/!\ Disclaimer : La série ne m'appartient pas et j'écris pour le plaisir. Je ne touche évidemment pas d'argent.
Une semaine s'était écoulée depuis le jour où Faith avait découvert sa grossesse surprise, et toute la brigade était à présent au courant. Chaque jour Faith avait droit à de nombreux regards et des murmures sur son passage. Elle les ignorait pour la plupart.
Ce matin-là Faith sut que la journée allait être très longue et très déplaisante. Dès le réveil elle s'était sentie mal dans son corps, barbouillée et tout engourdie. Après ça, quoi qu'elle fasse, tout était allée de travers. Littéralement. Elle s'était cogné les orteils dans le pied de son lit en sortant de sa chambre, encore à moitié dans le brouillard. Elle avait ensuite renversé de l'eau partout sur le plan de travail au moment de faire infuser sa tisane, manquant de peu de s'ébouillanter au passage. Au moment de partir pour le boulot, elle s'était rendu compte, arrivée au pieds de l'immeuble qu'elle devait remonter les deux étages parce qu'elle avait oublié ses clés de voitures.
Alors quand elle passa les portes du commissariat ce jour-là, sa mauvaise humeur se lisait clairement sur son visage. Les gens qui croisaient son chemin la regardait avec un drôle d'air et certains préféraient carrément faire un pas de côté par sécurité. Jelly n'était pas encore arrivé lorsqu'elle passa la porte de leur bureau et elle supposa avec agacement qu'il devait encore avoir fait un crochet par la boulangerie avant de venir. Il avait intérêt à ne pas être en retard pour la réunion que leur avait fixé Miller parce qu'elle n'était pas franchement d'humeur à entendre leur supérieur râler sur eux dès le matin.
Et tout cela n'alla pas en s'arrangeant.
Faith et Jelly s'étaient retrouvé sur une scène de crime, encadrée par l'unité de Bosco, et déjà ce simple détail avait plombé un peu plus l'humeur de l'inspectrice. Ce n'était pas tant la présence de son meilleur ami qui contribuait à dégrader son moral, mais le fait même qu'elle soit affectée par sa présence alors qu'elle s'était fait la promesse de se détacher émotionnellement de tout cela. Après tout elle ne pouvait pas le forcer à accepter la situation et encore moins à s'engager. Elle devait vivre avec les conséquences et continuer à avancer avec ou sans lui. Pourtant ne plus avoir son meilleur ami dans sa vie, même s'ils en se voyaient plus aussi régulièrement qu'avant, l'attristait et lui faisait regretter de lui avoir dit la vérité quand elle aurait pu mentir sur l'identité du père de l'enfant.
Bosco qui, d'ailleurs, l'avait longtemps dévisagé quand elle était arrivée. Elle ne pouvait pas le lui reprocher, après tout ils ne s'étaient pas du tout recroisés depuis qu'elle affichait son gros ventre. Faith s'était soudain sentie rougir sous son regard et ça l'avait encore plus agacé. Aussi s'était elle efforcée de se reconcentrée sur la raison de sa présence ici, s'adressant un peu brusquement à ses collègues de la scientifique.
Elle ne comprit pas bien ce qui se passa ensuite, mais un homme parvint à franchir le périmètre de sécurité et s'en prit à elle. Il était tellement bouleversé qu'elle ne comprit pas un mot de ce qu'il lui racontait, et son manque de réaction ne sembla pas plaire à l'homme qui la bouscula au niveau des épaules avant de lui attraper le bras avec force, et lui désigna la victime étendue parterre, encore à la vue de tous tandis que la scientifique faisait son travail. Tout ce qu'elle fut capable de retenir de cet échange, c'était qu'il connaissait la victime.
« Eh ! s'écrièrent en même temps Bosco et Jelly. »
Mais avant qu'ils n'aient pu intervenir l'un ou l'autre, Faith retourna la poigne de l'homme contre lui et lui fit une clé de bras avant de le menotter. Elle s'approcha de la voiture de 55-David et colla le type dedans avant de récupérer la paire de menotte de Finney qui la laissa faire, trop surpris pour réagir.
Elle retourna ensuite auprès du corps comme si de rien était, sous les yeux interloqués des curieux qui se trouvaient là, et ceux, inquiets, de ses collègues. Faith se retenait de lever les yeux au ciel et de leur rappeler avec humeur qu'elle n'était pas en sucre. Mais connaissant ces deux-là ça ne serait qu'une perte de temps, et elle avait mieux à faire à cet instant.
Si on la laissa tranquille tout le temps qu'ils étaient en train de travailler sur la scène de crime, ça ne s'arrêta pas là pour autant. Jelly se transforma en papa poule dès lors qu'ils furent de retour dans sa voiture.
« Faith, t'es sûr que ça va ? Je peux conduire si tu préfères.
- Pourquoi est-ce que ça n'irait pas ?
- Ce gars a quand même été brutal avec toi.
- C'est pas le premier et je n'en suis pas morte pour autant !
- Tu es enceinte, Faith.
- Et je me porte très bien, d'accord ?
- Je me fais juste du soucis pour toi.
- Et j'apprécie, sincèrement, mais je n'ai pas besoin d'être maternée. »
Devant son air fermé l'inspecteur n'insista pas davantage ils retournèrent en silence au poste. Faith n'attendit pas son collègue et posa ses affaires avant de commencer à remplir le tableau blanc de la salle de réunion avec les premières informations. Elle traça d'un trait la frise chronologique qu'ils complèteraient au fur et à mesure et qui leur permettraient de comprendre le dérouler des événements. Elle nota ensuite le nom de leur victime et toutes les informations qu'ils avaient pu obtenir à son sujet. Jelly lui dicta d'autres informations diverses qu'elle ajouta au fur et à mesure.
Une fois cela fait, ils se mirent d'accord sur la suite des tâches à effectuer. Qui appellerait qui ? Qui récupèrerait telle ou telle information auprès de tel ou tel service. Quelques secondes d'organisation qui leur permettait ensuite de gagner un temps fou. Alors qu'ils étaient sur le point de se mettre au travail, on frappa à la porte. Faith releva la tête pour voir Bosco posté sur le seuil et sentit la tension revenir dans ses épaules.
« Qu'est-ce que tu veux, Bosco ? demanda-t-elle pour tout accueil.
- Je venais voir comment tu vas.
- Je ne vois pas en quoi ça te concerne, déclara-t-elle froidement avant d'ajouter : Tu devrais retourner en patrouilles avant que Swersky ne te trouve ici.
- Faith…
- Va-t'en.
- N'insiste pas, intervint Jelly avant que Bosco ne puisse dire autre chose. Elle va bien. »
Jelly quitta la pièce et referma derrière lui, ne laissant pas le choix à Bosco que de reculer et rester à la porte. Faith soupira et se passa une main dans les cheveux. Elle pouvait sentir le regard de Bosco toujours posé sur elle de l'autre côté de la porte vitrée, et elle se concentra un peu plus fort sur son dossier bien qu'elle soit en train de lire la même phrase pour la troisième fois de suite sans pour autant en comprendre davantage le sens.
Une part d'elle culpabilisait de traiter Bosco ainsi, alors même qu'il semblait fait un pas vers elle en se montrant soucieux de son bien-être, pourtant elle ne pouvait pas s'empêcher d'être en colère. Ce n'était pas juste de sa part de réagir de cette façon après avoir réagi si violemment envers elle l'a dernière fois quand tout ce qu'elle faisait c'était être honnête avec lui.
Faith attendit que Bosco s'en aille avant de rassembler ses affaires. Elle se rendit aux toilettes avant de descendre se prendre une barre de céréales et un thé au distributeur dans le hall du commissariat. La journée était encore bien loin d'être finie.
En début de soirée, alors que le soleil commençait seulement à décliner à l'extérieur et que New York commençait tout juste à pouvoir respirer, Jelly décida qu'il était temps d'arrêter les frais. Faith savait qu'il prenait cette décision plus pour elle que pour lui, qui avait comme elle l'habitude de rester relativement tard au début et à la fin de l'enquête, là où tout s'activait le plus. Mais ce soir-là Faith lui en fut reconnaissante. Elle se sentait lourde et poisseuse, et elle ne rêvait que d'une douche bien fraîche avant de retrouver son lit.
Elle était couchée depuis à peine une heure, flottant quelque part entre deux eaux, quand des coups frappés à la porte lui firent ouvrir les yeux. Faith regarda son réveil et grogna dans son oreiller. Elle se rendit d'un pas trainant jusqu'à la porte d'entrée, ne prit pas la peine de regarda par le judas et entrouvrit la porte. Bosco se tenait là, mains dans les poches comme à son habitude.
« Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle sans même chercher à se montrer avenante. »
Après tout il était tard et elle était fatiguée. Et puis, ce n'était pas comme s'il méritait qu'elle prenne des gants avec lui quand lui-même ne s'était pas donné cette peine quelques jours plus tôt. Elle n'allait pas lui pardonner simplement parce que, pris d'une lubie soudaine, il avait décidé de retourner sa veste.
« Il faut qu'on parle.
- Je n'ai pas envie de recevoir une autre leçon de moral de ta part, répondit Faith avec agacement. Rentre chez toi. »
Croyait-il vraiment qu'il pouvait débarquer comme ça chez elle, au beau milieu de la nuit, et décider de ce qu'ils devaient ou non faire ? Oh non, il pouvait rêver.
« Faith… s'il te plait ? la supplia-t-il presque alors qu'elle était en train de refermer la porte. »
Et son air de chien battu la fit céder. Il la faisait céder à chaque fois. Bon sang… songea-t-elle en rouvrant la porte avant de s'effacer pour le laisser entrer. Elle referma la porte derrière lui et le dépassa pour se rendre dans le salon. Elle ne l'invita pas à faire comme chez lui, ne lui proposa pas non plus à boire, se contentant de croiser les bras sous sa poitrine.
« Je suis venu m'excuser, annonça-t-il pour briser le silence. »
Faith eut un rire sans joie. C'était bien trop facile. Bien trop facile. Elle lui tourna le dos et alla s'asseoir en tailleur sur le canapé, à l'extrémité la plus opposée, et un coussin sur les jambes. Comme la semaine d'avant, Bosco s'approcha et vint s'asseoir sur le bord de la table basse, en face d'elle. Il n'en menait pas large et c'était tant mieux.
« Ecoute… je sais que je me suis comporté comme un abruti avec toi, commença Bosco. La vérité c'est que… eh bien, je… j'ai paniqué. (Il leva les bras en signe de résignation, comme un aveu trop longtemps gardé pour soi.) J'ai paniqué, Faith. Et je sais que c'est pas juste pour toi, que t'étais probablement tout aussi secouée…
- Je l'étais, et j'avais besoin de mon meilleur ami… déclara Faith d'une voix tremblante. »
Faith resserra le coussin contre elle. Cette phrase, elle avait voulu lui envoyer comme un reproche. Pourtant tout ce qu'elle avait obtenu c'étaient quelques mots prononcés d'une voix brisée, particulièrement pathétique. Et elle ne pouvait même pas mettre ça sur le compte des hormones. Le pouvait-elle ?
« Je sais, répondit Bosco. Et c'est pour ça que je suis là.
- Peu importe, à présent…
- Non, contra-t-il avant de se rapprocher un peu plus d'elle. Non, pas « peu importe ». Parce que c'est important pour moi. (Puis, avant que Faith n'ait le temps de placer une autre remarque cinglante, il insista :) Je te promets pas d'être parfait, Faith, tu me connais… Mais j'aimerais être là pour toi si t'es d'accord. Je veux t'aider.
- Vraiment ?
- Je veux être là si tu dois voir des docteurs. Je veux être là si tu dois faire des courses ou des travaux. Je veux être là pour te tenir les cheveux pendant que tu vomis. »
Un rire s'échappa de la poitrine de Faith sans qu'elle ne puisse le retenir.
« T'es sûr de ça ?
- Oui, répondit-il avec un sérieux qui lui fit retrouver le sien. Je te demande pas de m'impliquer dans ta vie, ou même de donner un sens à tout ça, si tu n'en as pas envie. Mais quoi que tu décides après la naissance, je veux être là pour toi. Et pour le bébé. »
Faith détourna le regard quand les larmes vinrent lui brouiller la vue. C'était tout ce qu'elle avait espéré la première fois. Bosco se leva de la table basse et vint s'accroupir auprès d'elle, au pied du canapé, avant de lui prendre la main.
« Faith, j'ai jamais eu l'intention de te faire du mal.
- Je sais… murmura-t-elle en le regardant finalement.
- Laisse-moi être là… s'il te plait.
- D'accord. »
Bosco chercha dans son regard toute trace de contradiction mais Faith lui offrit un maigre sourire entre ses larmes et hocha la tête pour appuyer sa réponse.
« Viens-là, lui dit-il doucement en tirant légèrement sur sa main. »
Faith changea de position, posa les pieds au sol et se laissa étreindre par son meilleur ami. Elle posa le front sur son épaule et soupira. C'était comme si, soudain, un poids énorme venait de quitter ses épaules. Elle retrouvait son meilleur ami, mais en plus elle n'aurait plus à traverser tout cela toute seule. Quand elle se redressa et se frotta les yeux, Bosco la surprit en posant les mains sur son ventre, le regard à la fois incertain et émerveillé.
« Salut, toi… fit Bosco au bébé avant que l'expression de son visage ne change brusquement. Wow ! Faith, c'était quoi, ça ? Tu vas bien ?
- Détends-toi, Bos', le rassura-t-elle en posant une main sur l'une des siennes. Le bébé a juste donné un coup de pied.
- Un coup de pied ?
- Parce qu'il a entendu ta voix. »
Bosco la regarda avec un air confus avant qu'un sourire ne fleurisse sur son visage. Il reporta ensuite son attention sur son ventre rond.
« Eh, bébé… c'est papa, murmura-t-il. »
Le cœur de Faith se serra devant la scène qui se jouait sous ses yeux. Pendant un instant elle se surprit à imaginer ce que donnerait une vie de famille avec Bosco et un bébé, et l'image ne lui était pas déplaisante, loin de là. Pourtant elle ne devait pas trop se faire d'illusions.
« J'ai rendez-vous pour une échographie demain, lui annonça-t-elle.
- A quelle heure ? demanda-t-il sans hésiter.
- 9h45, à la Pitié.
- Je passerai te chercher.
- Bosco-
- Je t'ai dit que je serai là.
- Je sais, dit-elle en lui caressant la joue. Je voulais juste te dire merci.
- Oh.
- Et qu'on saura si c'est une fille ou un garçon. »
Le sourire que Bosco lui fit alors était tout ce dont elle avait besoin à cet instant.
Alors ? =)
