Chapitre cinq : Beauxbâtons et Durmstrang
Un mois passa avant que la situation ne se soit suffisamment dégradée pour que Rogue convoque Envy dans son bureau. C'était environ une semaine après qu'il ait pratiquement laissé tomber les cours. Il n'avait ni la force ni la motivation de continuer. En plus, l'angoisse d'approcher Edward et d'être jugé le rongeait. Maintenant, il évitait soigneusement le Serdaigle et celui-ci réciproquait la politesse. Chaque jour paraissait pire que le précédent et il ne savait plus comment réagir. Il voulait tout arrêter. Ce qu'il fit. Il ne travaillait plus. Déjà qu'avant, c'était limite, surtout vu son comportement vulgaire et irrespectueux... Les professeurs lui avaient déjà donné plusieurs retenues pour ses devoirs non rendus et les cours auxquels il n'assistait plus. Désormais, ils commençaient de toute évidence soit à perdre patience, soit à s'inquiéter.
– Que se passe-t-il, Alighieri ? aboya Rogue, les mains jointes sur le bureau, crispées.
Son élève se contenta d'un haussement d'épaules désinvolte.
– Tous vos professeurs se plaignent de votre absence et de vos devoirs non rendus. Où passez-vous votre temps ? Si vous continuez, vous serez renvoyé de l'école.
– Si vous saviez à quel point je m'en bats de tout ça, rétorqua Envy en balayant la menace de la main.
Rogue plissa les yeux et le coin de sa bouche se tordit.
– N'abusez pas de ma patience alors que ma seule hâte depuis votre arrivée à vous et Elric n'est que votre expulsion de Poudlard.
Sachant cela impossible à cause des dernières volontés de Nicolas Flamel, Envy eut un rictus moqueur et croisa les jambes dans une pose typiquement féminine avant de rejeter ses cheveux en arrière dans un geste qui perturba Rogue.
– Essayez donc. Vous savez aussi bien que moi que c'est impossible.
L'insupportable morveux provocateur avait parfaitement raison. Rogue fulminait.
– Mais je peux vous mener la vie dure à tous les deux.
Blasé, Envy croisa les bras d'un air buté et détourna les yeux en fusillant du regard le sol en pierre des cachots.
– Je m'en fous d'être ici ou pas. Et puis ce connard d'Elric, j'en ai rien à foutre non plus. Faites-le chier autant que vous voulez, ça m'est égal.
Son ressentiment n'avait fait que croitre ces derniers jours, alors qu'ils restaient distants et froids dès qu'ils se rencontraient. Il s'en voulait autant qu'il en voulait à Edward.
En face de lui, le maître des potions s'était calmé en comprenant enfin la raison de son comportement. Finalement, même ces deux-là s'avéraient des adolescents comme les autres, malgré ce qu'il pouvait en penser.
– Je vois où est le problème. Elric et vous avez eu une dispute.
– Non. Ce mec m'est indifférent, c'est tout. Je n'ai aucun problème.
Pas convaincu pour une mornille, Rogue le fixa en silence pendant quelques secondes. Mettant son ressentiment et sa méfiance en sourdine pour le moment, il reprit son rôle de directeur de maison pour tenter de résoudre le problème. Il ne connaissait qu'un seul moyen pour ce faire. Avec un peu de chance, tout se réglerait avant qu'il ne perde le restant de sa journée.
Décidé, il se leva puis fit signe à Envy de rester assis.
– Attendez ici, ne touchez à rien.
La porte claqua derrière lui. Resté seul, Envy soupira à fendre l'âme et s'enfonça dans sa chaise. Que manigançait Rogue ? Prévenir Dumbledore ne servirait à rien. À part énerver Envy davantage en prenant un ton paternaliste et en l'interrogeant sur des sujets qu'il n'avait pas la moindre envie de partager. Envy savait déjà ce qu'il lui demanderait. Il lui poserait des questions sur Edward, sur leur relation, lui demanderait pour quelle raison ils ne se parlaient plus et lui rabâcherait les oreilles avec l'amitié. Encore cette connerie. Il s'en serait bien passé si c'était pour ne plus supporter aussi bien la solitude qu'avant.
Il grinça des dents en pensant au blond et à son indifférence. Il lui en voulait beaucoup de le laisser de côté. N'avait-il pas dit qu'ils étaient tout l'un pour l'autre et qu'il l'aiderait de son mieux à devenir humain ? À éprouver des sentiments et émotions de façon positive ? Parce que pour l'instant, c'était tout l'inverse. À vrai dire, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas autant détesté quelqu'un. Depuis le temps, le nabot aurait dû lui pardonner. Pourquoi tous ses amis avaient droit à une seconde chance et pas lui ?
L'injustice le fit ruminer pendant plusieurs longues minutes.
Soudain, une vive douleur le prit à la poitrine.
« Souffre ! »
– Pas encore, gémit-il.
« Ressens cette douleur jusqu'à en mourir ! »
Son souffle se coupa et Envy se plia en deux. La souffrance, familière, augmenta de façon progressive, par palier, jusqu'à effacer toute pensée cohérente.
« Crève, pourriture ! »
Un Doloris ne devait pas être très différent. Chaque fois, il pensait qu'il ne survivrait pas. Ce fut le cas, encore.
« Tu ne mérites pas de vivre ! »
Mais... il y avait quelque chose de différent aujourd'hui.
« Nous, si ! »
La douleur ne refluait pas.
« Laisse-nous vivre ! »
Une étrange pulsation battait sous son sternum. Instinctivement, il posa sa main dessus dans un réflexe inutile pour apaiser le mal. Le battement augmenta en intensité.
« Délivre-nous ! »
Brusquement, quelque chose remua sous sa paume, venant de sous sa chair. Il écarquilla les yeux, sous le choc.
« Aie pitié ! »
Finalement, la douleur disparut comme elle était arrivée.
Il se redressa, l'air hagard, et resta un moment immobile, avec sa respiration hachée pour seul bruit. Ce qui venait de se passer n'était pas normal. Sa maladie était encore passée à un stade supérieur. Il avait peur de comprendre ce qui lui arrivait. La Vérité...
Avant qu'il n'ait pu formuler sa crainte, la porte s'ouvrit derrière lui. Il ne se retourna pas, jusqu'à ce qu'il entende la voix d'Edward dans l'entrebâillement.
– Je ne vois pas ce que j'ai à faire avec ses problèmes de comportement, je ne suis pas sa nounou.
Envy se retourna pour l'observer alors qu'il entrait en lui lançant un regard interrogateur. Lui non plus n'avait pas l'air de comprendre pourquoi Rogue l'avait emmené ici.
– Je pense qu'une discussion vous ferait du bien. Elric, si son comportement ne change pas, je vous ferais expulser tous les deux. Contrat magique ou pas.
La porte claqua bruyamment et se verrouilla sur un silence inconfortable. Envy se leva avec hésitation, autant par crainte de l'explosion d'Edward qui lui tournait le dos, que par manque de confiance en la capacité de ses jambes à le porter après sa crise violente.
– Qu'est-ce que tu fous, Envy ? fulmina Edward, les poings serrés.
– Moi ? Ce que je fous moi ? répéta Envy, incrédule. Toi, qu'est-ce que tu fous !
– Je n'ai rien à me reprocher. Ce n'est pas moi qui ai été convoqué par mon directeur de maison.
– À qui la faute !
– Parce que c'est la mienne peut-être ? rétorqua Edward, mauvais.
– Bien sûr que c'est la tienne, connard ! Si tu m'ignorais pas complètement depuis un mois, on n'en serait pas là !
– Qu'est-ce que ça peut bien te faire que je t'ignore ?
- Tu as dit que tu étais mon ami, merde ! explosa Envy en bondissant vers Edward pour l'attraper par le devant de sa robe. Si tu veux des excuses pour ce que je t'ai dit la dernière fois alors très bien, je m'excuse ! J'avais pas à dire ça sur ton frère. Je voulais juste que tu te calmes et j'ai rien trouvé d'autre. Maintenant tu veux bien arrêter de faire la gueule et accepter mon existence ? Je pensais pas que tu allais le prendre si mal que ça. Après tout, tu le retrouveras... C'est ça ton prix, je me trompe ? Il attend ton retour et bientôt vous serez à nouveau ensemble. Alors tout va bien dans le meilleur des mondes !
– Non ça ne va pas ! s'emporta Edward à son tour. Tu ne comprends rien...
– Alors explique-moi, espèce d'imbécile !
– Je ne le reverrais jamais, tu comprends ça ? Elle m'a piégé. Pour Al, je suis mort. Je ne pourrais jamais retourner là-bas ! Alors non, je ne saurais jamais ce qu'Alphonse penserait de mon comportement débile parce qu'Elle a complètement effacé mon existence. Je n'existe plus pour la personne qui compte le plus au monde à mes yeux, mais ça, tu ne pourras jamais le comprendre !
La bouche entrouverte, Envy lâcha prise sous le coup de la surprise. D'une part la violence des reproches l'effraya, puis les paroles firent sens et le choquèrent encore plus. Envy ne savait plus par quel bout commencer dans tout ce mélange d'informations dont il n'avait pas la moindre idée avant aujourd'hui. Mort ? Disparu des mémoires ? Pas l'Échange équivalent ?
Ce qu'il avait balancé à Edward à l'origine de leur dispute lui revint sous un tout nouveau jour. C'était une vraie claque. Jamais il n'aurait pu deviner à quel point la Vérité s'était montrée cruelle. Et lui par la même occasion. Alphonse ne se souvenait plus de son propre frère. Et lui, comme un idiot, avait remué le couteau dans une plaie déjà profonde et particulièrement incurable.
– Tu te trompes... Depuis que tu m'ignores, je crois que je commence à comprendre ce que tu peux ressentir, avoua Envy, calmé définitivement.
Edward garda le silence tandis qu'Envy poussait un long soupir et prenait appui contre le bureau de Rogue.
– Écoute, je suis désolé pour ce que j'ai dit et je suis sincère, reprit-il. Je ne savais pas pour ce qu'Elle a fait. J'ai toujours pensé que c'était retourner chez toi... ton prix.
– Ça l'est, soupira Edward en croisant les bras, retournant sur de l'Amestrien au cas où Rogue les écoutait. L'amnésie n'est que temporaire, pour que je ne m'inquiète pas pour Al pendant la mission. Mais je sais que je ne pourrais jamais revenir chez moi et tout reprendre comme avant.
– Comment ça ?
– La Vérité veut me renvoyer au moment de mon départ pour ce monde-ci, donc à mon exécution. Ce qui veut dire que je vais seulement mourir une deuxième fois et définitivement.
– Ton exécution ? répéta Envy en élevant la voix.
– Comment croyais-tu que j'étais arrivé devant la Porte ? Je ne suis plus alchimiste. J'imagine que toi aussi tu y es arrivé comme ça.
– Mais je ne pensais pas que toi aussi tu —
– La plupart du temps, tu ne penses pas, c'est vrai, l'interrompit Edward. Que croyais-tu qu'il m'arriverait d'autre ? Qu'ils m'accueillent comme si de rien n'était après t'avoir fait t'évader alors que tu étais un danger pour la sécurité nationale ? Quand ils nous ont capturés, j'ai été jeté en prison directement et ils m'ont interrogé sur ce que je comptais faire avec toi, si on avait des complices et tout le tintouin... Trois jours plus tard, ils m'ont exécuté et je suis arrivé devant la Vérité.
– Je croyais... Enfin... C'est... Je pensais que c'était une rumeur ! Plus personne ne parlait de toi quand j'ai été capturé et ils m'ignoraient quand je leur demandais ce que tu étais devenu. Maintenant je comprends mieux, ils ne savaient même plus que tu avais existé.
Il y eut un moment de flottement alors que le sens de la phrase mettait du temps à lui arriver au cerveau. Puis Edward écarquilla les yeux.
– Tu te souvenais de moi ? Attends, combien de temps as-tu mis avant d'arriver devant la Vérité ?
– Ils m'ont enfermé quatre jours avant de se débarrasser de moi. Je t'ai suivi de près, apparemment.
– Ce n'est pas possible, j'ai dû passer maximum dix minutes dans son monde avant d'arriver ici.
Envy haussa les épaules. Le monde de la Vérité différait beaucoup du leur.
- Comment tu es mort ? demanda Edward que la question troublait depuis longtemps.
– Un simple couteau de boucher, une planche et hop, plus de tête sur les épaules. Je leur en suis reconnaissant. En quelque sorte.
– C'est horrible de parler de ça comme si de rien n'était, fit remarquer Edward.
– J'ai l'habitude de mourir. En plus c'était sûrement l'une de mes morts les moins douloureuses...
Impossible d'ignorer l'éléphant dans la pièce alors que le souvenir de la nuit de la Coupe du Monde apparaissait comme une évidence qu'aucun des deux ne souhaitait nommer. Le fantôme de Mustang planait autour d'eux, plus que jamais, et Edward hésitait à le mettre sur le tapis. Néanmoins, maintenant qu'ils étaient lancés, autant continuer à purger tout le pus jusqu'à avoir tout mis à plat pour recommencer sur de nouvelles bases plus solides.
– Mustang apparaît souvent dans tes cauchemars ?
– Ouais, répondit Envy d'un ton qui disait clairement qu'il ne voulait pas s'étendre sur le sujet. Ce qu'il s'est passé quand on a été attaqué par les Mangemorts... Ça n'arrivera plus. Ils m'ont juste pris par surprise.
– Je ne pensais pas que tu avais été aussi traumatisé par ce qu'il s'est passé.
– Je ne suis pas traumatisé !
– OK, j'ai rien dit, se rattrapa Edward en levant les mains en signe de paix. Ton blocage complet face à un incendie est tout à fait normal. Tu n'as pas du tout besoin d'aide.
– Exactement.
– Pourquoi ne veux-tu pas admettre que tu as peur du feu ?
– Mais lâche-moi avec ça !
– Tous les humains ont des peurs, tu n'as pas à en avoir honte. Personnellement les piqûres me foutent les jetons.
Perplexe, Envy fronça les sourcils devant le violent frémissement qui secoua Edward.
– Qu'est-ce que ça peut me faire de savoir ça ?
Puis sa liste du « meilleur ami de base » lui revint et plus particulièrement la ligne « connaître ses peurs ». Donc, s'il comprenait bien, Edward venait de faire un pas en avant vers lui, comme s'il... acceptait ses excuses... et voulait reprendre où ils en étaient ? Il lui faudrait vraiment un meilleur manuel.
Un grand sourire éclaira son visage pour la première fois depuis longtemps et il réduisit la distance entre eux pour prendre son ami dans ses bras. Edward s'étrangla de surprise et resta les bras ballants.
– Qu'est-ce qu'il te prend ?
– C'est bien ce que tu fais quand tu retrouves quelqu'un, non ? C'était dans le manuel que tu m'as offert l'an dernier.
Edward grimaça contre son épaule qu'il s'était pris de plein fouet.
– Ouais, mais là c'est juste bizarre.
– Tu m'as manqué, avoua Envy en ignorant sa remarque. Ce n'est pas pareil sans toi.
Embarrassé par la confidence et incapable de trouver ses mots, Edward bégaya une phrase bateau avant de se racler la gorge et d'accepter l'étreinte pour ce qu'elle était.
– Je suis désolé de m'être éloigné, ça n'arrivera plus.
– Tu dis ça maintenant, mais ça changera, grinça Envy, amer. Et puis après la guerre, tu ne tiendras plus une promesse de ce genre. Tu iras te refaire une vie de ton côté. Et moi je passerai aux oubliettes.
– Encore faut-il que l'on survive à ce qui nous attend...
Envy releva la tête et se sépara de lui pour l'observer avec de grands yeux écarquillés. N'en croyant pas ses oreilles, il l'attrapa fermement par les épaules pour le secouer comme un prunier.
– Depuis quand es-tu devenu si pessimiste ? Bien sûr qu'on va survivre tous les deux ! Et on va réussir à lui botter les fesses en deux temps trois mouvements.
Edward baissa la tête tandis qu'il poussait un soupir silencieux.
– Plus ça avance, plus je crains que ce soit plus compliqué que ce qu'on pensait au départ. Mes études sur la magie noire n'aboutissent qu'à des impasses. Notre puissance restreinte ne nous permettra pas de contrer le quart de ces maléfices. Même si nos pouvoirs augmentent un peu chaque mois, ce n'est pas assez. On manque de temps.
– On n'a pas besoin de magie pour gagner. Tu as bien vu comme on s'en est bien sorti quand les Mangemorts ont attaqué ! Nos poings nous suffiront.
– Ils seront préparés la prochaine fois, objecta Edward. Et beaucoup plus nombreux.
– Des fois tu me déprimes, sérieux. Tu te biles trop. Viens par là.
– Hein ?
Accompagnant le geste à la parole, Envy le reprit contre lui jusqu'à manquer de lui en briser les os. Ce petit homme, même s'il avait un caractère de cochon et qu'il était tellement un incurable justicier que c'en devenait lourd, il ne pouvait plus s'en passer. C'était un sentiment très nouveau, qu'il venait de découvrir et qu'il n'avait pas pensé pouvoir ressentir un jour. Il appréciait Edward. C'était tout ce qui comptait.
– Tu m'étouffes.
– Tais-toi et profite.
– Profiter de quoi ? geignit Edward plaintivement d'une voix étouffée.
« Tournoi des Trois Sorciers,
Les délégations de Beauxbâtons et de Durmstrang arriveront le vendredi 30 octobre à 18 heures. En conséquence, les cours prendront fin une demi-heure plus tôt que d'habitude. Les élèves rapporteront leurs affaires dans les dortoirs et se rassembleront devant le château pour accueillir nos invités avant le banquet de bienvenue. »
Depuis cette annonce, Poudlard bouillonnait. Tout le monde ne parlait plus que de ça, même les professeurs et les fantômes. Beaucoup de paris circulaient sur les élèves allant se présenter et personne en dehors d'Edward et Envy ne savait que ce dernier s'inscrirait. Ils avaient pris la décision d'un commun accord de ne rien révéler, car ils savaient que sinon, la jalousie de Ron se manifesterait, lui qui ne cessait de parler de ce tournoi auquel il ne pouvait pas participer. L'ambiance était déjà assez tendue pour ajouter un nouveau sujet de discorde.
En outre, Envy et Edward s'étaient réconciliés à peine quelques jours plus tôt et ils tentaient de reprendre un certain rythme commun. Le Serdaigle avait présenté ses excuses pour son comportement et elles avaient été acceptées assez rapidement et naturellement par Harry et Ron. Hermione, quant à elle, se montra plus distante.
Mais ça ne tarderait pas à changer, comprit Envy en la voyant avancer vers eux. Malgré l'arrivée prochaine du mois de novembre, le soleil brillait fort ce jour-là. Installés dans le parc, les quatre garçons balançaient entre travail et sieste bien méritée. Les Gryffondors rattrapaient un devoir de divination pendant que les deux autres se reposaient après un cours éprouvant de défense contre les forces du Mal. Le pire et le meilleur élève concernant la résistance à l'Impérium. Edward avait très bien réussi, il avait été un des seuls à ne pas obéir d'un iota dès les premiers essais. Pas étonnant en étant une tête de lard pareille. Mais l'exercice l'avait quand même vidé et il dormait à poings fermés, confortablement couché dans l'herbe.
Envy fut donc le premier à remarquer l'approche d'Hermione, suivi par Harry et Ron. D'habitude, elle évitait de venir quand Edward les accompagnait. Voilà un changement radical. Lorsqu'elle ne fut qu'à quelques pas d'eux, Envy lança un regard en coin à son ami, inconscient de la discussion allant suivre.
Hermione se racla nerveusement la gorge. Toujours aucune réaction d'Edward. Envy quitta sa position en tailleur pour étendre ses jambes et donner un petit coup de pied dans le mollet de l'endormi. Grognant dans son sommeil, Edward fronça le nez et ouvrit les yeux avant de fixer Hermione.
– Hum ?
Il se redressa soudain et s'assit.
– J'accepte tes excuses, annonça Hermione de but en blanc.
– Oh, souffla simplement Edward en passant une main derrière sa nuque.
Maintenant il suffirait d'éviter soigneusement le sujet fâcheux de la SALE et tout redeviendrait comme avant. Avec un peu de chance, pensa Envy, désabusé.
L'apparition de la pancarte dans le hall déclencha un effet spectaculaire. Au cours de la semaine suivante, il semblait n'y avoir plus qu'un seul sujet de conversation : le Tournoi des Trois Sorciers. Les rumeurs circulaient parmi les élèves à la vitesse d'une épidémie. Qui comptait se porter candidat au titre de champion de Poudlard ? En quoi consisteraient les épreuves ? À quoi ressemblaient les élèves de Beauxbâtons et de Durmstrang ? D'après les discussions dans la salle commune, deux septièmes années de sa maison désiraient se présenter. Edward lui avait rapporté que les jumeaux Weasley souhaitaient eux aussi tenter leur chance et qu'il n'y avait qu'une septième année de Serdaigle espérant concourir.
Certains concurrents potentiels décidèrent de ne pas se manifester officiellement, comme Envy. Compte tenu du peu d'adversaires prévus, il avait toutes ses chances d'être choisi. La Coupe de Feu ne pourrait que comprendre que son aptitude à survivre aux épreuves dépassait de loin celle des autres candidats. Autant dire que la confiance ne lui manquait pas. S'il n'était pas désigné, il en serait très surpris.
Finalement, le 30 octobre arriva, et avec lui les délégations des deux autres écoles participants à l'événement. Leur arrivée se déroula de manière spectaculaire. D'abord avec celle du carrosse de Beauxbâtons « Pourquoi nous on n'a pas eu des uniformes aussi classes, à la place de ces guenilles ? » marmonna Envy à l'adresse d'Edward qui se contenta d'un coup de coude pour le faire se concentrer. Apparemment, son angoisse d'enfin rencontrer Igor Karkaroff se faisait sentir plus que jamais. Le tournoi prenait une mesure plus concrète. Maintenant, tout commençait vraiment. Toutes leurs recherches sur Karkaroff, Verpey, Croupton allaient leur servir sur le terrain.
– Regarde le lac, souffla Envy, les yeux fixés sur la surface lisse et sombre de l'eau.
De grosses bulles bouillonnaient en son centre, des vagues vinrent lécher les rives puis un tourbillon apparut, laissant s'élever lentement un long mât. Le vaisseau émergea alors de l'eau, crevant la surface de façon spectaculaire. Envy siffla, impressionné.
– Eh bien ! C'était un bon spectacle.
– Viens, on va essayer de les voir de plus près, couina précipitamment Edward en l'attrapant par la main pour le tirer à sa suite entre les groupes d'élèves curieux.
Les passagers avaient déjà commencé leur débarquement, ils affichaient tous une allure massive, semblable à celle de Crabbe et Goyle, et étaient vêtus d'épaisses capes de fourrure semblables à celle de l'homme à leur tête. Karkaroff.
Edward freina des deux talons et n'évita la chute que grâce à l'intervention instinctive d'Envy. En bordure de leurs camarades, ils se tenaient au plus près des étrangers. Les deux directeurs se saluèrent et, avant qu'ils n'aient pu voir leur ennemi de plus près, on les fit revenir à l'intérieur pour le banquet de bienvenue.
Arrivés dans la Grande Salle, ils comprirent aussitôt que la chance leur souriait. Les élèves de Durmstrang s'étaient installés chez les Serpentards et ceux de Beauxbâtons avaient investi la table des Serdaigles. Ils n'auraient pas pu rêver mieux.
- Je dois aller vers qui ? demanda Envy. Il y a trop de choix.
– Essaie Krum. Il est le petit protégé de Karkaroff.
– Il a l'air bête comme ses pieds, grogna le Serpentard. Je n'ai aucune idée de comment ouvrir le dialogue avec un gorille qui a de la semoule à la place de la cervelle.
– Reste toi-même alors, le charria Edward. Tu devrais t'en sortir, ils sont de la même trempe que les gens de ta maison de cinglés.
Plus facile à dire qu'à faire. Envy n'avait aucune idée de la manière dont il devait ouvrir le dialogue. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un de plus hermétique et difficile d'approche. De plus, Malefoy avait directement pris Krum pour cible et l'accaparait. Aucune chance qu'il puisse enclencher le plan « séduction » ce soir. Comble de la malchance, la suite paraissait perdue d'avance, puisque Drago venait de le pointer du doigt en riant, sûrement en train de dresser un portrait peu reluisant de lui. D'accord, c'était définitivement râpé.
Déviant son regard vers la table à côté de la sienne, Envy fronça les sourcils en voyant que, pour une fois, Edward n'était pas isolé, mais en très bonne compagnie. Il était entouré d'un grand groupe de filles de Beauxbâtons qui paraissaient toutes le dévorer des yeux alors qu'il discutait avec elles dans un français impeccable. Apparemment, lui n'avait pas eu de mal à ouvrir le dialogue, et de ce qu'il en entendait, ça se passait plus que bien. Surtout en comparant les mines réjouies à celles maussades à leur arrivée. Elles avaient même abandonné leurs écharpes superflues qu'elles s'étaient d'abord bornées à porter pour montrer leur mécontentement concernant la température dans le château.
En fait, elles paraissaient avoir complètement oublié leur comportement puéril pour en prendre un autre qui l'était tout autant. Battements de cils, bouche en forme de cœur et petits gloussements étaient de mise. Eh bien, Mustang n'avait de loin pas dû lui apprendre que de la politique...
Voilà une approche intéressante pour sortir du lot. En plus, avec son charme naturel et sa propension à attirer les regards, Edward ne mettrait pas longtemps à se mettre toute la gent féminine de Beauxbâtons dans la poche. Peut-être même pourrait-il se rapprocher du futur champion de cette école. Surprenant... Envy n'aurait jamais imaginé l'asexué Fullmetal nabot avoir une quelconque relation avec qui que ce soit. Ni même user de son charme pour servir ses intérêts. Il était plutôt du genre tellement naïf qu'il ne reconnaîtrait pas un flirt, même poussé à son paroxysme. Et il parlait en connaissance de cause, ayant déjà tenté l'expérience pour s'amuser à le déstabiliser et le faire tourner en bourrique.
Finalement, Edward avait dû s'en rendre compte, malgré ce qu'il avait pensé au moment des faits. C'était embarrassant, en fait, plus qu'amusant, réalisa-t-il en pinçant les lèvres. Heureusement, il ne lui en avait jamais fait aucune remarque, c'était tant mieux.
Par contre, son comportement séducteur ne plaisait pas à tout le monde. Les rires et conversations irritaient les autres élèves de Serdaigles, envieux, et attiraient l'attention jalouse des autres tables, surtout chez les garçons. Edward s'était montré plus rapide et les avait pris de cour, lui octroyant le monopole. Envy jalousa sa rapidité d'action formidable. Il aurait dû l'imiter. Car désormais, par sa faute, Karkaroff s'éloignait de leur emprise alors qu'il venait à peine d'arriver.
Edward avait à peu de chose près la même idée quand il vit entrer Verpey et Croupton par la porte des professeurs et s'asseoir sur les deux chaises supplémentaires. Le premier prit place à côté de Karkaroff. Un rassemblement de Mangemorts, super.
- Édouard, tu as l'air ailleurs, quelque chose te tracasse ? demanda Lucie, assise à côté de lui.
Reprenant un sourire en coin qu'il savait craquant, Edward se retourna vers ses nouvelles amies pour les rassurer. Il y eut quelques soupirs discrets et rêveurs qu'il fit mine de ne pas avoir remarqués.
– Je suis seulement impatient que le tournoi commence et de voir qui seront les champions. J'aurais beaucoup voulu me présenter, mais je suis trop jeune.
Aussitôt, un débat passionné s'ouvrit autour de lui alors qu'on le tâtait sous toutes les coutures, « tu as quatorze ans ? Impossible ! », « avec une allure pareille, je n'aurais pas cru », « tu parais bien plus mâture pour ton âge ». Il se laissa faire alors que ses épaules et ses biceps étaient demandés de tous les côtés. Les regards jaloux s'intensifièrent, mais il les ignora superbement. Sa vieille habitude de se faire tâter sous tous les angles pour observer ses automails lui ôtait tout intérêt de la chose. Même s'il devait bien avouer que se faire tripoter par de jeunes filles était plus agréable que quelques vieux mécaniciens à l'allure louche.
Dans la salle, la majorité de la gent masculine devait l'envier d'attirer l'attention de Fleur en particulier. Assise en face de lui, la Française ne le quittait pas des yeux, alors qu'elle-même attirait les regards depuis qu'elle avait libéré sa longue chevelure de Vélane. Étrangement, il avait remarqué depuis la Coupe du Monde que le charme de cette race ne les affectait pas, Envy et lui. Le fait intriguait manifestement Fleur qui s'acharnait à rejeter ses mèches dans son dos d'un savant jeu d'épaule. Malheureusement pour elle, comme Edward avait l'impression de voir Envy quand elle agissait de cette manière, son effet s'en retrouvait grandement ridiculisé par cette comparaison.
Soudain, les desserts disparurent et les assiettes furent nettoyées, puis Dumbledore se leva. Une atmosphère d'anticipation et d'impatience prit place dans la salle silencieuse.
– Le moment est venu. Le Tournoi des Trois Sorciers va commencer. Mais je voudrais donner quelques explications avant qu'on apporte le reliquaire afin de clarifier la procédure que nous suivrons cette année. Pour commencer, permettez-moi de présenter à ceux ne les connaissant pas encore, Mr Bartemius Croupton, directeur du Département de la coopération magique internationale et Ludovic Verpey, directeur du Département des jeux et sports magiques.
Les applaudissements furent bien plus enthousiastes pour le Mangemort. C'était vraiment le monde à l'envers.
– Messieurs Verpey et Croupton ont travaillé sans relâche au cours de ces derniers mois pour préparer le Tournoi des Trois Sorciers et ils feront partie, avec Madame Maxime, le professeur Karkaroff et moi-même, du jury chargé d'apprécier les efforts des champions... Le reliquaire, s'il vous plaît, Mr Rusard.
Le concierge, qui se tenait à l'écart, s'approcha du directeur en portant un grand coffre de bois incrusté de pierres précieuses.
– Les instructions concernant les tâches que les champions devront accomplir cette année ont été soigneusement établies par Mr Croupton et Mr Verpey, reprit Dumbledore. Et ils ont pris toutes les dispositions nécessaires au bon déroulement de cette compétition. Trois tâches auront donc lieu à divers moments de l'année et mettront à l'épreuve les qualités des champions... Leurs capacités magiques, leur audace, leur pouvoir de déduction et, bien sûr, leur aptitude à réagir face au danger.
Ces derniers mots provoquèrent un silence absolu, comme si plus personne n'osait même respirer.
– Comme vous le savez, trois champions s'affronteront au cours de ce tournoi, un pour chacune des écoles participantes. Ils seront notés en fonction de leurs performances dans l'accomplissement de chacune des tâches et le champion qui aura obtenu le plus grand nombre de points sera déclaré vainqueur. Les trois champions seront choisis par un juge impartial... La Coupe de Feu.
Dumbledore prit sa baguette magique et en tapota le coffre à trois reprises. Le couvercle s'ouvrit avec lenteur et en grinçant jusqu'à découvrir une grande coupe en bois. Une gerbe de flammes bleues s'y embrasa d'un coup.
– Quiconque voudra soumettre sa candidature pour être choisi comme champion devra écrire lisiblement son nom et celui de son école sur un morceau de parchemin et le laisser tomber dans cette Coupe de Feu, expliqua Dumbledore. Les aspirants champions disposeront de vingt-quatre heures pour le faire.
Edward se tourna vers la table des Serpentards pour observer Envy à la dérobée. Pour que l'Homonculus ait toutes ses chances, le Serdaigle avait déjà rédigé une liste de tous les aspirants au tournoi. Il y avait également ajouté quelques-uns susceptibles de jeter leur nom dans la Coupe de Feu sans en avoir parlé auparavant. Pendant la journée, il s'arrangerait pour que le moins d'élèves possible puissent mettre leur nom. La confiance d'Envy dans son élection l'aveuglait, mais ce n'était pas le cas du Serdaigle qui savait que les pronostics penchaient en sa défaveur.
– Demain soir, jour d'Halloween, la Coupe donnera les noms des trois personnes qu'elle aura jugées les plus dignes de représenter leur école. Dès ce soir, la Coupe sera placée dans le hall d'entrée et sera libre d'accès à celles et ceux qui souhaiteront se présenter.
Edward réalisa avec ennui qu'il allait devoir faire le pied de grue jusqu'au couvre-feu pour surveiller la Coupe. Plongé dans ses réflexions, il n'écouta qu'à peine les prochaines instructions concernant la Limite d'Âge (la même utilisée dans les librairies autour des rayonnages pornographiques, lui avait appris un garçon dans son dortoir). Il se demandait bien à quoi ce sort avait pu servir à Dumbledore avant aujourd'hui. Edward frémit d'horreur et abandonna cette pensée effrayante.
-... À présent, je crois que le moment est venu d'aller dormir. Bonne nuit à tous.
– On se revoit demain, n'est-ce pas ?
– Nous te ferons visiter notre carrosse. Il est vraiment beau, tu verras !
– Et Poudlard, tu pourras être notre guide, tu connais sûrement le château dans tous ses recoins.
– Jeunes filles ! s'exclama la voix forte de Madame Maxime, debout près des Grandes Portes, ses élèves masculins déjà derrière elle. Il est temps de retourner au carrosse !
Fleur et ses amies poussèrent des soupirs déçus en lâchant Edward à regret. Alors commença un défilé de bises et de « bonne nuit » jusqu'à ce que le garçon en ressorte complètement décoiffé et les joues rouge autant d'embarras que de rouge à lèvres. Il leur fit un dernier signe de la main alors que le groupe surexcité passait les portes. Elles se refermèrent lourdement derrière elles, puis Edward laissa son bras tomber sur son côté. La tension redescendit et il remarqua le hall pratiquement désert alors que les élèves de Poudlard rejoignaient leurs dortoirs.
– Tu as beaucoup de succès auprès des filles.
– Et toi pas beaucoup auprès de Durmstrang, rétorqua Edward sans se retourner vers Envy, venu se tenir debout à ses côtés alors qu'ils observaient Rusard déposer la Coupe sur le socle habituel du Choixpeau.
Verpey, Croupton et Dumbledore donnaient des instructions au concierge sous le regard intéressé des deux protégés du directeur. Comme celui-ci l'avait dit, il prit sa baguette pour tracer une ligne dorée sur le sol autour de la Coupe de Feu dont les flammes vacillaient lentement en léchant le bois qui ne noircissait pas.
– Tu as du rouge là, se moqua Envy en passant son pouce sur sa joue avant de le lui montrer, la peau rose vif.
Roulant des yeux, Edward tira sur sa manche pour se frotter la peau. Le ricanement du Serpentard fit connaître leur présence aux quatre sorciers qui se rendirent compte de leur public restreint. L'œil de Verpey s'illumina et il reprit son air jovial habituel en se dirigeant vers eux, les bras ouverts.
– Eh bien, j'ai entendu beaucoup de choses sur vous, Envy. Vous êtes devenu une vraie célébrité depuis notre rencontre.
Edward faillit ouvrir la bouche, sous le choc, mais il comprit bien vite qu'il parlait de leur rencontre avant l'attaque des Mangemorts. Il n'était quand même pas idiot au point d'avouer si ouvertement avoir fait partie du groupe qui avait attaqué (s'il en avait fait partie, bien sûr) lors de la Coupe du Monde.
– Le ministère parle beaucoup de vous ces derniers temps. Vous allez vous présenter ? Après avoir mis en déroute une dizaine de sorciers adultes, trois épreuves contre de jeunes gens ne devraient pas présenter un grand défi !
– Je pense que Mr Alighieri a tout son temps encore pour penser à se présenter, intervint Dumbledore en posant une main paternaliste sur l'épaule de l'Homonculus. Une bonne nuit de sommeil devrait le fixer sur ses objectifs.
Verpey parut gêné par l'intervention du directeur et Croupton s'excusa bientôt auprès d'eux en prétextant une affaire urgente à régler, et son collègue ne tarda pas à le suivre. Rusard lui aussi les laissa, sans oublier de jeter un coup d'œil plein d'attente aux deux élèves encore présents qui sans nul doute allaient dépasser le couvre-feu et lui permettre de sévir, pour son plus grand plaisir.
– J'espère que vous n'avez pas prévu de mettre votre nom dans la Coupe.
– Et si c'était le cas ? répondit Envy.
Profitant de la diversion offerte involontairement par son ami, Edward s'éloigna en sortant discrètement sa baguette. Il tourna autour de la Limite d'Âge tout naturellement, comme pour l'observer de plus près, alors qu'il lançait à voix basse un sort qu'il avait mis au point en étudiant les sortilèges de Repousse-Moldu protégeant le château. Sa variante, créée avec beaucoup de difficulté, consistait en un Repousse-Champion qui ne tiendrait que le temps d'une nuit, avant qu'il puisse venir faire le guet lui-même pendant la journée. Aucun élève ne passerait sa barrière jusque là et il se lèverait assez tôt le lendemain pour surveiller les élèves de son école.
– Ce n'est pas mon problème si vous avez passé ce contrat, répliqua Envy, ennuyé. Je vais me présenter et vous n'avez aucun droit de me l'interdire.
