Salut tout le monde, comme promis la semaine dernière, voici un petit Kidlock que j'ai, contrairement aux 3 premiers OS déjà publiés, écrit il y'a peu de temps. J'espère qu'il vous plaira ! Bonne lecture.
RAR
Katymyny : Encore un grand merci pour tes reviews à chaque chapitre !
A propos de ce que tu dis sur le Johnlock, voilà l'endroit où nos avis divergent :).
Effectivement, Sherlock se dit marié à son travail au début de la série, John passe son temps à nier qu'il y'a quoi que ce soit entre eux et pourtant, de mon point de vue (qui vaut ce qu'il vaut, je ne détiens absolument pas la vérité absolue et je comprends totalement tes propres arguments), leur relation va au-delà de l'amitié. John tue quelqu'un après seulement quelques heures passées en compagnie de Sherlock pour lui sauver la vie, Sherlock se jette d'un toit pour protéger John, il va jusqu'à tuer et mettre sa propre vie en danger, bref, pour moi, John a changé Sherlock et leur amitié est tellement fusionnelle que de là à les imaginer tous les deux ensemble, il n'y a qu'un pas... que je franchis allègrement même si je comprends que tu n'adhères pas au ship. En tout cas, le Johnlock BBC représente la très grande majorité de ce recueil...
Tu parles des films de Guy Ritchie et bien justement, je n'ai pas réussi à voir du Johnlock ici. Je trouve le Watson de Jude Law beaucoup trop froid avec Holmes, un peu trop détaché aussi (même si je l'adore et qu'il est là quand Holmes a besoin de lui, ce qui prouve la force de leur amitié) pour arriver à les imaginer ensemble. Évidemment ça ne reste que mon avis subjectif et encore une fois, je ne détiens pas la vérité absolue.
Bref, on ne peut pas être tous d'accord et justement, c'est ça qui fait la force des fandoms puisque ça donne plein d'histoires en perspective, pas vrai ?
A propos des Irréguliers, si tu ne l'as pas encore vue, je te conseille vivement d'aller jeter un oeil aux Irréguliers de Baker Street (The Irregulars en VO)de Netflix, que j'ai trouvée absolument géniale. C'est une réécriture assez éloignée du canon holmésien qui entremêle mystère et fantasy, présente un Sherlock pas sous son meilleur jour, un Watson sombre, à la personnalité complexe et donne le beau rôle aux Irréguliers qui sont tous mémorables par leurs histoires et leurs personnalité. Bref c'est un gros coup de cœur pour ma part !
J'espère ne pas te décevoir avec ce Kidlock qui arrive après cette très (trop ?) longue réponse (je me suis un peu emportée ;)).
TITRE: The Science of Deduction
SITUATION: Kidlock
RESUME: Sherlock est triste. Et Mycroft déteste ça. Alors il trouve un moyen de lui redonner le sourire.
Comme tous les soirs après les cours, Mycroft était chargé d'aller récupérer Sherlock à l'école. C'était une tâche dont il s'acquittait avec plaisir et – même s'il ne l'avouerait jamais – quelque peu de fierté. Il aimait son frère et il aimait les quelques moments que la vie lui accordait en sa compagnie. D'autant plus qu'ils étaient rares, Sherlock ayant développé une sorte de répulsion à l'égard de son aîné. Mycroft faisait, bien entendu, comme si la chose ne le touchait pas, comme s'il s'en fichait, affichant encore et toujours ce masque d'impassibilité qu'il avait décidé de revêtir très tôt dans sa vie, mais c'était loin d'être le cas.
Il se souvenait encore de l'époque où Sherlock et lui avaient été proches, avant Barberousse. L'époque où son frère le regardait avec de grands yeux admiratifs et venait sans cesse lui demander de lui expliquer telle ou telle chose, où il lui demandait de jouer avec lui – Mycroft avait parfois refusé, arguant qu'il était trop vieux pour jouer aux pirates – l'époque où il n'y avait qu'eux en somme.
Et puis il y'avait eu Barberousse et Sherlock s'était peu à peu éloigné de son aîné. Mycroft ne l'avait pas vraiment mal vécu à ce moment-là, il avait été jaloux de Trevor, il ne pouvait le nier, mais il était vite passé à autre chose.
Et puis Eurus. Elle avait tout balayé, telle un ouragan et avait détruit l'équilibre de la famille Holmes. Sherlock était un temps retourné vers son grand frère, cherchant du réconfort et aussi brusquement qu'il avait cessé de crier et hurler dans son sommeil, il s'était refermé sur lui-même, comme une huître que personne n'était parvenu à rouvrir. Mycroft se disait parfois qu'ils ne récupéreraient jamais la perle enfermée dans cette coquille, cette carapace, cette armure qu'avait érigée son cadet entre lui et le reste du monde.
Parfois, Mycroft en voulait terriblement à Eurus. Il lui en voulait d'avoir détruit ce qu'il n'avait qu'alors pris conscience d'être la chose la plus précieuse qu'il possédait. Il lui en voulait d'avoir fait disparaître l'étincelle si particulière, si unique qui avait un jour fait briller Sherlock. Il trouvait sa punition, Sherrinford, entièrement méritée.
Parfois il s'en voulait à lui-même. Fort, tellement fort. Il avait été incapable de protéger Sherlock, il avait été incapable de lui transmettre ce qu'il avait très vite appris à l'école, qu'être affecté n'était pas un avantage. Il savait qu'il aurait dû transmettre son mantra à son frère, mais comment pouvait-il vouloir faire disparaître ce qui animait si fort l'enfant passionné qu'était Sherlock ? Il avait été faible et voilà le résultat. Il était responsable de ce qu'était devenu son frère. Lorsqu'il l'avait réalisé, il avait décidé d'empêcher que ce genre de choses ne se reproduisent, coûte que coûte. Il y'avait réussi. Mais cela ne l'empêchait de s'en vouloir.
Parfois, il oubliait qu'il n'avait que quatorze ans.
Il aperçut son frère rejoindre le portail au milieu de la foule d'enfants. Il n'était de toutes manières pas difficile à repérer avec sa tignasse brune et bouclée, peignée négligemment, son air hautain et sa dizaine de centimètres en plus que les autres enfants de son âge. Sherlock marchait tête baissée et Mycroft le vit nettement rouler des yeux en l'apercevant.
«Je peux me ramener tout seul à la maison, grommela-t-il en rejoignant son aîné.
– Ne sois pas ridicule, Sherlock. Tu arriverais à…
– 23 heures, 43 minutes et 56 secondes. Et alors ?
Quelque chose est arrivé, songea Mycroft alors que Sherlock le fusillait du regard. Il ne mettait pas assez de haine dans celui-ci pour être véritablement dans son assiette. Et puis l'aîné le sentait.
– Et puis je déteste le chauffeur d'Oncle Rudy. Et Oncle Rudy.
Bizarrement, Mycroft sentit son cœur se réchauffer quelque peu. Son frère ne l'avait pas inclus dans la liste des gens qu'il détestait. C'était un net progrès. Il le vit jeter un regard par-dessus son épaule avant de demander d'un ton impérieux :
– Bon, on y va ?
Mycroft fronça les sourcils, surpris de ce brusque changement de comportement. Sherlock marchait déjà vers la berline noire garée un peu plus loin. Mycroft, de quelques enjambées, le rattrapa. Ils montèrent dans la voiture et presque aussitôt, le cadet s'emmura dans un silence assez inhabituel. Généralement, il ne manquait pas de se plaindre durant tout le trajet dans le seul et unique but de faire enrager le chauffeur de leur oncle.
Alors qu'ils roulaient dans les rues de Londres, Mycroft se détacha pour se rapprocher de son frère. Sherlock était contrarié et Mycroft détestait lorsqu'il était contrarié. L'aîné des Holmes était persuadé que quelque chose s'était produit à l'école, et cela avait sans doute un rapport avec les garçons qui étaient arrivés lorsque son cadet avait demandé à partir.
Sherlock lui adressa un drôle de regard, sourcil haussé. Mycroft venait de se rattacher, juste à la droite de son frère.
– Qu'est-ce'tu veux ?
– Seulement te parler.
L'œillade impérieuse que le plus jeune adressa à son aîné n'était pas spécialement pour l'encourager mais il en fallait bien plus pour faire reculer Mycroft Holmes.
– Tu as l'air… contrarié.
– Qu'est-ce'ça peut te faire ?
– Ça peut me faire que je n'aime pas quand tu es comme ça.
Cette fois, Sherlock eut l'air particulièrement surpris. Il le contempla un long moment, comme s'il voulait évaluer sa sincérité.
– Ça a toujours l'air de te surprendre. Que je tienne à toi.
Sherlock resta silencieux.
– Que s'est-il passé ?
– Rien.
– Sherlock, tu sais très bien que tu ne peux pas me mentir.
Le jeune garçon avait détourné le regard et contemplait le paysage défilant à travers la fenêtre. Mycroft avait parfaitement remarqué qu'il s'était mordu la lèvre.
– Sherlock, parle-moi.
– Tu vas me trouver stupide.
Mycroft resta coi un instant. Il ne s'attendait pas à ce type de réaction. Sherlock regardait toujours fixement par la fenêtre. Il n'avait pas envisagé que son frère attribue une once d'importance à ce qu'il penserait de lui. Il mit un certain temps à répondre, si bien que Sherlock avait tourné la tête vers lui.
– Je ne te trouve jamais stupide.
Sherlock le jaugea à nouveau.
– Tu passes ton temps à le répéter.
– Je ne le pense pas vraiment.
Il ne reçut qu'un regard incrédule en guise de réponse. Un long silence s'installa sur les deux frères, long silence que Sherlock finit par rompre en regardant ses mains qu'il tordait dans tous les sens.
– Il y'a des garçons à l'école. Y's… ont dit des choses… sur moi.
– Quel genre de choses ? demanda Mycroft, aussitôt sur la défensive.
Personne ne s'attaquait à son petit frère.
– Jure de rien faire ! exigea ledit frère.
– Quel genre de choses ? répéta Mycroft.
– J'te dis rien si tu jures pas de rien faire.
Mycroft retint la correction grammaticale qui fleurissait au bord de ses lèvres pour soutenir le regard de son cadet. Il savait pourtant la partie perdue d'avance. S'il se considérait généralement plus intelligent que Sherlock, en termes d'entêtement, le plus jeune remportait largement le prix, avec les honneurs.
– Très bien. Je te promets de ne pas intervenir.
Il y'eut un moment de silence. Puis Sherlock reprit :
– Ils m'ont traité de taré. Et de psychopathe. Et de malade. Y's ont dit que je ferais mieux d'aller dans une école pour les gens pas normaux.
Il marqua une pause avant de lever un regard larmoyant sur Mycroft.
– Les gens comme moi, acheva-t-il avant de baisser à nouveau la tête.
Mycroft resta interdit un long, très long moment. Il ne savait pas ce qu'avait fait son frère pour mériter de telles insultes mais il était sûr d'une chose, s'il avait eu les idiots qui avaient osé dire ça en face, il leur aurait fait bien sentir que l'on ne s'attaquait pas impunément à son cadet.
– Ils ont tort. Tu n'es pas fou, ni même psychopathe, Sherlock. Tu es spécial. Seulement spécial.
Le plus jeune des frères releva un regard brillant vers son aîné qui lui sourit. Depuis combien de temps ne l'avait-il plus fait ? Il y'eut un instant de flottement avant que Sherlock ne vienne se blottir contre Mycroft en reniflant bruyamment. L'aîné eut soudain une idée.
– Richard ? Déposez-nous à St James Park. Nous n'en aurons pas pour longtemps.
Le chauffeur lui adressa un regard mi-intrigué, mi-ennuyé à travers le rétroviseur intérieur mais Mycroft n'en fit pas cas, serrant son frère contre lui. Sherlock avait enfoui son visage dans le creux de son flanc et ne bougeait plus.
– Est-ce-que je suis pas normaux, Mycroft ?
– Ce serait grave si c'était le cas ? interrogea l'aîné d'une voix douce.
Sherlock haussa les épaules sans pour autant relever la tête de son cocon.
– Tu es intelligent, Sherlock. Unique. Alors, oui, tu ne suis peut-être pas la norme. Mais ce n'est pas une mauvaise chose. Au contraire.
– C'est vrai ?
Mycroft acquiesça avant de doucement caresser les cheveux de son frère, comme il avait l'habitude de le faire, avant.
– Pourquoi ils l'ont dit comme si c'était mal ?
– Parce qu'ils sont stupides, Sherlock. Souviens-toi que pratiquement tout le monde l'est. Ils sont stupides et incapables de voir, de vraiment voir et de comprendre qui tu es.
– Et toi tu peux ?
– Oui.
Mycroft marqua une pause, hésita, se mordit la lèvre.
– Tu aimerais apprendre ? demanda-t-il finalement alors que la voiture ralentissait aux abords de St James Park.
– Oui ! s'exclama Sherlock en se redressant.
Mycroft lui sourit et ouvrit la portière. Il sortit et attendit son frère sur le petit chemin de terre qui bordait le lac de St James's Park. Sherlock le rejoignit rapidement et à la grande surprise de Mycroft, se saisit de la main de son aîné. Ils marchèrent un moment, silencieux, puis Mycroft s'arrêta non loin de l'eau. Des enfants jetaient du pain sec aux canards qui barbottaient dans l'eau. Non loin, un couple amoureux les observait, un sourire aux lèvres. Une jeune femme faisait son jogging. Une dame d'une soixantaine d'années avançait tranquillement, l'air perdue dans ses pensées. Elle attira aussitôt l'attention de Mycroft.
– Sherlock.
Le jeune garçon reporta son attention sur son frère.
– Regarde la dame là-bas.
– Qu'est-ce qu'elle a ?
– Observe-la bien, Sherlock.
Il y'eut un long moment de silence. La dame se rapprochait d'eux, petit à petit, tandis que Sherlock ne la quittait pas des yeux, occupé à retenir tous les détails qui frappaient son regard.q
– Elle a l'air… nerveuse. Et y'a une marque sur son cou. Elle transporte quelque chose de précieux dans son sac. On dirait qu'elle a peur de quelque chose… de quelqu'un, peut-être ? Elle… est pressée. Tu la connais ?
Mycroft secoua la tête, un sourire aux lèvres.
– Regarde sous ses ongles. Elle a des traces blanches. Elle dirige un cartel – elle vend de la drogue – et c'est ce qu'elle transporte dans son sac. Elle est nerveuse parce qu'elle a peur de se faire arrêter. Et peur de celui qui lui a infligé le bleu que tu as vu dans sa nuque.
Sherlock lui lança un regard abasourdi.
– C'est… brillant, Mycroft.
Il sourit.
– Je pourrais faire ça, moi aussi ?
– Il te suffit de t'entraîner. De beaucoup t'entraîner. Et tu y arriveras.
Les yeux de son cadet brillaient. Mycroft ressentit une immense joie à l'idée que son frère l'admire à nouveau. Qu'il soit fier de lui autant que lui-même était fier de Sherlock.
– Mycroft ? On peut pas l'aider ?
– Qui ça ?
– La dame. Tu as dit qu'elle avait peur de quelqu'un. On peut le retrouver. Et comme ça, elle aura plus peur.
L'aîné des Holmes ébouriffa les cheveux du cadet, un sourire aux lèvres.
– Quand tu seras plus grand.
Il y'eut un moment de silence. La dame les dépassa sans leur adresser un regard.
– Mycroft ?
– Oui ?
– Tu seras toujours là, pas vrai ?
Mycroft serra plus fort les doigts de son frère entre les siens.
– Bien sûr. Tant que tu auras besoin de moi.
Sherlock se serra un peu mieux contre lui.
Et voilà pour aujourd'hui, la semaine prochaine on se retrouve pour la première fic en plusieurs parties de ce recueil.
A la semaine prochaine !
