Bonjour à toutes et à tous ! Me revoilà avec un nouveau chapitre de S'aimer malgré les préjugés.
.
katymyny : Le couple Severus/Tonks va mettre du temps à se former, ils vont être amenés à se voir plusieurs fois mais plus tard ;)
luxcie : Forcément le titre te parle XD Merci pour ta review, toujours un plaisir de voir que tous les personnages te plaisent *-* Je sais pour les reviews mais je trouve ça mieux d'y répondre avant chaque chapitre ^^ D'autant plus que j'essaie d'être la plus brève possible, sinon au bout du 10e chapitre la fic fera déjà 500 000 mots XD
Butterfly Fictions : Désolée pour les devoirs d'été XD Mais ils en ont déjà dans la saga alors j'essaie de rester un minimum fidèle x) Il va vraiment falloir être patient(e)s pour le couple Severus/Tonks XD Merci pour cette review, j'espère que la suite te plaira !
.
Avant de vous laisser lire le chapitre, je tiens à faire la promotion d'une fic d'AliceCullen0027 dont le premier chapitre sortira demain : Champions, oui, mais pas adversaires. J'ai tous les chapitres en avant-première (tout comme elle a les miens à l'avance également) et je peux vous assurer que c'est une vraie pépite ! C'est une histoire entre Cédric et Harry, et c'est juste hyper bien écrit ! Je vous la recommande vivement !
.
Voilà, j'arrête mon blabla et je vous laisse découvrir le nouveau chapitre !
.
.
5 - Interrogations
.
.
(samedi 22/07) POV Théo
.
Théo se sentait bien mieux qu'il ne l'avait jamais été auparavant. Pour la première fois de sa vie, il mangeait à sa faim pendant les vacances. Bon, il était tellement habitué à ne pas manger beaucoup qu'il était vite rassasié mais il savait que son appétit allait augmenter petit à petit.
Il se sentait plutôt bien chez les Zabini. Il connaissait bien la mère de Blaise pour avoir souvent passé des journées chez lui avec Draco pendant les vacances d'été. Même si Mme Zabini n'avait pas très bonne réputation, il n'en restait pas moins qu'elle était une excellente mère. Elle était adorable et faisait de son mieux pour que Théo se sente à l'aise. Et elle réussissait plutôt bien. Elle était très attentionnée envers lui. Théo avait abandonné l'idée de partir. Il avait fait l'erreur de mentionner cette éventualité face à Blaise et l'avait regretté. Car son ami l'avait regardé avec un air tellement menaçant que Théo en avait presque eu peur. Blaise lui avait dit qu'il resterait chez lui jusqu'à la fin des vacances et que ce n'était pas négociable. Théo n'avait pas osé argumenter. Il ne voulait pas blesser son ami.
Il allait également mieux sur le plan physique. Lorsqu'il s'était réveillé le lendemain de son arrivée, il avait tout de suite senti qu'il avait été soigné. Il ne savait pas exactement les endroits de son corps qui avaient subi des soins mais c'était plutôt une sensation de bien-être générale. Il s'était ensuite rendu compte que son poignet, son épaule et ses côtes le faisaient beaucoup moins souffrir et qu'il ne se sentait plus autant fiévreux que lorsqu'il avait débarqué chez Blaise. Il avait cependant mis du temps à recouvrer des forces.
À la demande du professeur Snape, c'était Blaise qui le soignait et lui faisait prendre ses potions. Son ami avait dû faire preuve d'une grande patience la première fois qu'il avait voulu s'occuper de ses plaies, Théo refusant qu'il les voit. Il voulait le faire lui-même mais Blaise n'avait pas été de cet avis. «Tu ne sais pas comment faire. Alors que moi si. J'ai suivi un stage à Sainte-Mangouste et c'est l'une des premières choses que j'ai apprises», lui avait dit son ami. Théo avait rétorqué que ce n'était pas bien compliqué, qu'il n'était pas idiot et qu'il saurait très bien s'en sortir tout seul. Ce à quoi Blaise avait répliqué : «Et pour ton dos comment tu vas faire, gros malin ? Tu ne peux pas le faire tout seul. Tu n'es pas contorsionniste. Et puis je te signale que c'est la plus affreuse des plaies, si je dois voir celle-ci alors je peux bien voir les autres !» Là Théo s'était retrouvé très bête et n'avait rien pu répondre. Il avait cédé à contrecoeur. Blaise avait été très amusé de l'entendre ronchonner. Il trouvait ça «mignon» venant de quelqu'un d'aussi réservé que lui. Théo avait laissé Blaise le soigner et il avait dû admettre que ça n'avait pas été si terrible que ça. Et qu'il n'aurait certainement pas fait mieux. Il avait cependant été beaucoup plus coopératif concernant les potions qu'il devait prendre. Comme l'avait prédit le professeur Snape, il avait été difficile pour Théo de boire toutes les potions qu'il lui avait prescrites. Il était vite gavé. Il avait donc suivi les conseils de son professeur et n'avait bu que les potions les plus importantes lors des deux premiers jours. Depuis la veille, il arrivait à en prendre une de plus. Le professeur Snape, qui venait le voir tous les jours, lui avait dit qu'il pourrait bientôt arrêter les potions antipyrétiques et les potions anti-infections puisque la fièvre était passée et que l'infection était presque guérie. Théo pourrait ainsi se concentrer sur les autres potions qui allaient devenir à leur tour relativement urgentes.
Alors qu'il était en train de lire un livre sur les créatures magiques, Blaise, qui venait de prendre sa douche, vint le voir.
- Ça te dit une partie d'échecs ?
Théo haussa les sourcils.
- Je croyais que tu n'aimais pas jouer à ça ?
- Parce que tu gagnes tout le temps. Mais je me suis dit que m'écraser aux échecs te remonterait le moral. Et vu que c'est important d'avoir le moral pendant une convalescence...
Théo sourit, touché. Il avait été surpris d'avoir mal aux joues lorsqu'il avait souri un peu trop longtemps pour la première fois depuis le début des vacances. Mais il commençait à s'y réhabituer, notamment grâce à la bonne humeur de son ami.
- Tu ne veux pas plutôt que je te donne des astuces pour gagner ?
- Non, je préfère apprendre par moi-même. Rien ne vaut l'expérience ! Allez, fais-moi de la place.
Théo se décala pour permettre à Blaise de s'installer à côté de lui. Il n'était pas sûr que jouer aux échecs sur le lit soit une bonne idée mais ils y seraient sûrement plus à l'aise que par terre.
- Tu sais que le professeur Snape va bientôt venir ? demanda-t-il alors que Blaise disposait le plateau et les pions.
- Oui, bien sûr. On suspendra la partie, c'est tout. Bon, tu commences.
Théo acquiesça et réfléchit quelques secondes avant d'ordonner un déplacement à un de ses pions. Blaise mit deux fois plus de temps pour jouer à son tour. Comme d'habitude, Théo ne tarda pas à mener la partie. Blaise aurait pu pourtant prendre l'avantage plus d'une fois. Théo le voyait réfléchir pendant de longues minutes, hésitant entre deux déplacements. Mais il finissait toujours par prendre la mauvaise décision. Il allait toujours au plus simple. C'était sûrement parce qu'il manquait de confiance en lui. Il n'osait pas prendre de risques. C'était au tour de Théo de jouer quand ils furent interrompus par l'arrivée du professeur Snape. Blaise le salua puis annonça :
- Je vous laisse, je dois aider ma mère à préparer le repas de ce soir.
Il sortit d'un pas pressé, sous le regard intrigué de Théo. Il n'eut pas le temps de se poser des questions car son professeur accapara son attention.
- Comment vous sentez-vous ?
- Bien. Mes côtes et mon épaule me font encore un peu mal mais mon poignet, lui, semble complètement rétabli. J'ai de plus en plus d'appétit mais je suis toujours vite repu.
- Il faut vous laisser du temps. Je pourrais vous donner des potions pour stimuler votre appétit mais cela risquerait d'être contre-productif. Car boire une potion, ça nourrit déjà un peu.
- Ça je m'en suis bien rendu compte, soupira Théo. C'est juste impossible de se soigner et d'augmenter son appétit en même temps.
- Si, c'est possible. Il faut juste équilibrer les prises de potions et les repas. Le mieux serait que vous preniez vos potions au moins deux heures avant de manger. Quitte à manger un peu tard le midi.
- D'accord, j'essaierai.
- Sinon, avez-vous quelque chose à me signaler ?
- Non, pas à ma connaissance.
- Bien. Si cela ne vous dérange pas, j'aimerais avoir une discussion sérieuse avec vous.
Théo retint une grimace. Il n'aimait pas beaucoup ça. Cela n'augurait rien de bon. Il repensa alors au départ précipité de Blaise et comprit.
- Il était au courant, lâcha-t-il. Blaise.
- En effet. Je lui ai dit hier que je souhaitais vous parler lorsque je viendrais aujourd'hui.
- Et, bien sûr, il ne devait pas me le dire.
- Évidemment.
Théo soupira.
- Je vous écoute.
- J'ai quelques questions à vous poser et je veux que vous y répondiez honnêtement.
- Ça concerne ce qui s'est passé durant les trois premières semaines de vacances ?
- Oui. Il est important que je sache certaines choses.
Théo se tendit malgré lui. Il redoutait cette discussion. Car il savait à peu près ce que voulait lui demander son professeur. Il allait devoir tout lui avouer. Tout. Même ce qu'il aurait voulu garder pour lui. Il allait le décevoir. Le professeur Snape allait lui en vouloir. Il ne lui ferait certainement plus jamais confiance. Mais il ne pouvait s'y soustraire.
- Je vous promets d'être honnête.
- Merci, je compte sur vous. Bien, alors tout d'abord : est-ce votre père qui vous a fait tout ça ?
Théo eut très envie de lui répondre «À votre avis ?» mais il se retint.
- Oui, dit-il simplement. Mais ce n'est pas surprenant. Vous le saviez déjà.
- Était-ce la première fois qu'il se montrait violent envers vous ?
- Non, c'est comme ça que je suis tout petit. Mais avant c'était beaucoup moins violent. C'étaient surtout des coups quand j'étais enfant et il s'est mis aux Doloris lors de l'été qui a suivi ma première année à Poudlard. C'était sans doute moins fatigant pour lui.
Théo se rendait bien compte que son humour pouvait paraître déplacé. Mais il ne pouvait pas en parler autrement. C'était sa façon à lui d'accepter la situation, de la dédramatiser. C'était ce qui lui permettait d'en parler sans flancher. Le professeur Snape dut le comprendre car il ne fit aucune remarque, malgré son air surpris.
- Comment avez-vous fait pour le rejoindre après être descendu du Poudlard Express ? Depuis le vingt-cinq juin, votre père est très recherché par les Aurors, comme tous ceux qui étaient au service de Vous-Savez-Qui. Vous ne savez pas encore transplaner. Vous n'aviez probablement pas de portoloin. Quel moyen avez-vous utilisé ?
- Je me suis désillusionné. Je m'étais entraîné pendant quelques jours avant le jour du départ, évidemment. Il fallait que je me rende suffisamment invisible, même si je ne l'étais pas entièrement, pour pouvoir passer inaperçu. J'ai réduit au maximum ma valise et j'ai rejoint mon père dans un coin peu fréquenté. Il était sous Polynectar. Je précise que je n'ai pas fait tout ça de mon plein gré. Même dans ses lettres il sait faire peur avec ses menaces. Je savais ce qui m'attendait pendant ces vacances. Je ne suis pas maso, si j'avais pu y échapper, je ne l'aurais pas rejoint. Draco et Blaise m'avaient proposé de m'héberger mais j'ai refusé. Mon père m'aurait vite retrouvé. Il n'aurait pas hésité à leur faire du mal et ça il en était hors de question. Je n'avais pas le choix. Je n'ai jamais adhéré à ses idées, j'aurais tout fait pour ne pas me retrouver avec un père Mangemort en cavale.
- Je vous crois, dit calmement le professeur Snape. Vous êtes mineur, personne ne vous en voudra d'avoir obéi à la pression de votre père. Reprenons. Vous avez donc passé trois semaines avec lui. Comment avez-vous fait pour vous enfuir ?
Théo se crispa de nouveau. Il sentit son coeur battre plus vite dans sa poitrine. Ça en devenait presque douloureux. Il se força au calme.
- Je l'ai endormi. Avec une potion de sommeil. Pas une potion de sommeil sans rêves. Une vraie potion de sommeil. Celle qui fait dormir. Avec des rêves ou non.
Pour le coup, le professeur Snape ne cacha pas son étonnement.
- Comment vous l'êtes-vous procurée ?
Théo se mordit les lèvres.
- Je ne me la suis pas procurée.
Un éclair de compréhension traversa le regard du professeur Snape.
- Vous l'avez fabriquée, souffla-t-il.
- Oui.
Tout sembla faire sens dans l'esprit du Maître des Potions.
- C'est pour ça que vous avez demandé l'accès à un des cachots. Vous ne vous entraîniez pas. Vous prépariez cette potion.
- Oui.
La voix de Théo n'était plus qu'un murmure. Il pensa que c'était le moment ou jamais de s'excuser, de s'expliquer. Il se ressaisit et se lança :
- Je suis désolé de vous avoir menti. D'avoir profité de votre confiance. Je ne l'ai pas fait à des fins douteuses. Je l'ai fait pour me sauver la mise. Je savais que la situation de cet été allait finir par se produire un jour ou l'autre. Et je ne voulais pas me retrouver sans issue de secours. C'était ma seule chance de m'en sortir. Je n'ai rien fait de mal. J'ai juste préparé une potion pour pouvoir m'enfuir le jour où je sentirais que mes jours étaient en danger. Vous ne pouvez pas nier que c'était le cas, quand je suis arrivé ici. J'aurais pu faire une septicémie. J'aurais pu mourir sous les coups de mon père. J'ai juste voulu me sauver la vie en préparant cette potion. Je n'aurais jamais demandé à utiliser les cachots pour faire une potion dangereuse. J'avais vraiment besoin de celle-là. Et elle n'est pas dangereuse. J'y ai ajouté une potion relaxante et un philtre de paix pour m'assurer que mon père dormirait plusieurs jours. Je voulais me laisser du temps pour partir. Je suis vraiment désolé.
Théo baissa la tête. Au bout de quelques secondes, il entendit son professeur soupirer.
- Je n'arrive même pas à vous en vouloir. En fait je n'ose même pas imaginer à quel point vous deviez être désespéré pour en arriver à de telles extrémités. Si ça peut vous rassurer, je me venge en me disant que ça a dû vous faire souffrir de me mentir. Et que vous ne deviez pas avoir la conscience tranquille.
Théo ne put cacher son soulagement. Il savait que son professeur n'était pas totalement sérieux. Il ne lui en voulait pas et c'était le principal pour lui. Mais est-ce que cela ne le faisait pas se sentir encore plus coupable ? Il vit un sourire moqueur se dessiner sur les lèvres de son professeur.
- Oui, je crois que vous avez déjà été bien assez puni par votre souffrance psychologique. Inutile d'en rajouter. D'autant plus que, comme vous le dites, vous n'avez rien fait de mal, en soi. Ce n'est pas comme si vous aviez préparé quelque chose destiné à faire du mal à quelqu'un. Votre père a juste fait une longue, très longue nuit à cause de vous. Après ce qu'il vous a fait subir, vous auriez pu lui en vouloir au point de l'empoisonner.
Théo grimaça.
- Je ne suis pas comme ça. Au lieu de ça, je me suis assuré que la potion ne pouvait pas lui causer de tort. Il est assez âgé, il aurait pu mal réagir. J'ai veillé à ne pas mettre trop de ceci ou trop de cela...
- Et vous avez bien fait. Vous n'auriez pas supporté d'avoir la mort de votre père sur la conscience. En revanche, il y a une chose que je vous recommande vivement de faire.
Théo fronça les sourcils.
- Laquelle ?
Le professeur Snape sembla prendre le temps de bien choisir ses mots avant de répondre prudemment :
- Il ne peut pas rester en liberté. Il est trop dangereux. Plus vite les Aurors le trouveront, mieux ce sera pour le monde sorcier.
Théo se tendit davantage en comprenant où son professeur voulait en venir.
- Vous êtes en train de me demander de livrer mon père aux Aurors ? demanda-t-il d'une voix blanche.
- C'est pour le bien de tout le monde, tenta de tempérer le Maître des Potions.
- NON ! Jamais je ne ferai ça ! Je n'arrive pas à croire que vous puissiez me demander ça ! Vous savez très bien que je suis incapable de dénoncer qui que ce soit ! Et surtout pas mon propre père !
Jamais Théo n'avait crié en présence d'un professeur. Mais là, il était beaucoup trop choqué. Il n'était pas vraiment en colère. Juste choqué.
- Je sais que c'est compliqué mais vous savez quel genre d'homme est votre père. Est-ce que vous vous sentiriez apaisé de le savoir en liberté ?
- J'ai enlevé les protections qui entouraient la maison. Les Aurors peuvent la localiser, désormais. En quelque sorte je le leur ai livré. Mais de façon indirecte. J'ai juste oublié de remettre les protections une fois à l'extérieur.
- Si les Aurors l'avaient localisé ils l'auraient déjà arrêté. Or, j'ai beau lire la Gazette tous les matins, je n'ai lu aucune information sur la traque du Mangemort Nott. Votre plan n'a pas suffi. Vous devez donner le nom de l'endroit où il se cache. Vous ne serez pas considéré comme un traître. Vous ferez cela pour le bien de la société. Pour le bien du monde magique. Je me doute que vous n'avez pas envie de dénoncer votre père pour ce qu'il vous a fait, parce que vous savez qu'il y aura un procès pour cela et que vous n'êtes pas apte à le supporter. Il ne sera donc sans doute jamais jugé pour cela. Vous vous sentirez sûrement frustré à cause de cela. Vous pouvez cependant alléger cette frustration en le livrant. Pensez-y. Cela vous apaisera et, dans le même temps, vous contribuerez à protéger le monde sorcier en le débarrassant de la menace d'un des Mangemorts encore en liberté. Je vous laisse y réfléchir. Prenez la bonne décision, M. Nott. Passez une bonne fin de journée.
Le professeur Snape partit sur ces mots. Théo ne savait plus quoi penser. Il avait l'esprit tout embrouillé. Il devait reconnaître que son professeur avait raison. Son père était un danger pour la société. Il valait mieux qu'il soit le plus vite possible derrière les barreaux, à Azkaban. Mais il ne voulait pas être celui qui le dénoncerait. Théo n'aimait pas balancer les gens. Si vraiment il devait le faire, alors il le faisait de façon subtile. Avec de la ruse. Tel un vrai Serpentard. Mais là il n'était pas sûr que les Aurors apprécierait qu'il leur fasse un jeu de piste pour trouver l'endroit où se cachait son père. Il souffla, agacé. N'avait-il donc pas le droit d'être tranquille ? Il était loin de son père, il pensait pouvoir l'oublier, eh bah non, il fallait qu'on vienne lui parler de lui ! Perdu dans ses pensées, il n'entendit pas quelqu'un frapper à la porte. C'est pourquoi il sursauta lorsqu'elle s'ouvrit. Il se retourna et vit que ce n'était que Blaise.
- Le repas de ce soir est déjà prêt ? ironisa Théo.
Blaise grimaça.
- Je suis désolé, il m'avait demandé de ne rien te dire.
- Tu sais que, théoriquement, pendant les grandes vacances, il n'est plus notre professeur. Tu n'étais pas obligé de lui obéir.
- C'est toi qui me dit ça ? C'est Sainte-Mangouste qui se fout de la charité.
- J'ai simplement trouvé ça désagréable de me retrouver devant le fait accompli. Je ne m'attendais pas à ce qu'il veuille me parler de tout ça.
- Si ça peut te rassurer, il ne m'a pas dit ce qu'il comptait aborder avec toi durant cette discussion. Il a dû penser que j'essaierais de tâter le terrain avant lui. Et il n'aurait peut-être pas eu tort. Je ne sais donc pas du tout de quoi vous avez discuté. Mais rien ne t'oblige à m'en parler.
Sur ces mots, Blaise prit un livre, s'installa dans un fauteuil et se mit à lire. Théo resta un long moment sans rien faire, partagé entre l'envie de bouder Blaise et l'envie de tout lui dire. Il n'était pas du genre rancunier mais là il en voulait quand-même à son ami d'avoir presque comploté contre lui. Mais, en même temps, il avait besoin de lui parler de sa discussion avec le professeur Snape. Et il savait que Blaise n'attendait que ça, même s'il lui avait dit qu'il avait le droit de ne pas lui en parler. Mais il ne voulait pas céder. Alors il prit lui aussi un livre et tenta de s'y plonger. Mais il n'y parvint pas. Il finit alors par céder malgré tous ses efforts pour résister.
- Bon, tu veux savoir de quoi on a parlé ?
- C'est toi qui voit.
- Arrête, je sais que tu te retiens pour ne pas me le demander.
- Si ça te fait plaisir de le penser...
- Oh, d'accord, si tu le prends comme ça...
Théo roula sur le ventre et reprit sa lecture. Il savait que son ami ne tiendrait pas très longtemps. Et en effet, deux minutes plus tard...
- Bon, vas-y, dis-moi tout.
Théo s'empêcha de sourire et raconta toute la discussion à Blaise. En réalité, il voulait surtout l'avis de son ami concernant la dernière chose dont il avait parlé avec le professeur Snape. À la fin du récit, Théo lui demanda :
- Qu'est-ce que tu ferais, à ma place ?
- Franchement je n'en sais rien. D'un côté, tu es le seul à pouvoir dire où se trouve ton père et d'un autre côté, ce n'est pas normal que ce soit à toi de faire le travail des Aurors...
- On est bien d'accord, soupira Théo. Mais ce qui me dérange le plus c'est que c'est mon père, quoi. Même s'il me maltraite depuis que je suis tout petit, je ne peux pas lui faire ça.
- Il n'aurait eu aucun regret s'il t'avait tué sous ses coups, Théo. Il aurait toujours pu se trouver une femme juste avoir un autre héritier. Je suis désolé de te dire ça comme ça mais... c'est la vérité. Tu ne dois pas avoir pitié de ton père. Parce que lui n'en a jamais eu pour toi. Et puis ce serait une occasion de te venger pour tout le mal qu'il t'a fait. Sauf que lui l'aura mérité.
Les mots de Blaise eurent bien plus d'impact que ceux du professeur Snape sur Théo. Son ami avait raison. Il tentait de cacher aux Aurors un homme qui l'avait battu et torturé alors qu'il était censé le protéger et l'aimer. Il y avait quelque chose qui n'était pas logique là-dedans. Théo soupira.
- Je le livrerai aux Aurors uniquement s'ils viennent me voir. Je n'irai pas les renseigner de moi-même.
- Ça me semble être un bon compromis, approuva Blaise. C'est malin, en plus. Parce que rien ne dit que les Aurors viendront t'interroger. Ils ne savent même pas que tu es là. Ils doivent penser que tu es toujours avec ton père. Et que si jamais tu t'enfuyais, tu te ferais vite repérer. Hé mais d'ailleurs, tu as fait le trajet sur ton vieux balai !
Théo regarda Blaise, perplexe.
- Tu ne t'en étais pas aperçu avant ?
- Si mais ça ne m'avait pas frappé sur le coup... Tu as réussi à voler jusqu'ici alors que ton balai est vieux et que tu étais encore plus mal en point que lui. Tu nous as menti ! Tu es un as en vol.
- N'importe quoi... Je sais juste voler sur un balai, c'est tout, marmonna Théo. Je ne vois pas ce qu'il y a d'extraordinaire à ça...
- Les conditions, Théo. Les conditions. Dans ton état, peu de personnes auraient tenu sur une aussi longue distance avec un balai vieux comme Merlin et par un temps de pluie et de vent.
- J'ai simplement eu de la chance. Et puis l'instinct de survie a dû beaucoup jouer aussi.
- Si tu le dis... lâcha Blaise, peu convaincu.
Il n'ajouta rien mais Théo savait qu'il n'allait pas lâcher l'affaire pour autant. Pour preuve : alors que Blaise lisait un livre sur les médicomages les plus célèbres du dix-neuvième siècle, Théo l'entendit murmurer des bouts de phrases comme «agile», «souple», «précis», «parfait pour un poursuiveur»... Il sut qu'il n'avait pas fini d'en entendre parler et, qu'à la rentrée, Blaise allait tout faire pour le persuader de passer les sélections pour intégrer l'équipe de Quidditch de Serpentard. Mais il allait se casser les dents. Doué ou pas, jamais Théo n'essaierait d'intégrer l'équipe de sa maison. Il aurait l'impression de gaspiller inutilement son temps. De plus, cette année, il passait les BUSE et il avait bien l'intention d'en faire sa priorité !
.
.
(dimanche 23/07) POV Tonks
.
- Je maintiens que c'est complètement débile d'y aller maintenant.
- On s'en fout de ton avis, Tonks.
- Oui ça je l'avais bien compris, merci. Par contre tu me laisses faire, d'accord ? Je ne sais pas quelles sont tes méthodes mais il faut y aller en douceur, là.
- C'est le fils d'un Mangemort, Tonks. Ça ne lui fera rien du tout si on le secoue un peu.
- Être fils de Mangemort ne veut pas dire qu'il suit les principes et les idées de son père. Tu le sais aussi bien que moi.
- Tu es beaucoup trop utopiste, ce n'est pas bon pour une Auror. Il ne faut pas que tu voies le bien partout.
- Mais il ne faut pas non plus voir le mal partout ! Tous les fils de Mangemort n'étaient pas voués à devenir eux-mêmes des Mangemorts ! C'est sûrement le cas du fils Nott. Je me suis procuré son dossier et d'après ce que j'ai lu, ce garçon a l'air parfaitement correct.
- Il ne faut pas se fier aux apparences, Tonks. Dois-je te rappeler que ton cousin a fait douze ans de prison à cause de son meilleur ami qui s'est révélé être un Mangemort alors qu'il était à Gryffondor à Poudlard et qu'il avait toujours été médiocre en terme de magie ?
Tonks foudroya son collègue du regard. Il avait certes raison mais ce n'était franchement pas délicat d'utiliser cette histoire comme argument ! Surtout face à elle. Elle décida néanmoins de faire amende honorable.
- D'accord, j'ai eu tort d'être aussi optimiste. Mais je suis une Poufsouffle. Et les Poufsouffle, ça voit le monde en paillettes et en licornes.
Dawlish se mit à rire.
- Compte sur moi pour te ramener les pieds sur terre alors !
- Laisse-moi quand-même un peu d'espoirs sur l'humanité, s'il te plaît.
- Seulement un peu dans ce cas. Nous voilà arrivés.
En sortant du Ministère, Tonks et Dawlish avaient du transplaner assez loin de la maison des Zabini pour ne pas se faire repérer à cause du bruit du transplanage. Ou simplement par la présence de magie dans cet acte. Car les Sang-Pur avaient souvent tendance à installer des détecteurs de magie et de transplanage près de leurs demeures. Nombre d'entre eux ne voulaient pas être dérangés et n'acceptaient la visite que de quelques personnes. Les Aurors ne faisaient évidemment pas partie de ces personnes. Ils devaient donc être très prudents lorsqu'ils venaient interroger des Sang-Pur chez eux. Ne pouvant entrer dans la propriété sans faire usage de la magie, Tonks et Dawlish durent désactiver tous les sorts qui avaient pu être posés. Une fois ceci fait, ils purent s'approcher de la maison en toute tranquillité. Ils frappèrent à la porte et patientèrent.
- Prépare-toi à mettre un pied sur le pas de la porte, Tonks. Il ne faut pas que Zabini, mère ou fils, puisse la refermer.
Tonks acquiesça. Parfois, il était intéressant d'utiliser des méthodes moldues. Elle espérait juste que la personne qui leur ouvrirait ne serait pas trop violente en refermant la porte. Sinon son pied allait en pâtir.
- Je pense que c'est Mme Zabini qui nous ouvrira. Ça se trouve elle acceptera de nous laisser entrer.
- Ce n'est même plus de l'optimisme là. C'est de l'utopisme.
Tonks allait répondre vertement à son collègue quand la porte s'ouvrit. Elle eut aussitôt le réflexe d'avancer son pied tout en étant assez discrète pour que son geste passe inaperçu. Une femme élégamment vêtue apparut devant eux.
- Bonjour, vous êtes bien Mme Zabini ?
- En effet, répondit-elle, l'air méfiante.
- Nous souhaiterions parler à Théodore Nott. Est-il bien ici ?
- Pourquoi souhaitez-vous le voir ?
- Nous ne pouvons pas vous le dire, cela ne regarde que lui.
- Alors pourquoi pensez-vous qu'il est ici ?
- Nous le savons de source sûre. Vous êtes obligée de nous laisser entrer. Ce garçon n'a pas forcément lieu d'être chez vous.
- Ça, il fallait peut-être y penser avant, répliqua froidement Mme Zabini. Vous auriez pu lui trouver un endroit sécurisé où loger au lieu de le laisser entre les mains de son père !
Tonks ne put s'empêcher d'être d'accord avec elle. Mais elle pensait voir clair dans le jeu du Ministère. Pour eux, seul le fils Nott pouvait leur dire l'endroit où se trouvait son père. Ils savaient qu'il serait avec son père pendant les vacances mais qu'il finirait par s'enfuir. Voilà pourquoi le Ministère n'avait pas cherché à le mettre ailleurs et en sécurité. Tonks était dégoûtée par ces méthodes moralement discutables.
- Il est le seul à pouvoir nous aider à le trouver. Son père est un Mangemort en liberté. Il est très dangereux. Nous ferons le nécessaire pour le jeune Nott, ne vous en faites pas.
- C'est trop tard, il est chez moi maintenant et il y restera jusqu'à la rentrée. Ici il est logé, nourri, bien traité et il reçoit de nombreuses attentions. Sans compter qu'il est avec mon fils qui est l'un de ses meilleurs amis. Il ne pourra pas être mieux ailleurs qu'ici.
- Vous n'avez aucun droit de le garder chez vous, Mme Zabini.
- Parce que son père avait peut-être le droit de le garder chez lui alors qu'il le maltraitait ?!
- Justement, si vous voulez qu'il soit hors d'état de nuire, vous devez nous laisser parler à son fils.
Mme Zabini semblait furieuse. Tonks voyait bien qu'elle ne voulait pas laisser ces Aurors entrer chez elle et parler à ce pauvre garçon qu'elle voulait protéger mais elle n'avait pas le choix. C'est donc à contrecoeur qu'elle les laissa pénétrer chez elle.
- Je te l'avais dit qu'elle nous laisserait entrer.
- Je ne m'attendais pas à ce que la discussion prenne cette tournure, siffla Dawlish. Et tu devrais plutôt me féliciter d'avoir réussi à la convaincre.
- C'est vrai, tu t'es bien débrouillé, reconnut Tonks.
- Maintenant c'est à ton tour de jouer. Je te laisse carte blanche mais si je vois que tu n'arrives pas à t'en sortir et que le jeune Nott se renferme de plus en plus, je n'hésiterai pas à prendre le relais et d'y aller à ma manière.
- Bien, chef, dit Tonks en levant les yeux au ciel.
Ils se turent alors que Mme Zabini les menait à la chambre de Théodore Nott. Elle frappa et ouvrit la porte.
- Théo, il y a des Aurors qui veulent te parler. Ils ne te veulent pas mal, ils ont juste des questions à te poser. Blaise, tu peux venir avec moi, s'il te plaît ?
Tonks entendit un garçon soupirer avant de le voir sortir de la chambre. Dawlish et Tonks y pénétrèrent alors que Mme Zabini et son fils s'éloignaient. Lorsque le jeune Nott les vit entrer, il se leva de la chaise sur laquelle il était assis mais ne s'approcha pas, l'air encore plus méfiant que la mère de son ami.
- Bonjour, dit-il cependant.
- Bonjour Théodore. Moi c'est l'Auror Tonks et lui c'est l'Auror Dawlish. Mais lui il sert à rien. Il est juste là parce que je suis encore novice et qu'il a peur que je fasse mal mon boulot.
- Ne lui raconte pas ta vie, Tonks.
- T'as vu ? Un vrai rabat-joie. J'espère que tu ne veux pas devenir Auror plus tard. Au début ils te prennent tous de haut. Il faut vraiment en vouloir pour continuer dans ce métier. Enfin bref. J'imagine que tu sais pourquoi on est là ?
Tonks vit l'adolescent se détendre quelque peu. Elle préféra ne pas s'emballer. Il semblait encore beaucoup sur la défensive.
- Oui, vous voulez que je vous dise où se trouve mon père, dit-il d'un ton neutre.
- C'est cela. Nous aurions aimé éviter de te mettre à contribution mais tu es la seule personne qui puisse nous aider. Crois-moi, si nous sommes là, c'est que nous n'avions pas d'autre choix.
Le jeune Nott acquiesça légèrement.
- Comment avez-vous su que j'étais là ?
- Mes collègues ont intercepté le courrier que s'échangeaient tes deux amis. C'est limite comme méthode, je te l'accorde. Je n'étais pas du tout favorable à cette idée. Mais ça s'est révélé efficace.
Tonks remarqua que Théodore semblait très surpris par sa franchise. Il n'avait pas l'air de leur en vouloir.
- Vous êtes vraiment prêts à tout pour coincer mon père, murmura-t-il.
- C'est une de nos priorités, en effet. Notre travail est de protéger la société et de la débarrasser de tous les menaces qui planent sur elle. Elle sera bien plus tranquille lorsque tous ceux qui ont été des partisans de Tu-Sais-Qui se retrouveront à Azkaban. Alors, souhaites-tu nous aider ?
Théodore hésita un peu avant de répondre :
- Oui, je veux bien.
Il leur dit alors ce qu'ils voulaient tant savoir. Il précisa que son père avait peut-être remis les protections en place depuis qu'il était parti et qu'il faudrait alors les désactiver. Il ignorait si la potion qu'il avait mis dans le plat faisait encore effet. Dawlish tiqua sur cette information :
- La potion ? Quelle potion ?
Mal à l'aise, Théodore expliqua qu'il avait dû endormir son père pour pouvoir s'enfuir. Il avait l'air si inquiet à l'idée d'aller à Azkaban pour ça que Dawlish le rassura :
- Ce n'est pas très joli, certes, mais vous ne lui avez rien fait de mal. Et puis nous tenons compte de la situation. Vous n'avez pas à vous en faire pour cela. Nous avons une dernière chose à régler avant de partir. Mme Zabini n'ayant aucun droit sur vous, elle ne peut pas vous garder chez elle de façon légale. Comme vous n'êtes plus sous la responsabilité de personne, c'est au Ministère de vous placer quelque part.
- Alors pourquoi cela n'a-t-il pas été fait ?
Tonks nota un léger ton de reproche dans la voix de Théodore. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait toutes les raisons d'être en colère contre le Ministère.
- Disons que le Ministère comptait sur le fait que tu passes quelques semaines avec ton père pour savoir où il se cachait et qu'il espérait que tu t'enfuies ensuite et que tu nous dises où se trouvait ton père lorsqu'on viendrait te voir, révéla Tonks.
Dawlish lui décocha un regard glacial auquel elle répondit par un grand sourire.
- C'est agréable à entendre, rétorqua Théodore. Mais je ne veux pas m'en aller d'ici. Après tout, j'ai déjà passé de nombreuses fois une partie des vacances ici, avec un autre ami. Et on ne m'a jamais rien dit.
- Tu étais sous la responsabilité de ton père. Le Ministère n'avait pas à s'en mêler, répondit doucement Tonks.
Elle se tourna vers son collègue.
- On pourrait peut-être le laisser ici, non ? Il a l'air bien et Mme Zabini semble attachée à lui. Le principal c'est qu'il soit bien traité et en sécurité...
- Non, il en est hors de question. Il reste ici pour le moment mais lorsque nous aurons trouvé une place pour lui, nous l'emmènerons.
- Où ça ? demanda Théodore.
- Les foyers sont tous bondés mais nous allons quand-même tous les contacter. Sinon nous vous trouverons une chambre au Chaudron Baveur. Vous aurez des consignes à respecter. Le but est de vous garder en sécurité. Même si votre père sera arrêté, d'autres Mangemorts seront encore en liberté. Vous pouvez être une cible.
- Oh... Il n'y a donc vraiment pas moyen que je reste ici ?
- Non, je suis navré mais c'est la loi.
- Il va falloir que vous en parliez au médicomage qui me suit, alors, déclara Théodore d'un ton détaché.
- Un médicomage, dites-vous ?
- Oui. Je ne suis pas arrivé en très bon état dans cette maison, voyez-vous. Même mon vieux balai était dans un meilleur état que moi, d'après mon ami. Alors il a fait venir le seul médicomage en qui il pouvait avoir confiance pour me soigner. Blaise aurait bien aimé m'emmener à Sainte-Mangouste mais ce n'était pas très prudent. J'aurais pu être repéré. Il savait que j'étais autant traqué que mon père. Et il avait raison de se méfier puisque les Aurors ne se sont pas gênés pour intercepter le courrier de deux adolescents qui communiquaient comme le font n'importe quels adolescents en vacances. Enfin bon, on ne va pas revenir là-dessus. Ce qui est fait est fait. Vous voulez peut-être le nom de mon médicomage ?
- Puisque cela semble si important, oui, nous le voulons bien.
- Il s'agit du professeur de potions qui officie à Poudlard. Le professeur Snape.
- Vraiment ? Il est connu pour être potionniste et professeur de potions mais pas pour être médicomage.
- Vous verrez cela avec lui. Mais il n'a rien à se reprocher. Il a un diplôme et il a exercé pendant quelques années à Sainte-Mangouste. Et il s'est très bien occupé de moi. Après seulement trois jours de soins je ne ressemble pas à celui que j'étais en arrivant ici. Je ne suis pas encore tout à fait remis. Je trouve d'ailleurs que ce n'est pas très raisonnable de me faire déménager alors que je suis en début de convalescence. Mais je vous laisse discuter de cela avec le professeur Snape.
- Bien, nous irons le voir. Est-ce tout ce que vous aviez à nous dire ?
- Oui.
- Nous allons vous laisser, alors. Merci de nous avoir renseignés. Nous reviendrons lorsque nous aurons trouvé un endroit pour vous. Au revoir.
Dawlish tourna les talons en prenant Tonks par la manche pour qu'elle le suive. Elle regarda pourtant derrière elle pour lancer d'un air gai à l'adolescent :
- Au revoir, Théo ! Prends bien soin de toi !
Théodore lui répondit par un timide sourire et un petit signe de la main. Une fois hors de la chambre, Tonks et Dawlish allèrent voir les Zabini qu'ils remercièrent et saluèrent avant de sortir de la maison.
- Finalement je suis bien contente d'avoir été envoyée faire cet interrogatoire. Il était génial, ce garçon !
- Tu veux plutôt dire qu'il a passé son temps à se moquer de nous ! De façon très subtile, je dois le reconnaître. Et tout en restant très poli. C'en est encore plus agaçant !
- Ce n'était pas méchant. C'est une crème, il ne pensait pas à mal. Et puis il aurait très bien pu nous insulter et refuser de coopérer. Mets-toi à sa place, c'est traumatisant de devoir dénoncer son père ! Et de recevoir la visite de deux Aurors alors qu'il est en pleine convalescence. Tu t'attendais à quoi de la part d'un Serpentard, franchement ?
- Comment tu sais qu'il est à Serpentard ?
- D'une, parce qu'il y a très peu de chances pour qu'un fils de Mangemort se soit retrouvé dans une autre maison et de deux parce qu'il portait un foulard aux couleurs de Serpentard autour du cou. Et la chambre était décorée en vert et argent. Et je doute que c'était celle de son ami.
- Je n'avais pas remarqué tout cela. Tu es sacrément observatrice. C'en est presque flippant.
- Je sais, répondit joyeusement Tonks. Bon, on fait quoi maintenant ? On va voir Snape ?
- Il le faut bien, grimaça Dawlish.
- Tu as l'air vachement emballé, ça fait peur.
- Qui serait emballé à l'idée d'aller le voir ? J'ai un de mes neveux qui est en troisième année à Poudlard et qui dit lors de chaque vacances que son professeur de potions est le pire être qui lui ait été donné de connaître. Il a beau être à Serdaigle et n'avoir que des bonnes notes, il a déjà reçu des remarques très désagréables de la part de ce professeur. Et puis bon, c'est bien connu qu'il n'est aimé de personne. Tu as toi-même dû l'avoir comme professeur.
- Oui, en alternance avec un autre professeur lors de mes premières années. C'était sûrement la période où il travaillait à Sainte-Mangouste. Seulement, l'autre professeur a pris sa retraite lorsque je suis entrée en troisième année. Snape a donc dû abandonner son travail à Sainte-Mangouste pour se consacrer à son poste de professeur. Enfin je pense. Je ne connais rien de sa vie, je ne fais que des suppositions. Bon, alors, on va le voir ou on rentre au Ministère ?
- J'ai dit qu'on y allait, Tonks. Je ne suis pas du genre à me débiner.
- Allons-y alors.
Tonks et Dawlish vérifièrent que personne ne les regardait et transplanèrent.
.
.
POV Severus
.
Severus était en train de brasser une potion lorsque la porte de la pièce dans laquelle il se trouvait s'ouvrit.
- Severus, il y a deux Aurors qui veulent te voir.
Le potionniste fronça les sourcils. Qu'est-ce que des Aurors venaient faire ici ? Taquin, Draco lui dit :
- Ce n'est pas moi, je t'assure. Je n'ai pas bougé d'ici. Je suis sage comme une image depuis le début des vacances.
- Oui eh bien ça change de Poudlard, répondit Severus en levant les yeux au ciel.
- C'était méchant, ça.
Severus ignora l'air vexé de son filleul, sortit de la pièce et alla ouvrir. Il cligna des yeux plusieurs fois, agressé par la couleur rose vif des cheveux de l'une des deux personnes qui se trouvaient face à lui. C'était une femme tandis que son collègue était un homme.
- Bonjour, je suis l'Auror Dawlish et voici ma collègue Tonks. Vous êtes bien Severus Snape ?
- Oui.
- Nous devons vous parler d'un patient que vous traitez depuis peu. Vous voyez de qui je veux parler ?
Severus se raidit imperceptiblement. Comment ces deux Aurors étaient-ils au courant de cela ? Étaient-ils allés chez les Zabini avant de venir le voir ?
- Je crois deviner, oui. En même temps je n'ai qu'un seul patient en ce moment. Et ce patient s'appelle Théodore Nott. Vous êtes allé le voir ?
- Ici c'est nous qui posons les questions, M. Snape. Nous avons appris que le jeune Nott s'était réfugié chez les Zabini. Nous sommes donc effectivement allés l'interroger afin d'avoir des information sur l'endroit où se cache son père.
- C'est une blague ?!
Severus se retourna brusquement. Il se retrouva face à Draco qui fixait les Aurors avec des yeux flamboyants de colère.
- Comment avez-vous su où était Théo ?!
- Échange de lettres interceptés, répondit la jeune femme aux cheveux roses trop vifs. Je leur ai dit que ce n'était pas moral, ils n'ont pas voulu m'écouter. Enfin je l'ai juste dit à mon supérieur mais ça revient au même. Il faudrait que vous appreniez à parler par codes si vous ne voulez pas que des informations secrètes soient découvertes.
- Le courrier de deux adolescents n'a pas à être intercepté, répliqua Draco.
- C'est exactement ce que j'ai dit à mon supérieur ! Mais va-t'en leur faire comprendre ça, à ces Aurors assermentés... Et puis bon, il faut reconnaître que ça a fonctionné. La méthode est discutable mais les résultats sont là. Nous avions besoin de savoir où se trouve le Mangemort Nott, et seul ton ami pouvait nous le dire.
- J'espère que vous ne l'avez pas bousculé pour qu'il vous réponde, lâcha froidement Severus. Il est en pleine convalescence. Les émotions fortes peuvent être très dangereuses pour lui.
- Pour qui nous prenez-vous ? répliqua Dawlish. Nous l'avons bien traité. Nous avons réussi à le convaincre juste en discutant avec lui.
La jeune Auror s'éclaircit la gorge un peu trop bruyamment au goût de Severus. L'autre Auror leva les yeux au ciel.
- Ma collègue a réussi à le convaincre en discutant avec lui, rectifia-t-il. C'est elle qui a pris les choses en main ; avec brio, je dois le reconnaître. Mais là n'est pas la question.
- Dommage, je commençais à prendre goût aux compliments.
- Le jeune Nott nous a dit que vous étiez son médicomage, continua Dawlish en ignorant délibérément sa collègue. Est-ce exact ?
- Oui, répondit Severus sans hésiter. C'est le fils Zabini qui a écrit à Draco pour qu'il me demande d'aller soigner leur ami. J'ai compris que c'était sérieux alors j'y suis allé sans me poser de questions. Et, en effet, c'était assez grave. M. Nott avait besoin de soins urgents. Comme je suis occupé ici, je ne pouvais pas aller le voir aussi régulièrement que je le voulais. J'ai donc demandé à M. Zabini de me relayer pour les soins. Il a des bases solides, ayant fait un stage l'année dernière à Sainte-Mangouste. Je vais cependant voir M. Nott tous les jours pour m'assurer que tout aille bien. Et je constate qu'il va toujours un peu mieux chaque jour. Mais je pense que si vous êtes venus ici, c'est pour vous assurer que j'avais bien le droit de m'occuper de lui, n'est-ce pas ?
- En effet. Très peu de personnes doivent savoir que vous avez un diplôme de médicomagie. Pouvons-nous le voir ?
- Bien sûr. Draco, tu ne les agresses pas pendant mon absence.
Alors qu'il s'en allait, Severus entendit la jeune Auror émettre un rire clair qu'il trouva très char...rieur. Elle était vraiment bon public, celle-là. Il fouilla dans ses papiers dans le salon, trouva son diplôme et retourna voir les Aurors qui étaient toujours dehors. Il aurait peut-être dû les inviter à entrer. Mais il n'avait aucune sympathie pour cette profession. Alors ils allaient rester dehors, point. Il tendit son diplôme à Dawlish qui le regarda sous toutes les coutures. Cela agaça prodigieusement Severus. Croyait-il que c'était un faux ? Bien qu'irrité, il ne dit rien.
- Bien, finit par dire l'Auror.
- Aviez-vous d'autres choses à me demander ?
- Plutôt des choses à vous dire. Comme vous le savez, M. Nott se trouve actuellement chez Mme Zabini. Elle n'a cependant aucun droit sur lui. Il n'a donc aucune raison de rester là-bas.
- S'il n'avait pas eu à rejoindre son père en descendant du Poudlard Express, il ne se serait pas enfui et ne se serait pas rendu chez les Zabini, rétorqua sèchement Severus. Il aurait du être placé quelque part dès que le Ministère a appris la renaissance et la chute définitive de Vous-Savez-Qui ainsi que la cavale de tous les Mangemorts. Pourtant, rien n'a été fait. Alors que c'est ce que vous avez fait pour Draco. Vous m'avez demandé de m'occuper de lui.
- Il était essentiel que le jeune Nott retrouve son père et passe un minimum de temps avec lui afin de savoir le lieu où il se cachait. S'il ne s'était pas enfui pendant les vacances, nous serions allés l'interroger à Poudlard peu après la rentrée.
- Vous n'avez aucune morale, dit Severus. Hier, j'ai conseillé à M. Nott de vous révéler l'endroit où se cachait son père. En lui disant cela, je pensais qu'il demanderait à aller au Ministère. Jamais je n'aurais pensé que deux Aurors iraient pour le voir pour lui arracher cette information.
- Nous n'avons fait que notre travail, objecta Dawlish.
- Ce n'est qu'un enfant. Croyez-moi, si vous aviez fait le coup à Draco, vous ne vous en seriez pas sortis comme cela. Mais passons. Vous me parliez du fait que M. Nott se trouvait chez les Zabini.
- Oui. Comme je vous l'ai dit, il ne peut pas rester là-bas. Nous allons donc voir s'il reste une place dans un foyer. Mais cela risque d'être compliqué. Ils sont tous bondés.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Il est en convalescence, il a besoin de repos. Comme vous l'avez souligné, les foyers sont tous pleins. Et ils sont tout sauf calmes. Surtout avec la présence de certains adolescents assez difficiles à gérer. Ce n'est donc pas la meilleure des solutions pour M. Nott.
- Dans ce cas il ira au Chaudron Baveur. Nous avons également évoqué cette possibilité devant lui. Il n'y semblait pas défavorable.
- Pas franchement favorable non plus... marmonna Tonks.
Severus vit Dawlish planter son coude dans les côtes de sa collègue.
- C'est donc la solution que nous allons privilégier. Nous tenions à vous en informer pour que vous puissiez continuer à aller le voir.
- Je n'y manquerai pas. J'espère juste qu'il y sera en sécurité.
- Nous ferons le maximum pour que ce soit le cas. Avez-vous des questions à nous poser ?
- Non, je ne crois pas.
«J'ai surtout envie que vous déguerpissiez au plus vite» songea Severus. Enfin, surtout le dénommé Dawlish... Il n'avait rien contre la jeune Auror, à part le fait qu'elle était un poil trop exubérante. Ah, si, il avait une seule chose à lui reprocher. Un nombre conséquent de chaudrons explosés, cassés ou fondus. Mais c'était du passé et il lui avait donné assez d'heures de colle pour cela avant de finir par abandonner, voyant que cela ne changeait rien.
- Bien, nous vous laissons alors. Passez une bonne fin de journée.
- Au revoir, M. Snape. Au revoir Draco ! lança joyeusement Tonks.
L'autre Auror ne perdit pas de temps en salutations et tira sa collègue par la manche. Ils s'éloignèrent puis disparurent au bout de quelques pas. Severus ferma la porte et rejoignit le salon en compagnie de Draco.
- C'était qui cette folle ? demanda celui-ci. D'où elle se permet d'être aussi familière avec moi ? On n'a pas élevé les hippogriffes ensemble !
- Vous auriez pu, pourtant, s'amusa Severus.
Draco lui répondit par un regard aussi interrogateur que sceptique.
- Enfin, disons que vous auriez pu vous voir très souvent.
- Comment ça ? Tu peux m'expliquer, s'il te plaît ? Je ne comprends rien.
- Cette jeune femme, c'est ta cousine.
Draco fronça les sourcils.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Mon père n'a ni frère, ni soeur. Ma tante Bellatrix n'a jamais eu d'enfants.
- Mais tu as une autre tante. Ta mère ne t'a donc jamais parlé de son autre soeur ?
- Celle qui a été reniée ? Ouais, vaguement. Elle n'aime pas trop s'étendre sur ce sujet.
- Elle n'a jamais prononcé le nom «Tonks» devant toi ?
- Peut-être, oui. J'ai dû l'entendre une ou deux fois.
- C'est le nom de famille de l'homme avec lequel s'est mariée ta tante reniée. Ensemble ils ont eu une fille, que tu as vue à l'instant.
- Tu m'étonnes que sa mère ait été reniée ! Si elle est aussi barge qu'elle...
Severus se retint difficilement de rire. Il devrait réprimander Draco pour son vocabulaire mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait un peu raison.
- Déjà ces cheveux rose bonbon, c'est une horreur. Et puis elle est trop... tout. Elle m'a épuisé.
- Ça, c'est sûr, elle n'a pas eu une éducation de Sang-Pur.
- Et ils ont accepté un énergumène pareil chez les Aurors ? Elle connaît quelqu'un là-bas qui lui a filé un passe-droit ou quoi ? Jamais quelqu'un de censé ne l'aurait prise comme Auror !
- Elle devait avoir les compétences et les capacités nécessaires et ça a suffi.
- Mouais... Mais du coup, pour Théo, qu'est-ce que ça va donner ?
- Tu l'as entendu comme moi : il va sûrement aller au Chaudron Baveur.
- Il va déprimer là-bas.
- Je pense au contraire qu'il va s'y plaire.
- Mais il sera tout seul !
- La solitude ne l'a jamais dérangé. Et puis ne t'inquiète pas, il ne sera pas vraiment tout seul. J'irai le voir tous les jours et il pourra se promener sur le Chemin de Traverse. Et si tu le souhaites, je t'emmènerai avec moi quelques fois.
- C'est vrai ? Ça c'est cool ! Il faudra qu'on s'arrange avec Blaise pour qu'on puisse aller acheter nos fournitures le même jour. En fait tu as raison. Il sera sûrement bien au Chaudron Baveur. Je pense qu'il aurait aimé rester avec Blaise mais il va pouvoir goûter à un peu de liberté. Il aura certainement des consignes de la part des Aurors mais il sera toujours plus libre qu'il ne l'était chez son père. Ou même chez Blaise, même s'il s'y sentait bien. Il pourra organiser son temps comme il le souhaite. J'ai vraiment hâte de le revoir. Enfin, de les revoir.
- Je t'y emmènerai bientôt, c'est promis. Bon, je vais retourner brasser mes potions.
- Je peux t'aider ?
- Si tu veux.
- Tu prépares quoi ?
- Des potions d'hydratation.
- Pour Sainte-Mangouste ?
- Oui. Je ne suis peut-être plus médicomage mais je prépare toujours des potions pour l'hôpital quand j'ai le temps. Allez, suis-moi.
C'est donc ensemble que Severus et Draco se rendirent à la pièce aménagée pour la préparation de potions. Ils fabriquèrent plusieurs litres de potions d'hydratation et commencèrent à préparer des baumes apaisants. À la fin de la journée, Severus félicita Draco pour son travail. Il était vraiment fier de son filleul. Ses bonnes notes en potions à Poudlard n'étaient pas dues à un favoritisme de la part de Severus. Il était vraiment doué. Draco ignorait encore ce qu'il ferait plus tard mais il savait néanmoins qu'il voulait travailler dans les potions. Severus en était ravi et il comptait bien encourager son filleul dans cette voie-là.
