Notes:

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Après réflexion, j'ai choisi de découper le très long chapitre que je voulais initialement publier afin de rendre la lecture plus aisée.

Voici donc le début d'une série de courts, parfois très courts chapitres, j'espère vous l'apprécierez.

Je vous souhaite une bonne lecture.

A bientôt.

Dame Iris


Chapitre 5: L'accident.

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Un coup violent reçu en plein visage tira brutalement Cara du sommeil. En ouvrant les yeux, Din lui apparut bondissant hors du lit dans un état d'agitation tel qu'elle comprit aussitôt qu'il sortait d'un cauchemar bien plus intense que celui de la nuit précédente Haletant et tremblant, il quitta la chambre en claquant la porte derrière lui sans même lui avoir prêté la moindre attention.

Sur le moment, sa stupeur fut si grande qu'elle se sentit comme étourdie. Ce fût une douleur de plus en plus perceptible qui la ramena vers la réalité. Sa bouche lui faisait mal alors qu'un mince filet de sang franchissait ses lèvres et tâchetait de fines gouttelettes son décolleté.

Bon sang ! C'est pas possible ! Et maintenant je fais quoi ! Ce fût difficile, mais elle réussit à reprendre son sang froid et se décida à procéder avec un semblant de méthode.

Régler un problème à la fois, c'est déjà bien. Commencer par me soigner, puis le trouver pour tenter de le calmer.

En sortant dans le salon, elle remarqua que Din avait laissé la baie vitrée ouverte en sortant précipitamment dans la cour. Elle sentit son coeur se pincer. Renoncer à partir le rejoindre dans l'instant était difficile, mais elle tint bon.

Lorsqu'elle examina sa blessure devant le miroir de la salle de bain, elle constata que le coup porté à ses lèvres avait créé une légère entaille. La chair avait rougi et commençait à enfler. Cette blessure, par chance superficielle, serait malgré tout visible au matin et susciterait inévitablement des interrogations. Cette idée n'était pas du tout du goût de Cara.

Tandis qu'elle soignait la plaie, la jeune femme bouillonnait intérieurement. Elle ne pouvait s'empêcher d'être agacée et même vexée. Au cours des dizaines de combats au corps à corps qu'elle avait effectués face à des êtres bien plus puissants que Din, elle avait toujours su esquiver. Cette nuit, elle avait été blessée comme un débutant par un coup porté sans même qu'il eut s'agit d'un vrai combat. Elle savait très bien que si elle eut été éveillée, jamais un tel incident ne serait produit. Et cela ne faisait qu'accroître sa frustration.

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Le saignement cessa rapidement et elle put sortir sur la terrasse. Ne voyant pas son ami, elle partit à sa recherche dans la pénombre. La lueur de la nouvelle lune l'aida à le découvrir assis contre le mur au fond de la cour. Quand elle s'approcha de lui, il ne releva pas la tête. Cara ne savait pas s'il l'ignorait volontairement ou si ses pensées confuses l'absorbaient trop pour qu'il eut réellement pris conscience de sa présence. Ignorer le motif de cette indifférence ne l'empêcha pas de s'asseoir à ses côtés. Ils étaient si proches que leurs épaules se touchaient presque. Cara pouvait sentir toute la tension, la nervosité qui se dégageaient du corps de son ami. Elle était d'ailleurs dans un état similaire et savait qu'il lui était impossible d'apporter une aide quelconque tant qu'elle serait ainsi. Il fallut de longues minutes de lutte acharnée contre elle-même pour réussir à s'apaiser assez pour s'adresser à son ami sans lui transmettre un flot d'énergie négative.

- Din, c'est mieux que tu ne sois pas seul, je vais rester avec toi. Tu peux me parler, si tu le veux.

Il ne répondit pas, il l'ignorait. Cara eut l'impression qu'il la tenait à distance, comme si une coque commençait à l'entourer. Elle commença à sentir poindre un sentiment d'impuissante d'autant qu'elle avait la conviction qu'il ne s'agissait pas du fruit de la volonté de Din, mais plutôt une force qui s'imposait à lui, qui le dépassait. Tandis qu'elle cherchait avec peine les mots qui convenaient, le silence régnait dans la cour.

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Finalement, des cris stridents bien qu'étouffé montèrent d'une rue voisine. Ils prirent un rythme régulier et détournèrent Cara de ses pensées.

Un rancor de taille naine à en croire son cri, détenu dans un sous-sol, utilisé pour des combats illégaux contre des molosses, devina-t-elle immédiatement avant de penser en se retenant de pousser un soupir. Encore une affaire dont il lui faudra s'occuper.

La distraction générée par la découverte disparut, mais au moins lui avait-elle apportée un semblant de regain d'énergie. Après une longue hésitation, elle suggéra à son ami.

- On devrait rentrer à l'intérieur, maintenant. Tu sais bien que tu ne pourras pas toujours rester ici.

Bien que Din resta immobile, elle supposait qu'il l'avait entendu. Elle se leva en l'incitant de nouveau à en faire de même.

Cette fois, son ami l'imita.

- Je vais dormir sur le sofa, tu seras tranquille, dit-elle en pénétrant dans la chambre restée éclairée. Sous le regard perdu de Din, elle attrapa un oreiller et ouvrit un coffre duquel elle tira un drap. Elle frôla son ami resté près de la porte. A l'instant où elle voulut franchir le seuil, elle sentit qu'on la retenait. Le bras de Din était en travers de son abdomen.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda t-il avec une froideur qui ne lui était pas habituelle. Elle tourna la tête vers lui. Au seul regard de son ami, elle comprit qu'il était soudainement parfaitement lucide.

Elle pesta contre elle-même. Bon sang, quelle imbécile !

La découverte de la blessure qu'il lui avait infligée malgré lui était la pire chose qui puisse arriver à cet instant. Elle eut le sentiment que tout était ligué contre eux.

- Rien, lâche-moi, répondit-elle en détournant rapidement le regard pour le fixer vers la porte.

- Cara…

Sur un ton presque menaçant, elle répliqua.

- Retire ton bras ou…

Il avança si près qu'elle sentit son torse appuyé contre son épaule nue. Déconcentrée l'espace d'un instant par cette proximité, elle ne riposta pas. La voix de Din perdit toute sa froideur et devint enrouée.

- C'est moi...c'est ça ?

Il lui suffit de croiser le regard de son ami pour que les craintes de ce dernier se confirment. Din lui sembla effrayé durant quelques instants, puis quelque chose qu'elle n'avait jamais vu chez lui se dessina, quelque chose qui s'apparentait à la rage. Quand il s'écartant d'elle et frappa violemment le mur avec ses poings, elle réalisa que sentiment extrême était dirigé contre lui-même. Il se figea les poings encore appuyés sur la cloison, du sang perlant très lentement de la jonction de ses doigts. A peine eut-il retiré ses mains qu'agissant d'instinct et avec toute la rapidité dont elle était capable, Cara le priva de ses mouvements. Elle vint encercler son buste, le prenant au piège. Désormais, il ne pouvait se débattre ou la repousser sans la bousculer. Elle avait assez foi en Din pour croire qu'il ne prendrait pas ce risque, quoiqu'il lui en coûte.

Maintenant qu'elle était serrée contre lui dans une étrange étreinte, elle sentait le corps rempli de tension, le souffle et les battements accélérés du coeur de son ami. Il avait besoin d'être rassuré, de s'apaiser au plus vite. Elle s'éclaircit la gorge et lui murmura.

- Din, calme-toi maintenant, je vais bien.

Il resta aussi figé qu'une statue pendant un bref moment qui parut une éternité à Cara. Puis, sans un mot, il l'enlaça de ses bras à la taille.

Le visage enfoui dans ses cheveux, il la serrait si fort qu'elle ressentait une désagréable sensation d'oppression dans la poitrine. Elle ne tenta pas de se dégager de cette emprise, au contraire, elle l'accepta sans même comprendre le sens d'une telle abnégation.

- Comment j'ai pu…, l'entendit-elle murmurer en sentant un souffle chaud près de sa nuque.

- C'était un accident, Din. Ce n'est pas de ta faute, répondit-elle pour le rassurer. C'était vain. Elle le connaissait suffisamment pour avoir la certitude que la culpabilité qui l'avait submergé ne partirait pas si facilement.

- Ce ne serait pas arrivé si… Je vais partir, dit-t-il avec plus de confusion que de résolution alors qu'il relâchait son étreinte.

N'espère pas que je te laisse t'enfuir, songea-t-elle avec la conviction que jamais elle le laisserait partir dans son état de détresse. Si les circonstances avaient été moins graves, si elle n'était pas aussi épuisée que lui, elle l'aurait menacée avec un regard assassin d'employer la force physique pour qu'il renonce à son idée.

-Non, tu restes, se contenta-t-elle de lui affirmer avec la fermeté nécessaire, tandis qu'elle posait délicatement une main sur sa joue et lui tournait légèrement la tête pour capturer son regard.

- Ecoute-moi bien, tu n'iras nulle part. C'est arrivé parce que tu n'es pas toi-même, c'est tout.

Il ferma ses yeux sombres en poussant un long soupir.

- Cara, je t'ai blessé...

- Pitié, j'ai vu pire ! répliqua-t-elle avant de saisir vigoureusement l'une de ses mains blessées. Regarde, tu crois que je vais te laisser faire d'autres c**neries de ce genre ! Din, tu as besoin de mon aide.

Din posa les yeux sur la jointure ensanglantée de ses doigts. Il n'avait pas jusqu'alors ressenti de douleur tant il était bouleversé. Quand il regarda à nouveau son amie dans les yeux, tout son désarroi s'exprima.

- On va faire comme on pourra, mais on y arrivera, le rassura Cara. Pour cette nuit, je ne vois pas d'autre solution que de s'assurer que tu dormes pour de bon. Je vais te chercher un somnifère et demain, on verra.

Avec un discret signe de tête, il acquiesça.

- Bien, mais avant cela, je reviens, répondit-elle en relâchant son étreinte et quittant la pièce en enjambant prudemment l'oreiller et le drap tombés depuis longtemps au sol.

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- Je vais dormir sur le sofa, je pense qu'on se sentira mieux ainsi, lui proposa-t-elle quand elle fut de retour dans la chambre tenant dans ses mains le nécessaire pour soigner les plaies de son ami. qu'elle examina attentivement.

- Ce n'est rien, nous avons de la chance, constata-t-elle avant d'ajouter sur un ton qui n'appelait aucune réponse en le fixant dans les yeux. Ne recommence jamais cela.

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A suivre...