DISCLAIMER : Tous les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowling.
Rating : M+
Genre : romance / slash / Yaoi
Bonne lecture !
Chapitre 6
13 mars 2009 – Chemin de Traverse
-Je sais que ce n'est pas ce que tu as envie d'entendre, mon pote, mais je t'avais dit que c'était une mauvaise idée…
Ron éventra une grande caisse en carton et en sortit des boîtes à flemme qu'il rangea sur le rayonnage.
- Il était heureux, Ron, dit Harry, appuyé contre l'étagère, les bras étroitement croisés contre son torse et un air buté sur le visage. Tu aurais dû le voir… il souriait comme un enfant, ça se voyait que tout ça lui avait manqué !
- Ça lui manquait peut-être de voir un match de Quidditch, mais ce n'est pas pour autant qu'il a envie de retourner vivre dans le monde magique.
- Ce n'est pas ce que je lui demande !
Ron soupira en mettant en place les dernières boîtes.
-Harry… admets que ce n'était pas très… élégant de te servir de lui comme tu l'as fait. Mets-toi à sa place. Tu n'auras pas apprécié non plus.
Ce fut au tour de Harry de soupirer.
- Non, c'est vrai. Mais sur le moment, ça m'a paru la seule solution.
- Laisse-lui un peu de temps. Il finira par se rendre compte que tu avais raison et qu'il n'a plus à craindre de revenir dans le monde sorcier.
- Je ne pense pas. Je… je crois qu'il ne me pardonnera pas.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Harry baissa les yeux.
- Je lui ai dit que je l'aimais, murmura-t-il.
- Ah. Et ?
- Et rien. Absolument rien. Pas un mot. Pas un regard. Il est monté dans sa chambre, il a rassemblé ses affaires et il a transplané.
Ron posa une main réconfortante sur l'épaule de Harry.
-Je suis désolé, vieux.
- Pas autant que moi. Si tu savais comme je m'en veux… je donnerais tout pour revenir en arrière.
- Malheureusement, c'est impossible. Tous les Retourneurs de Temps ont été détruits après la guerre, répondit Ron avec le plus grand sérieux.
Harry le regarda en clignant des yeux, avant de se mettre à rire.
-Allez viens, dit Ron. Allons boire un verre.
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16 mars 2009 – The Rules, Londres
-Merci d'être venu, Draco.
Draco se contenta de sourire et de hocher la tête avant de s'asseoir face à Blaise.
- Tu bois quelque chose ?
- Un café, merci.
Blaise leva la main pour attirer l'attention d'un serveur. Il commanda deux cafés puis reporta son attention sur Draco. Un silence pesant s'était installé entre eux qu'il décida de briser rapidement.
-Ecoute, je voudrais te dire que… je te comprends. Après la guerre, le procès, la mort de ton père, le harcèlement dont tu as fait l'objet… Je comprends que tu ne voulais qu'une chose : fuir le monde sorcier. Bon sang, à ta place, j'aurais fait exactement pareil. Ce que je ne comprends pas, c'est que tu aies décidé de nous tourner le dos à Pansy, Théo et moi. On était de ton côté ! Même si tu partais vivre dans le monde moldu, on aurait pu rester en contact !
Le serveur revint avec les deux tasses qu'il déposa devant eux. Draco prit le temps de verser un peu de sucre et du lait dans la sienne.
- Je vous en voulais, dit-il après un temps. A tous les trois. Toi, parce que tes parents ont eu la bonne idée de rester neutres pendant la guerre. Pansy et Théo parce que personne ne les a harcelés, eux, alors que leurs pères avaient fait des trucs bien pires que le mien. On les a laissés tranquilles, alors que moi, on me conspuait sans arrêt parce que je portais le nom de Malefoy. C'était injuste.
- C'est vrai. Mais ni Pansy, ni Théo ni moi n'étions responsables de tout ça.
- Je sais, mais quand j'ai fini par l'admettre, il était trop tard. Les mois avaient passé, tes lettres avaient cessé. Je me suis dit que vous aviez avancé, que vous ne vouliez plus me voir. Et que c'était mieux comme ça.
Blaise but lentement une gorgée de café.
- Je suis détective privé, dit-il. Tu le savais ?
- Non, je ne savais pas.
- J'ai fait un stage d'un an et demi au Bureau des Aurors. C'était bien mais je n'avais pas envie de travailler au Ministère. Alors, je me suis mis à mon compte.
- Hm.
- Ça marche plutôt bien. Il faut dire que je suis très bon dans ma partie.
- Pourquoi me dis-tu ça ? demanda Draco en plissant les yeux.
Blaise tourna méthodiquement sa cuillère dans sa tasse.
-Parce que je n'ai jamais cessé de te chercher, Draco, dit-il d'un ton factuel.
Le visage de Draco perdit toute couleur. Son cœur se mit à battre plus vite et sa nuque se couvrit d'une désagréable sueur froide.
- C'est pour ça que tu faisais le mort ? demanda Blaise. Parce que tu ne voulais pas qu'on sache ce que tu faisais ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit sèchement Draco.
- Ne joue pas à ça, soupira Blaise. Tu sais très bien…
Draco recula bruyamment sa chaise, prêt à s'en aller.
- Attends, dit Blaise en le retenant par le poignet. Ne pars pas. Arrête de fuir, ça ne sert à rien. Je ne te juge pas. En vrai, je n'en ai rien à foutre de la manière dont tu gagnes ta vie. Je veux juste m'assurer que tu vas bien, c'est tout.
- Pourquoi ?
- Parce que tu étais mon meilleur ami et que tu me manques.
Curieusement, Draco sembla se détendre. Il soupira et ferma les yeux, comme s'il était épuisé.
- C'est vrai, murmura-t-il. Je ne voulais pas que toi et les autres, vous appreniez ce que je fais. J'avais peur que… que vous me méprisiez et que vous alliez raconter au monde sorcier dans quelle déchéance j'étais tombé.
- Tu as une bien piètre opinion de moi si tu penses une chose pareille…
- Je suis désolé.
- Et puis… j'ai vu où tu habites… question déchéance, il y a pire ! rigola Blaise.
- Tu ne sais pas tout.
- Alors raconte-moi.
Draco baissa le nez sur sa tasse de café, le visage fermé. Blaise comprit qu'il devait manœuvrer autrement.
- Et Potter dans tout ça ?
- Tu lui as parlé ?
- J'ai essayé. Quand j'ai su que tu étais suspecté du meurtre d'Aidan Hirsch, je suis allé le voir. Il n'a rien voulu me dire. Bordel, ce mec est un mur… même mes contacts chez les Aurors n'ont pas pu m'en dire plus.
- Tu as des contacts chez les Aurors ?
- Ouais. Des gars qui me doivent des petits services. Ils n'ont rien pu m'apprendre car Potter a scellé la partie du dossier te concernant.
- Il a fait quoi ?
- Il a scellé le dossier. Personne ne peut avoir accès aux infos à ton sujet.
Draco cligna des yeux, une drôle de sensation au cœur.
-Et donc, Potter ? reprit Blaise. L'enquête est bouclée mais tu le vois toujours apparemment.
Draco avait une énorme boule coincée dans la gorge. Penser à Harry lui faisait mal. Terriblement mal. D'autant plus qu'il devait garder tout ça pour lui. Il n'avait personne pour en parler. Jusqu'à aujourd'hui.
Il regarda Blaise qui attendait tranquillement. Blaise qui était son meilleur ami. A qui il avait toujours pu tout dire. Même le pire. Quand il avait reçu la Marque, à son seizième anniversaire, il l'avait dit à Blaise. Il lui avait parlé de la mission qu'il devait exécuter pour le Seigneur des Ténèbres. Il n'avait pas dévoilé les détails et Blaise n'avait jamais insisté pour les connaître. Mais il avait été là pour lui quand c'était devenu trop dur.
Et aujourd'hui, Blaise était à nouveau assis en face de lui, comme autrefois, prêt à l'écouter.
Alors, Draco abdiqua. Il raconta tout. Depuis son arrivée dans le monde moldu, sa rencontre avec Monica, sa vie luxueuse d'escort. Il lui parla de Harry, qu'il trouva un beau matin sur le pas de sa porte, au cours de l'enquête sur le meurtre d'Aidan Hirsch. L'improbable complicité qui s'était installée entre eux par la suite, une complicité qui se mua bien vite en quelque chose d'autre. L'envie de Harry de sortir avec lui. Son refus. L'incompréhension dans les yeux de Harry et sa décision de devenir son client pour le piéger et le trainer de force dans le monde magique. Et puis la fin. Brutale et amère.
-Je vois, dit Blaise quand il eut terminé.
Il tourna doucement dans son café.
- Comment a réagi ta patronne ?
- Harry lui a téléphoné pour lui dire qu'il avait une urgence familiale. Qu'il était profondément désolé de devoir écourter notre… relation et qu'il espérait pouvoir à nouveau faire appel à moi bientôt, car j'avais dépassé toutes ses espérances. Monica était ravie.
- C'est gentil de sa part. Il aurait pu te griller en disant que c'était toi qui était parti.
Draco haussa les épaules.
- Qu'est-ce qui te contrarie le plus ? demanda Blaise. Que Potter t'ait ramené dans le monde magique sans te demander ton avis ou bien qu'il soit devenu un client parmi tous les autres ?
- Il n'a pas été un client parmi les autres ! s'insurgea immédiatement Draco.
Le ton véhément fit hausser un sourcil à Blaise.
- Il n'a pas payé pour coucher avec toi ?
- Si mais… mais ça n'avait rien à voir ! Contrairement aux autres, il… il était prévenant, tout entier tourné vers moi et ce que je désirais… Bon sang, jamais personne n'avait fait attention à moi comme ça…
- Alors il aurait fait tout ça seulement pour te prouver qu'il avait raison ? Je sais que Potter est impulsif, mais… même pour lui, c'est une solution un peu extrême. Extrême et onéreuse.
- Que veux-tu dire ?
- Que Potter voulait te prouver autre chose.
- Quoi ? Qu'il peut m'offrir une autre vie que celle que je mène ? Que je pourrai parader à son bras sans que personne n'y trouve à redire ?
- Eh bien, ma foi… oui.
- Non.
- Pourquoi non ? Tu penses qu'il ne tient pas suffisamment à toi ?
Draco soupira en baissant à nouveaux les yeux.
- Il m'a dit qu'il m'aimait, souffla-t-il.
- Ah.
- Personne, à part ma mère, ne m'a jamais dit ça.
- Comment as-tu réagi ?
- Je n'ai rien dit. J'ai pris mes affaires et je suis parti.
- Tu ne l'aimes pas ?
Draco serra les poings. Les yeux fermés, il luttait pour refouler les larmes qui lui brûlaient les yeux. Prudemment, Blaise avança sa main et la posa sur celle de son ami.
- Arrête de fuir, Draco, dit-il tout bas. Si Potter a des sentiments pour toi et toi pour lui, arrête de fuir. Laisse tomber ta Monica et pars avec lui.
- Je ne peux pas, dit Draco en grinçant des dents.
- Pourquoi ? Parce que tu aimes tellement ton job que tu ne peux pas envisager d'arrêter ? ironisa Blaise.
- Parce que si je pars, je perds tout.
- Je ne comprends pas.
Draco soupira comme un condamné à mort.
- Quand j'ai signé le contrat avec Monica, je… je n'ai pas fait attention. Tout ce que je voulais, c'était avoir un boulot, bien payé et pouvoir enfin m'en sortir. Je… je ne savais pas à quoi je m'engageais.
- Et tu t'engages à quoi ?
- Si je romps le contrat, Monica est en droit de me réclamer une indemnité fixe. Une somme si élevée qu'il ne me restera plus rien du tout. Absolument rien. Ma seule option, c'est de continuer à bosser pour elle et gagner suffisamment d'argent pour que l'indemnité finisse par être moins importante que mes revenus.
- Tu as montré ce contrat à un avocat ?
Draco hocha la tête.
- Je n'ai aucun moyen de m'en sortir. Tout est légal. Il n'y a pas de faille.
- Tu as conscience que Potter ne te laissera jamais tomber ? Même si tu n'as plus un rond en poche ?
- Je ne peux pas. Je pouvais accepter d'être le parasite d'Aidan Hirsch, mais pas celui de Harry. Pas lui.
- Parce que lui, tu l'aimes.
Draco hocha à nouveau la tête.
-C'est mieux comme ça, dit-il d'une voix qu'il voulait assurée. Crois-moi, Blaise. C'est mieux comme ça.
Blaise ne le contredit pas.
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Deux mois et demi plus tard
28 mai 2009 – Bureau des Aurors
- Ah, Potter ! dit Robards d'un ton bourru. J'ai pris connaissance du rapport sur l'affaire du trafic de gaz étrangleur. Très bon boulot !
- Merci, Chef, mais c'est à Steven qu'en revient tout le mérite. Il a fait un travail incroyable sur cette affaire.
- Hm. Vous voilà bien élogieux. Enfin un coéquipier que vous allez garder plus de trois semaines ?
Harry rigola.
- Je l'espère. Il passe l'examen d'admission dans une semaine.
- Hm. C'est une bonne recrue. Et vous l'avez bien formé. Il n'y a pas de raison qu'il échoue.
- Je croise les doigts, Monsieur.
Robards hocha la tête et s'éloigna dans le couloir. Harry appuya sur le bouton de l'ascenseur en regardant sa montre. Il avait rendez-vous avec Hermione et il était en retard. A tous les coups, elle allait râler.
Aussitôt qu'il émergea du Ministère, côté moldu, son téléphone portable se mit à sonner. En soupirant, il décrocha sans même regarder le numéro appelant.
- Hermione, je suis désolé, dit-il mais Robards m'a…
- Monsieur Potter ? Harry Potter ? dit une voix masculine qu'il ne reconnaissait pas.
- Heu… oui. C'est moi. A qui ai-je l'honneur ?
- Je suis le Docteur Daniels, Hôpital St Thomas à Londres.
- Que puis-je pour vous ?
- Nous avons admis ce matin un patient du nom de… attendez… Black. Drake Black. Nous avons trouvé votre nom et votre numéro dans ses affaires personnelles. Vous connaissez cette personne ?
Harry sentit un souffle glacé lui parcourir le dos.
- Oui, dit-il la bouche soudain très sèche. Je le connais. Il lui est arrivé quelque chose ?
- Pouvez-vous venir, Monsieur Potter ?
- Oui, oui, j'arrive. Je ne suis pas très loin.
- Vous…
Harry raccrocha et transplana immédiatement, sans même se soucier de qui pourrait le voir.
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Hôpital St Thomas, Londres
Harry entra en trombe dans le service des soins intensifs, s'attirant les foudres de l'infirmière qu'il croisa.
- Monsieur ! Que faites-vous ici ? C'est un service…
- Harry Potter, dit-il pour couper court à ses remontrances. On m'a appelé pour un patient. Draco… Drake Black. Il a été admis ce matin.
Elle consulta le registre qu'elle tenait à la main.
-Merci Sally, dit un homme d'une cinquantaine d'années, vêtu d'une tunique et d'un pantalon bleu clair. Je m'en occupe.
Il tendit la main.
- Je suis le Docteur Daniels. C'est moi qui vous ai appelé. Vous… vous avez fait drôlement vite…
- Que s'est-il passé ? demanda Harry. Où est Drake ?
- Suivez-moi.
Ils longèrent un couloir constitué d'une succession de pièces où des soignants allaient et venaient, leurs pas rythmés par le bruit incessant des machines. Daniels entra dans l'une des pièces. La respiration de Harry se bloqua. Draco était étendu sur un lit. Son visage était tuméfié, son bras droit plâtré, et des cernes bleus encerclaient ses yeux, mais le plus impressionnant était le tube enfoncé dans sa gorge et qui le reliait à un respirateur.
- Que… que lui est-il arrivé ? demanda-t-il d'une voix blanche.
- Multiples fractures. Lésions internes. Il n'a pas repris connaissance depuis son arrivée.
- Est-ce que… est-ce qu'il va s'en sortir ?
- Nous n'en savons encore rien. Tant qu'il n'aura pas repris conscience, nous ne pourrons pas évaluer les séquelles de la privation d'oxygène.
- La privation d'oxygène ? répéta Harry.
Le médecin abaissa un peu le col de la blouse qui recouvrait le corps de Draco, dévoilant une épaisse ligne d'un rouge bleu soutenu.
-Tout laisse à penser qu'il a été étranglé, raison pour laquelle il a perdu connaissance. Heureusement, l'os hyoïde ne s'est pas rompu, sans quoi il n'aurait certainement pas survécu.
Harry ferma les yeux en serrant les poings. Il n'avait aucun doute sur ce qui s'était passé. Il s'agissait encore d'un de ces jeux érotiques et violents que certains de ses clients affectionnaient. Sauf que cette fois, c'était allé trop loin.
Il inspira lentement et s'approcha du lit. Avec une infinie précaution, il prit la main fine et pâle qui reposait sur le drap blanc. Elle était un peu froide.
- Vous êtes un membre de sa famille ? demanda le médecin.
- Non. Je suis… un ami.
- Y a-t-il quelqu'un que…
- Sa mère. Je vais la prévenir.
- Bien.
Le médecin hocha la tête et se retira. Harry resta debout à côté du lit, désemparé. Du bout du doigt, il caressa la joue de Draco.
Il sursauta quand un léger coup fut frappé contre la cloison. Il se retourna pour voir deux hommes à l'entrée de la chambre.
-Bonjour, dit le premier. Inspecteur Edgerton, police judiciaire. Et voici mon collègue, le sergent Collins. Pouvons-nous parler quelques minutes ?
Harry suivit les policiers dans un petit local où ils pourraient discuter sans déranger le personnel médical et les patients.
- Vous êtes Monsieur Potter, c'est ça ? demanda Edgerton.
- Oui.
- D'où connaissez-vous la victime ?
- Nous nous sommes connu à P… au pensionnat. Nous nous étions perdus de vue puis j'ai revu Draco… Drake par hasard, il y a quelques mois.
L'inspecteur prit des notes dans un carnet.
- Monsieur Black a été retrouvé inconscient dans une chambre d'hôtel, ce matin, dit-il. Tout indique qu'il a subi différents… sévices.
- Nous pensons qu'il s'agit de pratiques sexuelles violentes qui ont dégénéré, dit le sergent.
Harry conserva une expression neutre.
- Vous ne semblez pas étonné. Vous savez quelque chose à ce propos ? demanda Edgerton.
Harry se frotta l'arrière de la tête en réfléchissant à ce qu'il allait dire. La colère lui piquait le bout des doigts. Il en voulait à Draco, mais il en voulait surtout à sa foutue maquerelle qui l'avait à nouveau envoyé se faire tabasser par un foutu client pervers.
- Monsieur Potter ? insista l'inspecteur.
- Drake Black est un escort, dit-il. Il travaille pour l'agence Heaven, sur Warwick Street. Elle est dirigée par Monica Carmichael.
Edgerton échangea un regard avec son collègue avant de noter scrupuleusement tous ces détails.
- Ce n'est pas la première fois que Drake est… malmené par un client, continua Harry, bien décidé à dire tout ce qu'il savait. Il m'a parlé d'un incident avec un certain Rufus Colby, si tant est que ce soit son vrai nom. Une autre fois, je l'ai vu avec des traces de strangulation sur le cou. Apparemment, un client porté sur le SM.
- Vous connaissez son nom ?
- Non, mais vous pourrez sans doute le retrouver en épluchant les registres de l'agence. C'était début octobre 2008. Je ne sais pas s'il s'agit de la personne avec qui il avait rendez-vous cette fois-ci.
- Vous pensez donc que c'est un… client qui lui aurait infligé ça ?
- J'en suis convaincu.
Nouveau regard éloquent entre les deux policiers.
- Octobre 2008, nota le sergent. Vous avez une excellente mémoire, Monsieur Potter.
- Oui, en effet.
Comme Harry ne semblait pas disposé à en dire davantage, Edgerton fit un signe de la tête.
- Merci pour votre coopération, Monsieur Potter. Ces informations nous seront très utiles.
- Je l'espère, dit Harry. Drake est peut-être un escort mais ce n'est pas pour autant qu'il mérite d'être tabassé et laissé pour mort dans une chambre d'hôtel.
- Bien entendu. Je vous laisse ma carte. Au cas où il vous reviendrait encore l'un ou l'autre détail.
Les deux policiers le saluèrent avant de prendre congé.
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Narcissa Malefoy réprima un petit cri d'effroi en voyant son fils allongé sur le lit et entouré d'appareils médicaux.
-Draco, murmura-t-elle en s'approchant et en caressant son front. Oh Draco, mon petit garçon. Qu'est-ce qu'on t'a fait ?
Harry la regarda se pencher sur lui et l'embrasser, tout en continuant à lui murmurer des mots tendres. Il quitta silencieusement la chambre, préférant la laisser un peu seule. De toute façon, les visites étaient limitées à une seule personne aux soins intensifs.
Il se rendit dans la salle d'attente où il trouva Blaise Zabini, assis sur une chaise, un gobelet de café entre les mains.
- Zabini ? s'étonna Harry.
- Salut, Potter. J'étais avec Narcissa quand elle a reçu ton patronus.
- Ah.
Harry prit place en face de lui.
- Comment va-t-il ? demanda Blaise.
- Les médecins ne se prononcent pas. Il est toujours inconscient. Il a été intubé.
- Que lui est-il arrivé ?
- Il a été agressé.
- Ça a quelque chose à voir avec son job ? C'est un de ses clients ?
Harry haussa un sourcil, étonné.
-Tu es courant ?
Blaise hocha la tête.
- Certainement, dit Harry. On l'a retrouvé dans une chambre d'hôtel. Il a été frappé et étranglé.
- Tu as une idée de qui ça peut-être ?
- Il ne parlait pas beaucoup de ses clients, mais j'ai dit à la police moldue tout ce que je savais.
- Quel gâchis, soupira Blaise.
- Ça, tu peux le dire ! répliqua sèchement Harry. Je lui avais dit que ça finirait par arriver ! Mais évidemment, il n'a rien écouté ! Et maintenant, il… il…
Sa voix se brisa et il ferma les yeux pour refouler sa colère et sa peine. Il y eut un long moment de silence, seulement troublé par le tic tac d'une grosse horloge ronde fixée au-dessus de la porte.
- Il y a une chose que tu dois savoir, Potter, dit finalement Blaise.
- Quoi ? demanda avidement Harry.
Blaise lui raconta tout. Le contrat que Draco avait signé sans même en lire le contenu. L'indemnité due en cas de rupture qui le laisserait sur la paille. L'impossibilité légale de contester les termes du contrat. Il ne savait pas comment Draco le prendrait. Sans doute lui en voudrait-il, mais peu lui importait. Potter avait le droit de savoir. Celui-ci l'écouta avec attention, sans l'interrompre et sans laisser transparaître d'émotion.
Quand Blaise eut terminé, Harry resta silencieux.
- Comment peut-il croire que sa situation financière m'importe ?
- Ce n'est pas seulement une question d'argent.
- C'est quoi alors ?
Blaise prit le temps de bien formuler sa pensée.
-Tout ça… son job d'escort… il veut l'arrêter, vraiment. Pour toi. Il a bien conscience que ça prendra du temps et que tu ne vas certainement pas l'attendre. Mais c'est ce qu'il veut. Arrêter. Devenir digne. Se tenir devant toi, te regarder dans les yeux comme un homme honorable, libéré de son passé.
Harry se leva lentement. Il marcha vers la fenêtre. Les mains dans les poches, il s'appuya contre le châssis, le regard perdu vers l'extérieur.
- Alors… il m'aime ? demanda-t-il au bout d'un moment.
- Oui, dit Blaise. Ça ne fait aucun doute.
Harry soupira. Un petit nuage de buée se forma sur la vitre.
- Tu sais quand je suis tombé amoureux de lui ? demanda-t-il.
- Non.
- Le jour de son procès. Il était là, sur le banc des accusé, droit et fier. Il a encaissé sans broncher toutes les accusations qui ont été portées contre lui et quand son tour fut venu de se défendre, il n'a pas nié. Il ne s'est pas cherché d'excuse. Il n'a pas minimisé la portée de ses actes. Il a tout assumé. Y compris le fait qu'il avait embrassé les idées de Voldemort, non pas parce qu'il y croyait, mais parce qu'il voulait juste être du côté des plus forts, comme le petit con prétentieux qu'il était.
Harry eut un petit sourire nostalgique.
-Tu vois, je n'ai pas besoin qu'il se libère de son passé… car son passé fait partie de lui. Et je l'aime pour ce qu'il est. Peu importe ce qu'il a fait.
Un léger bruit, comme un sanglot étouffé, le fit se retourner. Narcissa Malefoy se tenait sur le pas de la porte. A la façon dont elle le regardait, Harry sut qu'elle avait entendu ce qu'il venait de dire. Mais fidèle à elle-même, elle se reprit bien vite.
- Si seulement nous pouvions l'emmener à Ste Mangouste, dit-elle en s'asseyant sur une des chaises.
- Je suis certain qu'il reçoit les meilleurs soins ici, dit Harry.
- Il doit voir un guérisseur, Monsieur Potter. Quelque chose ne va pas avec sa magie, je le sens… ses mains sont froides, son visage est gris, comme si… comme si sa magie ne circulait plus à l'intérieur de lui…
- Je ne vois pas comment nous pourrions faire pour l'amener à Ste Mangouste, réfléchit Blaise. Jamais les médecins ici ne nous laisseront l'emmener.
- Non, c'est un fait, dit Harry. Mais rien ne nous empêche d'amener un guérisseur ici.
Narcissa leva des yeux humides vers lui.
- Vraiment ? Vous pensez qu'un guérisseur accepterait de venir ici ?
- Oui, affirma Harry. La meilleure guérisseuse de Ste Mangouste, qui plus est.
Narcissa se leva brusquement et prit les mains de Harry dans les siennes.
-Merci, Monsieur Potter. Merci.
A cet instant, Harry eut la certitude qu'elle ne le remerciait pas seulement pour avoir eu l'idée d'amener un guérisseur au chevet de Draco.
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29 mai 2009 – Hôpital St Thomas, Londres
- Bonjour, dit Hermione avec aplomb. Je suis le Pasteur Granger. Je suis le conseiller spirituel de Monsieur Black.
- Ah oui, dit le Docteur Daniels. La mère de Monsieur Black m'a averti de votre visite. J'ai été un peu surpris par cette requête. Monsieur Black n'est pas… enfin, je veux dire… il est reste de l'espoir, vous savez. Nous mettons tout en œuvre pour le soigner.
- Je n'en doute pas, Docteur, répondit Hermione avec douceur, et je ne suis pas ici pour lui administrer les derniers sacrements. Mais Monsieur Black est très croyant et je sais qu'il apprécierait qu'on prie pour lui. Cela ne peut pas lui faire de mal, n'est-ce-pas ?
- Je suppose que non, sourit le docteur. Venez, je vais vous conduire jusqu'à sa chambre.
Hermione emboita le pas du Docteur Daniels, Harry à sa suite, dissimulé sous sa cape d'invisibilité.
- Voici, dit le docteur en s'arrêtant devant la chambre de Draco. Je ne peux malheureusement pas vous accorder plus de quinze minutes avec mon patient.
- Ce sera amplement suffisant. Je vous remercie, Docteur.
- Je vous en prie.
Comme le médecin s'éloignait, Hermione pénétra dans la chambre.
- Je n'arrive pas à croire que tu me fasses faire une chose pareille, Harry, siffla-t-elle en sortant sa baguette. Me faire passer pour un… pasteur !
- Allez, dit Harry en souriant, tout en ôtant la cape, il n'y a vu que du feu !
Hermione fit une moue agacée mais n'épilogua pas. Avec des gestes maîtrisés, elle fit virevolter sa baguette au-dessus du corps de Draco.
- Bon sang, que lui est-il arrivé ? demanda-t-elle avec une réelle inquiétude. On dirait qu'il… qu'il a été roué de coups.
- C'est le cas, confirma Harry.
Hermione lui jeta un coup d'œil méfiant.
- Tu ne me dis pas tout.
- Non, admit Harry. Mais je te jure de le faire. Bientôt. En attendant, il faut absolument que tu l'aides. Narcissa Malefoy pense qu'il y a un problème avec sa magie… on a très peu de temps.
- Je ne te promets pas de miracle. Si on était à Ste Mangouste, je pourrais…
- Hermione, coupa Harry, tu es la meilleure guérisseuse que je connaissance. Même au milieu d'un champ de blé, tu ferais des miracles.
La jeune femme sourit malgré elle puis elle reprit son sérieux et recommença à agiter sa baguette en murmurant des sorts. Après quelques minutes, elle soupira.
- J'ai guéri les différentes fractures, c'est ça déjà ça. Pour les lésions internes, j'ai pu en résorber certaines, mais pas toutes. Il me faudrait des potions pour ça. Quant à sa magie… Narcissa Malefoy a raison. Il y a un problème.
- Quel problème ?
- On dirait qu'il a… refoulé sa magie au moment où il a été agressé. Du coup, elle ne circule plus dans son corps comme elle devrait. C'est sans doute la raison pour laquelle il est inconscient.
- Et tu peux y remédier ?
- Je peux tenter de réaligner le flux mais c'est très compliqué… Toucher à la magie d'un sorcier, c'est… c'est très risqué.
- J'ai confiance en toi, Hermione, dit Harry en la regardant droit dans les yeux.
Elle hocha la tête.
- Peux-tu te placer à la porte et vérifier que personne ne vient ? Je ne suis pas sûre d'avoir assez de temps avant que le Docteur Daniels ne revienne…
- Ne t'inquiète pas du Docteur Daniels, dit Harry. Je m'en charge. Prends le temps qu'il faudra.
Il revêtit sa cape d'invisibilité et sortit de la chambre.
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Quarante minutes plus tard, Hermione revenait dans la salle d'attente. Ses joues étaient rouges et elle paraissait particulièrement fatiguée. Aussitôt, Narcissa Malefoy se leva.
- Comment va-t-il ? Comment va mon fils ?
- Mieux, sourit Hermione. Je suis parvenue à rétablir la circulation de sa magie. Il devrait reprendre conscience dans les prochaines 48 heures.
- Oh Merlin, soupira Narcissa Malefoy. Merci, Guérisseuse Granger ! Merci !
- C'est vous qu'il faut remercier, Madame. Si vous ne vous étiez pas aperçue qu'il y avait un problème avec sa magie, je n'aurais sans doute pas pu intervenir à temps.
Narcissa Malefoy eut un petit sourire embarrassé.
- C'est mon fils, dit-elle. Mon petit garçon. Je peux sentir le moindre changement en lui.
- Il n'y a pas de plus puissante magie que le lien qui unit une mère à son enfant, dit Harry. J'en sais quelque chose.
Les deux femmes approuvèrent silencieusement.
-Si vous voulez bien m'excusez, dit Narcissa. Je vais aller près de lui.
Elle s'éclipsa rapidement.
- Merci, dit Harry à son tour. Mille fois merci.
Il y avait dans son ton une ferveur qui fit sourire Hermione.
- Comment as-tu fait pour tenir le Docteur Daniels éloigné ? demanda-t-elle.
- Trois sorts de confusion, admit Harry avec un air contrit.
- J'espère pour lui qu'après ça, il a encore toute sa tête ! rigola Hermione.
- Ça avait l'air d'aller.
Hermione regarda Harry avec un mélange de tendresse et de réprobation.
- Tu auras des choses à m'expliquer, Harry, dit-elle d'un ton neutre.
- Je crois que tu as compris, non ?
- Tu es amoureux de lui.
- Ça te choque ?
- Bon sang, Harry… je ne peux pas être choquée par quelque chose que je sais depuis des années.
Harry étouffa un rire.
- Et pourtant, tu ne m'as jamais rien dit.
- Ce n'était pas à moi à le faire.
- J'en ai parlé à Ron.
- Je m'en doute. C'est bien que tu l'aies fait.
- Il a été étonnement… compréhensif.
- Tu pensais que moi, je ne le serais pas ?
- Je ne sais pas, répondit Harry avec honnêteté.
- Harry… tout ce que je souhaite, c'est que tu sois heureux. Et si ton bonheur passe par Draco Malefoy, je m'en accommoderai.
- Merci. C'est tout ce que je souhaite aussi, même si ça ne sera pas évident.
- A cause de Malefoy ?
- Cela fera partie des choses que j'aurai à te raconter. Disons que ces dernières années, Draco a eu une vie… compliquée.
- Les complications ne t'ont jamais arrêté. Si ça avait été le cas, nous ne serions toujours pas débarrassé de Voldemort.
Hermione posa la main sur l'épaule de son ami et la serra amicalement.
- Il faut que j'y aille. J'ai d'autres patients qui m'attendent.
- Oui, bien sûr. Encore merci.
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30 mai 2009 – Commissariat central de Bow Street, Londres
- Merci d'être venu, Monsieur Potter, dit l'inspecteur Edgerton.
- Pas de quoi. Vous avez du nouveau ?
- Effectivement. Grâce à vos informations, nous avons interpellé un certain Lucas Roggen. C'est avec lui que Monsieur Black avait rendez-vous. Ce n'était pas la première fois d'ailleurs. Et il se trouve en effet que Roggen est adepte du SM.
- Il a avoué ?
- Ce n'est qu'une question de temps. Les caméras de surveillance de l'hôtel le montrent en train de sortir de la chambre. Ses empreintes sont partout à l'intérieur et chez lui, on a retrouvé des vêtements tâchés de sang, ainsi que différents…ustensiles sur lesquels du sang est présent également. Nul doute que les analyses scientifiques établiront que le sang appartient à la victime.
- Et Monica Carmichael ? Vous l'avez arrêtée également ?
L'inspecteur haussa les épaules.
- Pourquoi ? Nous n'avons rien à lui reprocher.
- Rien à lui reprocher ? s'exclama Harry. Elle est complice ! Elle sait parfaitement ce que risquent les escorts en se rendant chez certains clients ! Elle sait tout !
- Monsieur Potter, je n'ai aucun moyen de prouver ce que vous dites.
- Mais…
- Cette boîte est tout ce qu'il y a de plus réglo. Sur le papier, Monica Carmichael dirige une agence d'hommes de compagnie pour des clients homosexuels. Elle veille à ce que les goûts des clients soient en adéquation avec ceux de ses employés, c'est tout. Et si lesdits employés décident de… donner davantage aux clients qu'une simple promenade au parc ou une partie de bridge, c'est leur choix.
- Vous ne croyez pas sérieusement ce que vous dites…
- Evidemment que non, soupira Edgerton, mais comme je viens de vous le dire, je ne sais rien prouver. Croyez-moi, tous les contrats des employés sont en béton, il n'y a rien, absolument rien qui laisse à penser qu'ils sont en fait des prostitués.
Harry se passa une main lasse dans les cheveux.
- Si je comprends bien, il n'y a aucun moyen de la faire tomber. Ce qui est arrivé à Draco… Drake… pourra très bien arriver aux autres…
- Peut-être que s'ils étaient plus nombreux à dénoncer les faits, nous pourrions intervenir. Votre ami n'a jamais déposé plainte, à ce que je sache.
- C'est vrai, admit Harry.
Edgerton considéra Harry avec compassion.
-Nous resterons vigilants, dit-il. Je vous le promets.
Harry hocha la tête. Il n'en était pas convaincu, mais il n'y avait rien qu'il pouvait faire de plus.
Excepté résoudre le problème lui-même.
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Agence Heaven, Warwick Street, Londres
Harry dépassa le comptoir d'accueil sans se soucier des protestations de la jeune femme assise derrière.
-Monsieur ! Monsieur ! Vous n'avez pas le droit ! Monsieur !
Mais Harry continua d'avancer jusqu'à se retrouver devant la porte du bureau de Monica Carmichael. Il pénétra dans le bureau sans même se donner la peine de frapper. Monica discutait avec un jeune homme roux qui devait avoir 20 ans à peine et qui souriait comme un bienheureux.
- Monica ! Je suis désolée ! dit l'hôtesse d'accueil en trottinant derrière Harry. Je n'ai pas pu l'empêcher de…
- Ce n'est rien, Tammy, dit sa patronne avec bienveillance.
Puis se tournant vers le jeune homme :
- Ce sera tout, Luke. Ian va te faire signer ton contrat et Gaby va te donner les derniers détails. On se voit demain, d'accord ?
- Oui, M'dame. Merci M'dame.
Il se leva précipitamment et quitta le bureau.
- Inspecteur… Potter, c'est bien ça ? dit Monica avec un sourire. Que puis-je pour vous cette fois ? Est-ce encore à propos d'Aidan Hirsch ?
- Non, je viens à propos de Drake Black.
- Oh, mon Dieu, ce pauvre Drake… je suis dévastée par ce qui lui est arrivé ! Comment peut-on faire une chose pareille ?
- Arrêtez votre cirque ! cracha Harry. Vous n'en avez rien à faire de lui ! Sans quoi vous ne l'auriez pas livré à ce… pervers de Lucas Roggen !
- Je ne suis pas sûre d'apprécier vos insinuations, inspecteur.
- Je n'insinue rien, j'affirme ! Vous jetez vos employés en pâture à des hommes violents !
Monica eut un sourire crispé.
- Je ne suis pas responsable de la manière dont mes garçons occupent leur temps quand ils sont en compagnie des clients.
- Bien sûr que vous l'êtes ! Vous me l'avez dit vous-même, vous connaissez les « goûts » de vos clients et ce que vos employés sont prêts à accepter !
- Eh bien oui… c'est comme cela que fonctionnent les services d'un homme de compagnie. Il faut un minimum de compatibilité.
- Homme de compagnie ? répéta Harry. Pourquoi ne pas appeler un chat un chat ? Ce sont des prostitués !
- Je vous demande pardon ? s'offusqua Monica.
Harry fronça les sourcils.
- Vous niez diriger une agence de prostitution ? Vous l'avez admis devant moi quand j'enquêtais sur le meurtre d'Aidan Hirsch !
- Je ne sais pas ce que vous croyez avoir compris, inspecteur, mais je n'ai jamais admis une telle chose. Certes, mes garçons sont payés pour tenir compagnie à d'autres hommes, mais comme je vous l'ai dit, je ne sais rien de la manière dont ils occupent leur temps.
- Vous mentez !
- Prouvez-le, rétorqua Monica avec un sourire en coin.
Harry serra les dents et les poings.
- Je veux que vous libériez Drake Black de son contrat, dit-il.
- Oh ? Et pourquoi ferais-je une chose pareille ?
- Parce que par votre faute, il se trouve à l'hôpital, dans un état critique.
- Je commence à en avoir plus qu'assez de vos accusations, inspecteur.
- Libérez Drake de son contrat, sinon…
- Sinon quoi ? se moqua Monica.
Comme Harry ne répondait pas, elle se mit à rire.
-Pauvre petit, ricana-t-elle. Vous êtes tombé amoureux de Drake, n'est-ce-pas ? Vous n'êtes pas le premier et vous ne serez pas le dernier. Je vous conseille de l'oublier et de passer à autre chose.
Harry inspira calmement, faisant doucement glisser sa baguette hors de la manche de sa veste. Monica le regarda faire, perplexe et amusée à la fois.
-Que comptez-vous faire avec ce bout de bois ?
Harry n'avait jamais lancé de sortilège impardonnable. Même après que Bellatrix Lestrange ait tué son parrain, il avait été incapable de lui lancer un doloris. Pourtant, cette fois, il n'eut aucune hésitation, aucune crainte, aucun doute.
-Impero !
Aussitôt, le regard de Monica se fit un peu flou et elle arbora un sourire bienheureux, comme si tous les tracas avaient déserté son esprit.
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31 mai 2009 – Hôpital St Thomas, Londres
Quand Harry arriva aux soins intensifs, une infirmière l'informa que Draco avait repris conscience depuis la veille et qu'il avait quitté le service pour être placé dans une chambre au premier étage.
Le cœur battant, il traversa les couloirs et grimpa à l'étage.
- Bonjour. La chambre de Drake Black, s'il vous plait ? demanda-t-il au poste d'accueil.
- La 108, répondit l'infirmière.
La porte de la chambre était ouverte. Il s'arrêta sur le seuil, pour contempler un instant l'occupant de la chambre, en train de lire un livre.
-Laisse-moi deviner, dit Harry. La chambre de Giovanni ?
Draco leva les yeux et esquissa un sourire en hochant la tête.
- Salut, dit-il doucement.
- Salut. Je peux entrer ?
- Bien sûr.
Draco referma le livre et le posa sur sa table de chevet.
- Comment vas-tu ? demanda Harry en s'approchant.
- Beaucoup mieux que lorsque je suis arrivé, apparemment.
- Ce n'est pas difficile.
- Ma mère m'a dit que… que c'est grâce à toi si je suis sorti d'affaire…
- C'est grâce à Hermione. C'est elle qui a soigné tes blessures et restauré ta magie.
- Oui, mais c'est toi qui l'as convaincue de venir. Ça n'a pas dû être une mince affaire.
- Détrompe-toi. Elle n'a fait aucune difficulté.
- Elle sait ?
- Non. Seulement que tu as été agressé.
Draco soupira en hochant la tête, le regard pensif.
- La police est venue hier, dit-il. Ils voulaient que je leur confirme que j'étais bien en compagnie de Lucas Roggen, même s'ils disposaient déjà de toutes les preuves l'incriminant. Roggen est en prison. Il n'en sortira pas de sitôt car… apparemment, je n'étais pas sa seule victime.
- Que vas-tu faire maintenant ? demanda Harry.
Draco détourna les yeux.
- Je ne sais pas. C'est compliqué.
- Si c'est à propos de ton contrat avec Monica, tu…
- Comment sais-tu cela ? le coupa Draco en relevant la tête.
- Blaise.
- Quelle pipelette, celui-là ! se lamenta Draco.
- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? J'aurais pu comprendre, tu sais…
- Comprendre quoi ? Que j'ai signé ce putain de contrat sans le lire, comme le crétin que je suis ?
- Tu étais jeune et complètement perdu. Monica a profité de ta faiblesse. C'est elle qui est responsable, pas toi.
- Ouais, eh bien, va lui dire.
- Je l'ai fait.
- Quoi ? souffla Draco en écarquillant les yeux.
Harry sortit de la poche intérieure de sa veste, une liasse de papiers pliée en deux.
- Ce sont les contrats, originaux et copies, dit-il en les posant sur la couverture. Tu n'as plus rien à craindre.
- Mais… comment… comment as-tu fait pour les récupérer ?
- Je peux être persuasif, quand je le veux.
Comme Draco le regardait toujours avec des yeux ronds, il fit un petit sourire contrit.
- C'est vraiment important ? demanda-t-il.
- Oui… non… je ne sais pas, murmura Draco, encore sous le choc.
Harry s'assit sur le rebord du lit et prit la main de Draco dans la sienne.
- Ecoute, dit-il. La seule chose que tu dois savoir, c'est que je suis capable de tout pour toi, absolument tout. Même faire des choses complètement stupides… comme te ramener de force dans le monde sorcier alors que tu n'en avais pas envie…
- Harry…
- Non, laisse-moi finir. Je suis désolé, Draco. Vraiment désolé. Tu avais raison… j'ai été égoïste. En agissant comme je l'ai fait, je t'ai privé de ton libre-arbitre et… et c'était inacceptable. Je n'ai aucune excuse, sinon celle d'avoir été désespéré parce que tu ne voulais pas de moi et que moi, j'étais…
Il soupira à fendre l'âme.
- Je suis désolé, répéta-t-il. Je donnerais n'importe quoi pour revenir en arrière et effacer tout ce qui s'est passé.
- Même ce que tu m'as dit quand j'étais dans l'escalier ?
- Quoi ?
- Tu le pensais vraiment ? Ce que tu m'as dit juste avant que je ne quitte le Square Grimmaurd…
Harry posa sa main sur la joue de Draco et caressa doucement sa pommette du pouce.
- Oui, je le pensais, dit-il. Je le pensais ce jour-là, et je le pense encore plus aujourd'hui. Je t'aime, Draco.
Draco inspira brusquement, comme s'il avait retenu sa respiration jusque-là, et ferma étroitement les yeux pour empêcher les larmes de couler.
- Est-ce que… est-ce qu'il y a une chance que… tu partages… mes sentiments ? demanda prudemment Harry.
- Par Merlin, oui, dit Draco dans un soupir mêlé d'un petit rire nerveux. Je… je crois que je suis tombé amoureux de toi au milieu de ta cuisine, quand tu m'as embrassé la toute première fois. C'était… bon sang, c'était…
Il ne put achever sa phrase car Harry l'embrassait à nouveau. Une incroyable sensation de chaleur, qu'il pensait ne plus jamais ressentir, se répandit dans son cœur. Mais aussi miraculeux que fut ce baiser, Draco écarta doucement Harry après quelques secondes.
- Harry, je… je ne peux pas… pas comme ça…
- Quoi ? De quoi tu parles ?
- Tu mérites mieux qu'un… qu'un prostitué…
- Je t'ai déjà dit d'arrêter de…
- C'est ce que je suis, coupa Draco.
- Plus maintenant. Tu ne travailles plus pour cette vipère.
Draco soupira.
- Non, et je t'en serai éternellement reconnaissant. Mais… il n'empêche que c'est ce que j'étais jusqu'à aujourd'hui… et maintenant, je dois trouver quoi faire de ma vie.
- Oui, bien sûr. Je…
- Tu ne comprends pas. J'ai besoin de temps, Harry. J'ai… j'ai besoin de me reconstruire, de laisser cette partie-là de ma vie derrière moi, devenir quelqu'un d'autre, quelqu'un d'honorable. Et c'est quelque chose que je dois faire seul.
Il baissa les yeux.
- Je sais que je t'en demande beaucoup, et que tu n'es pas obligé de m'attendre mais…
- Draco.
Le ton sérieux de Harry lui fit relever les yeux. Harry avait pris sa main dans la sienne et la serrait doucement.
- Je suis tombé amoureux de toi le jour de ton procès.
- Quoi ? souffla Draco.
- Tu m'as entendu. Et je n'ai jamais cessé de t'aimer depuis lors. Ça veut dire que j'ai tout accepté de toi. Notre rivalité d'écoliers, ton passé de Mangemort, ta vie de prostitué. Tout. Je comprends parfaitement que tu veuilles reprendre ta vie en main et je le respecte. Mais tu n'as pas besoin de devenir quelqu'un d'autre. Parce que ce n'est pas de quelqu'un d'autre dont je suis tombé amoureux. C'est de toi.
Ce fut au tour de Harry de baisser les yeux.
-Ne t'éloigne pas de moi. Ne me tiens pas à l'écart. Laisse-moi t'aider, laisse-moi être avec toi. S'il te plait.
Touché, Draco lui sourit tendrement.
- Tu n'arrêteras donc jamais de te mêler ma vie, hein, Potter ?
- Jamais, sourit Harry en retour.
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Quatre mois plus tard
25 septembre 2009 – Soho, Londres
Draco sortait de la librairie Waterstone, sur Piccadilly, très satisfait de ses achats, particulièrement du dernier livre de Mary Berry, sorti deux semaines plus tôt, et intitulé Baking Bible. Tout un programme.
Le nez dans le sac en toile imprimé d'un grand W, il ne regardait pas où il allait et percuta quelqu'un qui arrivait face à lui.
-Oh, excusez-moi, dit-il en relevant la tête. Je… Monica ?
La personne qu'il venait de bousculer releva ses lunettes de soleil sur le sommet de sa tête et examina Draco avec attention.
- Nous nous connaissons ? demanda-t-elle.
- Tu… tu ne me reconnais pas ?
- Mon chou, dit-elle de cet air séducteur qui lui était propre, si nous nous connaissions, je le saurais. Je n'aurais certainement pas pu oublier un visage d'ange comme le tien.
- Je suis Drake Black. J'ai travaillé pour toi pendant cinq ans !
Monica haussa un sourcil parfaitement dessiné.
-C'est une blague, n'est-ce pas ? Tu essayes de me tester ? Si c'est le cas, c'est réussi.
Elle sortit de son sac un petit carton rectangulaire qu'elle tendit à Draco.
-Tu es un peu plus âgé que la plupart de mes garçons quand ils commencent chez moi, mais je suis certaine que tu plairas à beaucoup de clients. Oh, oui ! Certaine. Appelle-moi et nous arrangerons un rendez-vous.
Sur ces mots, elle partit, laissant Draco dans la plus grande perplexité.
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Deux mois et demi plus tard
10 décembre 2009 – Covent Garden, Londres
- Alors ? Qu'as-tu décidé ? demanda Blaise.
- Je ne sais pas, soupira Draco en s'affalant sur un banc et posant ses sacs de courses de Noël à ses pieds. Il y a une différence entre vendre quelques biscuits dans un magasin de farces et attrapes et avoir ma propre boutique sur le Chemin de Traverse.
- Quelques biscuits ? répéta Blaise en prenant place à côté de lui. Les Weasley ont vendu cinq fois plus de boîtes surprises d'Halloween avec tes muffins dedans que l'année dernière quand ils y avaient mis les bonbons de chez Honeydukes !
Draco haussa les épaules. Il but une gorgée de son capuccino avec supplément caramel.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, dit-il.
- Tu as tort, dit Blaise. George Weasley a le sens des affaires. Jamais il ne t'aurait proposé de t'associer avec lui s'il ne croyait pas en tes produits.
- Justement. Je pourrais parfaitement me contenter de lui fournir quelques pâtisseries quand il le demande.
- N'importe quoi ! Tu as un talent incroyable, Draco ! Tu ne peux pas te limiter à ça !
- J'ai encore le temps de réfléchir. Attendons de voir ce que donnerons les mini bûches de Noël que Weasley m'a commandées. Si ça tombe, elles ne rencontreront aucun succès.
- A d'autres. Et que pense Harry de tout ça ?
- Ah ! soupira tragiquement Draco. Si je laissais faire Harry, il aurait déjà signé le bail commercial et accroché une enseigne ! « Les douceurs de Draco ». Ou autre chose de niais dans le même genre…
- En parlant de Harry, reprit Blaise beaucoup plus sérieusement.
Draco se tendit.
- Je t'écoute, dit-il.
- Comme tu me l'as demandé, je me suis rendu à l'agence Heaven. Tu avais raison. Tous les employés que j'ai croisé ont été soumis à un sort d'oubliettes.
- Bon sang, maugréa Draco. C'est comme ça qu'il est parvenu à récupérer mon contrat…
- Harry a fait en sorte que personne à l'agence ne se rappelle de toi, c'est vrai. Mais il s'y est pris autrement pour récupérer le contrat.
- Comment ?
- Je suis parvenu à rencontrer Monica Carmichael en me faisant passer pour un riche homme d'affaire cherchant à organiser une soirée privée. Bref, je te passe les détails. J'ai décelé sur elle la trace d'un autre sort. Un sort suffisamment puissant pour qu'il en reste une trace six mois après. Un sort interdit.
- Tu… tu es en train de dire que… que Harry…
- Harry lui a lancé un impérium, oui.
Draco resta prostré un long moment.
- Ce… ce n'est pas possible, murmura-t-il. Il n'a pas pu faire une chose pareille. Pas lui.
- Nous avons tous une part d'ombre, Draco. Potter peut être encore plus que les autres…
- Oui… mais…
- Il l'a fait pour toi. Parce qu'il t'aime.
- Je sais. Il n'empêche…
Il soupira en baissant la tête.
- Ça te fait peur ? demanda Blaise après un temps.
- Oui, admit Draco.
- Pourquoi ? Tu ne l'aurais pas fait toi-même si ta baguette n'avait pas été bridée ?
Draco ne répondit pas. Il se leva et jeta son gobelet de café dans une poubelle.
- Je dois y aller, dit-il. Ma mère m'attend au cimetière.
- Ah, oui. C'est vrai. C'est bien que tu aies décidé d'y aller.
- Je le fais pour elle.
- Tu veux que je t'accompagne ?
- C'est gentil, mais ça ira. Ne t'inquiète pas.
Blaise hocha la tête. Ils se firent une accolade puis chacun partit de son côté.
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Wellington Square, Chelsea, Londres
Draco rentra chez lui dans un état second. La visite au cimetière avait été plus éprouvante qu'il ne l'avait imaginé mais elle avait été nécessaire.
Il ôta sa veste et ses chaussures, puis il se rendit dans la cuisine se préparer une tasse de thé. Quand ce fut fait, il se pelotonna dans le canapé, le corps et l'esprit étrangement engourdis.
Il repensa à ce que Blaise lui avait appris. Au fait que Harry avait utilisé un Sort Impardonnable sur une moldue. Il ne pouvait pas y croire. C'était inconcevable.
Avec effroi, Draco se rappela ces semaines durant lesquelles il avait tenu Madame Rosmerta sous le coup d'un Imperium afin de pouvoir mettre en œuvre son plan visant à tuer Dumbledore. Au début, toutes ses tentatives de soumettre la tenancière des Trois Balais à l'Imperium s'étaient soldées par un échec. Désespéré d'y parvenir, il avait fini par dénicher cher Barjow et Beurk un petit livre qui expliquait que l'Imperium nécessitait la volonté inébranlable de déshumaniser sa victime, d'en faire un objet, un jouet entre les mains du sorcier. A cette seule condition, la soumission serait totale.
Il frissonna. Il s'était juré de ne plus jamais utiliser ce sort, quoi qu'il puisse lui arriver, car encore aujourd'hui, il avait honte de ce qu'il avait fait, honte d'avoir trouvé en lui cette volonté inébranlable de faire d'un être humain une chose. Bien sûr, il savait où lui avait trouvé cette force : dans la peur viscérale que Voldemort s'en prenne à ses parents si jamais il échouait dans sa mission. Mais Harry ? Quelle avait été sa motivation ? La peur également ? La colère ? Son amour pour lui ?
Draco était partagé. D'un côté, il était mal à l'aise à l'idée que Harry ait pu faire une chose pareille pour lui. Mais d'un autre, il devait admettre que cela lui procurait une certaine… satisfaction. Excepté sa mère quand elle avait menti à Voldemort pour le protéger, jamais personne n'avait agi de manière aussi radicale par amour pour lui.
C'était un sentiment étrange. Une sorte d'exaltation, mêlée de crainte.
Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il n'entendit pas la clé tourner dans la serrure et la porte de son appartement s'ouvrir. Ce n'est que quand la silhouette de Harry se découpa dans l'encadrement de la porte du salon qu'il sursauta.
- Harry ? s'étonna-t-il. Que fais-tu là ? Il y a un problème ?
- Aucun.
- Nous n'étions pas censés nous voir. Tu m'as dit que tu assurais le service de nuit…
- Eh bien, je me suis rappelé quel jour on était et… je me suis dit que… que tu n'avais peut-être pas envie d'être seul… alors j'ai échangé mon service avec un collègue.
Draco écarquilla les yeux.
- C'est aujourd'hui, n'est-ce-pas ? demanda Harry. Le jour anniversaire de la mort de ton père.
- Oui, souffla Draco. C'est aujourd'hui. Je… je ne pensais pas que tu t'en rappellerais. Je veux dire… mon père et toi…
- Le fait que je n'aimais pas ton père n'a aucune importance. C'est pour toi que je suis là. Parce que toi, tu l'aimais et que je sais qu'il te manque.
A cet instant, Draco prit conscience d'une chose essentielle : Harry ne lui avait pas menti quand, à l'hôpital, il lui avait dit avoir tout accepté de son passé. Il réalisa aussi que Harry n'était pas le seul à être capable de tout par amour. Lui aussi. Et la première chose qu'il pourrait faire, c'était d'éviter à l'avenir que Harry ait à recourir à un Sort Impardonnable pour le sortir des ennuis. Cette idée le fit sourire.
-Qu'y a-t-il ? demanda Harry, intrigué.
Draco ne répondit pas. Il regarda Harry et sentit avec une acuité saisissante, quelque chose changer en lui. Toutes ses peurs et ses angoisses le quittèrent, remplacées par un apaisement, une sérénité et une confiance qu'il n'avait encore jamais ressentis. Il se leva et s'approcha de Harry. Il prit son visage dans ses mains et l'embrassa tendrement.
- Viens vivre avec moi.
- Quoi ? murmura Harry, dérouté.
- Viens vivre avec moi, répéta Draco. Je sais que cet appartement est plus petit que ta maison du Square Grimmaurd, mais nous y serons bien, je te le jure ! Je ne veux plus que tu partes. Je veux dormir avec toi tous les soirs. Je veux que tu sois la dernière personne que je voie avant de m'endormir et la première que je voie au matin.
- Hermione aurait beaucoup à dire sur la profusion de « je veux » dans ta phrase, plaisanta Harry.
- Je signerai le bail de l'immeuble en face de chez les Weasley et j'ouvrirai une pâtisserie, exactement comme tu le souhaites…
- Draco…
- Je ferais n'importe quoi pour toi, Harry. Exactement comme toi tu l'as fait pour moi.
Ils se regardèrent un moment et Draco put lire dans les yeux de Harry que celui-ci avait compris.
- Je sais, dit Harry simplement.
Draco hocha la tête. Il n'était pas nécessaire d'en dire plus. Ils savaient. Tous les deux. Et ils n'en parleraient plus jamais.
-Laisse-moi une heure pour rassembler mes affaires, dit Harry en s'écartant. Pendant ce temps, fais-moi de la place dans tes placards.
Une joie sans nom gonfla dans le cœur de Draco. Il sourit à Harry, cet homme qui avait été son pire rival à l'école, qu'il avait détesté farouchement et qu'aujourd'hui, il aimait inconditionnellement.
Cet homme qui détenait en lui une part d'ombre sans doute bien plus importante qu'il ne pouvait l'imaginer mais qui, pour cette raison, était l'homme qui lui fallait.
Un homme qu'il espérait garder un mois, un an.
Une vie.
Fin.
Nous voilà donc arrivés à la fin de cette fic qui a rencontré bien plus de succès que je ne l'attendais ! Merci à tous, pour vos reviews et votre enthousiasme à me suivre après autant d'années... sept ans, à quelques mois près. ça ne me rajeunit pas :-) :-)
Je vous embrasse bien fort.
Rose
