• point de vue extérieur •
Dans la voiture qui les mène au gala, Hosoka et Mitsuki jouent à Shifumi. L'enjeu : Savoir s'ils vont prendre la porte principale, sous le feu des projecteurs ou la porte de service pour s'infiltrer discrètement. L'une adorant être au premier plan alors que l'autre déteste être le centre de l'attention. Si la vilaine est généralement imbattable à ce jeu, il faut croire que par une miraculeuse chance, le mannequin comprend le subterfuge et met une raclée à son adversaire. Le désespoir peut alors se lire au fond de ses prunelles dorées.
En accord avec cette écrasante victoire, leur carrosse s'arrête devant la somptueuse entrée. Un tapis rouge a été déployé pour les invités d'honneur, sous les regards de quelques journalistes curieux au premier plan et de fans hystériques, derrière. Alors que le beau blond descend pour ouvrir la portière à ses demoiselles, la simple vue d'Hosoka crée une frénésie, dans ce public indiscipliné, semblable à une meute sauvage, prête à tout détruire pour rencontrer son idole.
Sa notoriété, son charisme efface complètement son amie, derrière elle. Pour son plus grand bonheur. Très rares sont les regards qui se posent accidentellement sur elle. Mais tous finissent par rejoindre la sublime mannequin.
Ils s'avancent d'un pas trop lent, rythmé par la célébrité qui serre les mains tendues vers elle. Une à une, exaspérant Mitsuki. Chaque seconde accentue son malaise. Les lumières, les flash. Elle est loin de l'obscurité, de son monde si précieux nommé anonymat. Alors que sa main rejoint la manche d'Akio, comme pour lui demander d'avancer avec elle, la vilaine fait une fâcheuse découverte : peut-être pas autant que leurs amies, mais il se trouve plutôt à l'aise à cet instant et indisposé à lui rendre ce précieux service.
Chacune seconde qui passe devient alors une éternité à combattre pour la jeune femme livrée à elle-même. Il leur faudra dix minutes et l'arrivée de nouvelles célébrités pour accomplir ces quelques mètres qui les séparent de la porte d'entrée. Par curiosité, Mitsuki lance un dernier regard derrière, pour avec effroi, remarquer l'apparition du prestigieux numéro un, Endeavor. Accompagné d'un visage trop familier.
Son traditionnel putain manque de quitter ses lèvres.
Alors que le sourire rayonnant d'Hosoka disparaît. Le masque tombe. Sa haine, son mépris pour ses fans se glissent quelques brèves secondes au fond de ses pupilles noisettes, se marquent par ses lèvres crispées. Dans un rare souci pour son amie, la main de Mitsuki se glisse dans celle du mannequin. Ses doigts enlacent les siens, pour découvrir avec dégoût son humidité. Ah... Dans un précieux élan de solidarité, l'ébène garde ainsi sa main, pour réconforter la célébrité.
— Allons saluer le patron. Hosoka rompt le silence, d'une voix enjouée, son habituel sourire jovial de retour. Il doit être impatient de nous voir.
Peut-être mais ce n'est guère le cas d'Akio qui se retrouve à son tour dans une position délicate. Partagé, la décision finale est cependant rapidement prise :
— Je vais plutôt aller chercher des verres, tranche-t-il, abandonnant les deux femmes.
— Pour ma part, je vais juste me contenter de la mission mais salue-le pour moi !
Hosoka se retrouve abandonnée, devant la porte d'entrée. Derrière elle, après avoir à leur tour subi la frénésie de la foule, les deux héros apparaissent. Le plus âgé a fait quelques efforts, costard-cravate ; il est particulièrement élégant. Le second est venu en tenue de civil, vêtu d'un jeans et d'un t-shirt, de basket bon marché. Il dénote avec les autres invités. Pour sa défense, il avait prévu de traîner, attendant le signal de Mitsuki, pour la rejoindre.
Leurs premiers pas, dans cette soirée mondaine, sont remarqués. Au-delà du style vestimentaire du numéro 2, Endeavor bouscule maladroitement le mannequin devant lui, la projetant au sol. Peut-être était-ce un peu exagéré de sa part pour s'attirer les faveurs de l'insensible brute. Si cela ne semble guère l'émouvoir, les ragots vont déjà de bon train.
Quant à Hawks, à côté d'eux, son esprit est ailleurs. Sortant de leur véhicule, il avait remarqué une belle jeune femme aux traits familiers. Mais les intenses lumières des flash lui permirent de ne distinguer que ses courbes voluptueuses. Une fois entré dans la bâtisse, cette même silhouette s'échappait sous ses regards perçants. Il ne peut qu'apprécier le spectacle, espéré rencontrer, plus tard, cette charmante femme.
Presque une heure s'est écoulée, depuis le début des festivités. Hawks fut entraîné par Endeavor et Hosoka pour saluer l'organisateur de cette soirée. Des discussions formelles, sans grand intérêt, avaient rendu cette soirée longue et pénible. L'esprit du numéro deux était vaguement occupé par cette silhouette aperçue à quelques reprises. A chaque fois qu'elle se manifestait dans son champ de vision, elle disparaissait aussi vite. Comme si elle ne désirait pas être retrouvée. Pendant un instant, il crut qu'il s'agissait de Mitsuki... Mais la savoir à une soirée du genre était si ridicule qu'il ne put réellement y croire.
Au bout de cette longue heure, la fatigue commence déjà à se manifester, menée par le désintérêt. Il sort de sa poche, son téléphone, discrètement pour s'enquérir de l'heure actuelle, finit par trouver une vague excuse pour s'éclipser un moment, connaître un moment de paix, loin des insupportables faux semblants.
Il prend le chemin des toilettes, là où personne n'ira le chercher. Or, un imprévu se dresse devant lui. Dans ce couloir étroit, cette fameuse inconnue se dévoile à nouveau sur sa route. Pour la première, elle est à portée, sans moyen de disparaître dans la foule, sans moyen de lui échapper. Mais elle discute avec un homme, repoussant ses lourdes avances. Hawks hésite, déglutit et prend son courage pour l'aborder une fois qu'elle s'est débarrassé de l'étranger.
Elle se retourne vers lui.
Mitsuki.
Sa bouche s'entrouvre sous la surprise.
Cette dernière est aussi étonnée que lui.
— Mitsuki ! Tente-t-il de l'interpeller alors qu'elle s'enfuit.
— J'ai pas le temps de parler, pas maintenant.
Tiraillé entre son envie pressante -qui s'accentue au meilleur moment- et sa volonté de poursuivre son amie d'enfance, Hawks doit faire face à un choix draconien. Son regard bascule de la silhouette s'évaporant dans la foule, à la porte des cabinets... Il finit par céder. Après tout, s'il a pu la trouver une fois, il n'a qu'à recommencer. Ainsi, il choisit le confort afin de la poursuivre aisément ensuite. Et, pendant ce bref moment de solitude et de calme, de nombreuses pensées assaillent son esprit. Il refusait de croire qu'il s'agissait de Mitsuki au début. Ce type de soirée ne lui correspond pas. Qu'est-ce qui a pu l'amener ici?
De nombreux mystères entourent encore la vilaine, l'empêchant de comprendre ses réelles intentions.
Pourtant, elles sont simples. Faire son travail, rentrer chez elle, bouffer du poulet devant Netflix comme cela était prévu depuis le début. Elle n'aspire qu'à sauver cette soirée qui s'annonçait si merveilleuse dans la plus pure des paresses et des gourmandises. Avoir le blond dans les pattes l'empêche d'y accéder, de se concentrer sur sa mission. Ainsi, la fuite est la seule solution. Inefficace, lâche. Enfin, Mitsuki n'est pas connu pour son fair-play, que ce soit dans son attitude quotidienne où elle esquive sans cesse les conflits ou dans son travail.
Elle n'a aucune image héroïque à protéger, aucune valeur à prôner. Ce n'est pas cette vaillance qui signe ses chèques à la fin du mois.
En parlant de patron. Ce dernier est vigilant, observateur, un poil terrifiant. Surtout quand son regard perçant se pose sur son employée, qu'il guette le moindre de ses faits et gestes. Elle a intérêt à vite se débarrasser du numéro deux avant de se faire remonter les bretelles. D'autant plus qu'à sa sortie, son attention se fait plus pesante encore. Lourde. Comme si un poids s'abattait sur son dos. Et à peine, le blond s'approche d'elle à nouveau, qu'elle tente de s'enfuir dans un jeu perpétuel de chat et souris.
Mais il est plus malin qu'elle. Quelques secondes supplémentaires, Hawks réussit à la coincer.
— Mitsuki, on peut parler deux minutes?
— Non.
Saisissant le poignet d'Hosoka qui vient à elle pour s'enquérir des avancées de leur mission, la vilaine sacrifie son amie. Elle la lance sans ménagement sur le héro, profite de la cohue et de l'intérêt nouveau des journalistes pour cette étrange liaison pour s'échapper à nouveau.
Malheur. Alors que Mitsuki grimpe à vitesse impressionnante les escaliers, pour obtenir une vue d'ensemble de la salle, elle découvre l'impensable... La pièce maîtresse du gala a été dérobée. Bordel. Elle peut dire adieu à ses soirées tranquilles pour un moment, à ce rythme. Surtout qu'aucun indice ne lui permet de connaître l'auteur du crime. A ce moment, son esprit n'était occupé que par une seule personne : Keigo.
C'est un véritable bonheur d'entendre son téléphone sonné, de savoir qu'Akio a fait son travail. La sommant de le rejoindre à l'extérieur pour coincer le suspect, la vilaine disparaît enfin de la réception à son plus grand bonheur.
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J'avais à la base prévu un chapitre beaucoup plus long mais j'ai décidé de le couper en deux pour vous offrir au prochain, un véritable rapprochement entre les protagonistes ! Au vu de mon rythme actuel d'écriture, il sortira très bientôt !
