Interlude 2 : Novembre 1997 (sept ans plus tôt)

Draco Malfoy n'était pas l'élève plus intelligent de l'école, la sang-de-bourbe possédait ce titre. Lui, même s'il bossaitdur, avait des résultats assez bons sans être faramineux. Au mieux, il devait se contenter de la seconde place, mais parfois il était encore rétrogradé par d'autres élèves plus doués.

Il n'était pas le plus beau non plus, peut-être bien que c'était Zabini qui l'était ou alors un autre, pour le peu que ça intéressait Draco. Ce qu'il savait, c'est que les filles ne se retournaient pas sur son passage, à part Pansy. Mais Pansy n'avait pas d'importance.

La place de l'élève le plus populaire était prise par le balafré et même son nouveau statut de tapette ne semblait pas avoir mis à mal sa cote auprès des sorciers. Il était plus doué au quidditch aussi. Peu importaient les efforts de Draco, le vif d'or finissait inexorablement entre les doigts du garçon-qui-a-survécu.

Il n'était même pas le plus riche, seulement à la cinquième place. Et cela avait sûrement encore changé depuis que la fortune des Malfoy servait de banque officieuse au Seigneur des Ténèbres. Encore une autre raison pour que cette guerre se termine vite.

Draco n'était donc ni le plus intelligent, ni le plus beau, ni le plus adulé, ni même le plus fortuné de l'école, mais il avait quelque chose pour lui. Quelque chose qui le définissait.

Il était un Malfoy.

C'était ça son pouvoir, son don particulier.

Il n'existait que pour ça. Pour cette famille. Pour ce nom.

Et c'était peut être pour ça qu'il avait été convoqué par Dumbledore et qu'il se trouvait à présent dans son bureau.

Le Directeur le regardait par dessus ses lunettes en demi-lune avec une attention qui le mettait un peu mal à l'aise.

-Tu sais pourquoi tu es là, n'est ce pas ?

Draco haussa les épaules, essayant de se donner un air détaché.

-Je suis désolé, répondit-il, j'ai oublié de me rendre à la dernière réunion des Préfets, ça ne se reproduira plus, monsieur.

Dumbledore se leva de sa chaise et s'approcha de lui. Draco crispa inconsciemment ses mains sur les accoudoirs.

-Tu oublies aussi d'aller faire tes rondes Draco et on m'a dit que tu n'allais même plus aux entraînements de quidditch. Serpentard joue pourtant contre gryffondor bientôt je crois ?

Draco dut se concentrer pour retrouver la date de la rencontre. Honnêtement qu'est ce qu'il venait le faire chier avec le quidditch ?

-Oui, dans onze jours, répondit-il finalement. Et je n'ai loupé que deux entraînements parce que je ne me sentais pas bien. Quant aux rondes, j'ai juste confondu les jours où je devais les faire. Je serais moins négligeant à l'avenir.

-Tes excuses sont bien laborieuses, constata Dumbledore.

Draco le fixa sans ciller. Ce n'était pas le moment de baisser les yeux.

-Je me fais du souci pour toi mon garçon, reprit le directeur - Draco avait toujours autant horreur qu'on l'appelle ainsi mais il n'en laissa rien paraître -. Après le drame que tu as vécu l'année dernière, j'ai noté un changement inquiétant dans ton comportement et depuis le début de l'année c'est encore pire.

-J'ai perdu ma mère dans d'affreuses circonstances. Ça me semble logique d'être un peu traumatisé, répondit le serpentard narquoisement.

-Je n'ai jamais dit le contraire. J'oserais même prétendre que je peux comprendre ce que tu vis. Je n'étais guère plus vieux que toi quand j'ai perdu ma mère. Tu devrais en parler, ça pourrait t'aider.

« Ah oui ? », pensa Draco avec amertume. « Est-ce qu'elle est morte à cause de vous, la vôtre ? C'est de ça que vous voulez qu'on parle ? Du fait qu'elle soit morte par ma faute ! »

Ce n'est pas ce qu'il répondit pourtant. Ce n'était jamais ce qu'il répondait quand on lui demandait d'en parler. Pour ça, il avait déjà une tirade toute faite.

-Je vous remercie Monsieur, fit-il. Vous et le professeur Snape êtes plein de sollicitude envers moi mais il n'y a vraiment rien à dire. Elle est morte...

« A cause de moi. »

-...mais la vie continue.

Dumbledore plissa les yeux et Draco se rendit enfin compte de la tension qui l'habitait. Il fit son possible pour se détendre. Le vieux fou devait rester dans l'ignorance.

-Oui, la vie continue. Mais je ne pense pas que tu la poursuives dans un chemin lumineux Draco. Je vais jouer carte sur table. Je sais que tu vas dans la salle sur demande presque tous les jours. Je voudrais savoir ce que tu y fais.

-Rien de particulier. Je reste là bas, à réfléchir, articula Draco la bouche soudainement sèche.

-Est-ce que tu fais quelque chose d'interdit là dedans ? reprit Dumbledore en agrippant soudainement son poignet.

Draco se recula dans son siège, il sentit immédiatement l'esprit puissant du directeur se faufiler dans son crâne. Il faillit ne pas avoir le temps d'ériger ses barrières mais les entraînements harassants d'Occlumentie que sa tante avait tenu à lui faire faire avaient porté leurs fruits. Il parvint à bloquer l'accès à son esprit au vieil homme. Et dans un accès de rage dû à la soudaine compréhension que Dumbledore avait tenté de le prendre par surprise, il parvint même à l'éjecter de sa tête.

Quand ce fut fini, il se dégagea brusquement de la poigne du Directeur et resta la tête baissée, à haleter. Trop choqué pour pouvoir faire autre chose.

-Je devais savoir...murmura Dumbledore, qui lui, n'avait même pas l'air essoufflé.

-Vous...vous êtes une ordure ! siffla Draco en dardant sur lui un regard haineux.

Toute cette fausse commisération sur sa mère, juste pour pouvoir le sonder, il n'arrivait vraiment pas à y croire !

-Je suis désolé, répondit Dumbledore d'une voix douce. Désolé que tu sois si doué. Ta tante doit être fière de toi.

-Vous me dégoûtez !

-Je me dégoûte aussi, si ça peut t'aider. Mais je trouverai ce que tu caches. Tu n'es pas seul Draco. La guerre est à nos portes mais suivre les ténèbres n'est pas ton seul choix, est-ce que tu comprends ce que j'essaie de te dire ?

Draco ricana, secrètement soulagé que le vieux fou n'ait vu que l'option de lui en Mangemort pour expliquer ce qu'il faisait dans la salle sur Demande. Il devait penser que Voldemort lui avait confié une mission quelconque...C'en était presque drôle. La guerre était bien loin de son esprit. Si ça ne tenait qu'à lui, il se carapaterait bien loin de toute cette connerie. Mais ça n'arriverait pas. Il savait qu'un jour ou l'autre son père lui demanderait de porter la marque des Ténèbres. Et Draco obéirait, parce que c'était son père et qu'il l'aimait.

Il allait faire revenir sa mère et après il ferait en sorte que son père soit fier de lui. Mais une chose après l'autre sinon sa tête allait exploser.

-Et vous comptez me faire entrer dans vos rangs en essayant de violer mon esprit ? Sans vouloir vous offenser, vous devriez revoir vos méthodes d'enrôlement, ça ne donne pas envie.

Dumbledore eut un sourire las et retourna s'assoir derrière son bureau.

-Tu peux me parler à tout moment et de tout ce que tu veux, dit-il après un long silence. Ma porte te sera toujours ouverte Draco. Tu peux y aller...

Le serpentard se leva, un peu outré de ne même pas avoir eu droit à des excuses mais cette sensation se fana vite. Il sortit finalement soulagé et pressé d'oublier cette désagréable entrevue.

°O°O°O°

Il avait à peine passé la première intersection qu'il croisa Harry Potter.

Il le salua d'un signe de tête et vit les yeux verts s'écarquiller légèrement derrière les lunettes rondes.

-Arrête ça ! siffla alors Potter visiblement hors de lui.

Draco qui avait poursuivi son chemin, cessa de marcher et se retourna vers son ennemi.

-Je te demande pardon ? répondit-il poliment.

Il savait que Potter n'appréciait pas la nouvelle façon dont il se comportait avec lui et cela l'amusait grandement. Le balafré restait tellement prévisible !

-Tu sais très bien de quoi je parle ! reprit Saint Potty excédé. Je ne sais pas encore à quoi tu joues mais ça ne marchera pas !

-D'accord. Je vais te laisser à ta paranoïa et passer mon chemin, si tu le veux bien.

Il fut heureux de voir le visage du gryffondor se crisper. Il se détourna et il reprit sa marche.

-Malfoy attends!

Draco s'arrêta à nouveau, sentant l'agacement pointer le bout de son nez. Il entendit Potter venir jusqu'à lui.

-Tu n'as pas un rendez-vous qui t'attend avec notre bien-aimé Directeur, Potter ?

« Tu sais le mec qui fouille dans ton esprit ! »

-Il attendra...

-Quel rebelle ! railla Draco.

Il voulait bien jouer le gars sympa mais il fallait qu'il reste crédible. C'était ça le plus dur dans l'histoire. Ne pas tomber dans la caricature, sinon Potter ne le croirait jamais. Il s'était bien comporté avec lui et ses amis depuis la rentrée et la mise au point qu'il attendait semblait être enfin d'actualité.

-Je n'aime pas la façon dont tu te comportes avec moi. Tu es bizarre Malfoy.

Venant de la part d'un mec fourchelangue et à présent gay, Draco trouva sa remarque assez désopilante.

- Et toi tu es le type le plus normal de cette foutue terre, répondit-il. On se complète comme ça.

-Je ne veux rien avoir à compléter avec toi, répondit le gryffondor. Je répète donc ce que je t'ai dit tout à l'heure : je ne sais pas à quoi tu joues mais tu perds ton temps.

« Je ne veux rien avoir à compléter avec toi ». Par Salazar Draco avait juste voulu essayer de se comporter « amicalement » avec le balafré pour endormir sa méfiance mais ce dégénéré semblait avoir une autre idée en tête.

Draco décida de bondir sur l'occasion. Potter semblait plus enclin à croire qu'il avait une inclination mal placée envers lui plutôt qu'à une tentative d'amitié alors soit, il allait jouer le jeu.

-Je ne joue pas. Je suis intéressé par toi Potter.

Oui, intéressé par tes viscères étalées sous mes pieds.

Potter ne lui fit même pas le plaisir de paraître étonné, Draco avait donc visé juste. L'essentiel était maintenant que la petite tantouze le prenne au sérieux.

-Tu es ridicule, annonça le gryffondor.

« Et toi prévisible. » pensa Draco prêt à passer à l'étape suivante.

-Est-ce que je peux t'embrasser ?

La question sembla rester suspendue entre eux, comme pour appuyer le côté incongru de toute cette situation. Draco épiait à présent son vis-à-vis avec une curiosité presque malsaine, attendant sa réaction. L'autre devait impérativement penser qu'il était sérieux. C'était pour ça qu'il avait posé cette question répugnante. Bien entendu, Potter allait refuser sa proposition. Ensuite Draco n'aurait qu'à paraître confus et partir comme le ferait un amoureux éconduit. Et laisser Saint Potty mijoter sur tout ça.

-Pourquoi pas ?

Le serpentard se figea devant la réponse du gryffondor. Le sourire moqueur qui jouait sur les lèvres de Potter disait qu'il n'était pas dupe. Draco se demanda jusqu'où il devrait aller pour que le balafré prenne au sérieux ses sentiments.

Apparemment, il allait devoir l'embrasser.

Il n'en avait pas envie. Bordel, il préférait encore rouler une pelle à une chèvre plutôt que de poser sa bouche sur celle du suceur de queue. Cependant il n'avait clairement pas le choix. Et plus il hésitait, plus sa stratégie tombait à l'eau.

Bon sang, elle était même en train de se noyer à cette allure!

Draco attrapa les épaules du gryffondor, il sentit les muscles de l'autre garçon se raidir sous ses mains. Il crut qu'il allait se dégager mais il ne le fit pas. Entre ses doigts la robe de sorcier de Potter semblait douce. Alors il s'habillait avec des vêtements de qualité finalement ? Simples, mais de qualité. Qui l'eut cru ?

Draco plissa les yeux. Penser à ce genre de truc était inutile dans un moment comme celui-ci. Il devait embrasser Potter. Les yeux verts scrutaient son visage derrière des lunettes dont les verres auraient eu besoin d'être nettoyés.

Une lueur arrogante y vivait et semblait même spécialement créée pour le serpentard. Ce genre de regard n'allait pas à Saint-Potter. Il pensait de toute évidence que Draco allait se défausser.

Le Serpentard n'avait plus de temps à perdre, il regarda brièvement la bouche devant lui.

Une bouche de garçon.

Il ne fallait pas qu'il pense à ça ou il allait gerber.

Il visa rapidement sa trajectoire, pencha la tête, se délectant des trois centimètres qu'il avait de plus que le Gryffondor.

Ce n'était pas grand chose mais à ce moment là, ça lui semblait immense. Il était celui qui dominait.

Il garda les yeux ouverts quand sa bouche alla s'appuyer contre celle du balafré. Il voulait que tout soit sous contrôle. La petite pédale, elle, avait fermé les yeux et ses lèvres étaient un peu sèches contre celles de Draco. C'était sûrement normal de la part d'un mec. Rien à voir avec la bouche mouillée et maladroite de Pansy

Draco compta mentalement jusqu'à trois à partir du moment où il avait établi le contact. Puis il se recula, soulagé que cela soit enfin fini. Il allait devoir se désinfecter, à présent.

Il savait où les bouches des pédés pouvaient traîner - tout le monde savait ce genre de choses - et il s'était presque attendu à ce que Potter ait une haleine douteuse : mélange de sperme et d'autres trucs encore moins recommandables.

Mais il n'avait senti qu'une odeur fraîche de menthe. C'était un soulagement mais ça n'allait pas l'empêcher de se laver la bouche, dès que possible.

-C'est ça que tu appelles un baiser ?

Draco cligna des yeux. C'était le premier baiser qu'il donnait, il n'était pas un expert mais il ne s'attendait pas à ce que Potter ait si peu de tact et le dénigre ainsi.

Il décida de jouer la carte de l'inexpérimenté - ce qu'il était -, mais voulant s'améliorer- ce dont il se foutait comme de sa première chemise mais il fallait que Potter le croit homo et intéressé -.

-Tu ferais mieux peut-être ? railla-t-il, tout en ayant l'air vexé.

-Malfoy, soupira Potter, ne joue pas à ça. Tu n'es pas gay et tu n'es pas attiré par moi.

-Alors explique-moi pourquoi je viens de t'embrasser ?

-Ce n'était pas un baiser, rectifia Potter. Tu as juste plaqué tes lèvres contre les miennes. C'est digne d'un gamin de huit ans. Quant à savoir pourquoi tu as fait ça, je suppose que je ne tarderai pas à le découvrir.

Draco aurait aimé lui mettre son poing dans la figure et se tirer de ce fichu couloir mais il resta impassible.

-Je veux sortir avec toi, dit-il sans le quitter des yeux.

Oui, te prendre dans mes filets et te tuer quand le moment sera venu.

Potter haussa les épaules.

-Pas moi, répondit-il. Tu n'es pas mon genre. Tu embrasses mal et tu n'es même pas beau.

La colère qui passa dans le regard gris n'eut rien de fictif. Il se prenait pour qui ce con ?

-Je t'emmerde Potter, siffla-t-il.

Il s'attira un sourire confiant alors que les yeux du Gryffondor parcouraient son corps.

-Tu as la peau trop pâle, comme si tu étais constamment malade. Ton visage est pointu. Tu as les traits fins mais ton air pincé et arrogant te fait ressembler à un aristocrate constipé. Ce que tu es. Tes cheveux ont l'air de ne pas savoir s'ils doivent être blonds ou blancs, donc ils sont juste un mélange loupé des deux. Et pour couronner le tout, la tonne de gel que tu mets dessus donne envie de se couper la main plutôt que d'avoir à les toucher. Ton corps, lui, semble avoir grandi trop vite et du peu que j'ai pu voir, les muscles n'ont malheureusement pas suivi. Tes yeux sont délavés, d'un gris pluvieux aussi triste que le reste de ta personne, aussi insipide que le reste de ton corps. Et je ne parle même pas de ta personnalité Malfoy. Donc non, je ne vais pas sortir avec toi. J'aime peut-être les hommes, mais j'ai un minimum de goût.

Draco n'avait jamais été aussi humilié. Au fur et à mesure que Potter le décrivait, il se sentait diminué et peu lui importait que Potter ait raison. Il n'avait pas de leçon à recevoir de la part d'un type qui se faisait enfiler par d'autres mecs.

-Cependant, reprit Potter qui ne souriait plus, si tu es prêt à coucher, je veux bien reconsidérer ta proposition.

Le serpentard eut l'impression que le balafré venait de le frapper.

-Tu viens de m'insulter, se reprit-il rapidement, et tu crois que je vais coucher avec toi ?

-J'en sais rien, c'est toi qui t'intéresses à moi, non ? A moins que tout cela ne soit faux, comme je le pense.

Le cerveau du blond se mit à travailler à toute vitesse. Tout allait trop vite soudainement.

Il fallait qu'il se mette à la place de Potter et qu'il saisisse ce qu'il essayait de faire.

Bien, d'abord le balafré savait que Draco n'était pas sincère, il voulait juste le mette à l'épreuve, ça c'était clair. Mais alors pourquoi avoir dit toutes ces choses méchantes et lui proposer ensuite de coucher avec lui ? Était-ce une nouvelle épreuve ? Pour voir si Draco est sérieux ? Dans ce cas, aurait-il quand même réussi à semer le doute dans l'esprit du gryffondor?

Imaginons que cela soit ça. S'il acceptait dans ses conditions, Potter allait continuer sur cette voie et lui faire plein de choses humiliantes et répugnantes, juste pour le tester. Il n'allait jamais le croire, pas plus que maintenant, car quelqu'un qui accepte une proposition comme celle-ci est soit désespéré, soit il ne cherche que le défouloir sexuel que cela peut représenter.

Or Potter le connaissait trop pour le croire tout d'un coup avide de sexe. De plus, jamais il ne tomberait amoureux d'un mec facile. Et s'il le pensait désespéré, il se douterait que cela avait à voir avec quelque chose de sérieux. Potter devait déjà être en train de penser que Voldemort lui avait demandé de le séduire...Ce n'était pas ce que Draco voulait. Il ne serait jamais en confiance avec un pseudo-mangemort.

Le mieux à faire était donc de refuser. De jouer la carte du mec humilié. Et peut-être même qu'il allait pouvoir le frapper.

Ensuite, il continuerait son rôle de néo-homosexuel : Attiré par Potter malgré lui mais gardant sa dignité.

-Désolé, répondit-il finalement, je ne couche pas avec des mecs que visiblement je dégoûte. Si tu n'arrives pas à lever la queue pour moi Potter, je n'en vois pas l'intérêt.

-Je suis jeune Malfoy, et j'ai de l'imagination. J'arriverai à lever ma queue, comme tu dis. J'ai besoin de me défouler sexuellement et je n'ai personne en ce moment.

Draco pesta intérieurement face à cette répartie humiliante mais répondit du tac au tac.

-Tu me détestes, rappela-t-il.

-Justement. T'avoir sous la main peut m'être utile. Puisque tu as l'intention de te servir de moi, pourquoi ne pourrais-je pas faire pareil ? Si ton Maître t'a ordonné de me séduire, c'est peut-être dans le but que tu obtiennes des confidences sur l'oreiller ... mais j'ai bien envie d'être celui qui obtient les renseignements. Si c'est moi qui te séduis Malfoy, ça risque d'être amusant.

Potter avait visiblement beaucoup réfléchi au nouveau comportement de Draco. Il était arrivé à de mauvaises conclusions mais peut-être n'était-ce pas si terrible ? Après tout Potter se méfiait de lui depuis le début et il était loin d'être stupide. Le serpentard devait se reprendre et vite.

-Je n'ai pas de Maître, répondit-il. Je suis un Malfoy. Les Malfoy ne courbent l'échine devant personne.

Potter eut une moue dubitative. Draco poussa un soupir et leva la manche de son avant-bras gauche.

-Ça ne veut rien dire, répondit Harry les yeux fixés sur le bras blanc.

-Si, répliqua Draco. Ça veut dire que je suis « vierge » ... de toute marque.

Il voulait ramener le sujet sur le sexe. C'était mieux que Voldemort. Il ne sut pas si Potter fut dupe mais le jeu de mots sembla allumer quelque chose dans les yeux verts. Peut-être qu'il était le genre de personne attiré par les inexpérimentés ?

-Être vierge ne veut pas dire être innocent Malfoy, susurra le gryffondor.

-Ma réponse est toujours non, Potter. Je ne coucherai pas avec toi.

-Ne crois pas que c'est parce que tu te refuses à moi que je vais te courir après.

Draco retint un sourire. Oh, c'était justement ce qu'il voulait que Potter fasse. Et à voir son regard encore brillant, il allait le faire.

Il ne lui plaisait peut-être pas physiquement, mais il ne fallait pas se leurrer, mentalement ils étaient en phase. L'un contre l'autre. Il attisait Potter à ce niveau-là. Et surtout, il était plus fort que lui intellectuellement parlant. C'était d'ailleurs peut-être ça qui motivait Potter ? C'était ce qui allait être sa perte et il n'aurait même pas besoin de coucher pour ça.

-La discussion est close alors, dit le serpentard en haussant les épaules.

Il avait suffisamment avancé pour ce soir.

-Attends, juste un truc, fit Potter en attrapant son poignet, l'empêchant de partir.

-Oui ?

-Je crois que j'ai été floué dans l'histoire. Je mérite au moins un baiser correct.

Draco essaya de dégager son poignet. Non, un seul bouche à bouche lui suffisait. Il n'avait pas envie de renouveler l'expérience. De plus, il ne voyait plus où Potter voulait en venir. A quoi ça lui servirait de l'embrasser s'il ne le désirait même pas?

-Lâche-moi, je ne veux pas t'embrasser.

Il se sentit poussé contre le mur en douceur. Mince, Potter était sérieux. Il n'y avait qu'à voir son regard déterminé. A quoi jouait-il à la fin? Il sentait déjà son souffle mentholé. Il s'était approché vite, ce con. Les lèvres un peu rêches de Potter frôlèrent les siennes si doucement que Draco crut que le gryffondor s'amusait à le taquiner mais quand elles attrapèrent sa lèvre inférieure, il n'y eut plus d'ambiguïté.

Draco laissa échapper un souffle surpris qui ne sembla pas perturber l'autre garçon. Elles ne semblaient plus rêches à présent, les lèvres qui capturaient les siennes. Elles étaient même devenues douces. Il sembla à Draco que son corps se ramollissait à mesure que le gryffondor apprenait la texture de sa bouche.

Il fut content que le mur soit derrière lui pour lui servir d'appui. Il avait envie de fermer les yeux, de poser ses mains sur le corps du gryffondor pour se tenir à quelque chose. La bouche de Potter butinait la sienne avec une langueur experte, semblant chercher à l'amadouer de la plus gentille des façons. Comme si elle demandait la permission pour quelque chose de plus. Il ne comprit ce qu'elle cherchait que quand il ouvrit la bouche pour soupirer de plaisir. La langue de Potter en profita pour se glisser lentement entre ses dents.

Draco ne pensa pas à le mordre, à la place il ferma les paupières. Il aurait dû pourtant mais il était trop préoccupé par la nouvelle sensation qui jaillissait en lui et qui faisait que sa peau était parcourue de frissons. Il laissa donc cette langue inconnue l'investir. Ses mains serraient fortement la robe de Potter pour rapprocher son corps du sien. Il n'avait même pas conscience de les avoir posées sur le gryffondor. Sa propre langue goûtait celle de Potter, emplissant tout son être du goût de son ennemi et le rendant curieusement chaud au niveau du ventre et même un peu plus bas. Il entendit quelqu'un gémir quand Potter se recula, terminant le baiser comme il l'avait commencé : en suçotant tranquillement sa lèvre inférieure.

Ce ne fut que quand il gémit une seconde fois à la perte, cette fois totale, de contact que Draco comprit que ce son pathétique venait de sa propre gorge. Il ouvrit les yeux, horrifié, pour croiser immédiatement un regard vert amusé mais plus sombre qu'à l'accoutumée. .

-Cette fois, la discussion est close, annonça Potter moqueur.

Il détacha de sa robe les mains de Draco qui se laissa faire, puis il se détourna. Le serpentard le suivit des yeux un instant avant de se redresser.

Ce n'était pas grave. Juste un baiser. L'attitude ridicule qu'il avait eue ne se reproduirait plus. L'autre avait simplement voulu avoir le dernier mot. Draco supposa qu'il pouvait lui accorder ce point. Après tout, l'Erreur-de-la-Nature n'avait plus que quelque mois à vivre.

Ceci dit ça restait un rapprochement. Pas celui que Draco avait eu en tête au premier abord mais un rapprochement quand même.

Il caressa ses lèvres doucement avant de froncer les sourcils.

Qu'importaient les sacrifices qu'il allait devoir faire...seul le résultat avait de l'importance.

Et tuer Potter après ça n'en serait que plus jouissif.

A suivre