La culpabilité se définit par un sentiment par lequel une personne se sent coupable. Elle fait place aux remords et aux regrets, d'autres émotions bien plus insupportable encore. Par chance, je n'aurai que quelques semaines à porter ce fardeau.

—Byleth... tente d'articuler la femme que j'embrasse pour la faire taire. Byleth !

Ses lèvres sont sucrées mais également salées et je réalise que c'est la première fois que je goûte à ses larmes de cette façon. Mon corps entier réclame la présence du sien et mes bras se referment dans son dos pour l'approcher de moi.

—Tu as raison, Edelgard. Je suis égoïste.

J'essaie de faire appel à ma lucidité tant que je le peux encore. Après tout, c'est moi qui ait choisi qu'entre elles* et moi, les choses n'aillent pas plus loin. Lui imposer ma présence, mes sentiments, alors que je vais bientôt disparaître... Serait tellement cruel. Une part de moi veut vivre cette expérience avant la fin, sentir son corps que je ne me suis jamais autorisée à toucher, ce cœur que j'ai toujours refusé d'écouter. C'est un poids supplémentaire que je m'apprête à déposer sur ses épaules, alors pourquoi ? Pourquoi le faire ?

—El... Je vais mourir, je prononce non sans mal comme si cette fois était différente des autres et donnait du sens au mot lui-même. Je vais mourir... Alors... S'il te plait...

Je n'ai jamais cherché à rencontrer quelqu'un, même pour un soir. Tous mes amis me conseillaient de le faire, après tout, j'étais tout de même curieuse. Même Edelgard m'a plusieurs fois lancé sur le sujet malgré les sentiments qu'elle entretenait pour moi et, au vu de ses réactions, entretient toujours aujourd'hui. Il n'y a cependant toujours eu qu'elle à mes yeux, alors quel intérêt à faire ce genre de chose avec une autre personne ? Je l'ai toujours aimée, du jour où je l'ai aperçue avec ses rubans et son ours à aujourd'hui alors que je m'apprête à les défaire.

—D'accord...

Après avoir redécouvert le sol de mon salon, honteuse, la boule au ventre, mes yeux remontent lentement tandis que ses doigts défont un à un les boutons de sa chemise vermeille qui glisse bientôt sur ses épaules puis le long de ses bras tout comme la sensation malsaine qui s'estompe. Je sais piquer un fard quand je rencontre ses seins encore couverts que j'ai vu plus d'une fois pourtant. Celle-ci est différente, et l'expression embarrassée d'Edelgard, son regard parme qui me fui, me poussent à l'attraper pour la serrer dans mes bras. Je me blottis contre elle, enfouie mon visage dans le creux que forme son cou et son épaule, mes lèvres contre sa peau. Ses doigts s'enfoncent dans ma chevelure épaisse et tentent de m'apaiser mais la réaction obtenue n'est pas celle suscitée : je n'ai jamais autant souffert.

—Si tu savais comme je t'aime... je murmure au plus près d'elle, très cruellement.

—Je le sais, Byleth, elle répond en ne cessant ses caresses. Je le sais...

Ce sont des mots que nous avons plus d'une fois échangés, petites. Aujourd'hui, ils ont un tout autre sens.

Je recule à peine, frôle son nez du mien avant de déposer un énième baiser sur ses lèvres pour l'inviter à me suivre dans ma chambre lorsque je m'éloigne. Elle retrouve mes bras très rapidement et le baiser qu'elle m'offre est bien plus langoureux maintenant que nos langues se joignent, faisant naitre en moi pléthore de sensations et frissons qui courent sur ma peau, remontant le long de ma colonne pour se faire plus lourds et intenses l'instant d'après.

Je m'assieds en tailleurs sur mon lit et tire légèrement le bras d'Edelgard que je n'ai pas lâché une seconde et cette dernière vient se positionner sur moi. Nous échangeons un regard qui en dit bien plus long que ce que nos bouches ne voudront jamais avouer.

—Tu peux encore changer d'avis, je me permets de lui rappeler.

Elle sourit et son souffle chaud se mêle au mien quand son visage approche. Sa langue caresse ma lèvres avant de retrouver la mienne qu'elle apprend à découvrir patiemment. Le soupire qu'elle lâche contre ma bouche me galvanise et la température monte soudainement d'un cran quand mes mains se mettent à épouser sa peau. Je retire mon t-shirt, du moins je l'aide à le faire et elle ne s'étonne même pas de voir que je ne porte pas de soutien gorge. Moi et les normes sociales, de toute manière. Pourquoi m'infliger torture supplémentaire après tout ? J'apprécie tout de même qu'elle ne me ressemble pas sur ce point car sa dentelle fine, noire de Jais, est absolument sublime et la question que je me pose immédiatement est de savoir si le bas est assorti. Edelgard semble lire dans mes pensées, car ses lèvres s'étirent, sa respiration se moque, et son regard me toise.

Quand mon pouce et mon index saisissent le menton de la jeune femme pour la ramener encore une fois à moi, je réalise ce temps que j'ai perdu mais d'une certaine manière, les choses sont mieux ainsi. La douleur n'aurait été qu'un peu plus vive si nous avions vécues tous nos désirs et nos envies. Et pourtant, j'ai beau me répéter cela, de toute mes forces, je sais me mentir à moi-même. J'ai été idiote, mais si c'était à refaire... Je referai sans doute la même chose, car rien ne m'aurait assuré qu'Edelgard soit dans mes bras, aujourd'hui.

Ma bouche murmure sur la peau d'Edelgard, parle parfois plus lourdement et lorsque ma langue darde c'est tout son corps qui frémit. Mon cœur bat tellement vite dans ma poitrine que j'ai la sensation de ne plus l'entendre chanter par moment. Je sais avoir raté de très nombreux battements. Elle ne dit pas mot lorsque je détache le bouton de son short pour lui ôter ses plumes et que très lentement, je le fais glisser ainsi que ses collants le long de ses jambes parfaitement galbées. Au contraire, elle se soulève pour m'aider à la tâche. Et, j'avais raison, le tout est assorti.

—Tu es tellement belle, Edelgard, je ne peux m'empêcher de lui faire remarquer.

Son soutien-gorge qu'elle défait d'un geste délicat, m'offrant sa poitrine nue devant mes yeux désireux, est la plus belle des réponses qu'elle aurait pu me donner et j'embrasse alors fièvrement ce cadeau dont j'ôte le manteau. Elle soupire, et je m'embrase.

Lorsque sa poitrine se gonfle et que ses mains se resserrent sur ma nuque et dans mes cheveux, ses gestes me galvanisent et les baisers cascadent de sa poitrine à son nombril. Sa peau laiteuse est tellement douce que je pourrais m'y apesanter des heures. Mes mains glissent sur ses hanches que je redessine avant de faire la même chose sur ses fesses, je me penche en arrière pour m'allonger mais la pousse en avant pour amener son bassin au dessus de mon visage. Là encore, mes intentions sont clairement ostensibles. Une part d'elle qu'elle ne peut me cacher a peur, sans doute, son regard me donne néanmoins l'autorisation de l'embrasser et ses doigts couvrent sa bouche au moment où je m'exécute.

J'enlace ses cuisses, la caresse de ma langue tout en me délectant de l'effet que ma présence suscite en elle. Son corps est chaud, tremblant, mais la vue qu'elle m'offre quand ses muscles se contractent est le plus beau des paysages que j'ai de toute ma courte vie pu admirer. Et ce voyage est certainement le plus merveilleux d'entre tous. Il ne durera qu'un moment, un bien trop court moment, éphémère, évaporé avant même commencé mais malgré cela, il restera à jamais le plus beau gravé. Alors, sur cette réflexion émotionnellement trop vive, je l'embrasse avec plus de ferveur au rythme des soupirs qu'elle lâche malgré elle, au rythme de ses désirs qui brûlent ardemment. Les notes se succèdent, se consument tout comme mes pensées et les siennes, et puis s'envolent.

Lorsqu'Edelgard retombe à côtés de moi pour me soulager de son poids, sa respiration me parait aussi fragile que l'est la mienne mais je suis la seule à me relever. J'aurais aimé ne pas avoir à faire cela, pas devant elle, mais j'attrape rapidement le tube en plastique souple et recourbé que j'accroche à mes oreilles avant de présenter les petites canules à mes narines. L'oxygène que m'envoie la bouteille métallique d'appoint me soulage presque aussitôt d'une douleur parasite qui, je l'ose, ne ternira pas ce moments.

—Byleth, j'entends murmurer avant de sentir deux bras passer devant moi pour m'enlacer ainsi que la poitrine de ma partenaire se lover dans mon dos. Est-ce que ça va ?

J'opine d'un léger mouvement pour lui indiquer que oui. Mon corps est faible et ce n'est pas la première fois qu'Edelgard me voit effectuer ce genre de geste après un moment... intense. Plus qu'intense.

Et puis, l'instant d'après, je sens ses lèvres se poser sur mon cou, m'électrifier, me brûler, et ce sont des milliers de sensations qui alourdissent mon corps, inondent mon cœur.

—El... je laisse gravement échapper tout en penchant légèrement la tête pour lui laisser plus d'espace.

—Je n'ai jamais oublié cette bague, ni la promesse que l'on s'est faite, ce jour là.

Ses doigts se perdent sur ma poitrine quand s'évaporent ses mots, et ses baisers, son souffle chaud, ainsi que l'amour que l'on se porte, arrivent à me faire oublier éphémèrement, un court instant, un moment décroché du temps, le tube et la douleur. Je fais fi de la condition qui m'accable, car cette nuit ne sera composée que de soupirs, de plaisirs et de larmes.