te paie, Sasuke entend. Son timbre lourd voudrait l'écraser comme une enclume, briser son corps et le forcer à l'obéissance. Il est chef juste par la voix. Impitoyable.

Par fierté, ou par ce qu'il a quelque chose à cacher ? Quelque chose qu'on pourrait découvrir, en glissant hors du rang strict qu'il essaie d'imposer ?

– J'ai besoin de plus d'informations.

Le violet pastel du tapis sous ses jambes prend des airs de bleu, à cette heure. Une couleur qui remonte sur sa peau, une ombre voilée.

– Je t'ai déjà dit tout ce que je savais.

– J'ai encore des questions à vous poser.

Sa résistance ne plait pas, il le sent. Tant pis. Il est indispensable au clan Hyuga, et de là lui viennent des droits que personne n'oserait prendre en présence du dirigeant.

– Pose-les.

S'il savait, cet homme, que le garçon qu'il cherche attend dans une charrette si près de chez lui.

– Le vampire. Vous pouvez me le décrire une nouvelle fois ?

– Blond, les yeux bleus. Il a des cicatrices sur le visage.

– Quel genre de cicatrices ?

– Des marques qui partent de sa bouche vers ses joues. D'après ma fille.

Bien. C'est ce qu'il lui a dit, la première fois qu'ils se sont vus. Et ça ressemble à Naruto.

– Qu'a-t-il fait à votre fille ?

– Je vous l'ai déjà dit. Il l'a mordue.

Le ton se durcit.

– Où ?

Normalement, ces bêtes frappent au cou, là où la peau s'affine, où le sang pulse plus fort. Il arrive aussi qu'ils mordent les poignets, pour les mêmes raisons, mais encore faut-il qu'ils aient pu immobiliser les bras de leur proie. Moins pratique, donc.

– A la gorge.

Bien. Reste à savoir si c'est vrai.

– Comment elle va ? J'ai vu que les volets de sa chambre étaient encore fermés.

– Elle a besoin de repos.

Sec. Une phrase jetée d'une traite. Sasuke sent la faille. Il est parti depuis près de trois semaines. Si Naruto - qui n'aurait de toute façon pas pu la mordre - l'avait attaquée, elle n'aurait pas eu besoin de tant de temps pour se remettre. A moins qu'il n'ait vraiment chercher à la vider de son sang. Mais Hiashi ne lui a jamais dit que la vie de sa fille était en danger.

– Serait-il possible de lui parler ?

– Non.

– Je ne serai pas long.

– Elle ne reçoit pas de visites.

– Elle est la seule à l'avoir vu. Personne ne pourra me renseigner mieux qu'elle.

– Elle m'a déjà dit tout ce qu'elle savait.

Un rasoir dans sa voix. Il faut plus qu'une lame pour effrayer l'Uchiwa, mais il sait deviner les limites qu'il a tout intérêt à ne pas dépasser pour l'instant.

– Bien.

Le chef du clan est protecteur avec ses filles, c'est un fait. Si le nom d'Hinata est connu, rares sont ceux qui ont déjà aperçu son visage. La faute à une énième tradition qu'il ne connaît sans doute pas.

Mais à ce point ?

Il n'en faut pas plus à Sasuke pour décider de la suite des opérations. Une nouvelle étape s'ajoute à son plan improvisé.

– C'est tout ce que tu voulais savoir ?

Toujours sur ses gardes, le traqueur appuie sa main sur le parquet lisse. Une longue inspiration précède ses mots.

– Comment le vampire s'est-il introduit dans la chambre de votre fille ?

– Il ne l'a pas fait. Cette chose a attaqué Hinata alors qu'elle était sortie dans les jardins.

– Sans être accompagnée ?

– Elle n'est pas toujours obéissante. Je compte bien veiller à ce que ça change.

Elle était sortie. Un rendez-vous avec Naruto ? Non. S'il l'avait vue se faire agresser, il n'aurait pas joué les étonnés en apprenant l'affaire. Sans doute un vampire qui rodait dans le coin, donc. A moins qu'il ne mente, et que sa fille n'ait jamais mis un pied hors des murs de la demeure.

Il veut simplement attraper le garçon qu'il a surpris en train de parler avec elle.

Je compte bien veiller à ce que ça change.

Soudain, la froideur stricte de ces mots lui saute aux yeux.

S'il lui a menti, alors il n'a aucune raison de lui livrer Naruto. Sasuke est prudent, pas cruel. Et c'est tout à son intérêt de garder pour lui le vampire scellé.

– Ce vampire, il reprend. Est-ce qu'il avait des capacités particulières ?

– Non. Je te l'ai déjà dit.

– Vous êtes sûr ?

– Oui.

Rare sont les vampires à posséder des attributs qui s'ajoutent à leur capacités initiales, mais ils existent, quand les transformations se produisent au sein des clans. Un parent parti avec son enfant. Une attaque lancée contre un village, comme c'est arrivé aux Uzumaki.

Aux Uchiwa, aussi.

Mais le peu d'informations qu'il arrive à tirer d'Hiashi ne l'éclaire pas sur la nature de son potentiel adversaire. Ça le conforte dans son idée.

– Tu as d'autres questions ?

– Non.

Il sent le regard qui pèse sur lui. L'irritation chez cet homme qui pense sans doute qu'on l'a dérangé pour rien. Du temps perdu. Une colère épuisée. Hiashi ne sait pas que ses réponses, Sasuke ne les cherchait pas dans ses mots, mais dans ses réactions. Et il a tout ce qu'il lui faut.

– Dans ce cas, tu peux te retirer.

– Bien.

Le chasseur se relève.

– Ne tarde pas.

La voix frappe comme une menace.

– Ton clan est réputé pour ses compétences en matière de traque. Pourtant, tu m'as l'air bien long. Es-tu seulement capable de retrouver la trace de cette chose ?

Sasuke ignore la blessure qui se creuse dans son égo. Cette nuit, il y a plus important que de défendre la réputation des Uchiwa.

– Je vous l'ai dit. Une traque prend du temps.

Un souffle. Son courroux ? De la peur ? Il ne peut deviner l'émotion qui tremble dans le corps d'Hiashi sans toucher son regard, mais il quitte la pièce les yeux rivés sur les tapis. Tant pis. Si dérisoires ces règles puissent-elles être à ses yeux, il préfère ne pas les outrepasser. La prudence, toujours.

Tu dois évaluer le niveau de ton adversaire.

Il lui arrive, parfois, d'écouter les conseils qu'Itachi lui a laissés.

Quand il revient vers la charrette, la pression alerte qui empoignait son corps se relâche. Une détente agréable rythme son pas, alors que le tempe disparaît derrière le morceau de forêt où il s'enfonce.

Kakashi l'attend. Près de lui, un Naruto plein de questions l'observe de ses yeux pétillants.

– Alors ? T'as pu lui parler ? Tu lui as dit que j'avais pas pu m'en tendre à sa fille, hein ? Que j'peux pas mordre, tout ça.

– Je ne lui ai pas parlé de toi.

C'est sans doute vrai, puisque le vampire que le père d'Hinata a inventé ne peut être Naruto.

– Mais du coup vous m'livrez pas, hein ?

– Non.

Définitivement.

– Tu as pu voir Hinata ? Kakashi demande.

– Non plus.

Une réponse brève. Un geste de la tête pour l'accompagner. Et dans le regard de Naruto, une sorte de déception. Qu'il se rassure. Il est en sécurité pour l'instant. Cette histoire est trop belle pour que l'Uchiwa se contente de l'éliminer avant de passer à autre chose.

– Mais c'est une question de temps.


Et voilà ! Je pense faire au moins un chapitre de plus sur un autre des thèmes de la nuit, alors à très vite !