Hello les Sherlockians!

Ça a été très chargé ces temps-ci, aussi il y a du retard sur ce chapitre, j'en suis désolée! J'espère que la suite valait bien d'attendre un peu plus que d'habitude ? Nous revenons cette fois-ci auprès de John, Mycroft et Greg et toutes leurs équipes de recherches, pour la suite de leur enquête! Enjoy!

CHAPITRE QUATRE

« PROGRESSION »

John n'arrivait ni à manger, ni à dormir.

Il savait pourtant que perdre ses forces ne l'aiderait pas, mais la peur qu'il ressentait nouait son estomac et il ne parvenait pas à la contrôler. C'était un comble, pour lui, l'ancien médecin militaire qui avait été confronté à tant de situations bien plus terribles que celle-là. Et, même plus récemment, il en avait vu de toutes les couleurs en étant l'assistant du seul détective consultant du monde. John avait en fait passé la plus grande partie de sa vie à faire face à des situations difficiles, stressantes, à des meurtres, disparitions, à la guerre, à toutes sortes d'horreurs, et le voilà qui soudainement perdait tout son sang-froid face à la disparition de son fou de colocataire.

En fait, il n'arrivait même pas vraiment à comprendre pourquoi il avait si peur, ça lui paraissait à la limite de l'idiotie d'être à ce point débordé par l'angoisse. Il avait pourtant une confiance absolue en Sherlock, en ses capacités à se sortir de toutes les situations, en son intelligence qui ne manquerait pas de venir à bout de ses ravisseurs, quels qu'ils soient. Il avait également confiance en Lestrade, et même en Mycroft, pour mener une enquête solide qui leur permettrait de retrouver le détective ainsi que leur amie légiste. Et puis, il avait confiance en lui-même aussi, il avait toujours été bon pour couvrir les arrières de Sherlock et l'action ne lui faisait nulle peur. Ils y arriveraient, il fallait juste être concentré, être à fond dans leur enquête.

Pourtant, John avait un point faible, qu'il connaissait depuis longtemps. Il était très impliqué émotionnellement. C'était d'ailleurs ce que Sherlock lui avait toujours reproché, cette empathie envers les victimes, ce besoin de résoudre une affaire non pour arrêter le responsable mais pour sauver la victime si c'était possible. Cela dit jusqu'à présent, ça avait toujours été utile, car John avait toujours permis de compléter d'humanité et d'empathie la logique froide et implacable de Sherlock. C'est pour cela que leur duo fonctionnait si bien. Ils se complétaient.

Mais cette fois-ci, quelque chose clochait.

Sherlock n'était plus là pour apporter sa vision logique et détachée de la situation. Il ne restait que John et son besoin d'action, mais surtout, John et ses émotions. Et cette fois-ci, son empathie envers la victime n'était pas un catalyseur. Au contraire, ça le dévorait et l'empêchait de se concentrer. Car la victime, c'était Sherlock, et l'empathie n'en était pas. C'était juste de la peur, celle qu'on peut ressentir quand une personne importante est en danger.

Et Sherlock était important. John soupira même en songeant que malgré toutes leurs disputes, leurs désaccords, le détective était la personne la plus importante de sa vie actuellement. Il était celui qui avait sauvé John, celui qui l'avait sorti de la dépression, qui lui avait guéri ses symptômes de choc post traumatique, celui qui l'avait fait rire, sourire et vivre de nouveau, lui qui ne vivait plus vraiment. Il avait offert à John une vie d'aventure, une vie utile, celle où on sauve des gens, celle où on a un but, une passion. John lui devait tout, et c'est ce à quoi il pensait depuis qu'il était retourné à l'hôtel pour se reposer comme lui avait conseillé Lestrade.

John secoua la tête. Peut-être que Sherlock avait raison, en fin de compte. Trop penser à la victime n'aidait pas cette dernière. L'amitié, l'affection, l'admiration, l'attachement, tout ce qu'il ressentait envers son ami disparu n'aidait pas. Ce dont le détective avait besoin, c'était d'un ami concentré et en pleine forme pour mener l'enquête. Il fallait qu'il mette sa peur et ses émotions de côté, au moins assez pour être efficace. Il serait toujours à temps de se laisser un peu aller lorsque tout serait terminé, en présentant ses excuses à Sherlock et en lui disant qu'il était son ami, même s'il était insupportable.

Quelques heures plus tard, John avait réussi à manger rapidement un sandwich et à dormir une heure, mais il se réveilla en sursaut en croyant entendre Sherlock l'appeler à l'aide. Il mit un instant avant de réaliser qu'il était en fait dans son lit, dans sa chambre d'hôtel et qu'il n'y avait aucun bruit nulle part. Le médecin soupira et comprit qu'il ne serait plus possible pour lui de se rendormir. L'image d'un Sherlock blessé ou agonisant dans un coin de la forêt lui était insupportable et il l'avait à l'esprit dès qu'il fermait les yeux.

Il décida alors de se lever et d'aller prendre un peu l'air, avec le maigre espoir qu'il trouverait quelque chose qui avait échappé aux autres, un indice, n'importe quoi. Il savait que la police avait déjà inspecté les lieux, sans succès, mais il savait aussi que Sherlock était capable de laisser derrière lui des indices qui ne semblaient pas en être aux premiers abords. Il le connaissait suffisamment bien pour espérer pouvoir en dénicher un si il y en avait.

Il était près de minuit, l'air était froid et le parking de l'hôtel, calme. John avait scruté le moindre recoin, avait réfléchi, recommencé, sans rien trouver. Il envisageait de rentrer pour fouiller de nouveau la chambre d'hôtel, lorsqu'il fronça les sourcils. La lumière de sa lampe torche venait de révéler un détail qu'il n'avait pas vu, mais qui désormais attira son œil. Contre le mur, des brins d'herbes étaient brunâtres, comme calcinés. Ce n'était pas le cas tout autour, les herbes étaient brûlées sur un très petit périmètre le long du mur, à une dizaine de mètres à droite de la porte d'entrée de l'hôtel. John se dépêcha de s'approcher et de scruter s'il y avait le moindre indice, tout à coup certain que c'était là qu'il fallait chercher.

Et il avait raison. Un mégot de cigarette se trouvait là, à moitié fumé. Nul doute que c'était le déclencheur de la couleur brunâtre de l'herbe tout autour.

John avait eu la présence d'esprit de prendre avec lui une paire de gants et un sachet propre pour récolter les indices, qu'il enfila aussitôt. Il était persuadé que ça pouvait tout à fait être une cigarette que Sherlock aurait laissé tomber ici, volontairement ou parce qu'il aurait été attaqué. Bien sûr, ça pouvait aussi être la mégarde d'un autre client de l'hôtel, et il ne voulait pas attendre le lendemain pour en avoir le cœur net.

Il commença par appeler Lestrade qui ne tarda pas à descendre, lui aussi visiblement en proie à l'insomnie.

Greg était loin d'avoir la connaissance de Sherlock sur les mégots de cigarette, mais il fut tout de suite capable de confirmer qu'il s'agissait bien de la marque de cigarette habituelle de Sherlock, et même si ils ne pouvaient pas être sûrs, il pouvait tour à fait s'agir d'un indice. Les deux hommes n'hésitèrent pas un instant pour appeler Mycroft, lequel était le seul à pouvoir assurer que les analyses seraient faites dans la nuit sans attendre le matin.

Il n'y avait plus rien à faire qu'attendre l'aube cette fois-ci, et les deux enquêteurs passèrent les quelques heures qui restaient avant le lever du soleil, à tenter de se reposer et de dormir un peu.

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Le matin était vite arrivé et dès six heures, tout le monde était déjà sur le pont pour reprendre les recherches. La lieutenant Katlyn Road avait de nouveau rassemblé son équipe et ils étaient prêts à reprendre les recherches dans la forêt. Le périmètre avait été élargi.

Mycroft arriva en même temps, Anthea sur ses talons. L'aîné Holmes était bien décidé à prendre en main les opérations, tout comme la veille. Son air impassible était malgré tout très légèrement mis à mal par quelques cernes sous ses yeux qui n'étaient pas là la veille, indiquant qu'il n'avait pas bien dormi. John se sentit presque rassuré de cette constatation, peut-être après tout qu'il se préoccupait réellement de son petit frère. À moins qu'il ne soit soucieux parce que la disparition de Sherlock Holmes était un problème important même pour Scotland Yard, qui avait besoin des talents du détective. Mais John préférait croire à la première option.

Alors que le petit groupe partait cette fois-ci en voiture pour se rendre dans la zone de recherche, Mycroft en profita pour faire un débriefing des nouvelles informations à sa disposition, mais aussi de ce qui allait être fait lors de cette nouvelle journée d'enquête.

« Mes équipes ont analysé en urgence le mégot de cigarette que vous avez découvert cette nuit. Nous y avons retrouvé l'ADN de Sherlock, comme on pouvait s'y attendre. J'ai analysé la situation selon ce que vous m'avez décrit de l'endroit où vous avez trouvé cet indice. Jamais Sherlock n'aurait jeté son mégot dans l'herbe, encore moins sans l'éteindre, ni n'aurait jeté une cigarette à peine entamée. Il l'a fait pour nous laisser un indice de son enlèvement. Cela nous prouve donc qu'il a été attaqué alors qu'il fumait sur le parking, adossé contre le mur à côté de l'entrée de l'hôtel. Si il avait été observé sur le parking, il s'en serait aperçu, donc il a été attaqué par surprise. Mais comment surprendre Sherlock alors que de là où il était, il pouvait tout voir ? Selon toute logique, on peut s'accorder à dire qu'il ne s'est pas méfié de ses agresseurs. Il était vingt heures, l'heure où certains clients arrivent, mais pas une heure où les clients repartent. Il a dû voir arriver des clients, ne pas y prêter attention, ils ont dû se garer le plus près possible de lui sur la place de parking la plus proche, sortir à plusieurs du véhicule, très probablement entre trois et quatre hommes, l'un pour lui injecter une drogue quelconque, car il n'y a aucune trace de lutte, cela indique qu'il n'a pas eu le temps ni la force de se défendre. Deux autres hommes ont dû être nécessaires pour immédiatement le transporter, et on peut raisonnablement penser qu'un autre devait conduire. Ils ont dû envoyer un message à Miss Hooper ici même, avant de démarrer leur véhicule, donc c'était un véhicule dans lequel on ne pouvait pas voir l'intérieur, de façon à ne pas se faire remarquer si quelqu'un passait à ce moment là. Une fourgonnette, probablement. D'une couleur neutre. La police ainsi que mes équipes sont chargées de chercher si une personne du village , ou bien un client de l'hôtel, possèderait ce genre de véhicule, ils quadrillent également la zone pour le retrouver, tout comme la voiture qui a emmené Molly Hooper. Nous interrogeons également le personnel de l'hôtel, les clients et les villageois, tout comme les riverains de la ruelle où a été enlevé le docteur Hooper. Nous essayons aussi de retracer l'itinéraire de la voiture avant qu'elle n'arrive dans la ruelle. »

John et Greg hochèrent la tête, ne pouvant que reconnaître l'efficacité et la rapidité de Mycroft dans cette enquête.

« Nous ne savons toujours rien sur les menaces qui pesaient sur Sherlock ? Aucune ancienne affaire qui correspondrait à un mode opératoire similaire ? » Questionna John.

« Rien pour l'instant, aucune caméra ni micro n'a été trouvé ni au 221b, ni sur le téléphone de miss Hooper, aucune écoute sur la ligne de Sherlock ni sur celles de ses proches… Aucune indication de comment les ravisseurs s'y sont pris pour espionner mon frère. Je compte sur vous, Inspecteur Lestrade, pour faire vérifier dans vos locaux, vous pourrez aussi faire vérifier à la morgue. Nous devons vérifier tout les lieux que Sherlock fréquente, ainsi que les systèmes informatiques de tout ces lieux, et les appareils connectés de toutes les personnes de son entourage… Tous les moyens possibles ont pu être utilisés pour espionner mon frère, de plus, ils possédaient également le mot de passe de son téléphone puisqu'ils ont réussi à le déverrouiller immédiatement pour envoyer un message au docteur Hooper… »

« Je m'en charge, je vais faire coordonner les opérations par Donovan à Londres… Nous allons mettre nos meilleurs experts sur le coup, mais cela peut prendre des jours pour tout vérifier. Si nous avons affaire à des pirates informatiques, on devrait vérifier si Sherlock n'a pas eu une affaire de ce genre, peut-être une vengeance… Ou les ravisseurs ont besoin de Sherlock pour une information sur une vieille enquête, quelque chose comme ça. Il n'y a pas eu de demande de rançon, si ce n'est pas l'argent qui les motive, il reste la vengeance ou bien ils ont besoin de Sherlock pour quelque chose. »

John était resté silencieux tout du long. Il écoutait avec attention mais ne cessait de réfléchir en même temps. Il avait beau ne pas avoir l'intelligence unique de son ami, il n'était pas idiot et savait mener une enquête lui aussi, d'autant plus depuis qu'il travaillait avec Sherlock, il avait énormément appris.

« Et s'ils avaient besoin de Sherlock pour une mission ? Pour faire quelque chose que lui seul peut faire, et ils auraient enlevé Molly pour faire pression sur lui et l'obliger à faire tout ce qu'ils veulent ? Ça ne veut pas dire qu'ils le connaissent… Sherlock commence réellement à être connu, à faire parler de lui, ils avaient peut-être besoin d'un genre de recrue, pour une mission quelconque, et ils auraient choisi d'enlever Sherlock pour son intelligence ou sa connaissance de Londres par exemple… Mycroft, il n'y a pas de menace d'attentat ou d'attaque quelconque ,assassinat ou ce genre de chose en ce moment à Londres ? »

L'aîné Holmes pinça ses lèvres avec un bref signe négatif.

« Pas à ma connaissance non, je vais immédiatement demander à nos hommes d'être encore plus vigilants et de nous signaler la moindre situation suspecte… Malheureusement, si ces hommes ne connaissent pas Sherlock ou n'ont pas eu affaire à lui avant, il sera plus difficile de les trouver… »

John cru percevoir une pointe d'inquiétude alors que Mycroft soupirait légèrement. Lui aussi était inquiet. Personne n'osait le dire, mais cette affaire mettait les nerfs de chacun à rude épreuve.

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Le milieu de la journée était arrivé et l'équipe improvisée s'était de nouveau réunie pour faire le point.

Les recherches n'avaient rien donné dans l'immense forêt, qui semblait désespérément refuser de donner le moindre indice.

La lieutenant Road avait fait venir davantage de policiers pour les recherches, mais elle avait informé John que cela pouvait prendre des jours avant d'avoir quadrillé la forêt, et qu'il serait même impossible de couvrir entièrement une zone aussi large. John lui avait même répondu vertement qu'il n'y avait aucun moyen qu'il écoute une telle ineptie et que s'il fallait chercher jusqu'au bout du monde, c'était leur travail de le faire. Katlyn avait haussé les épaules en répliquant à John que ce n'était pas parce que son homme avait disparu que la police irait au bout du monde pour le trouver, mais qu'ils feraient juste leur travail correctement. John s'était même mis en colère, répliquant que si Sherlock était là il aurait déjà trouvé la solution, ce à quoi la lieutenant avait répondu en s'éloignant :

« Soyez réaliste et ne nous insultez pas, Docteur Watson… L'amour vous aveugle, visiblement. »

Et pour la première fois, John n'avait pas répondu. Il était resté là, lançant un regard noir à l'agente qui s'éloignait, la traitant mentalement d'ignorante alors que son esprit s'écriait « On verrait bien si c'était toi à ma place ! »

Et puis, tout à coup, il avait réalisé. Il n'avait pas réagi quand elle avait insinué qu'il était amoureux de Sherlock. Non seulement il n'avait pas répliqué qu'ils n'étaient pas en couple alors qu'il s'appliquait à le faire systématiquement à chaque fois que quelqu'un se trompait à ce sujet, mais en plus, et pire que tout, il avait presque cautionné ces paroles en imaginant que la policière ne ferait pas mieux à sa place, quand elle lui avait dit que l'amour l'aveuglait.

La sensation de choc qu'il avait ressenti à cet instant n'était pas partie et il était particulièrement perturbé lorsqu'il rejoint les autres pour le débriefing du milieu de journée. Il savait pourtant bien que non, évidemment que non, il n'était pas en couple ni amoureux, surtout pas amoureux… Pourquoi tout le monde le pensait , il ne comprenait pas, et il était hors de question qu'il s'habitue à entendre des mensonges à ce sujet. Alors pourquoi n'avait il pas réagi cette fois-ci ? Il avait beau se dire qu'il était juste trop fatigué et inquiet pour relever des détails comme ça aujourd'hui, il savait qu'il y avait autre chose. Pendant une fraction de seconde, il n'avait pas été offensé par l'idée qu'il pouvait être un peu excessif dans ses réactions parce qu'il était motivé par de l'amour. Pendant une fraction de seconde, il y avait cru, comme si c'était vrai, comme si c'était évident, avant de réaliser l'impact de cette pensée. Amour ? Mais quel amour… Bien sûr qu'il aimait Sherlock, c'était son ami, on aime ses amis, c'est normal. Alors pourquoi se sentait il si troublé depuis des heures, il n'en savait rien.

Toujours est-il qu'il dû faire un effort considérable pour se concentrer sur ce qui se disait, d'autant que l'enquête ne donnait rien pour l'instant, ni à Londres, ni à l'hôtel, ni dans la forêt, ni dans le village. Ces mauvaises nouvelles ( ou plutôt cette absence de nouvelles) ne l'aidaient pas à se sortir de ses sombres pensées, et pour couronner le tout, Mycroft le scrutait d'un air suspicieux et John se sentait comme une boule de nerfs.

Aussi, il décida qu'il allait changer d'air et retourner à l'hôtel pour aider à l'enquête de voisinage. Il avait besoin d'action et d'enquêter, c'était le seul moyen pour oublier toutes ses émotions du matin.

Malheureusement, les nouvelles n'étaient pas meilleures de ce côté-là. La police n'avaient trouvé aucun autre indice sur le parking ou dans l'hôtel, aucune trace de pneu suspecte, aucun témoin. Rien de suspect chez les clients ni le personnel de l'hôtel n'avait été découvert. Même chose du côté des villageois. Il n'y avait aucune trace de fourgonnette nulle part, bien que les vérifications se poursuivaient.

Ce manque d'indices le rendait fou. Les heures passaient et John ne savait que trop que plus ils mettaient du temps à retrouver Sherlock et Molly, plus il fallait s'attendre à ne pas les retrouver en bon état, si seulement ils étaient toujours en vie. John ferma les yeux et respira lentement, s'interdisant de penser à une telle chose. Si les ravisseurs attendaient quelque chose de particulier de la part de Sherlock ou même de Molly, ils n'allaient pas les tuer tout de suite et Sherlock était suffisamment malin pour laisser s'écouler un maximum de temps.

Se reprenant, John se proposa pour téléphoner aux clients de l'hôtel qui étaient partis et n'avaient pas encore pu être interrogés. Il suffisait d'un seul témoignage pour tout changer.

La chance fût enfin de son côté alors qu'il appela le dernier client de la liste. Un touriste écossais venu en vacances dans la région et qui était reparti la veille, juste quelques heures après l'enlèvement de Sherlock. Il n'avait pas pu être joignable avant car il était parti en camping sauvage là où il n'y avait pas de réseau, pour sa dernière nuit de vacances.

L'homme expliqua d'abord qu'il avait aperçu un homme qui correspondait à la description de Sherlock, aux alentours de vingt heures alors qu'il rentrait d'une promenade. Il l'avait vu sortir à ce moment là de l'hôtel, semblant énervé mais pas inquiet ni en panique ni quoi sur ce soit qui aurait pu être alarmant. Puis, l'homme était rentré dans sa chambre et s'était approché de la fenêtre pour faire ses bagages, il avait aperçu une fourgonnette noire arriver à une allure normale, se garer, puis repartir presque aussitôt. Il n'avait pas pu voir ni Sherlock, ni les hommes dans le fourgon, étant trop proches du mur et donc n'étant pas dans son champs de vision depuis la chambre. L'homme se souvenait par chance de la marque de la fourgonnette, qui était repartie là aussi à allure normale, comme si de rien n'était. Il n'y avait eu aucun bruit particulier, aucun cri, rien qui aurait pu faire penser à une agression ou un enlèvement.

Cependant, c'était pour John la meilleure nouvelle de la journée. Les nouveaux éléments pouvaient être terriblement précieux, et il s'empressa de transmettre les informations à Greg et Mycroft. La recherche de la fourgonnette pourrait peut-être enfin donner quelque chose, et l'espoir pouvait renaître.

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L'après-midi passa très vite.

Grâce aux informations trouvées par John, la police locale avait réussi à récolter trois autres témoignages sur la fourgonnette qui avait emmené Sherlock. Des villageois l'avait vu le soir de l'enlèvement, d'abord vers 19h50, à l'autre bout du village. Le véhicule arrivait visiblement de la route qui menait à la forêt. L'information était confirmée par le témoignage des deux villageois qui avait vu la fourgonnette repartir, clairement de nouveau en direction de la forêt. À aucun moment, elle n'avait roulé rapidement, juste à allure normale. Les ravisseurs n'avaient clairement pas voulu éveiller le moindre soupçon et semblaient être très bien préparés.

Cependant, ces nouvelles infos ne permettaient pas de savoir à qui appartenait ce véhicule, ni où il allait exactement. Et personne n'avait vu le conducteur ni les passagers. Ce qui mettait John en colère, car il lui semblait que tous leurs efforts déployés n'étaient pas suffisants, que ça prenait trop de temps. Les moyens de recherches étaient considérables, la police locale, la scientifique, Scotland Yard, les équipes de Mycroft, et pourtant, ils ne parvenaient toujours pas ni à localiser les deux disparus, ni à identifier leurs ravisseurs ou à comprendre leur mobile.

Mycroft de son côté, avait réussi à déduire certains éléments. Il lui apparaissait désormais certain que les ravisseurs avaient volontairement conservé allumé le téléphone de Molly pour ensuite le briser dans la forêt. Il en était venu à cette déduction car le téléphone de Sherlock avait été lui éteint à peine quelques secondes après son enlèvement, pour éviter qu'on ne trouve sa trace trop vite. Ils étaient donc certains que personne ne signalerait trop rapidement la disparition de Molly, contrairement à celle de Sherlock, ce qui confirmait à quel point ils avaient patiemment étudié leur cible. Mais cette information cachait selon Mycroft une vérité qui n'était guère encourageante. Il était désormais persuadé que les ravisseurs s'amusaient, pour une raison encore inconnue, à donner de l'espoir à leurs otages. Et le fait que le téléphone de Sherlock n'ait lui pas été retrouvé, montrait qu'ils souhaitaient narguer ou faire espérer une porte de sortie au détective prisonnier. Il avait alors parlé de manipulation mentale, mais il ne savait pas pourquoi on voudrait faire subir ça à son frère et à la légiste. Autre point inquiétant, le fait que des personnes si bien préparées aient laissé allumé le téléphone de Molly jusque dans la forêt. Ça semblait trop facile, et il en venait à penser que c'était peut-être tout bonnement un piège et que la forêt n'était pas le lieu où étaient retenus Sherlock et Molly, si tant est qu'ils y aient seulement mis les pieds. Ça ressemblait à un piège, mais Mycroft ne pouvait pas exclure également que tout cela n'était qu'un jeu pour les responsables, ou bien même, un défi.

John et Greg étaient désormais encore plus inquiets qu'ils ne l'étaient avant cette révélation. Ça n'annonçait rien de bon. Et surtout, les motivations des ravisseurs étaient floues, désespérément floues.

Les autres recherches n'avaient de nouveau rien donné.

Mycroft avait décidé de faire un aller retour à Londres pour mettre un peu la pression aux équipes qui enquêtaient sur place, il voulait aussi chercher de lui-même des indices qui auraient pu échapper aux « poissons rouges d'enquêteurs » comme il les avaient appelés. Il était donc parti pour passer la soirée là-bas et avait averti qu'il ne reviendrait que tardivement. Lestrade lui, était parti pour aider et superviser les recherches qui étaient menées au village, pour s'assurer qu'aucun habitant ni client ou personnel de l'hôtel n'avait de rapport, de près ou de loin, avec Sherlock.

John s'était donc retrouvé seul et il avait décidé de retourner dans la forêt pour aider les équipes de recherches du lieutenant Road. Il n'avait toujours pas oublié ce qui s'était passé le matin même, et il en était toujours au fond de lui un peu perturbé, mais il ne voulait pas que ça l'empêche de participer aux recherches qui étaient de toutes façons bien plus importantes que tout le reste.

Il resta une heure à mettre son expérience militaire en terrain difficile au service des équipes, espérant ainsi les aider un minimum pour l'organisation des recherches… Puis, il se retrouva quelques instants seul avec la lieutenant. Gêné, il toussota légèrement.

« Je suis désolé pour ce matin, j'ai été un peu… J'étais énervé, vous n'aviez pas à subir ma mauvaise humeur, vous faites juste votre travail. Je serai plus professionnel dorénavant. »

La policière le regarda avec un air au départ sévère et un peu vexé, puis elle s'adoucit un peu.

« J'accepte vos excuses… Je vous avoue que je n'ai guère apprécié votre comportement, car ici mes équipes sont toujours au maximum, nous veillons à être le plus professionnel possible et nous sommes toujours impliqués à la bonne résolution de nos enquêtes… Le résultat est très important pour nous, c'est comme ça que je dirige mes équipes. Mais je peux vous comprendre, vous tenez à cet homme, vous êtes inquiets, c'est légitime, j'attends simplement de la part d'un ancien médecin militaire et actuel assistant détective comme vous un peu plus de discernement car vous avez l'expérience nécessaire pour nous aider sur cette enquête… »

John hocha la tête en se redressant. La policière avait raison. Il devait agir en soldat et en enquêteur, pas en ami éploré.

« Je vous remercie Lieutenant… Et vous avez raison, je me suis laissé emporter ce matin. Sherlock… Il compte beaucoup, mais vous savez, nous ne sommes pas… Enfin, c'est strictement amical entre nous. Ça n'empêche pas que je sois très inquiet pour lui, c'est une personne qui m'a apporté beaucoup et je n'imagine pas qu'il lui arrive quelque chose… »

Katlyn le regarda, montrant dans son regard qu'elle avait compris.

« J'entends bien, Docteur Watson, et je peux vous assurer une chose, c'est que je ferai tout pour retrouver votre ami… » elle s'éloigna, puis se retourna vers lui. « Parfois, accepter ses sentiments permet de mieux les maîtriser… Pensez-y ! » Avant de s'en aller vers ses équipes avec un dernier salut de la tête pour John.

Ce dernier sentit ses os se glacer à ces dernières paroles. Figé, il fronça les sourcils et passa nerveusement sa main dans ses courts cheveux blonds. Il avait très bien compris le sous-entendu de la femme et ça ne faisait que renforcer le trouble qu'il avait ressenti le matin même. Il aurait pu simplement s'en moquer en se disant qu'elle n'avait rien compris, mais quelque chose au fond de lui ne parvenait pas à le faire. Il avait l'impression de ne pas être dans son état normal depuis la disparition de Sherlock. C'était comme si ça l'avait plongé dans une confusion totale qu'il ne parvenait pas à rétablir.

C'était idiot, mais Sherlock lui manquait. Faire une enquête sans lui, c'était déjà bien plus compliqué, complètement différent. Les déductions, l'intelligence, la ruse et le sens de l'observation quasi surhumaine du détective manquait terriblement dans cette affaire délicate. Et même s'il y avait Mycroft pour cela, ce n'était pas pareil. La présence de Sherlock manquait à John. Ça ne faisait pourtant que deux jours et ils étaient déjà restés plusieurs jours éloignés l'un de l'autre, quand l'un des deux partait en voyage professionnel ou quand John passait un week-end avec une de ses conquêtes. Pourtant, dans cette situation difficile, John n'avait qu'une envie, celle de la présence étrangement rassurante de Sherlock. Sa présence charismatique, sa façon de remettre John à sa place quand il se laissait emporter par ses émotions, sa façon de faire rire John pendant une enquête et de rendre ça plus léger, d'une certaine manière, malgré tout le professionnalisme froid du détective. Et puis cette faculté que Sherlock avait de lui faire aimer plus que tout l'adrénaline d'une affaire.

Sans Sherlock, à enquêter seul comme ça, même entouré de trois équipes et de son ami Greg, John avait l'impression qu'il ne ressentait rien de tout ça. Il avait juste une adrénaline angoissante, des images affreuses dans la tête, une angoisse sourde, de la fatigue et des moments d'abattement. Même les répliques cinglantes de Sherlock et sa mauvaise humeur capricieuse aurait été plus acceptable que cette situation stupide.

John se prit la tête dans les mains en se calant contre un arbre. Un court instant, il imagina ce qui se passerait si son ami ne revenait pas. Et rien qu'à l'imaginer, il sentit comme une vague de détresse, de douleur et de perte insurmontable, une sensation si forte qu'il ne s'était pas attendu à ça.

Il avait pourtant eu bien souvent des occasions d'avoir peur pour Sherlock, étant donné le nombre incalculable de fois où ce dernier se mettait en danger. Mais c'était toujours sous le coup de l'action, quand il n'y avait pas le temps de réfléchir, juste celui d'agir. Jamais il n'avait ressenti cette détresse avant.

Il y avait bien eu quelques fois où John avait réellement eu peur pour Sherlock, le moment le plus marquant étant celui de la piscine lorsque Moriarty les avait piégé. Lorsque John avait vu que son ami était dans le viseur d'un des tireurs d'élite, il avait décidé qu'il préférerait se sacrifier lui-même s'il le fallait. Et lorsque le détective avait choisi de tirer sur la bombe, étrangement, John avait eu aussi peur pour lui-même que pour Sherlock. Il y avait eu aussi la toute première affaire dont ils s'étaient occupés ensemble, John n'avait pas hésité une seconde à tuer celui qui menaçait la vie de celui qui n'était alors que son tout nouveau colocataire, et alors qu'ils ne se connaissaient que depuis deux jours.

À bien y réfléchir, John Watson savait que son cœur avait battu plus fort à chaque fois que la vie ou la sécurité de Sherlock Holmes avait été en jeu. À chaque fois, il avait ressenti cette envie irrépressible de le protéger, de le sauver quoi qu'il en coûte, mu par l'instinct, par une loyauté sans faille envers lui et ce avant même qu'ils ne deviennent amis. Et cette fois-ci, c'était encore pire.

John devait bien admettre que son affection pour son colocataire était solide et qu'il était prêt à tout pour lui. Il avait toujours été un homme loyal, d'autant plus depuis qu'il avait vécu la guerre, mais c'était peut-être encore plus fort avec Sherlock. Malgré toutes ses excentricités, son caractère difficile à vivre, il le considérait comme le meilleur homme qu'il ait connu, celui à qui il devait tout désormais. Il savait que tout ce qui concernait Sherlock le touchait étroitement, et il n'y pouvait rien.

Mais John ne savait pas vraiment pourquoi. Et ce n'était pas le moment d'y penser. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il ne voulait pas que le dernier souvenir qu'il ait de lui soit leur dispute après leur enquête.

« Notre enquête… Notre enquête ! Mais oui… » s'exclama t'il tout à coup tout seul en sortant de sa torpeur.

Une idée lui était venu d'un seul coup. Personne n'avait pensé à l'enquête qu'ils étaient en train de mener avant l'enlèvement. Pourtant, quelque chose clochait. Les victimes avaient toutes disparues dans les bois, elles aussi. Comme Molly… Comme Sherlock.

L'idée éclata brutalement dans son esprit comme une évidence. Il ne pouvait à ce stade être sûr de rien, mais c'était comme si son instinct lui disait que c'était là qu'il fallait chercher. Soudainement de nouveau complètement concentré, il couru jusqu'à la voiture où il démarra en trombe. Il fallait qu'il retourne sur les lieux de la première enquête. Il fallait qu'il retrouve aussi les notes de Sherlock. La clé pour sortir les deux otages de là était peut-être là, tout près.

« Tenez bon, Sherlock, Molly… Je vais vous sortir de là, je vous le promets… Je te le promets, Sherlock… Je vais venir te chercher, je vais retrouver ceux qui s'en sont pris à toi… Et on va rentrer à la maison, Sherlock. On va rentrer à la maison… Ensemble… »

A suivre...

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L'intuition de John est-elle bonne selon vous? Et qu'en est-il de ses sentiments, Katlyn a t'elle vu juste?

Il faudra attendre un peu pour le savoir, car dans le prochain chapitre, c'est Sherlock et Molly que nous retrouverons pour leur dernière journée dans les souterrains de Baskerville, et nous saurons enfin pourquoi Sherlock se retrouve seul dans les bois au tout début de la fic... Mais l'aventure est loin d'être terminée !

Ce chapitre sera éprouvant et très dur, vous êtes avertis!