Tous les navires avaient jeté l'ancre. Le début de la soirée touchait à sa fin. Un large sourire illuminait les visages des pirates qui s'adonnaient aux préparatifs de la fête avec énergie. Une cinquantaine d'énormes tonneaux était amenée sur le pont. Sans doute y'en avait-il autant sur chaque bateau. Une bonne odeur de cuisson taquinait mon nez. En cuisine, les chefs et leurs nombreux apprentis se hâtaient de concocter assez de plats pour tous. Les tables furent dressées et d'innombrables verres la recouvraient. Un petit groupe s'occupait de sortir des sacs remplis de viande de la réserve de nourriture avant de les décharger entièrement à même la table.

Je trouvai Marco-san dans la mêlée qui parlait avec Thatch-san. Je les rejoignis rapidement afin de leur demander en quoi je pouvais me rendre utile.

« Tu n'en as pas besoin, Nami. Tiens regarde plutôt ça » m'assura Marco-san en tendant un journal replié. Je l'ouvris, soucieuse.

« Qu'est-ce que c'est ?

— C'est le journal du matin. C'est Thatch qui me l'a montré. »

Je me mis à lire soigneusement le gros titre du jour. Au fur et à mesure que je faisais défiler les lignes sous mes yeux, des sueurs froides naissaient de ma tempe. Je poussai une exclamation de surprise. Ace arriva à ce moment précis, cherchant à savoir ce qu'il se passait. Je restai immobile, les yeux toujours rivés sur le papier froissé par mes mains tremblantes. Ace me prit doucement le bras et je devinai son inquiétude au son de sa voix. Mais je n'arrivai pas à détacher mon regard de ces mots.

« C-C'est... Luffy ! » lâchai-je finalement, hésitante.

Ace m'arracha, alarmé, le journal des mains et le lit attentivement. Il me regarda finalement en haussant un sourcil, comme pour me demander une explication. Je m'approchai de lui et il me partagea le papier.

En gros plan, on pouvait aisément voir une photographie de mon capitaine, les yeux fermés et tenant son chapeau de paille. L'arrière-plan montrait de grosses bulles qui s'élevaient vers de gigantesques arbres. D'après la journaliste, l'équipage des Chapeaux de paille avait été annihilé là-bas même, et leur capitaine se recueillait. Quelque chose clochait.

« Ce n'est pas normal, commençai-je. Ça ne ressemble pas à Luffy. »

Ace hocha silencieusement la tête, exprimant son accord. J'examinai plus sérieusement le surprenant cliché, puis laissai échapper une légère exclamation d'étonnement.

« Là ! pointai-je du doigt. Il n'avait pas ce tatouage avant !

— « 3D2Y » ? Qu'est-ce que ça veut dire ? » demanda Ace, une moue crispée par la réflexion.

Je me tus.

3D2Y. A quoi cela pouvait-il correspondre ? Une chose était sûre, Luffy ne pouvait pas nous croire tous morts. Il ne pouvait pas abandonner. Je me remémorai les derniers moments passés avec mon équipage. Ce tatouage était forcément un code, un indice.

Le « 3D » est barré... Qu'est-ce que... Peut-être...?

« 3 Days 2 Years... »

J'en étais certaine. Ace m'interrogea du regard.

« On s'était donné rendez-vous trois jours plus tard... Nous avons déjà raté notre chance. Le prochain rendez-vous... est dans deux ans. »

J'avais compris. Je levai la tête vers le ciel, un sourire aux lèvres, le vent s'infiltrant dans mes cheveux.

« Alors tu es à Shabondy, Luffy... J'ai reçu ton message. Les amis, ça va être long, mais nous nous retrouverons tous au point de rendez-vous dans deux ans » chuchotai-je pour moi-même.

Je fis face à Marco-san et les autres, puis me courbai respectueusement.

« Permettez-moi de rester ici encore deux ans ! Je travaillerai dur et deviendrai une meilleure navigatrice pour mon équipage ! Plus tard, nous serons rivaux sur les mers, mais en attendant, prenez soin de moi !

— Tu ne nous laisses pas trop le choix. »

Je me relevai, puis aperçus les visages amusés des trois hommes. Ils m'acceptaient parmi eux. Une faible pirate comme moi dans l'équipage le plus fort du monde durant deux longues années. Marco-san me sortit de ma réflexion.

« Tu devrais te changer Nami, ça fait deux jours que tu portes les mêmes vêtements. Va voir à l'infirmerie, tu devrais trouver de quoi t'habiller. »

Ah oui... D'ailleurs, en y pensant, je n'avais pas les mêmes vêtements qu'à Shabondy.

« À qui sont ces vêtements ?

— Tu viens seulement de remarquer ? Ne t'en fais pas, nos infirmières t'ont changée quand tu étais inconsciente. Tes habits étaient déchirés, nous les avons jetés. Tu voulais les garder ?

— Non... Merci. Alors j'aimerais prendre une douche.

— Suis-moi, je t'y emmène, me répondit Ace. Tu dors à l'infirmerie depuis que tu es là, mais on va voyager ensemble pendant un bout de temps, donc tu auras ta propre chambre maintenant !

— Tu es sûr que ça ira ? Je ne veux pas déranger.

— À moins que tu veuilles dormir avec une masse de mecs bruyants ? Allez viens, je vais te montrer une cabine de libre. Tu dormiras sur le bateau principal de ma division.

— D'accord, je vais demander des vêtements à l'infirmerie, je reviens. »

Je rentrai dans la cabine médicale et demandai des vêtements de rechange à une infirmière qui était assise sur un fauteuil. Elle me tendit des sous-vêtements, un débardeur gris et un short en jean. Je pris une serviette, du shampoing ainsi que mon Climat Tact, puis sortis. Je rejoignis Ace qui m'attendait devant la porte et nous montâmes sur son bateau. Il me montra la cabine que j'occuperai dorénavant. C'était une chambre tout à fait charmante munie d'une salle de bain, d'un lit, d'un bureau, d'une chaise, ainsi que d'une armoire.

« La cabine a toujours été vide ? demandai-je.

— À l'origine, elle était conçue pour les invités, donc tu vois tu ne déranges personne.

— Vous en recevez souvent ?

— Vu qu'on a des dizaines d'équipages alliés, sur chacun de nos bateaux il y en a quelques-unes. Prends ton temps, à tout à l'heure. »

Ace ferma la porte et je filai dans la salle de bain. Je me déshabillai et invoquai un nuage de pluie à l'aide des bulles chaudes de mon Climat Tact. Je laissai les gouttes glisser sur ma peau pendant un moment. La sensation du contact avec l'eau chaude était absolument exquise.

Lorsque j'eus fini de me laver, je m'emparai de ma serviette, puis m'habillai des vêtements propres que j'avais empruntés. Cela ne faisait qu'un quart d'heure depuis mon emménagement et déjà la fatigue me gagnait. La fête ne devait pas avoir encore commencé. Je décidai de m'engager dans un nouveau carnet de bord.

Je pris une feuille de papier qui traînait, puis m'installai au bureau, une serviette autour du cou et une plume en main. J'écrivis le récit de mon aventure depuis notre arrivée sur l'Archipel de Shabondy jusqu'à ma rencontre avec l'équipage de Barbe Blanche. Je laissai ma plume défiler et marquer la blancheur du papier de son encre noire. Une fois mon travail accompli, je me relevai en m'étirant. De l'agitation se fit entendre. Il était déjà minuit, il fallait se rendre sur le pont.

Je sortis de ma cabine, et partis à la recherche de visages familiers. Les festivités avaient déjà commencé depuis un certain temps étant donné l'état éméché de la plupart des pirates. J'inspectai les alentours en marchant, lorsque je heurtai maladroitement quelqu'un.

« Distraite ?

— Je vous cherchais. Je ne connais pas grand monde.

— Viens, je vais t'en présenter, proposa Thatch-san en me tirant par le bras. Tiens regarde, tu vois le grand paquet de muscles là-bas ? Il s'appelle Vista. Il est le commandant de la cinquième division et le meilleur épéiste de notre équipage. »

L'homme que pointait du doigt Thatch-san était effectivement imposant. Il avait les cheveux noirs et une longue moustache qui lui donnait des airs de chef de mafia italienne. Il portait un haut-de-forme accordé à son uniforme violet et blanc qui s'ouvrait en décolleté sur sa puissante poitrine velue. À dire vrai, il ressemblait à un ours. Mais un certain charisme émanait de sa personne. Il riait à gorge déployée et ses yeux ridés et mis-clos laissaient transparaître une nette franchise. Je sentais que c'était un homme digne de confiance.

Une troupe de pirates bruyants était agglutinée autour de lui. Je m'approchai pour faire connaissance. Le dénommé Vista explosait de bonne humeur ; sans doute sa boisson jouait-elle un rôle important dans cette démarche. Je me mêlai à la conversation avec une grande facilité. On ne se connaissait que depuis quelques minutes, et déjà il s'adressait à moi comme à son enfant.

Nous parlions ensemble depuis un moment, quand une personne m'interpella. L'homme qui nous faisait face avait de magnifiques dreadlocks blondes. Il était plus grand que Thatch-san et avait les yeux maquillés au noir. Il portait des vêtements clichés de pirate et un bandana jaune avec le symbole de son équipage. Il ressemblait étrangement à un pirate populaire de Grand Line du nom de Jack Sparrow.

À ses côtés se tenait une jeune femme en habit traditionnel japonais, à savoir un joli kimono rose. Elle avait relevé ses cheveux noirs en un chignon haut et portait du rouge à lèvres. C'était le parfait portrait d'une geisha. Elle était grande et bel-

Euh... Attendez...

Elle releva ses manches et laissa paraître ses bras musclés et... masculins ?

O.K. non, il y a mégarde. Au temps pour moi.

Son regard dur se posa sur moi...

« C'est toi la nouvelle ? »

...Et sa voix grave fit trembler les murs.

« C'est moi. Et vous êtes ?

— Je suis Izô. Commandant de la seizième division.

— Et je suis Rakuyô, commandant de la septième division, annonça le rasta.

— Je m'appelle Nami, enchantée. »

Ils s'installèrent à la table où nous étions, puis se servirent un verre.

« Alors comme ça tu as perdu ton équipage ? commença Izô-san.

— Nous avons été dispersés au cours d'une bataille. Nous nous retrouverons dans deux ans.

— Nous allons rester ensemble pendant deux ans !? s'exclama Rakuyô-san. Il vaut mieux pour toi qu'on s'entende bien !

— Tu lui fais peur Rakuyô, laisse-la un peu tranquille tu veux ? répliqua Vista-san.

— Je n'ai pas peur. Il a raison, nous allons voyager ensemble pendant un long moment. Plus encore que le temps que j'ai passé avec mes propres compagnons. J'espère que l'on s'entendra bien. »

À mes mots, tout le monde sourit.

Je ne pense pas souffrir beaucoup de cette séparation. Le bateau sur lequel je suis tombée est rempli de gens bienveillants.

Nous riions gaiement, lorsque je vis Ace se joindre à nous.

« Yo ! Je vois que tu as fait leur connaissance. Je te cherchais pour te présenter du monde, mais tu as l'air de t'en sortir toute seule ! rit-il.

— Ace ! J'ai appris que vous vous connaissiez déjà avant ? dit Izô-san.

— Elle est la navigatrice de l'équipage de mon petit-frère.

— Laissons ces discussions à plus tard, on aura tout le temps de parler de ça après ! interrompit Rakuyô-san. Il est temps de boire ! Tiens, prends un verre Nami !

— Je ne bois pas, merci...

— Ne dis pas n'importe quoi, on fête ton arrivée et nos retrouvailles ! Essaie un peu.

— Eh, ne la force pas, plaisanta Marco-san qui venait d'arriver.

— Bon, si vous insistez... Mais on fait un jeu ! proposai-je. Celui ou celle qui tient debout le dernier gagne mille berrys de la part de chaque participant. »

Je leur fis mon sourire le plus malicieux et tous acceptèrent.

S'ils me prennent pour une enfant, autant en profiter.

Ils me versèrent du rhum à ras bord, puis nous trinquâmes joyeusement ensemble.

Une demi-heure plus tard, tout l'équipage avait entendu parlé de notre boucan. Les nouveaux arrivants s'étaient tous joints, et même l'éminent capitaine riait et buvait avec nous. J'avais fait la connaissance rapide de chacun des commandants. L'ambiance chaleureuse avait rassemblé tous les marins. Bien entendu, un bon nombre d'entre eux étaient déjà ivres morts. Quant à moi, j'en étais à mon douzième verre. Ace était assis face à moi et me regardait d'un air de défi.

« Je ne perdrais pas » me disaient ses yeux.

C'est dommage pour lui, il a l'air si confiant. Il vaut mieux toujours connaître ses adversaires avant d'attaquer. Il semblerait que comme son frère, il fonce toujours dans le tas.

Cela faisait presque une heure que nous avions commencé à jouer et déjà, il ne restait plus qu'une poignée de survivants. Marco-san et Thatch-san avaient abandonné. Joz-san et Vista-san ronflaient comme des camions. Enfin, Izô-san et Rakuyô-san chantaient et dansaient avec leurs amis. Les autres commandants dormaient ou se retenaient de vomir. Bientôt, il ne restait plus qu'Ace et moi.

Je suis assez déconcertée. Je ne pensais pas qu'il arriverait aussi loin. Et pourtant, il n'a pas le profil d'un grand buveur. Sa détermination n'a pas l'air de faiblir ni même de frémir, ne serait-ce qu'un peu. J'avoue m'être montrée moi aussi confiante trop vite. Son obstination est réellement impressionnante.

« Alors Nami, on fatigue ? me nargua-t-il

— Tu n'as pas l'air bien, Ace. Tu es sûr que ça va aller ? Les enfants devraient déjà être au lit à cette heure, ne tarde pas trop. »

Il rit à ma réflexion, puis reprit :

« Pourquoi ? Tu sens que tu vas perdre ?

— Ce n'est pas plutôt toi ? Où est passée ton assurance ?

— Je te ressers peut-être ?

— Avec plaisir ! »

Nous continuions notre petit divertissement pendant un moment, jusqu'à ce que tous les marins abandonnent pour festoyer entre les indemnes. Ace et moi nous lançâmes dans une bataille perçante de regards. Nous en étions à notre vingt-et-unième chope de rhum dilué, quand enfin, il lâcha prise. Je le savais. Personne ne pouvait l'emporter sur l'alcool face à moi. Je me trouvais pompette pour la première fois, mais devant moi s'était écroulé un homme dont l'âme ressortait par tous les orifices. Je lui rappelai mielleusement que j'avais gagné, et il leva vers moi une moue boudeuse. Il était plutôt mignon quand il était grognon.

« Tu me dois mille berrys ! m'exclamai-je en riant.

— Hmmmm... »

Il reposa sa tête sur la table, incapable d'articuler le moindre mot. Après une courte pause où j'avais fermé sereinement les yeux, je me décidai à le réveiller.

« Ace, tu devrais rentrer dans ta cabine. »

Il se redressa et planta ses prunelles ténébreuses en moi. Il marmonna quelque chose, puis plongea mollement la main dans ses cheveux, les ébouriffant un peu. Il se leva finalement et s'installa un peu plus loin, à même le plancher du pont. Thatch-san me rejoignit en riant.

« Alors c'est toi qui a gagné ? Qui l'eût cru ?

— J'ai l'air si jeune et innocente ?

— Oh non, tu as surtout l'air renfermée. Enfin, ça doit être parce qu'on ne se connaît pas encore assez bien.

— Renfermée, moi ? D'habitude je hurle beaucoup. Mais c'est parce que mon équipage est en grande partie constitué d'idiots qui courent partout en ne faisant attention à rien. Ici, tout le monde prend ses responsabilités. Ça change de mon quotidien.

— On a nos propres idiots aussi. Il n'y a qu'à regarder autour de toi, tu ne trouveras que ça ! Mais sans eux, la vie serait bien moins amusante, tu n'es pas d'accord ?

— Tu as raison. Je les engueulais souvent, mais ils sont mes précieux compagnons. »

Je repensai à mes amis, à tout ce qu'on avait vécu jusque-là, aux objectifs de tous. Je dois profiter de ces deux ans pour m'améliorer au mieux. Thatch-san étira un sourire réconfortant.

« Ils doivent beaucoup te manquer.

— Je ne peux pas le nier. Mais il doit y avoir une raison pour laquelle je suis ici. Et puis je ne suis pas si mal entourée ! »

Je lui souris, puis jetai un coup d'œil à la masse épuisée qu'était le frère de mon capitaine. Il était assis contre le mur en bois de sa cabine, la tête baissée et les jambes étalées devant lui. Je prévins Thatch-san que j'allais essayer de réveiller l'un des fameux idiots, et il partit en riant.

Je m'approchai du jeune homme ivre qui avait perdu à notre petit jeu. Je m'accroupis au milieu de l'écart creusé entre ses jambes et le regardai, les bras croisés autour de mes genoux. Il sentit ma présence et releva la tête. Ses yeux mi-clos me fixèrent profondément. Je ne sais combien de temps s'écoula pendant notre affaire visuelle, mais il me paraissait infiniment long.

« Tu vas bien ? » me risquai-je à demander finalement.

Il continua de me dévisager un moment, puis me prit la main et la tira doucement vers lui. Entraînée par le mouvement, je tombai à genoux, un bras sur son ventre et un autre par terre, près de sa hanche. J'entrouvris légèrement mes lèvres sous le coup de la surprise et voulus m'excuser, mais aucun mot ne put sortir de ma voix. Je levai les yeux vers lui et il lâcha ma main pour enrouler ses doigts autour d'une mèche de mes cheveux. Nos visages étaient proches, mais il n'avait pas l'air de s'en soucier. Son souffle chaud et légèrement alcoolisé se heurtait sur mes joues brûlantes. Une expression distraite animait ses traits. Il continuait de jouer avec mes cheveux, quand un rayon lunaire passa éclairer sa figure. Je n'arrivais plus à réfléchir.

« Ils ont poussé » remarqua-t-il simplement.

Il parlait de mes cheveux ? C'est vrai qu'ils avaient beaucoup poussé depuis la dernière fois qu'on s'était vus. Ils ondulaient jusqu'au milieu de mon dos à présent. Mais ce n'était pourtant pas la chose à dire dans cette position ! Mon esprit était entièrement embrumé. Nous restions immobiles, face à face. Il releva enfin les yeux vers moi, puis glissa délicatement ses doigts jusqu'à mon cou en effleurant le bas de ma joue.

« Ça te va bien. »

Ses mots tremblèrent dans l'atmosphère. Mon cœur s'affolait de plus en plus, sans ralentir.

Ce n'est pas le moment de dire des choses pareilles. Les effets de l'alcool sont terrifiants !

Il retira presque aussitôt sa main et rejeta son regard neutre vers le ciel. J'en profitai pour enlever ma main de son ventre à mon tour, et me redressai.

« Tu devrais aller te coucher, tu risques de t'endormir ici » lui conseillai-je.

Il rit à voix basse et se leva.

« Merci. J'essayais de me rafraîchir. Tu devrais rentrer toi aussi, tu vas avoir froid.

— Oui, et puis grâce à toi, j'ai une si belle cabine maintenant ! Bonne nuit ! »

Il me salua de son large sourire naturellement sincère. Je rentrai dans ma chambre et me fourrai rapidement dans mon lit. Mon cœur battait follement dans ma poitrine.

Qu'est-ce que c'était que ça ?

Je m'endormis immédiatement sous la fatigue de l'émotion.