Chapitre 5
Après plusieurs minutes de silence, Flavien osa bouger un peu. Sa poitrine lui faisait atrocement mal et son ventre était tout endolori. Sa bouche goûtait le sang. Il se retourna sur lui-même et du réprimer un gémissement de douleur. Il ne voulait pas risquer que Pauline l'entende et répéter l'expérience qu'il venait de vivre. Pauline de frappait souvent, mais elle n'était pas souvent aussi furieuse.
Après quelques instants encore, il réussit finalement à s'asseoir. Il croisa les jambes et serra Grégoire très fort contre lui. Son visage enfoui dans la peluche, son petit corps était secoué de pleurs silencieux. Chaque sanglot lui déchirait la poitrine, mais il ne pouvait pas s'arrêter. Pourquoi Pauline était si méchante avec lui? Il n'en avait pas la moindre idée. Il essayait pourtant de faire tout ce qu'elle voulait, mais peut-être qu'il n'était pas assez bon, peut-être qu'il n'en faisait pas assez.
Il se souvenait très bien au début, il avait espéré pour une famille normale comme tout le monde, mais son vœu s'était vite écroulé. Dès la première journée, Pauline s'était fait très claire sur les règlements de la maison, et elle ne l'avait pas fait de la façon la plus aimable. Ensuite, il y avait eu son mari qui lui avait proposé une partie de chasse.
-Te souviens-tu Grégoire, Chuchota-t-il doucement à son hippopotame mauve, la fois où ils m'ont envoyé à la chasse à l'ours? J'avais été tellement content…
Malheureusement, ça n'avait pas été du tout ce qu'il avait pensé. Ils l'avait enduit de miel et l'avaient laissé dans le boisé* Il avait tellement eu peur tout seul dans le noir. Quand il était finalement rentré, couvert de brindilles, de feuilles et de mouches, Pauline n'avait pas voulu qu'il entre dans la maison avec cette saleté. Il avait du prendre le boyau d'arrosage et se laver avant que Pauline ne le laisse entrer. Comme c'était au mois d'avril, il avait bien sûr attrapé froid et Pauline avait été de très mauvaise humeur pour le reste de la semaine à cause de ça.
-Une chance qu'il y avait pas eu d'ours pour vrai, ajouta Flavien en jouant avec l'oreille de l'hippopotame.
Il pleurait moins maintenant. Il commençait à être habitué à ce genre de situation. Il aurait préféré ne pas s'y habituer, mais il n'avait pas vraiment le choix.
Il passa toute la journée dans cette cave sombre, se rappelant des anecdotes des six derniers mois avec son toutou, et à regretter ses anciennes familles adoptives qui n'avaient peut-être pas été le paradis, mais n'importe quoi était mieux que cet endroit. Il sortit plusieurs fois son morceau de verre de sa poche pour le rouler entre ses doigts. Il avait moins peur quand il le tenait dans sa main. Son ventre lui faisait beaucoup moins mal mes ses côtes étaient toujours douloureuses. S'il avait été plus vieux, il aurait su que deux d'entre elles étaient fêlées.
Finalement, à la fin de la journée, la trappe du sous-sol s'ouvrit et Flavien du fermer les yeux à cause de l'habitude à l'obscurité.
-Vas dans ta chambre! Fit la voix sèche de Pauline du haut de l'escalier.
Flavien monta les marches prudemment et se dirigea directement vers sa chambre. Il ne jeta même pas un regard à la femme qui le regardait avec un regard méprisant. Il ferma la porte et glissa contre celle-ci. Finalement il était sorti de cette affreuse cave!
Il sortit son vieux pyjama et enleva son chandail. Sous celui-ci, il y avait d'énormes ecchymoses qui recouvraient tout son torse. Les coups au ventre avaient été les plus forts. Il passa une main dessus, puis ferma son pyjama. Il n'avait rien mangé de la journée, mais ça lui était égal. Il préférait ne pas sortir de sa chambre avant demain, de peur de rencontrer Pauline. Il se glissa sous les couvertures et s'endormi aussitôt.
Flavien n'avait toujours pas bougé. Tous restèrent présents près de lui et Valence revint très vite avec un livre à la main.
-J'ai trouvé! S'exclama-t-elle en s'approchant de la table d'examen. Flavien est victime d'un souvenir refoulé qui vient de refaire surface. Ça doit être un souvenir très douloureux pour le mettre dans cet état. Il devait même pas s'en souvenir lui-même. Y a du avoir quelque chose qui a sorti ce souvenir du fond de sa mémoire.
-Comment on fait pour le ramener à son état normal? Demanda Pétrolia.
-Il existe pas de méthodes précises, mais on peut toujours en essayer quelques unes. Mais avant, j'aimerais savoir qu'est-ce qui a été dit ou fait avant qu'il soit dans cet état.
-Ben Bob pis moi on s'insultait comme d'habitude, Répondit Brad nonchalant.
-Pis juste avant qu'il devienne comme ça, Ajouta Bob, Brad l'a traité de demi ET rejet et il a dit qu'il y avait jamais personne qui avait voulu de lui.
Valence pensa quelques instants, puis :
-Son manque de confiance en soi a peut-être des racines plus profondes que je le pensais…
À Suivre…
*Voir Histoire de pêche : Sa huitième famille adoptive l'avait lâché lousse dans le bois avec du miel sur lui.
