Note de l'auteur : x

Pairing : Katsuki.B x OC.

Rating : T

Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.

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Revenge lurks in the sky

Chapitre IV :

Betrayal and aggro

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«... qui pouvait provoquer assez de grabuge pour occuper les super-héros au sauvetage des civils qu'en renfort aux apprentis super-héros. Tout était orchestré de sorte à semer le chaos et récupérer une base armée en profitant de la retraite d'All Might et de l'absence d'Endeavor. La présence des élèves de Yuei n'a été communiquée que trop tard. Ce n'était pas prévu, j'aurais dû simplement m'occuper de l'ouragan.»

Sa gorge était sèche d'avoir parlé pendant des heures, sous le regard attentif des agents de police qui n'avaient manqué aucune de ses paroles. Plusieurs jours étaient passés depuis son arrestation et elle était passée par toutes les phases d'interrogation, de vérification de son identité et de moments avec une psychiatre. Elle n'avait eu le droit à aucun appel, avait été mise à l'isolement et s'était consolée d'être au moins libre de ses mouvements, à défaut de ne pas avoir de pièce aussi confortable que l'infirmerie.

Sa vie avait été criblée, découpée jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une poignée de miettes pudiques qu'elle avait pu conserver pour son seul souvenir. Chacune de ses actions, chacun de ses meurtres lui avaient été rendus et pour une fois dans sa vie, elle avait passé plusieurs heures à observer les visages de ses victimes, la manière dont ils avaient rendus leur dernier souffle et leurs noms qu'elle n'oublierait certainement jamais. Le soir, dans l'étroite pièce blanche et insonorisée, elle avait pleuré de tout son soûl jusqu'à en avoir d'affreuses migraines et de s'écrouler de fatigue.

Elle ne savait combien d'informations leur groupe avait pu récolter alors qu'elle laissait sa langue se délier et trahir allègrement ses anciens alliés. C'était le plan, plus elle aurait de matière à leur servir, plus ils croiraient en sa loyauté. Son allégeance n'allait peut-être plus à l'Armée mais elle conservait une animosité modérée pour les forces de polices qu'elle considérait calculatrices et corrompues. Sauf qu'elles en avaient le droit.

Kagame avait remarqué à quel point ils se faisaient mielleux, la traitant comme une gamine perdue et enrôlée malgré elle. Une martyr, songea-t-elle ironiquement. Elle avait ainsi perdu tout son mystère et sa dangerosité tandis qu'ils la prenaient en pitié et prenaient d'elle tout ce qu'elle pouvait leur donner et ce qu'elle n'avait même pas encore sorti de sa poche. Elle n'avait aucun répit, enchaînant interrogatoires sur interrogatoires. Le dernier en date consistait à raconter leur dernière mission, ce qu'elle s'appliqua à faire du mieux qu'elle pouvait, donnant tous les détails du plan jusqu'à la partie où elle devait mentir.

Car à partir du moment où Izuku Midoriya avait plongé pour la sauver, elle était censée être avec l'Armée.

«Les enregistrements te montrent en train de tomber avant de plonger dans l'océan. Comment as-tu survécu à une telle chute ?»

La jeune femme jeta un regard discret à la machine qui mesurait les battements de son coeur, comme si elle craignait que cette dernière la trahisse. Mais il n'y avait aucune raison à cela. Son dérèglement du cœur avait cet avantage qu'elle exploitait hors combat.

«La moitié de mon corps s'est brisé quand j'ai heurté la surface de l'eau,» expliqua-t-elle tandis que l'agent en face d'elle prenait des notes. Elle représentait une mine d'or d'informations et tous deux le savaient. «Je me suis évanouie de douleur et je me suis réveillée dans notre QG après plus d'une semaine de coma. Je n'ai jamais eu d'explication sur la façon dont ils m'avaient soignés. Sûrement un de nos-... un de leurs alliés possédant un alter de guérison. Je ne les connais pas tous, c'est un grand groupe,» se reprit-elle alors que l'homme en face, un blond d'une trentaine d'années aux yeux verts et aux rides du front déjà bien marquées, fronçait ses sourcils.

Évidemment, ils arrivaient à un nœud qu'elle ne pouvait pas vraiment défaire au risque d'affoler la machine et de se trahir. Après quelques secondes où il ne quitta pas son regard d'elle, la sondant d'une façon pesante, il dû considérer que son calme indiquait son honnêteté car il se contenta d'un hochement de tête sec. Elle coula une œillade ennuyée sur ses poignets de nouveau liés et observa ses ongles en grimaçant. Elle devait les nettoyer, la crasse s'accumulait et elle trouvait cela très désagréable. De plus, le reflet de la table en fer lui renvoyait son visage et la brune eut l'impression que sa cicatrice sous l'œil ressortait davantage sur sa peau pâle et fatiguée.

Elle ne jouissait pas vraiment de nuits reposantes.

«Comment expliques-tu la mort de ton ancien camarade,» il se pencha sur son dossier alors qu'elle sentait son ventre se contracter douloureusement à la mention de l'homme. «Sayako Naifu, alias le Faucheur ?»

Kagame prit une légère inspiration pour se détendre. Elle s'était répétée son mensonge jusqu'à douter de la réalité. Ce n'était pas comme si elle avait manqué de temps pour cela.

«Nous étions tous les deux en mission de repérage. Cette dernière consistait à s'introduire dans le lycée Yuei et noter les allées et venues des élèves dans le but d'en recruter plusieurs qui présenteraient des alters puissants ou des aptitudes développées et qui souffraient d'un manque de reconnaissance de la part de leur entourage. Après les événements survenus et mon accident, je me suis confiée à Sayako. Je lui ai fait part de mes doutes, de mes remords d'avoir tué tous ces gens innocents pour une base que nous n'avons finalement pas obtenue. Je lui ai dis que je ne voulais plus continuer dans cette voie et que toutes ces morts me hantaient,» elle s'arrêta un instant, se rendant compte que le mensonge qu'elle servait à l'agent aurait pu être tout aussi bien la vérité tant il sonnait juste à ses oreilles. Si elle avait eu le courage avant de se dresser contre eux, si elle n'avait pas eu une confiance aveugle en leur jugement, une dépendance à leur reconnaissance, peut-être que ces mots auraient pu un jour exister. Elle reprit. «Il était mon plus proche ami alors j'ai pensé que me confier à lui serait le mieux. Mais, c'est à ce moment-là qu'il a commencé à m'attaquer. J'ai compris en voyant de quelle manière il m'avait amenée dans un endroit exposé du lycée qu'il comptait me tuer depuis le début et faire porter le chapeau au lycée Yuei. Il n'attendait que mes aveux pour passer à l'acte, être certain des doutes que l'Armée devait avoir sur ma loyauté. J'ai d'abord évité ses coups, j'ai essayé de le raisonner mais il ne s'arrêtait pas alors j'ai dû moi-même le tuer. Pour me défendre.»

Kagame attendit que le blond termine de noter ce qu'elle pouvait dire, jetant un coup d'œil désagréable au dictaphone qui l'enregistrait. Elle tenta d'ignorer le souvenir de son corps fumant, carbonisé de l'intérieur et de l'extérieur, ni l'expression de son visage avant qu'il ne s'écroule par terre. Rien que l'odeur qui l'avait titillée lui avait donné envie de vomir. Ce n'était pas le moment de craquer.

«Quelques témoins rapportent que la foudre que tu as provoqué était tellement puissante qu'elle en a fait trembler les bâtiments. Tu étais en colère ? Tu avais peur ?»

«J'avais peur, bien sûr. Je n'arrivais pas à comprendre sa réaction et je ne voulais pas le blesser mais quand il m'y a forcé, je n'ai rien pu contrôler. C'était un instinct de survie,» expliqua-t-elle en fronçant les sourcils, s'inquiétant de voir que l'homme n'était pas aussi naïf qu'il en avait l'air. Elle retint un soupir de soulagement en le voyant hocher une nouvelle fois la tête. Il avait l'air d'avoir gobé la plupart de son histoire. La facilité qu'elle soit en grande partie vraie, certainement.

Cependant, alors qu'il allait lui poser une nouvelle question, la porte derrière lui s'ouvrit pour laisser apparaître une jeune femme d'une trentaine d'année à la chevelure auburn et aux sourcils légèrement broussailleux. L'agente fit un salut respectueux.

«Nous avons reçu un appel du principal du lycée Yuei, capitaine,» indiqua-t-elle alors qu'il lui sommait de continuer. Les yeux dorés de Kagame rentrèrent en contact avec ceux plus foncés de la femme. «Il aimerait s'entretenir avec Misoga et proposer une solution pour son cas, en conséquence.»

La brune retint un rictus alors que le blond fronçait ses sourcils, accentuant les rides de son front. Après plusieurs jours, peut-être pouvait-elle enfin espérer que le plan d'Eraser Head fonctionne. Pour le moment, tout se déroulait de la manière dont il l'avait prévu, mais chaque parole qu'elle prononçait menaçait de se retourner contre elle. Chaque geste, chaque expression qu'elle arborait était interprété et noté dans le cas où elle se détourne de la police. Elle était épuisée.

Le capitaine dirigea son attention vers son visage fermé tandis qu'elle lui rendait son regard. Elle avait coopéré. Peut-être trop. Dans tous les cas, ils avaient maintenant tout ce qu'il leur fallait pour la considérer autrement.

«Envoie moi les rapports de la psychanalyste et les comptes rendus rédigés d'Osamu. Je ne sais pas encore ce que te veux le proviseur de Yuei, Misoga, mais je n'ai jamais rien vu de tel en quinze ans de carrière. Pas de dérapage, gamine,» la prévint l'homme en uniforme alors qu'elle se contentait de hocher docilement la tête sous son œillade satisfaite. L'envie de rouler des yeux se faisait plus pressante encore.

Ils la raccompagnèrent à sa cellule d'isolation, ce qu'elle appelait comme tel mais qui ressemblait plutôt à une chambre blanche où aucun courant électrique ne pouvait passer et qui ressentait les changements atmosphériques étranges ou importants pour donner une alerte sonore. Le lit était dur et ses draps comportaient plusieurs traces de sang. Un coin dans la pièce comportait un petit wc, un lavabo qui bringuebalait quand elle appuyait dessus pour délivrer l'eau froide et elle n'avait qu'un gant, un savon rond et une petite serviette pour faire sa toilette. Un minimum dont elle avait du mal à s'adapter et qui la dérangeait de plus en plus tandis qu'elle continuait de tresser ses cheveux quand elle n'en pouvait plus de se geler le crâne.

L'entretien avec le proviseur Nezu accompagné de Shota Aizawa arriva rapidement. Quand elle rencontra le principal pour la première fois, ne s'étonnant pas de sa petite taille, et qu'elle salua Eraser Head d'un hochement de tête poli, tous s'installèrent autour d'une table en fer et elle se laissa sagement attacher.

«Le principal Nezu et le professeur Aizawa travaillent tous deux à Yuei. Tu ne dois pas ignorer cette information,» commença le capitaine alors qu'elle se retenait de rouler des yeux. Elle ne répondit rien, se contentant d'agir comme la gamine renfermée et coupable qu'elle était à leurs yeux. Enfin, Kagame l'était réellement mais préférait se montrer intimidée en leur présence. Comme si après toutes ces années à la pousser au-dessus des lois et de toute morale, elle pouvait réussir à afficher un air gêné. Tout au mieux l'indifférence s'imprimait sur ses traits. Ce n'était qu'une comédie. «Contre toutes attentes, les informations que tu nous as données ont permis à une escouade composée d'agents de police et de super-héros de débusquer un des QG de l'Armée et à enfermer plusieurs de leurs membres. Les autres ont été éliminés, malheureusement.»

La brune serra la mâchoire et sentit son dos se tendre à la fin des paroles du blond. Il la testait, cette enflure. Bien sûr qu'elle ne pouvait rester de marbre après avoir grandi au milieu de tous ces criminels. Ils avaient longtemps été sa seule famille. Quelques semaines ne suffisaient pas à lui faire oublier plus de la moitié de sa vie. Mais, lorsque ses prunelles dorées rencontrèrent celles plus sombre de l'homme aux cheveux longs et qu'il lui indiqua sans qu'elle n'arrive à vraiment le comprendre de ne pas réagir à la provocation, elle se sentit se calmer.

«Je suis venue me rendre pour ça,» répondit-elle d'une voix morne, comme si ça ne l'atteignait pas. Elle se surprit d'avoir si bien fait semblant alors qu'elle se sentait bouillonner de colère face à son air calculateur. Kagame l'avait sous estimé, il était capitaine après tout.

«Les rapports de la psychanalyste ont démontré que tu étais également une adolescente réfléchie et saine d'esprit. Que tu éprouvais de nombreux remords et que tu tendais à réellement te racheter. Il faut croire que l'influence de tes parents a continué de planer sur toi, même après leur mort,» fit-il comme s'ils n'étaient que tous les deux dans la pièce incrustée de caméras. La brune fronça ses sourcils, sentant remonter en elle une colère sourde. Ce n'était pas le moment de réagir au quart de tour et elle eut comme l'impression qu'il avait déjà tout prévu. Peut-être comptait-il la discréditer face aux héros ?

Elle desserra une nouvelle fois le poing, laissa s'échapper la tension dans ses épaules en soupirant et jeta un coup d'œil méfiant à la main du blond cachée sous son bureau. Elle l'avait déjà vu enserrer quelque chose mais c'était assez petit pour tenir dans sa paume.

«Grandir sans eux a été difficile,» répondit-elle en s'éclaircissant la voix. «Mais trahir leur image était pire encore.»

Sa phrase sembla détendre Aizawa qui se permit une position légèrement moins tendue sur sa chaise. Le capitaine, lui, abordait un visage neutre mais légèrement crispé. Il voulait la coincer, c'était assez clair. Mais la jeune femme ne savait pas encore comment et elle ne pouvait s'empêcher d'être méfiante.

«Proviseur Nezu, Eraser Head,» fit le membre de la brigade de police à l'adresse du petit animal et de l'homme aux cheveux sombres. «En vue du temps passé et des multiples examens, la brigade peut accéder à votre demande, j'aimerais simplement m'entretenir avec Misoga avant de vous la confier.»

La concernée fronça ses sourcils bruns en voyant Shota et le principal se faire escorter à la porte. Elle croisa une dernière fois le regard de celui qui avait fomenté tout le plan et sentit sa gorge se serrer. Elle avait un mauvais pressentiment en voyant le blond se rasseoir face à elle et lorgner discrètement sur la caméra à sa droite. Le cliquetis de ses menottes résonnaient désagréablement à son oreille.

«Tu n'as pas l'air surprise de la présence de deux héros venus te chercher alors que tu es accusée de meurtres et de terrorisme,» commença le capitaine alors qu'elle conservait son calme en arborrant un visage fermé. «Tu as obtenu gain de cause durant ton procès car tu as su nous donner assez d'informations pour que nous coinçions la plupart de tes petits copains, mais nous savons tous les deux que la figure de tes parents t'a octroyé une immunité que beaucoup auraient aimé avoir à ta place.»

«Je ne vois pas où vous voulez en venir,» grinça la jeune femme, laissant transparaître dans sa voix à quel point elle était tendue. L'homme lui fit un sourire un peu effrayant.

«Je crois que tu as fait bien plus que te rendre par culpabilité,» expliqua calmement le capitaine alors qu'elle sentit son cœur faire un raté. Elle était pourtant persuadée de l'avoir roulé depuis le début. «... et que tu as réussi à tenir ici car tu avais la certitude d'un après. Si mes soupçons sont fondés, tu es parvenue par je ne sais quel moyen à obtenir gain de cause envers des super-héros réputés et respectés.»

La gorge sèche et le souffle court, Kagame ne répondit rien, figée. Sa réaction parlait pour elle et le capitaine souffla du nez dans un rire discret, comme si après quelques semaines à se retourner le cerveau sur un casse-tête, il se rendait compte que la situation était sous ses yeux depuis le début.

«Tu comprends donc,» initia-t-il alors qu'elle commençait à envisager le pire, et surtout un moyen de se sortir de là. Il l'avait coincée, il n'y avait plus de raison de croire au plan et elle devait trouver un moyen de s'échapper. C'est là qu'elle la sentit. Une source d'énergie qui provenait de la paume du capitaine et qu'elle absorba machinalement, illuminant légèrement sa mèche d'un bleu sombre. Pour autant, alors que tout se passait très vite autours d'elle, la jeune femme se crispa un instant et se contenta finalement de garder cette boule d'électricité au creux de son ventre avant de la fragmenter pour qu'elle puisse sortir d'elle sans causer de dégâts. Il n'y eut qu'une petite étincelle et un faible pétillement lorsqu'elle posa son doigt contre la surface de la table en fer.

Puis le silence total alors qu'elle baissait ses yeux dorés sur ses paumes presque jointes. À quoi bon tenter de s'échapper ? Elle s'était toujours détournée de ses responsabilités. Une vie de cavale n'était pas une vraie vie et Kagame se rendit compte d'à quel point elle pouvait être fatiguée de fuir sans cesse. L'Armée chercherait à l'anéantir, les policiers à la rattraper, sans parler de leurs équipes de super-héros. C'était peine perdue pour une gamine de seize ans.

«Je vois que tu as réussi mon dernier test,» fit le capitaine avec un hochement de tête qui l'approuvait. L'adolescente ne chercha pas à cacher sa surprise. Il lui fit un sourire qu'elle trouvait trop amusé pour qu'il ne se moque pas un minimum de sa réaction à son coup de pression. «Avec Eraser Head dans les parages, je ne pouvais pas tester tes réflexes alors j'ai emmené une pile dans ma main et je les ai fait sortir,» il entrouvrit sa paume et elle vit l'objet circulaire qui lui avait permis d'utiliser un peu de son alter. «Il était question de vérifier de quelle façon tu réagirais en apprenant que tu ne pourrais pas repartir avec eux. Et, je dois dire que j'ai un instant douté, mais tu m'as prouvé que tu était prête à accepter n'importe laquelle de nos décisions. Et en cela, nous pouvons accepter de te placer sous la tutelle d'un super-héros qui saura te remettre dans le droit chemin.»

Un rictus railleur étira les lèvres de la jeune femme. Il était bien plus intelligent qu'il n'en avait l'air aux premiers abords. C'était ironique de constater à quel point c'était le blond qui la menait en bateau depuis le début. Il reprit néanmoins un air plus sérieux.

«En revanche, tu ne dois pas oublier que c'est ta seule et unique chance de te racheter. À l'issue de tout cela, il a été décidé à l'unanimité qu'en cas de trahison, de mauvaise action ou de rapport négatif sur ton comportement par ton tuteur ou ta tutrice, tu serais immédiatement replacée sous l'autorité de la justice de Tokyo.»

«Comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête,» résuma la brune alors que l'homme hochait gravement la tête.

«Ah, et,» continua-t-il en s'approchant, clé en main, de ses poignets pour détacher ses menottes. Il plongea son regard vert dans le sien, doré.«Ne t'attends pas à être accueillie comme une future super-héroïne après tes actes. Les cicatrices de la mort mettent du temps à guérir.»

La gorge serrée, Kagame acquiesça péniblement en se frottant les poignets, étonnée de sentir une peau fine sous la pulpe de ses doigts, bien que légèrement abîmée d'avoir été de nombreuses fois attachée. Quand il la fit traverser un couloir sous les œillades curieuses de plusieurs policiers, elle retrouva Eraser Head et le principal Nezu en pleine discussion. Enfin, le petit animal abreuvait l'homme de longs monologues au point qu'elle fut surprise que le professeur ne soit pas déjà endormi sur une chaise. Ses yeux étaient presque fermés, en tous cas.

«Eraser Head, proviseur Nezu,» les salua le capitaine pour attirer leur attention sur lui et l'adolescente à ses côtés. «Le centre de justice de Tokyo place Misoga Kagame sous votre responsabilité. Si vous avez déjà signé tous les papiers attestant de votre implication et de la promesse de toujours agir en accord avec les lois, vous êtes libres de partir.»

«Tout est en ordre,» acquiesça Shota, la présence de leur directeur faisant davantage office de figure d'autorité. Après tout, son rôle à lui était d'introduire la jeune femme dans le lycée Yuei qui, malgré son passé, présentait des qualités certaines, ne serait-ce que par ses alters, à postuler au titre de future super-héroïne.

«Bien,» fit le blond en jetant un dernier regard à la jeune femme qui le lui rendit, pensive. À la suite de cela, il disparut d'un pas maîtrisé en direction de son bureau au fond du couloir.

Seuls, elle en profita pour se tourner vers les deux personnages. Maintenant qu'ils avaient réussi, qu'en serait-il pour elle ? Comme s'il avait lu dans ses pensées, l'homme aux cheveux longs et sombres qui progressait vers la sortie lui lança une oeillade consternée. Il n'en revenait pas de devoir s'occuper d'une gamine alors même qu'il n'avait aucune expérience là-dedans.

«Pour répondre à ton expression béate, oui c'est moi ton tuteur et non, il est hors de question que l'on cohabite ensemble. Tu auras ta propre chambre à Yuei, dans la Heights Alliance. En revanche, je veux te voir tous les soirs en classe avec un compte-rendu de ta journée, au moins durant le premier mois. Tu intégreras la classe de seconde-A et tu travailleras pour rattraper ton retard. Le reste,» commença-t-il alors qu'à peine mettaient-ils un pied dehors qu'ils étaient assaillis par les flashs. «Nous en discuterons ce soir,» grinça Shota.

Kagame hocha brièvement la tête avant d'être tirée en avant, baissant son visage pour l'abriter derrière sa chevelure sombre. Elle ne savait si elle devait se réjouir d'être propulsée au milieu d'une centaine d'adolescents qui ne devaient pas la porter dans son cœur.

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Et la jeune femme ne croyait pas si bien dire quand elle se retrouva avec un plat de nouilles retourné sur ses cuisses. Elle grogna en sentant le liquide couler sur sa peau, embrasant douloureusement sa chair. Sous le silence du réfectoire, elle se contenta de baisser la tête et d'éponger calmement son pantalon d'uniforme avec les quelques serviettes qu'elle avait à sa disposition. Mais une main se posa dessus et elle fut forcée de relever son regard doré sur l'origine de l'accident.

Un accident qui n'en était vraisemblablement pas un car face à elle se tenait une fille aux cheveux châtains coupés courts, ses yeux gris teintés d'un éclat vengeur. Le visage de Kagame resta absolument fermé, se contentant de contempler l'étudiante face à elle et son ami derrière qui n'avait pas l'air motivé à réagir. Elle ne le prenait pas mal, elle en aurait fait autant.

«Ça c'est pour ma tante, la criminelle,» siffla la fille qu'elle ne connaissait pas mais qui elle, semblait la connaître. Difficile autrement, sûrement une victime de ses meurtres. Sans pouvoir réagir, la brune se retrouva à reprendre sa respiration quand l'adolescente tourna rageusement les talons, les yeux embués.

Elle avait intégré Yuei depuis moins d'une semaine, s'était installé dans sa chambre au quatrième étage et avait dû nettoyer des tags rouges et insultant le soir même de son arrivée. Ce n'était pas douloureux, ce qui l'était davantage était de savoir que derrière tous ses actes se cachaient une réelle souffrance qu'elle même avait causé. Comment pouvait-elle en vouloir à une seule de ces personnes d'agir de cette manière ?

Ainsi, elle se montrait rarement au réfectoire, passait le plus clair de son temps dans sa chambre ou en cours où elle était soit ignorée, soit fusillée du regard. Enfin, un seul la fusillait du regard, à dire vrai. Toujours le même garçon dynamite qui avait pourtant eu l'occasion de lui coller un coup de poing. Elle pensait que cela l'aurait calmé. Kagame avait tort.

Par ailleurs, cet après-midi, elle avait cours de sport avec sa classe et repoussa son plateau, sa faim coupée. Elle savait que les choses ne seraient pas simples, déjà parce qu'elle n'avait jamais côtoyé autant d'adolescents qui savaient qui elle était réellement. Il y avait bien eu le lycée général, le collège avant ça, mais chacun la voyait comme une fille gentille et handicapée. Elle n'avait jamais vu autant de haine ou de peur dans les yeux d'autant de personnes. Au point qu'elle chérissait maintenant leur désintérêt.

Ses yeux dorés tombèrent sur le groupe de Midoriya, entouré de sa petite copine dont la lèvre portait désormais une petite cicatrice blanche, du garçon avec des réacteurs aux mollets qui était toujours aussi tendu et de Shoto Todoroki qui la fixait silencieusement. La brune ne se détourna pas la première, étonnée jusqu'à ce qu'elle se souvienne qu'il était le seul à réagir avec elle comme il réagissait avec les autres. Un désintérêt poli et une avarice excessive de mots.

Ennuyée et voyant que l'heure tournait, elle consentit finalement à lui laisser la victoire sur leur échange visuel et se débarrassa de son plateau avant de quitter le réfectoire. Depuis qu'elle était arrivée, elle n'avait plus utilisé ses alters, de peur qu'on la renvoie dans les pattes de la police. Elle se rendait tous les soirs dans la classe de la seconde A pour débriefer sa journée avec le professeur Aizawa et lui avait indiqué son intention de rester discrète jusqu'à ce que l'animosité des autres élèves se fasse moins persistante. Il avait simplement acquiescé, comme s'il se rendait bien compte qu'essayer d'empêcher tout cela serait pire encore. Elle devait se débrouiller seule.

Mais, il y avait des moments où elle regrettait de faire front face à toute une bande d'adolescents qui la détestaient. Précisément quand elle retrouvait son uniforme de sport en lambeau. Avec un grincement, elle claqua la porte de son casier et jeta à la poubelle les restes de son survêtement. Il était le seul qu'elle avait et qui cachait sa jambe amputée. Fatiguée, elle se posa un instant sur le banc au centre de la pièce, agrippant sa tête de ses mains tremblantes. Elle sentit les irrégularités de sa cicatrice sur sa pommette gauche quand elle essuya une brève larme.

Tu es fatiguée, oui, simplement fatiguée, se répéta-t-elle en expirant lentement.

Cependant, elle ressenti un picotement traverser ses bras et elle releva vivement son visage sur la silhouette d'une fille assez petite, aux joues rebondies et aux jolis cheveux bruns coupés au carré. La petite copine de Midoriya, Uraraka Ochako, dans ses souvenirs. Cette dernière fut surprise de la voir réagir aussi rapidement et se figea à l'entrée de leur vestiaire. Ses joues se colorèrent d'une teinte grenat alors qu'elle ouvrait et fermait sa bouche plusieurs fois.

Kagame se détendit en voyant qu'elle ne comptait pas sauvagement l'agresser. En silence, elle se releva et se dirigea vers la sortie, décidée à trouver une solution. À part deux uniformes du lycée et son survêtement, elle ne possédait pas une immense garde-robe. Elle avait pensé à retourner dans le QG qu'elle avait dénoncé à la police et demander gentiment à son ancien groupe de lui faire passer ses vêtements mais étrangement, ça ne semblait pas être la meilleure idée. Elle ne pouvait pas non plus enfiler son costume à moitié carbonisé et elle n'avait aucun pantalon assez large et élastique pour le sport. Encore un problème auquel il faudrait qu'elle pense à pallier. Peut-être avait-elle laissé quelques affaires chez le vieil homme persuadé qu'elle était sa petite fille ? Il lui était arrivé de rester dormir chez lui quand elle avait besoin de retrouver des moments du quotidien. Jamais longtemps, en revanche. Il ne se souvenait jamais de qui elle était quand elle revenait.

Alors qu'elle dépassait Ochaco, cette dernière la hela faiblement, comme si elle-même ne se rendait pas compte de ce qu'elle faisait et si c'était une réelle bonne idée. Kagame se figea en se tournant vers elle. Toutes deux avaient plus ou moins le même âge bien qu'elle soit en décalé dans sa scolarité, intégrant leur classe de seconde tandis qu'elle avait fêté il y a peu ses seize ans. Enfin, elle ne l'avait pas vraiment fêté. Elle avait simplement vieilli.

«J-J'ai vu ton survêtement dans la poubelle,» commença-t-elle en bégayant légèrement sous le regard doré de la brune. Puis, de la même façon qu'elle se serait infligé une claque, elle reprit avec plus de confiance et un air moins intimidé. «J'en ai un deuxième. Il ne vient pas de l'école et il sera sûrement trop petit mais tu pourras quand même faire sport, comme ça.»

Kagame prit un léger temps pour répondre, trop abasourdie par la proposition. Puis, face à la détermination sans faille de la fille face à elle, hocha brièvement la tête. Quand cette dernière lui tendit ses affaires et s'apprêtait à partir, l'amputée la retint.

«Hé,» fit-elle à la petite brune qui se retourna, surprise. «Merci.»

Uraraka approuva d'un signe de tête et quitta définitivement le vestiaire, sûrement pour profiter des dernières minutes qu'ils avaient avant le début du cours. Kagame, elle, préférait se changer quand aucune des filles n'était présente. Elle s'enferma alors dans les toilettes, tirant profit de son avance pour passer sa main dans ses cheveux sombres et étouffer les quelques éclats de joie que cela lui avait procuré d'être traitée comme une humaine et non plus comme un monstre.

Elle ne devait pas s'y habituer mais ne pouvait aller contre le fait que ça lui faisait un minimum de bien.

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Note de l'auteur : x