Chapitre 4 : Je le déteste
J'inspirai en laissant la fumée rentrée doucement dans ma gorge, laissant son goût acre se répandre dans mes poumons puis j'expirai et laissais s'échapper cet nuée grisâtre par mes narines. J'étais accoudée au balcon de Kankûro, le frère ainé, de Temari. Il avait accepté de tous nous accueillir pour une soirée en petit comité.
J'appréciai les lumières de la ville éclairer la noirceur de la nuit. J'avais enfilé l'énorme et douillet manteau de Neji qui m'arrivait mi-cuisse. Seule la main tenant ma cigarette était exposée au froid. J'entendais Ino raconter une histoire drôle à propos de son amie et camarade de classe, Karin. Cette dernière avait l'air d'être un sacré phénomène, drôle mais peu fréquentable.
J'étais perdue dans mes pensées lorsque j'entendis la porte s'ouvrir et se refermer derrière moi. Shikamaru s'adossa au balcon et alluma sa cigarette.
- Ah un peu de calme.
- Ino parle beaucoup trop fort, non ? Riais-je en entendant mon amie crier plus qu'autre chose.
- Oui et Naruto n'aide pas en lui répondant pareil.
- Le jour où ces deux-là apprendront la discrétion n'est pas prêt d'arriver…
Shikamaru me regarda de ses yeux noirs pleins de savoirs et d'intelligence. Nous rimes en entendant les précités s'exclamer de vives voix. J'avais toujours apprécié ce sentiment de confiance et de sérénité qui s'installait en moi lorsque j'étais avec Shikamaru. Il avait une intelligence et une maturité rares. C'est cela qui m'avait séduite chez lui en seconde, lorsque nous étions sortis ensemble quelques mois. Nous avions rompu car nos sentiments n'étaient pas assez forts mais j'avais beaucoup apprécié notre histoire. Grâce à cette amourette, j'avais pu commencer à me reconstruire.
- T'as reparlé au mec du Trianon au fait ? me demanda-t-il.
Alors celle-là elle sortait de nulle part.
- De temps en temps, on a cours ensemble une fois par semaine, je te rappelle.
- Mmmhh, me fit-il en expirant sa fumée.
- Attends, tu fais pas ton ex relou jaloux là quand même ? Le questionnai-je surprise. »
Ce n'était pas son style mais alors pas du tout. Cette conversation me perturbait complètement.
- Non, t'as déjà Naruto pour ça, répondit-il en ouvrant la porte fenêtre pour rentrer.
- Sauf que c'est pas mon ex, fis-je remarquer.
- Pour l'instant, me sourit-il en rentrant. »
Je restai plantée sur la terrasse essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer. Shikamaru avait pété les plombs visiblement. Je rentrai furibonde et attrapai le verre de la main de mon ami brun pour un boire une gorgée.
- Qu'est-ce que tu fous putain ? S'exclama-t-il.
- Je vérifie que c'est pas un mélange bizarre ou de la drogue vu que t'as l'air d'avoir perdu la boule ce soir ! Mais visiblement, ce n'est que du vin rouge donc merci !
Je bus le fond de son verre cul sec sous son regard amusé et lui rendit avec un grand sourire. Puis je partis m'asseoir près de mon allié de toujours, le seul, l'unique : Gaara. C'était le petit frère de Temari, Il possédait des cheveux roux foncés et des yeux d'un vert limpide. Il ne parlait pas beaucoup et était assez réservé mais pour une raison qui m'échappait, j'avais toujours aimé me réfugier chez lui lorsque je tentais de fuir la bande. J'avais pris cette habitude et il m'avait toujours très bien accueilli. Probablement personne ne connaissait notre petite habitude en y réfléchissant. Sauf Naruto. Parce que Naruto savait tout.
- Tu veux boire quoi, Sakura ? Me demanda-t-il en me montrant un verre vide.
- Du rosé, s'il te plait.
Toujours poli et courtois notre Gaara. Le plus pure de tous, me dis-je en observant Kiba et Naruto s'esclaffer en dessinant des appareils génitaux masculins sur la buée des portes vitrées du salon. Que le Tout Puissant leur vienne en aide.
- C'est le moment de vérité, hurla Ino.
Mon dieu, elle avait de la voix ce soir, elle. Je remerciai Gaara en attrapant le verre qu'il me tendait et bus une gorgée en attendant que tout le monde s'assoit sur le canapé ou par terre pour les moins chanceux. On avait cette habitude, lors de nos petits rassemblements, de se raconter les dernières révélations dont on avait eu connaissance.
- Alors moi j'ai appris que le premier baiser de Sai n'était pas avec Tenten, comme nous le pensions tous, mais avec Neji ! Déclara Kiba mort de rire.
- Quoi ? Répondîmes Hinata, Ino, Temari, Kankuro et moi en regardant les deux concernés.
- C'était un pari qu'on nous avait donné en soirée, s'expliqua Neji.
- Tu le savais toi ? Demandais-je à Tenten.
- Oui, j'étais là à cette soirée comme Naruto, Gaara et Shikamaru, me répondit-elle.
- Tu n'étais pas obligé de le dire à tout le monde, râla Sai.
- Oh ça va, c'est drôle ! Répliquais-je en riant et repris une gorgée de ma boisson.
- Moi aussi, j'ai appris quelque chose, s'exprima Tenten prenant quelques secondes de pause avant de lâcher la bombe. J'ai appris que Sakura avait déjà vu Gaara nu !
Je crachai le contenu de mon verre devant moi. Au nom du tout puissant, comment avait-elle appris ça ?
- Sakura ! Hurla Gaara sur un ton de reproche.
- J'ai rien dit ! Je sais pas comment elle sait ça ! Me défendis-je.
Je me retournai vers Tenten et vit les regards choqués de mes amis sauf ceux de Tenten, Hinata et Temari. Elles savaient toutes les trois, mais comment ?
- Tu nous l'as dit dans le train pour aller à Suna, dit sagement Hinata.
- Je cite, commença Tenten, « de toute façon, les gars de la bande sont tous bien équipés, j'ai les témoignages de leurs ex et pour Shika et Gaara, j'ai tout vu de mes yeux vrais ».
Je ne me souvenais absolument plus de ce moment de la soirée… J'essuyais mon crachas avec un sopalin en souhaitant disparaitre. Il fallait vraiment que j'arrête de boire.
- Sérieux, Sakura, arrête de boire, je t'en supplie, marmonna Gaara.
Le pauvre était de la même couleur que ses cheveux.
- C'est dans les plans, désolée, m'excusai-je.
- Mais comment ? s'exclama Kiba, semblant poser la question que tout le monde attendait.
Je lançai un regard gêné à Gaara qui me fit un geste de la main en signe d'approbation.
- Un jour, j'essayais de fuir Temari qui voulait que je l'aide à monter un meuble alors que j'avais plein de devoirs, désolée meuf, lançai-je à la concernée. Et j'ai débarqué chez Gaara en frappant comme une malade parce que je savais que Temari n'allait pas tarder à aller le voir. J'ai pas du tout regardé quand il a ouvert, j'ai juste vu que Tem arrivait dans le couloir donc je suis rentrée comme une furie… Je suis tombée sur lui sauf qu'il était trempé avec seulement une serviette sur lui et que la serviette s'est ouverte en tombant… Voilà donc si vous pensez que ce genre de situation n'arrive que dans les films, sachez que le Tout Puissant peut frapper à tout moment. »
Gaara avait le visage plongé entre ses mains. Il y eut un grand blanc puis je regardai Naruto et je vis l'étincelle dans ses yeux. Non, Naru. Il explosa de rire, entrainant les fous rires de toute la salle.
- C'est vraiment le genre de chose qui n'arrive qu'à toi, hurla de rire mon meilleur ami.
Face à leurs rires, je ne pus que répondre de la même manière. C'était vraiment une situation improbable, même Gaara rigola. Je les aimais tellement.
Les révélations continuaient lorsque je croisai le regard de mon meilleur ami, je vis la lueur dans ses yeux et je sus ce qu'il voulait. Prenant mon téléphone, je m'approchais de l'enceinte posée près de la télé et lançais sa musique du moment. Je commençai à danser et il me remercia d'un regard. Naru n'avait jamais de batterie, voilà pourquoi j'avais mis la musique pour lui. J'allais me servir un autre verre et me rapprocha de mon blond pour passer un peu de temps avec lui. Nous chantâmes à tue-tête la chanson que j'avais mis. En même temps, cela faisait deux semaines qu'il me la faisait écouter en boucle, je pouvais même la faire en a cappella. Il prenait les paroles qui se chantaient avec une voix grave et moi celles avec une voix aigüe. On était dans notre monde. Je ne le réalisai même pas. La chanson se termina et je remarquai le regard plein de tendresse de Hinata posé sur nous. Je m'approchai d'elle.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Lui demandai-je en me servant un autre verre.
- Rien, vous êtes juste trop choux, m'expliquai-t-elle.
- Pas plus que toi ou Kiba, rétorquai-je perturbée.
- Avec Kiba, on est tactile, on parle beaucoup. Mais toi et Naruto, dit-elle en se penchant vers moi tandis que je remplissais son verre. Je ne sais pas ce que vous avez, cette connexion, ces regards qui veulent tout dire pour l'autre. Je ne sais pas si vous avez une relation fraternelle, de meilleurs amis ou d'âme-sœurs mais c'est vraiment unique.
Elle sourit et me laissa plantée là. Encore une fois. Qu'est-ce qu'ils avaient tous ce soir, enfin ? Moi quand j'insinuais ce genre de chose, je manquais de tuer Tenten. Et eux, ils se gênaient pas pour le faire. Je regardai mon verre vodka pomme et décidai qu'il n'y avait véritablement pas assez d'alcool dedans pour améliorer mon état d'esprit. Je versai une bonne quantité de vodka supplémentaire et me dirigeait vers le balcon attrapant un manteau de mec au passage.
- Sakuraaaaaa, m'appela Ino en s'accrochant à mon bras.
Elle était déjà bien imbibée.
- J'ai quelque chose pour nous ! me dit-elle en brandissant un petit sachet d'herbe illégale.
- Intéressant, souriais-je.
On alla se poser sur le balcon et je roulai le joint. Je pris une profonde inspiration en l'allumant puis le donnait à mon amie. Je commençai à être bien, apaisée, joyeuse, légère. L'alcool faisait doucement son effet et la drogue ne tarderait pas à se faire ressentir également. Je regardai mes amis jouer à l'intérieur de l'appartement, ils avaient commencé un picolo et riaient à gorges déployées en observant Kiba faire un cul sec de son verre rempli à ras bord.
- Allô Sakura, ici la terre ! cria Ino.
- Quoi ? Sursautai-je.
- Qu'est-ce que t'as ? T'es ailleurs.
- Rien, Shika et Hina m'ont perturbé avec des sous-entendus bizarres sur ma relation avec Naruto.
- Ah. Répondit-elle simplement en me tendant le joint. »
Comment ça « Ah » ? Elle n'allait pas s'y mettre elle aussi, sinon je jurais de quitter cette soirée bizarre.
- Quoi « Ah » ? Tu vas pas t'y mettre aussi ?
- Non mais t'inquiète, ces deux-là se montent la tête au bourrichon tous les ans sur une cible en particulier. En première, ils m'ont fait des sous-entendu sur ma relation avec Sai pendant six mois, jusqu'à ce que je sorte avec Kiba. Ça leur a bien fermé le clapé d'ailleurs.
- Super, j'ai plus qu'à trouver un mec pour qu'ils la ferment donc… Je suis pas prête d'être tranquille à ce rythme…
- Et le barman ? Demanda Ino innocemment.
- Oh mais vous me saoulez avec Sasori, je lui ai parlé cinq fois au mieux dont deux fois pour dire « deux bières blanches s'il te plait », râlai-je.
- Ok, détends-toi, Sakura. En effet, ils t'ont saoulé nos Sherlock Holmes. Tiens finis, t'en as plus besoin que moi.
Je finis le joint en changeant de conversation. J'enchainai sur d'autres sujets, les cours, le programme des prochaines vacances. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, Ino n'était vraiment pas prise de tête surtout lorsqu'elle était bourrée. Après une bonne heure à discuter dans le froid, je décidais de rentrer et loupa littéralement l'ouverture de la porte, me prenant le rebord de la porte en pleine face. Ok, tout allait bien assise mais debout il y avait trop d'informations à gérer.
- Putain Sakura, ça va ? Tu veux de la glace ? me demanda Kankuro qui avait assisté à la scène.
- Tout va bien, t'inquiète, lui répondis-je ressentant encore les échos du choc dans ma tête.
Je calculais chaque pas jusqu'à une place assise par terre près de Naruto, qui m'aida ensuite à m'assoir. Ou plutôt, il m'orienta pour pas que je lui tombe dessus.
- T'as pas fumé du tabac légal, toi ! s'exclama-t-il.
Je lui répondis avec un regard qui plaidait coupable. Il désapprouvait ce genre de consommation, il trouvait cela dangereux. Je le savais parfaitement mais j'étais libre de faire ce que je voulais et je n'étais pas une grande consommatrice de drogue. Il fit la moue et je le pris dans mes bras sans réfléchir.
- Fais pas la moue, Naru ! ça me détend, c'est tout ! Lui dis-je d'une voix mielleuse.
- C'est bon Sakura, j'ai rien dit, répondit-il en me repoussant.
- Ok bah si tu ne veux pas de mes câlins, tant pis pour toi, je vais en faire à Neji ! »
Je me tournais vers le taciturne assis à ma droite et lui attrapai le bras pour me coller à lui. Neji tourna la tête vers moi et releva des yeux accusateurs vers Naruto.
- Sérieux mec, tu crois que j'ai pas assez de trucs à gérer là ? Lança Neji à mon meilleur ami.
- Neji, écoute-moi quand je te parle, tu es le meilleur ami au monde. J'ai tellement de chance de t'avoir, je ne te mérite pas. Regarde-moi, j'ai toujours des ennuis et toi t'es toujours là à tout réparer pour moi. Comme quand je t'ai appelé parce que je savais pas quel était le bon trou pour mettre le lave glace dans ma voiture. Tu sais toujours tout et moi je ne sais rien. Tu es tellement génial.
Ce n'est qu'à ce moment-là que je remarquai ma Tenten en train de faire une déclaration enflammée à Neji en lui tenant la main. Quand est-ce qu'elle était devenu bourrée elle ? Sûrement pendant que j'étais sur le balcon.
Mon meilleur ami ria et lui dit de se débrouiller avant de commencer une nouvelle discussion avec Shikamaru.
- Que quelqu'un m'aide, supplia Neji pendant que je resserrai mon emprise sur son bras en faisant la moue.
- J'arrive Sakura ! Moi je vais te faire des câlins ! hurla mon complice de soirée de l'autre côté de la pièce.
Kiba traversa la pièce et fit tomber deux verres, vides heureusement, à son passage. Puis vint se placer devant moi, debout, les bras grands ouverts. Je me levais difficilement et l'enlaçai. Kiba me faisait toujours des câlins lorsqu'il était bourré. Nous passions beaucoup de temps à danser ou à discuter lorsque nous étions en soirée, c'était la personne bourrée qui s'entendait le mieux avec mon moi bourré.
- Pourquoi t'es si méchant avec ma Sakura, Naruto ? T'es la meilleure Saku. Il te mérite pas. Si tu veux, je peux devenir ton meilleur ami, me confia Kiba.
- Arrête tes conneries, tu la supporterai pas deux minutes, s'esclaffa Naruto.
- Puis tu m'as déjà moi ! Intervint Hinata sortie de nulle part.
- Oh Hinata, ne t'en fais pas, j'étais pas sérieux, je t'abandonnerai jamais, confessa Kiba en changeant de cible. »
Super et me revoilà toute seule. Je me tournai cherchant ma prochaine cible à embêter lorsque quelqu'un me poussa doucement jusqu'à la cuisine.
- Tiens Saku, bois un peu d'eau sinon tu vas encore vomir toute la nuit.
Je me retrouvais adosser au plan de travail, à côté d'Ino. Sai me tendit un verre d'eau en me souriant.
- Merci papa, murmurai-je.
Je portai mon verre à mes lèvres, sachant pertinemment que Sai avait raison. Mais avant de boire la première gorgée, je tournai mon regard vers Ino qui me regardait dans la même position. Puis l'alcool et la drogue faisant complètement effet, mon amie et moi nous mîmes à rire à gorges déployées. Je me sentais si bien, si légère, complète. J'oubliai tout.
La soirée se poursuivit dans la bonne humeur générale. Puis vers quatre heures du matin, Sai et Gaara, les seules personnes encore saines d'esprits, prirent la décision de nous ramener à nos pénates. Je marchais bras dessus, bras dessous avec Temari.
- Sakura, tu marches pas droit, là.
- Si je marche droit, c'est toi qui marche pas droit ! Répondis-je en me concentrant encore plus sur mes pas.
- Aucune de vous deux ne marche droit ! Dit Naruto en passant devant nous. »
C'était l'hôpital qui se moquait de la charité car trois pas plus tard, il dévia de sa trajectoire et se prit un poteau en plein face. Je ris en essayant de venir à son secours. Le tirant par le bras, je passais mon bras autour de son dos et nous marchâmes ainsi jusqu'à la résidence.
- Je te raccompagne jusque chez toi, me cria Naruto à mon oreille.
- Putain mes tympans, Naru. C'est vraiment pas utile vu ton état, lui confiai-je.
- Je suis un homme digne de ce nom ! Je te raccompagne chez toi ! Déclara-t-il en réveillant sans doute la moitié de la résidence.
- Ok ok, j'ai compris !
Je riais devant mon imbécile de meilleur ami. Il me raccompagna donc comme il put jusqu'à mon appartement. Il nous fallut au moins cinq minutes pour insérer la clé dans la porte. Je rentrai et il me suivit. Il attendait que je me change, le dos tourné. Naruto attendait toujours que je sois couchée pour partir lorsque j'étais autant défoncée. Une fois, il m'avait laissé à la porte. J'avais voulu aller me brosser les dents et j'étais tombée dans ma salle de bain, ma tête avait heurté les toilettes et j'avais eu une bosse pendant deux semaines… Depuis il attendait que je sois couchée pour partir. Je ne lui en voulais pas d'être comme ça, ça ne me gênait pas. Je savais pourquoi il agissait de cette manière.
Je mis le t-shirt qui me servait de pyjama et partit me démaquiller et me brosser les dents rapidement. J'avais complètement conscience que tout mon corps se balançait devant mon miroir.
- Tu t'es vraiment mise minable encore, déclara la voix grave de mon ami.
Il commençait à décuver. Je souris de mes dents pleines de dentifrice et laissai échapper un gloussement. En effet, j'étais vraiment dans un sale état. J'avais encore un peu trop forcé. Je finis de me brosser les dents et fis demi-tour trop brutalement. Je trébuchais et me rattrapais au mur. Naruto m'attrapa pour me soutenir et m'amena jusqu'à mon lit. Il allait partir.
Il fit demi-tour et j'attrapais sa main.
- Reste.
Ok, j'étais vraiment explosée. Ma bouche n'avait plus de barrières. Il fallait que j'arrête mes conneries maintenant. Naruto se retourna vers moi, il semblait étonné.
- Quoi ?
Il fallait que je me taise, que j'aille me coucher et que je dorme.
- Dors avec moi, cette nuit. Je veux pas rester toute seule.
Ok, demain j'arrêtai de boire. Ses sourcils se froncèrent. Je savais déjà ce qu'il allait dire. Je le savais mais j'avais quand même essayé.
- Tu sais déjà que c'est non. Arrête, couche-toi et dors. Je prends ton double des clés pour fermer ta porte.
Je resserrais ma prise sur sa main et fixai mon regard dans le sien. Espérant qu'il lise la détermination dans mon regard émeraude, une détermination que je découvrais en même temps que mes actes.
- S'il te plait, Saku, laisse-moi partir, soupira-t-il. Demande à Tenten ou Temari de venir dormir avec toi.
- Je veux que toi tu restes, répondis-je aussitôt.
J'allais arrêter de boire aujourd'hui, à cette seconde même. Et la drogue aussi. Son expression sévère réapparut. Naruto n'avait jamais accepté de dormir avec moi pour une raison inconnue. Pourtant, ce n'était pas rare qu'on dorme tous ensemble. J'avais déjà dormi avec Gaara ou Kiba, en toute amitié, mais jamais avec Naruto. Il avait ce principe à la con de ne pas franchir une ligne imaginaire qu'il était le seul à voir.
- Tu sais que ça n'arrivera pas alors arrête maintenant ! Dit-il de manière plus sévère.
- Et pourquoi ? Ce n'est pas rare que les autres dorment ensemble ! Pourquoi nous on ne pourrait pas ?
Et voilà encore une bonne démonstration de ma maturité. Je ne comprenais pas pourquoi cela l'énervait autant. Je ne comprenais pas ces principes à la con. Je ne comprenais pas pourquoi il instaurait toujours cette limite. J'étais la plus proche de lui et celle qui le comprenait le mieux, pourquoi mettait-il une limite entre nous ?
- On est pas les autres, Sakura. Je dormirai pas avec toi, un point, c'est tout. Je me casse, tu m'as saoulé.
Il détacha son regard dur plein de reproches du mien et partit sans se retourner. Je soupirai en entendant le bruit de la clé tourner dans la serrure. J'avais été trop loin mais je ne comprenais pas. J'avais juste eu besoin de sa présence, pourquoi était-il si réticent à me la donner lorsque la nuit tombait ?
Je regardai le plafond pensive, ma tête tournait et une larme coula sur ma joue. Je la supprimai aussitôt. Il fallait que je me reprenne, connaissant mon meilleur ami, demain cette histoire serait déjà oubliée.
J'entendis la clé se tourner dans la serrure quelques minutes plus tard et plein d'espoir je me relevai d'un coup pour voir la personne rentrée.
- Désolée, grosse, ce n'est que moi, s'annonça Temari.
Elle portait un pyjama pilou pilou, de grosses chaussettes et avait son coussin sous le bras. Elle vint se poser à côté de moi, me collant ainsi au mur et on se mit à regarder le plafond ensemble. Naruto lui avait dit de venir. Quel imbécile.
- Je le déteste.
- Oui et je suis mannequin, me chambra ma blonde préférée.
- Tu as un sublime corps, Tem.
- Cara Delevingne n'a qu'à bien se tenir, ria Temari.
Avec Temari, nous avions cette fâcheuse tendance à éviter de parler de nos problèmes. C'était souvent facile et relaxant. Je n'aimais pas parler de mes sentiments à cœur ouvert et me sentais facilement mal à l'aise lorsqu'on cherchait à creuser ma carapace. Avec mon extravagante blonde, je n'avais pas ce soucis pour la simple et bonne raison qu'elle était exactement comme moi. Nous ne parlions pas de nos sentiments, nous les mettions de côté, les enfouissant bien loin dans notre cœur en attendant qu'ils disparaissent. Mais la vie n'était pas aussi simple et à trop prendre sur soi, nous ne faisions que repousser l'explosion de tous ces sentiments si profondément enfouis.
