La saison des pluies se termina alors Emma n'eut plus aucune raison de sécher ses cours de la matinée pour le plus grand bonheur de ses professeurs qui la voyaient enfin plus souvent, elle se concentra bien plus sur ses études ce qui lui permit de terminer son année de seconde haut la main. Elle eut la meilleure note de tous les élèves de son grade aux examens qui se tenaient en fin d'année scolaire, malgré ses innombrables absences, elle parvint à exceller dans chaque matière – même celles dans lesquelles elle avait des lacunes ou des difficultés. Tous ses professeurs étaient agréablement surpris par ses notes, il était facile de constater que l'adolescente avait une nouvelle détermination qui la poussait à travailler deux fois plus – que dis-je ? Trois fois plus – que les autres étudiants de son âge mais personne ne parvenait à savoir ce qui la motivait à ce point.

Granny fut tellement fière de lire chaque excellente appréciation sur son bulletin de note qu'elle décida de la récompenser à la hauteur de ses efforts. Chaque mois elle recevait un chèque de l'état pour l'aider à subvenir aux besoins de la blonde, elle ne roulait peut-être pas sur l'or mais, par chance, elle n'avait pas eu besoin de les utiliser alors elle les avait déposés dans un autre compte pour les mettre de côté. Cet argent, il était destiné à l'orpheline, la vieille dame l'utilisa alors dans le but de lui faire plaisir.

Avec l'aide de sa petite fille qui sécha le lycée avec une excuse totalement inventée, elles profitèrent que la blonde soit en cours et fermèrent le restaurant une après-midi pour se rendre dans la ville d'à côté. Il fallait avouer qu'à StoryBrooke il n'y avait pas grand-chose mise à part le strict nécessaire. Elles firent le tour de plusieurs magasins avant de finalement trouver ce qu'elles étaient venues chercher : du matériel artistique de qualité. Un nouveau cahier à spirale, une trousse de crayon pastel, des estompes de tailles différentes, plusieurs marqueurs noirs et métalliques, une grande boite de feutre à alcool ainsi qu'une boite d'aquarelle. N'y connaissant rien en art, elles demandèrent de l'aide au vendeur pour choisir les meilleurs articles car Emma méritait ce qu'il y avait de mieux.

Lorsque l'adolescente reçue le cadeau, elle fondit littéralement en larme. Elle bégaya de timide remerciement avant de sauter dans les bras des deux femmes. En dehors du livre que lui avait offert la brune dans le parc, elle n'avait absolument jamais reçu de présent. Que ce soit à noël, à son anniversaire ou encore parce qu'elle avait eu de très bonnes notes, personne ne lui avait jamais rien offert, au mieux ses autres familles la félicitaient en lui donnant moins de coup que d'habitude et encore, ses bons résultats avaient déjà été une raison de punition. Elle ne sut donc pas comment réagir une fois qu'elle dut déballer le papier cadeau, elle se mit à trembler d'inquiétude en s'imaginant une mauvaise blague puis l'émotion prit le dessus sur son calme éternel. Elle ne trouva pas quoi dire pour les remercier, elle n'était pas habituée à ce genre de situation alors elle préféra agir et prendre les deux femmes dans ses bras pour leur témoigner toute sa reconnaissance.

Depuis sa plus jeune enfance, elle avait appris à ne pas s'attacher pour plusieurs raisons. Un retour à l'orphelinat pouvait si vite arriver que s'attacher à sa famille d'accueil était juste une stupide idée, les sentiments développés allaient simplement la blesser une fois qu'elle serait à nouveau seule et abandonnée. Elle avait également appris que la confiance était une arme redoutable dont les adultes se servaient pour avoir le dessus et manipuler à leur guise. Pourtant, cette fois-ci, elle s'était attachée à la vieille dame et à sa petite fille, elle leur avait fait confiance et elle ne le regrettait absolument pas. Elle avait l'impression d'avoir en quelque sorte trouvé sa place, elle découvrait ce que voulait dire aimer et être aimé, elle était vraiment heureuse de vivre dans ce petit appartement qui lui donnait l'impression d'avoir trouvé la chaleur d'un foyer.

L'année scolaire toucha alors à sa fin, le lycée ferma ses portes et Emma eut la chance de voir son contrat étudiant être renouvelé pour l'année suivant. La bibliothèque de l'établissement ferma malheureusement pendant les deux mois de vacance pour son plus grand malheur mais, avec un petit coup de pouce de la part de Granny, elle fut prise dans le seul fast food de la ville. Elle travaillait pendant des heures pour gagner une misère mais au moins elle parvenait à mettre de côté pour sa future école.

Avec Ruby, elles déposèrent des annonces de baby-sitting un peu partout dans la ville. Ayant une très bonne réputation auprès des autres habitants, elles accumulèrent rapidement les heures de travail ce qui leur permit de se faire un peu d'argent de poche pour ne pas avoir à dépendre sans cesse de Granny qui travaillait dur, chaque jours, afin de pouvoir leur offrir tout ce dont elles avaient besoin pour être heureuse.

L'adolescente grogna en enfouissant un peu plus son visage dans son oreiller lorsque le réveil de son téléphone portable se mit à retentir dans toute la petite chambre, elle garda les yeux clos dans l'espoir de gagner quelques minutes de sommeil en plus mais ce fut en vain. La veille au soir, elle avait pris soin de choisir la sonnerie la plus bruyante pour être certaine de se réveiller, elle ne pouvait se permettre d'arriver en retard aujourd'hui.

Elle soupira et envoya valser sa couverture, son corps tout entier frissonna lorsque la fraîcheur de la pièce vint contraster avec la chaleur de sa peau et elle se redressa en s'étirant. Elle s'assit en tailleur sur son matelas et tapota doucement ses joues pour chasser toute trace de la fatigue qui la suppliait de rester encore un peu au lit. Elle sauta sur ses pieds pour ne pas être attirée par son oreiller et elle attrapa son téléphone qu'elle avait choisi de laisser sur la commode avant d'aller se coucher. En le laissant suffisamment loin de là où elle dormait, de manière à ne pas pouvoir l'attraper en tendant son bras, elle savait qu'elle allait devoir se lever pour l'éteindre ce qui lui donnait une nouvelle raison de quitter son lit.

La blonde bailla en s'étirant avant de se tourner vers le lit superposé pour remettre les couvertures correctement. Par habitude, elle grimpa quelques marches de l'échelle en bois pour venir faire celui de Ruby avant de sourire en se disant que la fatigue lui faisait des tours ce matin : sa colocataire de chambre n'était actuellement pas en ville.

La brune profita du mois d'août pour partir avec l'un de ses meilleurs amis d'enfance. Liam – le frère aîné de Killian, un élève de leur classe qui semblait être dans un monde bien à lui – posa ses congés en même temps que les vacances scolaires afin de passer un peu plus de temps avec son cadet qu'il ne voyait que trop peu à cause de son travail. Étant des enfants de StoryBrooke, ils décidèrent de proposer une virée en bateau à un grand nombre de leurs amis pour leur faire découvrir de nouveau horizon. Les frères Jones étaient connus par tous les habitants de la ville alors les parents de leurs camarades n'hésitèrent pas avant d'accepter la demande, ils savaient parfaitement que leurs enfants étaient en sécurité sur ce bateau.

Ruby invita Emma, elle se sentit mal de partir en la laissant seule mais la blonde déclina poliment l'invitation, elle n'avait pas le temps de profiter ni même de s'amuser. Elle devait travailler et étudier, dessiner et s'améliorer, pratiquer et devenir meilleure. Elle devait se perfectionner et pour ça, elle devait tirer un trait définitif sur ses vacances. Ce n'était pas en prenant du bon temps qu'elle allait arriver à ses fins, elle devait travailler beaucoup plus que les autres mais elle aurait aussi bien plus de mérite au finale.

L'adolescente n'avait qu'une seule raison qui la poussait à tenir le coup : le souvenir de la jeune inconnue du parc. Elle voulait créer un véritable chef d'œuvre qui donnerait à la brune une raison de sourire plus souvent, elle voulait lui montrer à quel point la vie était belle malgré tous les obstacles qui pouvait se trouver sur son chemin. La blonde s'accrocha à ce sentiment pour ne pas craquer, la tension était énorme mais elle n'avait pas d'autre choix, elle devait impérativement y arriver qu'importe le temps, l'énergie ou encore la patience qu'elle devait y consacrer.

Elle redescendit alors au sol et observa la chambre qui était bien vide sans le bazars constant de Ruby, au moins, en étant seule, elle ne passait pas des heures à ranger des affaires qui ne lui appartenaient pas. Elle ouvrit la fenêtre puis les volets pour aérer la pièce pendant qu'elle se préparait et, en regardant dehors, elle se rendit compte qu'il pleuvait des cordes sur la petite ville perdue dans le Maine.

Emma se hissa sur la pointe des pieds pour laisser son visage sortir et flirter avec quelques petite gouttes d'eau qui étaient propulsées par le vent. Elle ferma les yeux et profita silencieusement du bruit de la pluie qu'elle n'avait pas entendue plus tôt à cause de la sonnerie de son réveil. Le ciel pleurait, en temps normal, elle aurait couru jusqu'au parc pour y retrouver la belle brune qui avait pris une place un peu trop importante dans son cœur. Avant, elle n'aurait pas cherché plus loin, elle se serait précipitée dans la cuisine pour préparer un bon déjeuné avant de se diriger vers l'abri pour passer sa matinée avec cette inconnue de qui elle ne savait rien. Elle voulait y aller, au parc. Elle voulait vraiment y aller, elle avait l'impression de ne pas avoir vu la jeune femme depuis une éternité et son âme avait douloureusement besoin de sa présence mais aujourd'hui, ce n'était pas le bon jour pour aller profiter de la pluie.

Sous les conseils de sa seule amie, elle avait sauté le pas et s'était inscrite à plusieurs concours de dessin. Elle en avait gagné quelques-uns, elle avait reçu énormément de conseil pour approfondir son style et elle s'était grandement améliorée. Quelques jours plus tôt, elle avait appris que son interprétation de la mort avait retenu l'attention du jury, elle était peut-être arrivée deuxième – sur plus d'une centaine de candidat – mais ils avaient décidé de lui remettre un mention spéciale pour lui permettre de participer à la finale du concours qui avait lieu dans une autre ville. Granny l'avait poussée à accepter sa candidature et son patron avait eu l'amabilité de lui donner sa journée en lui souhaitant bon courage à sa manière – il lui avait surtout promit de la renvoyer si elle ne remportait pas le prix final. Même si l'envie d'aller au parc était importante, elle devait se faire violence, elle ne pouvait décevoir toutes les personnes qui lui faisaient confiance.

Elle ne pensait sincèrement pas le gagner, elle avait eu la chance de voir les créations des autres participants et elle savait qu'elle n'était pas au même niveau. Ils étaient tous très bon, ils avaient clairement une longueur d'avance sur elle mais chaque concours était une expérience enrichissante de laquelle elle sortait encore plus grande. Si elle gagnait, elle avait la chance d'être récompensée par un prix qui lui permettait de continuer – du matériel professionnels avec lequel elle prenait plaisir à dessiner ou alors une certaines sommes d'argent qu'elle mettait de côté pour sa future école – et si jamais elle ne faisait pas partie des œuvres retenues, elle avait la chance de pouvoir échanger avec des artistes accomplis qui lui donnaient tout un tas de conseil qu'elle mettait en pratique. Dans tous les cas, elle se sentait gagnante, elle apprenait et elle grandissait.

Le cœur lourd, l'adolescente tourna son visage vers le ciel dans lequel le soleil ne brillait pas encore puis elle ferma la fenêtre pour ne pas détourner son attention du concours. Elle devait se focaliser sur la seule chose qui était vraiment importante : rêver et s'amuser le crayon en main.

Elle sauta alors dans un jean à la teinte neutre puis elle enfila un sweater bordeaux, elle laça ses chaussures et attacha rapidement ses cheveux blonds en deux tresses plaquées sur son crâne. Elle fourra tout ce dont elle avait besoin dans son sac à dos et, juste avant de partir, elle ouvrit l'armoire en grand. Elle attrapa le carton qui se trouvait caché derrière une pile de vêtement, loin du regard beaucoup trop curieux de Ruby qui aimait mettre son nez dans ce qui ne lui appartenait pas. Elle le posa à même le sol et prit une profonde inspiration avant de l'ouvrir, dans ce petit paquet se trouvait toute sa vie avant son arrivée dans cet appartement. Sa couverture rose de bébé, une boule à paillette dans laquelle se trouvait une vieille photo de ses parents lors de l'obtention de leur diplôme, une tasse avec son prénom que lui avait offert l'une de ses familles d'accueils, son doudou ainsi qu'une longue et grosse écharpe rouge. Ce fut le seul vestige qu'elle put prendre dans l'armoire de sa mère avant d'être emmenée de force dans le tout premier des nombreux orphelinats qu'elle connut.

Elle n'avait même pas eu le temps de prendre un habit à son père pour se rappeler de son odeur. Elle avait perdu ses parents et elle n'avait pas eu le droit de garder une seule de leurs affaires, si elle n'avait pas précieusement caché cette écharpe, elle était certaines que l'orphelinat dans lequel elle avait été placée l'aurait mis au feu pour lui obliger à passer à autre chose.

La blonde porta le morceau de tissus à son visage et elle huma le parfum qui s'y trouvait avant de sourire, une larme solitaire glissa le long de sa joue et elle le passa autour de son cou en se redressant. Elle allait tout faire pour accomplir son rêve pour elle-même, pour la brune mais aussi pour ses parents, où qu'ils soient, elle voulait les rendre fier de son parcours, de tout le chemin qu'elle avait parcouru et qu'elle allait encore parcourir à l'avenir.

Elle traversa discrètement le couloir pour ne pas réveiller la vieille dame qui devait encore dormir, après tout, elle s'était réveillée beaucoup plus tôt que d'habitude pour ne pas être en retard. Elle entra dans la cuisine où elle prit son cachet en buvant un grand verre de jus de pomme, elle grignota un fruit tout en préparant le repas qu'elle allait manger à son déjeuner.

Granny entra dans la pièce pendant qu'elle cuisinait alors elle vint donner un coup de main à l'adolescente pour lui permettre de prendre son premier repas de la journée en paix. Elle déposa le tout dans une lunch-box qu'elle glissa dans le sac avec, un sachet de petite boule en chocolat et une gourde isotherme dans laquelle elle versa du chocolat chaud avec une touche de cannelle.

« Tu es sûr de toi ? Tu ne veux pas que je t'accompagne ? » Demanda l'adulte en lui tendant ses affaires.

« Ça va aller, je t'envoie un message quand je suis arrivée sur place. » Assura la blonde.

« Fais bien attention dehors, on ne sait jamais sur quel genre de fou on peut tomber. » Fit Granny.

Emma lui offrit un grand sourire sans savoir quoi lui répondre, elle avait l'habitude de faire attention à elle, des fou elle en avait souvent croisé et pas seulement dans la rue mais personne ne s'était jamais autant inquiété pour elle. Elle enfila sa veste, attrapa son sac à dos et quitta l'appartement en lui souhaitant une bonne journée. Elle ouvrit son parapluie et descendit rapidement les escaliers de secours.

« Emma ! Je crois en toi, tu peux le faire ! » Cria la vieille dame depuis sa fenêtre.

L'adolescente la salua d'un rapide mouvement de la main et elle enfouit son visage dans son écharpe en sentant l'émotion la gagner, une larme solitaire roula sur son visage et elle partit pour ne pas éclater en sanglot. Granny et Ruby ne pourraient jamais prendre la place de ses parents dans son cœur mais elle se sentait tellement chanceuse de les avoir rencontrées, elles lui avaient redonnées goût à la vie alors que vivre était devenue un véritable enfer sur terre.

Elle évita les flaques d'eau pour ne pas se salir et arriva bien vite à l'arrêt du bus, elle s'installa et se mit à douter. Elle avait un petit peu d'avance, elle allait devoir attendre quelques minutes alors, si elle courrait suffisamment vite, peut-être qu'elle allait avoir le temps de faire l'allée retour jusqu'au parc. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait dire à la brune mais la voir ne serait-ce que quelques instant lui suffisait amplement mais si elle y allait, elle prenait beaucoup de risque : passer pour une débile, se salir sur le chemin, rater son bus et ne pas pouvoir participer au concours, perdre son calme, se planter. Surtout que rien ni personne ne pouvait lui assurer que son inconnue était déjà au parc, il était encore très tôt, sans doute se trouvait-elle encore confortablement installée dans les bras de Morphée.

Elle avait tellement envie de revoir la jeune femme qu'elle était incapable de réfléchir correctement, elle voulait juste sentir son parfum à la pomme une dernière fois, voir ses lèvres s'étirer en un fin sourire lorsqu'elle prendra une bouchée du plat préparé, admirer les traits fins de son visage se détendre pendant qu'elle écoutera religieusement le bruit de la pluie. Elle voulait la revoir, une dernière fois.

Par chance, le bus arriva ce qui coupa net ses interrogations, elle ferma son parapluie, paya son ticket et s'assit dans les places du fond. Au vu de l'heure, il était normal qu'elle soit seule, le silence qui régnait dans le véhicule était tellement paisible que ses paupières commencèrent à se faire lourde. Pour ne surtout pas s'endormir, elle enfonça ses écouteurs dans ses oreilles en lançant l'une de ses playlists les plus rythmés puis elle posa sa tête contre la vitre pour admirer les gouttes d'eau qui faisaient la course.

Emma voulait – non, Emma devait – mûrir avant de retourner au parc. Elle devait grandir, elle devait devenir solide pour supporter le monde dans lequel elle vivait. Elle devait se muscler pour pouvoir porter à bout de bras tous les problèmes que la brune portait seule sur ses frêles épaules. Elle se devait de devenir forte, elle ne pouvait pas l'abandonner alors que la jeune femme l'avait – sans le savoir – sauvée d'une fin dramatique.

Elle n'était qu'une gamine de quinze ans avec un passé plutôt lourd, une gamine brisée par la vie qu'elle avait plus subis que véritablement vécue. Elle avait irrésistiblement envie de la revoir mais elle ne devait surtout pas rester cette gamine impuissante qu'elle était depuis bien trop longtemps. En regardant le paysage pluvieux défiler sous ses yeux, elle prit une décision radicale : tant qu'elle ne serait pas en mesure de la soutenir, ne serait-ce qu'un minimum, elle s'abstiendrait d'aller la rejoindre sous leur abri dans le parc.

Le trajet en bus dura un peu plus d'une heure, elle s'arrêta à son arrêt et traversa les rues de la ville en suivant le plan sur son téléphone, elle n'avait vraiment pas le temps de se perdre alors elle avait fait ses recherches auparavant pour gagner quelques minutes. Elle arriva à la station de métro et grimaça en voyant que celui qu'elle devait prendre était en retard, elle avait tout planifié à la minute près alors elle n'avait pas une seule seconde à perdre en attendant un fichu métro qui arriva avec encore plus de retard que revu. Elle sauta dans l'une des voitures et se mit à nerveusement ronger ses ongles, elle sursauta à l'appel de son arrêt et elle se mit à courir aussi vite que ses jambes le purent pour ne pas perdre plus de temps.

L'adolescente arriva enfin à l'université qui organisait le concours, elle grimpa trois par trois les escaliers et elle parvint à se glisser dans la salle d'examen juste avant que la porte ne soit fermée. Elle lança un rapide sourire désoler à la jeune femme rousse qui bondit de peur en la voyant apparaître de nulle part puis elle alla s'installer à l'une des tables inoccupées, au fond de la pièce. Pièce d'identité, convocation et matériel sur la table, elle retira sa veste, étira son écharpe et prit une grande gorgée de chocolat pour se redonner un peu de force.

Les examinateurs passèrent de table en table pour vérifier que les participants présents possédaient bien tous les documents demandés ce qui lui permit de reprendre son souffle puis ils distribuèrent des brouillons avant de retirer le rideau qui recouvrait le tableau sur lequel se trouvait écrit, noir sur blanc, l'énoncé de l'épreuve : A quoi ressemble le bonheur ? Format non indiqué.

Alors que certains commencèrent à faire savoir leur désaccord quant au sujet beaucoup trop vague qui leur était demandé, Emma baissa honteusement le visage vers sa feuille. Le bonheur ? Que pouvait-elle bien dire sur le bonheur ? Enfant orpheline – ballottée d'une famille d'accueil à un orphelinat et d'un orphelinat à une famille d'accueil, battue et méprisée par la plupart des adultes qu'elle avait rencontrée – elle ne savait même pas si elle avait connu le bonheur du haut de ses quinze années de vie. Elle attrapa un des brouillons en priant son cerveau de lui donner une idée qu'elle pourrait travailler, rendre une feuille blanche était impossible alors elle commença à faire quelques tracés imprécis pour stimuler son imagination puis elle s'arrêta net. Le visage souriant de la jeune femme brune s'imposa à son esprit, ses yeux chocolat, sa cicatrice au-dessus de la lèvre, la douceur de sa voix, la mélodie de son rire. Elle repensa à chacune de leur rencontre dans le parc et un immense sourire se dessina sur son visage sans qu'elle ne puisse le retenir. Cette belle inconnue était la définition de son bonheur.

L'épreuve dura toute la matinée, la blonde fut satisfaite de la création qu'elle rendit puis elle quitta l'établissement en soupirant de soulagement. La pluie tombait toujours et pourtant, elle porta son écharpe au-dessus de son nez en levant le visage vers le ciel dans lequel il n'y avait aucune trace de nuage.

« Je vais le faire maman, je vais y arriver. »

Elle fit le trajet en sens inverse pour revenir à StoryBrooke puis sa routine reprit l'air de rien. La pluie ne tomba plus sur la petite ville portuaire, les vacances touchèrent à leur fin et une nouvelle année scolaire commença sans qu'elle puisse la revoir.